ב״ה
La
Paroshoh avec le Ramba''m
Parashath
Wo`athhannan
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article peut être téléchargé ici.
Dans
la Paroshoh de cette semaine, Parashath Wo`athhannan, Môshah
Rabbénou ע״ה
adresse
aux Bané Yisro`él l'exhortation suivante1 :
Et
vous les garderez et les accomplirez, car ce sera votre sagesse et
votre discernement aux yeux des peuples ; lorsqu'ils
entendront tous ces Houqqim,
ils diront : « Ce peuple ne peut qu'être sage et
intelligent, cette grande nation ! »
|
וּשְׁמַרְתֶּם,
וַעֲשִׂיתֶם--כִּי
הִוא חָכְמַתְכֶם וּבִינַתְכֶם,
לְעֵינֵי
הָעַמִּים:
אֲשֶׁר
יִשְׁמְעוּן,
אֵת
כָּל-הַחֻקִּים
הָאֵלֶּה,
וְאָמְרוּ
רַק עַם-חָכָם
וְנָבוֹן,
הַגּוֹי
הַגָּדוֹל הַזֶּה
|
À
deux occasions dans ses écrits, le Ramba''m ז״ל
déduit
de ce verset que la Tôroh doit avoir le potentiel de gagner
l'admiration des autres peuples, et par conséquent nous ne pouvons
pas accepter une approche et des pratiques qui donnent l'impression
que la Tôroh est « folle » ou dénuée de tout sens
profond et logique.
Le
premier contexte dans lequel le Ramba''m en parle est le Môréh
Navoukhim (Guide des Égarés)2,
lorsqu'il traite des טַעֲמֵי
הַמִּצְוֹת « Ta´amé
Hammiswôth », c'est-à-dire le fait
de rechercher des explications rationnelles sous-jacentes dans les
commandements de la Tôroh. Le Ramba''m y mentionne et s'oppose
vigoureusement à la théorie avancée par certains penseurs selon
qui il n'y a aucune rationalité sous-jacente dans les Miswôth,
et il cite ce verset susmentionné de notre Paroshoh pour soutenir sa
position. Il écrit :
Il3
a ainsi dit que chacun de ces Houqqim
convint toutes les nations de la sagesse et l'intelligence qu'il
contient. Mais si aucune raison ne pouvait être trouvée à ces
Houqqim, s'ils
n'offrent aucun avantage [sur les nations], ni retrait du mal, en
quoi celui qui croit en eux et les suit est sage, raisonnable et si
excellent qu'il suscite l'admiration des Gôyim ?
Si
Môshah Rabbénou, le père de tous les Prophètes, a prédit que les
nations admireront les lois respectées par les Israélites, c'est
que ces lois doivent avoir une certaine base logique et rationnelle.
La foi israélite, ce n'est pas seulement le נַעֲשֶׂה
« Na´asah
– nous ferons », c'est aussi le נִשְׁמָע
« Nishmo´
– nous comprendrons ». C'est pourquoi, le Ramba''m
conclut de la façon suivante :
Mais la vérité est sans aucun
doute, comme nous l'avons dit, que chacun des six cent treize
préceptes sert à inculquer une certaine vérité, à retirer une
certaine opinion erronée, à établir des relations appropriées
dans la société, à diminuer le mal, à éduquer [les gens] dans de
bonnes Middôth, ou à avertir contre de mauvaises habitudes.
Quand
les Gôyim voient que nous avons des lois et pratiques insensées et
que nous sommes en plus incapables de leur donner une explication
rationnelle, nous ne devons pas nous étonner du manque d'intérêt
pour la Tôroh et du mépris pour la foi israélite qui en résultent.
Lorsque nous sommes incapables de montrer le rationalisme, le bien
fondé et la logique des lois de la Tôroh et de nos pratiques, nous
désobéissons à cet ordre de susciter l'admiration des Gôyim, qui
reconnaîtront la perfection, la splendeur et l'intelligence de nos
décrets. Et malheureusement, en nos époques, en raison des
nombreuses pratiques et croyances parasites qui se sont infiltrées
dans le Judaïsme, non seulement les Juifs eux-mêmes ne savent même
plus pourquoi est-ce qu'ils font ceci ou cela et d'où vient telle ou
telle pratique ou croyance, mais pire encore, à cause de ces
pratiques « kabbalistiques » et croyances étrangères ou
« occultes » que nous sommes incapables d'expliquer, le
Judaïsme est vu par les Gôyim comme une religion archaïque,
superficielle et pleine de superstitions. De même, beaucoup de Juifs
raffolent de la « Qabboloh », s'occupent beaucoup des
Midhroshim ou veulent tout de suite commencer par étudier le
Talmoudh, mais ne connaissent non seulement pas beaucoup de la Tôroh
Écrite mais sont en plus incapables d'expliquer les bases même de
la foi israélite. Tout ceci est un Hilloul
HaShem et un Hilloul
Tôroh !
Le
deuxième contexte dans lequel le Ramba''m mentionne ce verset tiré
de notre Paroshoh de la semaine est sa fameuse introduction sur le
dixième chapitre du traité Sanhédhrin dans son « Commentaire
sur la Mishnoh », où il exprime son point de vue sur la
façon de considérer les parties `aggadiques du Talmoudh, qui
rapportent souvent des histoires qui semblent plus mythiques que
réelles. Le Ramba''m note qu'une vaste majorité de gens acceptent
tous ces passages dans leur sens littéral sans broncher et en
concluent soit qu'elles sont factuelles, soit qu'elles sont
ridicules. Il dénonce vigoureusement ces deux approches extrêmes,
arguant que les récits `aggadiques du Talmoudh sont d'une grande
richesse et renferment un sens profond et non littéral à travers
lequel les Sages transmettent des concepts et des vérités
profondes. (Voir les articles intitulés « Que
sont les Midhroshim ? » et « Pinhos
était-il vraiment `éliyohou Hannovi` ? ») Dans
son rejet de l'approche littéraliste des `aggodhôth, il fait
mention du verset se trouvant dans notre Paroshoh. Il écrit :
Ce groupe [d'Israélites
littéralistes] détruit la beauté de la Tôroh, assombrit son éclat
et fait de la Tôroh de Dieu l'opposé de ce qu'elle est censée
être, car Dieu a dit dans la Tôroh parfaite : « lorsqu'ils
entendront tous ces Houqqim,
ils diront : ''Ce peuple ne peut qu'être sage et intelligent,
cette grande nation !'' » Mais ce groupe rapporte
les paroles des Sages ז״ל
d'une manière qui
pousse les autres nations à dire : « Quel
peuple insensé et primitif qu'est cette petite nation ! »
D'après
le Ramba''m (et de nombreux autres rabbins cités dans le premier
article susmentionné), les parties `aggadiques du Talmoudh ne
peuvent pas du tout être prises au sens littéral, car si tel est le
cas la Tôroh deviendrait alors une source de moquerie et de ridicule
pour les autres nations plutôt qu'une source d'admiration et de
respect. Par conséquent, il demande, pour préserver l'honneur de la
Tôroh, de regarder le sens caché de ces passages pour mettre à
jour les messages profonds et extraordinaires qu'ils cherchent à
transmettre, des messages qui reflètent effectivement la profondeur
et la sagesse de la Tôroh, que pour finir toutes les nations du
monde reconnaîtront, respecteront et admireront. Et pour se faire,
il faut aussi éliminer du milieu de nous les contradictions et
fausses doctrines et pratiques qui se sont immiscées dans notre foi.
Qu'HaShem
ית׳
puisse
donner les forces nécessaires et une détermination solide à tous
ceux qui entreprendront de rectifier ces erreurs, ne serait-ce déjà
qu'à un niveau individuel, dans leurs propres pratiques et
croyances ! Puisse-t-Il nous éclairer de Sa science et nous
assister dans notre mission consistant à être des lumières pour
les nations, et non des bonnets d'âne et des clowns à leurs yeux !
1Davorim
4:6
2Volume
3, Chapitre 31
3Môshah
Rabbénou