mercredi 20 avril 2016

Faire à manger durant Yôm Tôv

ב״ה

Faire à manger durant Yôm Tôv


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Il est bien connu qu'à Yôm Tôv toutes les Malo`khôth de Shabboth s'appliquent, sauf deux, qui sont le transfert d'un domaine à l'autre et toutes les Malo`khôth liées à l'alimentation. Nous allons aborder ici la deuxième.

Le Ramba''m ז״ל traite de cette exception dans le tout premier chapitre des Hilkôth Shavithath Yôm Tôv dans son Mishnéh Tôroh. Nous allons parcourir ces quelques Halokhôth.

6. Tout ouvrage qu'il était possible d'accomplir depuis la veille de Yôm Tôv sans que cela ne cause de perte ou d'altération s'il est accompli depuis la veille, les Sages ont interdit de l'accomplir durant Yôm Tôv même s'il est nécessaire à l'alimentation. Et pourquoi ont-ils interdit une telle chose ? C'est un décret [émis] par crainte qu'un homme ne remette à Yôm Tôv ce qui lui était possible d'accomplir depuis la veille. Le Yôm Tôv tout entier se retrouverait [alors] consacré à la réalisation de cet ouvrage ; il se priverait de la célébration de Yôm Tôv et n'aurait plus l’opportunité de manger et de boire.
ו  כָּל מְלָאכָה שֶׁאִפְשָׁר לָהּ לֵעָשׂוֹת מֵעֶרֶב יוֹם טוֹב, וְלֹא יִהְיֶה בָּהּ הֶפְסֵד וְלֹא חֶסְרוֹן אִם נַעֲשָׂת מִבָּעֶרֶב--אָסְרוּ חֲכָמִים לַעֲשׂוֹת אוֹתָהּ בְּיוֹם טוֹב, אַף עַל פִּי שְׁהִיא לְצֹרֶךְ אֲכִילָה. וְלָמָּה אָסְרוּ דָּבָר זֶה--גְּזֵרָה שֶׁמֶּא יַנִּיחַ אָדָם מְלָאכוֹת שֶׁאִפְשָׁר לַעֲשׂוֹתָן מִבָּעֶרֶב לְיוֹם טוֹב, וְנִמְצָא יוֹם טוֹב כֻּלּוֹ הוֹלֵךְ בַּעֲשִׂיַּת אוֹתָן מְלָאכוֹת, וְיִמָּנַע מִשִּׂמְחַת יוֹם טוֹב, וְלֹא יִהְיֶה לוֹ פְּנָאי לֶאֱכֹל וְלִשְׁתּוֹת

Le Ramba''m rapporte ici une règle essentielle de la permissivité de faire à manger durant Yôm Tôv : bien que d'après la Tôroh on puisse faire à Yôm Tôv tout ce qui est nécessaire à l'alimentation, HaZa''l ont néanmoins émis une restriction et imposé de faire la veille toutes les préparations qu'il est possible de réaliser, dès lors que cela ne causera ni perte ni altération d'accomplir ces Malo`khôth depuis la veille (le Ramba''m expliquera concrètement ce que cela signifie). Pourquoi un tel décret ? Car si on devait attendre que Yôm Tôv arrive pour faire toutes les préparations nécessaires à l'alimentation, on pourrait en arriver à passer trop de temps à faire la cuisine et s'occuper du repas, au point que l'on ne serait pas vraiment en train de célébrer Yôm Tôv. Et si les préparatifs traînent trop longtemps, on pourrait même ne pas avoir le temps de correctement manger et boire. Par conséquent, tout ce qu'il est possible de faire depuis la veille sans conséquence négative doit être fait, de façon à économiser du temps pendant Yôm Tôv pour s'occuper d'autres choses que la cuisine.

8. Comment ça ? Durant Yôm Tôv, on ne moissonne pas, on ne bat pas [les épis], on ne vanne pas, on ne sépare pas, on ne moud pas le grain et on ne tamise pas [la farine], car toutes ces [choses] et celles qui leur ressemblent il est possible de les accomplir depuis la veille sans qu'il n'y ait de perte ni d'altération.
ח  כֵּיצַד: אֵין קוֹצְרִין, וְלֹא דָשִׁין, וְלֹא זוֹרִין, וְלֹא בּוֹרְרִין, וְלֹא טוֹחֲנִין אֶת הַחִטִּים, וְלֹא מְרַקְּדִין בְּיוֹם טוֹב--שֶׁכָּל אֵלּוּ וְכַיּוֹצֶא בָּהֶם, אִפְשָׁר לַעֲשׂוֹתָן מִבָּעֶרֶב וְאֵין בְּכָּךְ הֶפְסֵד וְלֹא חֶסְרוֹן
Durant Yôm Tôv, on ne moissonne pas, on ne bat pas [les épis], on ne vanne pas, on ne sépare pas, on ne moud pas le grain et on ne tamise pas [la farine] : Toutes ces Malo`khôth, bien qu'elles soient nécessaires à la préparation de la nourriture, ne sont jamais réalisées pour la cuisson d'un met spécifique ou d'une miche de pain que l'on compte consommer le jour-même. Au contraire, on les réalise normalement plusieurs jours à l'avance. Par conséquent, HaZa''l ont exigé que ces Malo`khôth ne soient pas accomplies à Yôm Tôv.1

car toutes ces [choses] et celles qui leur ressemblent il est possible de les accomplir depuis la veille sans qu'il n'y ait de perte : De qualité.

ni d'altération : Du goût.

Nous avons là une illustration parfaite de la règle précédemment mentionnée, avec des Malo`khôth qui prendraient trop de temps si elles devaient être réalisées à Yôm Tôv.


9. Cependant, on peut pétrir, cuire [au four], égorger et cuire [sur le feu] à Yôm Tôv, car si on les accomplissait depuis la veille il y aurait alors une perte ou une altération, puisqu'un pain chaud ou un met cuit aujourd'hui n'est pas semblable au pain qui a été enfourné la veille ni comparable au met qui a été cuit la veille. [De même,] la viande que l'on égorge aujourd'hui n'est pas semblable à la vielle que l'on a égorgé la veille. De même pour tout cas analogue. Aussi, les préparatifs nécessaires à l’alimentation qui occasionnent une perte s'ils avaient été réalisés depuis la veille, on peut les accomplir à Yôm Tôv, comme par exemple moudre les épices et les choses semblables.
ט  אֲבָל לָשִׁין, וְאוֹפִין, וְשׁוֹחֲטִין, וּמְבַשְּׁלִין בְּיוֹם טוֹב--שְׁאִם עָשָׂה אֵלּוּ מִבָּעֶרֶב, יֵשׁ בְּכָּךְ הֶפְסֵד אוֹ חֶסְרוֹן: שְׁאֵין לֶחֶם חַם אוֹ תַּבְשִׁיל שֶׁבִּשַּׁל הַיּוֹם, כְּלֶחֶם שֶׁנֶּאֱפָה מֵאֶמֶשׁ וּכְתַבְשִׁיל שֶׁנִּתְבַּשַּׁל מֵאֶמֶשׁ; וְלֹא בָּשָׂר שֶׁנִּשְׁחַט הַיּוֹם, כְּבָשָׂר שֶׁנִּשְׁחַט מֵאֶמֶשׁ. וְכֵן כָּל כַּיּוֹצֶא בְּאֵלּוּ. וְכֵן מַכְשִׁירֵי אֹכֶל נֶפֶשׁ שֶׁיֵּשׁ בָּהֶן חֶסְרוֹן אִם נַעֲשׂוּ מִבָּעֶרֶב--עוֹשִׂין אוֹתָן בְּיוֹם טוֹב, כְּגוֹן שְׁחִיקַת תְּבָלִין וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן
Le raisonnement du Ramba''m repose donc entièrement sur les concepts de fraîcheur et qualité. Les aliments qui ne sont pas frais perdent un certain niveau de leur goût. Par conséquent, si cela devait arriver parce qu'on aura réalisé les préparatifs alimentaires depuis la veille de Yôm Tôv, il sera permis de les réaliser à Yôm Tôv même.

Nous avons ici une bonne illustration des Malo`khôth relatives à l'alimentation qui sont permises pendant Yôm Tôv, car si elles étaient réalisées depuis la veille elles causeraient soit une perte soit une altération du goût de l'aliment.

10. On ne cuit pas [au four ni sur le feu] à Yôm Tôv ce que l'on compte manger un jour profane ; un ouvrage nécessaire à l'alimentation ne fut permis qu'afin d'en tirer profit à Yôm Tôv. [Cependant], si on avait fait [quelque chose] dans le but de le consommer à Yôm Tôv mais qu'il en est resté, il sera permis de consommer ce qui reste un jour profane.
י  אֵין אוֹפִין וּמְבַשְּׁלִין בְּיוֹם טוֹב, מַה שֶׁיֵּאָכֵל בַּחֹל; וְלֹא הֻתְּרָה מְלָאכָה שְׁהִיא לְצֹרֶךְ אֲכִילָה, אֵלָא כְּדֵי לֵהָנוֹת בָּהּ בְּיוֹם טוֹב. עָשָׂה כְּדֵי לֶאֱכֹל בְּיוֹם טוֹב, וְהוֹתִיר--מֻתָּר לֶאֱכֹל הַמּוֹתָר בַּחֹל

Le Ramba''m énonce ici une autre règle importante, à savoir : lorsqu'il a été permis de faire à manger à Yôm Tôv, cette permission ne fut accordée que pour les mets de Yôm Tôv. Mais faire à manger à Yôm Tôv dans le but de manger après Yôm Tôv (si la fête est suivie d'un jour profane) n'est pas autorisé (par contre, faire à manger à Yôm Tôv pour Shabboth est autorisé au moyen du ´érouv Tavshilin). Par contre, si on avait fait à manger pour Yôm Tôv mais qu'à la fin de Yôm Tôv il reste encore de ce qui avait été préparé, puisque notre intention première était de tout manger à Yôm Tôv il sera permis de consommer les restes un autre jour (comme lorsqu'il reste de la nourriture à la fin de Shabboth).

14. On ne cuit [ni au four ni sur le feu] à Yôm Tôv dans le but de nourrir des Gôyim ou des chiens, car il est dit2 : « cela seul pourra être fait pour vous ». [Il est dit] « pour vous » et non pour les Gôyim ; « pour vous » et non pour les chiens. Par conséquent, [bien qu']on puisse inviter un Gôy à Shabboth, on ne peut l'inviter à Yôm Tôv. C'est un décret [qui fut émis] par crainte qu'on ajoute à la cuisson. Par contre, si un Gôy est venu de sa propre initiative, il peut manger avec eux ce qu'ils mangent, puisqu'il a déjà été préparé.
יד  אֵין אוֹפִין וּמְבַשְּׁלִין בְּיוֹם טוֹב, כְּדֵי לְהַאֲכִיל גּוֹיִים אוֹ כְּלָבִים: שֶׁנֶּאֱמָר "הוּא לְבַדּוֹ יֵעָשֶׂה לָכֶם" --"לָכֶם", וְלֹא לַגּוֹיִים; "לָכֶם", וְלֹא לַבְּהֵמָה. לְפִיכָּךְ מְזָמְנִין אֶת הַגּוֹי, בַּשַּׁבָּת; וְאֵין מְזָמְנִין אוֹתוֹ, בְּיוֹם טוֹב--גְּזֵרָה, שֶׁמֶּא יַרְבֶּה בִּשְׁבִילוֹ. אֲבָל אִם בָּא הַגּוֹי מֵאֵלָיו--אוֹכֵל עִמָּהֶן מַה שְׁהֶן אוֹכְלִין, שֶׁכְּבָר הֱכִינוּהוּ
On ne cuit [ni au four ni sur le feu] à Yôm Tôv dans le but de nourrir des Gôyim ou des chiens, car il est dit : « cela seul pourra être fait pour vous ». [Il est dit] « pour vous » et non pour les Gôyim ; « pour vous » et non pour les chiens : Cela nous apprend que faire à manger à Yôm Tôv n'est autorisé que lorsque cela aura été réalisé pour l'alimentation des Israélites.

Par conséquent, [bien qu']on puisse inviter un Gôy à Shabboth, on ne peut l'inviter à Yôm Tôv. C'est un décret [qui fut émis] par crainte qu'on ajoute à la cuisson : C'est-à-dire, par crainte que l'on se sente contraint de faire plus à manger afin que le Gôy puisse lui aussi manger.

Cette crainte n'existe pas à Shabboth, puisque cuire au four ou sur le feu sont interdits ce jour-là. Il n'y aura donc pas la possibilité de devoir le faire pour un Gôy qui mangerait avec nous.

Il convient de signaler, comme le rappelle le Ramba''m à la Halokhoh 16, que si on avait fait à manger pour des Israélites et que de la nourriture est resté, on pourra en donner sans problème à un chien ou à un Gôy.

Par contre, si un Gôy est venu de sa propre initiative, il peut manger avec eux : C'est-à-dire, avec les Israélites.

ce qu'ils mangent, puisqu'il a déjà été préparé : Étant donné qu'il est arrivé à l'improviste, il comprendra aisément qu'on ne pourra faire davantage à manger pour lui.

Ce sont là les principales règles relatives aux préparatifs alimentaires à Yôm Tôv.

1Talmoudh Yarousholmi, Bésoh 1:10

2Shamôth 12:16
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