jeudi 12 mai 2016

Les lois Noahides d'après le Ramba''m : Première Partie

ב״ה

Les lois Noahides d'après le Ramba''m

Première Partie


Cet article peut être téléchargé ici.

Les lois relatives aux Bané Nôah sont énoncées par le Ramba''m ז״ל dans son Mishnéh Tôroh aux chapitres 8 à 10 des Hilkôth Malokhim Oumilhomôth. Analysons-les !

  • Chapitre 8

11. Une Yafath Tô`ar qui ne veut pas abandonner l'idolâtrie après la période de douze mois reçoit la peine de mort. De même en est-il concernant la ville qui s'est soumise ; aucun traité de paix ne doit être conclu avec eux tant qu'ils n'auront pas renoncé à l'idolâtrie, détruit tous leurs lieux de culte idolâtres et qu'ils ne se sont pas imposés le reste des commandements qui furent ordonnés aux Bané Nôah, car tout Gôy qui n'accepte pas les lois qui furent ordonnées aux Bané Nôah est condamné à la peine de mort s'il se trouve sous notre autorité.
יא  יְפַת תֹּאַר שֶׁלֹּא רָצָת לְהַנִּיחַ עֲבוֹדָה זָרָה לְאַחַר הַשְּׁנֵים עָשָׂר חֹדֶשׁ, הוֹרְגִין אוֹתָהּ. וְכֵן עִיר שֶׁהִשְׁלִימָה--אֵין כּוֹרְתִין לָהֶן בְּרִית, עַד שֶׁיִּכְפְּרוּ בַּעֲבוֹדָה זָרָה, וִיאַבְּדוּ כָּל מְקוֹמוֹתֶיהָ, וִיקַבְּלוּ שְׁאָר הַמִּצְווֹת שֶׁנִּצְטַוּוּ בְּנֵי נוֹחַ: שֶׁכָּל גּוֹי שֶׁלֹּא קִבַּל מִצְווֹת שֶׁנִּצְטַוּוּ בְּנֵי נוֹחַ--הוֹרְגִין אוֹתוֹ, אִם יֶשְׁנוֹ תַּחַת יָדֵינוּ
Une Yafath Tô`ar : Une femme Gôyoh de belle apparence qui a été capturée lors d'une guerre.

qui ne veut pas abandonner l'idolâtrie après la période de douze mois reçoit la peine de mort : Il est écrit dans la Tôroh que si on décide de se débarrasser d'une Yafath Tô`ar, וְשִׁלַּחְתָּהּ לְנַפְשָׁהּ « tu la renverras vers elle-même ».1 Sur le verset, le Midhrosh Haggodhôl commente : « La Torah a dit de la renvoyer vers elle-même et non pas vers ses dieux », c'est-à-dire que si elle décide de retourner vers ses faux dieux et de demeurer dans l'idolâtrie, elle doit être exécutée.

De même en est-il concernant la ville qui s'est soumise ; aucun traité de paix ne doit être conclu avec eux tant qu'ils n'auront pas renoncé à l'idolâtrie, détruit tous leurs lieux de culte idolâtres et qu'ils ne se sont pas imposés le reste des commandements qui furent ordonnés aux Bané Nôah : Le Ramba''m emploie ici l'expression « et le reste des commandements » puisqu'en renonçant à l'idolâtrie ils ont déjà accepté un des sept commandements Noahides. Mais ce n'est pas suffisant, car ils doivent aussi accepter les six autres.2

car tout Gôy qui n'accepte pas les lois qui furent ordonnées aux Bané Nôah est condamné à la peine de mort : Voir les Hilkôth Malokhim Oumilhomôth 9:17.

s'il se trouve sous notre autorité : C'est-à-dire si le peuple Juif réside en `aras Yisro`él et a les pleins pouvoirs d'y faire appliquer les lois de la Tôroh.

Dans les Hilkôth ´avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 10:9, le Ramba''m dit qu'aucun idolâtre ne doit recevoir la permission de vivre au milieu des Israélites en `aras Yisro`él בִּזְמָן שֶׁיַּד יִשְׂרָאֵל תַּקִּיפָה עַל אֻמּוֹת הָעוֹלָם « quand la main des Israélites a la suprématie sur les peuples du monde » en `aras Yisro`él.

12. Môshah Rabbénou n'a donné la Tôroh et les Miswôth en héritage qu'aux Israélites, car il est dit3 : « La Tôroh que nous a ordonné Môshah est l'héritage de la communauté de Ya´aqôv ». Quiconque fait partie des autres peuples peut se convertir s'il le désire, car il est dit4 : « Il en sera pour le converti comme pour vous ». Mais quiconque ne désire pas se convertir n'est pas forcé à accepter la Tôroh et les Miswôth.
יב  מֹשֶׁה רַבֵּנוּ לֹא הִנְחִיל הַתּוֹרָה וְהַמִּצְווֹת אֵלָא לְיִשְׂרָאֵל, שֶׁנֶּאֱמָר "מוֹרָשָׁה, קְהִלַּת יַעֲקֹב", וּלְכָל הָרוֹצֶה לְהִתְגַּיַּר מִשְּׁאָר הָאֻמּוֹת, שֶׁנֶּאֱמָר "כָּכֶם כַּגֵּר". אֲבָל מִי שֶׁלֹּא רָצָה, אֵין כּוֹפִין אוֹתוֹ לְקַבַּל תּוֹרָה וּמִצְווֹת
Môshah Rabbénou n'a donné la Tôroh et les Miswôth en héritage qu'aux Israélites : Voir Hilkôth Malokhim Oumilhomôth 10:11 où il est expliqué qu'un Gôy qui étudie la Tôroh devrait théoriquement être exécuté. Nous en avions fait mention et l'avions expliqué dans l'article intitulé « Les Noahides et l'étude de la Tôroh ».

Quiconque fait partie des autres peuples peut se convertir s'il le désire, car il est dit : « Il en sera pour le converti comme pour vous » : Le verset intégral déclare : הַקָּהָל, חֻקָּה אַחַת לָכֶם וְלַגֵּר הַגָּר: חֻקַּת עוֹלָם לְדֹרֹתֵיכֶם, כָּכֶם כַּגֵּר יִהְיֶה לִפְנֵי יהוה « La communauté : une même loi sera pour vous et le converti qui s'est converti. C'est une règle éternelle pour vos générations ; il en sera pour le converti comme pour vous devant `adhônoy ». Ce verset est non seulement la preuve que l'on peut se convertir et rejoindre le peuple d'Israël, mais qu'en plus la Tôroh ne fait aucune distinction entre un Israélite de naissance et un converti, qui sont égaux devant la Tôroh et devant Dieu.

Mais quiconque ne désire pas se convertir n'est pas forcé à accepter la Tôroh et les Miswôth : La conversion doit être un choix personnel, conscient, volontaire et mûrement réfléchi. Il n'existe pas de conversion par contrainte dans le Judaïsme, à tel point que si un enfant mineur a été converti parce que ses parents se sont convertis on lui demandera une fois devenu majeur s'il désire toujours être Israélite et vivre cette fois-ci de façon volontaire la Tôroh et les Miswôth.

C'est une différence fondamentale entre les Israélites et les pratiquants d'autres religions, comme les musulmans et les chrétiens qui font de la conversion des gens une priorité absolue, allant jusqu'à opérer des conversions forcées. (Les chrétiens le font moins aujourd'hui, voire pratiquement plus, alors que dans bon nombre d'endroits les non musulmans sont contraints d'accepter l'islam ou mourir).

13. Môshah Rabbénou a par contre ordonné, suivant l'instruction du Tout-Puissant, de forcer tous ceux qui naissent dans ce monde à accepter les commandements qui furent ordonnés à Nôah. Quiconque refuse doit être mis à mort. Celui qui les accepte est appelé « Gér Tôshov » en tout lieu. Il est nécessaire de le recevoir [dans la communauté] en face de trois Talmidhé Hakhomim. Et quiconque s'est engagé à se faire circoncire et que douze mois sont passés sans circoncision, voici cet homme est comparable à un hérétique parmi les nations.
יג  וְכֵן צִוָּה מֹשֶׁה רַבֵּנוּ מִפִּי הַגְּבוּרָה, לָכֹף אֶת כָּל בָּאֵי הָעוֹלָם לְקַבַּל כָּל מִצְווֹת שֶׁנִּצְטַוָּה נוֹחַ, וְכָל מִי שֶׁלֹּא קִבַּל, יֵהָרֵג. וְהַמְּקַבֵּל אוֹתָם--הוּא הַנִּקְרָא גֵּר תּוֹשָׁב בְּכָל מָקוֹם, וְצָרִיךְ לְקַבַּל עָלָיו בִּפְנֵי שְׁלוֹשָׁה חֲבֵרִים. וְכָל הַמְּקַבֵּל עָלָיו לָמוּל, וְעָבְרוּ עָלָיו שְׁנֵים עָשָׂר חֹדֶשׁ וְלֹא מָל--הֲרֵי זֶה כְּמִין שֶׁבָּאֻמּוֹת
Môshah Rabbénou a par contre ordonné, suivant l'instruction du Tout-Puissant, de forcer tous ceux qui naissent dans ce monde à accepter les commandements qui furent ordonnés à Nôah : On parle ici principalement de les forcer par la persuasion et les arguments. Et si c'est en `aras Yisro`él, d'user de la force et des menaces d'exécution si nécessaire.

Bien que concernant un idolâtre se trouvant en `aras Yisro`él il soit permis de le mettre à mort s'il n'accepte pas au moins les sept commandements Noahides (la Tôroh demande explicitement de mettre à mort les idolâtres en `aras Yisro`él, de ne pas les laisser y résider et de ne pas avoir pitié ni d'eux ni de leurs lieux de culte ni de leurs statues, etc.), il est préférable de les convaincre par des paroles de persuasion plutôt que par la force.

Le Tôsafôth Yôm Tôv5 ז״ל et le Hatho''m Sôfér6 ז״ל sont tous deux d'accord sur le fait qu'il est une Miswoh qui incombe aux Israélites individuellement de guider les Gôyim dans le service de Dieu.

Quiconque refuse doit être mis à mort : Comme cela a été déjà suffisamment dit, cela ne s'applique que lorsque les Israélites ont le plein pouvoir sur `aras Yisro`él.

Celui qui les accepte est appelé « Gér Tôshov » : C'est-à-dire « étranger qui réside [en `aras Yisro`él] ». Le fait qu'il ait renoncé à l’idolâtrie et accepté sur lui l'intégralité des lois Noahides lui permet de résider en `aras Yisro`él au milieu des Israélites.

Selon le Ramba''m, les lois concernant le Gér Tôshov ne s'appliquent que lorsque l'entièreté ou la majorité du peuple Juif vit en `aras Yisro`él.7 Ce n'est qu'à ce moment-là que des Gôyim peuvent devenir des Gérim Tôshovim en `aras Yisro`él. En d'autres mots, d'après le Ramba''m, si la majorité des Israélites ne vivent pas en `aras Yisro`él, le statut de Gér Tôshov ne s'applique pas.

en tout lieu : C'est-à-dire que chaque fois que le Ramba''m emploiera le terme de « Gér Tôshov » dans son Mishnéh Tôroh, automatiquement chacun devra comprendre qu'il s'agit d'un Gôy ayant renoncé à l’idolâtrie et accepté sur lui l'intégralité des lois Noahides, et qui réside en outre en `aras Yisro`él à une époque où les Israélites ont une pleine domination sur le pays.

Il est nécessaire de le recevoir [dans la communauté] en face de trois Talmidhé Hakhomim : Puisque c'est un statut officiel, il doit se le faire accorder en présence du nombre minimum requis de personnes pouvant constituer un « Béth Din », à savoir trois érudits et experts en Halokhoh.

Et quiconque s'est engagé à se faire circoncire et que douze mois sont passés sans circoncision, voici cet homme est comparable à un hérétique parmi les nations : On parle ici d'un Gér Tôshov qui s'engage à se faire circoncire afin de se convertir au Judaïsme. Si après avoir pris cet engagement il laisse s'écouler une année entière sans être passé à l'acte, tout recommence à zéro et il perd même son statut de Gér Tôshov, qu'il devra alors renouveler.

Le Gér Tôshov en `aras Yisro`él est une sorte de demi-converti. Il est évident qu'être Gér Tôshov n'est qu'une étape, le but final étant que cette initiation aux Miswôth lui donnera volontairement envie de faire plus, au point d'accepter sur lui l'intégralité de la Tôroh et des Miswôth (c'est-à-dire, se convertir).

14. Quiconque accepte les sept Miswôth et est précis dans leur application, celui-là fait partie des pieux des peuples du monde, et il a une part dans le Monde-à-Venir. Et celui qui les accepte et les met en pratique doit le faire parce que le Saint, béni soit-Il, les lui a imposées dans la Tôroh, et nous a informés par l'intermédiaire de Môshah Rabbénou que les Bané Noah en avaient l'obligation depuis avant [le don de la Tôroh]. Mais s'il les met en pratique par conviction intellectuelle, celui-là n'est pas un Gér Tôshov ni un des pieux des peuples du monde et pas même un de leurs sages.
יד  כָּל הַמְּקַבֵּל שֶׁבַע מִצְווֹת, וְנִזְהָר לַעֲשׂוֹתָן--הֲרֵי זֶה מֵחֲסִידֵי אֻמּוֹת הָעוֹלָם, וְיֵשׁ לוֹ חֵלֶק לָעוֹלָם הַבָּא: וְהוּא שֶׁיְּקַבַּל אוֹתָן וְיַעֲשֶׂה אוֹתָן, מִפְּנֵי שֶׁצִּוָּה בָּהֶן הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא בַּתּוֹרָה, וְהוֹדִיעָנוּ עַל יְדֵי מֹשֶׁה רַבֵּנוּ, שֶׁבְּנֵי נוֹחַ מִקֹּדֶם נִצְטַוּוּ בָּהֶן. אֲבָל אִם עֲשָׂאָן מִפְּנֵי הֶכְרַע הַדַּעַת--אֵין זֶה גֵּר תּוֹשָׁב, וְאֵינוּ מֵחֲסִידֵי אֻמּוֹת הָעוֹלָם אֵלָא מֵחַכְמֵיהֶם
En d'autres mots, ceux qui acceptent sur eux lois Noahides doivent le faire avec la conviction qu'elles sont d'origine Divine et qu'il est une obligation religieuse de les respecter. Il ne doit pas appliquer ces lois par conviction intellectuelle, c'est-à-dire, pas parce qu'après avoir réfléchi il estime que ces lois sont bonnes, appropriées ou logiques, mais uniquement parce que ces lois viennent de Dieu et qu'il désire y obéir. Il doit croire que la Tôroh est vérité et que ces lois furent ordonnées par Dieu depuis avant même le don de la Tôroh, Car lorsque l'homme fait les choses par conviction intellectuelle plutôt que pour Dieu, il n'y a aucune garantie que ce qu'il fait est réellement juste et bon.

De la même manière, celui qui s'abstient de manger du porc juste parce qu'il pense que ce n'est pas bon pour sa santé n'a aucun mérité. Il n'en aura que s'il comprend qu'il doit s'en abstenir parce que HaShem l'a ordonné.

À suivre...

1Davorim 21:14
2Voir les Hilkôth Malokhim Oumilhomôth 6:1-3
3Davorim 33:4
4Bamidhbor 15:15
5Sur `ovôth 3:14
6Hôshén Mishpot, Responsa 85

7Voir Hilkôth ´avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 10:9
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