lundi 6 avril 2020

Quelques mythes alimentaires concernant Pasah


בס״ד

Quelques mythes alimentaires concernant Pasah


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Pasah ne dure qu'une semaine, mais cette fête implique des Houmrôth supplémentaires au niveau de la Kashrouth pleines de subtilités complexes ne s'appliquant pas le reste de l'année. Cela signifie que les choses peuvent devenir déroutantes, même pour les personnes qui sont très instruites et strictes toute l'année. Ajoutez à cela des Minhoghim (coutumes) familiaux ou communautaires centenaires spécifiques à cette fête, et il devient encore plus difficile de séparer les mythes et les faits sur les pourquoi et les comment respecter la Kashrouth pendant Pasah. Je me suis rendu compte, à travers diverses questions qui me sont parvenues, que beaucoup de néophytes qui ont étudié par internet, sans réel contact avec des communautés religieuses, prennent tout ce qu'ils lisent à gauche et à droite, sans faire le tri, et croient que tout ce qu'ils lisent est vrai. Voici un florilège de quelques mythes les plus répandus sur la nourriture à Pasah, pour vous permettre d'y voir plus clair.

  • Mythe n°1 : Aucun levain et levure ne sont autorisés

Lorsque la Tôroh dit que le pain au levain est interdit Pasah, elle se réfère uniquement à du pain fait à base d'une des cinq céréales mentionnées dans l'article suivant. (La vérité est que la liste de céréales communément donnée à notre époque n'est pas tout à fait exacte, car toutes ces céréales ne poussaient pas dans l'ancien Israël. Voir donc le dit article pour la véritable liste.) Ces céréales ne deviennent du Homés que si, après les avoir pétri avec de l'eau on les a laissé reposer pendant au moins 18 minutes (comme expliqué ici).

Les levains sont des micro-organismes naturels omniprésents dans l'environnement. Il existe au moins 1 500 espèces de ces minuscules champignons, et ils se trouvent généralement dans le sol et sur les plantes, les fruits, légumes et céréales, il serait donc pratiquement impossible d'éviter de manger du levain même si vous essayez. Nous avons appris à exploiter les processus métaboliques naturels du levain et à les utiliser dans de nombreuses applications culinaires. Mais dans le cas du Homés, c'est le grain fermenté, et non le levain lui-même, qui est interdit. En d'autres termes, le grain levé, mais pas l'agent levant auxiliaire, est le problème. (J'en avais parlé dans l'article intitulé « Qu'est-il réellement interdit de consommer pendant Pasah ? ».)

Réfléchissez à ceci : le vin, qui est fermenté avec du levain (généralement les levains naturels présents sur les peaux des raisins) fait partie intégrante du Sédhar de Pasah. Si le levain en lui-même était interdit, nous ne boirions pas la moindre goutte de vin durant la semaine de Pasah ! D'innombrables Sadhorim servent une espèce de gâteau éponge élevé, levé à l'aide de beaucoup de blancs d’œufs fouettés. Là encore, cela montre bien que ce n'est pas le levain en lui-même qui est problématique, puisque ces gâteaux levés sont autorisés. Et il y a beaucoup d'aliments fermentés - pensez au yaourts, au fromage, aux cornichons - qui sont 100% Koshér pendant Pasah.

Ainsi, tout levain n'est pas interdit pendant Pasah, mais seulement celui à base d'une des cinq céréales. Les fermants lactiques, par exemple, sont donc parfaitement autorisés. Voilà pourquoi les fromages, yaourts, etc., ne sont pas un problème pendant Pasah.

  • Mythe n°2 : Le riz n'est pas Koshér pour Pasah

Le riz est une graine de la famille des graminées. Il n'est pas lié aux cinq espèces de grains considérées Homés, ne pousse pas à proximité des grains pouvant être Homés et ne peut pas devenir Homés par combinaison avec de l'eau. Par conséquent, les juifs séfarades mangent du riz à Pasah, mais pas les ashkénazes. Ceci est lié à la coutume ashkénaze d'éviter les Qôtnoyôth - diverses « légumineuses » qui pourraient être confondues avec des grains interdits.

Il y a un débat dans la Gamoro` sur le statut du riz. Ribbi Yôhonon ban Nouri ז״ל, notant la façon dont le riz se développe, a fait valoir qu'il devait s'agir de Homés, bien que tous les autres Hakhomim n'étaient pas d'accord. Dans les temps post-talmudiques, lorsque la restriction ashkénaze contre la consommation de riz a pris de l'ampleur, la crainte d'une contamination croisée avec des grains Homés fut probablement un facteur important. Les juifs séfarades, qui vivaient dans des pays de cultures rizicoles (ce qui n'était pas le cas de la majorité des ashkénazes), auraient à la fois une plus grande familiarité et un accès au riz non frelaté. Les Juifs ashkénazes, cependant, vivaient dans des climats plus froids où le riz ne poussait pas; le riz importé était beaucoup plus susceptible d'être stocké ou transporté avec des grains Homés. Soit dit en passant, les juifs séfarades vérifient leur riz avant Pasah, pour s'assurer qu'aucun grain de Homés n'est mélangé dedans.

  • Mythe n°3 : Les haricots, les lentilles et certaines épices ne sont pas autorisés

Encore une fois, cela nous renvoie à la question des Qôtnoyôth. Les Juifs séfarades et Mizrohim, en règle générale, mangent de nombreux aliments que les Juifs ashkénazes ont une coutume vieille de plusieurs siècles d'éviter pendant Pasah. Il s'agit notamment du riz, des haricots, des lentilles, des pois, du maïs, du soja, des haricots verts, des arachides et de certaines graines et épices, notamment le sésame, le pavot, la moutarde, le fenouil, la coriandre, le cumin, le fenugrec et l'anis.

Cela ne signifie nullement que les séfarades transgressent les lois de la Kashrouth. Au contraire, leur pratique de consommer des Qôtnoyôth est plus conforme à l'intention initiale de la Tôroh en ce qui concerne les aliments autorisés à Pasah. (Voir l'article intitulé « La coutume interdisant les Qotnoyôth à Pasah est anti-halakhique ».)

Le célèbre historien de la nourriture, le rabbin Gil Marks, note dans l'Encyclopédie de la Nourriture Juive que l'interdiction des Qôtnoyôth a commencé comme une coutume isolée dans la France médiévale. De nombreux rabbins ashkénazes de toutes les époques se sont prononcés contre l'adoption de cette pratique. Ribbénou Shamou`él ban Shalômôh de Falaise ז״ל a qualifié la non consommation des Qôtnoyôth de « coutume erronée », tandis que Ribbénou Yarouhom ban Mashoullom ז״ל a été plus sévère dans son évaluation, qualifiant le Minhogh de « stupide ».

Ces dernières années, il y a un certain mouvement ashkénaze sur le front Qôtnoyôth, avec certains Pôsaqim contemporains ayant déterminé que les ashkénazes peuvent manger des Qôtnoyôth.

  • Mythe n°4 : La Massoh est toujours croquante

Faux ! La Massoh d'origine était très souple, semblable à de la pita ou taboon. En fait, la tradition de manger du Kôrékh au Sédhar, un sandwich à base de Morôr et de Massoh, est un indice de la nature de la Massoh originelle. « Kôrékh » signifie « rouler » ou « se pencher » ; il doit donc être possible d'enrouler la Massoh autour du Morôr. Certains séfarades maintiennent la coutume originelle de manger ce qu'on appelle de la « Massoh molle ». Là encore, sachez que si certains rabbins autorisent l'utilisation de Massôth molles par les ashkénazes, d'autres leur interdisent d'en utiliser. C'est une autre différence entre les deux communautés.

Pour de plus amples informations, voir les articles intitulés « Les vraies Massôth » et « Preuves supplémentaires concernant les vraies Massôth ».

  • Mythe n°5 : Vous devez manger de la Massoh tous les jours de Pasah

La Miswoh de manger de la Massoh est spécifique à la première nuit de Pasah. Après le Sédhar, il n'y a plus d'impératif halakhique de manger la Massoh, bien que l'interdiction de consommer du Homés reste, évidemment, en vigueur jusqu'à la fin de la semaine de Pasah.

  • Mythe n°6 : Vous ne devez boire que du vin rouge au Sédhar

Bien qu'il existe une forte tradition d'utiliser du vin rouge pour le Sédhar de Pasah, il est permis - et parfois même préférable - d'utiliser du vin blanc ou du jus de raisin. Le vin rouge évoque plus évidemment de nombreux thèmes symboliques du Sédhar de Pasah, c'est pourquoi il est généralement considéré comme préférable à d'autres options. Le privilège de pouvoir boire du vin est réservé aux personnes libres, et Pasah célèbre notre libération de l'esclavage. La couleur rouge rappelle le sang, la plaie du Nil se transformant en sang, la Miswoh donnée aux esclaves israélites de sacrifier un agneau et d’apposer son sang sur le montant de la porte comme signe pour que Hashshém ית׳ épargne leurs maisons pendant la dernière plaie – la mort des premiers-nés égyptiens - le sang est donc un symbole récurrent.

Or, c'est une des principales raisons pour lesquelles le vin rouge n'a pas toujours été traditionnellement la boisson préférée du Sédhar. Pendant les périodes historiques où les diffamations de sang - fausses accusations odieuses selon lesquelles les Juifs utilisaient le sang chrétien pour faire de la Massoh et du vin - étaient monnaie courante, le vin blanc était considéré comme le choix le plus sûr pour la table de la fête.

De nos jours, que ce soit à cause de la disponibilité ou de la force de l'habitude, beaucoup de gens croient qu'il ne faudrait utiliser que du vin rouge au Sédhar. Mais tel n'est pas le cas. Avec la renaissance actuelle de la vinification Koshér, il y a une bien plus grande sélection de vins de qualité, rouges et blancs, que dans les temps passés. Au niveau purement halakhique, si la qualité de votre vin blanc est supérieure au vin rouge, il est préférable d'utiliser le blanc en l'honneur de la fête.

Bien qu'il soit impératif de boire du vin plutôt que du jus de raisin au Sédhar, il existe de nombreuses raisons halakhiquement légitimes permettant à quelqu'un de choisir de boire du jus de raisin. Peut-être qu'un invité a une condition médicale non divulguée qui ferait du jus le choix le plus sûr. Peut-être qu'il y a une femme enceinte à la table qui n'a pas encore annoncé sa grossesse et qui ne veut pas attirer l'attention sur son statut. Les gens qui ne boivent pas régulièrement de vin peuvent ressentir ses effets après un verre ou deux et préfèrent passer au jus. Etc. Le jus de raisin est parfaitement autorisé, et il n'est pas requis halakhiquement parlant de n'employer que du vin.

  • Mythe n°7 : Vous ne pouvez pas utiliser de véritable extrait de vanille

C'est le mythe répandu le plus étrange et insensé concernant Pasah. Les gousses de vanille ne sont pas considérées comme des Qôtnoyôth, même par les ashkénazes. Et ces dernières années, de l'extrait de vanille pur, fabriqué avec de l'alcool non dérivé de Homés, est arrivé sur le marché.

Faîtes très attention à tout ce que vous entendez ou lisez !

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