בס״ד
Ribbénou
sur le calendrier
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La
Sidhroh de cette semaine, Sidhrath Hahôdhash,
contient une fameuse Miswoh appelée קידוש
החודש
« Qiddoush
Hahôdhash »,
littéralement « la
Délimitation du Mois »,
ou, peut-être plus précisément « la
Mise à part du Mois ».
HaShem ית׳
apparaît
à Môshah Ribbénou ע״ה
et
`aharôn
Hakkôhén ע״ה
en
Égypte la veille de la libération et déclare1 :
הַחֹדֶשׁ
הַזֶּה לָכֶם,
רֹאשׁ
חֳדָשִׁים:
רִאשׁוֹן
הוּא לָכֶם,
לְחָדְשֵׁי
הַשָּׁנָה
« Ce
mois-ci est pour vous la tête des mois ; c'est le premier pour
vous pour les mois de l'année ».
Ribbénou ז״ל,
dans son Séphar Hammiswôth2,
cite ce Posouq en tant que la source biblique de l'obligation de
« délimiter
les mois et les années ».
Il développe davantage cette Miswoh
dans les Hilkôth Qiddoush Hahôdhash
de son Mishnéh Tôroh, où il détaille, sur base du Talmoudh, la
procédure par laquelle le Sanhédhrin écoutait les témoignages sur
l'apparition de la nouvelle lune, et proclamait alors le commencement
du nouveau mois. Cette Miswoh
requiert également l'ajustement du calendrier Hébraïque par
l'ajout occasionnel d'un treizième mois pour s'assurer une
correspondance approximative entre le calendrier Hébraïque basé
sur le cycle de la lune et le cycle agricole qui résulte de la
rotation de la terre autour du soleil.
Cet
article explorera quelques-uns des commentaires de Ribbénou
concernant cette Miswoh
qui ont donné lieu à quelques confusions et controverses. Mais
avant d'analyser les passages pertinents, il est nécessaire de
premièrement clarifier quelques termes et concepts de base au sujet
du calendrier Hébraïque. Tout d'abord, nous devons insister sur
l'importance et centralité du calendrier pour la vie Juive, étant
donné qu'aucune fête ne peut être célébrée sans un système
permettant de déterminer des dates. Si nous devons célébrer Pasah
et apporter à cette fête les Qorbonôth appropriées requises par
la Tôroh, nous devons avoir un système par lequel déterminer quand
tombe le quinze Nison. D'innombrables lois, incluant des domaines
tels que les Qorbonôth, les obligations agricoles, et les pratiques
personnelles, dépendent d'une date calendaire halakhique.
Le
calendrier Hébraïque fonctionne sur la base du cycle de la
révolution de la lune autour de la terre, ce qui se produit
grosso-modo tous les 29,5 jours. En conséquent, le mois Hébraïque
dure soit vingt-neuf ou trente jours, et douze de tels mois
constituent une année Hébraïque. Cependant, cette période possède
onze jours de moins que les 365 jours de la révolution de la terre
autour du soleil, de sorte qu'au fur et à mesure du temps, le
calendrier Hébraïque sera désynchronisé avec le cycle solaire
agricole. Cela signifierait que Pasah
ne tomberait plus aux alentours du début du printemps, et Soukkôth
ne marquerait plus la fin de l'été. La Miswoh
de Qiddoush Hahôdhash
implique donc également le concept de עיבור
שנים
« ´ibbour
Shonim »,
l'addition d'un treizième mois lorsque cela est nécessaire pour
prolonger le calendrier Hébraïque et conserver sa correspondance
avec le cycle solaire. (C'est la raison pour laquelle un deuxième
mois de `adhor est quelques fois ajouté au calendrier.)
Au
niveau historique, deux méthodes étaient employées pour déterminer
quand un nouveau mois Hébraïque commencerait ou se terminerait ;
c'est-à-dire, pour décider si un certain mois devait se terminer
après vingt-neuf jours, ou devait se poursuivre jusqu'au trentième
jour. À l'origine, le système appelé קידוש
על פי ראיה
« Qiddoush
´al Pi Ra`iyoh »
(délimitation par l'observation) était utilisé, ce qui signifiait
que les gens qui avaient vu de leurs yeux la nouvelle lune
témoignerait à cet effet devant le Sanhédhrin à Yarousholayim,
qui déclarerait Rô`sh Hôdhash
– le début du nouveau mois – le lendemain de la nuit où la
nouvelle lune avait été observée. À un moment donné durant l'ère
talmudique, les Juifs adoptèrent le système d'un calendrier fixe
appelé קידוש
על פי חשבון
« Qiddoush
´al Pi Hashbôn »
(délimitation par le calcul) ou חשבון
האמצעי
« Hashbôn
Ho`amso´i »
(calcul de la moyenne), qui fonctionne sur la base d'une supputation
mathématique et astronomique fixe. Plutôt que décider de la
longueur de chaque mois en se basant sur l'observation empirique de
la fin du cycle lunaire, les Juifs calculaient un système basé sur
la période moyenne de la révolution de la lune. Ce système prend
également en compte l'écart entre les cycles lunaires et solaires
et ajoute par conséquent des ajustements périodiques par l'addition
du treizième mois. Ce système calculé en avance, qui est toujours
en usage jusqu'à nos jours, fut fameusement attribué à Hillél
Hannosi` ז״ל,
un arrière-petit-fils de Yahoudhoh
Hannosi` ז״ל,
le compilateur de la Mishnoh. (La source la plus ancienne connue de
cette attribution se trouve dans les écrits des Ga`ônim ;
mais le Talmoudh lui-même ne fait jamais référence à ce Hillél
comme étant l'initiateur du système.)
- La relation entre la Ra`iyoh et le Hashbôn
La
classification halakhique précise de ces deux méthodes – Ra`iyoh
et Hashbôn
– est l'objet d'une divergence d'opinion entre Ribbénou et le
Rambo''n ז״ל.
Ribbénou, dans son Mishnéh Tôroh3,
écrit qu'en l'absence d'un Sanhédhrin siégeant en `aras
Yisro`él, une Halokhoh
Lamôshah
Missinay – tradition orale remontant à Môshah au Sinaï –
oblige à ne faire usage que du système du Hashbôn.
Le calendrier « préfabriqué » en usage depuis l'ère
talmudique n'est pas seulement une mesure d'urgence décrétée une
fois que le Sanhédhrin ne pouvait plus entendre les témoignages
concernant la nouvelle lune, mais reflète plutôt une seconde
méthode parallèle permettant de conserver un calendrier qui suit la
Halokhoh.
En même que la Tôroh, HaShem a donné au peuple Juif un moyen de
déterminer les mois et les années sans recevoir de témoignages ;
Hillél Hannosi` (mais il convient de noter que Ribbénou lui-même
ne fait jamais mention de Hillél Hannosi`) n'a donc pas initié une
nouvelle méthode, mais s'est simplement contenté d'appliquer la
tradition orale qui s'était transmise d'une génération à l'autre.
Le
Rambo''n (Ribbénou Môshah ban Nahmon),
dans sa critique du Séphar Hammiswôth
de Ribbénou, affirme que cette notion « n'est
jamais stipulée dans le Talmoudh ni nul part ailleurs ».
Accusant Ribbénou de fabriquer une Halokhoh
Lamôshah
Missinay n'ayant jamais existé, le Rambo''n avance une théorie
totalement différente concernant la nature de la méthode du Hashbôn
initiée par Hillél Hannosi`. Prévoyant la disparition imminente de
Talmidhé Hakhomim
qualifiés et de Botté Dinim faisant autorité, Hillél Hannosi`
considéra nécessaire, en guise de mesure extraordinaire, de
déterminer les mois à l'avance par un calcul. Ce n'était donc pas
basé sur une quelconque tradition formelle ou Halokhoh ;
Hillél Hannosi` sentit tout simplement qu'il n'y avait pas d'autre
alternative que de déterminer les mois à l'avance pour les siècles
et millénaires qui allaient suivre pendant que les Juifs possédaient
encore un Béth Din doté de l'autorité pour le faire.
Ainsi,
alors que Ribbénou voit la Ra`iyoh
et le Hashbôn
comme deux institutions parallèles explicitement mises en place à
l'avance au Sinaï, le Rambo''n croyait que la Ra`iyoh
représente la vraie méthode du Qiddoush Hahôdhash,
et que le Hashbôn
fut inventé en urgence pour conserver le système calendaire en
l'absence de Botté Dinim compétents.
Nous
pouvons faire remonter cette divergence entre Ribbénou et le
Rambo''n à des textes divergents du Midhrosh4.
Le passage en question décrit comment les membres de la tribu de
Yissoskhor reçurent un statut d'autorité sur les questions
complexes se rapportant au calendrier Hébraïque. Une version du
texte stipule que lorsqu'une question se posait, le Talmidh Hokhom
de Yissoskhor « leur
répondait comme s'il était une Halokhoh
Lamôshah
Missinay »,
alors qu'une deuxième version stipule qu'il « leur
répondait une Halokhoh
Lamôshah
Missinay ».
La première version présente le Talmidh Hokhom
de Yissoskhor comme une autorité rabbinique comparable à une
Halokhoh
Lamôshah
Missinay. Mais d'après la deuxième version, le Talmidh Hokhom
de Yissoskhor transmettait des informations qui lui étaient
parvenues à travers une Halokhoh
Lamôshah
Missinay. Cette deuxième version est la source sur laquelle s'appuie
la position de Ribbénou, que ces calculs, concernant lesquels les
descendants de Yissoskhor devinrent les plus grands spécialistes,
furent communiqués à Môshah Ribbénou au Sinaï. Quant au
Rambo''n, il avait en sa possession la première version, qui compare
simplement l'autorité de Yissoskhor à celle d'une Halokhoh
Lamôshah
Missinay, sans insinuer que les informations qu'il communiquait
avaient été transmises par une tradition orale.
Il
convient de noter qu'il existe également une troisième position.
Ribbénou Sa´adhyoh
Go`ôn ז״ל
soutenait
que le Qiddoush Hahôdhash
se déroulait exclusivement sur la base du système de Hashbôn.
L'audition des témoins, d'après lui, remplissait un objectif
purement cérémoniel ou procédural, alors que la détermination
réelle du début du nouveau mois résultait du calcul des Sages du
Sanhédhrin. Cette position représente l'inverse total de celle du
Rambo''n, qui percevait le système de Hashbôn
comme une mesure initiée en derrière recourt lorsque le système de
Ra`iyoh
ne pouvait plus être utilisé. Ribbénou est en désaccord avec les
deux positions, et soutient que les deux systèmes avaient été
prévus et autorisés dès l'époque du Mathan Tôroh. La Ra`iyoh est
la méthode principale de détermination, qui devrait être utilisée
chaque fois que le peuple Juif possède un Sanhédhrin opérationnel,
tandis que le Hashbôn
prend sa place en l'absence d'un Sanhédhrin.
- La Ra`iyoh dans les temps talmudiques
Comme
mentionné plus haut, Ribbénou fait dépendre le système de Ra`iyoh
à la présence d'un Sanhédhrin. Il écrit dans son Mishnéh
Tôroh5 :
כָּל
שֶׁאָמַרְנוּ מִקְּבִיעַת רֹאשׁ הַחֹדֶשׁ
עַל הָרְאִיָּה,
וְעִבּוּר
הַשָּׁנָה...אֵין
עוֹשִׂין אוֹתוֹ אֵלָא סַנְהֶדְּרִין
שֶׁבְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל,
אוֹ
בֵּית דִּין הַסְּמוּכִים שֶׁבְּאֶרֶץ
יִשְׂרָאֵל שֶׁנָּתְנוּ לָהֶן
הַסַּנְהֶדְּרִין רְשׁוּת
« Tout
ce que nous avons dit concernant la détermination du Rô`sh Hôdhash
sur base de la Ra`iyoh
et une année embollismique...n'est réalisé que par un Sanhédhrin
qui se trouve en `aras
Yisro`él ou par [les membres d']un Béth Din ayant la Samikhoh
qui se trouvent en `aras
Yisro`él, à qui le Sanhédhrin a donné la permission ».Ribbénou
poursuit en citant pour preuve de sa position le Posouq que nous
avions rapporté au début de cet article, lorsque HaShem dit à
Môshah et `aharôn :
הַחֹדֶשׁ
הַזֶּה לָכֶם,
רֹאשׁ
חֳדָשִׁים:
רִאשׁוֹן
הוּא לָכֶם,
לְחָדְשֵׁי
הַשָּׁנָה
« Ce
mois-ci est pour vous la tête des mois ; c'est le premier pour
vous pour les mois de l'année ».
Il rapporte une tradition orale qui interprète ce Posouq comme
voulant dire que cette question, la désignation des mois basée sur
l'observation de la nouvelle lune, a été confiée « à
vous »
- aux gens d'une stature et niveau d'autorité similaire à ceux de
Môshah et `aharôn.
Cette stature n'était atteinte que par les membres du Sanhédhrin et
par les Botté Dinim ayant reçu une autorité explicite par le
Sanhédhrin. En l'absence d'un Sanhédhrin, la Ra`iyoh
tombe donc en désuétude et est remplacé par le système de
Hashbôn.
Une base partielle de la position de Ribbénou est la Makhilto`
(le Midhrosh halakhique du Séphar Shamôth),
qui commente ceci sur ce Posouq : « Une
année embollismique n'est fixée que par le Béth Din Haggodhôl à
Yarousholayim ».
Ribbénou semble avoir compris cela comme ne s'appliquant pas
uniquement à la détermination d'une année embollismique, mais
aussi à celle des mois.
Mais
le Rambo''n n'est pas d'accord, et fait remarquer que les preuves
historiques attestent de l'inverse. Ribbénou lui-même6
écrit explicitement que le système de Ra`iyoh
resta en vigueur durant les temps talmudiques, jusqu'à la génération
des légendaires `ammôro`im `abbayé ז״ל
et
Rabbo` ז״ל.
D'après Ribbénou, qui exige la présence d'un Sanhédhrin faisant
autorité pour que s'applique le système de Ra`iyoh,
comment ce système aurait-il pu survivre trois siècles après le
déclin du Sanhédhrin ?
Nous
pouvons répondre à cette question de la manière suivante : en
général, le Sanhédhrin fonctionnait de deux façons différentes.
La plupart du temps, c'était l'instance religieuse suprême à qui
revenait la responsabilité de clarifier la Halokhoh
et les mesures législatives de façon à s'assurer que le peuple s'y
soumette et aussi pour préserver la loi de la Tôroh. Ces tâches et
celles qui leur ressemblent incombaient exclusivement et directement
au Sanhédhrin. Mais en plus de cela, nous trouvons que de temps en
temps le Sanhédhrin agissait non pas en tant qu'autorité suprême,
mais plutôt comme le représentant légal, ou halakhique, de la
nation. Ainsi, par exemple, lorsque Ribbénou décrit comment un
territoire peut obtenir le statut halakhique formel de « `aras
Yisro`él »
par rapport aux diverses lois agricoles qui ne s'appliquent qu'au
Pays, il exige que le dit-territoire ait été conquis par un roi ou
un prophète Juif מִדַּעַת
רֹב יִשְׂרָאֵל
« avec
le consentement de la majorité de Yisro`él ».7
Mais, ailleurs, lorsqu'il décrit le processus en question, il exige
le consentement du Béth Din.8
Ainsi, le Sanhédhrin, en plus, de sa fonction la plus courante
d'autorité légale suprême, servait également d'instance
représentative de la nation, parlant et décidant au nom de
l'ensemble du peuple Juif.
Nous
pouvons avancer que c'est cette deuxième fonction que remplissait le
Sanhédhrin lorsqu'il proclamait Rô`sh Hôdhash
et une année embollismique. En effet, un certain nombre de sources9
mentionnent « Yisro`él » - au lieu de seulement le Béth
Din – déclarant le nouveau mois. Le Talmoudh explique d'ailleurs
que c'est la raison pour laquelle la Barokhoh récitée durant le
Qiddoush et les prières de Yôm Tôv se conclut en décrivant HaShem
comme מקדש
ישראל והזמנים
« Celui
qui sanctifie Yisro`él et les temps ».
Nous mentionnons la sanctification de Yisro`él avant celle des temps
parce que c'est uniquement à travers la sanctification de Yisro`él,
peuple qui s'est vu accorder le droit de déclarer le début d'un
nouveau mois, qu'un certain jour reçoit son statut de sanctification
en tant que « Yôm
Tôv ».
Cela indique clairement que toute la nation, et pas seulement le
Sanhédhrin, s'est vue accorder la responsabilité de préserver le
calendrier.
Apparemment,
dans le domaine du Qiddoush Hahôdhash, le Sanhédhrin opère en tant
qu'instance représentative de l'entièreté de la nation. Comme dans
le cas d'une guerre livrée pour étendre les frontières du Pays, la
responsabilité repose essentiellement entre les mains des Bané
Yisro`él, mais au niveau pratique, c'est le Sanhédhrin qui exécute
la tâche.
Sur
la base de cette théorie, nous pouvons proposer une résolution
possible pouvant expliquer le maintien du Qiddoush ´al Pi Ra`iyoh
après le démantèlement du Sanhédhrin peu avant la destruction du
Bayith Shéni. Étant donné que le processus du Qiddoush ´al Pi
Ra`iyoh
est, fondamentalement, le devoir de l'intégralité de la nation, et
ne fut pas directement assigné au Sanhédhrin, il est possible que
ce rôle soit rempli par une instance représentative différente.
Même après la dissolution du Sanhédhrin, il resta en `aras
Yisro`él des Talmidhé Hakhomim
qui exercèrent une autorité halakhique sur l'entièreté de la
nation, et dans ce sens constituaient l'organe représentatif du
peuple Juif. Ils étaient par conséquent habilités à poursuivre le
système du Qiddoush ´al Pi Ra`iyoh.
Ce ne fut que durant la dernière partie de la période `ammoraïque,
à l'époque de `abbayé et Rabbo`, lorsque `aras Yisro`él ne
possédait plus une telle instance faisant autorité, que le Qiddoush
´al Pi Ra`iyoh
tomba en désuétude.
- Qiddoush Hahôdhash de nos jours
Ribbénou
écrit ceci dans son Mishnéh Tôroh10 :
זֶה
שֶׁאָנוּ מְחַשְּׁבִין בַּזְּמָן הַזֶּה
כָּל אֶחָד וְאֶחָד בְּעִירוֹ וְאוֹמְרִין
שֶׁרֹאשׁ חֹדֶשׁ יוֹם פְּלוֹנִי,
וְיוֹם
טוֹב בְּיוֹם פְּלוֹנִי--לֹא
בְּחֶשְׁבּוֹן שֶׁלָּנוּ אָנוּ קוֹבְעִין
וְלֹא עָלָיו אָנוּ סוֹמְכִין,
שְׁאֵין
מְעַבְּרִין שָׁנִים וְקוֹבְעִין
חֳדָשִׁים בְּחוּצָה לָאָרֶץ;
וְאֵין
אָנוּ סוֹמְכִין,
אֵלָא
עַל חֶשְׁבּוֹן בְּנֵי אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל
וּקְבִיעָתָם.
וְזֶה
שֶׁאָנוּ מְחַשְּׁבִין,
לְגַלּוֹת
הַדָּבָר בִּלְבָד
Ce
que nous calculons en cette époque-ci, chacun dans sa ville, et
disons que Rô`sh Hôdhash
est tel jour ou Yôm Tôv est tel jour – ce n'est pas sur base de
nos calculs que nous le déterminons, et ce n'est pas sur cela que
nous nous appuyons, car les années embollismiques et les mois ne
sont pas fixés en-dehors du Pays. Et nous ne nous appuyons que sur
le calculs des habitants de `aras
Yisro`él et leur détermination. Et ce que nous calculons sert
uniquement à dévoiler la chose.
Ces
commentaires pourraient être classés comme faisant partie des
passages les plus difficiles et obscurs du Mishnéh Tôroh, car ils
sont troublés bon nombre de rabbins à travers les siècles.
Ribbénou affirme ici que les Juifs vivant en-dehors de `aras
Yisro`él ne proclament pas Rô`sh Hôdhash
et les années embollismiques sur la base de leur supputation.
Plutôt, ils dépendent entièrement des communautés Juives de `aras
Yisro`él.
Ce sont elles qui déterminent quand tombe Rô`sh Hôdhash
et quand un treizième mois doit être ajouté, et c'est leur
supputation qui octroie formellement le dit-statut aux jours et aux
mois en question.
Déjà,
le Rambo''n, dans ses remarques, s'oppose aux remarques de Ribbénou,
se demandant à qui Ribbénou fait exactement référence quand il
parle de ceux qui déclarent les nouveaux mois en `aras
Yisro`él. Après tout, le système de Hashbôn
fut établi et implémenté des siècles plus tôt, par Hillél
Hannosi`. Pourquoi Ribbénou exige-t-il donc une déclaration
formelle même de nos jours, et qui en `aras
Yisro`él faisait de telles déclarations à son époque ?
La
position de Ribbénou a eu une attention considérable quelques
siècles plus tard, durant la fameuse « Controverse
sur la Samikhoh »
qui survint en `aras Yisro`él au début du 16ème
siècle. Les deux Talmidhé Hakhomim impliqués dans ce débat agité
– Ribbénou Ya´aqôv
Bérav de Saphoth
et Ribbénou Léwi ban Haviv
de Yarousholayim
– rapportèrent les propos de Ribbénou dans leurs tentatives
d'appuyer leurs positions respectives concernant la possibilité de
restaurer formellement la Samikhoh
qui avait été interrompu quelques siècles auparavant. Beaucoup ont
tenté d'interpréter les propos de Ribbénou, mais leur sens reste
un mystère jusqu'à nos jours !
1Shamôth
12:2
2Miswath
´aséh 153
3Hilkôth
Qiddoush Hahôdhash 5:2
4Baré`shith
Rabboh 72:18
5Hilkôth
Qiddoush Hahôdhash 5:1
6Ibid.,
5:3
7Hilkôth
Taroumôth 1:2
8Hilkôth
Malokhim Oumilhomôth 5:6
10Hilkôth
Qiddoush Hahôdhash 5:13