Raison et origine de la bénédiction sur l'allumage des lampes de Shabboth

ב״ה

Raison et origine de la bénédiction sur l'allumage des lampes de Shabboth

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Question :

Le Talmoudh ne fait pas mention de la moindre bénédiction à faire pour l'allumage des lampes de Shabboth. Quelle est l'origine de cette bénédiction, et pourquoi la faisons-nous ?

Réponse :

Voilà une excellente question !

Dans son Mishnéh Tôroh, le Ramba''m ז״ל tranche ceci¹ :

Et on a l'obligation de bénir avant l'allumage « ...`ashar Qiddashonou Bamiswôthow Wasiwwonou Lahadhliq Nér ShallaShabboth », de la même manière que l'on bénit sur toutes choses qui ont été imposées à partir des paroles des Scribes.

וְחַיָּב לְבָרַךְ קֹדֶם הַדְלָקָה, אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ לְהַדְלִיק נֵר שֶׁלַּשַּׁבָּת--כְּדֶרֶךְ שֶׁמְּבָרֵךְ עַל כָּל הַדְּבָרִים שְׁהוּא חַיָּב בָּהֶם מִדִּבְרֵי סוֹפְרִים

Il convient d'effectivement signaler que cette bénédiction rapportée par le Ramba''m n'est mentionnée nulle part dans le Talmoudh, et même à l'époque des Ga`ônim, ce n'était pas une pratique universellement acceptée de bénir pour l'allumage d'une lampe de Shabboth. D'ailleurs, une telle bénédiction ne se retrouve ni dans le Siddour du Rov ´amrom Go`ôn ז״ל, ni dans celui du Rov Sa´adhyoh Go`ôn ז״ל, qui rédigèrent les premiers Siddourim reprenant toutes les prières et bénédictions de toute l'année. Mais du temps du Ramba''m, elle avait déjà été adoptée dans toutes les communautés juives.

La raison pour laquelle le Talmoudh ne rapporte aucune bénédiction pour cet allumage est assez simple à comprendre : le Talmoudh explique très clairement que cette Miswoh fut instituée par nos Sages tout simplement afin que les gens ne restent pas dans le noir la nuit de Shabboth, ce qui pourrait amener à se cogner, à casser des objets, etc., et ne contribuerait donc pas à la joie et au plaisir que l'on doit ressentir à Shabboth. (Voir l'article intitulé « Pourquoi allumons-nous les bougies de Shabboth ? ».) Les lampes et leurs combustibles coûtaient assez chers dans les temps talmudiques, et cela avait pour conséquence que durant la semaine, les gens ne tardaient pas à aller se coucher à la tomber de la nuit (approximativement une demi-heure après la tomber de la nuit, il n'y avait généralement plus personne dans les rues, et les gens étaient au lit) pour économiser leurs combustibles. Mais la veille de Shabboth et des fêtes, afin de pouvoir rester éveillé plus longtemps, pour le repas de Shabboth, raconter des histoires à table, chanter, partager des Divré Thôroh ou étudier plus longtemps la nuit, les gens utilisaient plus de combustible et allaient se coucher plus tard que d'ordinaire, en raison du plaisir de Shabboth. Puisque c'est une Miswoh qui fut instituée pour des raisons pratiques, une bénédiction ne fut pas instituée par nos Sages. (De la même manière, nous ne faisons pas de bénédiction pour un lavage des mains hygiénique, par exemple après être sorti des toilettes, mais seulement pour un lavage rituel, avant le Shama´ ou la prière.) Plus tard, après que le Talmoudh fut scellé, une raison spirituelle fut ajoutée à cette raison pratique, à savoir, qu'allumer une lampe pour Shabboth servait de préparation et d'honneur pour le Shabboth. (Voir le Chapitre 30 des Hilkôth Shabboth, qui rapporte cette seconde raison.) C'est alors qu'une bénédiction fut composée.

À notre époque, où nous nous éclairons à l'électricité, il est évident que l'allumage d'une lampe pour Shabboth n'a plus d'aspect pratique, et n'est fait que pour l'honneur et la préparation du Shabboth. De ce fait, il est approprié de faire la bénédiction.

Il existe une autre dimension de l'allumage des lampes de Shabboth à prendre en compte. Nous savons, à partir des Tashouvôth du Ramba''m, que le Ramba''m a beaucoup combattu les Karaïtes, qui était particulièrement influents en Égypte, où il vivait. Les Karaïtes n'acceptent pas la Tôroh Orale, et rejettent donc l'explication de nos Sages selon quoi, lorsque la Tôroh interdit d'allumer un feu, c'est uniquement l'allumer à Shabboth qui est interdit. Mais s'il a été allumé avant Shabboth et qu'on le laisse brûler seul pendant Shabboth, il n'y a aucun problème à jouir de sa lumière. Pour les Karaïtes, aucune Malo`khoh, même commencé avant Shabboth, ne peut se poursuivre pendant Shabboth, et ils passent donc le Shabboth dans le noir. Pour contrer l'affirmation de ces hérétiques, et renforcer la nature obligatoire de cette Miswoh, le Ramba''m insiste sur le fait qu'elle provient de nos Sages, et préconise donc, pour le démontrer, de faire une bénédiction avant d'allumer les lampes de Shabboth, comme on le ferait avant d'accomplir la moindre Miswoh rabbinique.

(Terminons en rappelant que toute bénédiction liée à l'accomplissement d'une Miswoh doit toujours être faite avant d'accomplir la Miswoh en question. La seule exception est l'immersion au Miqwah lorsqu'on était impur ou que l'on se converti, auquel cas la bénédiction de l'immersion sera faite après et pas avant l'immersion.)

1Hilkôth Shabboth 5:1