ב״ה
Prier
sur les tombes des Saddiqim
Deuxième
Partie
Illustration :
cimetière juif du Mont des Oliviers
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- Pourquoi nous rendons-nous au cimetière ?
Le
Talmoudh explique la pratique courante de l'époque qui consistait à
visiter des tombes durant les périodes de sécheresse1 :
Pourquoi
se rendaient-ils au cimetière ? À ce sujet, il y a une
divergence d'opinion entre Rov Léwi bar Hamo`
et Rov Hanino`. L'un dit : « [Pour signifier
par-là que] nous sommes comme des morts devant Toi »,
et l'autre dit : « Afin que les morts intercèdent
pour la miséricorde en notre faveur ». Quelle est la
différence entre eux ? La différence se situe quant au fait
de se rendre dans les cimetières des idolâtres2.
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למה
יוצאין לבית הקברות פליגי בה ר'
לוי
בר חמא ור'
חנינא
חד אמר הרי אנו חשובין לפניך כמתים וחד
אמר כדי שיבקשו עלינו מתים רחמים מאי
בינייהו איכא בינייהו קברי
עכו"ם
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Rash''i
ז״ל
explique
cette Gamoro` : dans les implantations israélites de `aras
Yisro`él où il n'y avait pas de cimetières israélites, si la
raison pour laquelle on se rend dans un cimetière non israélite est
par besoin de s'humilier et d'imprégner notre conscience d'une
reconnaissance de la situation difficile dans laquelle on se trouve,
alors il n'y a pas de problème à cela. Mais si la raison consiste à
demander aux morts d'intercéder en notre faveur, il n'y a rien à
gagner à demander cela à des morts non Israélites, étant donné
qu'ils ne prient pas pour nous.
שֶׁבַע
תַּעְנִיּוֹת הָאֵלּוּ--כָּל
מָקוֹם שֶׁגּוֹזְרִין אוֹתָם שָׁם--אַחַר
שֶׁמִּתְפַלְּלִין,
יוֹצְאִין
כָּל הָעָם לְבֵית הַקְּבָרוֹת,
וּבוֹכִין
וּמִתְחַנְּנִים שָׁם:
כְּלוֹמַר,
הֲרֵי
אַתֶּם מֵתִים כְּאֵלּוּ,
אִם
לֹא תָשׁוּבוּ מִדַּרְכֵיכֶם
|
En
règle générale, le Ramba''m rapporte des décisions halakhiques
sans aborder la leçon morale qu'elles transmettent. Mais ici, il le
fait, étant donné qu'il rejette catégoriquement l'autre
explication mentionnée dans la Gamoro`, c'est-à-dire, visiter les
morts (Israélites ou pas) afin qu'ils prient pour nous. Puisque nous
voyons que son plus grand contradicteur, le Ra`ava''dh ז״ל,
n'objecte pas cette fois-ci, nous pouvons en déduire que le
Ra`ava''dh est également d'accord avec le Ramba''m sur ce point.
Le
Ramba''m n'a pas interdit par avis personnel de se rendre même dans
un cimetière israélite pour demander aux morts d'intercéder en
notre faveur. Son Pasaq s'appuie sur le Talmoudh Yarousholmi6,
qui ne donne qu'une seule raison pour laquelle nous devrions nous
rendre dans des cimetières : afin que cela nous enseigne
l'humilité. Bien que dans le Talmoudh Bavli il existe une divergence
d'opinion entre deux `ammôro`im, qui vivaient d'ailleurs à
Babylone, le Talmoudh Yarousholmi n'acceptait que la raison de
l'humilité. Il est une règle acceptée de tous (mais pratiquement
jamais appliquée au niveau pratique) que lorsqu'il existe une
divergence d'opinion dans le Talmoudh Bavli, alors qu'il n'y en a pas
dans le Talmoudh Yarousholmi, nous avons l'obligation de trancher en
suivant le Yarousholmi7,
car la communauté israélite palestinienne était beaucoup plus
uniforme que celle de Babylone, sans compter que la Palestine était
la terre du Sanhédhrin.
Rabbi
Yôséf Qa`rô ז״ל
recopia
mot pour mot, à la virgule près, les propos du Ramba''m dans son
Shoulhon ´oroukh8,
à savoir, que l'unique raison pour laquelle nous devons nous rendre
dans un cimetière, c'est afin d'imprégner d'humilité nos esprits.
Là aussi, tout comme pour le Ra`ava''dh avec le Ramba''m, le Ramo''`
ז״ל,
qui commenta tout le Shoulhon ´oroukh à l'adresse des
communautés `ashkanazim et indiqua toujours dans ses commentaires
les cas où les `ashkanazim suivaient des pratiques différentes de
celles préconisées par Rabbi Yôséf Qa`rô, ne dit rien du tout
sur cette règle, indiquant par-là son accord avec le Mahabbér
(surnom de Rabbi Yôséf Qa`rô). Lui non plus ne donne pas
d'autre raison pouvant légitimer le fait de se rendre dans un
cimetière.
Pour
résumer, nous avons là quatre des Pôsqim les plus importants (le
Ramba''m, le Ra`ava''dh, le Mahabbér et le Ramo''`) qui
rejettent catégoriquement l'opinion selon laquelle il est permis de
se rendre au cimetière pour demander aux morts de prier pour nous.
Mais
il nous reste encore à élucider les trois passages dans lesquels le
Talmoudh Bavli semble suggérer que la visite des cimetières a pour
but de demander aux morts de prier pour nous :
- Kalév ע״ה monta à Havrôn pour demander aux Patriarches, `avrohom ע״ה, Yishoq ע״ה et Ya´aqôv ע״ה de prier pour lui afin de le protéger du conseil des autres espions.9
- Rov Manni se rendait régulièrement sur la tombe de son père.10
- Un certain rabbin, dont le nom n'est pas donné, avait une faiblesse des yeux qui le rendait presque aveugle, et il se rendit sur la tombe de Rov Hiyo` pour demander son intervention.11
Tout
ce qui est écrit et rapporté dans le Talmoudh Bavli n'est pas bon à
prendre et ne représente pas nécessairement une Halokhoh. Ces trois
sources susmentionnées sont des אַגָּדוֹת
«`aggodhôth »,
qui ont pour but de nous enseigner des leçons morales, et non des
principes halakhiques. En fait, il est interdit de se baser sur la
`aggodhoh du Talmoudh (ou le Midhrosh) pour trancher une quelconque
loi ou permettre une quelconque pratique. C'est ainsi que HaZa''l
eux-mêmes ont dit12 :
« Nous n'apprenons pas [la Halokhoh] des
`aggodhôth ». Dans son
Môréh Navoukhim (Guide des Égarés), le Ramba''m s'oppose
catégoriquement aux Israélites qui prennent les `aggodhôth du
Talmoudh (et le Midhrosh) au sens littéral et en déduisent ce qu'il
faut faire ou ne pas faire. Et Rabbénou `avrohom ban HaRamba''m ז״ל
rapporte
que bon nombre de ces `aggodhôth étaient en fait des rêves
rapportés par les sages talmudiques. (Il y a effectivement beaucoup
d'histoires où il est clair, net et évident, qu'elles ne se sont
pas passées dans la réalité, comme l'histoire rapportée par le
Talmoudh d'un rabbin qui se fit décapiter par un autre le jour de
Pourim, tellement que ce dernier était ivre. Après son acte, il
pria HaShem ית׳
en
pleurs pour Lui demander pardon de ce qu'il avait fait dans son état
d'ébriété. HaShem ressuscita le rabbin décédé, qui fit le vœu
de ne plus jamais célébrer Pourim avec ce rabbin l'ayant décapité.
Le Talmoudh rapporte cette `aggodhoh pour sensibiliser les gens qui,
à cause de la Halokhoh qui préconise de boire beaucoup de vin à
Pourim, tomberaient dans des excès. Cette histoire n'était pas
réelle, et cela est évident.)
Le
Séfar Hakkouzari13
écrit que les éditeurs du Talmoudh ont inclus des `aggodhôth sans
toujours nous donner les clés pour déchiffrer les énigmes.
Le
Nôdha´ Biyhoudhoh14
ז״ל
rapporte
également les propos du Séfar Hakkouzari, et explique que c'est
précisément la raison pour laquelle HaZa''l
ont interdit de déduire la moindre Halokhoh du matériel `aggadique
de leurs enseignements.
Les
Ga`ônim (qui sont les rabbins qui se sont succédés à la tête des
principales Yashivôth de Babylone, entre 700 et 1000 de l'E.C., la
première chaîne de rabbins après la conclusion du Talmoudh, et
ceux qui précèdent les rabbins de l'ère des Ri`shônim) écrivent
également15 :
« La règle veut que l'on ne s'appuie pas sur la
`aggodhoh ». Le Ramba''m
le rapporte également dans l'introduction de son Commentaire sur la
Mishnoh.16
Il
convient d'être clair : les `aggodhôth enseignent des vérités
profondes qui ne sont, cependant, pas toujours évidentes pour ceux
qui les étudient, étant donné qu'elles sont rédigées dans des
codes généralement difficiles à déchiffrer. Prenons l'exemple de
la `aggodhoh suivante, mentionnée dans le Talmoudh17 :
Rabboh
bar bar Hannoh
a dit : « J'ai
vu une grenouille aussi grosse que la ville de `aqro` Haghrôniyo`,
qui compte au total soixante maisons. Un serpent est arrivé et l'a
avalée, ensuite un corbeau est arrivé et a avalé le serpent, puis
est monté s'asseoir dans un arbre. Imaginez à quel point l'arbre
devait être solide ! ».
Évidemment,
ce n'est ni une histoire réelle, ni un récit à prendre au sens
littéral. En outre, ce n'est pas tout le monde qui, en lisant cette
`aggodhoh, pourra parvenir à la comprendre. Le Maharsho''` ז״ל
nous
explique le sens de cette `aggodhoh : tout
comme Doniyé`l Hannovi` ע״ה
reçut
une vision des empires successifs qui régneraient sur le monde sous
la forme de bêtes sauvages, de même, Rabboh bar bar Hannoh
ז״ל
s'est
vu accorder une vision d'animaux qui servaient de métaphores pour
les empires qui allaient se succéder depuis l'époque du Second Béth
Hammiqdosh jusqu'à la venue du
Moshiah
(puisse-t-il paraître prochainement, et de nos jours).
La grenouille symbolise la Macédoine et la Grèce, le serpent
symbolise Rome, et le corbeau (dont le Talmoudh
précise
qu'il était de sexe féminin) est Yishmo´`él. Le corbeau est un
oiseau impur, et il était de sexe féminin pour symboliser le fait
que Yishmo´`él provenait d'une femme non Israélite, Haghor (mais
aussi parce que Yishmo´`él sera plus bon à l'égard des Israélites
que n'importe laquelle des nations nous ayant dominé). « Le
corbeau monta et se posa sur un arbre »
signifie que Yishmo´`él est monté et a conquis `aras
Yisro`él
et
s'est installé là, par le mérite de son père, `avrohom18,
à
qui HaShem a promis de faire de Yishmo´`él une grande nation19.
De tous les peuples ayant un jour conquis `aras
Yisro`él,
il n'y a que Yishmo´`él qui soit resté en Terre Sainte ! Les
Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Romains et les Anglais ont
tous quitté la Terre Sainte, et aucun d'eux n'est resté aussi
longtemps en Terre Sainte que Yishmo´`él. Cela en dit beaucoup !
Cela fait donc dire au Maharsho''`
que
le mérite acquis par Yishmo´`él à travers `avrohom `ovinou est
énorme, car Yishmo´`él contrôlera `aras
Yisro`él
et
de nombreuses autres terres jusqu'à l'époque de la Rédemption
Messianique !
De
même, il ne faut pas accepter littéralement les passages
`aggadiques qui disent que Rivqoh `imménou ע״ה
n'avait
que trois ans lorsqu'elle a épousé Yishoq
`ovinou. Nous pourrions citer des milliers d'exemples.
Tous
ces passages ne peuvent, par conséquent, être employés dans des
décisions halakhiques. Si l'on retire donc les trois passages
talmudiques susmentionnés, il ne nous reste plus que le seul passage
halakhique de Ta´anith 16b,
et là, nous voyons que l'écrasante majorité des Pôsqim de premier
plan se sont appuyés sur le Yarousholmi, qui s'oppose à
l'explication selon laquelle on pourrait visiter des cimetières pour
demander aux morts leur intercession en notre faveur.
1Ta´anith
16a
2Dans
certaines versions « les cimetières des Gôyim »
3Hilkôth
Ta´aniyôth 4:17
4Lorsqu'il
y a une sécheresse, la Halokhoh préconise l'institution de sept
jeûnes consécutifs pour supplier HaShem de faire tomber la pluie.
Ces jeûnes auront lieu lundi, jeudi, lundi, jeudi, lundi, jeudi et
lundi. Après cela, si la pluie n'est toujours pas tombée, seuls
les plus pieux continuent à jeûner, tandis que le reste de la
communauté n'en a plus l'obligation
5À
la synagogue
6Ta´anith
2:1
7Yadh
Malokhi, 2ème Partie, Kalalé Shané Hattalmoudhim, 9ème sujet
8`ôrah
Hayim 579:3
9Sôtoh
34b
10Ta´anith
23b
11Bavo`
Masia´ 85b
12Talmoudh
Yarousholmi, Pé`oh Chapitre 2, à la fin de la Halokhoh 4
13À
la fin du Ma`amor 3
14Shou''th
Tinyono`, Yôréh Dé´oh, Responsa 16
15`ôsar
Hagga`ônim, Barokhôth, page 91, Paroushim 271 ; `ôsar
Hagga`ônim, Haghighoh,
page 60, Paroushim 69
16LeSadhé
Hamadh (Kalalim, `alaf, sujet 95) rapporte toute une
liste d'autres rabbins de grande stature qui sont d'accord sur cette
règle
17Bavo`
Bathro` 73b
18Un
Saddiq est comparé à un arbre ; voir Bamidhbor
13:20.
19Baré`shith
17:20