ב״ה
Les
prières de Rô`sh Hashonoh & Yôm Hakkippourim d'après le Go`ôn
de Wilno`
Illustration :
un portrait du Go`ôn de Wilno`
ז״ל
Cet
article peut être téléchargé ici.
Poursuivons
notre analyse des lois, pratiques et coutumes relatives aux fêtes de
Tishri.
Chaque
année, à l'approche de Rô`sh Hashonoh, de nombreuses personnes se
demandent pourquoi les prières de Rô`sh Hashonoh et Yôm
Hakkippourim sont si longues, et si cela est vraiment nécessaire.
La
réponse est que les Mahzôrim standards sont constitués de
prières supplémentaires composées par les kabbalistes ainsi que
d'un large rassemblement de Piyoutim (poème liturgiques). Comme pour
toutes les pratiques n'ayant pas été instituées par HaZa''l,
ces prières et Piyoutim vont du méritoire et désirable au
carrément interdit d'après les enseignements de HaZa''l,
mais ne sont jamais, par définition, obligatoires.
Un
autre problème causé par l'ajout de toutes ces prières et Piyoutim
est que l'écrasante majorité des gens sont incapables de prier avec
concentration tout au long des offices, et à un moment donné ils
fatiguent, perdent leur concentration et ne suivent plus du tout les
offices. Quant à ceux qui font l'intégralité des offices, la
vérité est que la majorité d'entre eux ne font que de la
récitation, mais n'ont pas même le temps de penser à ce qu'ils
disent, ce qui rend leur prière פָּסוּל
« Posoul »
(invalide). C'est Rabbi Yôséph Qa`rô ז״ל
qui
écrivait dans son Shoulhon
´oroukh que טוב
מעט תחנונים בכוונה,
מהרבות
בלא כוונה « mieux
vaut peu de supplications avec concentration que beaucoup [de
supplications] sans concentration. »1
En
outre, ces prières et Piyoutim ont, pour la plupart d'entre eux, été
composés sur base de la Qabboloh et autres enseignements profonds et
cryptiques, et leur sens est tout bonnement incompréhensible à la
majorité des gens. Les gens récitent donc des choses sans même
vraiment comprendre ce que veut dire ce qu'ils ont récité. Or,
savoir ce que l'on dit fait partie du minimum requis pour qu'une
bénédiction ou prière soit valable !
Mentionnons
également le fait que tous les Piyoutim imprimés dans les Mahzôrim
ne l'avaient pas été dans le but d'être tous récités. En fait,
cela servait de support pour que le Hozzon ou la communauté
puisse sélectionner quelques Piyoutim à réciter
durant l'office. On en choisissait deux ou trois parmi ceux qui
étaient imprimés et on les chantait. Mais il ne fut jamais
question, à l'origine, de réciter la centaine de prière et
Piyoutim contenue dans le Mahzôr.
Un
dernier problème à prendre en compte est celui de ceux qui n'ont
l'habitude de ne se rendre à la synagogue que pour Rô`sh Hashonoh
et Yôm Hakkippourim. C'est donc très souvent la seule expérience
qu'ils ont avec la prière juive. Croyez-vous que la longueur de ces
offices et le fait qu'ils ne comprennent pas le sens de ce qui est
récité vont leur donner envie de fréquenter la synagogue plus
souvent ? Absolument pas, et bien au contraire ! Il est
gravé dans leur esprit que la prière est ennuyante, et que c'est
trop dur d'être un bon Juif. Plutôt que de leur donner envie de
pleinement se connecter avec le Judaïsme et d'être régulier à la
synagogue, on les fait fuir.
Certains
pourraient alors se demander comment est-ce qu'un Minhogh suivi
presque universellement pourrait ne pas être considéré
obligatoire ?
Le
fait qu'un Minhogh soit largement répandu, voire même pratiqué par
tous, n'est pas suffisant pour le faire tomber dans la catégorie de
מִנְהַג
יִשְׂרָאֵל תּוֹרָה הִיא « Minhagh
Yisro`él Tôroh Hi` - la coutume d'Israël est la Tôroh »
de la façon dont HaZa''l comprenaient ce concept. Par
exemple, une coutume basée sur une erreur, une mauvaise
compréhension d'un Din, ou encore sur de la superstition, etc., n'a
jamais de valeur contraignante. De plus, j'ai souvent remarqué que
ceux qui invoquent le concept de « Minhagh Yisro`él Tôroh
Hi` » pour s'opposer à toute forme de changement sont
également ceux qui parviennent toujours à justifier, par des
explications souvent à dormir debout, tout changement opéré par
leur rabbin ou leur Rebbe. Ceux qui suivent les nouveaux Minhoghim
institués par la Qabboloh parviennent toujours à justifier de faire
différemment des autres ; les Sapharadhim qui auraient accepté
sur eux de suivre le Shoulhon ´oroukh parviennent toujours à
se justifier dans les cas où ils suivent le `ari plutôt que le
Shoulhon ´oroukh ; les Hasidhim n'ont pas eu de
scrupule à abandonner le Nousah `ashkanaz de leurs ancêtres
pour inventer un nouveau Nousah (le Nousah Saphardh).
Donc, jusqu'à quelle mesure un Minhogh est-il contraignant ?
Nous
allons ici passer en revue les positions du Go`ôn de Wilno` ז״ל
(Rabbi
`éliyohou ban Shalômôh Zalman, 1720-1797) concernant les prières
de Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim. Pourquoi particulièrement
les positions du Go`ôn de Wilno` ? Ce n'est pas parce qu'il a
toujours raison. Mais il s'avère qu'il a raison dans la majorité
des cas. Et même le Ramba''m ז״ל
n'a
pas toujours raison. Mais comme le Ramba''m, le Go`ôn de Wilno`
était profondément convaincu que la lettre exacte de la Halokhoh
devait n'être déterminée que sur base du TaNa''Kh, du Talmoudh, du
Sifré et du Sifro`, et de ce fait, ses décisions nous renvoient
très souvent aux avis déjà exprimés par le Ramba''m et d'autres
Ri`shônim, mais qui furent plus tard rejetés sur base de motifs
erronés.
Prenez
ceci en considération : si quelqu'un devait étudier la
Halokhoh maïmonidienne ou vilnienne, il en arriverait à voir
comment chaque décision peut tirer sa source du Talmoudh. Mais de
l'autre côté, si quelqu'un devait étudier, par exemple, le
Shoulhon ´oroukh de Rabbi Yôséph Qa`rô et les gloses
faites par Rabbi Môshah `Issarlès ז״ל
sur
le Shoulhon ´oroukh, il aurait une grande difficulté à
déterminer et expliquer pourquoi les décisions prises par ces
autorités rabbiniques dévient de celles que l'on peut
lire dans le Talmoudh ! Par conséquent, si quelqu'un cherche à
déterminer une question de Halokhoh d'un point de vue critique,
objectif et apolitique, c'est-à-dire en étudiant la Halokhoh comme
une forme d'interprétation du Talmoudh, il ferait mieux de suivre
les méthodes du Ramba''m et du Go`ôn de Wilno`. Cela aura pour
effet de créer en lui une satisfaction intellectuelle et une
compréhension honnête de la Halokhoh.
Passons
donc à présent au sujet de cet article !
- La prière du soir
- « ´ôsah Hasholôm » en conclusion de la dernière bénédiction de la ´amidhoh à la place de l'habituel « Hammavorékh `éth ´ammô Yisro`él Basholôm »
Bien
que le Go`ôn de Wilno` fut opposé à ce changement, car il pensait
que cela équivalait à dévier de la formulation instituée par nos
Sages, de nombreux chercheurs ont découvert après son époque de
plus en plus de preuves dans les Ganizôth et des manuscrits
retrouvés que les anciens rites Israélites (ashkénazes y compris)
utilisaient cette formule quotidiennement.
Grâce
aux documents découverts dans la Ganizoh du Caire, nous savons même
que cette formule remonte justement au moins jusqu'au dernier
Sanhédhrin en `aras Yisro`él. C'est la formule que j'utilise
également.
Lui
qui était profondément talmudique et pro-HaZa''l, il ne fait
aucun doute que s'il avait vécu assez longtemps que pour être au
courant de ces découvertes, il aurait accepté sans réserve
d'opérer un tel changement, tout comme il accepta d'autres
changements lorsqu'il voyait qu'ils pouvaient être soutenus par ce
qui se faisait du temps de HaZa''l.
- Les Salihôth la nuit de Yôm Hakkippourim
La
Halokhoh suivante du Mishnéh Tôroh du Ramba''m a une résonance
importante sur de nombreuses pratiques de Rô`sh Hashonoh que le
Go`ôn de Wilno` rejetait. Dans cette Halokhoh, le Ramba''m traite
des Tahanounim (les supplications ajoutées après les
Shamônah ´asréh des jours de semaine)2 :
15.
Lorsqu'on fait la Naphilath
Ponim après la prière, il y en a qui font une Qidhoh et d'autres
qui font une Hishtahawoyoh.
Mais il est défendu de faire une Hishtahawoyoh
sur des pierres, si ce n'est dans le Sanctuaire, comme nous
l'avons expliqué dans les Hilkôth ´avôdhoh Zoroh. Un homme
important n'a pas le droit de tomber sur sa face, à moins qu'il
sache en lui-même qu'il est intègre comme Yahôshoua´. Mais il
doit tourner son visage légèrement et ne pas le presser contre
le sol. Il est permis à quelqu'un de prier à un endroit et
tomber sur sa face à un autre endroit.
|
טו כִּשְׁהוּא
עוֹשֶׂה נְפִילַת פָּנִים אַחַר
תְּפִלָּה,
יֵשׁ
מִי שְׁהוּא עוֹשֶׂה קִדָּה,
וְיֵשׁ
מִי שְׁהוּא עוֹשֶׂה הִשְׁתַּחֲוָיָה;
וְאָסוּר
לַעֲשׂוֹת הִשְׁתַּחֲוָיָה עַל
הָאֲבָנִים אֵלָא בַּמִּקְדָּשׁ,
כְּמוֹ
שֶׁבֵּאַרְנוּ בְּהִלְכּוֹת עֲבוֹדָה
זָרָה.
וְאֵין
אָדָם חָשׁוּב רַשָּׁאי לִפֹּל עַל
פָּנָיו,
אֵלָא
אִם כֵּן הוּא יוֹדֵעַ בְּעַצְמוֹ
שְׁהוּא צַדִּיק כִּיהוֹשׁוּעַ;
אֲבָל
מַטֶּה הוּא פָּנָיו מְעַט,
וְאֵינוּ
כּוֹבֵשׁ אוֹתוֹ בַּקַּרְקָע.
וּמֻתָּר
לָאָדָם לְהִתְפַּלַּל בְּמָקוֹם זֶה,
וְלִנְפֹּל
עַל פָּנָיו בְּמָקוֹם אַחֵר
|
16.
Il est un Minhogh communément accepté par
tous les Israélites qu'il n'y a pas de Naphilath Ponim les
Shabbothôth et les fêtes, ni à Rô`sh Hashonoh, ni aux Ro`shé
Hôdhoshim,
à Hanoukkoh
et à Pourim, ni à Minhoh
des veilles des Shabbothôth et Yomim Tôvim, ni durant le ´arbith
de chaque jour. Mais
certains individus tombent sur leurs faces à ´arbith. Il
n'y a qu'à Yôm Hakkippourim que l'on tombe sur sa face dans
chaque [office de] prière, parce que c'est un jour de
supplication, de requête et de jeûne.
|
טז מִנְהָג
פָּשׁוּט בְּכָל יִשְׂרָאֵל,
שְׁאֵין
נְפִילַת פָּנִים בְּשַׁבָּתוֹת
וּבְמוֹעֲדוֹת,
וְלֹא
בְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה,
וְלֹא
בְּרָאשֵׁי חֳדָשִׁים וּבַחֲנֻכָּה
וּפוּרִים,
וְלֹא
בַּמִּנְחָה שֶׁלְּעַרְבֵּי שַׁבָּתוֹת
וְיָמִים טוֹבִים,
וְלֹא
בָּעַרְבִּית שֶׁבְּכָל יוֹם.
וְיֵשׁ
יְחִידִים שֶׁנּוֹפְלִין עַל פְּנֵיהֶם,
בָּעַרְבִּית.
וּבְיוֹם
הַכִּפּוּרִים בִּלְבָד,
נוֹפְלִין
עַל פְּנֵיהֶם בְּכָל תְּפִלָּה
וּתְפִלָּה,
מִפְּנֵי
שְׁהוּא יוֹם תְּחִנָּה וּבַקָּשָׁה
וְתַעְנִית
|
C'est
sur base de ce passage du Mishnéh Tôroh que le Go`ôn de Wilno`
s'est opposé aux supplications faites la nuit de Rô`sh Hashonoh (et
même durant la journée de Rô`sh Hashonoh), puisque Rô`sh Hashonoh
est non seulement un Yôm Tôv, mais que l'on ne fait pas non plus de
supplications durant la prière de ´arbith. Mais par contre, il a
approuvé parfaitement la pratique consistant à faire des
supplications à Yôm Hakkippourim après la ´amidhoh de chaque
office, puisque Yôm Hakkippourim est un jour fait justement pour
élever des supplications, bien que ce soit aussi un Yôm Tôv. (Voir
l'article intitulé « Le
Ramba''m sur la Tashouvoh durant la période des Dix Jours »
concernant les confessions et supplications à Yôm Hakkippourim.)
Remarquez
également qu'encore à l'époque du Ramba''m la pratique était de
littéralement se prosterner face contre terre lorsqu'on faisait des
supplications. Il est important de le signaler, car trop de gens
croient faussement que la pratique consistant à se prosterner face
contre terre en priant fut abandonnée parce que les musulmans le
faisaient aussi. Premièrement, l'Islam a émergé au 7ème siècle,
alors que le Ramba''m était du 12ème siècle. Par conséquent,
l'émergence de l'islam n'a rien à voir là-dedans, puisque la
pratique était encore suivie plus de cinq siècles après
l'émergence de l'Islam. Deuxièmement, en quoi le fait que nos
pratiques soient reprises ou existent également chez les musulmans,
les chrétiens ou membres de toute autre religion, doit nous amener à
y renoncer ? Cela n'a aucun sens ! Si ce raisonnement était
vrai et fondé, il y aurait alors de très nombreuses pratiques que
nous aurions dû abandonner, et il ne resterait plus rien du
judaïsme. (Voir l'article intitulé « Origine
et signification de la Nafillath Ponim » concernant la
prosternation dans les prières de supplication qui suivent la
´amidhoh.) Il est incompréhensible que la Naphilath Ponim ne soit
pratiquement plus du tout accomplie par le moindre Sépharade, et que
les ashkénazes se contentent de simplement poser leur tête contre
leur avant-bras, tout en s'asseyant !
- La récitation du Tahillim 24 après l'office de ´arbith, et la récitation du Tahillim 27 aussi bien à Shahrith qu'à ´arbith de Rô`sh Hôdhash `aloul jusqu'à Shamini ´asarath
Le
Go`ôn de Wilno` s'oppose à ces deux pratiques.3
Ce rejet, qui fut d'abord exprimé par le Ramba''m, est tout à fait
logique si le point de départ est que les prières doivent être
limitées à ce qu'ont ordonné HaZa''l. Les ajouts comme ces
deux pratiques sont :
- un fardeau sur la communauté, et
- ils renforcent la croyance erronée, voire même idolâtre, que la récitation de certaines parties du TaNa''Kh ont le « pouvoir » d'influencer HaShem ית׳ et Son monde. (Voir, par exemple, l'article intitulé « Lire des Tahillim pour un malade. »)
Plus
spécifiquement, le Tahillim 24 fut choisi pour servir
d'introduction à la prière pour la Parnosoh qui est imprimée
immédiatement après dans les Mahzôrim, et il va sans dire
que cette prière est également inappropriée pour les Shabbothôth
et les Yomim Tôvim.
- « Shahahayonou » la deuxième nuit de Rô`sh Hashonoh
Contrairement
à la pratique consistant à ne pas réciter שֶׁהֶחֱיָנוּ
« Shahahayonou »
la deuxième nuit de Rô`sh Hashonoh si l'on ne consomme pas un fruit
nouveau ou que l'on ne porte pas un vêtement neuf, le Go`ôn de
Wilno` est d'avis que « Shahahayonou »
doit être récité par celui qui fait le Qiddoush, même si un fruit
ou un vêtement nouveau n'est pas consommé ou porté. La raison à
cela est très simple : la bénédiction de « Shahahayonou »
est avant tout récitée pour remercier HaShem d'avoir permis que
nous vivions jusqu'à ce jour de fête. De ce fait, que l'on porte ou
pas un vêtement neuf, ou que l'on consomme ou pas un fruit nouveau,
cela n'a aucune incidence sur la récitation du « Shahahayonou. »
- Shahrith et Mousoph
- La prière publique et le premier Qaddish
D'après
le Ramba''m, la prière publique de chaque matin commence après que
chaque individu ait récité chez lui les bénédictions du matin et
les Pasouqé Dazimro`. Il rapporte ceci dans son Mishnéh Tôroh4 :
L'ordre
de la prière publique est ainsi : Au matin, tous les gens
s'asseyent et le Shaliah Sibbour descend devant
l'arche et se tient debout au milieu des gens. Il commence en
disant le « Qaddish », et tous les gens
répondent « `omén !
Yahé` Shaméh Rabbo` Mavorakh » de toute leur
force, et ils répondent « `omén »
à la fin du Qaddish. Ensuite, il dit « Borakhou
`éth HaShem Hammavôrokh », et ils répondent
« Boroukh HaShem
Hammavôrokh La´ôlom Wo´adh. » Il commence
alors à s'étendre sur le Shama´ à voix haute, et ils répondent
« `omén »
après chacune des bénédictions. Celui qui sait bénir peut
procéder à la récitation avec lui jusqu'à ce qu'il récite
« Gô`al Yisro`él. »
|
סֵדֶר
תְּפִלַּת הַצִּבּוּר,
כָּךְ
הוּא:
בַּשַּׁחַר--כָּל
הָעָם יוֹשְׁבִין,
וּשְׁלִיחַ
צִבּוּר יוֹרֵד לִפְנֵי הַתֵּבָה
וְעוֹמֵד בְּאֶמְצַע הָעָם;
וּמַתְחִיל
וְאוֹמֵר קַדִּישׁ,
וְכָל
הָעָם עוֹנִין אָמֵן יְהֶא שְׁמֵיהּ
רַבָּא מְבָרַךְ בְּכָל כּוֹחָן,
וְעוֹנִין
אָמֵן בְּסוֹף קַדִּישׁ;
וְאַחַר
כָּךְ אוֹמֵר בָּרְכוּ אֶת ה'
הַמְּבֹרָךְ,
וְהֶם
עוֹנִים בָּרוּךְ ה'
הַמְּבֹרָךְ,
לְעוֹלָם
וָעֶד.
וּמַתְחִיל
וּפוֹרֵס עַל שְׁמַע בְּקוֹל רָם,
וְהֶן
עוֹנִין אָמֵן אַחַר כָּל בְּרָכָה
וּבְרָכָה,
וְהַיּוֹדֵעַ
לְבָרַךְ וְלִקְרוֹת קוֹרֶא עִמּוֹ,
עַד
שֶׁמְּבָרֵךְ גָּאַל יִשְׂרָאֵל
|
Le
Go`ôn de Wilno` est tout à fait d'accord avec cette Halokhoh. Cela
a donc pour conséquence que la récitation des sacrifices (qui est
censée être une étude et non une récitation. Voir l'article
intitulé « Y
a-t-il une obligation de réciter trois fois par jour le Tahillim
145 ? ») qui précèdent généralement les
Pasouqé Dazimro` est :
- inutile, et
- ne mérite pas la récitation du Qaddish qui vient juste après, à moins que cela n'ait été accompli par dix Juifs qui ont réellement étudié ensemble les lois relatives aux sacrifices.
Quant
à la récitation du Tahillim 29 chaque matin avant les
Pasouqé Dazimro`, cette pratique ne fut inventée que plusieurs
siècles après l'époque du Ramba''m, et le Go`ôn de Wilno`, qui
vécu à une époque où cette pratique était nouvelle dans sa
communauté, s'y opposa. (Par contre, le Tahillim 29 doit bien
être récité en guise de Cantique du Jour durant les huit jours de
Hanoukkoh.) Le Ramba''m et le Go`ôn de Wilno` s'opposaient
également tous deux à l'ajout d'un Qaddish inutile à réciter
après le Tahillim 29.
Quant
au reste des Pasouqé Dazimro`, puisqu'ils ne font pas partie de
l'office de prière en tant que tel (HaZa''l n'ont jamais
exigé comme une obligation de faire des Pasouqé Dazimro`, et ne
l'ont jamais inclus dans les offices de prière), chacun doit les
réciter lui-même, individuellement, jusqu'à ce que le Shaliah
Sibbour se lève pour terminer sa récitation de יִשְׁתַּבַּח
« Yishtabbah »
ou juste avant.5
La
pratique consistant à réciter le Tahillim 130 entre
« Yishtabbah » et le Qaddish
est également d'une origine plus tardive et fut rejetée par le
Go`ôn de Wilno`.
- Les Piyoutim
Le
Go`ôn de Wilno` soutenait qu'il est approprié de chanter aux Yomim
Tôvim, mais plus particulièrement lorsqu'on sortait la Tôroh du
`arôn Qôdhash et durant les Qaddishim finaux. Mais il n'exigeait
pas la récitation de tous les Piyoutim imprimés dans le Mahzôr
(voir plus haut, où nous avons expliqué que les Piyoutim furent
imprimés dans les Mahzôrim pour servir de répertoire et
permettre à chacun d'en sélectionner quelques-uns parmi tous ceux
imprimés, et non pas pour qu'ils soient tous récités), et il
estimait également que l'inclusion de Piyoutim à certains endroits
de l'office était inappropriée, comme par exemple ceux qui sont
insérés en plein milieu de la Qadhoushoh. (Voir l'article intitulé
« Mishnéh
Tôroh VS Shoulhon ´oroukh : La récitation du Shama´ III »
où nous avions expliqué qu'insérer des Piyoutim en plein milieu
des bénédictions du Shama´, par exemple, était strictement
défendu.)
Quels
Piyoutim réciter et à quel moment sont des questions nécessitant
de prendre en considération plusieurs paramètres, comme par exemple
les contraintes du temps, la patience de l'assemblée, ou encore la
qualité de chant du Hozzon. Les Piyoutim perdent la plupart
de leur beauté transcendantale s'ils ne sont pas chantés
correctement, et les Piyoutim spécifiquement choisis peuvent varier
d'une année à l'autre. Il n'est pas obligatoire de chanter chaque
année les mêmes.
- « Boroukh Hou` Ouvoroukh Shamô » entre chaque bénédiction de la ´amidhoh
Le
Go`ôn de Wilno` était opposé à cette pratique, tout comme le
Ramba''m et tous les autres Ri`shônim. Le ´oroukh Hashoulhon
explique notamment que cette pratique, dont l'origine est attribuée
au Ro`''sh ז״ל,
n'est pas en accord avec la compréhension simple de la source
talmudique sur laquelle elle serait prétendument basée. En effet,
le Talmoudh parlait de l'attitude appropriée à avoir lorsqu'on
entendait la vraie prononciation du Shém Hammaphôrosh (י־ה־ו־ה)
dans le Béth Hammiqdosh. En outre, comme l'ajoute le ´oroukh
Hashoulhon,
répondre בָּרוּךְ
הוּא וּבָרוּךְ שְׁמוֹ
« Boroukh
Hou` Ouvoroukh Shamô »
durant les bénédictions de la ´amidhoh crée d'autres difficultés
halakhiques et incohérences, notamment le fait que ce ne soit pas
fait systématiquement lorsqu'on entend בָּרוּךְ
אַתָּה ה׳
« Boroukh
`Attoh HaShem »
dans des contextes autres que la ´amidhoh, comme par exemple dans la
récitation du Qiddoush. (Voir l'article intitulé « Répondre
''Boroukh Hou` Ouvoroukh Shamô'' »,
où le sujet a longuement été traité.)
- Les autres additions à la ´amidhoh durant les dix jours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim
Le
Go`ôn de Wilno` n'y était( pas opposé, mais il note que la
pratique la plus appropriée durant la répétition de la ´amidhoh
consiste à ce que le Shaliah
Sibbour
les récite comme il le ferait pour le reste de la prière, sans que
l'assemblée ne l'interrompe pour les dire à voix haute. (Voir
l'article intitulé « Les
ajouts dans les Shamônah ´asréh de la période des Dix Jours »,
où nous avions traité du sujet.)
- La récitation de la Birakhath Kôhanim durant la répétition de la ´amidhoh de chaque prière du matin et de Mousoph
Le
Go`ôn de Wilno` était d'avis que la בִּרְכַת
כֹּהֲנִים « Birakhath
Kôhanim »
devait être récitée quotidiennement lors de toutes les prières de
Shahrith
et de Mousoph lors de la répétition de la ´amidhoh, ainsi qu'aux
offices de Na´iloh ou de Minhoh
des jours de jeûne, conformément à la décision du Ramba''m et aux
instructions du Talmoudh. C'est devenu la pratique standard de toutes
les communautés non-ashkénazes à travers le monde, ainsi que des
communautés ashkénazes en `aras
Yisro`él. Beaucoup ont essayé de restaurer cette pratique dans les
communautés ashkénazes en-dehors de `aras
Yisro`él, mais ont échoué.
Le
Go`ôn de Wilno` a exprimé le fait que lorsque les `ashkanazim
annuleront l'interdiction de la polygamie (ce sont les seuls qui
acceptent encore de façon erronée comme contraignant le décret de
Rabbénou Gérshôm ז״ל.
Voir les articles intitulés « La
source de la moralité juive et du Pésaq Halokhoh »
et « Discussion
sur la polygamie et la polyandrie »)
et qu'ils restaureront la pratique ancestrale de réciter la
Birakhath Kôhanim tous les jours (et pas qu'à Shabboth et Yôm
Tôv), ce sera un grand pas vers la rédemption finale.
- La récitation du « `ovinou Malkénou »
En
raison de la pratique consistant à ne pas faire de supplications
après la ´amidhoh à Rô`sh Hashonoh, pratique que nous avons
rapportée plus haut, le Go`ôn de Wilno` était opposé à la
récitation du אָבִינוּ
מַלְכֵּנוּ « `ovinou
Malkénou »
à Rô`sh Hashonoh après la ´amidhoh, mais l’approuvait à Yôm
Hakkippourim même si Yôm Hakkippourim tombe un Shabboth. Sa
position est l'opposé total de la pratique standard d'aujourd'hui,
qui consiste à dire « `ovinou
Malkénou »
à Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, mais pas si l'un de ces
jours tombe un Shabboth.
Il
convient de signaler que ne pas faire de prière de supplication à
Rô`sh Hashonoh fut très longtemps la norme, et cette pratique était
basée sur le passage biblique suivant6 :
Et Nahamyoh,
qui est le gouverneur, dit, ainsi que ´azro` le Kôhén Scribe et
aux Lawiyim qui expliquaient à tout le peuple : « Ce
jour est sanctifié à `adhônoy, votre Dieu ; ne vous
affligez pas et ne pleurez pas », car tout
le peuple pleurait en entendant les paroles de la Tôroh. Et il
leur dit : « Allez !
Mangez des [viandes] grasses et buvez des [breuvages] doux, et
envoyez des parts à celui pour qui rien n'a été préparé, car
ce jour est consacré à notre Seigneur, et ne vous attristez
point, car la joie de `adhônoy est votre force. »
|
וַיֹּאמֶר
נְחֶמְיָה הוּא הַתִּרְשָׁתָא וְעֶזְרָא
הַכֹּהֵן הַסֹּפֵר וְהַלְוִיִּם
הַמְּבִינִים אֶת-הָעָם
לְכָל-הָעָם,
הַיּוֹם
קָדֹשׁ-הוּא
לַיהוָה אֱלֹהֵיכֶם--אַל-תִּתְאַבְּלוּ,
וְאַל-תִּבְכּוּ:
כִּי
בוֹכִים כָּל-הָעָם,
כְּשָׁמְעָם
אֶת-דִּבְרֵי
הַתּוֹרָה.
וַיֹּאמֶר
לָהֶם לְכוּ אִכְלוּ מַשְׁמַנִּים
וּשְׁתוּ מַמְתַקִּים,
וְשִׁלְחוּ
מָנוֹת לְאֵין נָכוֹן לוֹ--כִּי-קָדוֹשׁ
הַיּוֹם,
לַאֲדֹנֵינוּ;
וְאַל-תֵּעָצֵבוּ,
כִּי-חֶדְוַת
יְהוָה הִיא מָעֻזְּכֶם
|
Comme
l'indique le verset 2, cela s'est passé le jour de Rô`sh Hashonoh.
De ces versets nous apprenons donc qu'il n'est pas approprié de
faire des Tahanounim
(supplications) à Rô`sh Hashonoh, mais également les autres jours
de Yôm Tôv (excepté Yôm Hakkippourim) et Shabboth, qui sont des
jours consacrés à HaShem.
- Les prières supplémentaires après avoir retiré le Séphar Tôroh du `arôn Qôdhash
Ces
prières sont également des supplications, et sont par conséquent
tout autant inappropriées à Yôm Tôv comme elles le sont à
Shabboth. Le Go`ôn de Wilno` demande donc de les omettre à Rô`sh
Hashonoh, mais peuvent être inclues à Yôm Hakkippourim, même s'il
tombe un Shabboth.
- Soulever et montrer la Tôroh avant de la lire
Voici
ce que nous lisons dans le TaNa''Kh7 :
´azro` ouvrit
le rouleau aux yeux de tout le peuple, car il était élevé
au-dessus de tout le peuple, et lorsqu'il l'ouvrit tout le peuple
se tint debout.
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וַיִּפְתַּח
עֶזְרָא הַסֵּפֶר לְעֵינֵי כָל-הָעָם,
כִּי-מֵעַל
כָּל-הָעָם
הָיָה;
וּכְפִתְחוֹ,
עָמְדוּ
כָל-הָעָם
|
Nous
avons donc une source biblique nous expliquant que le Séphar Tôroh
doit d'abord être ouvert et soulevé de sorte que tous puissent
voir. C'est également ce qu'indique le traité post-talmudique de
Sôphrim. Et telle est la pratique de la quasi totalité des
communautés non ashkénazes. Ce sujet avait été traité dans
l'article intitulé « Comment
faire la Haghbohoh d'une manière authentique ? »
- La prière du Hozzon avant Mousoph
Aucun
autre office n'est précédé par une prière personnelle faite par
le Hozzon.
Pourquoi donc l'office de Mousoph devrait-il être différent ?
En outre, la prière qui précède Mousoph inclut de nombreuses
lignes problématiques, plus particulièrement à la fin. D'après le
Go`ôn de Wilno`, cette prière n'aurait jamais dû se trouver dans
le Mahzôr
et il ne faut pas la réciter.
- Sonner du Shôphor durant la ´amidhoh silencieuse de Mousoph
D'après
la compréhension classique du Talmoudh, le
Shôphor ne doit pas être sonné durant la ´amidhoh silencieuse de
Mousoph.
- Se prosterner durant le « ´olénou » et le récit de la ´avôdhoh qui se faisait dans le Béth Hammiqdosh
Le
Go`ôn de Wilno` était catégoriquement opposé à toute forme de
prosternation à des endroits non mandatés par HaZa''l.
En d'autres mots, excepté au début et à la fin de la première
bénédiction de la ´amidhoh, au début et à la fin de la
bénédiction de « Môdhim »,
après la dernière bénédiction de la ´amidhoh, et durant les
supplications qui suivent la ´amidhoh (les jours où faire des
supplications est permis), on ne doit pas se prosterner. Par
conséquent, le Go`ôn de Wilno` s'oppose au fait de se prosterner
dans la prière de « ´olénou »,
pour deux raisons :
- cette prière est post-talmudique, et
- elle a été insérée en plein milieu de la répétition de la ´amidhoh de Mousoph, ce qui fait que l'on ne peut s'y prosterner, puisqu'on ne peut se prosterner dans la ´amidhoh qu'aux endroits prescrits par HaZa''l.
- Les prières qui suivent les « Malakhiyôth », « Zikhrônôth » et les « Shôphorôth »
Les
Mahzôrim
standards incluent une note selon laquelle la deuxième prière qui
suit chacune des trois sections de la prière de Mousoph, אֲרֶשֶׁת
שְׂפָתֵינוּ « `arashath
Saphothénou »,
ne doit pas être récitée à Shabboth, et c'est en raison du fait
qu'il s'agit d'une supplication. Or, comme nous l'avons expliqué
plus haut, le Go`ôn de Wilno` soutient que si une supplication est
inappropriée pour Shabboth, elle l'est alors tout autant pour Yôm
Tôv. Par conséquent, on ne doit pas réciter « `arashath
Saphothénou »
durant la prière de Mousoph. Cependant, le Go`ôn de Wilno` approuve
la récitation de הַיּוֹם
הַרַת עוֹלָם « Hayyôm
Harath ´ôlom »,
puisqu'il ne s'agit pas d'une supplication mais simplement de
déclarations de fait sur ce qui se passe à Rô`sh Hashonoh (le
monde passe en jugement devant HaShem ; c'est à Rô`sh Hashonoh
qu'est décidé qui vivra et qui mourra, etc.).
- L'après-midi de Rô`sh Hashonoh et Minhoh
- Tashlikh
Le
Go`ôn de Wilno` était opposé à la pratique du Tashlikh. (Voir
l'article intitulé « Les
origines superstitieuses du Tashlikh. »)
- Faire le Qiddoush Lavonoh le plus tôt possible
Plutôt
que de perdre son temps avec la cérémonie stupide du Tashlikh et
essayer d'apaiser les démons, le Go`ôn de Wilno` était d'avis
qu'il valait mieux, en fin d'après-midi de Rô`sh Hashonoh, tenter
d'apercevoir la nouvelle lune dans le ciel, de façon à réciter le
קִידּוּשׁ
לְבָנָה « Qiddoush
Lavonoh »
(sanctification de la lune) le plus tôt possible.
Tout
cela permet d'éliminer bon nombre de prières inutiles et
inappropriées et faire des prières de Rô`sh Hashonoh une
expérience plus authentique et sincère, que de la simple récitation
de longues et nombreuses prières dont le sens échappe à la plupart
d'entre nous.
1`ôrah
Hayim 1:4
2Hilkôth
Taphilloh Ouvirakhath Kôhanim 5:15-16
3Voir
Ma´asah Rov 43 et 66
4Hilkôth
Taphilloh Ouvirakhath Kôhanim 9:1
5Voir
Ma´asah Rov 126
6Nahamyoh
8:9-10
7Ibid., 8:5