ב״ה
Shovou´ôth
L'expérience
de la Révélation au Sinaï
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Dans
la portion de Tôroh que nous lisons à l'occasion de Shovou´ôth
nous est décrit l'expérience unique et extraordinaire du מַעֲמַד
הַר סִינָי « Ma´amadh
Har Sinoy », la Révélation Divine qui s'est produite sur
le Mont Sinaï. Après cette Révélation et la proclamation des Dix
Commandements, les Israélites, qui étaient dans un état d'effroi
en raison de ce qu'ils avaient vu et entendu à cette occasion,
s'approchèrent de Môshah Rabbénou ע״ה
et
le supplièrent de lui seul écouter le reste des paroles de Dieu et
les leur transmettre. La réponse de Môshah Rabbénou fut
celle-ci1 :
|
Ne
craignez pas, car ce fut afin de vous éprouver que Dieu est venu
et afin que Sa crainte soit sur vos faces.
|
אַל-תִּירָאוּ,
כִּי
לְבַעֲבוּר נַסּוֹת אֶתְכֶם,
בָּא
הָאֱלֹהִים;
וּבַעֲבוּר,
תִּהְיֶה
יִרְאָתוֹ עַל-פְּנֵיכֶם
|
Il
semble, à première vue, difficile de comprendre comment cette
Révélation a bien pu servir à « éprouver » les Bané
Yisro`él. Normalement, une « épreuve » est donnée pour
déterminer la réponse de celui qui est testé, ce qui permettra
d'évaluer son niveau de connaissance, de fidélité, son caractère,
ses capacités, sa façon de se débrouiller, etc. Dans quel domaine
et dans quel but Dieu a-t-Il mis à l'épreuve les Bané Yisro`él
lorsqu'Il S'est révélé à eux ?
Le
Ramba''m ז״ל
traite
de cette question dans son Môréh Navoukhim2
et offre une interprétation assez novatrice de ce verset. Voici
comment il l'explique :
Ici donc, dans la
scène du Mont Sinaï, il leur dit ; Ne craignez rien, car ce
grand spectacle que vous avez vu a eu lieu uniquement pour que vous
pussiez, par votre propre vue, acquérir une conviction certaine, et
afin que, si HaShem votre Dieu, pour publier votre grande foi, vous
éprouvait par un faux prophète qui vous invitât à renverser ce
que vous avez entendu, vous restassiez fermes, sans broncher ;
car si je m'étais présenté à vous comme prophète, ainsi que vous
le vouliez, et si je vous eusse rapporté ce qui m'aurait été dit,
sans que vous l'eussiez entendu vous-mêmes, il se pourrait que vous
réputassiez vrai ce qui vous serait rapporté par un autre, quand
même il viendrait renverser ce que j'aurais annoncé, puisque vous
ne l'auriez pas entendu vous-mêmes dans ce spectacle.
Les
mises à l'épreuve par Dieu sont totalement différentes de la
conception humaine des épreuves. Dieu avait vu à l'avance que les
Bané Yisro`él seraient confrontés à des prophètes et idéologues
qui parleraient contre l'autorité de la Tôroh qu'ils ont reçue au
Mont Sinaï (comme le font notamment les chrétiens et les musulmans,
chacun à leur manière). L'événement du Ma´amadh Har Sinoy avait
pour but de fortifier les Bané Yisro`él par l'assurance et la foi
inébranlable en l'éternité et l'immutabilité de la Tôroh, afin
qu'ils puissent surmonter ces épreuves et ne pas céder aux
arguments des hérétiques et idolâtres qui tenteraient de les
détourner de la Tôroh. De ce fait, la Révélation au Sinaï ne
servait pas d'épreuve à proprement parler, mais plutôt à préparer
les Bané Yisro`él pour l'épreuve auquel ils seraient confrontés à
de nombreuses reprises au cours de leur histoire en raison de l'exil,
renforçant ainsi leur foi en la Tôroh.
Le
Ramba''m s'étend davantage sur le rôle du Ma´amadh Har Sinoy dans
son Mishnéh Tôroh3,
où il insiste sur le fait que notre acceptation de Môshéh Rabbénou
en tant que prophète et législateur de notre peuple n'était pas
basée sur les miracles qu'il a accomplis, mais sur la Révélation
ayant eu lieu au Sinaï. Le Ramba''m écrit que c'est à cette
occasion que les Bané Yisro`él ont entendu par eux-mêmes la voix
de Dieu convoquer Môshah Rabbénou et lui transmettre les Miswôth
à communiquer au peuple. De toute l'histoire de l'humanité, Môshah
Rabbénou est le seul prophète dont la qualité prophétique était
publique et explicitement affirmée par Dieu Lui-même, plutôt qu'à
travers la « preuve » douteuse d'un miracle ; son
autorité ne peut être, par conséquent, remise en question. C'est
pourquoi, étant donné que Môshah Rabbénou lui-même nous a
informé que la Tôroh qu'il nous a donnée ne sera jamais modifiée
ou abrogée, nous devons rejeter des deux mains tout prétendu
prophète (comme Mouhammad, que son nom et sa mémoire soient
effacés pour l'éternité) qui cherche à altérer les lois de la
Tôroh ou affirme (comme les chrétiens) qu'elles ne sont plus
contraignantes.
Le
Ramba''m discute à nouveau de ce thème dans son iggarath Témon
(« Épitre au Yémen », que j'ai intégralement traduit
et publié sur le blog), où il tente d'encourager et remonter le
moral des Juifs yéménites face aux persécutions religieuses et
souffrances qu'ils subissaient des musulmans. Il fait mention de
cette interprétation susmentionnée du verset, selon quoi le but de
la Révélation au Sinaï était d'affirmer la validité et autorité
éternelle de la Tôroh. Dans le fond, le Ramba''m disait aux Juifs
yéménites que l'événement du Ma´amadh Har Sinaï s'est produit
spécifiquement afin de nous préparer au genre de conditions qu'ils
enduraient, lorsque des gens ou des mouvements paraîtraient et
affirmeraient que les lois de la Tôroh ne sont plus contraignantes
ou ont été remplacées par d'autres ou modifiées, etc. Cet
événement démontre de façon irréfutable l'autorité de Môshah
Rabbénou (le père de tous les prophètes, aussi bien ceux qui l'ont
précédé que ceux qui l'ont suivi), qui lui-même a coupé court à
la possibilité d'une quelconque abrogation de la Tôroh. La
Révélation sert donc de pierre angulaire de la foi juive et est la
base de notre confiance inébranlable en l'autorité, pertinence et
importance continue des lois de la Tôroh, même face aux pressions
incessantes et pernicieuses qui nous sont imposées par d'autres
religions.
Puissions-nous
comprendre pendant Shouvou´ôth (qui est la fête du Don de notre
Tôroh) cette magnifique explication donnée par le Ramba''m ;
qu'elle puisse nous renforcer et sceller à jamais l'amour et
l'attachement que nous avons pour notre sainte Tôroh, au point de ne
plus douter ni accorder la moindre considération aux idéologies
étrangères !
1Shamôth
20:16
2Guide
des Égarés 3:24
3Hilkôth
Yasôdhé Hattôroh Chapitres 8 et 9
