mardi 17 mars 2020

« Kôah Gavro` » pour la Natilath Yodhayim avant de manger du pain


בס״ד

« Kôah Gavro` » pour la Natilath Yodhayim avant de manger du pain


Cet article peut être téléchargé ici.

Dans le précédent article nous avons discuté des différents critères que doivent remplir les eaux pour pouvoir être utilisées pour la Natilath Yodhayim qui précède le repas. Nous nous étions également posé la question de savoir si des liquides autres que de l'eau pouvaient être utilisés. Enfin, nous avions mentionné jusqu'où les mains devaient être lavées pour que la Miswoh soit réalisée.

Dans cet article, nous discuterons de l’exigence de כֹּחַ גַּבְרָא « Kôah Gavro` ».

Comme mentionné dans la deuxième partie, la Natilath Yodhayim peut être exécutée de deux manières : en immergeant ses mains dans une rivière, une source ou un lac, ou en versant une nouvelle eau sur ses mains. Le Talmoudh enseigne qu’il y a deux exigences halakhiques liées au versement d’eau sur les mains : l’eau doit provenir d’un Kali (comme nous l’avons déjà expliqué dans la deuxième partie) et elle doit être versée par le biais du Kôah Gavro` la force humaine.

Concernant cette seconde exigence, le Talmoudh enseigne :1

R. Pappo` a déclaré : Il ne peut pas se laver les mains dans une digue utilisée pour l'irrigation, car [l'eau] ne coule pas directement de l'acte humain. Si, cependant, il est assez proche du seau, il peut se laver les mains [dans la digue], car là, elle découle directement de l'acte humain.

Ce passage enseigne deux Halokhôth : que l'eau doit être versée directement d'un acte humain (Kôah Gavro`) et que l'on peut se laver les mains dans une digue près de l'endroit où l'eau est versée, car cette eau à ce stade se déplace en raison du Kôah Gavro`, et non par gravité ou inertie. Le Béth Yôséph2 cite le Haghohôth Maymôniyôth, qui explique que l’exigence du Kôah Gavro` est tirée du verset suivant :3 וְהִזָּה הַטָּהֹר עַל-הַטָּמֵא « Et celui qui est pur fera aspersion sur celui qui est sur celui qui est impur ».

Fait intéressant, les Tôsophôth4 citent le BeHa''G, qui soutient que plonger ses mains dans un Kali est considéré comme une forme valide de Natilath Yodhayim. Kôah Gavro`, soutient-il, n’est requis que lorsque l’on se lave les mains à l’extérieur d’un Kali ; quand on se lave les mains à l'intérieur d'un Kali, le Kôah Gavro` n'est pas nécessaire.

Bien que la plupart des Ri`shônim rejettent ce point de vue, le Shoulhon ´oroukh5 le cite et écrit que l'on peut s'y fier dans des situations de grande nécessité. Cependant, si par la suite on peut se laver les mains à partir d'un Kali (et non plus à l'intérieur de celui-ci), on devrait se laver à nouveau les mains sans Barokhoh. Le Mishnoh Barouroh6 offre un exemple de telles situations de grande nécessité, comme un cas dans lequel le Kali est trop lourd à soulever et on ne peut que plonger ses mains dans l'eau.

Quand on n'a pas de Kali, peut-on se laver les mains à partir d'un robinet ? Les Ri`shônim7 écrivent que si l'on ouvre le robinet d'un seau rempli d'eau et qu'elle se déverse sur les mains, cela est considéré comme du Kôah Gavro`. Le Shoulhon ´oroukh8 codifie cette décision, mais écrit qu'il faut ouvrir le robinet à plusieurs reprises, pour chaque flux d'eau. Apparemment, l'eau qui s'écoule du seau après le jaillissement initial n'est pas considérée comme résultant du Kôah Gavro`.9 Ainsi, s'il lave, par exemple, une fois chacune de ses mains, il devra ouvrir et fermer le robinet deux fois : ouvrir et fermer après avoir lavé la première main, puis ouvrir et fermer après avoir lavé la seconde main ; mais il ne lavera pas les deux mains à partir du flux d'eau initial.

Le Hayyé `odhom10 écrit que si l'on pompe de l'eau d'une rivière vers un bassin, tandis que l'eau est pompée, l'eau du bassin est considérée comme étant reliée à la rivière, et on peut donc plonger ses mains dans le bassin. Cependant, une fois que le débit d'eau est interrompu, on ne peut pas plonger ses mains dans le bassin. De plus, on ne peut pas se laver les mains sous le jet d'eau de la pompe, car la pompe n'est pas considérée comme un Kali.

Les `aharônim écrivent que l'on ne peut pas ouvrir le robinet au-dessus d'un bassin et plonger ses mains dans le bassin, car on ne peut pas supposer que l'eau du robinet est « connectée » à une source d'eau naturelle. Cependant, peut-on ouvrir le robinet au-dessus de ses mains et supposer que l'eau initiale libérée est considérée comme du « Kôah Gavro` » ?

Les `aharônim11 discutent de la question de savoir si l'on peut considérer la chaudière située sur le toit et le tuyau qui amène l'eau au robinet comme un Kali. Le Sis `ali´azar permet de se laver à partir d'un robinet en ouvrant et fermant le robinet dans des situations de grande nécessité. De nos jours, l'eau froide n'est pas stockée dans les chaudières sur les toits, et l'eau chaude, selon la façon dont elle est chauffée, n'est souvent pas stockée dans une chaudière séparée. En conséquence, il ne faut pas se laver les mains à partir d'un robinet. Nous discuterons de ce qu'il faut faire si on n'est pas en mesure de faire Natilath Yodhayim dans un futur article, B''H.

Enfin, qui peut verser l'eau sur les mains de quelqu'un ? La Mishnoh12 enseigne que הַכֹּל כְּשֵׁרִים לִתֵּן לַיָּדַיִם, אֲפִלּוּ חֵרֵשׁ שׁוֹטֶה וְקָטָן « tous sont valides pour verser sur les mains, même un sourd-muet, un imbécile ou un mineur ». En outre, la Mishnoh cite un débat sur la question de savoir si un singe peut également verser de l'eau sur les mains d'un humain pour accomplir la Miswoh de Natilath Yodhayim. Les Ri`shônim ne sont pas d'accord sur le point de savoir si nous tranchons conformément à l'opinion qui valide ou invalide cette Natilath Yodhayim.

Le Shoulhon ´oroukh13 cite mot pour mot la Mishnoh susmentionnée, validant tout être humain pour verser de l'eau sur les mains de quelqu'un d'autre. Concernant un singe, il cite deux opinions et indique qu'il accepte la position indulgente. Le Ramo''` tranche, quant à lui, qu'il faut plutôt suivre l'opinion stricte, et commente également qu'un enfant âgé de moins de six ans ne serait pas différent d'un singe vis-à-vis de cette Halokhoh. Cette divergence d'opinion tourne autour de la question suivante : le déversement des eaux doit-il nécessairement être un acte délibéré, et si oui, qu'est-ce qui constitue une « intention » suffisante ? Pour le Shoulhon ´oroukh, le déversement de l'eau ne doit pas nécessairement être délibéré ; ce qui compte c'est que l'eau coule, peu importe qu'on l'ait fait couler exprès pour la Miswoh ou pas. C'est pourquoi il valide le déversement d'eau réalisé par un singe, peu importe que le singe sache ce qu'il fait ou pas. Le Ramo''` soutient l'inverse, qu'il faut que l'acte soit réalisé délibérément (ce qui exclut un animal, car d'après l'animal ne peut être conscient de ce qu'il fait, mais a juste été éduqué à agir ainsi), et par un être humain âgé d'au moins six ans ou plus.

Dans le prochain article nous continuerons de discuter de la manière dont la Natilath Yodhayim doit être accomplie.
1Houllin 107a
2Simon 259
3Bamidhbor 19:19
4Sur Houllin 107a.
5`ôrah Hayyim 159:8
6159:55
7Voir le Ro''sh, sur Houllin 8:14 ; le Môrdokhay, Barokhôth 200-201.
8`ôrah Hayyim 159:9
9Voir Bi`our Halokhoh sur ce passage du Shoulhon ´oroukh.
1038:3 ; voir aussi le Mishnoh Barouroh 159:47.
11Zaqon `aharôn 2:1 ; Sis `ali´azar 8:7 ; Yaskil ´avdi, `ôrah Hayyim 5:26
12Yodhayim 1:5
13`ôrah Hayyim 159:11-12

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