samedi 31 décembre 2016

Faut-il ou pas dire chaque jour les trois bénédictions « Shallô` ´osoni... » ?

ב״ה

Faut-il ou pas dire chaque jour les trois bénédictions « Shallô` ´osoni... » ?


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Nous lisons ceci dans le Talmoudh1 :

Il a été enseigné : Ribbi Mé`ir disait : « Un homme a l'obligation de faire cent bénédictions chaque jour, ainsi qu'il est dit2 : ''Et à présent, ô Yisro`él, qu'est-ce qu'HaShem, ton Dieu, attend de toi ?'' »3 Le Shabboth et à Yôm Tôv4, Rov Hiyo`, le fils de Rov `Awiyo`, tentait d'atteindre ce nombre par des épices et des gourmandises5. Il a été enseigné : Ribbi Mé`ir disait : « Un homme a l'obligation de faire trois bénédictions chaque jour. Les voici : ''Sha´osoni Yisro`él''6 (dans certaines versions ''Shallô` ´osoni Gôy''), ''Shallô` ´osoni `ishoh'', ''Shallô` ´osoni Bour'' » Rov `aho` bar Ya´aqôv entendit [une fois] son fils dire « Shallô` ´osoni Bour. » Il lui dit : « Et celui-ci aussi ! »7 L'autre lui dit : « Quelle bénédiction dois-je alors faire à la place ? ». [Il lui répondit] : « Shallô` ´osoni´avadh. » « Mais n'est-ce pas la même chose qu'une femme ? »8 « Un esclave lui est inférieur ! »9
תניא היה רבי מאיר אומר חייב אדם לברך מאה ברכות בכל יום שנאמר ועתה ישראל מה ה' אלהיך שואל מעמך רב חייא בריה דרב אויא בשבתא וביומי טבי טרח וממלי להו באיספרמקי ומגדי תניא היה ר"מ אומר חייב אדם לברך שלש ברכות בכל יום אלו הן <שעשאני ישראל> {שלא עשאני גוי} שלא עשאני אשה שלא עשאני בור רב אחא בר יעקב שמעיה לבריה דהוה קא מברך שלא עשאני בור אמר ליה כולי האי נמי אמר ליה ואלא מאי מברך שלא עשאני עבד היינו אשה עבד זיל טפי

S'appuyant sur ce passage talmudique, le Ramba''m ז״ל tranche ceci dans son Mishnéh Tôroh10 :

Chaque jour, un homme bénit : « Boroukh `attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom Shallô` ´osoni Gôy », « Boroukh `attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom Shallô` ´osoni ´avadh », « Boroukh `attoh HaShem `alôhénou Malakh Ho´ôlom Shallô` ´osoni `ishoh ».
וּמְבָרֵךְ אָדָם בְּכָל יוֹם--בָּרוּךְ אַתָּה ה' אֱלֹהֵינוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם, שֶׁלֹּא עָשָׂנִי גּוֹי; בָּרוּךְ אַתָּה ה' אֱלֹהֵינוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם, שֶׁלֹּא עָשָׂנִי עֶבֶד; בָּרוּךְ אַתָּה ה' אֱלֹהֵינוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם, שֶׁלֹּא עָשָׂנִי אִשָּׁה

Ainsi, contrairement aux autres bénédictions du matin qui, d'après le Ramba''m, ne doivent être faites que lorsqu'on accomplit les actes pour lesquels ces bénédictions furent instituées (par exemple, si on a entendu le coq chanter, on fait la bénédiction de « Hannôthén Lasakhwi Vinoh », mais si on ne l'a pas entendu chanter on ne la fait pas), ces trois bénédictions devraient être faites quotidiennement. Rabbénou Manôah ז״ל commente ce passage du Mishnéh Tôroh en expliquant qu'un homme rencontrera probablement durant la journée une de ces trois personnes, une femme, un esclave ou un Gôy ; par conséquent, ces trois bénédictions doivent être faites quotidiennement, contrairement aux autres bénédictions du matin qui ne sont faites que lorsqu'on s'est retrouvé dans une situation où on doit les faire.

Rabbénou `avrohom ז״ל, le fils du Ramba''m, cite dans son Séphar Hammaspiq, ce passage du Mishnéh Tôroh, répète la règle concernant les autres bénédictions du matin, puis commente ceci :

Mon père ז״ל a déjà lancé des avertissements contre ce Minhogh erroné11 dans les Hilkôth Taphilloh. Cependant, à partir de ses mots, il semble clair que trois de ces bénédictions, שֶׁלֹּא עָשָׂנִי גּוֹי, שֶׁלֹּא עָשָׂנִי עֶבֶד et שֶׁלֹּא עָשָׂנִי אִשָּׁה sont faites en toutes circonstances, que l'on ait rencontré ou pas un Gôy, un esclave ou une femme. Il semble en être également ainsi à partir de l'édition populaire du Piroush de Rabbénou Yishoq l'auteur des Halokhôth.12 Néanmoins, quelqu'un qui a vu une copie d'une édition ancienne du Talmoudh qui est rapportée dans ce Piroush lit : « lorsqu'un homme voit un Gôy il dit שֶׁלֹּא עָשָׂנִי גּוֹי », et il en est de même concernant une femme et un esclave. Cette édition est correcte, car elle est logique ! On peut trouver la même chose dans le Siddour de Rabbénou ´amrom ban Shôshonoh13.

Rabbénou `avrohom s'oppose ici à la décision de son père concernant ces trois bénédictions et dit qu'elle fut causée par une mauvaise édition du Ri''ph. Ayant entendu parler d'une édition du Ri''ph différente de celle que l'on connaît généralement et qui est plus logique à ses yeux, Rabbénou `avrohom s'appuie sur elle pour trancher différemment de son père. Ce n'est pas nouveau, puisque de nombreux Ri`shônim avaient à leur disposition différentes versions du Talmoudh et du Ri''ph.

L'édition du Ri''ph que nous possédons aujourd'hui n'est pas fiable. D'ailleurs, nous trouvons de nombreux Ri`shônim qui citent le Ri''ph d'une manière différente de ce que nous lisons dans l'édition actuelle !

Ce qui est fascinant est que Rabbénou `avrohom nous montre que nous n'avons pas une obligation de suivre quelque chose rapporté dans le Talmoudh (ou même le Ramba''m) qui n'a pas de sens. Et sachant qu'il existe différentes versions du Talmoudh, peut-être que les passages illogiques peuvent être causées par des éditions qui ne sont pas fiables et qu'ils ne se retrouvaient pas dans d'autres éditions. Et effectivement, la version que cite Rabbénou `avrohom est beaucoup plus logique ; si les bénédictions du matin ne se font que lorsqu'on accomplit les actes pour lesquels elles furent instituées, pourquoi cela serait-il différent avec les trois autres bénédictions ? Cela a du sens d'affirmer que l'on ne devrait les dire également que si l'on rencontre durant la journée un Gôy, un esclave ou une femme. Le seul « problème » avec la version différente que cite Rabbénou `avrohom est qu'elle ne colle pas avec le texte du Talmoudh que nous possédons ; pour se faire le texte du Talmoudh nécessiterait quelques lignes supplémentaires. Mais peu importe, cela nous permet de voir à quel point les textes du Talmoudh pouvaient être variés même en ces temps-là, à peine quelques siècles après la finalisation du Talmoudh. Remarquez d'ailleurs une autre variation de texte : dans certaines éditions du Talmoudh, il est rapporté qu'il faudrait dire « Shallô ´osoni Gôy » (et c'est généralement ce que l'on retrouve dans l'écrasante majorité des versions actuelles), tandis que dans d'autres éditions il est indiqué qu'il faudrait plutôt dire « Sha´osoni Yisro`él. »

Ces variations de textes talmudiques du temps des Ri`shônim ont un impact réel sur la Halokhoh. Ce n'est pas la même chose de dire qu'il faudrait faire ces bénédictions coûte que coûte chaque jour ou de dire qu'il ne faudrait les faire qu'en voyant une femme, un Gôy ou un esclave ! Mais bien que dans ce cas-ci il s'agisse d'un détail sans grande portée, certaines variations d'autres passages talmudiques peuvent avoir des ramifications plus sérieuses. Il n'est donc pas étonnant de devoir tant dépendre des Ri`shônim qui, avant toutes les autodafés catholiques contre le Talmoudh au Moyen-âge, avaient accès à de nombreuses versions différentes et étaient capables de les analyser de façon critique, alors que de nos jours le fait de n'avoir qu'une version populaire du Talmoudh et d'autres écrits empêche de faire ce travail critique ou de voir qu'il pourrait y avoir des problèmes et une absence de logique avec certains passages.


1Manohôth 43b
2Davorim 10:12
3Le mot hébreu, מה « Moh » (qu'est-ce que) est lu comme s'il s'écrivait מאה « Mé`oh », qui signifie « cent ». C'est par ce jeu de mots que Ribbi Mé`ir déduit l'obligation de faire cent bénédictions par jour !
4Où au lieu de faire une ´amidhoh de 18 bénédictions, on fait une ´amidhoh de 7 bénédictions, ce qui réduit la possibilité d'atteindre les 100 bénédictions ces jours-là
5Qui nécessitent une bénédictions au préalable. Ainsi, il faisait exprès de respirer des épices et de manger en-dehors des repas pour s'obliger à faire des bénédictions ces jours-là et atteindre le nombre de 100 bénédictions
6Qui m'a fait Israélite
7C'est-à-dire, il n'y a aucune raison de prononcer cette bénédiction, étant donné que même un sot est lui aussi lié à l'accomplissement des Miswôth.
8Puisque au niveau de l'accomplissement des Miswôth, une femme et un esclave sont sur le même pied d'égalité, étant donné qu'ils sont exemptés des mêmes Miswôth. De ce fait, si une femme et un esclave sont sur le même pied d'égalité au niveau des Miswôth, si l'on a déjà dit « Shallô` ´osoni `ishoh », pourquoi devrait-on alors aussi dire « Shallô` ´osoni ´avadh » ?
9Puisqu'elle est soumise à plus de Miswôth qu'un esclave, une femme Israélite a un statut supérieur à un esclave. Voilà pourquoi ce n'est pas la même chose de dire « Shallô` ´osoni `ishoh » et « Shallô` ´osoni ´avadh » ?
10Hilkôth Taphilloh Ouvirakhath Kôhanim 7:6
11Consistant à faire toutes les bénédictions du matin, même lorsqu'on n'accomplit pas les actes pour lesquels elles furent instituées
12Il parle ici de Rabbénou Yishoq `alphasi (le Ri''ph)

13Décédé en 575 de l'E.C.

Hellénisme contre Tôroh : une lutte perpétuelle

בס״ד

Hellénisme contre Tôroh : une lutte perpétuelle


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Il existe deux façons générales d'analyser le monde, et qui sont en totale opposition l'une par rapport à l'autre.

La première façon est l'approche de la société occidentale moderne dans laquelle nous vivons, qui n'est pas seulement séculariste, mais également humaniste. Cette approche met l'homme au centre de tout et prétend que la connaissance et la sagesse séculières ont une valeur intrinsèque, et que l'intelligence humaine est l'outil le plus élevé pour les atteindre, et par conséquent le seul arbitre permettant de déterminer la vérité et définir la morale. Un Créateur pourrait exister comme Il pourrait ne pas exister. Mais le centre de tout devra rester l'homme et ses capacités intellectuelles. À l'époque de Hanoukkoh, c'était l'approche de la société syro-grecque et des Israélites assimilationnistes appelés « Hellénistes ».

À l'opposé de tout cela, notre Sainte Tôroh enseigne que HaShem ית׳ est la seule vraie réalité : אֵין עוֹד, מִלְּבַדּוֹ « Il n'y a rien d'autre en-dehors de Lui ».1 Il est l'Être sur lequel l'univers entier dépend totalement. Le Ramba''m ז״ל commence d'ailleurs son Mishnéh Tôroh de la façon suivante2 :

1. Le fondement de tous les fondements et le pilier des sagesses consiste à savoir qu'il a un Être Primaire. Il a amené à l'existence tout ce qui existe ; tous les êtres parmi les cieux et la terre et ce qu'il y a entre eux ne sont venus à l'existence qu'à partir de la réalité de Son existence. Et s'il s'élève dans l'esprit [de quelqu'un] qu'Il n'existe pas, rien d'autre ne pourrait exister. Et s'il s'élève dans l'esprit [de quelqu'un] que tous les êtres, à part Lui, n'existent pas, Lui seul [continuerait] d'exister, et leur annulation n'annulerait pas [Son existence], car tous les êtres ont besoin de Lui [pour exister], tandis que Lui, béni soit-Il, n'a pas besoin d'eux [pour exister], et [Son existence] n [dépend] d'aucun d'entre eux.
א  יְסוֹד הַיְּסוֹדוֹת וְעַמּוּד הַחָכְמוֹת, לֵידַע שֶׁיֵּשׁ שָׁם מָצוּי רִאשׁוֹן. וְהוּא מַמְצִיא כָּל הַנִּמְצָא; וְכָל הַנִּמְצָאִים מִן שָׁמַיִם וָאָרֶץ וּמַה בֵּינֵיהֶם, לֹא נִמְצְאוּ אֵלָא מֵאֲמִתַּת הִמָּצְאוֹ. וְאִם יַעֲלֶה עַל הַדַּעַת שְׁהוּא אֵינוּ מָצוּי, אֵין דָּבָר אַחֵר יָכוֹל לְהִמָּצֹאות. וְאִם יַעֲלֶה עַל הַדַּעַת שְׁאֵין כָּל הַנִּמְצָאִים מִלְּבַדּוֹ מְצוּיִים, הוּא לְבַדּוֹ יִהְיֶה מָצוּי וְלֹא יִבָּטֵל הוּא לְבִטּוּלָם: שֶׁכָּל הַנִּמְצָאִים צְרִיכִין לוֹ; וְהוּא בָּרוּךְ הוּא אֵינוּ צָרִיךְ לָהֶם, וְלֹא לְאֶחָד מֵהֶם
2. Par conséquent, Sa réalité n'est pas comme la réalité [de l'existence] d'un d'entre eux. C'est ce que voulait dire le Prophète [dans le verset suivant3 :] « Et HaShem `alôhim est vrai ! ». [C'est-à-dire,] Lui seul est réel, et il n'existe pas d'autre réalité comme la Sienne. C'est ce que voulait dire la Tôroh [dans le verset suivant4 :] « Il n'y a rien d'autre en-dehors de Lui ! », c'est-à-dire, en-dehors de Lui, il n'y a pas d'existence véritable comme la Sienne.
ב  לְפִיכָּךְ אֵין אֲמִתָּתוֹ כַּאֲמִתַּת אֶחָד מֵהֶם. הוּא שֶׁהַנָּבִיא אוֹמֵר "וַה' אֱלֹהִים אֱמֶת" --הוּא לְבַדּוֹ הָאֱמֶת, וְאֵין לְאַחֵר אֱמֶת כַּאֲמִתּוֹ. וְהוּא שֶׁהַתּוֹרָה אוֹמֶרֶת "אֵין עוֹד, מִלְּבַדּוֹ", כְּלוֹמַר אֵין שָׁם מָצוּי אֱמֶת מִלְּבַדּוֹ כְּמוֹתוֹ

Étant donné que la foi en HaShem est la base de toutes les sagesses, route sagesse qui n'est pas basée sur le fondement de l'existence unique d'HaShem est une sagesse erronée et entièrement centrée sur l'homme. De même en est-il d'une sagesse ,'incluant pas un engagement ferme à utiliser l'ensemble des connaissances qu'elle contient (qui, comme tout ce qui existe dans ce monde, sont en fait des dons d'En-Haut) pour accomplir Sa volonté. Ou, pour reprendre les termes du Talmoudh5 : « Tout ce que Dieu a créé dans Son monde, Il ne l'a créé que pour Sa gloire ». C'est pour cette approche-là que les Hashmounna`im (Hasmonéens) se sont battus et ont été prêts à donner leurs vies.

Depuis les quelques derniers siècles, l'approche séculariste est particulièrement dominante dans le monde académique qui s'est abrogé le droit d'analyser toute chose, de tout classifier, de tout définir « objectivement » et de nous imposer ses conclusions. Si leurs recherches concluent qu'il n'existe pas de Dieu, nous devons le croire. S'ils concluent que nous descendons du singe, nous devons le croire. Ce sont eux qui détiendraient toutes les clefs du savoir, et par conséquent, nous ne pouvons nous opposer à leur façon de voir les choses.

Bien que les académiciens prétendent avoir une autorité absolue et une vraie objectivité dans leurs analyses, leur point de départ selon quoi Dieu n'existe pas nécessairement, ou qu'il est évident qu'Il n'existe pas, est faux, et par conséquent ils sont tout sauf objectifs.

Ainsi, même lorsqu'ils étudient les mêmes textes qu'étudient les Israélites qui craignent Dieu (par exemple le TaNa''Kh), les sécularistes feront tout pour réduire les saintes paroles éternelles et précieuses d'HaShem en une étude intellectuelle et détachée. Ils prendront dans le TaNa''Kh toutes les informations qui pourraient leur être utiles d'un point de vue historique et archéologique, tout en traitant le TaNa''Kh comme un ouvrage de folklore dépassé ! Dans leur position de sceptiques assurés d'avoir la science infuse, les sécularistes n'hésiteront pas une seule seconde à remettre en question ou même rejeter la moindre idée rapportée dans la Tôroh pour laquelle leur cerveau humain ne peut concevoir d'explications rationnelles pour l'accepter. Parfois, ils ne se donneront en fait pas même la peine de trouver une explication, mais se contenteront de tout simplement balayer d'un revers de la main toute idée qui leur semblerait « bizarre » ou irait à l'encontre de leur façon de voir les choses.

À l'inverse, l'Israélite qui craint Dieu étudie également le TaNa''Kh, mais pas parce qu'il désire connaître la sagesse qui y est contenue. Il utilise plutôt l'intelligence qui lui a été accordée par Dieu, et avec une discipline rigoureuse, comme un moyen lui permettant d'atteindre une fin : faire tout ce qu'il peut pour comprendre la Volonté Divine et faire ce qui plaît au Très-Haut. L'usage de son intelligence ne découle pas de la conviction arrogante des sécularistes selon quoi il peut tout connaître, tout expliquer et tout maîtriser. Bien au contraire, elle découle d'un profond sentiment d'humilité, car il comprend que la vérité ne peut être obtenue qu'en soumettant son esprit faillible et imparfait à « l'Esprit » omniscient de Dieu, Sa sagesse infinie dont Il a imprégné Sa Tôroh. Par conséquent, l'Israélite qui craint Dieu étudiera le TaNa''Kh pour que la volonté Divine imprègne sa conscience et sa vie quotidienne.

En outre, il comprend que tout comme Dieu est parfait, ainsi en est-il de Sa sagesse. Ainsi, quand il tombe sur quelque chose de difficile à comprendre dans la Tôroh, il considère cette difficulté comme n'étant rien d'autre que le résultat de ses propres limites humaines, et non une faute dans la parole d'HaShem !

De même, quand un Israélite qui craint Dieu étudie quelque chose de « profane », il le fait Lashém Shomayim (pour l'amour du Ciel), avec une idée bien précise dans la tête : Comment puis-je utiliser cette connaissance « profane » pour mieux « comprendre » et servir HaShem ?

En d'autres mots, les sécularistes prennent ce qui est sacré et en font quelque chose de profane, à tel point que ne pas croire en Dieu est devenue une chose sainte à leurs yeux, alors que l'Israélite qui craint Dieu prend le profane pour en faire quelque chose de saint, et rejette toute notion de la non-existence de Dieu.

Il ne peut y avoir ainsi aucun compromis entre ces deux approches.

Cela se reflète aussi dans les objectifs respectifs qu'ils ont pour la société : l'humaniste attend avec impatience le jour où tout le monde abandonnera la croyance « superstitieuse » de l'existence de Dieu, et n'adorera que l'intelligence et les capacités humaines, qui sont les dieux des humanistes. Mais à l'inverse, l'Israélite qui craint Dieu attend avec impatience le jour où toute l'humanité reconnaîtra que « tout ce qui existe dans les cieux et sur la terre, et ce qu'il y a entre les deux, n'existe que par la vérité de Son existence ». Et alors là, l'humanité n'adorera que Dieu Lui-même.

Que le Tout-Puissant puisse réaliser les paroles suivantes tirées de la prière du ´olénou : « Toute l'humanité invoquera Ton nom, et tous les méchants de la terre se tourneront vers Toi. Alors, tous les habitants du monde reconnaîtront et sauront que c'est devant Toi que chaque genou doit fléchir, HaShem, notre Dieu. Ils s'agenouilleront et se prosterneront, et rendront honneur à la gloire de Ton Nom et accepteront sur eux le Joug de Ta souveraineté. Puisses-tu bientôt régner sur eux pour l'éternité de l'éternité, car la domination T'appartient, et pour toujours Tu régneras avec gloire, comme il est écrit dans Ta Tôroh6 : ''HaShem régnera d'éternité en éternité.'' Et il est aussi dit7 : ''HaShem sera Roi sur le monde entier. Et en ce jour-là, HaShem sera Un et Un sera Son Nom !'' ».

1Davorim 4:35
2Hilkôth Yasôdhé Hattôroh 1:1-2
3Yirmayohou 10:10
4Davorim 4:35
5Yômo` 38a
6Shamôth 15:18

7Zakharyoh 14:9

jeudi 22 décembre 2016

Hanoukkoh : allumer dehors est l'essence de la Miswoh

ב״ה

Hanoukkoh : allumer dehors est l'essence de la Miswoh

Illustration : Des soldats Juifs allemands célèbrent Hanoukkoh durant la Première Guerre Mondiale, en 1916

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Dans son « `iggarath Hashamadh »1 (Lettre sur l'Extermination), le Ramba''m ז״ל rapporte l'anecdote historique suivante concernant la période de persécution grecque :

Ce qu'il s'est passé en `aras Yisro`él sous le méchant empire grec est également bien connu ; il fit passer des décrets sévères et mauvais, parmi lesquels l'interdiction pour quiconque de fermer la porte de sa maison afin qu'il ne s'isole pas pour s'adonner à quelque Miswoh que ce soit. Les Sages plaidèrent en leur faveur...

Le Ramba''m souligne cet aspect moins connu de l'oppression grecque afin d'expliquer pourquoi l'allumage des lumières de Hanoukkoh doit, idéalement, être réalisé à l'entrée de chaque maison. (Voir la cinquième partie des « Lois relatives à Hanoukkoh », dans laquelle nous avions fait mention de cette Halokhoh.) Ce furent les portes et corridors menant aux maisons qui empêchaient chaque famille israélite de maintenir une vie religieuse sous la domination grecque, et par conséquent, assez logiquement et de façon tout à fait appropriée, nous allumons les lumières de Hanoukkoh spécifiquement à l'entrée de nos maisons, à l'extérieur, pour célébrer notre triomphe sur l'oppression grecque.

C'est cet aspect-là de l'oppression grecque que le Ramba''m avait à l'esprit lorsqu'il a expliqué, dans son Mishnéh Tôroh, la Miswoh de l'allumage des lumières de Hanoukkoh : מִצְוָתָהּ שֶׁיִּהְיֶה כָּל בַּיִת וּבַיִת מַדְלִיק נֵר אֶחָד « L'idéal de la Miswoh consiste à allumer dans chaque maison une seule lampe. »2 Que le minimum requis soit l'allumage d'une seule lampe par maison fut déjà établi dans le Talmoudh lui-même3, mais le Ramba''m semble avoir poussé ce concept un niveau plus haut. On aurait pu arguer que dans le fond, chaque individu porte la responsabilité d'allumer les lumières de Hanoukkoh, mais qu'au niveau pratique on peut s'acquitter de ce devoir par l'allumage des lumières de Hanoukkoh effectué par un autre membre de la famille (comme c'est généralement le cas, par exemple, pour les lampes de Shabboth). Cependant, le Ramba''m définit l'obligation comme incombant à la maison, et non aux individus. (On peut donc déduire que, selon lui, un sans-abri est exempt de la Miswoh de l'allumage des lumières de Hanoukkoh, tout comme il est exempt de la Miswoh de la Mazouzoh, étant donné qu'il n'a pas de maison.) Puisque, comme le Ramba''m le rapporte dans son `iggarath Hashamadh, les lumières de Hanoukkoh commémorent le décret exigeant que la porte d'entrée des maisons israélites soit constamment laissée ouverte, HaZa''l ont décrété une obligation que des lumières soient allumées devant chaque maison israélite durant Hanoukkoh.

Ce décret aide également à expliquer l'insistance traditionnelle concernant l'affichage public des lumières de Hanoukkoh, ce que l'on appelle פִּרְסוּמֵי נִיסָא « Pirsoumé Niso` » (publication du miracle), qui est essentiel dans la célébration de Hanoukkoh. Les grecs ont cherché à empêcher les Israélites même l'observance privée des Miswôth ; nous célébrons donc leur défaite par l'observance publique de cette Miswoh, nous réjouissant de notre liberté de pratiquer la Tôroh fièrement et ouvertement, sans crainte, ni intimidation.

Par conséquent, tous ceux qui pourraient allumer les lumières de Hanoukkoh à l'extérieur de chez eux, mais le font à l'intérieur, n'agissent pas correctement lorsque l'on garde à l'esprit le message essentiel que nous transmet la fête de Hanoukkoh. Ils donnent l'impression que nous devons vivre cachés, que nous sommes persécutés, ou qu'il y aurait aujourd'hui une crainte d'afficher publiquement qui nous sommes. Or, c'est justement pour réaffirmer sans honte que nous sommes des Israélites, serviteurs du Dieu Tout-Puissant, et que nous n'avons pas honte de notre fidélité envers la Tôroh, que nos Sages ont institué l'allumage des lumières de Hanoukkoh. Ils n'ont prévu que deux exceptions permettant de ne pas allumer les lumières de Hanoukkoh à l'extérieur des maisons : 1) si on vit dans un immeuble d'appartements, on allumera à l'intérieur de chez soi, près de la fenêtre, de façon à ce que nos lumières de Hanoukkoh soient visibles de l'extérieur pour les passants ; 2) si on est dans une période de persécution d’État et de grands dangers pour les Israélites (ce qui n'est pas du tout le cas dans la plupart des pays dans lesquels nous vivons aujourd'hui), on allumera à l'intérieur de chez soi, même sur une table ou dans sa chambre à coucher, c'est-à-dire tout endroit de sa maison d'où les lumières de Hanoukkoh ne seront pas visibles de l'extérieur, afin de garantir la sécurité de ceux qui allument.

Excepté dans ces deux cas, lorsque nous allumons dans nos maisons plutôt qu'à l'extérieur des entrées de nos maisons, nous renvoyons le mauvais message et annulons même par-là le sens de l'allumage des lumières de Hanoukkoh.

Nous vivons à une époque où nous sommes libres de pratiquer notre foi, sans crainte, ni intimidation, et il n'y a pas de persécution d’État. Cessons de nous victimiser ou de vivre constamment dans la peur ou le « qu'en dira-t-on ? » N'écoutez pas les rapports alarmistes et mensongers que font circuler dans les communautés juives ceux qui ont intérêt à répandre la peur et faire immigrer les Juifs vers l’État d'Israël. Nous sommes des Israélites, les serviteurs d'HaShem ית׳, et c'est Lui que nous craignons, ce sont Ses Miswôth que nous chérissons et pratiquons. Même durant la Première Guerre Mondiale, les soldats Juifs n'avaient pas honte d'accomplir publiquement les Miswôth d'HaShem. Alors, à combien plus forte raison devons-nous faire cet effort aujourd'hui. Cela incombe encore plus à ceux qui vivent dans des quartiers à forte population juive, qui devraient commencer à allumer leurs lumières de Hanoukkoh dehors et non plus à l'intérieur de chez eux.

Comme l'a écrit Dowidh Hammalakh ע״ה, dans ses Tahillim : בְּךָ-יהוה חָסִיתִי; אַל-אֵבוֹשָׁה לְעוֹלָם « En Toi, `adhônoy, je m'abrite ! Puissé-je ne jamais avoir honte ! »4, et אֱלֹהַי--בְּךָ בָטַחְתִּי, אַל-אֵבוֹשָׁה; אַל-יַעַלְצוּ אוֹיְבַי לִי. גַּם כָּל-קֹוֶיךָ, לֹא יֵבֹשׁוּ; יֵבֹשׁוּ, הַבּוֹגְדִים רֵיקָם « Mon Dieu, en Toi j'ai placé ma confiance. Que je n'ai point honte ! Que mes ennemis ne triomphent pas de moi ! Aussi, tous ceux qui espèrent en Toi n'auront pas honte ; n'auront honte que ceux qui sont gratuitement perfides. »5

Ce n'est pas sur nous que doit être la honte ! D'ailleurs, comment pourrait-on même avoir honte de servir le Créateur de tout ?

Tous ceux qui le peuvent, et sont dans les conditions appropriées pour le faire, je les invite à allumer leurs lumières de Hanoukkoh à leurs portes, à l’extérieur ! C'est l'essence de la Miswoh et le message central que nous transmet l'institution par nos Sages de la fête de Hanoukkoh : nous avons vaincu ceux qui voulaient même nous interdire l'observance privée des Miswôth, et nous sommes à présents libres de les observer même en public !

1Page 43
2Hilkôth Maghilloh Wahanoukkoh 4:1
3Shabboth 21b
4Tahillim 71:1

5Ibid., 25:2-3

mercredi 21 décembre 2016

Qu'est-ce qui a mené aux événements de Hanoukkoh ?

ב״ה

Qu'est-ce qui a mené aux événements de Hanoukkoh ?


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Bien que l'histoire traditionnelle de Hanoukkoh présente les grecs comme de méchants tyrans qui ont désiré notre destruction et la culture grecque comme la forme ultime du mal, en creusant plus profondément l'histoire de cette période nous sommes ébahis par la face obscure, non pas des grecs, mais des dirigeants religieux et politiques Israélites de l'époque.

Lorsque Alexandre le Grand défit l'empire perse et devint l'empereur indiscuté de la région, son attitude envers les Israélites et leur foi fut à l'image ce que l'on avait connu avec les perses :

  • Les grecs, comme les perses, appréciaient la liberté de culte et l'expression religieuse.
  • Comme les prédécesseurs perses, les grecs soutinrent et encouragèrent même l'éducation israélite et le service du Béth Hammiqdosh.

Comment se fait-il donc que la politique grecque envers les Israélites changea si radicalement aux alentours de l'an 187 avant l’Ère Courante, sous le règne d'Antioche Épiphane IV, à peine moins de 150 ans après Alexandre ?

Flavie Joseph, le célèbre historien Israélite qui vécut au 1er siècle de l'E.C., décrit les luttes de pouvoir ayant eu lieu entre le Kôhén Godhôl, Hôniyô (Onias III) et les membres de la famille Touvyoh, à Jérusalem. Hôniyô avait un frère nommé Yahôshoua´, qui obtint la haute prêtrise en trahissant sa famille et son peuple. Yahôshoua´ renia son nom israélite, se fit appeler « Jason » et devint un helléniste (un Israélite adhérant à la philosophie grecque et qui tentait de rendre la Tôroh conforme à cette pensée). Jason pactisa avec le roi en lui donnant l'argent qu'il avait pris des coffres du Béth Hammiqdosh, et devint ainsi Kôhén Godhôl et pu jouir de la protection du roi. Voyant que la haute prêtrise pouvait s'acheter, Ménélaüs, un autre Kôhén, renversa Jason et fut intronisé Kôhén Godhôl à sa place. Lorsque Hôniyô, qui était le Kôhén Godhôl légitime, dénonça Ménélaüs, ce dernier le fit tuer. Jason, le précédent Kôhén Godhôl, organisa une armée et commença à massacrer les Israélites qui étaient loyaux envers Ménélaüs, et une guerre civile s'en suivit.

Antioche, qui livrait une guerre contre l’Égypte à ce moment-là, après avoir demandé des nouvelles de son empire, se fit informer des événements qui se déroulaient dans la ville sainte de Jérusalem. L'intégralité de l'empire était sous contrôle, sauf la Judée. On lui fit parvenir le message suivant : « Les Judéens ont une guerre civile. » Furieux et frustré, Antioche envoya des troupes vers Jérusalem et leur donna la permission de massacrer quiconque s'opposerait à l'installation d'une idole dans le Béth Hammiqdosh et interdit la pratique de la foi israélite. Le raisonnement était que si la foi israélite était incapable de rendre ces gens plus civilisés, la culture et la religion grecque allaient s'en charger ! Des autels païens furent construits et des rouleaux de la Tôroh brûlés. Il était décidé à ne pas laisser une bataille interne pour s'emparer de la haute prêtrise ébranler la quiétude de son empire, ni le détourner de sa mission d'étendre cet empire.

Cela dura dix années, jusqu'à ce que la famille de Mattithyohou, un Kôhén, parvienne à unir les Israélites sous la bannière de la Tôroh et à renverser les grecs. Ils se lancèrent également dans une campagne pour éradiquer l'influence de la culture et pensée grecque. Avec les fils de Mattithyohou, et Yahoudhoh Makkabbi à leur tête, les Israélites défirent les armées grecques et restaurèrent le service religieux du Béth Hammiqdosh. C'est à la suite de cette victoire militaire et de la redédicace du Béth Hammiqdosh que fut instituée la fête de Hanoukkoh.

L'histoire de Hanoukkoh ne concerne donc pas uniquement l'ennemi extérieur qui désire nous détruire, mais également et surtout l'ennemi de l'intérieur prêt à usurper une position et un titre qui ne lui revient pas de droit et qui pense pouvoir concilier la Tôroh avec des idéologies païennes et étrangères. Il incombe à chaque Israélite de s'opposer à ces ennemis de l'intérieur, et ne pas rester silencieux, de façon à élever haut la bannière de la Tôroh et sanctifier le Nom d'HaShem.

Malheureusement, avec les nombreux apostats, égarés et hérétiques faisant à notre époque partie de notre peuple ou qui prétendent l'être, qui ont usurpé le nom « Israël », et qui falsifient la Tôroh et notre foi, cette bataille de Hanoukkoh est encore actuelle. Puissions-nous avoir la force de la mener jusqu'au bout.

Quant à ceux qui désespèrent en se disant que nos ennemis de l'intérieur et ceux de l'extérieur sont trop nombreux et que les Israélites qui restent réellement fidèles à la Tôroh sont une infime minorité, prenez à cœur les paroles de la prière de « ´al Hannissim » que nous faisons durant les huit jours de Hanoukkoh : מָסַרְתָּ גִּבּורִים בְּיַד חַלָּשִׁים. וְרַבִּים בְּיַד מְעַטִּים. וּרְשָׁעִים בְּיַד צַדִּיקִים. וּטְמֵאִים בְּיַד טְהורִים. וְזֵדִים בְּיַד עוסְקֵי תורָתֶךָ « Tu as livré les forts entre les mains des faibles, ceux qui sont nombreux entre les mains de ceux qui sont peu [en nombre], les impies entre les mains des justes, les impurs entre les mains des purs, et les rebelles entre les mains de ceux qui s'occupent de Ta Tôroh. »


Puissions-nous connaître prochainement et de nos jours la destruction de tous nos ennemis et des ennemis d'HaShem, qu'ils viennent de l'intérieur ou de l'extérieur, et puissions-nous voir de nos yeux la victoire de ceux qui gardent la Tôroh et ses Miswôth !

Pourquoi la Mishnoh ne parle pratiquement pas de Hanoukkoh ?

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Pourquoi la Mishnoh ne parle pratiquement pas de Hanoukkoh ?


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Nous allons voir ensemble et tenter de comprendre un fait assez étrange concernant Hanoukkoh.

La Mishnoh ne parle pratiquement jamais de cette fête. Le compilateur de la Mishnoh, Ribbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל, consacre un traité entier à chacune des fêtes israélites, à l'exception de Hanoukkoh. Ainsi, les fêtes de Rô`sh Hashonoh, Yôm Hakkippourim, Soukkôth, Pourim, Pasah et Shovou´ôth possèdent chacune leur propre traité dans la Mishnoh. Mais concernant Hanoukkoh, Ribbi Yahoudhoh Hannosi` se contente simplement de mentionner, en passant, l'existence de cette fête, et ce, à deux endroits différents.

La première fois qu'il la mentionne, c'est dans la Mishnoh de Bikkourim 1:6, où il est dit que Hanoukkoh était la dernière opportunité que l'on avait d'apporter les Bikkourim au Béth Hammiqdosh. Et la deuxième et dernière fois où Hanoukkoh est mentionnée dans la Mishnoh, c'est dans Bavo` Qammo` 6:6, où l'on mentionne la règle à suivre dans le cas de lins transportés par un chameau qui prennent feu après être entrés en contact avec des lampes de Hanoukkoh placées devant un magasin. Le fait que Ribbi Yahoudhoh Hannosi` fit le choix de ne pas consacrer un traité entier sur Hanoukkoh, ou même un chapitre concernant cette fête, est une preuve criante de l'intention qu'il avait de « minimiser » cette fête. Effectivement, il n'y pas même une seule discussion systématique des Halokhôth de Hanoukkoh dans toute la Mishnoh. En outre, même dans les sources tannaïques extra-mishnaïques (telles que les Barayathôth ou les Tôsaphtôth), on n'y retrouve pratiquement aucune discussion sur la fête de Hanoukkoh. Il apparaît donc clairement que tous les autres Tanno`im s'accordaient avec Ribbi Yahoudhoh Hannosi` pour « minimiser » la fête de Hanoukkoh.

Quand on sort de la Mishnoh et de la littérature tannnaïque extra-mishnaïques, et que l'on passe à la deuxième partie du Talmoudh, à savoir, la Gamoro`, nous ne trouvons qu'une seule discussion systématique sur les lois relatives à cette fête au traité Shabboth 21b-24a, au chapitre qui traite des lois relatives aux bougies de Shabboth. Cependant, le fait que la Gamoro` soulève des questions si basiques sur Hanoukkoh, comme par exemple pourquoi est-ce que nous célébrons réellement Hanoukkoh1, ou encore s'il faut ou pas ajouter un office de Mousoph à Hanoukkoh, semble laisse croire que les Tanno`im n'accordaient que très peu d'importance ou d'attention à cette fête. Est-ce le cas, et comment expliquer ce trop peu d'informations sur Hanoukkoh dans le Talmoudh ?

Deux explications majeures ont été apportées. L'explication la plus souvent avancée pour répondre à la question « Pourquoi Hanoukkoh est si minimisée dans la Mishnoh ? » est que Ribbi Yahoudhoh Hannosi` était un descendant de Dowidh Hammalakh2 ע״ה, et il ne pouvait cautionner le fait que les Bané Hashmounna`y (Hasmonéens) usurpèrent la royauté, alors qu'elle n'était réservée qu'aux descendants de Dowidh Hammalakh. D'ailleurs, le Ramba''n3 ז״ל critique en des termes très durs les Bané Hashmounna`y (qui étaient des Kôhanim) pour s'être emparés du pouvoir politique à la place d'un membre de la tribu royale de Yahoudhoh. Même durant les périodes troubles décrites dans le livre de 2 Malokhim, lorsque les assassinats politiques étaient malheureusement monnaie courante et que le niveau spirituel des masses était relativement bas, les Israélites s'assuraient toujours qu'un des fils du roi déchu soit nommé comme successeur afin de préserver la lignée davidique. Ce qui explique pourquoi Ribbi Yahoudhoh Hannosi` décida de laisser les lois relatives à la fête de Hanoukkoh dans le domaine de la Tôroh Shabba´al Pah (loi orale) et ne les rapporta pas par écrit, en guise de critique implicite de l'attitude des Bané Hashmounna`y et afin de transmettre la leçon pour les générations futures que lorsqu'une souveraineté israélite sera pleinement restaurée, seul un descendant de la Maison de Dowidh devra être nommé comme dirigeant et roi. Et ce roi ne sera nul autre que le Moshiah, qui régnera sur le monde entier.4

La deuxième explication donnée pour comprendre l'omission presque complète de Hanoukkoh dans le Talmoudh est à trouver du côté de la proximité temporelle entre la révolte de Bar Kôzivo` (qui eut lieu de 135 à 138 de l’Ère Courante) et la rédaction de la Mishnoh (en l'an 200 de l'E.C.). La victoire contre toute attente des Bané Hashmounna`y face aux syro-grecs servit d'inspiration à ceux qui désiraient se révolter contre le contrôle qu'exerçaient les romains sur la Palestine. En outre, Hanoukkoh fut instituée en partie pour célébrer la restauration de la souveraineté israélite en `arès Yisro`él (après que les Bané Hashmounna`y parvinrent à bouter hors de Palestine les syro-grecs).5 Les Tanno`im, qui dans leur majorité ne soutinrent pas la révolte de Bar Kôzîvo` contre les romains (comme cela est clairement dit dans le Talmoudh Yaroushlami6), désiraient calmer les passions de certains pour les révoltes armées en reléguant les lois relatives à Hanoukkoh au domaine exclusif de la Tôroh Shabba´al Pah. C'est ainsi que le Rov Samson Raphaël Hirsch7 ז״ל explique que l'un des buts de la quatrième bénédiction de la Birakhath Hammozôn, qui fut composée après la révolte ratée de Bar Kôzîvo`8, était d'éviter qu'une telle révolte ne se reproduise et inviter plutôt les Israélites à pleinement se soumettre à la nation dominante en Palestine et à ne plus chercher une quelconque souveraineté territoriale, mais se confier exclusivement sur la bonté de Dieu.

1Shabboth 21b, tel qu'expliqué par Rash''i ז״ל.
2Gamoro`, Shabboth 33b
3Sur Baré`shith 49:10.
4Voir Yasha´yohou 11:1 ; Mishnéh Tôroh, Hilkôth Malokhim Chapitre 11
5Voir Mishnéh Tôroh, Hilkôth Hanoukkoh 3:1.
6Ta´anith 4:5
7Sur Davorim 8:10.

8Gamoro` , Barokhôth 48b

Les lois relatives à Hanoukkoh : Septième Partie

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Les lois relatives à Hanoukkoh

Septième Partie


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Pour (re)lire la première partie, voir ici.
Pour (re)lire la deuxième partie, voir ici.
Pour (re)lire la troisième partie, voir ici.
Pour (re)lire la quatrième partie, voir ici.
Pour (re)lire la cinquième partie, voir ici.
Pour (re)lire la sixième partie, voir ici.

  1. Quand et où ajoute-t-on la prière de « ´al Hannissim » pendant Hanoukkoh ?

Comme cela avait été brièvement mentionné dans l'article du Rov Dowidh Hanôkh Yishoq Bar-Hayim intitulé « Hanoukkoh : De quoi s'agit-il, au juste ? », durant les huit jours de Hanoukkoh nous ajoutons dans nos prières le עַל הַנִּסִּים « ´al Hannissim ».

Quand doit-on le faire, et surtout où ? Voici ce qu'écrit le Ramba''m ז״ל dans son Mishnéh Tôroh1 :

Durant Hanoukkoh et [à] Pourim, on ajoute dans [la bénédiction de] Hôdhoyoh « ´al Hannissim, etc. ». S'il arrive qu'un Shabboth tombe durant Hanoukkoh ou [à] Pourim, on mentionne « ´al Hannissim » dans [la prière de] Mousof, comme on en fait mention dans les autres prières.
בַּחֲנֻכָּה וּפוּרִים, מוֹסִיפִין בְּהוֹדָיָה עַל הַנִּסִּים ...; שַׁבָּת שֶׁחָלָה לִהְיוֹת בַּחֲנֻכָּה וּפוּרִים, מַזְכִּיר עַל הַנִּסִּים בַּמּוּסָף, כְּמוֹ שֶׁמַּזְכִּיר בִּשְׁאָר תְּפִלּוֹת

Commentons cette Halokhoh point par point :

  • Durant Hanoukkoh et [à] Pourim, on ajoute dans [la bénédiction de] Hôdhoyoh « ´al Hannissim, etc. »

Ainsi, Hanoukkoh et Pourim sont commémorés par la même prière appelée « ´al Hannissim ». Cette prière commence par une déclaration de remerciement à HaShem ית׳ pour les miracles et la délivrance relatives à ces fêtes, et se poursuit par un paragraphe décrivant les événements propres à ces fêtes (il y a donc un paragraphe propre à Hanoukkoh et un paragraphe propre à Pourim, tandis que l'introduction est commune aux feux fêtes).

La source de cette prière du « ´al Hannissim » est la Gamoro` de Shabboth 24a. Mais ce qui est intéressant à noter est que ce passage talmudique ne mentionne que Hanoukkoh, et pas Pourim. En d'autres mots, d'après le Talmoudh, la prière du « ´al Hannissim » ne se récite qu'à Hanoukkoh, mais pas à Pourim. Cependant, Rabbénou Yishoq `alfasi ז״ל (surnommé le « Ri''f », 1013-1103), qui fut le maître de Rabbénou Yôséf `ibn Migga`sh ז״ל (surnommé le « R''i Migga`sh », 1077-1141), qui devint à son tour le maître de Rabbénou Maymôn ז״ל, le père et maître du Ramba''m, cite une Tôsafto` du traité Barokhôth qui place Pourim au même niveau que Hanoukkoh. C'est sur base de cette Tôsafto` que nous récitons le « ´al Hannissim » également à Pourim.

Aussi bien à Pourim qu'à Hanoukkoh, le « ´al Hannissim » sera ajouté dans les Shamônah ´asréh des jours de semaine dans la bénédiction de « Hôdhoyoh », qui est l'avant-dernière bénédiction des Shamônah ´asréh, celle qui commence par מוֹדִים « Môdhim ». C'est un emplacement on ne peut plus logique ; la bénédiction de « Môdhim » (également appelée « Hôdhoyoh ») est une bénédiction dans laquelle nous remercions HaShem pour toutes les choses passées et présentes qu'Il a faites et fait pour nous. Or, dans le « ´al Hannissim », comme cela a été dit plus haut, nous Le remercions pour les miracles et la délivrance qu'Il a réalisées pour nous à Hanoukkoh et Pourim. Il était donc logique que ce soit dans la bénédiction de « Môdhim » que soit ajoutée la prière de « ´al Hannissim ».

  • S'il arrive qu'un Shabboth tombe durant Hanoukkoh ou [à] Pourim, on mentionne « ´al Hannissim » dans [la prière de] Mousof, comme on en fait mention dans les autres prières

La Gamoro` susmentionnée stipule que les jours de semaine le « ´al Hannissim » est récité dans les Shamônah ´asréh de ´arvith, Shaharith et Minhoh, c'est-à-dire lors des trois prières quotidiennes. Mais elle se demande si oui ou non il faut le réciter lors de la ´amidhoh de Mousof le Shabboth ou Rô`sh Hôdhash qui tombera durant Hanoukkoh (étant donné que Hanoukkoh dure huit jours et est à cheval sur deux mois, puisqu'il commence fin Kisléw et se termine début Tévéth, l'un de ces huit jours sera d'office un Shabboth et un autre de ces jours sera d'office un Rô`sh Hôdhash. Or, à Shabboth et Rô`sh Hôdhash, il y a un office de prière supplémentaire appelé « Mousof »).

La Gamoro` rapporte à ce sujet une divergence d'opinion entre les `ammôro`im. D'un côté, Rov Houno` ז״ל et Rov Yahoudhoh ז״ל sont d'avis que le « ´al Hannissim » ne doit pas être ajouté dans la prière de Mousof de Shabboth ou Rô`sh Hôdhash ; puisqu'un sacrifice de Mousof ne fut pas institué par HaZa''l pour les jours de Hanoukkoh (contrairement aux fêtes bibliques, où il y a toujours un sacrifice de Mousof apporté chaque jour), il n'y a pas à mentionner Hanoukkoh durant la prière du Mousof de Shabboth ou Rô`sh Hôdhash. De l'autre côté, Rov Nahmon ז״ל et Rébbi Yôhonon ז״ל soutiennent qu'étant donné que Mousof est simplement une des prières du jour de Shabboth ou Rô`sh Hôdhash, que c'est également en même temps encore Hanoukkoh, et que le « ´al Hannissim » sera récité lors de tous les autres offices, bien que ce soit Shabboth ou Rô`sh Hôdhash, il ne convient pas de faire de la prière de Mousof une exception, et il est donc approprié d'y ajouter le « ´al Hannissim ».

Le Talmoudh tranche finalement suivant la position de Rov Nahmon et Rébbi Yôhonon. Cette position est soutenue par le fait qu'à Yôm Hakkippourim qui tombe un Shabboth, on fait mention du Shabboth dans la prière de Na´iloh, bien qu'il n'y a normalement pas de prière de Na´iloh à Shabboth. Et c'est pourquoi le Ramba''m tranche de cette manière.

Mais ce n'est pas tout. Le « ´al Hannissim » n'est pas uniquement mentionné dans toutes les ´amidhôth que nous faisons durant la période de Hanoukkoh ; c'est également le cas dans la Birkath Hammozôn. Le Ramba''m écrit2 :

Durant Hanoukkoh et [à] Pourim, on ajoute au milieu de la Birkath Ho`oras « ´al Hannissim, etc. », comme on l'ajoute dans la prière.
בַּחֲנֻכָּה וּפוּרִים, מוֹסִיף בְּאֶמְצַע בִּרְכַת הָאָרֶץ, עַל הַנִּסִּים ..., כְּדֶרֶךְ שֶׁמּוֹסִיף בַּתְּפִלָּה

La Gamoro` susmentionné rapporte ceci, concernant la récitation du « ´al Hannissim » dans la Birkath Hammozôn :

Les érudits ont proposé : Doit-on faire mention de Hanoukkoh dans la Birkath Hammozôn ?... Rabbo` a dit au nom de Rov Sahôroh, qui l'a dit au nom de Rov Houno` : « On n'en fait pas mention. Mais si on en vient à en faire mention, on doit le mentionner dans [la bénédiction de] Hôdhoyoh ».
איבעיא להו מהו להזכיר של חנוכה בברכת המזון... אמר רבא אמר רב סחורה אמר רב הונא אינו מזכיר ואם בא להזכיר מזכיר בהודאה

Le Kasaf Mishnéh (un commentaire de Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל sur le Mishnéh Tôroh) et le Laham Mishnéh (un commentaire de Rabbi `avrohom de Bôtôn ז״ל sur le Mishnéh Tôroh) font tous deux remarquer, à juste titre, qu'il semble clairement, de la Gamoro` susmentionnée, qu'il n'y a aucune obligation d'ajouter le « ´al Hannissim » dans la Birkath Hammozôn, mais que c'est seulement une autorisation laissée à l'appréciation de chacun. Ainsi, celui qui ne voudrait pas l'ajouter n'en a pas l'obligation, tandis que celui qui voudrait l'ajouter devra le faire dans la deuxième bénédiction de la Birkath Hammozôn (qui est appelée « Birkath Hôdhoyoh » dans le Talmoudh, mais « Birkath Ho´oras » par le Ramba''m). La deuxième bénédiction de la Birkath Hammozôn est un remerciement à HaShem pour la Terre Sainte ; le thème de cette bénédiction étant un remerciement à HaShem, il est plus approprié d'ajouter là le « ´al Hannissim », dont le thème est également un remerciement à HaShem ! Si le Talmoudh tranche qu'il n'y a pas d'obligation d'ajouter le « ´al Hannissim » dans la Birkath Hammozôn, pourquoi le Ramba''m tranche-t-il, par contre, que c'est une obligation ?

Le Kasaf Mishnéh et le Laham Mishnéh expliquent qu'étant donné que les Sages du Talmoudh se faisaient un point d'honneur de mentionner les fêtes dans la Birkath Hammozôn, et que le Talmoudh Yarousholmi3 considère leur mention comme une obligation contraignante, le Ramba''m considère la mention de Hanoukkoh dans la Birkath Hammozôn comme une obligation. C'est la raison pour laquelle le « ´al Hannissim » est ajouté également dans chaque Birkath Hammozôn fait durant la période de Hanoukkoh.

Être un Talmidh HaRamba''m ne signifie pas que l'on est d'accord avec le Ramba''m sur tous les sujets, et sur ce point je diverge de sa position, et ce, pour deux raisons :

  1. dans le Talmoudh Bavli, nous voyons explicitement que, comme nous l'avons expliqué, ajouter le « ´al Hannissim » dans la Birkath Hammozôn n'est pas obligatoire, mais optionnel ;
  2. le Talmoudh Yarousholmi ne dit pas explicitement qu'il serait obligatoire d'ajouter le « ´al Hannissim » dans la Birkath Hammozôn.

Voici ce que dit précisément le Talmoudh Yarousholmi :

Tout jour où il y a un Qorban Mousof, comme par exemple Rô`sh Hôdhash ou un Houllô Shallammô´édh, on doit faire mention du sujet de l'occasion. Et si on n'en a pas fait mention, on le fait recommencer [au début de la prière]. Et tout jour où il n'y a pas de Qorban Mousof, comme par exemple Hanoukkoh ou Pourim, on doit faire mention du sujet de l'occasion. Et si on n'en fait pas mention, on ne le fait pas recommencer [au début de la prière].
כָּל יוֹם שֶׁיֵּשׁ בּוֹ קָרְבַּן מוּסָף, כְּגוֹן רֹאשׁ חֹדֶשׁ וְחֻלּוֹ שֶׁלַּמּוֹעֵד, צָרִיךְ לְהַזְכִּיר מֵעֵין הַמְּאֹרָע. וְאִם לֹא הִזְכִּיר, מַחְזִירִין אוֹתוֹ. וְכָל שֶׁאֵין בּוֹ קָרְבַּן מוּסָף, כְּגוֹן חֲנֻכָּה וּפוּרִים, צָרִיךְ לְהַזְכִּיר מֵעֵין הַמְּאֹרָע, וְאִם לֹא הִזְכִּיר, אֵין מַחְזִירִין אוֹתוֹ

En fait, loin de contredire le Talmoudh Bavli, le Talmoudh Yarousholmi le complète. Il est dit ici qu'un jour où il y a une prière de Mousof, il y a une obligation de mentionner dans sa prière des paroles se référant à l'événement du jour. Ainsi, à Rô`sh Hôdhash et Hôl Hammô´édh, par exemple, on ajoutera le יַעֲלֶה וְיָבוֹא « Ya´alah Wayovô` » dans ses prières. Si on n'a pas fait mention de l'événement du jour, on devra recommencer sa prière du début. Par contre, un jour où il n'y a pas de prière de Mousof, mais qui est un jour de fête, on devra faire mention de l'événement du jour dans chacune de ses prières. Mais, si cela n'a pas été fait, on n'est pas tenu de recommencer ses prières. Ainsi, pour revenir à Hanoukkoh qui, comme nous l'avions dit plus, n'a pas d'office de Mousof, excepté le Shabboth et le Rô`sh Hôdhash qui tombent durant cette période, cela signifie que durant les jours de semaine, où il n'y a pas de Mousof, mentionner Hanoukkoh dans la Birkath Hammozôn n'est pas si obligatoire. Badhi´avodh il faudrait en faire mention, mais si cela n'a pas été fait il n'y aura pas à recommencer la Birkath Hammozôn. Par contre, à Shabboth Hanoukkoh et Rô`sh Hôdhash Tévéth, où il y a un office de Mousof, on devra veiller à mentionner Hanoukkoh également dans la Birkath Hammozôn, et si cela n'a pas été fait on devra la recommencer du début. (Rappelons au passage qu'un individu n'a l'obligation de faire la prière de Mousof que s'il se trouve dans une ville où il n'y a pas de Minyon qui se rassemblera pour faire la prière de Mousof. Mais s'il se trouve dans une ville où il y a un Minyon qui se rassemblera pour faire la prière de Mousof, il n'a pas l'obligation de prier Mousof.)

En résumé :

  • On doit faire mention de Hanoukkoh dans chacune des ´amidhôth des huit jours de la fête : à ´arvith, Shaharith et Minhoh les jours de semaine, ainsi qu'au Mousof des jour de Shabboth Hanoukkoh et Rô`sh Hôdhash Tévéth.
  • Dans les ´amidhôth, Hanoukkoh sera mentionné dans la Birkath Hôdhoyoh, qui est l'avant-dernière bénédiction.
  • A priori, il convient (mais sans obligation), d'également faire mention de Hanoukkoh dans chaque Birkath Hammozôn durant Hanoukkoh, dans la deuxième bénédiction.
  • Néanmoins, les jours de semaine où il n'y a pas de Mousof, si on n'a pas fait mention de Hanoukkoh dans ses ´amidhôth ou la Birkath Hammozôn, on n'a pas l'obligation de recommencer. Par contre, les jours où il y a un Mousof, à savoir, Shabboth Hanoukkoh et Rô`sh Hôdhash Tévéth, on devra recommencer depuis le début si on a oublié de faire mention de Hanoukkoh dans ses ´amidhôth ou la Birkath Hammozôn. (Précisons que s'il y a un doute quant à savoir si oui ou non on a fait mention de Hanoukkoh, la Halokhoh est qu'il n'y a pas à recommencer, d'après le Talmoudh Yarousholmi.)

  1. Quelle est la formule du « ´al Hannissim » ?

Bien que le Talmoudh parle de faire mention de Hanoukkoh dans la ´amidhoh et la Birkath Hammozôn, la formule de cette mention n'est jamais rapportée. La raison à cela est qu'en fait on pourrait dire n'importe quelle phrase dans laquelle sont mentionnés Hanoukkoh et les événements de la fête.

Mais afin de faciliter cette Halokhoh nous imposant de faire mention de Hanoukkoh dans la ´amidhoh et la Birkath Hammozôn, les Ga`ônim composèrent, après que le Talmoudh fut scellé, la prière appelée « ´al Hannissim », qui résume les événements de Hanoukkoh. Dès lors, il existe différentes versions du « ´al Hannissim », avec néanmoins un tronc commun qui est majoritaire. Il n'y a donc pas « une formule », et chacun suivra la formulation du Nousoh dont il est accoutumé. Voici la formulation rapportée par le Ramba''m, dans son Mishnéh Tôroh4 :

Pour les miracles, pour les œuvres puissantes, pour les guerres, pour les actes de salut, pour la délivrance et pour la rédemption que Tu as réalisés à notre égard et à l'égard de nos ancêtres en ces jours-là, en cette époque-ci, du temps de Mattithyohou, fils de Yôhonon le Kôhén Godhôl, l'Hasmonéen et ses fils, lorsque le méchant Royaume Grec s'est levé contre Ton peuple, la Maison de Yisro`él, pour leur faire annuler certaines [Miswôth] de Ta Tôroh et leur faire transgresser certains décrets de Ta volonté. Mais Toi, dans Tes miséricordes nombreuses, Tu T'es tenu à leurs côtés à l'heure de leur détresse, Tu as défendu leur droit, Tu as livré leur bataille, Tu as exercé la vengeance pour ce qu'ils ont subi, et Tu as livré les forts dans la main des faibles, les nombreux dans la main des peu [en nombre], les impurs dans la main des purs, les impies dans la main des justes, et les pécheurs dans la main de ceux qui accomplissent Ta Tôroh. Tu T'es fait une grande renommée dans Ton monde, et pour Ton peuple Yisro`él Tu as réalisé un acte merveilleux et des miracles. Tout comme Tu as opéré en leur faveur des miracles et des œuvres puissantes, de même opère en notre faveur des miracles et des œuvres puissantes en cet instant et en cette période. Et pour tout cela, ´adhônoy notre Dieu, nous Te sommes reconnaissants.
עַל הַנִּסִּים וְעַל הַגְּבוּרוֹת וְעַל הַמִּלְחָמוֹת וְעַל הַתְּשׁוּעוֹת וְעַל הַפְּדוּת וְעַל הַפֻּרְקָן, שֶׁעָשִׂיתָ עִמָּנוּ וְעִם אֲבוֹתֵינוּ בַּיָּמִים הָהֵם בַּזְּמָן הַזֶּה: בִּימֵי מַתִּתְיָה בֶּן יוֹחָנָן כּוֹהֵן גָּדוֹל חַשְׁמֻנַּאי וּבָנָיו, כְּשֶׁעָמְדָה מַלְכוּת יָוָן הָרִשְׁעָה עַל עַמְּךָ בֵּית יִשְׂרָאֵל, לְבַטְּלָם מִתּוֹרָתֶךָ, וּלְהַעֲבִירָם מֵחֻקֵּי רְצוֹנֶךָ; וְאַתָּה בְּרַחֲמֶיךָ הָרַבִּים עָמַדְתָּ לָהֶם בְּעֵת צָרָתָם, וְדַנְתָּ אֶת דִּינָם, וְרַבְתָּ אֶת רִיבָם, וְנָקַמְתָּ אֶת נִקְמָתָם; וּמָסַרְתָּ גִּבּוֹרִים בְּיַד חַלָּשִׁים, וְרַבִּים בְּיַד מְעוּטִים, וּטְמֵאִים בְּיַד טְהוֹרִים, וּרְשָׁעִים בְּיַד צַדִּיקִים וּפוֹשְׁעִים בְּיַד עוֹשֵׂי תוֹרָתֶךָ; וְעָשִׂיתָ לְךָ שֵׁם גָּדוֹל בְּעוֹלָמֶךָ, וּלְעַמְּךָ יִשְׂרָאֵל עָשִׂיתָ פֶלֶא וְנִסִּים. כְּשֵׁם שֶׁעָשִׂיתָ עִמָּהֶם נִסִּים וּגְבוּרוֹת, כָּךְ עֲשֵׂה עִמָּנוּ נִסִּים וּגְבוּרוֹת בָּעֵת וּבָעוֹנָה הַזֹּאת. וְעַל כֻּלָּם יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, אָנוּ מוֹדִים לָךְ

1Hilkôth Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 2:15
2Mishnéh Tôroh, Hilkôth Barokhôth 2:6
3Barokhôth 7:6
4Sédhar Hattafilloh 25