בס״ד
Le séchage des
mains pour la Natilath Yodhayim qui précède un repas
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précédentes :
Dans l’article précédent sur cette série consacrée à la Natilath
Yodhayim qui précède le repas nous avions discuté de la manière de réaliser la Natilath
Yodhayim. Nous avions expliqué que Béth Shamma`y et Béth Hillél ont institué
que l’on devait se laver les mains avant de consommer de la Ṭaroumoh,
puisque des mains non lavées invalident la Ṭaroumoh. En outre, plus tard, les Ḥakhomim
décrétèrent que même les Ḥoullin ne pouvaient pas être consommés sans s’être
lavé les mains au préalable. Ils désiraient, apparemment, que les Kôhanim
ne perdent pas la pratique de purifier leurs mains, et ordonnèrent par
conséquent que tout le monde lave ses mains avant de manger du pain. Ce décret
est respecté même en dépit du fait qu’il n’y a pas de Béth Hammiqdosh, de façon
à ce que nous soyons prêts lors de sa reconstruction prochaine. Ainsi, d’un
point de vue halakhico-légal, la Natilath Yodhayim est le processus par lequel on
retire de ses mains la Toum`oh avant qu’on ne puisse consommer du pain. La
manière de se laver les mains est donc dépendante des lois et détails se
rapportant à la Toum`ath Yodhayim. Nous en avions abordé quelques-uns dans le
précédent article. Dans cet article-ci, nous parlerons d’un autre principe
talmudique relatif à la Natilath Yodhayim qui semble important.
·
Niggouv
Yodhayim
Le Ṭalmoudh[1] attribue
une signification au séchage réel des mains :
Ribbi `abbohou a dit : Tout
celui qui mange du pain sans séchage des mains est comme quelqu’un qui mange
du pain Tomé`, ainsi qu’il est dit :[2]
« Et Hashshém dit : ‘’C’est comme ainsi que les Bané Yisro`él mangeront leur pain
Tomé`, etc.’’ ».
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אמר רבי אבהו כל האוכל פת בלא ניגוב ידים כאילו
אוכל לחם טמא שנאמר ויאמר ה' ככה יאכלו בני ישראל את לחמם טמא וגו'
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Rash’’i ז״ל explique que manger du
pain avec les mains mouillées est tout simplement מָאוּס « Mo`ous » (répugnant), et il
faut donc se sécher les mains après le lavage. D'autres Ri`shônim[3]
expliquent cependant qu'en mangeant avec les mains mouillées, on transfèrera de
la Toum`oh depuis ses mains jusqu’au pain, et on mangera donc littéralement du לֶחֶם טָמֵא
« Laḥam Tomé` » (pain
impur).
Apparemment, il existe de nombreuses
différences entre ces deux explications. Par exemple, si l'on se lave les mains
avec une Ravi´ith
d'eau, ou si l'on plonge ses mains dans une Miqwoh ou un Ma´yon (une source),
l'eau sur les mains est Tohôr (pure), comme nous l'avions discuté précédemment,
et donc il n’y aurait pas besoin de se sécher les mains. De plus, on pourrait
suggérer que même si les mains sont encore humides mais pas טוֹפֵחַ עַל מְנָת לְהַטְפִּיחַ (humides au point
que celui qui toucherait ses mains absorbera suffisamment d’humidité après le
contact), elles ne peuvent pas transférer la Toum`oh, elles peuvent toutefois
être considérées comme trop humides pour manger du pain. Par conséquent, alors
que ceux qui se préoccupent de l’impureté peuvent permettre de manger du pain
avec des mains encore un peu humides, ceux qui s’intéressent au « Mé`ous »
(répulsion) peuvent insister pour que leurs mains soient complètement sèches.
Certains[4] notent
que même celui qui verse moins d’une Ravi´ith sur ses mains enlève l’eau impure après
avoir versé de l’eau sur ses mains une deuxième fois. Par conséquent, pourquoi
aurait-on encore besoin de se sécher les mains ? Apparemment, des Ḥakhomim
ont institué que l'on devrait éliminer complètement l'eau impure
en se séchant également les mains.[5]
Le Shoulḥon ´oroukh[6] stipule
que celui qui plonge ses mains ou celui qui verse une goutte d'eau sur ses
mains peut manger du pain sans se sécher les mains. Le Maharsha’’l ז״ל dans son Yom Shal
Shalômô[7] n'est
pas d'accord. Il adopte l'explication de Rash’’i sur la Gamaro`
et en exige donc toujours un séchage des mains avant de manger du pain afin
d'éviter le problème de « Mé`ous ».
Le Mishnoh Barouroh[8] cite le
Ba’’ḥ ז״ל, qui partage le point de vue du Maharsha’’l, et conclut que tel
est le consensus des `aḥarônim et que telle est la pratique courante.[9]
Ribbénou Shimshôn ban Ṣodhôq ז״ל, Ṭalmidh du
Mahara’’m de Rottenburg ז״ל, dans son Ṭashbéṣ Haqqoton[10], écrit
qu'il ne faut pas s'essuyer les mains sur son vêtement, ni mettre ses vêtements
sous sa tête, car cela peut provoquer l'oubli. Il n'est pas clair si cette
pratique est de nature kabbalistique ou symbolique.
Sa source est très probablement un passage
dans la Masakhath Hôroyôth[11], qui
énumère des choses qui font oublier ses études de la Ṭôroh, notamment mettre ses
vêtements sous sa tête (pour dormir) et boire les eaux qui restent après le
lavage des mains. Le Ṭashbéṣ pense apparemment que l’eau qui reste après le
lavage des mains est, en général, dangereuse et ne doit donc même pas être essuyée
sur ses vêtements. De nombreux `aḥarônim[12] citent
cette Ḥoumroh.
Peut-on laisser ses mains sécher
seules ? De plus, peut-on se sécher les mains sous un séchoir à air
chaud ? Le Ḥozôn `ish[13] écrit
que l'on peut également attendre que les mains sèchent par elles-mêmes. Il
explique que puisque la raison du séchage des mains est de s’assurer qu’on ne
mange pas avec des mains mouillées ou que la Toum`oh sur les mains ait été retirée,
même si l’eau sèche seule, aucun de ces problèmes ne pose de problème. D'autres
`aḥarônim[14] insistent
sur le fait que l'on devrait de préférence se sécher les mains, à moins qu’on
ait plongé ses mains dans une Miqwoh. Rov Baṣal`él Stern (1911 - 1989), dans sa Ṭashouvoh
Baṣal
Hoḥôkhmoh[15],
écrit que celui qui verse une Ravi´ith d'eau sur ses mains peut certainement
laisser ses mains sécher, ou sécher ses mains avec un séchoir à air électrique;
cependant, celui qui verse moins d’une Ravi´ith d’eau sur chaque main doit de
préférence se sécher correctement les mains.
·
La
Barokhoh
de ´al Natilath Yodhoyim
Le rôle du Niggouv dans le lavage des
mains peut également avoir un impact sur une autre question : quel est le
bon moment pour faire la Barokhoh sur le lavage des mains ?
Généralement, les Barokhôth faites lors de l'accomplissement des Miṣwôth
sont récitées עוֹבֵר לַעֲשִׂיָּתָן
« ´ôvér La´asiyothon »[16],
c’est-à-dire avant l'accomplissement des Miṣwôth. Sur base de ce principe
talmudique, le Rambo’’m[17] ז״ל affirme que
toutes les Barokhôth
récitées lors de l’accomplissement des Miṣwôth sont dites avant d’accomplir la Miṣwoh,
à l'exception de la טְבִילַת
הַגֵּר « Tavilath Haggér », l'immersion d'un converti, puisqu’il
ne peut réciter la Barokhoh qu'après être sorti de l'eau, moment où
il est considéré comme Juif.
La source du Rambo’’m est un passage
de la Gamaro`[18], qui
enseigne que « il… s’immerge puis remonte [de l’eau], et en remontant
il dit la Barokhoh de ‘’`ashar Qiddashonou,
etc., ´al Hattaviloh’’ ».
Le Rambo’’m comprend donc ce passage comme indiquant que la Tavilath
Haggér est la seule exception au principe selon quoi on devrait bénir avant
l’accomplissement d’une Miṣwoh.
D'autres Ri`shônim, cependant, ne sont
pas d’accord avec cette lecture du Rambo’’m. Par exemple, les Ṭôsophôth[19] citent
ceux qui insistent sur le fait que l’exception s'applique également à la Natilath
Yodhayim, car les mains pourraient être sales, et il est donc préférable
d'attendre qu’elles soient lavées avant de bénir.
Ces mêmes Ri`shônim citent une raison
supplémentaire pour repousser la Barokhoh à après le lavage des mains. Ils
expliquent que la récitation de la Barokhoh avant de les sécher fait partie
intégrante de « ´ôvér La´asiyothon », et cela est
considéré comme si l'on récitait la Barokhoh avant l'accomplissement de la Miṣwoh.
En effet, la Gamaro`
citée plus haut enseigne que « quiconque mange du pain sans d'abord se
sécher les mains, c'est comme s'il mangeait du pain impur ».
Apparemment, selon cette deuxième raison, on devrait réciter la Barokhoh
avant de se sécher les mains, tandis
que selon la première raison, on peut réciter la Barokhoh
encore plus tard, peut-être jusqu'à ce que l'on dise la Barokhoh
de « Hammôṣi` » avant de manger du pain.
Le Shoulḥon ´oroukh[20] écrit
qu'il faut réciter la Barokhoh avant de se laver les mains (suivant
ainsi l’opinion du Rambo’’m). Il ajoute que les gens se sont toutefois accoutumés
à dire la Barokhoh
après le lavage, מִשּׁוּם דִּפְעָמִים שֶׁאֵין יָדָיו נְקִיּוֹת, וּמִפְּנֵי כָּךְ מְבָרְכִין
עֲלֵיהֶם אַחַר שֶׁשִּׁפְשֵׁף יָדָיו, שֶׁכְּבָר יָדָיו נְקִיּוֹת קֹדֶם
שֶׁיָּטִיל עֲלֵיהֶם מַיִם שְׁנִיִּים « étant donné
que parfois ses mains ne sont pas propres, et à cause de cela ils bénissent sur
elles après qu’il ait frotté ses mains, moment où les mains sont déjà propres,
avant de verser de l'eau sur elles une seconde fois ». Le Ramo’’` ז״ל commente que גַּם יָכוֹל לְבָרֵךְ עֲלֵיהֶם קֹדֶם נִגּוּב,
שֶׁגַּם הַנִּגּוּב מִן הַמִּצְוָה, וּמִקְרֵי עוֹבֵר לַעֲשִׂיָּתָן « il
peut également bénir sur elles avant le séchage, car le séchage fait également
partie de la Miṣwoh, et il est considéré comme ´ôvér La´asiyothon ».
En d'autres termes, le Shoulḥon ´oroukh cite la première réponse suggérée par
les Ri`shônim, selon laquelle la Barokhoh a été instituée pour être récitée après
s'être lavée de peur que les mains ne soient trop sales pour réciter la Barokhoh.
Le Ramo’’`, d'autre part, cite la deuxième raison, qui considère le Niggouv
Hayyodhayim comme une partie intégrante de la Miṣwoh.
Et si on oublie de réciter la Barokhoh
avant de se sécher les mains ? Le Ramo’’` conclut : וְאִם שָׁכַח לְבָרֵךְ עַד אַחַר נִגּוּב, מְבָרֵךְ אַחַר
כָּךְ « et s'il a oublié de bénir jusqu'à après le séchage,
il bénit après cela ». Le Ta’’z[21] cite le
Maharsha’’l[22]
qui soutient que cela signifie que l’on peut faire la Barokhoh
jusqu'à ce que l'on dise « Hammôṣi` » avant de manger le pain.[23] Le Ta’’z
n'est cependant pas d'accord et soutient qu'il ne faut pas réciter la Barokhoh
après s'être séché les mains mais avant, et si on avait oublié il n’est plus
possible de la faire.[24] C’est
également la position du Rov ´ôvadhyoh Yôséph.[25]
Pour notre part, nous suivons l’approche
du Rambo’’m, qui est de faire la Barokhoh avant le lavage des mains, qu’elles
soient propres ou sales. (Si elles sont sales, il est possible de les frotter
dans une serviette au préalable, en suite de faire la Barokhoh,
puis de se laver les mains avec de l’eau.)
[1] Sôtoh 4b
[3] Voir, par exemple, `ôr Zoroua´ 79.
[4] Voir le Ḥozôn `ish, `ôraḥ Ḥayyim
25 :10.
[5] Voir Shoulḥon ´oroukh Horov
158 :17.
[6] 158 :13
[9] Voir aussi le ´oroukh Hashshoulḥon
158 :18.
[12] Voir, par exemple, le Moghén
`avrohom 158 :17 ; le Mishnoh Barouroh 158 :44 ; ´oroukh Hashshoulḥon
158 :17.
[14] Voir le Shoulḥon ´oroukh Horov
158 :17.
[24] Voir Ḥayyé `odhom 40 :4.
[25] Yalqout Yôséph 158 :10