lundi 12 septembre 2016

Le Ramba''m sur la Tashouvoh durant la période des Dix Jours

ב״ה

Le Ramba''m sur la Tashouvoh durant la période des Dix Jours


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Poursuivons notre analyse des lois, pratiques et coutumes relatives aux fêtes de Tishri.

Dans son Mishnéh Tôroh, au Chapitre 1 des Hilkôth Tashouvoh, le Ramba''m ז״ל parle de la Tashouvoh en des termes généraux. Puis, au Chapitre 2, il est plus spécifique et précis. Il rapporte notamment ceci, qui est plus particulièrement pertinent pour la période des dix jours qui va de Rô`sh Hashonoh à Yôm Hakkippourim :

3. Et qu'est-ce que la Tashouvoh ? C'est lorsque le pécheur abandonne son péché, le retire de sa pensée, et prend la résolution dans son cœur de ne plus l'accomplir, ainsi qu'il est dit1 : « Que l'impie abandonne sa voie et l'homme d'iniquité ses pensées. » De même, il doit avoir des regrets pour ce qui s'est passé, ainsi qu'il est dit2 : « car après mon retour, j'ai eu des regrets, et après que j'ai été morigéné, je me suis frappé sur la hanche. » Et Celui qui connaît les secrets témoignera le concernant qu'il ne retournera plus jamais vers ce péché, ainsi qu'il est dit3 : « Et nous ne dirons plus ''nos dieux'' à l’œuvre de nos mains ; en Toi seul l'orphelin trouve miséricorde. » On est tenu de se confesser avec ses lèvres et exprimer [verbalement] les résolutions que l'on a prises dans son cœur.
ג  וּמַה הִיא הַתְּשׁוּבָה--הוּא שֶׁיַּעֲזֹב הַחוֹטֶא חֶטְאוֹ, וִיסִירֶנּוּ מִמַּחְשַׁבְתּוֹ וְיִגְמֹר בְּלִבּוֹ שֶׁלֹּא יַעֲשֵׂהוּ עוֹד, שֶׁנֶּאֱמָר "יַעֲזֹב רָשָׁע דַּרְכּוֹ, וְאִישׁ אָוֶן מַחְשְׁבֹתָיו". וְכֵן יִתְנַחַם עַל שֶׁעָבַר, שֶׁנֶּאֱמָר "כִּי-אַחֲרֵי שׁוּבִי, נִחַמְתִּי, וְאַחֲרֵי הִוָּדְעִי, סָפַקְתִּי עַל-יָרֵךְ"; וְיָעִיד עָלָיו יוֹדֵעַ תַּעֲלוּמוֹת שֶׁלֹּא יָשׁוּב לְזֶה הַחֵטְא לְעוֹלָם, שֶׁנֶּאֱמָר "וְלֹא-נֹאמַר עוֹד אֱלֹהֵינוּ, לְמַעֲשֵׂה יָדֵינוּ--אֲשֶׁר-בְּךָ, יְרֻחַם יָתוֹם". וְצָרִיךְ לְהִתְוַדּוֹת בִּשְׂפָתָיו, וְלוֹמַר עִנְיָנוֹת אֵלּוּ שֶׁגָּמַר בְּלִבּוֹ
4. Quiconque se confesse par des paroles mais ne prend pas la résolution dans son cœur d'abandonner [son péché], celui-là est comparable à quelqu'un qui s'immerge [dans une Miqwah] tout en tenant le [cadavre d'un] lézard.4 De même, il est dit5 : « Celui qui admet et abandonne [son péché] obtient miséricorde. » Et on doit préciser le péché en question, ainsi qu'il est dit6 : « De grâce, ce peuple a commis un énorme péché ; ils se sont faits un dieu d'or. »
ד  כָּל הַמִּתְוַדֶּה בִּדְבָרִים, וְלֹא גָמַר בְּלִבּוֹ לַעֲזֹב--הֲרֵי זֶה דּוֹמֶה לְטוֹבֵל, וְשֶׁרֶץ בְּיָדוֹ, שְׁאֵין הַטְּבִילָה מוֹעֶלֶת, עַד שֶׁיַּשְׁלִיךְ הַשֶּׁרֶץ; וְכֵן הוּא אוֹמֵר "וּמוֹדֶה וְעֹזֵב, יְרֻחָם". וְצָרִיךְ לִפְרֹט אֶת הַחֵטְא, שֶׁנֶּאֱמָר: אָנָּא, חָטָא הָעָם הַזֶּה חֲטָאָה גְדֹלָה, וַיַּעֲשׂוּ לָהֶם, אֱלֹהֵי זָהָב

Dans ces deux Halokhôth nous sont donnés les éléments indispensables d'une Tashouvoh réelle et acceptable :

  1. On doit abandonner le péché que l'on avait usage de commettre,
  2. retirer de son cœur toute pensée relative à ce péché7,
  3. prendre la résolution ferme, dans son cœur, de ne plus le commettre,
  4. avoir des regrets pour le fait d'avoir commis, dans le passé, ce péché8,
  5. et se confesser verbalement devant HaShem ית׳ (si c'est une faute entre l'homme et Dieu) ou la personne contre qui le péché a été commis en prenant soin de dire précisément la nature du péché commis, et exprimer verbalement les résolutions qui auront été prises dans notre cœur.

Le Ramba''m poursuit en donnant quelques idées et conseils pour maximiser les effets de sa Tashouvoh :

5. Parmi les chemins de la Tashouvoh : que le repenti implore constamment devant HaShem dans les pleurs et les supplications, qu'il fasse de la Sadhoqoh selon ses moyens, qu'il s'éloigne grandement de la chose par laquelle il péchait, qu'il change son nom, comme pour dire que « je suis quelqu'un d'autre ; je ne suis pas cet homme qui a commis ces actes », et qu'il change toutes ses œuvres vers le bien et la voie droite. Il doit s'exiler de son endroit, car l'exil fait expiation des fautes, puisqu'il suscite chez lui la soumission et l'amène à la modestie et l'humilité.
ה  מִדַּרְכֵי הַתְּשׁוּבָה לִהְיוֹת הַשָּׁב צוֹעֵק תָּמִיד לִפְנֵי ה', בִּבְכִי וּבְתַחֲנוּנִים, וְעוֹשֶׂה צְדָקָה כְּפִי כּוֹחוֹ, וּמִתְרַחֵק הַרְבֵּה מִן הַדָּבָר שֶׁחָטָא בּוֹ. וּמְשַׁנֶּה שְׁמוֹ, כְּלוֹמַר שֶׁאֲנִי אַחֵר וְאֵינִי אוֹתוֹ הָאִישׁ שֶׁעָשָׂה אוֹתָן הַמַּעֲשִׂים; וּמְשַׁנֶּה מַעֲשָׂיו כֻּלָּן לְטוֹבָה, וּלְדֶרֶךְ יְשָׁרָה. וְגוֹלֶה מִמְּקוֹמוֹ--שֶׁגָּלוּת מְכַפֶּרֶת עָווֹן, מִפְּנֵי שֶׁגּוֹרֶמֶת לוֹ לְהִכָּנַע וְלִהְיוֹת עָנָו וּשְׁפַל רוּחַ

Six conseils profonds sont donnés ici :

  1. Prier constamment HaShem, dans ses propres mots, avec des pleurs sincères et des supplications, pour qu'Il nous pardonne ;
  2. Faire la charité en fonction de ses possibilités et moyens ;
  3. S’éloigner très loin de l'objet de notre péché ;
  4. Changer son nom, comme pour s'octroyer une nouvelle identité différente de celle que nous avions lorsqu'on était pécheur ;
  5. Changer intégralement son comportement pour tendre exclusivement vers le bien et suivre uniquement la voie droite ;
  6. Aller s'installer loin de sa maison, c'est-à-dire de l'environnement dans lequel on avait usage de commettre nos méfaits ou qui a une mauvaise influence sur nous ou qui n'est tout simplement pas propice à une vie spirituelle convenable.

Le Ramba''m explique ensuite la qualité particulière de la Tashouvoh durant la période des dix jours qui va de Rô`sh Hashonoh à Yôm Hakkippourim :

8. Bien que la Tashouvoh et l'imploration soient toujours belles, durant les dix jours qui sont entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim, cela est plus beau encore et est accepté immédiatement, ainsi qu'il est dit9 : « Recherchez HaShem quand Il peut être trouvé ; invoquez-Le quand Il s'avère être proche. »10 Dans quel cas les paroles susmentionnées [s'appliquent-elles] ?11 Dans [le cas d']un particulier. Mais dans [le cas d']une collectivité, dès le moment où ils font Tashouvoh et implorent d'un cœur entier, ils sont exaucés, ainsi qu'il est dit12 : « comme HaShem, notre Dieu, chaque fois que nous L'invoquons. »
ח  אַף עַל פִּי שֶׁהַתְּשׁוּבָה וְהַצְּעָקָה יָפָה לְעוֹלָם, בַּעֲשֶׂרֶת הַיָּמִים שֶׁבֵּין רֹאשׁ הַשָּׁנָה וְיוֹם הַכִּפּוּרִים הִיא יָפָה בְּיוֹתֵר, וּמִיָּד הִיא מִתְקַבֶּלֶת, שֶׁנֶּאֱמָר "דִּרְשׁוּ ה', בְּהִמָּצְאוֹ; קְרָאֻהוּ, בִּהְיוֹתוֹ קָרוֹב". בַּמֶּה דְּבָרִים אֲמוּרִים, בַּיָּחִיד; אֲבָל בַּצִּבּוּר--כָּל זְמָן שֶׁעוֹשִׂין תְּשׁוּבָה וְצוֹעֲקִין בְּלֵב שָׁלֵם הֶן נַעֲנִין, שֶׁנֶּאֱמָר: כַּה' אֱלֹהֵינוּ, בְּכָל-קָרְאֵנוּ אֵלָיו

Ainsi, bien que la Tashouvoh soit efficace et appropriée tout au long de l'année, elle n'est pas aussi efficace que lorsqu'elle est effectuée durant cette période de dix jours, car c'est là qu'HaShem est le plus accessible et le plus proche de nous par rapport au reste de l'année. C'est la période propice à la Tashouvoh ! Mais cela n'est vrai que pour la Tashouvoh individuelle, car s'agissant de la Tashouvoh de toute une communauté, il n'y a pas de période plus propice qu'une autre, et une Tashouvoh collective est facilement entendue par HaShem n'importe quel jour du calendrier.

Tout cela étant dit, bien qu'il y ait un moment propice à la Tashouvoh pour l'individu et que toute l'année est propice à la Tashouvoh collective, Yôm Hakkippourim a ceci de particulier que c'est le meilleur jour pour la Tashouvoh, aussi bien individuelle que collective, ainsi que nous l'explique le Ramba''m dans la Halokhoh suivante :

9. Yôm Hakkippourim est le temps de la Tashouvoh pour tous, pour un particulier comme pour la collectivité, et c'est l'achèvement de l'excuse et du pardon pour les Israélites.13 Par conséquent, tous ont l'obligation de faire Tashouvoh et se confesser durant Yôm Hakkippourim. La Miswoh de la confession de Yôm Hakkippourim consiste à ce que l'on commence [à se confesser] dès la veille du jour [des expiations] avant de manger14, par crainte que l'on s'étouffe au cours du repas avant que l'on se confesse.15 Et bien que l'on se soit confessé avant de manger, on se confesse à nouveau durant la nuit de Yôm Hakkippourim, [à] ´arbith. On doit se confesser à nouveau durant Shahrith, Mousof, Minhoh et Na´iloh. À quel endroit [de la prière] se confesse-t-on ? Un particulier [se confesse] après sa prière16, tandis que le Shaliah Sibbour [se confesse] au milieu de sa prière dans la quatrième bénédiction.
ט  יוֹם הַכִּפּוּרִים--הוּא זְמָן תְּשׁוּבָה לַכֹּל, לַיָּחִיד וְלָרַבִּים, וְהוּא קֵץ מְחִילָה וּסְלִיחָה לְיִשְׂרָאֵל; לְפִיכָּךְ חַיָּבִין הַכֹּל לַעֲשׂוֹת תְּשׁוּבָה וּלְהִתְוַדּוֹת, בְּיוֹם הַכִּפּוּרִים. וּמִצְוַת וִדּוּי יוֹם הַכִּפּוּרִים שֶׁיַּתְחִיל מֵעֶרֶב הַיּוֹם קֹדֶם שֶׁיֹּאכַל, שֶׁמֶּא יֵחָנֵק בַּסְּעוֹדָה קֹדֶם שֶׁיִּתְוַדֶּה. וְאַף עַל פִּי שֶׁהִתְוַדָּה קֹדֶם שֶׁיֹּאכַל, חוֹזֵר וּמִתְוַדֶּה בְּלֵילֵי יוֹם הַכִּפּוּרִים עַרְבִּית; וְחוֹזֵר וּמִתְוַדֶּה בַּשַּׁחְרִית, וּבַמּוּסָף, וּבַמִּנְחָה, וּבַנְּעִילָה. וְהֵיכָן מִתְוַדֶּה--יָחִיד, אַחַר תְּפִלָּתוֹ; וּשְׁלִיחַ צִבּוּר, בְּאֶמְצַע תְּפִלָּתוֹ בִּבְרָכָה רְבִיעִית

Dans cette Halokhoh, nous apprenons donc que les Israélites se confessent à six reprises pour Yôm Hakkippourim. Un individu se confessera :

  1. une première fois après la prière de Minhoh de la veille de Yôm Hakkippourim, avant de prendre son dernier repas qui précède l'entrée du jeûne ;
  2. une deuxième fois après la prière de ´arbith de Yôm Hakkippourim, après avoir pris le dernier repas qui précède l'entrée du jeûne ;
  3. une troisième fois après la prière de Shahrith de Yôm Hakkippourim ;
  4. une quatrième fois après la prière de Mousof de Yôm Hakkippourim ;
  5. une cinquième fois après la prière de Minhoh de Yôm Hakkippourim ;
  6. et une dernière fois après la prière de Na´iloh, qui clôt Yôm Hakkippourim.

Cela ne concerne que l'individu, car le Shaliah Sibbour, lui, fera la confession pour lui et en faveur de la communauté (comme le Kôhén Godhôl se confessait pour ses propres péchés et ceux de l'ensemble du peuple d'Israël), non pas après les ´amidhôth, mais dans la quatrième bénédiction de chaque ´amidhoh. C'est en fait la raison pour laquelle, à l'origine, il n'y avait pas de ´amidhoh silencieuse à Yôm Hakkippourim ; le Shaliah Sibbour doit directement réciter à voix haute la ´amidhoh, en y incluant dans la quatrième bénédiction la confession pour la collectivité, et la communauté répond après chaque bénédiction. Puis, à la fin de chaque ´amidhoh, il doit y avoir un temps de prière individuelle durant lequel chaque membre de la communauté se confessera silencieusement devant HaShem. C'est ainsi que la prière doit se dérouler à Yôm Hakkippourim.

Or, de nos jours, dans la majorité des communautés, les offices de Yôm Hakkippourim durent de très nombreuses heures (parfois cinq heures rien que pour l'office de Shahrith). Il n'en a jamais été ainsi avant. La longueur des offices d'aujourd'hui est due au fait que de nombreuses choses (inutiles et que ne comprennent pas la majorité de ceux qui prient) sont ajoutées et intercalées dans les ´amidhôth, et sont récitées chaque fois à deux reprises (durant la ´amidhoh silencieuse et ensuite durant la répétition à voix haute de la ´amidhoh). Ajoutons à cela les nombreuses prières qui sont répétées à plusieurs reprises à différents moments de l'office. Tout cela nous donne des offices de cinq ou six heures, et la longueur des offices et des prières, ainsi que la répétitivité des mêmes paroles au sein d'un même office, font que non seulement la plupart des hommes passe la grande majorité des 25h du jeûne de Yôm Hakkippourim à la synagogue, mais qu'en plus une grande partie de ceux rassemblés ne prie en fait pas (les prières sont parfois tellement longues que beaucoup commencent plein d'énergie au début de l'office et faiblissent progressivement jusqu'à ne plus rien réciter du tout). En réalité, contrairement à la pratique qui prévaut aujourd'hui dans bon nombre de communautés, les gens ne passaient pas quasiment l'intégralité de Yôm Hakkippourim à la synagogue. Après la prière, on pouvait rentrer chez soi se reposer et dormir (ce qui est fortement conseillé lorsqu'on jeûne), faire un peu de lecture de textes sacrés (les Tahillim, par exemple), etc.

Que dit-on lorsqu'on se confesse à Yôm Hakkippourim ?

10. [Telle est la formulation de] la confession à laquelle tous les Israélites se sont accoutumés : « Mais nous avons péché, etc. », et ceci est l'essentiel de la confession ! Les fautes que l'on a confessées durant un Yôm Hakkippourim, on doit les confesser à nouveau durant le Yôm Hakkippourim suivant, quand bien même on se serait tenu dans sa Tashouvoh17, ainsi qu'il est dit18 : « Car je reconnais mes transgressions, et mon péché est constamment devant moi. »
י  הַוִּדּוּי שֶׁנָּהֲגוּ בּוֹ כָּל יִשְׂרָאֵל--אֲבָל חָטָאנוּ ..., וְהוּא עִיקַר הַוִּדּוּי. עֲבֵרוֹת שֶׁהִתְוַדָּה עֲלֵיהֶן בְּיוֹם הַכִּפּוּרִים זֶה--חוֹזֵר וּמִתְוַדֶּה עֲלֵיהֶן בְּיוֹם הַכִּפּוּרִים אַחֵר, אַף עַל פִּי שְׁהוּא עוֹמֵד בִּתְשׁוּבָתוֹ: שֶׁנֶּאֱמָר: כִּי-פְשָׁעַי, אֲנִי אֵדָע; וְחַטָּאתִי נֶגְדִּי תָמִיד

Premièrement, remarquez que le Ramba''m écrit spécifiquement הַוִּדּוּי שֶׁנָּהֲגוּ בּוֹ כָּל יִשְׂרָאֵל « la confession à laquelle tous les Israélites se sont accoutumés. » Lorsque cette expression est employée, cela indique toujours une pratique post-talmudique. En effet, ni la Tôroh, ni le Talmoudh, n'ont composé de texte spécifique à réciter en guise de confession à Yôm Hakkippourim. Chacun peut se confesser à Yôm Hakkippourim dans ses propres mots, énonçant une à une toutes les fautes qu'il se souvient avoir commises et pour lesquelles il demande le pardon Divin. Deuxièmement, pour néanmoins faciliter l'accomplissement de notre devoir de confession à Yôm Hakkippourim, les Ga`ônim composèrent une courte prière. C'est à elle que se réfère ici le Ramba''m, et la voici (il peut y avoir de légères différences, suivant le rite) :

De grâce, `adhônoy notre Dieu et Dieu de nos pères, qu'arrive devant Toi nos prières et ne Te détourne pas, notre Roi, de nos supplications, car nous ne sommes pas si effrontés et endurcis que pour dire devant Toi, ô `adhônoy notre Dieu et Dieu de nos pères, que nous sommes des justes et n'avons pas péché. Mais nous avons péché, avons commis des iniquités et avons transgressé, nous, nos pères et les membres de notre maison.
אָנָּא יהוה אֱלֹהֵינוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ. תָּבא לְפָנֶיךָ תְּפִלָּתֵנוּ. וְאַל תִּתְעַלַּם מַלְכֵּנוּ מִתְּחִנָּתֵנוּ. שֶׁאֵין אֲנַחְנוּ עַזֵּי פָנִים וּקְשֵׁי עֹרֶף לוֹמַר לְפָנֶיךָ יהוה אֱלֹהֵינוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ צַדִּיקִים אֲנַחְנוּ וְלא חָטָאנוּ. אֲבָל חָטָאנוּ. עָוִינוּ. פָּשַׁעְנוּ. אֲנַחְנוּ וַאֲבוֹתֵינוּ וְאַנְשֵׁי בֵיתֵנוּ

Cette prière est alors suivie d'une liste de péchés spécifiques classés suivant l'ordre de l'alphabet hébraïque (de א à ת), puis chacun doit ajouter alors après cette liste les péchés personnels qu'il sait avoir commis (mais qui ne sont pas mentionnés dans la liste), et elle se conclut par les mots suivants :

Et nous nous sommes détournés de Tes commandements et de Tes bons jugements, mais cela ne nous a pas profité ! Tu as été juste dans tout ce qui nous est arrivé, car Tu as agi avec vérité, tandis que nous nous sommes comportés avec impiété.
וְסַרְנוּ מִמִּצְוֹתֶיךָ וּמִמִּשְׁפָּטֶיךָ הַטּוֹבִים וְלֹא שָׁוָה לָנוּ. וְאַתָּה צַדִּיק עַל כָּל הַבָּא עָלֵינוּ. כִּי אֱמֶת עָשִׂיתָ. וַאֲנַחְנוּ הִרְשָׁעְנוּ

Et le Ramba''m écrit que c'est là l'essentiel de la confession ! C'est-à-dire que toutes les autres longues prières répétitives qui ont été ajoutées au fur et à mesure du temps dans les Siddourim (comme par exemple le עֵל חֵטְא « ´al Hét` », qui est récité dix fois au cours de Yôm Hakkippourim) n'ont aucune utilité. Dès lors que la prière susmentionnée aura été faite, et qu'on y aura inséré ses propres péchés personnels, on est quitte de son devoir de confession à Yôm Hakkippourim !

Il convient de signaler que bien que cette prière gaonique susmentionnée fut composée à l'origine pour n'être récitée qu'à Yôm Hakkippourim, dans de nombreux Siddourim on la retrouve dans les prières quotidiennes des jours de semaine, après les ´amidhôth du matin et de l'après-midi en guise de supplications quotidiennes.

Et enfin, quels sont les péchés pardonnés à Yôm Hakkippourim ? Le Ramba''m rapporte ceci :

11. La Tashouvoh et Yôm Hakkippourim n'expient que les fautes qui sont entre l'homme et l'Omniprésent, comme par exemple quelqu'un qui a mangé une chose interdite ou qui a eu un rapport sexuel interdit, et des choses semblables. Mais des fautes qui sont entre un homme et son prochain, comme par exemple celui qui blesse son prochain, celui qui maudit son prochain ou le vole, et d'autres cas semblables, ne lui sont jamais pardonnées, jusqu'à ce qu'il paie à son prochain ce qu'il lui doit et l'ait apaisé.
יא  אֵין הַתְּשׁוּבָה וְלֹא יוֹם הַכִּפּוּרִים מְכַפְּרִין אֵלָא עֲבֵרוֹת שֶׁבֵּין אָדָם לַמָּקוֹם, כְּגוֹן מִי שֶׁאָכַל דָּבָר אָסוּר אוֹ בָּעַל בְּעִילָה אֲסוּרָה וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן. אֲבָל עֲבֵרוֹת שֶׁבֵּין אָדָם לַחֲבֵרוֹ, כְּגוֹן חוֹבֵל חֲבֵרוֹ אוֹ הַמְּקַלֵּל אֶת חֲבֵרוֹ אוֹ גּוֹזְלוֹ וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן--אֵינוּ נִמְחָל לוֹ לְעוֹלָם, עַד שֶׁיִּתֵּן לַחֲבֵרוֹ מַה שְׁהוּא חַיָּב לוֹ, וִירַצֵּהוּ
12. Même s'il lui a rendu l'argent qu'il lui doit, il doit l'apaiser et lui demander de le pardonner. Et même s'il n'a provoqué son prochain que par des paroles, il doit l'apaiser et l'approcher jusqu'à ce qu'il lui pardonne.
יב  אַף עַל פִּי שֶׁהִחְזִיר לוֹ מָמוֹן שְׁהוּא חַיָּב לוֹ, צָרִיךְ לְרַצּוֹתוֹ וְלִשְׁאֹל מִמֶּנּוּ שֶׁיִּמְחֹל לוֹ; וְאַפִלּוּ לֹא הִקְנִיט אֶת חֲבֵרוֹ אֵלָא בִּדְבָרִים, צָרִיךְ לְפַיְּסוֹ וְלִפְגֹּעַ בּוֹ עַד שֶׁיִּמְחֹל לוֹ
13. Et si son prochain ne désire pas lui pardonner, il doit faire venir une délégation de trois individus faisant partie de ses connaissances19, et ils l'approchent et demandent [pardon] auprès de lui. S'il n'est pas apaisé par eux, il fait venir [une délégation] une deuxième et une troisième fois. S'il n'agrée [toujours] pas, qu'il le laisse et ne poursuive [plus l'affaire]. Et c'est alors celui qui ne veut pas pardonner qui est le pécheur. Mais si c'était son maître20, il doit aller et venir même mille fois, jusqu'à ce qu'il lui pardonne.
יג  לֹא רָצָה חֲבֵרוֹ לִמְחֹל לוֹ--מֵבִיא לוֹ שׁוּרָה שֶׁלִּשְׁלוֹשָׁה בְּנֵי אָדָם מֵרֵעָיו, וּפוֹגְעִין בּוֹ וּמְבַקְּשִׁין מִמֶּנּוּ. לֹא נִתְרַצָּה לָהֶן, מֵבִיא לוֹ שְׁנִיָּה וּשְׁלִישִׁית. לֹא רָצָה, מַנִּיחוֹ וְהוֹלֵךְ לוֹ; וְזֶה שֶׁלֹּא מָחַל, הוּא הַחוֹטֶא. וְאִם הָיָה רִבּוֹ--הוֹלֵךְ וּבָא אַפִלּוּ אֶלֶף פְּעָמִים, עַד שֶׁיִּמְחֹל לוֹ

Et qu'en est-il si la personne contre laquelle on a commis une faute meurt avant qu'on ait pu lui demander pardon et lui restituer ce qu'on lui devait ? Le Ramba''m écrit ceci :

15. Celui qui a péché contre son prochain, et son prochain meurt avant qu'il ne lui ait demandé pardon, doit faire venir dix hommes, se tenir auprès de sa tombe et dire devant eux : « J'ai péché contre HaShem, le Dieu d'Israël, et contre cette personne, car j'ai commis contre lui ceci et cela. » Et s'il lui devait de l'argent, il doit le rendre à ses héritiers. Et s'il ne lui connaît pas d'héritiers, il doit remettre [la somme] au Béth Din et se confesser.
טו  הַחוֹטֶא לַחֲבֵרוֹ, וּמֵת חֲבֵרוֹ קֹדֶם שֶׁיְּבַקַּשׁ מִמֶּנּוּ מְחִילָה--מֵבִיא עֲשָׂרָה בְּנֵי אָדָם וּמַעְמִידָן עַל קִבְרוֹ, וְאוֹמֵר לִפְנֵיהֶם חָטָאתִי לַה' אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל וְלִפְלוֹנִי זֶה שֶׁעָשִׂיתִי לוֹ כָּךְ וְכָּךְ. וְאִם הָיָה חַיָּב לוֹ מָמוֹן, יַחְזִירוֹ לְיוֹרְשָׁיו; לֹא הָיָה יוֹדֵעַ לוֹ יוֹרֵשׁ--יַנִּיחֶנּוּ בְּבֵית דִּין, וְיִתְוַדֶּה

Ce sont là les principales Halokhôth relatives à la Tashouvoh particulières des dix jours qui vont de Rô`sh Hashonoh à Yôm Hakkippourim, ainsi que sur la nature de la confession à Yôm Hakkippourim.

1Yasha´yohou 55:7
2Yirmayohou 31:18
3Hôshéa´ 14:4
4Celui qui s'immerge ainsi dans une Miqwah, son immersion n'est d'aucun effet jusqu'à ce qu'il se débarrasse du cadavre de lézard qu'il tient en main
5Mishlé 28:13
6Shamôth 32:31
7Ce qui implique également le fait de prendre ses dispositions pour ne plus en arriver à y penser ou se retrouver dans des situations nous amenant à y penser
8Cela inclut également le fait d'avoir des regrets pour les conséquences de ce péché
9Yasha´yohou 55:6
10Nos Sages ont dit que ce verset se référait à la période entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim ; c'est là qu'HaShem est plus facilement trouvable et le plus proche de nous
11C'est-à-dire, quand dit-on que la Tashouvoh est plus belle encore et immédiatement acceptée durant la période des dix jours qui va de Rô`sh Hashonoh à Yôm Hakkippourim ?
12Davorim 4:7
13Le monde entier, Israélites et non Israélites, est jugé à Rô`sh Hashonoh. Par contre, HaShem accorde un dernier délai de repentance aux Israélites pour se mettre en ordre et amender leurs voies avant qu'Il ne scelle leur jugement pour l'année qui a commencée. Et ce délai s'étend jusqu'à Yôm Hakkippourim. Les Israélites ont donc dix jours de plus que les non Israélites
14C'est-à-dire, avant le dernier repas que l'on compte prendre avant que ne commence le jeûne
15On pourrait être tellement agité et paniqué de part le fait que Yôm Hakkippourim approche que l'on risque de s'étouffer en mangeant, sans avoir eu le temps de se confesser. Par conséquent, la confession de Yôm Hakkippourim commence avant le dernier repas qui précède le début du jeûne
16C'est-à-dire, après avoir terminé son ´amidhoh
17C'est-à-dire, même si entre les deux Yôm Hakkippourim on n'a pas reproduit les péchés pour lesquels on s'est confessé
18Tahillim 51:5
19C'est-à-dire trois amis de la personne offensée

20C'est-à-dire si c'est son maître qu'il a offensé et que par trois fois son maître a refusé de lui pardonner
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