ב״ה
Origine
et signification de la Nafillath Ponim
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Au sommet de la confrontation entre Môshah Rabbénou ע״ה et Qôrah, la Tôroh nous raconte qu'HaShem ית׳ exprima à Môshah Rabbénou Son souhait de détruire l'intégralité de la communauté d'Israël. En réponse à cela, que firent Môshah Rabbénou et `Aharôn Hakkôhén ע״ה ? La Tôroh nous dit1 : ויפלו על-פניהם, ויאמרו, אל, אלהי הרוחת לכל-בשר: האיש אחד יחטא, ועל כל-העדה תקצף « Ils tombèrent sur leurs faces et dirent : ''Dieu ! Dieu des esprits pour toute chair ! Un homme aura péché, et Tu serais en colère contre toute la réunion ? ».
Au sommet de la confrontation entre Môshah Rabbénou ע״ה et Qôrah, la Tôroh nous raconte qu'HaShem ית׳ exprima à Môshah Rabbénou Son souhait de détruire l'intégralité de la communauté d'Israël. En réponse à cela, que firent Môshah Rabbénou et `Aharôn Hakkôhén ע״ה ? La Tôroh nous dit1 : ויפלו על-פניהם, ויאמרו, אל, אלהי הרוחת לכל-בשר: האיש אחד יחטא, ועל כל-העדה תקצף « Ils tombèrent sur leurs faces et dirent : ''Dieu ! Dieu des esprits pour toute chair ! Un homme aura péché, et Tu serais en colère contre toute la réunion ? ».
Rabbénou
Bahayé
זצ״ל
(Rabbi
Bahayé
ban `Ashér `Ibn Halaw`oh,
1255-1340) écrit que la prosternation au sol de Môshah Rabbénou et
`Aharôn Hakkôhén sur leurs faces, dans le passage susmentionné,
est la plus ancienne source de la prière appelée נפילת
פנים
« Nafillath
Ponim » (tomber sur sa face), et que nous pouvons faire
quotidiennement après les Shamônah ´Asréh de Shaharith
et Minhoh.
De nos jours, en effet, cette pratique est incluse dans les prières
de Tahanoun,
et alors qu'on doit normalement se jeter face contre terre, la
plupart des Juifs s'asseyent et déposent leur tête sur leur bras.
Les
Tahanoun
tels qu'ils sont faits par la majorité des Juifs d'aujourd'hui
Les
Tahanoun
tels qu'ils sont faits par la minorité des Juifs restés fidèles à
la Halokhoh
Rabbénou
Bahayé
donne trois raisons qui rendent importante la pratique consistant à
se jeter face contre terre pour faire des Tahanoun
(prières de supplications) :
- Pour exprimer notre crainte et admiration envers la Présence Divine
Se
jeter face contre terre et se « cacher la face » est une
expression d'humilité et de modestie. Lorsqu'on prie, la Présence
Divine est en face de nous, comme le dit le verset2 :
שויתי
יהוה לנגדי תמיד
« Je
place `Adhônoy devant moi constamment ».
C'est pourquoi les Sages ont enseigné que nous devons faire une
prière la face « couverte » ou « cachée »
afin d'engendrer la crainte des Cieux et l'humilité envers la
Présence Divine. Ce sont ces sentiments qui ont poussé Môshah
Rabbénou à cacher sa face lorsqu'il fut confronté à la présence
de Dieu la toute première fois de sa vie.3
- Pour exprimer notre douleur et soumission envers Dieu
Quelqu'un
qui a de la peine ou du désespoir est prompt à naturellement se
jeter au sol. En priant dans cette position, nous exprimons notre
douleur et soumission totale à Dieu. Ces sentiments sont des
ingrédients essentiels de la Tashouvoh. C'est ainsi que nous voyons
dans le Talmoudh qu'à de nombreuses occasions, les prières d'hommes
éminents ne furent exaucées que lorsque ces hommes étaient en
souffrance ou humiliés.4
Le
Talmoudh nous rapporte l'histoire suivante pour illustrer la
puissance des Tahanoun faits en position de prosternation lorsqu'on
souffre et est dans l'angoisse : une fois, les Sages, qui
avaient à leur tête Rabbon Gamli`él ז״ל,
eurent une divergence d'opinion avec Rébbi `Ali´azar ban Hourqanous
ז״ל
concernant
l'impureté rituelle d'une certaine sorte de four. Bien que Rébbi
`Ali´azar donna des arguments solides pour soutenir sa position et
accomplit même quelques miracles démontrant qu'il avait raison, les
Sages tranchèrent différemment de lui. Lorsqu'il refusa d'accepter
leur jugement, ils l'excommunièrent.
L'épouse
de Rébbi `Ali´azar, `Immoh Sholôm ז״ל,
était la sœur de Rabbon Gamli`él. Elle savait que si son mari
répandait son cœur devant Dieu durant la Nafillath Ponim, exprimant
son humiliation et sa honte, Dieu exaucerait ses prières, ce qui
pourrait impliquer le décès de son frère, Rabbon Gamli`él, le
principal opposant de Rébbi `Ali´azar dans cette dispute. C'est
pourquoi `Immoh Sholôm distrayait son mari après qu'il ait fini ses
Shamônah ´Asréh, afin qu'il ne puisse pas faire la Nafillath
Ponim.
Un
jour, `Immoh Sholôm pensait que c'était Rô`sh Hôdhash,
alors qu'en fait Rô`sh Hôdhash
ne tombait que le lendemain. Étant donné qu'à Rô`sh Hôdhash
on ne fait pas de Tahanoun
(ou Nafillath Ponim), elle ne prêta pas attention à ce que faisait
son mari durant ses prières. Lorsqu'un pauvre homme frappa à la
porte, demandant de la nourriture, elle lui donna du pain. En
retournant dans sa maison, elle surprit son mari qui avait déjà
commencé à prier tout en étant prosterné face contre terre (la
position dans laquelle les Tahanoun doivent être faits). Elle lui
dit : « Lève-toi !
Tu as déjà presque tué mon frère ! ».
Effectivement, un messager arriva chez eux un peu plus tard dans la
journée pour leur annoncer le décès de Rabbon Gamli`él. Lorsqu'on
lui demanda comment est-ce qu'elle pouvait être certaine de
l'efficacité des prières de son mari, elle expliqua qu'elle
détenait une tradition de la maison de son père selon quoi toutes
les portes des cieux sont fermées sauf les portes des prières que
l'on élève par angoisse, humiliation ou souffrance.
- Pour indiquer que nos sens et forces sont insignifiants devant la volonté de Dieu
Quand
quelqu'un tombe sur sa face, couvre ses yeux, et ferme sa bouche, il
doit penser qu'il ne sait pas ce qui est négatif ou positif pour
lui, qu'il ne sait pas comment faire ou comment s'en sortir, et qu'il
ne peut rien accomplir sans l'approbation de Dieu. Comme le dit le
Prophète5 :
ידעתי
יהוה,
כי
לא לאדם דרכו;
לא-לאיש
הלך,
והכין
את-צעדו
« Je
sais, ô `Adhônoy, que la voie de l'homme n'est pas en son pouvoir ;
l'homme passager ne peut diriger sa voie ».
Dans le même ordre d'idée, Dowidh Hammalakh ע״ה
écrit6 :
אם-יהוה,
לא-יבנה
בית--
שוא
עמלו בוניו בו;
אם-יהוה
לא-ישמר-עיר,
שוא
שקד שומר
« Si
`Adhônoy ne bâtit pas la maison, c'est en vain que se fatiguent
ceux qui la bâtissent ; si `Adhônoy ne garde pas la ville, en
vain veillerait le gardien ».
Ainsi,
en faisant nos supplications face contre terre, on exprime le fait
que toutes nos forces sont non existantes et que l'on est incapable
d'accomplir quoi que ce soit, sans l'assistance de Dieu. Notre bouche
et nos yeux sont fermés, et l'on ne peut ni entendre ni voir si
HaShem n'est point avec nous pour nous assister. Un message similaire
est transmis dans le fait de se tenir pieds joints pour les Shamônah
´Asréh. Nous proclamons symboliquement que nos pieds sont liés par
des chaînes et que nos affaires ne dépendent pas de nous.
Les
Israélites ont toujours fait leurs prières de supplications en se
prosternant face contre terre depuis les jours de Môshah Rabbénou,
comme cela a été montré plus haut. De même, dans le livre de
Yahôshoua´ ע״ה,
nous lisons qu'après que les Israélites perdirent la bataille de
`Ay, ויקרע
יהושע שמלתיו,
ויפל
על-פניו
ארצה לפני ארון יהוה
« Yahôshoua´
déchira ses vêtements et se jeta la face contre terre, devant
l'Arche de `Adhônoy ».7
Le TaNa''Kh est rempli de références à la prosternation face
contre terre pour élever des supplications devant Dieu.
Il
est évident de l'histoire talmudique rapportée plus haut que du
temps de la Mishnoh (Rébbi `Ali´azar et Rabbon Gamli`él sont des
Sages de l'ère mishnaïque), il était déjà de coutume de faire la
Nafillath Ponim quotidiennement après les Shamônah ´Asréh, à
l'exception de Rô`sh Hôdhash,
Shabboth et Yôm Tôv. Il existe de nombreuses références
talmudiques à la Nafillath Ponim. Voir par exemple dans Barokhôth
34b,
Maghilloh
22b,
ou encore dans le Talmoudh Yarousholmi, `Avôdhoh
Zoroh 4:1.
D'un
point de vue halakhique, la Nafillath Ponim peut se faire dans deux
positions différentes : en s'allongeant à plat au sol, avec
les jambes et les bras légèrement écartés ; c'est la
position dite de la השתחויה
« Hishtahawwayoh ».
Ou en tombant à genou, la face contre terre ; c'est la position
dite de la קידה
« Qidhoh ».
Mais ces deux positions ne sont plus respectées par la majorité des
Juifs d'aujourd'hui pour les raisons suivantes :
- Certains disent que certains Sages prenaient soin de ne jamais mettre leurs faces contre terre par crainte qu'il n'y ait de la pierre en-dessous du sol visible.11
- Certains disent que par la loi rabbinique, il serait même interdit de faire une Hishtahawwayoh sur un sol n'étant pas en pierre par crainte que cela amène à faire la Hishtahawwayoh sur un sol en pierre.12
- En outre, le Talmoudh enseigne qu'un homme important ne devrait jamais prier la face contre terre en public, à moins qu'il ne soit certain qu'HaShem l'exaucera comme Il a exaucé Yahôshoua´. Car si un homme important se prosterne face contre terre et n'est pas exaucé, cela pourrait mener à l'humiliation et l’embarras de cet homme, puisque les gens pourraient conclure qu'il n'est pas intègre.13
Afin
de s'assurer que personne n'en viendra à transgresser l'un des
quatre points d'objection susmentionnés, il est devenu à présent
de coutume de ne plus faire d'Hishtahawwayoh
ou de Qidhoh sur une base quotidienne, mais uniquement à Rô`sh
Hashonoh et Yôm Hakkippourim. En outre, toute l'année, les Tahanoun
se font désormais assis et la tête posée sur l'avant-bras, tout en
couvrant sa tête du Tallith ou de la manche de son vêtement pour
imiter quelque peu la pratique d'origine.14
Mais aucun des arguments ci-dessus ne tient la route pour abolir
cette pratique qui remonte aux temps bibliques :
- Concernant le premier argument, bien qu'il soit bibliquement interdit de faire une Hishtahawwayoh sur un sol en pierre et qu'il soit rabbiniquement interdit de faire une Qidhoh face contre terre sur un sol en pierre, nos Sages n'ont jamais dit que c'était une raison de ne pas du tout se prosterner pour les Tahanoun. En effet, nos Sages ont énoncé une alternative dans le cas où le sol sur lequel on prie serait en pierre ; dans une telle situation, on pourra faire une Hishtahawwayoh ou une Qidhoh en tournant sa tête sur le côté, sans donc littéralement la placer contre le sol.
- Concernant le deuxième argument, cette interprétation est erronée. Premièrement, si les Sages mentionnés dans ces passages talmudiques ont refusé de mettre leurs faces contre terre, c'était parce qu'ils ne voulaient pas déroger à leurs habitudes. Lorsque des Sages qui avaient l'habitude de faire une Hishtahawwayoh lors de leur Tahanoun se retrouvaient dans une communauté où les gens faisaient une Qidhoh dans les Tahanoun (ou inversement), ou qu'ils n'avaient pas l'espace appropriée pour faire une Hishtahawwayoh, ils ne se prosternaient alors pas afin de ne pas déroger à leur coutume, et ne faisaient donc pas de Tahanoun. Mais s'ils étaient dans des conditions appropriées pour se prosterner conformément à leur habitude, alors ils se prosternaient face contre terre. Deuxièmement, le Rivo''sh lui-même, qui cite pourtant l'interprétation du Shariroh Go`ôn (voir argument n°3), explique que d'après le Mishnéh Tôroh du Ramba''m15 זצ״ל, l'interdiction de se prosterner sur un sol en pierre ne s'applique que lorsqu'il n'y a pas de séparation entre le visage et le sol en pierre. De ce fait, si la pierre se trouve en-dessous d'une surface qui n'est pas en pierre, quand bien même il y aurait de la pierre sous le sol visible, il sera tout à fait permis de faire une Hishtahawwayoh. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle on plaçait des tapis dans les Synagogues du temps du Ramba''m. Par conséquent, on ne peut pas prendre ses passages et les interpréter comme voulant dire que l'on ne doit pas se prosterner face contre terre.
- Concernant le troisième argument, l'interprétation du Shariroh Go`ôn est complètement fallacieuse. Dès lors que quelqu'un sait qu'il ne peut pas se prosterner sur un sol en pierre, pourquoi le ferait-il ? Et en quoi l'interdiction de se prosterner face contre terre sur un sol en pierre entraîne-t-elle une interdiction de se prosterner face contre terre sur un sol n'étant pas en pierre ? En outre, comme cela a été dit plus haut, il est possible de se prosterner sur un sol en pierre en tournant le visage sur le côté, ou en plaçant une séparation entre le visage et le sol en pierre, comme par exemple en se prosternant sur un tapis.
- Concernant le quatrième et dernier argument, en quoi le fait que cela soit interdit pour les hommes importants rend la pratique interdite pour ceux qui ne sont pas des gens importants (c'est-à-dire, la majorité de la communauté) ? En outre, se prosterner face contre terre n'a été interdit aux hommes importants que lorsqu'ils sont en public, et non pas en toute circonstance. Ainsi, même les hommes importants peuvent se prosterner face contre terre lorsqu'ils prient en privé.
Quant
à l'alternative consistant à faire les Tahanoun assis et la tête
incliné sur son avant-bras, cette pratique ne fait pas partie du
Judaïsme authentique, n'a aucune source halakhique ancienne sur
laquelle s'appuyer, et comme cela a été montré plus haut, il est
tout à fait possible de se prosterner face contre terre sans
transgresser l'interdiction de le faire sur un sol en pierre. Et
enfin, il est ridicule d'affirmer qu'il serait interdit à notre
époque de faire une Hishtahawwayoh
ou une Qidhoh, même sur un sol n'étant pas en pierre, tout en le
permettant pour Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim. Quelle est la
logique d'un tel raisonnement ? Nos Sages n'ont jamais dit ou
enseigné une chose pareille. La Nafillath Ponim pouvait et était
faite sur une base quotidienne par quiconque désirait répandre son
cœur devant HaShem, rechercher Sa miséricorde et Son pardon.
Nos
Sages n'ont fixé aucun texte ou prière à réciter en guise de
Tahanoun.
Ainsi, celui tombe face contre terre après ses Shamônah ´Asréh
pour répandre son cœur devant HaShem peut employer ses propres
mots.
1Bamidhbor
16:22
2Tahillim
16:8
3Shamôth
3:6
4Ta´anith
24a-b
5Yirmayohou
10:23
6Tahillim
127:1
7Yahôshoua´
7:6
8Excepté
si c'est un sol en pierre sur le Har Habbayith
9Wayyiqro`
26:1
10Maghilloh
22b
11Maghilloh,
Ibid. ; Barokhôth 34b
12Interprétation
du Shariroh Go`ôn, cité dans Rivo''sh 412
13Maghilloh,
Ibid. ; Yarousholmi, ´Avôdhoh Zoroh 4:1
14Rivo''sh,
Ibid.
15Hilkhôth
´Avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 6:7