lundi 23 mars 2020

Comment les eaux de la Natilath Yodhayim avant de manger du pain doivent-elles être versées ?


בס״ד

Comment les eaux de la Natilath Yodhayim avant de manger du pain doivent-elles être versées ?


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Dans le précédent article, nous avons discuté de l’exigence de « Kôah Gavro` ». Nous avons remarqué que lorsque l’on accomplit la Natilath Yodhayim en versant une Ravi´ith d’eau sur ses mains, l’eau doit provenir d’un récipient et être versée par la force humaine. Enfin, nous avons examiné si l’ouverture et la fermeture d’un robinet constituaient un acte de Kôah Gavro`. Dans ce nouvel article, nous discuterons de la manière dont on réalise la Natilath Yodhayim.

  • Toum`ath Yodhayim – Sathom Yodhayim Tamé`ôth

Dans cet article, nous discuterons de la façon de se laver les mains. Puisque la manière dont les mains sont lavées est fonction des subtilités des Halokhôth relatives à la Toum`oh et à la Tohôroh, nous devons fournir un bref historique des Halokhôth relatives à la Toum`ath Yodhayim avant de continuer.

Selon la loi de la Tôroh (Midda`ôrayatho`), il existe différents niveaux de Toum`oh. Celui qui touche un cadavre (Méth), souvent appelé אֲבִי אֲבוֹת הַטֻּמְאָה « `avi `avôth Hattoum`oh », devient un « Ri`shôn Latoum`oh ». De plus, il existe d'autres Toum`ôth qui sont elles-mêmes considérées comme des « `avôth Hattoum`oh », comme par exemple une Navéloh, un Sharas, du sperme, du sang menstruel, etc. Bien qu'une personne qui touche un Ri`shôn Latoum`oh ne soit pas Tomé`, un Ri`shôn Latoum`oh fait que les aliments et les Kélim deviennent un Shéni Latoum`oh.

Le Talmoudh1 raconte que Shalômôh Hammalakh a décrété que les סְתָם יָדַיִם « Sathom Yodhayim », les mains qui n'ont pas été surveillées, soient considérées comme un Shalishi Latoum`oh, et par conséquent, il faut faire la Natilath Yodhayim avant de toucher des Qodhôshim. En outre, le Talmoudh2 rapporte que puisque les mains de quelqu'un sont « ´asqoniyôth » - c'est-à-dire qu'elles sont toujours actives - nous craignons qu'elles aient touché quelque chose d'impur ou une partie impure du corps de la personne3, et Béth Shamma`y et Béth Hillél ont donc institué qu'il faut se laver les mains avant de manger de la Taroumoh, car les mains non lavées invalident la Taroumoh4. Selon ce décret, les « Sathom Yodhayim » sont un Shéni Latoum`oh, et donc un Kôhén ne peut pas toucher de la Taroumoh avant d'avoir fait la Natilath Yodhayim.

Comme nous l'avions mentionné dans la première partie de cette série d'articles, les Hakhomim ont décrété plus tard que même les Houllin (pains qui ne sont pas de la Taroumoh) ne peuvent pas être mangés sans d'abord avoir fait la Natilath Yodhayim. Ils voulaient apparemment que les Kôhanim s'habituent à se laver les mains et ont donc exigé que tout le monde se lave les mains avant de manger du pain. Cette promulgation est observée même après la destruction du Béth Hammiqdosh afin que nous soyons prêts pour sa reconstruction rapide.

  • Lever ses mains après la Natilath Yodhayim

La Mishnoh5 explique que lors de la Natilath Yodhayim, bien que l’on purifie les mains, le lavage laisse l’eau impure (« Mayim Tamé`im ») sur les mains. On n'est pas autorisé à manger du pain alors que l'eau impure est sur nos mains, et donc, selon certains6, R. `abbohou enseigne : « Quiconque mange du pain sans d'abord essuyer ses mains, c'est comme s'il mangeait de la nourriture impure ». La Mishnoh décrit alors comment on doit se laver les mains une deuxième fois afin d’enlever l’eau impure des mains. Comme nous le verrons, la plupart des Ri`shônim soutiennent que si l’on verse une Ravi´ith d’eau sur les deux mains ensemble ou sur chaque main séparément, l’eau restant sur les mains est Tohôr et un deuxième lavage n’est pas nécessaire. Le Ra`ava''d est en désaccord et ordonne qu’un deuxième lavage soit effectué dans tous les cas.

Le Talmoudh7 cite Rov, qui soulève une préoccupation supplémentaire :

Hiyo` b. `ashi a dit au nom de Rov : Avec le premier lavage [avant le repas], il est nécessaire de lever les mains; avec le dernier lavage [après le repas], il faut baisser les mains.

Il y a un enseignement similaire : Celui qui se lave les mains [avant le repas] doit les soulever, de peur que l'eau ne passe au-delà de l'articulation, revienne et les rende impures.

Rov déclare donc que lors du lavage des mains avant de manger du pain (connu sous le nom de « Mayim Ri`shônim »), il faut lever les mains. Il s’inquiète du fait que l’eau qui reste sur les mains après avoir été lavées reviendra et rendra les mains impures une deuxième fois.

Les Ri`shônim ne sont pas d'accord sur la façon de comprendre la préoccupation de Rov ; nous présenterons deux approches.

Certains Ri`shônim8 expliquent que le décret rabbinique de Toum`ath Yodhayim s'applique uniquement aux mains jusqu'au poignet. De plus, seule l’eau versée sur la main sous le poignet a la capacité de purifier les Mayim Tamé`im dès la première coulée. Par conséquent, expliquent-ils, Rov craint qu'après s'être lavé les mains, si l'individu ne garde pas les mains levées jusqu'à ce qu'elles soient sèches, l'eau impure qui a coulé au-dessus du poignet peut retomber sur sa main après le deuxième lavage et rendre à nouveau la main Tomé`. Par conséquent, il faut garder ses mains surélevées jusqu'à ce que les mains soient sèches.

Rash''i9 propose une explication légèrement différente basée sur une variante du texte. Il explique que le deuxième lavage peut purifier l'eau impure qui s'écoulait au-dessus du poignet. Cependant, si le deuxième lavage n'a atteint que le poignet et n'a pas atteint l'eau qui coulait au-dessus du poignet, l'eau au-dessus du poignet retournera sur les mains et les rendra impures.

Le Rashba''`10 propose une approche complètement différente. Il explique que le passage talmudique tiré de Sôtoh dans lequel Rov décide que celui qui se lave doit lever les mains suppose que l’on ne doit se laver que jusqu’à l'endroit où les doigts se joignent. Cependant, l'eau qui est versée au-dessus des articulations, jusqu'au poignet, devient également Tomé`. Par conséquent, Rov craint que cette eau impure ne revienne vers les doigts et les rende impurs. Cependant, comme la Halokhoh ne suit pas ce passage, mais tranche plutôt qu'il faut se laver jusqu'au poignet, il n'y a pas de raison de lever les mains, car le Rashba''` soutient que l'eau qui coule au-dessus du poignet ne revient pas et ne rend pas la main impure.

En résumé, alors que la plupart des Ri`shônim supposent que celui qui se lave les mains doit les élever jusqu'à ce qu'elles soient séchées, craignant que l'eau du premier lavage puisse remonter le bras puis reculer, rendant les mains impures, le Rashba''` pense que celui qui se lave entièrement les mains, comme cela devrait l'être halakhiquement, n'a aucune raison de lever les mains.

Le Rambo''m tranche clairement dans son Mishnéh Tôroh que les mains doivent être levées après avoir versé l'eau :11

[Pour] les premières eaux, il est nécessaire qu'il élève ses mains vers le haut, de sorte que les eaux ne coulent pas au-delà du poignet, et ne reviennent et ne souillent les mains.
מַיִם רִאשׁוֹנִים--צָרִיךְ שֶׁיַּגְבִּיהַּ יָדָיו לְמַעְלָה, שֶׁלֹּא יֵצְאוּ מַיִם חוּץ לַפֵּרֶק וְיַחְזְרוּ וִיטַמְּאוּ אֶת הַיָּדַיִם.

Le Shoulhon ´oroukh12 tranche exactement comme le Rambo''m que celui qui fait la Natilath Yodhayim qui précède un repas doit lever les mains afin que l'eau ne coule pas par-dessus ses poignets, puis ne reviennent rendre à nouveau ses mains impures. Il continue cependant d'écrire que bien que quelqu'un qui ne se lave pas les mains jusqu'au poignet doit lever les mains, celui qui se lave les mains jusqu'au poignet n'a pas besoin de lever les mains. Le Ramo''` fait remarquer que certains ne sont pas d'accord avec cette indulgence, et le Mishnoh Barouroh affirme qu'en effet la majorité des Ri`shônim ne font pas de distinction entre celui qui lave jusqu'à ses phalanges et celui qui lave jusqu'à ses poignets.

Fait intéressant, le Béth Yôséph se demande pourquoi on devrait lever les mains alors qu'on pourrait simplement les garder tournées vers le bas pendant la durée du lavage. Il conclut que cela pourrait effectivement être vrai; il est possible que la seule raison pour laquelle Rov suggère de lever la main soit basée sur le verset suivant :13 וַיְנַטְּלֵם וַיְנַשְּׂאֵם « il les lava et les souleva ».Le Ramo''` rapporte cette suggestion. Le Mishnoih Barouroh14 soulève à la fois des objections techniques et kabbalistiques à cette proposition.

  • Combien de fois l'eau est-elle versée sur les mains ?

Comme nous l'avons vu ci-dessus, le Rambo''m et le Shoulhon ´oroukh tranchent en accord avec la Mishnoh de Yodhayim, qui exige que l'on se lave chaque main deux fois. Le premier lavage purifie la main tandis que le second lavage purifie et élimine l'eau impure.

Les Ri`shônim15 écrivent que celui qui verse une Ravi´ith d'eau sur les deux mains ou une Ravi´ith d'eau sur chaque main séparément n'a pas besoin de verser de l'eau sur ses mains une deuxième fois, car l'eau de la première coulée n'est pas Tomé`. Le Béth Yôséph16 explique que les Hakhomim considéraient celui qui versait une Ravi´ith sur ses mains comme celui qui s'immerge dans une Miqwoh, auquel cas il ne serait pas obligé de retirer l’eau impure. Par conséquent, celui qui verse une Ravi´ith sur les deux mains ou une Ravi´ith sur chaque main séparément n’a pas besoin de lever les mains, et l’eau qui reste sur les mains n’est pas impure. De même, comme nous l'avons appris précédemment, celui qui plonge ses mains dans une rivière ou un lac n'a pas besoin de plonger ses mains deux fois dans le plan d'eau.

Même si R. Yôséph Qa`rô, dans son Béth Yôséph17, écrit que le Ra`ava''d n'est pas d'accord et qu'on aurait besoin d'un deuxième lavage même après s'être lavé les mains avec de l'eau, dans son Shoulhon ´orukh18 il tranche comme le Rambo''m que celui qui se lave les mains avec une Ravi´ith d'eau sur chaque main n'a pas besoin de se laver à nouveau, car l'eau laissée sur les mains n'est pas considérée comme des Mayim Tamé`im.

Le Mishnoh Barouroh19 rapporte qu’aujourd’hui, il n’est pas de coutume de lever la main lors de l’exécution de la Natilath Yodhayim (mais nous, les Talmidhé HoRambo''m, continuons à le faire). Il suggère que cela est dû au fait que l’on verse généralement une Ravi´ith d’eau sur chaque main. Cependant, il prévient qu'il faut faire attention à se laver toute la main, en veillant à ce que l'eau atteigne même le bout des doigts, et pas seulement le côté des mains.

Fait intéressant, le ´oroukh Hashshoulhon20 insiste sur le fait que « celui qui lève la main sera béni… Pourquoi ne devrions-nous pas faire cette chose (c.-à-d., lever la main), car elle n'implique aucun effort ni perte ? Et telle est notre coutume ».

Dans le prochain article, nous montrerons comment des questions supplémentaires concernant la Toum`oh Watohôroh ont également un impact sur la manière dont on se lave les mains. Par exemple, que se passe-t-il si après s'être correctement lavé les mains, on touche les mains d'une autre personne qui ne s'est pas encore lavé les mains ? De plus, faut-il sécher les poignées du Kali avant de faire la Natilath Yodhayim ?
1Shabboth 15a
2Ibid., 14b-15b
3Voir Rash''i sur Ibid., 14a.
4Ibid., 13b ; voir aussi ´érouvin 21b.
5Yodhayim 2:3
6Voir le Ba''h, `ôrah Hayyim 165.
7Sôtoh 4b
8Le Ro''sh, Houllin 8:8 et Tashouvôth 48:11 ; le SaMo''G, ´asin 24, Hilkôth Natilath Yodhayim ; le Ra''sh sur Yodhayim 2:3
9Sur Sôtoh 4b.
10Tashouvôth 3:260
11Hilkôth Barokhôth 6:17
12`ôrah Hayyim 162:1
13Yasha´yohou 63:9
14162:9
15Voir les Tôsophôth sur Houllin 107a ; le Ro''sh, Houllin 8:18 ; voir aussi la Mishnoh de Yodhayim 2:1.
16Simon 162
17Ibid.
18`ôrah Hayyim 162:1
19162:9
20162:7

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