ב״ה
S'enivrer
à Pourim
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Tout
le monde connaît la Halokhoh qui stipule que l'on devrait s'enivrer
à Pourim, mais peu savent réellement ce qu'elle implique, ce
qu'elle permet et ce qu'elle interdit. Dans le monde juif actuel,
nous trouvons deux extrêmes sur ce sujet : ceux qui, d'un côté,
minimisent cette Halokhoh et vont jusqu'à l'interpréter d'une
manière qui n'est pas conforme à la Halokhoh, en disant, par
exemple, que l'on ne parle pas vraiment de s'enivrer, etc., et de
l'autre côté, ceux qui exagèrent et disent que l'on peut boire
sans limite jusqu'à tomber presque raide mort. Que dit donc
réellement la Halokhoh à ce sujet ?
Nous
allons tenter de répondre à cette question sans prendre de gants,
ni suivre ces deux extrêmes, mais en citant simplement et en
analysant ensemble ce que la Halokhoh dit réellement.
- L'obligation de s'enivrer à Pourim
Le
Ramba''m ז״ל
cite
l'obligation de s'enivrer à Pourim dans le contexte de son
exposition de la Miswoh de se réjouir à Pourim. Il écrit1 :
14.
Il est une Miswoh
de faire du quatorze [`adhor] pour les habitants des villes non
fortifiées, et du quinze [`adhor] pour les habitants des villes
fortifiées, des jours de boisson et de joie,
et d’envoi de nourriture aux prochains et de dons aux pauvres.
Et il est permis de travailler ces jours-là, quoi qu'il n'est pas
recommandé de le faire. Les Sages ont dit2 :
« Quiconque travaille le jour de Pourim ne verra
pas de signe de bénédiction ».
|
יד מִצְוַת
יוֹם אַרְבָּעָה עָשָׂר לִבְנֵי
כְּפָרִים וַעֲיָרוֹת,
וְיוֹם
חֲמִשָּׁה עָשָׂר לִבְנֵי כְּרָכִים--לִהְיוֹת
יְמֵי מִשְׁתֶּה וְשִׂמְחָה,
וּמִשְׁלוֹחַ
מָנוֹת לָרֵעִים וּמַתָּנוֹת
לָאֶבְיוֹנִים.
וּמֻתָּר,
בַּעֲשִׂיַּת
מְלָאכָה;
וְאַף
עַל פִּי כֵן,
אֵין
רָאוּי לַעֲשׂוֹת בּוֹ מְלָאכָה:
אָמְרוּ
חֲכָמִים,
כָּל
הָעוֹשֶׂה מְלָאכָה בְּיוֹם פּוּרִים,
אֵינוּ
רוֹאֶה סִימָן בְּרָכָה
|
15.
Les habitants des villages
qui anticipent et lisent lundi ou jeudi, s'ils distribuent aux
pauvres le jour de leur lecture, ils sont quitte. Mais la boisson
et la réjouissance ne peuvent avoir lieu que le quatorze, et ceux
qui les anticipent ne sont pas quitte. Et
le repas de Pourim qu'on réalise dans la nuit ne rend pas quitte
de son obligation.
|
טו בְּנֵי
כְּפָרִים שֶׁקִּדְּמוּ וְקָרְאוּ
בַּשֵּׁנִי אוֹ בַּחֲמִישִׁי--אִם
חִלְּקוּ מָעוֹת לָאֶבְיוֹנִים בְּיוֹם
קְרִיאָתָן,
יָצְאוּ;
אֲבָל
הַמִּשְׁתֶּה וְהַשִּׂמְחָה,
אֵין
עוֹשִׂין אוֹתָהּ אֵלָא בְּאַרְבָּעָה
עָשָׂר,
וְאִם
הִקְדִּימוּ,
לֹא
יָצְאוּ.
וּסְעוֹדַת
פּוּרִים שֶׁעֲשָׂאָהּ בַּלַּיְלָה,
לֹא
יָצָא יְדֵי חוֹבָתוֹ
|
16.
Quelle est donc l'obligation
d'un repas ? On doit manger de la viande et préparer un
repas attirant, selon ses possibilités. Et
on doit boire du vin jusqu'à ce qu'on s'enivre et qu'on s'endorme
par son ivresse.
|
טז כֵּיצַד
חוֹבַת סְעוֹדָה זוֹ--שֶׁיֹּאכַל
בָּשָׂר וִיתַקַּן סְעוֹדָה נָאָה,
כְּפִי
אֲשֶׁר תִּמְצָא יָדוֹ;
וְשׁוֹתֶה
יַיִן,
עַד
שֶׁיִּשְׁתַּכַּר וְיֵרָדֵם בְּשִׁכְרוּת
|
La
première chose qu'il convient de noter est que, selon la Halokhoh,
l'obligation de s'enivrer à Pourim fait partie de l'obligation du
repas de Pourim. Il n'y a aucune justification, ni aucune Miswoh,
de boire jusqu'à l'ivresse en-dehors du contexte du repas halakhique
de Pourim. D'ailleurs, voici ce qui est dit au sujet de l'ivresse en
général et de ceux qui boivent du vin en-dehors des repas3 :
Quand
le sage boit du vin, il n'en boit que pour alléger la nourriture
qui est dans son estomac. Et
quiconque s'enivre, celui-là est un pécheur, quelqu'un
d'obscène, et il perdra sa sagesse. Et
s'il s'enivre en présence des ´amé Ho`oras,
celui-là profane le Nom.
Et il est interdit de boire dans
l'après-midi, et même un petit peu, sauf si cela est pris en
association avec la nourriture, car ce qui est pris en association
avec la nourriture n'enivre pas. Et nous n'évitons que le vin qui
est pris après le repas.
|
כְּשֶׁהֶחָכָם
שׁוֹתֶה יַיִן,
אֵינוּ
שׁוֹתֶה אֵלָא כְּדֵי לִשְׁרוֹת אֲכִילָה
שֶׁבְּמֵעָיו.
וְכָל
הַמִּשְׁתַּכֵּר,
הֲרֵי
זֶה חוֹטֶא וּמְגֻנֶּה וּמַפְסִיד
חָכְמָתוֹ;
וְאִם
מִשְׁתַּכֵּר בִּפְנֵי עַמֵּי הָאָרֶץ,
הֲרֵי
זֶה חִלַּל אֶת הַשֵּׁם.
וְאָסוּר
לִשְׁתּוֹת בַּצָּהֳרַיִם וְאַפִלּוּ
מְעַט,
אֵלָא
אִם הָיָה בִּכְלַל הָאֲכִילָה,
שֶׁהַשְּׁתִיָּה
שֶׁבִּכְלַל הָאֲכִילָה אֵינָהּ
מְשַׁכֶּרֶת,
וְאֵין
נִזְהָרִין אֵלָא מִיַּיִן שֶׁלְּאַחַר
הַמָּזוֹן
|
Cela
ne nécessite aucun commentaire, tellement la chose est claire !
Le TaNa''Kh regorge de versets qui mettent en garde contre l'ivresse,
et l'abondance de versets sur ce sujet indique clairement que c'est
un très grave péché ! Puisse HaShem ית׳
nous
en éloigner le plus loin possible !
Revenons
à notre sujet. Puisque le Ramba''m précise clairement que la Miswoh
du repas de Pourim ne peut pas être accomplie la nuit, et étant
donné que l'obligation de s'enivrer n'est rien d'autre qu'une partie
de l'obligation d'avoir un repas festif à Pourim, il s'en suit qu'il
n'y a aucune justification halakhique au fait de s'enivrer la nuit
de Pourim, contrairement à ce que font de nombreux Juifs
aujourd'hui ! En d'autres mots, la nuit de Pourim, nous devons
boire modérément, comme pour les autres jours de l'année. C'est
seulement durant la journée de Pourim, après avoir lu la Maghilloh,
que l'on pourra boire jusqu'à l'ivresse lorsqu'on prendra le
deuxième repas de fête (le premier étant celui de la veille au
soir). La raison à cela est très simple : c'est durant la
journée du 14 `adhor, et non durant la nuit, que les Israélites
vainquirent leurs ennemis Perses. Par conséquent, la Miswoh
se réalisera durant la journée de Pourim, et non la nuit (la veille
au soir), contrairement à toutes nos autres fêtes dont nous
commençons la célébration dès la veille au soir.
Troisièmement,
nous pouvons remarquer que l'obligation de s'enivrer à Pourim ne
peut être accomplie qu'avec du vin. La Halokhoh ne parle pas
de מַשׁקֶה
« Mashqah »,
qui est le terme employé pour désigner les liqueurs fortes, qu'il
est permis de boire lors des Yomim Tôvim, comme nous l'a dit la
Tôroh elle-même. Ainsi, bien qu'il soit permis de boire des
liqueurs fortes à Pésah, Shovou´ôth, Soukkôth et toute
autre occasion joyeuse, la Miswoh de s'enivrer à Pourim ne se
réalise qu'avec du vin, et non de la bière, ni du scotch, ni
de la vodka, ni de la tequilah, ni aucune autre sorte de liqueur
forte. C'est une particularité de Pourim, car le vin a joué un rôle
central dans le miracle, puisque c'est au cours d'un banquet qui en
contenait que la Reine `astér ע״ה
a
révélé à `ahashwérôsh le plan machiavélique de Homon
ימש״ו.
C'est aussi à la suite d'un banquet dans lequel fut servi du vin que
`ahashwérôsh répudia Washti. Et c'est à nouveau lors d'un
banquet contenant du vin que la Reine `astér fut choisie pour
nouvelle reine de l'empire perse. Par conséquent, nos Sages ont
institué que la Miswoh ne soit accomplie qu'avec du vin,
et rien d'autre ! Ceux qui s'enivrent avec de la vodka et
d'autres sortes de liqueurs n'accomplissent, en réalité, pas du
tout leur obligation !
- La mesure de l'ivresse
La
question la plus pratique à se poser est celle-ci : que veut
dire le Ramba''m par « ivresse » ? Jusqu'à quel
point doit-on être « ivre » ?
Le
terme employé par le Ramba''m pour désigner quelqu'un qui est ivre
est le mot hébreu bien connu de שִׁכּוֹר
« Shikkôr ».
La définition de ce terme se retrouve dans la Halokhoh suivante du
Mishnéh Tôroh4 :
Celui
qui est ivre (Shikkôr) ne doit pas prier, car il n'a pas de
Kawwonoh. Et s'il prie, sa prière est une abomination. Par
conséquent, il doit recommencer et prier quand il sera débarrassé
de son ivresse. Celui qui est éméché (Shothouy) ne doit pas
prier. Et s'il prie, sa prière est une prière. Quand est-on
considéré « ivre » (Shikkôr) et quand est-on
considéré « éméché » (Shothouy) ? Est ivre
celui qui ne sait pas parler en présence du roi, et est éméché
celui qui peut parler en présence du roi et ne s'embarrasse pas.
Néanmoins, étant donné qu'il a bu une Ravi´ith de vin, il ne
doit pas prier tant que son vin ne l'a pas quitté.
|
שִׁכּוֹר--אַל
יִתְפַּלַּל,
מִפְּנֵי
שְׁאֵין לוֹ כַּוָּנָה;
וְאִם
הִתְפַּלַּל,
תְּפִלָּתוֹ
תּוֹעֵבָה--לְפִיכָּךְ
חוֹזֵר וּמִתְפַּלֵּל,
כְּשֶׁיִּתְרוֹנֵן
מִשִּׁכְרוּתוֹ.
שָׁתוּי,
אַל
יִתְפַּלַּל;
וְאִם
הִתְפַּלַּל,
תְּפִלָּתוֹ
תְּפִלָּה.
אֵיזֶה
הוּא שִׁכּוֹר,
וְאֵיזֶה
הוּא שָׁתוּי--שִׁכּוֹר,
זֶה
שְׁאֵינוּ יָכוֹל לְדַבַּר בִּפְנֵי
הַמֶּלֶךְ;
וְשָׁתוּי,
שֶׁיָּכוֹל
לְדַבַּר בִּפְנֵי הַמֶּלֶךְ וְאֵינוּ
מִשְׁתַּבֵּשׁ.
אַף
עַל פִּי כֵן,
הוֹאִיל
וְשָׁתָה רְבִיעִית יַיִן--לֹא
יִתְפַּלַּל,
עַד
שֶׁיָּסוּר יֵינוֹ מֵעָלָיו
|
Selon
la Halokhoh, cela ne demande pas beaucoup d'alcool pour atteindre le
niveau de « Shikkôr ». Dès que quelqu'un atteint l'état
d'ébriété dans lequel ses inhibitions diminuent au point qu'il
pourrait dire quelque chose de stupide, et serait donc embarrassé de
parler devant un roi (quelqu'un d'important), il a dépassé le stade
de « Shothouy » pour pénétrer dans le domaine du
« Shikkôr ».
- Au-delà de l'ivresse
À
ce stade-ci de notre analyse, quelqu'un pourrait objecter en disant
que le Ramba''m ne dit pas seulement qu'on a l'obligation de boire
jusqu'à être « Shikkôr », mais qu'il doit aussi boire
jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Certains vont jusqu'à dire que
selon le Ramba''m, il faut boire jusqu'à tomber raide mort !
Une
lecture minutieuse du Ramba''m révèle tout de suite qu'une telle
interprétation est tout simplement mensongère. Le Ramba''m dit
précisément ceci : וְשׁוֹתֶה
יַיִן,
עַד
שֶׁיִּשְׁתַּכַּר וְיֵרָדֵם בְּשִׁכְרוּת
« Washôthah
Yayin ´adh Shayyishtakkar Wayérodhém Bashikhrouth – Et on doit
boire du vin jusqu'à ce qu'on s'enivre et qu'on s'endorme par son
ivresse ». Le
Ramba''m emploie le terme יֵרָדֵם
« Yérodhém »,
qui signifie « tomber dans un sommeil profond ». Le sens
de cette expression est claire lorsqu'on prend la peine de voir
comment le Ramba''m l'utilise dans d'autres contextes.
Si
le Ramba''m voulait dire que l'on doit s'enivrer jusqu'à ce qu'on
tombe raide mort, ou que l'on perde le contrôle de soi, il aurait
formulé cette Halokhoh différemment. Comment le savons-nous ?
Parce que le Ramba''m emploie une expression halakhique spécifique,
mentionnée dans le Talmoudh lui-même, pour désigner l'ivresse
jusqu'au point d'être inconscient ou jusqu'à perdre connaissance,
et cette expression est שִׁכְרוּתוֹ
שֶׁלְּלוֹט
« Shikhrouthô
ShallaLôt – l'ivresse de Lôt », comme dans la Halokhoh
suivante5 :
[Si
quelqu'un qui est] ivre sanctifie [une femme dans le but de
l'épouser], sa sanctification a valeur de Qiddoushin, et même
s'il est très ivre. Mais s'il atteint l'ivresse de Lôt
(Shikhrouthô ShallaLôt), sa sanctification n'a pas de valeur de
Qiddoushin, et il convient de se pencher davantage sur ce sujet.
|
שִׁכּוֹר
שֶׁקִּדַּשׁ--קִדּוּשָׁיו
קִדּוּשִׁין,
וְאַף
עַל פִּי שֶׁנִּשְׁתַּכַּר הַרְבֵּה.
וְאִם
הִגִּיעַ לְשִׁכְרוּתוֹ שֶׁלְּלוֹט,
אֵין
קִדּוּשָׁיו קִדּוּשִׁין;
וּמִתְיַשְּׁבִין
בְּדָבָר זֶה
|
Il
y a donc trois niveaux qui ne sont absolument pas identiques, et les
voici par ordre croissant :
- Shothouy – être éméché
- Shikkôr – être ivre
- Shikhrouthô ShallaLôt – l'ivresse de Lôt.
Nous
savons que « l'ivresse de Lôt » fait référence à un
état d'ébriété au point de l'inconscience, au point de ne plus
vraiment savoir ce que l'on fait, puisque c'est la Tôroh elle-même
qui nous dit ceci6 :
Elles
firent boire du vin à leur père cette même nuit; la fille aînée
vint partager sa couche et il ne la reconnut point lorsqu'elle se
coucha ni lorsqu'elle se leva.
|
וַתַּשְׁקֶיןָ
אֶת-אֲבִיהֶן
יַיִן,
בַּלַּיְלָה
הוּא;
וַתָּבֹא
הַבְּכִירָה וַתִּשְׁכַּב אֶת-אָבִיהָ,
וְלֹא-יָדַע
בְּשִׁכְבָהּ וּבְקוּמָהּ
|
Si
le Ramba''m voulait dire qu'on a l'obligation de boire jusqu'à
tomber raide mort ou être inconscient, il aurait alors dit que
l'obligation consistait à « boire du vin jusqu'à ce
qu'on atteigne l'ivresse de Lôt et qu'on soit inconscient ».
Mais ce n'est pas ce qu'il a dit. Plus encore, dans les lois
relatives au vœu de Naziréat, il est clairement sous-entendu qu'il
est impossible qu'HaShem ית׳
puisse
donner une Miswoh
qui nécessite d'atteindre le niveau de l'ivresse de Lôt,
car toute personne qui atteint ce niveau ne peut être considéré
comme un « Bar Miswôth »,
c'est-à-dire, quelqu'un de respectueux des Miswôth
de la Tôroh !7
HaShem ne peut pas demander de s'enivrer jusqu'à ce point ! Ce
n'est pas un comportement digne, et toute personne qui le fait n'a
pas d'attache avec la Tôroh et ses Miswôth !
Donc, il est clair et évident que rien ne justifie de boire jusqu'à
être inconscient, jusqu'à être raide mort, jusqu'à ce ne plus
savoir ce que l'on fait, que ce soit à Pourim ou le reste de
l'année. Ceux qui agissent ainsi font un Hilloul
HaShem ! Et ils sont malheureusement nombreux à le faire !
Il n'est pas rare de voir dans les quartiers hassidiques
de Jérusalem et d'ailleurs des Juifs avec Pé`ôth, barbe et
chapeau, dormir carrément par terre, et se comporter comme des
idiots ou des sauvages, tellement leur état d'ébriété à Pourim
est lamentable. Rien, absolument rien, ne le justifie !
- Boire de façon sauvage
On
pourrait objecter à tout cela en disant : « Peut-être
que le Ramba''m ne parle que du niveau minimum d'ébriété à
atteindre à Pourim, et non du niveau maximum. Peut-être qu'on
pourrait dire qu'au plus on boit, au mieux est réalisée la Miswoh,
étant donné que l'état de joie n'en est que renforcé et qu'il est
un devoir d'être joyeux ».
Le
Ramba''m traite de cet argument, et condamne sans équivoque ceux qui
tiennent un tel raisonnement. Voici ce qu'il écrit8 :
Quand
un homme mange, boit et se réjouit lors d'une fête, qu'il ne
soit pas attiré par le vin, la plaisanterie et la légèreté, en
disant : « Quiconque ajoute dans ces activités-là
augmente [son accomplissement] de la Miswoh [de se
réjouir] », car l'ivresse, la
plaisanterie et la légèreté ne sont pas de la joie, mais de la
débauche et un comportement imbécile. Et il ne nous a pas été
ordonné de nous adonner à la débauche et à un comportement
imbécile, mais plutôt de nous adonner à la joie qui contient
l’adoration du Créateur de tout, car il est dit9 :
« parce que vous n'avez pas servi HaShem, votre Dieu,
dans la joie et bonté de cœur ». Tu apprends donc que
le culte [du Créateur] se fait dans la joie. Et
il est impossible de servir HaShem au milieu de la plaisanterie,
ni au milieu de la légèreté, ni au milieu de l'ivresse.
|
כְּשֶׁאָדָם
אוֹכֵל וְשׁוֹתֶה וְשָׂמֵחַ בָּרֶגֶל,
לֹא
יִמָּשֵׁךְ בַּיַּיִן וּבַשְּׂחוֹק
וּבְקַלּוּת רֹאשׁ וְיֹאמַר שֶׁכָּל
שֶׁיּוֹסִיף בְּזֶה יַרְבֶּה בַּמִּצְוָה,
שֶׁהַשִּׁכְרוּת
וְהַשְּׂחוֹק הַרְבֶּה וְקַלּוּת
הָרֹאשׁ,
אֵינָהּ
שִׂמְחָה אֵלָא הוֹלֵלוּת וְסִכְלוּת.
וְלֹא
נִצְטַוִּינוּ עַל הַהוֹלֵלוּת
וְהַסִּכְלוּת,
אֵלָא
עַל הַשִּׂמְחָה שֶׁיֵּשׁ בָּהּ עֲבוֹדַת
יוֹצֵר הַכֹּל,
שֶׁנֶּאֱמָר
"תַּחַת,
אֲשֶׁר
לֹא-עָבַדְתָּ
אֶת-ה'
אֱלֹהֶיךָ,
בְּשִׂמְחָה,
וּבְטוּב
לֵבָב"
(דברים
כח,מז),
הַא
לָמַדְתָּ שֶׁהָעֲבוֹדָה בְּשִׂמְחָה.
וְאֵי
אִפְשָׁר לַעֲבֹד אֶת ה'--לֹא
מִתּוֹךְ שְׂחוֹק,
וְלֹא
מִתּוֹךְ קַלּוּת רֹאשׁ,
וְלֹא
מִתּוֹךְ שִׁכְרוּת
|
Là
encore, aucun commentaire n'est nécessaire !
Comme
nous l'avons dit plus haut dans le contexte de la prière, si
quelqu'un tente de servir Dieu en priant dans un état d'ébriété,
sa prière n'est non seulement pas valable, mais elle est en plus
considérée être une abomination. Il ne fait aucun doute que nos
Sages et le Ramba''m se seraient opposés aux ivresses sauvages dont
nous sommes témoins à notre époque. Pourim est une fête de joie,
et le Ramba''m insiste sur le fait que l'ivresse est contraire au
concept toranique de la joie. La raison à cela est claire :
notre lien avec HaShem se fait au niveau de l'intellect, avec
Kawwonoh, et dans un état dénué d'intellect (quand on est ivre) il
est impossible de servir HaShem. Les Juifs doivent servir HaShem avec
raison, l'intellect ; se mettre dans une situation où l'on perd
la raison et ne réfléchit plus est donc tout sauf de l'adoration de
Dieu ! Par conséquent, même les ivresses qui ont lieu à
Simhath Tôroh sont contraires à la Halokhoh, puisque Pourim
est en réalité le seul jour de l'année où il nous est permis de
boire un peu plus que d'habitude, au point de « s'enivrer »,
et nous avons défini plus haut ce que cela signifiait. S'enivrer à
Pourim ne peut se faire qu'à l'intérieur du cadre et des limites
halakhiques que nous avons vus ensemble. Mais lors d'un Yôm Tôv,
comme Pésah ou encore Simhath Tôroh, il n'y a
absolument aucune permission de s'enivrer, et celui qui est ivre un
jour de Yôm Tôv autre que Pourim est un transgresseur de la Miswoh
de se réjouir à Yôm Tôv !
Il
convient de noter que plusieurs dirigeants religieux de gros calibre
ont dénoncé et condamné les gens qui s'enivraient excessivement à
Pourim ou les jours de Yôm Tôv. Toutes ces autorités qui ont
condamné le Hilloul HaShem dont nous sommes témoins,
notamment et principalement dans les communautés
hassidiques, étaient des gens qui se levaient pour l'honneur
de la Tôroh et le respect de la Halokhoh !
- Préserver sa vie
Il
est inutile de dire que si quelqu'un sait qu'il ne sera pas capable
de limiter sa boisson aux exigences halakhiques, et qu'il y a de
grandes chances qu'il s'enivre excessivement et se mettra en danger
ou mettra les autres en danger, il a l'obligation de s'abstenir de
boire, tout simplement ! Le Ramba''m écrit d'ailleurs ceci10 :
Et
de même, tout obstacle qui contient un danger pour la vie, il est
une Miswoh Positive de la retirer et de se préserver et de
s'abstenir grandement de ces choses, comme il est dit11 :
« Prends garde à toi et préserve ton âme ».
Et si quelqu'un ne retire pas et laisse les obstacles qui peuvent
causer un danger, il néglige une Miswoh Positive et
transgresse [la Miswoh] de « Ne verse pas de
sang »12.
|
וְכֵן
כָּל מִכְשׁוֹל שֶׁיֵּשׁ בּוֹ סַכָּנַת
נְפָשׁוֹת--מִצְוַת
עֲשֵׂה לְהָסִירוֹ וּלְהִשָּׁמֵר
מִמֶּנּוּ וּלְהִזָּהֵר בַּדָּבָר
יָפֶה יָפֶה,
שֶׁנֶּאֱמָר
"הִשָּׁמֶר
לְךָ וּשְׁמֹר נַפְשְׁךָ".
וְאִם
לֹא הֵסִיר,
וְהִנִּיחַ
הַמִּכְשׁוֹלוֹת הַמְּבִיאִין לִידֵי
סַכָּנָה--בִּטַּל
מִצְוַת עֲשֵׂה,
וְעָבַר
עַל :
לֹא-תָשִׂים
דָּמִים
|
Si
ne pas retirer de sa maison des choses dangereuses est une
transgression de ces deux Miswôth bibliques, à combien plus
forte raison si quelqu'un boit jusqu'à être un danger pour lui-même
(il met sa santé en danger) et/ou pour les autres ! Comme l'a
dit le Ramba''m13 :
שֶׁנֶּאֱמָר
בַּמִּצְווֹת,
"אֲשֶׁר
יַעֲשֶׂה אֹתָם הָאָדָם וָחַי בָּהֶם"
--וְלֹא
שֶׁיָּמוּת בָּהֶם « Au
sujet des Miswôth il a été dit14 :
''car l'homme qui les accomplira vivra par elle'', et non pas qu'il
mourra par elle ».
Signalons
aussi que celui qui ne supporte pas le vin n'a pas non plus
l'obligation d'en boire.
- Conclusion
En
conclusion, nous voyons que selon le Ramba''m et nos Sages, la Miswoh
de s'enivrer à Pourim ne consiste en rien d'autre que boire un peu
plus de vin que d'habitude lors du repas de Pourim, de façon à
s'endormir à cause d'avoir trop bu. Nulle part la Halokhoh ne permet
de « boire comme un trou », ou de faire des folies, ou
encore de boire jusqu'à en tomber raide mort, ou se trouver dans un
état d'inconscience, comme cela se fait de nos jours dans certains
milieux. En fait, faire des folies et s'enivrer jusqu'à
l'inconscience n'accomplit pas du tout l'obligation de se réjouir à
Pourim, mais est un grave péché et peut nuire à la santé de la
personne, le mettre dans une situation de danger, ou représenter un
danger pour les autres ! En outre, la Miswoh ne
s'accomplit qu'avec du vin, et non des liqueurs fortes telles que de
la vodka, du scotch, etc.
1Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Maghilloh Wahanoukkoh 2:14-16
2Maghilloh
5b
3Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Dé´ôth 5:5
4Hilkôth
Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 4:17
5Mishnéh
Tôroh, Hilkôth `ishouth 4:18
6Baré`shith
19:33
7Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Nazirouth 1:12
8Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Yôm Tôv 6:19
9Davorim
28:47
10Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Rôséah Oushamirath Nafash 11:5
11Davorim
4:9
12Ibid.,
22:8
13Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Yasôdhé Hattôroh 5:1
14Wayyiqro`
18:5