ב״ה
Pourquoi
allumons-nous les bougies de Shabboth ?
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- Introduction
À
la lumière de ce qui a été dit dans l'article intitulé « Quand
commence et se termine le Shabboth ? », à savoir,
que le Shabboth commence indépendamment du fait qu'on ait désiré
ou pas l'accepter sur soi, car il entre dès l'instant où le soleil
amorce son coucher (l'heure que l'on appelle « Shaqi´oh »),
et que ce n'est donc même pas l'allumage des bougies qui indique
notre acceptation du Shabboth, la question suivante peut être
posée : pourquoi donc allumons-nous les bougies de Shabboth ?
Une
chose m'a toujours frappée : lorsqu'on ouvre des livres de
Halokhoh contemporaine ou qu'on parcourt quelques sites Internet
religieux, on retrouve de nombreuses explications sur l'importance et
les bienfaits spirituels présumés de l'allumage des bougies de
Shabboth (dont plusieurs sont fantaisistes et superstitieuses), mais
très peu d'entre eux ne donnent les raisons réelles pour lesquelles
nous les allumons. Découvrons-les donc ensemble !
- Les raisons réelles de l'allumage des bougies
Voici
ce que nous lisons dans la Gamoro`1 :
Rabbo`
a dit : « Il est évident pour moi [que si quelqu'un
doit choisir entre] la lampe de sa maison et la lampe de
Hanoukkoh2,
la lampe de sa maison a priorité en raison de la paix de son
foyer ; [s'il doit choisir entre] la lampe de sa maison et le
Qiddoush Hayyôm3,
la lampe de sa maison a priorité en raison de la paix de son
foyer ».
|
אמר
רבא פשיטא לי נר ביתו ונר חנוכה נר ביתו
עדיף משום שלום ביתו נר ביתו וקידוש
היום נר ביתו עדיף משום שלום ביתו
|
Ce
passage est incontesté dans la Gamoro` et constitue donc la
Halokhoh. Il indique que la raison sous-jacente à l'obligation
rabbinique d'allumer les bougies de Shabboth est le שלום
בית « Sholôm
Bayith » (paix domestique). Ce facteur a priorité sur toute
autre obligation halakhique, et de ce fait les bougies de Shabboth
sont prioritaires sur celles de Hanoukkoh, ainsi que sur le
vin du Qiddoush. À quoi fait exactement référence la Gamoro` en
parlant de Sholôm Bayith ?
Rash''i
ז״ל
explique :
שבני
ביתו מצטערין לישב בחשך
« parce
que les membres de sa maison sont gênés de rester dans le noir ».
Il ajoute plus loin que dans le noir, les gens ont plus de chance de
se cogner et tomber, ce qui est une situation et condition qui
compromettent la paix dans la maison, que nous sommes censés avoir à
Shabboth. En d'autres mots, les bougies de Shabboth sont nécessaires
pour permettre de permettre de vaquer normalement à ses activités
dans la maison, et plus particulièrement durant les heures de la
nuit.
Mais
voici ce qu'écrit le Ramba''m ז״ל
dans
son Mishnéh Tôroh4 :
אַפִלּוּ
אֵין לוֹ מַה יֹאכַל--שׁוֹאֵל
עַל הַפְּתָחִים,
וְלוֹקֵחַ
שֶׁמֶן וּמַדְלִיק אֶת הַנֵּר:
שֶׁזֶּה
בִּכְלַל עֹנֶג שַׁבָּת הוּא
« Même
s'il n'a pas de quoi manger, il doit demander aux portes et emprunter
de l'huile, et allumer la lampe, car ceci est inclus dans le ´ônagh
Shabboth ».
Pourtant, plus tard, il écrit ceci5 :
וְצָרִיךְ
לְתַקַּן בֵּיתוֹ מִבְּעוֹד יוֹם,
לִכְבוֹד
הַשַּׁבָּת;
וְיִהְיֶה
נֵר דָּלוּק,
וְשֻׁלְחָן
עָרוּךְ,
וּמִטָּה
מֻצַּעַת--שֶׁכָּל
אֵלּוּ לִכְבוֹד שַׁבָּת הֶן
« Et
il doit préparer sa maison tandis qu'il fait encore jour pour
l'honneur du Shabboth : une lampe doit être allumée, la table
doit être dressée, et le lit doit être fait, car tout cela est
pour l'honneur du Shabboth ».
Dans le premier passage, le Ramba''m semble attribuer l'obligation de
l'allumage des bougies de Shabboth à la Miswoh
de ´ônagh Shabboth (se faire plaisir à Shabboth), alors que dans
le deuxième passage il la considère comme faisant partie de
l'obligation de Kavôdh Shabboth (honorer le Shabboth). N'est-ce pas
contradictoire ?
Il
n'y a pas de contradiction, car du point de vue du Ramba''m, il
existe deux obligations distinctes d'allumage des bougies de
Shabboth. Une obligation a à voir avec le Shabboth lui-même, tandis
que l'autre se rapporte à la préparation pour Shabboth.
L'obligation de ´ônagh Shabboth s'applique au Shabboth lui-même,
tandis que celle de Kavôdh Shabboth se rapporte aux préparations
pour Shabboth. L'allumage des bougies est composé des deux éléments.
Premièrement, l'obligation de ´ônagh Shabboth nécessite que l'on
s'assure de la présence de suffisamment de lumière dans la maison
pour Shabboth (et c'est de cela que parle la Gamoro` lorsqu'elle dit
que cela contribue au Sholôm Bayith). Étant donné que nous ne
pouvons pas allumer un feu à Shabboth même, par nécessité nous
devons le faire avant le Shabboth. Mais en plus de cela, il existe
une obligation distincte d'allumage des bougies découlant de la
Miswoh de Kavôdh Shabboth. Et parmi les activités inclues pour le
Kavôdh Shabboth, il y a le fait d'inclure également l'allumage de
bougies.
L'allumage
des bougies de Shabboth fait partie de la joie, du plaisir, que nous
sommes censés expérimenter à Shabboth. Aujourd'hui, avec les
lampes électriques en abondance, nous ne pouvons plus vraiment
apprécier la fonction d'une simple bougie allumée à la veille du
Shabboth, raison pour laquelle peu de gens citent encore les raisons
raisons de l'institution de cette obligation rabbinique, et préfèrent
inventer des raisons très « spirituelles ». Dans les
temps mishnaïques et talmudiques, ainsi qu'au Moyen-Âge, la plupart
des nuits les gens allaient dormir dès la tombée de la nuit, car il
ne pouvait se permettre de gaspiller leur huile, ou d'en acheter
constamment pour allumer leurs lampes à huile. C'était trop coûteux
de gaspiller de l'huile pour des occasions ordinaires. Mais le
Vendredi, ils allumaient leurs lampes, restaient éveillés plus
tard, consommaient leur repas de Shabboth, et étudiaient la Tôroh.
Rien que cela apportait de la joie et créait une atmosphère
particulière à Shabboth.
- À qui incombe l'obligation ?
On
entend généralement dire que l'obligation de l'allumage des bougies
incombe aux femmes, que cela fait partie des trois Miswôth
spécifiques des femmes, avec la Taharath Hammishpohoh
(pureté familiale) et la séparation de la Halloh
lorsqu'on fait du pain. Mais ce n'est que partiellement vrai.
En
effet, voici ce que rapporte le Ramba''m6 :
וְאֶחָד
אֲנָשִׁים וְאֶחָד נָשִׁים,
חַיָּבִין
לִהְיוֹת בְּבָתֵּיהֶן נֵר דָּלוּק
בַּשַּׁבָּת « Aussi
bien les hommes que les femmes ont l'obligation de faire en sorte
qu'il y ait dans leurs maisons une lampe allumée à Shabboth ».
Ainsi, il n'est pas exact de dire que c'est une Miswoh
qui incombe aux femmes. En fait, il est logique que les hommes y
soient également astreints, puisque toutes les lois de Shabboth
s'appliquent de la même manière pour les hommes que pour les
femmes. C'est un domaine dans lequel ils ont les mêmes obligations
en tous points. (C'est parce qu'ils sont égaux vis-à-vis des
obligations du Shabboth que les femmes peuvent, par exemple, exempter
des hommes en récitant le Qiddoush.) Toutefois, il ajoute ceci7 :
וְנָשִׁים
מְצֻוּוֹת עַל דָּבָר זֶה,
יוֹתֵר
מִן הָאֲנָשִׁים,
לְפִי
שְׁהֶן מְצוּיוֹת בַּבָּתִּים,
וְהֶן
הָעֲסֵקוֹת בִּמְלֶאכֶת הַבַּיִת;
וְאַף
עַל פִּי כֵן,
צָרִיךְ
הָאִישׁ לְהַזְהִירָן וְלִבְדֹּק אוֹתָן
עַל כָּךְ,
וְלוֹמַר
לְאַנְשֵׁי בֵּיתוֹ עֶרֶב שַׁבָּת קֹדֶם
שֶׁתֶּחְשַׁךְ,
הַדְלִיקוּ
אֶת הַנֵּר
« Mais
les femmes ont une plus grande obligation que les hommes à ce sujet,
parce qu'elles restent à la maison et s'occupent des taches
domestiques. Malgré cela, un homme doit les avertir et s'assurer
[qu'elles le font]. C'est pourquoi, il dira aux femmes de sa maison,
à ´arav Shabboth, avant qu'il ne fasse sombre : ''Allumez la
lampe !'' ».
Lorsque
le Ramba''m dit que les femmes ont une plus grande obligation que les
hommes dans l'allumage des bougies de Shabboth, il veut simplement
dire, comme le montre clairement le contexte, que ce sont
généralement elles qui le font. Pourquoi ? Non pas parce que
la Halokhoh dit que les bougies doivent être allumées par des
femmes, mais simplement pour des raisons pratiques : les femmes
restent généralement à la maison, tandis que les hommes se rendent
à la Synagogue ou au Béth Midhrosh pour prier et étudier. Ils ne
sont donc généralement pas à la maison au moment où l'allumage
des bougies se fait. (Cela dit en passant, le fait que les femmes se
rendent aussi fréquemment à la Synagogue, comme on peut le voir de
nos jours, est une innovation plus ou moins récente qui s'est
accentuée avec la propagation d'un certain « féminisme
Orthodoxe ».) C'est uniquement cela la raison pour laquelle ce
sont généralement les femmes qui allument, et non pas parce que ce
serait une Miswoh
féminine de le faire. Le Ramba''m conclut en citant la Mishnoh de
Shabboth
34a,
qui stipule qu'avant que l'obscurité n'arrive, c'est-à-dire avant
que le soleil ne se couche, l'homme doit rappeler aux femmes de sa
maison d'allumer les bougies de Shabboth si cela n'avait pas encore
été fait. Par contre, la Gamoro` précise que si on est déjà
entré dans la période où il y a un doute quant à savoir si on est
la nuit ou pas, c'est-à-dire la période de Bén Hashamoshôth, il
est interdit d'allumer les bougies. Le Ramba''m le rappelle aussi
dans son Mishnéh Tôroh.8
Nous
avons donc vu que les hommes et les femmes sont tous les deux
astreints à la Miswoh
d'allumer les bougies de Shabboth, mais que pour des raisons
pratiques ce sont généralement les femmes qui s'en occupent. Comme
sur beaucoup de sujets, Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל
copie
presque mot pour mot les propos du Ramba''m dans son Shoulhon
´oroukh.9
Et telle est la Halokhoh.
- La Barokhoh avant ou après l'allumage des bougies ?
Un
débat existe quant à savoir s'il faudrait d'abord allumer les
bougies de Shabboth et ensuite réciter la Barokhoh, ou d'abord
réciter la Barokhoh et ensuite allumer les bougies de Shabboth. Quel
est le problème qui cause ce débat ?
La
divergence semble dépendre de la question suivante : les femmes
acceptent-elles sur elles le Shabboth par la récitation de la
Barokhoh faite sur les bougies ? D'après la position selon
laquelle les femmes acceptent effectivement de façon automatique sur
elles le Shabboth lorsqu'elles récitent la Barokhoh, elles doivent
d'abord allumer les bougies avant de réciter la Barokhoh. Étant
donné qu'elles acceptent Shabboth par la récitation de la Barokhoh,
il serait interdit pour elles d'allumer après la Barokhoh, puisque
allumer un feu est interdit à Shabboth et qu'elles ont accepté
Shabboth. Mais d'après la position selon laquelle les femmes
n'acceptent pas du tout sur elles le Shabboth en récitant la
Barokhoh, elles doivent donc réciter la Barokhoh avant l'allumage,
tout comme toutes les
Barokhôth récitées pour l'accomplissement des Miswôth
doivent êtres faites avant l'acte associé à la Miswoh
en question. Quelle
est la Halokhoh ?
La
Halokhoh suit la deuxième opinion, et voilà pourquoi le Ramba''m
rapporte ceci dans son Mishnéh Tôroh10 :
On
a l'obligation de réciter avant
l'allumage « ... Qui nous a sanctifiés par
Ses commandements et nous a ordonné d'allumer la lampe de
Shabboth », de la même façon que l'on bénit pour
toutes les choses dont on est astreint par les paroles des
Scribes.
|
וְחַיָּב
לְבָרַךְ קֹדֶם
הַדְלָקָה,
אֲשֶׁר
קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ
לְהַדְלִיק נֵר שֶׁלַּשַּׁבָּת--כְּדֶרֶךְ
שֶׁמְּבָרֵךְ עַל כָּל הַדְּבָרִים
שְׁהוּא חַיָּב בָּהֶם מִדִּבְרֵי
סוֹפְרִים
|
En
fait, il n'y a même aucun débat à avoir sur le sujet, étant donné
que le Talmoudh dit clairement que toutes les bénédictions récitées
pour l'accomplissement des Miswôth
doivent être faites avant l'accomplissement de l'acte associé à la
Miswoh
en question. Le Talmoudh ne note qu'une seule exception à cette
règle, dans le cas d'une immersion rituelle à des fins de
conversion. Étant donné qu'avant de s'être immergée et être
sortie du Miqwah la personne est Gôy et n'est donc pas astreinte aux
Miswôth, elle n'a pas le droit de dire « ... Qui nous a
sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné ». Par
conséquent, elle doit d'abord s'immerger et seulement alors réciter
la bénédiction. C'est le seul cas d'exception ! Et il convient
de signaler qu'il n'y a aucun débat à ce sujet dans le Talmoudh,
car c'est une règle incontestée. De ce fait, on doit d'abord
réciter la bénédiction sur l'allumage et seulement alors allumer
les bougies de Shabboth. (Et cela dit en passant, la pratique
consistant à réciter la bénédiction après s'être lavé les
mains est également erronée. On récite d'abord la bénédiction,
et seulement après on se lave les mains.) En outre, nous avions
expliqué dans l'article précédent que ce n'était pas l'allumage
des bougies qui faisait que l'on a accepté sur soi le Shabboth, mais
le fait que le soleil commence à se coucher. De ce fait, puisque ce
n'est pas la bénédiction qui fait que l'on a accepté le Shabboth,
il n'y a aucun problème à faire la bénédiction avant l'allumage.
L'opinion
selon laquelle on doit d'abord allumer puis réciter la bénédiction
est donc une violation pure et simple de la Halokhoh. (Je le
rappelle, il n'y a aucune contestation dans le Talmoudh sur le fait
que dans tous les
cas, sauf un, la
bénédiction doit être récitée avant.) Comment justifie-t-on
alors cette pratique qui est pourtant répandue dans la majorité des
communautés ? Rabbi Môshah `issarlès de Cracovie ז״ל
(dit
le « Ramo''` ») cite, dans son commentaire sur le
Shoulhon
´oroukh, le Mahari''l ז״ל
(Rabbi
Ya´aqôv ban Môshah Halléwi Môlin, 1365-1427), et écrit ceci :
Il
y a une opinion qui dit que l'on bénit avant l'allumage et une
[autre] opinion qui dit que l'on bénit après l'allumage, et afin
que [la bénédiction] soit [considérée comme] ayant été faite
après l'acte qui lui est associé, on ne doit pas en tirer profit
jusqu'à après la bénédiction. On place la main devant la lampe
après l'avoir allumée, et on bénit. Ensuite, on retire la main
et cela peut être qualifié [d'une bénédiction ayant été
récitée] avant l'acte. Et telle est la coutume.
|
יש
מי שאומר שמברכים קודם ההדלקה ויש מי
שאומר שמברך אחר ההדלקה וכדי שיהא עובר
לעשייתו לא יהנה ממנה עד לאחר הברכה.
ומשימין
היד לפני הנר אחר ההדלקה ומברכין ,
ואחר
כך מסלקין היד וזה מקרי עובר לעשיה וכן
המנהג
|
C'est
de là que provient le Minhogh très répandu des femmes d'allumer
les bougies de Shabboth, puis placer leurs mains devant les yeux,
ensuite réciter la bénédiction, et enfin retirer leurs mains de
devant leurs yeux et observer les bougies. Mais c'est stupide !
Comment peut-on réellement croire qu'en agissant ainsi cela peut
être qualifié d'une bénédiction ayant été récitée avant
l'acte ? Une fois que la bénédiction a été récitée et
qu'elles ont retiré leurs mains de devant leurs yeux, peut-on
considérer qu'elles ont ensuite allumer les bougies, alors qu'elles
ont été allumées avant la bénédiction ? Bien sûr que non !
Qui oserait dire qu'il est permis de secouer le Lôlov sans faire de
bénédiction, puis se cacher les yeux pour ne pas voir le Lôlov,
réciter la bénédiction, retirer ses mains de devant les yeux, et
regarder le Lôlov sans plus le secouer ? Personne ! Donc,
pourquoi faire de telles pirouettes concernant l'allumage des
bougies ?
- Acceptation du Shabboth par l'allumage des bougies
Mais
puisque bon nombre de Pôsqim aiment se rendre et nous rendre la vie
difficile en inventant des questions halakhiques qui n’étaient
même pas des questions du temps du Talmoudh, ils ont suscité des
zones d'ombre qui font que les gens ne savent plus vraiment quoi
faire et comment le faire. Les Ri`shônim débattent quant à savoir
à quel moment est-ce qu'on accepte sur soi le Shabboth : au
moment de l'allumage ou au moment de l'office du Vendredi soir ?
Le Shoulhon
´oroukh cite les deux opinions11,
mais il ressort clairement de sa conclusion qu'il s'aligne derrière
l'opinion selon laquelle ce n'est pas par l'allumage des bougies de
Shabboth que l'on accepte sur soi le Shabboth, mais au moment où le
Hozzon
récite le Borakhou à la Synagogue. Le Ramo''` commente alors en
disant que pour lui, les femmes acceptent Shabboth quand elles
allument les bougies, tandis que les autres membres de la famille
l'acceptent au début de l'office du Vendredi soir (par le
« Borakhou »).
L'un
des problèmes que cause ce faux débat est ce qu'il convient de
faire avec l'allumette utilisée pour allumer les bougies. En effet,
si les femmes acceptent sur elles le Shabboth lorsqu'elles allument
les bougies, comment peuvent-elles éteindre l'allumette après
l'allumage, puisque éteindre fait partie des Malo`khôth interdites
à Shabboth ? Le Shoulhon
´oroukh rapporte que certaines des femmes qui suivent l'opinion
selon laquelle elles acceptent sur elles le Shabboth par l'allumage
des bougies (une opinion à laquelle il s'oppose) ont la coutume,
après l'allumage, de simplement déposer à terre l'allumette qui a
servi à l'allumage et la laisser s'éteindre d'elle-même. Mais il
va de soi que dès lors que l'on sait que ce n'est pas l'allumage qui
marque l'acceptation du Shabboth, non seulement éteindre l'allumette
n'est pas un problème, mais accomplir n'importe quelle autre
Malo`khoh après l'allumage n'est pas un problème non plus (tant que
l'on n'aura pas déjà prié `arvith, évidemment12,
ou que le soleil n'aura pas commencé à se coucher).
Autre
problème suscité par ce faux débat : certains estiment que ce
ne sont que les femmes qui acceptent le Shabboth par l'allumage des
bougies, mais qu'un homme qui a allumé les bougies n'est pas
considéré comme ayant accepté sur lui le Shabboth et pourra
accomplir des Malo`khôth après l'allumage.13
Pourquoi cette distinction, alors que d'un point de vue halakhique
les hommes sont autant astreints à l'obligation de l'allumage des
bougies que les femmes ? De ce fait, si on dit que les femmes
acceptent le Shabboth par l'allumage, pourquoi cela serait-il
différent pour les hommes ? Mais dès lors que l'allumage n'est
pas lié à l'acceptation, un homme comme une femme qui allume les
bougies peut accomplir après des Malo`khôth, dès lors qu'il/elle
n'a pas encore prié ´arvith, et que le soleil n'a pas commencé à
se coucher.
Autre
problème : une femme peut-elle émettre une condition selon
laquelle elle n'acceptera sur elle le Shabboth qu'au moment où le
Hozzon
aura commencé l'office de ´arvith et pas lorsqu'elle allumera les
bougies ? Le Shoulhon
´oroukh cite les deux opinions, sans se prononcer, tandis que le
Hofés
Hayim
ז״ל
écrit
dans son Mishnoh Barouroh qu'une femme ne peut pas émettre une telle
condition (d'autres disent qu'elle peut). Il ajoute cependant que si
une femme allume tôt les bougies de Shabboth, sans accepter sur elle
le Shabboth, elle a néanmoins accompli la Miswoh.
Il écrit aussi que le Minhogh selon lequel l'acceptation du Shabboth
se fait par l'allumage des bougies ne s'applique qu'aux femmes, et
par conséquent, les hommes qui allument peuvent encore accomplir des
Malo`khôth après l'allumage. Toutefois, il recommande quand même
aux hommes qui allument d'émettre la condition qu'ils n'acceptent
pas sur eux le Shabboth par cet allumage. Pourquoi cette différence
entre hommes et femmes si la Halokhoh est qu'ils sont soumis de la
même manière à la Miswoh
de l'allumage des bougies de Shabboth ? Et si le Minhogh ne
s'applique qu'aux femmes, pourquoi néanmoins recommander aux hommes
d'émettre cette condition ? Et s'il considère que les femmes
acceptent sur elles le Shabboth dès lors qu'elles ont allumé les
bougies, pourquoi dit-il que si elles ont allumé sans accepter sur
elles le Shabboth elles sont néanmoins quittes de la Miswoh ?
N'est-ce donc pas la preuve qu'au fond, allumer les bougies n'est pas
l'acte par lequel on accepte sur soi le Shabboth, même lorsqu'on est
une femme, mais que c'est juste un Minhogh et non la Halokhoh qui
stipule cela ? Là encore, dès lors qu'il est clair que
l'allumage n'est pas lié à l'acceptation du Shabboth, un homme
comme une femme qui allume les bougies peut accomplir après des
Malo`khôth, et il n'y a aucune nécessité d'émettre une condition
selon laquelle on n'accepterait pas sur soi le Shabboth par cet
allumage.
Ce
n'est là qu'un échantillon des faux problèmes et des doutes
« halakhiques » que l'on crée en déviant de la Halokhoh
elle-même. Quand les hommes inventent des préceptes de toutes
pièces, ou inventent des problèmes là où il n'y en a pas, il y a
toujours quelque chose de tordu dans le raisonnement, et les
incertitudes « halakhiques » n'en sont que plus grandes
et nombreuses ! Contentons-nous des Halokhôth très simples qui
sont qu'une bénédiction doit toujours (sauf dans un cas) être
récitée avant l'accomplissement d'une Miswoh,
et que ce n'est pas l'allumage des bougies, ni même la bénédiction
récitée pour l'allumage, qui nous fait accepter le Shabboth. Comme
nous l'avons vu tout au début, l'allumage n'est pas lié à
l'acceptation du Shabboth, mais sert de préparation à accueillir le
Shabboth (comme le fait de faire le ménage, faire son lit, préparer
à manger pour les repas de Shabboth, dresser la table, etc., comme
on le ferait en accueillant chez soi une reine, et nous savons que le
Shabboth est une reine) et aussi pour qu'il y ait de la lumière dans
la maison afin de ne pas être dans le noir. Si on se tient à ça,
il n'y a aucune difficulté, aucune contradiction, et il n'y a pas à
avoir de débat quant à savoir si la bénédiction est faite avant
ou après, ou si c'est la bénédiction qui fait qu'on accepte sur
soi le Shabboth ou pas.
- Quelle sorte de bougies doit-on utiliser ?
Le
Talmoudh permet d'utiliser pratiquement toutes sortes de bougies pour
la Miswoh
de l'allumage. Il n'y a que deux critères à respecter dans le choix
des bougies que l'on utilise :
- les bougies que l'on choisit doivent donner une belle lumière (produire une flamme claire), et
- elles ne doivent pas émettre une mauvaise odeur.
- Allumer des lumières électriques
Étant
donné que l'écrasante majorité des Pôsqim considèrent
l'électricité comme du feu, ils permettent également d'utiliser
des lampes électriques à incandescence pour accomplir la Miswoh
de l'allumage, et permettent également de réciter la bénédiction
dans ce cas-là.14
Certains,
comme le Rov Môshah Feinstein (1895-1986) ou encore le Rogatchover
Go`ôn (Rabbi Yôséf Rozin, 1858-1936), ne le permettent qu'en cas
de grande nécessité, c'est-à-dire si on a rien d'autre pour
accomplir la Miswoh.
Ce
qui est étonnant, illogique et incompréhensible, c'est que la
plupart de ceux qui permettent d'accomplir la Miswoh
de l'allumage des bougies de Shabboth avec de l'électricité sont
les mêmes qui ne permettent pas l'accomplissement de la Miswoh de
l'allumage des bougies de Hanoukkoh avec un candélabre électrique !
Certains d'entre eux aussi interdisent de faire la Havdoloh avec une
lampe électrique. Pourquoi ? Parce qu'ils disent qu'étant
donné que le mot « feu » est mentionné dans la
bénédiction que l'on fait durant la Havdoloh, il leur semble qu'on
parle d'un vrai feu, et pas simplement d'une lumière. De ce fait,
une ampoule électrique ne serait pas valable. Il faudrait savoir :
l'électricité est-elle du feu ou de la lumière ? Si c'est du
feu, il faut alors permettre de l'utiliser dans
tous les cas où
une Miswoh
doit être accomplie avec du feu (Shabboth, Havdoloh, Hanoukkoh,
etc.). Si ce n'est pas du feu, mais de la lumière (et la Halokhoh
n'a jamais interdit la lumière), alors cela doit être considéré
dans tous les cas
comme de la lumière. Mais on ne peut pas dire tantôt que c'est du
feu, et tantôt que c'est de la lumière et non du feu ! Et ce
ne sont là que deux des nombreuses contradictions des Pôsqim qui
considèrent l'électricité comme du feu !
- Quand allumer ?
Étant
donné que toutes les Miswôth
de la nuit (excepté le Shama´, qui doit obligatoirement être
récité après la tombée de la nuit) peuvent être accomplies à
partir de la deuxième moitié de Palagh Hamminhoh,
c'est également l'heure minimum à partir duquel on peut allumer les
bougies de Shabboth (et si on compte prier Minhoh,
dont l'heure limite est la première moitié de Palagh Hamminhoh,
l'allumage pourra se faire après avoir prié Minhoh,
mais pas avant). Et on a jusqu'à l'heure de la Shaqi´oh (le moment
où le soleil commence à se coucher) pour le faire (mais il est
préférable de le faire légèrement avant, pour ne pas prendre de
risque, car une fois qu'arrive la Shaqi´oh on entre dans la période
de Bén Hashamoshôth où plus aucune Malo`khoh ne peut être
réalisée jusqu'à la fin du Shabboth).
- Allumer dans une pièce déjà éclairée
Étant
donné que nous nous éclairons de nos jours au moyen de
l'électricité et non plus de bougies, de nombreux Pôsqim
contemporains s'interrogent sur la validité de la Miswoh
de l'allumage lorsqu'elle se fait dans une pièce déjà éclairée
par l’électricité, au point que les bougies de Shabboth n'ajoute
aucune lumière significative ou appréciable dans la pièce.
Afin
de satisfaire à toutes les opinions, et puisque les lumières
électriques déjà allumées ne l'ont pas été spécialement en
l'honneur du Shabboth mais pour la routine quotidienne, certains
proposent d'éteindre les lumières électriques, puis de les
rallumer spécialement en l'honneur du Shabboth, ensuite d'allumer
les bougies et réciter la bénédiction en ayant à l'esprit toutes
les lumières allumées (les lampes électriques et les bougies,
puisque nous avons vu plus haut que la majorité des Pôsqim
permettent d'accomplir son devoir avec des lampes électriques).15
C'était notamment le Minhogh qui était suivi dans la maison du Rov
Môshah Feinstein.
D'autres
sont d'avis que l'on doit éteindre les lumières électriques, puis
allumer les bougies de Shabboth, ensuite rallumer les lumières
électriques, et seulement alors réciter la bénédiction sur toutes
les lumières allumées.16
Signalons
que pour celui qui veut vraiment respecter la Halokhoh telle qu'elle
est stipulée dans le Talmoudh et le Mishnéh Tôroh (ainsi que dans
de nombreux autres livres des Ri`shônim), aucune de ces deux
méthodes n'est valable, puisque la bénédiction doit être récitée
avant l'accomplissement de la Miswoh,
et non pas après. (J'en profite pour rappeler que jusqu'à
récemment, le Minhogh des Safaradhim était de réciter la
bénédiction de l'allumage des bougies avant l'allumage, et non
après, contrairement à la pratique des `ashkanazim.) De ce fait, on
devrait d'abord éteindre les lumières électriques, réciter la
bénédiction, et seulement alors allumer les bougies et les lampes
électriques (et puisque ce n'est pas l'allumage qui détermine
l'acceptation du Shabboth, le fait d'allumer les bougies et les
lumières électriques après la bénédiction ne cause aucun soucis,
tant que l'on n'est pas encore au moment de la Shaqi´oh).
Une
troisième « solution » est proposée par le Rov
Yahôshoua´ Neuwirth (1927-2013), à savoir, éteindre les lumières
électriques, puis allumer les bougies, ensuite demander à quelqu'un
d'autre (un mineur, un Gôy ou un autre Juif n'ayant pas encore accepté sur
lui le Shabboth) de rallumer les lumières électriques, et seulement
alors réciter la bénédiction en ayant à l'esprit toutes les
lumières allumées.17
Et
d'autres sont d'avis que le fait d'allumer les bougies dans une pièce
déjà éclairée à la lumière électrique n'est pas un problème,
car on peut aussi dire que les lumières électriques sont
suffisantes pour accomplir son devoir d'avoir de la lumière dans la
maison et n'allumer les bougies que pour le Kavôdh Shabboth.
Mais
là encore, c'est un débat inutile. Dès lors que l'on sait que la
Miswoh
fut instituée afin que l'on ait de la lumière dans la maison afin
de ne pas rester dans le noir, ainsi que pour l'honneur du Shabboth,
il s'en suit très logiquement que pour que la bénédiction ne soit
pas prononcée en vain, il faudra avoir profité concrètement de la
lumière des bougies de Shabboth au moins une fois entre le moment où
elles ont été allumées et le moment où elles se sont éteintes,
autrement l'allumage n'aura pas servi à grand chose. De ce fait,
qu'on les ait allumées lorsque les lumières électriques étaient
déjà allumées ou pas, ne change rien si on profite au moins une
fois de leur lumière durant la nuit.
- Combien de bougies allume-t-on ?
Le
minimum consiste à n'allumer qu'une bougie, et c'est la raison pour
laquelle nous disons dans la bénédiction וְצִוָּנוּ
לְהַדְלִיק נֵר
שֶׁלַּשַּׁבָּת « et
nous ordonné d'allumer la
lampe de
Shabboth », la lampe au singulier. Et il n'y a pas de nombre
maximum. Certains en allument deux, d'autres cinq, d'autres dix,
d'autres douze, et d'autres en allument une pour chaque personne qui
compose le foyer (ainsi, si un couple a deux enfants, ils allument
quatre bougies). Chacun fera comme il le désire, en sachant que le
minimum n'est que d'une bougie.
- Où allume-t-on ?
Puisque
le but de l'allumage des bougies de Shabboth est d'honorer le
Shabboth, créer une atmosphère joyeuse et ne pas rester dans le
noir, les bougies doivent être allumées dans la pièce dans
laquelle on passe généralement le plus de temps le Vendredi soir,
à savoir la salle à manger. Et si ce n'est pas pratique de les
allumer là où l'on va prendre son repas, on pourra les allumer à
un endroit où on profitera certainement de leur lumière au moins
une fois durant la nuit.
1Shabboth
23b
2C'est-à-dire
qu'il ne peut pas acheter des lampes ou bougies à la fois pour
Shabboth et Hanoukkoh, mais n'a les moyens que pour les
bougies de Shabboth ou celles de Hanoukkoh
3C'est-à-dire
qu'il n'a les moyens que pour soit acheter les bougies de Shabboth
ou Yôm Tôv, soit le vin pour le Qiddoush, mais ne peut pas se
permettre d'acheter les deux
4Hilkôth
Shabboth 5:1
5Ibid.,
30:5
6Ibid.,
5:1
7Ibid.,
5:3
8Ibid.,
5:3-4
9`ôrah
Hayim 263:2-3
10Hilkôth
Shabboth 5:1
11`ôrah
Hayim 263:10
12Puisque
si on a prié ´arvith, qui contient la ´amidhoh spéciale de
Shabboth, on est considéré comme étant entré dans le Shabboth,
m^me s'il fait encore jour
13Voir
notamment le Mishnoh Barouroh 263:42
14Voir
notamment le Séfar Hahashmal La`ôr
Hahalokhoh 3:6, par le Rov Yahoudhoh Youdel Rosenberg
(1859-1935), le ´édhouth Layisro`él, page 122, par le Rov
Yôséf `éliyohou Henkin, le Har Savi,
`ôrah Hayim 143, par
le Rov Savi Pésah Frank (1873-1960), le Sis
`ali´azar, Volume 1, Simon 20, Chapitre 11, par le Rov
`ali´azar Waldenberg (1915-2006), ou encore le Rov Hayim
´ôzér Grodzinski (1863-1940) cité dans Nafash Horov, pages
155-156, pour ne citer que quelques exemples seulement
15Voir
`oz Nidhbarou, Volume 5, n°3
16Voir
Nafash Horov, page 156
17Shamirath
Shabboth Kahilkhothoh, Volume 2, 43:34