dimanche 20 décembre 2015

Lois relatives à la conversion et l'acceptation des Miswôth : Deuxième Partie

ב״ה

Lois relatives à la conversion et l'acceptation des Miswôth

Deuxième Partie


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Lois relatives aux relations illicites Chapitre 13
הִלְכּוֹת אִסּוּרֵי בִּיאָה פֵּרֶק יג

  1. Quels critères doit remplir le Miqwah pour que l'immersion soit valable ?

9. [...] C'est dans un Miqwah valable pour l'immersion d'une Niddoh que l'on fait immerger les convertis, les esclaves et les affranchis. Et toute chose qui fait séparation pour une Niddoh fait séparation pour les convertis, les esclaves et les affranchis.
ט  ...וּבְמִקְוָה הַכָּשֵׁר לִטְבִילַת נִדָּה, שָׁם מַטְבִּילִין אֶת הַגֵּרִים וְאֶת הָעֲבָדִים וְאֶת הַמְּשֻׁחְרָרִים; וְכָל דָּבָר שֶׁחוֹצֵץ בַּנִּדָּה, חוֹצֵץ בַּגֵּרִים וּבָעֲבָדִים וּבַמְּשֻׁחְרָרִים
Voir les Hilkôth Miqwôth, où le Ramba''m ז״ל traite en longueur des concepts mentionnés dans cette Halokhoh-ci, à savoir : qu'est-ce qui rend un Miqwah valable et quelles substances invalident une immersion lorsqu'elles causent une séparation entre la peau de la personne et l'eau. (Nous avions abordé le sujet des substances faisant séparation ou pas dans chez la femme Niddoh dans l'article intitulé « Les Lois de Niddoh : Qu'est-ce qui constitue une séparation pour l'immersion ? ».)

  1. Des motivations ultérieures invalident-elles la conversion ? Et que signifie « repousser » un candidat à la conversion ?

10. Qu'il ne te vienne pas à l'esprit que Shimshôn, celui qui a sauvé les Israélites, ou Shalômôh roi d'Israël, qui est appelé « bien-aimé de Dieu »1, ont épousé des femmes étrangères non converties. Plutôt, le fond de l'affaire est celui-ci : la façon correcte d'accomplir la Miswoh est que quand un converti ou une convertie [potentielle] se présente pour se convertir, nous procédons à des vérifications au cas où il vient pour en retirer un avantage financier, ou afin de recevoir une position d'autorité, ou [qu'il désire rejoindre notre foi] par peur. Si quelqu'un vient pour entrer dans la religion, et qu'il s'agit d'un homme, nous vérifions au cas où ses yeux se seraient posés sur une femme Juive, et s'il s'agit d'une femme [nous vérifions] au cas où ses yeux ne se seraient pas posés sur un des célibataires Israélites.
י  אַל יַעֲלֶה עַל דַּעְתָּךְ שֶׁשִּׁמְשׁוֹן הַמּוֹשִׁיעַ אֶת יִשְׂרָאֵל, אוֹ שְׁלֹמֹה מֶלֶךְ יִשְׂרָאֵל שֶׁנִּקְרָא יְדִידְיָהּ, נָשְׂאוּ נָשִׁים נָכְרִיּוֹת, בְּגֵיוּתָן--אֵלָא סוֹד הַדָּבָר, כָּךְ הוּא: שֶׁהַמִּצְוָה הַנְּכוֹנָה כְּשֶׁיָּבוֹא הַגֵּר אוֹ הַגִּיּוֹרֶת לְהִתְגַּיַר, בּוֹדְקִין אַחֲרָיו--שֶׁמֶּא בִּגְלַל מָמוֹן שֶׁיִּטֹּל, אוֹ בִּשְׁבִיל שְׂרָרָה שֶׁיִּזְכֶּה לָהּ, אוֹ מִפְּנֵי הַפַּחַד, בָּא לְהִכָּנֵס לַדָּת; וְאִם אִישׁ הוּא, בּוֹדְקִין אַחֲרָיו שֶׁמֶּא עֵינָיו נָתַן בְּאִשָּׁה יְהוּדִית, וְאִם אִשָּׁה הִיא, שֶׁמֶּא עֵינֶיהָ נָתְנָה בְּבָחוּר מִבַּחוּרֵי יִשְׂרָאֵל
la façon correcte d'accomplir la Miswoh est que quand un converti ou une convertie [potentielle] se présente pour se convertir, nous procédons à des vérifications : L'emploie de l’expression הַמִּצְוָה הַנְּכוֹנָה « la façon correcte » indique que c'est l'idéal de l'accomplissement de la Miswoh de conversion que le candidat n'ait aucune motivation ultérieure, si ce n'est l'unique envie de sincèrement rejoindre notre peuple et pratiquer sa foi. Néanmoins, si le candidat à la conversion a des motivations ultérieures en plus d'une volonté sincère de se convertir, la conversion est valable, comme cela sera expliqué plus bas. Mais si le Béth Din voit dès le départ qu'il n'y a que des motivations ultérieures, la conversion ne doit pas avoir lieu.

au cas où il vient pour en retirer un avantage financier, ou afin de recevoir une position d'autorité : Les Tôsofôth ז״ל citent l'histoire rapportée dans la Gamoro`2 concernant un Gôy qui demanda à Hillél ז״ל de le convertir sous la condition qu'il puisse, après sa conversion, devenir Kôhén Godhôl. Hillél accepta de le convertir. Plus tard, le converti découvrit l'erreur de sa revendication et accepta la foi israélite avec sincérité, sans plus aspirer à être Kôhén Godhôl. Les Tôsofôth expliquent que la raison pour laquelle Hillél accepta de le convertir, malgré le fait que ce Gôy avait un motif ultérieur pour se convertir, c'est parce qu'Hillél avait compris sa sincérité et son amour pour la Tôroh dès le départ, car si ce Gôy aspirait à vouloir être Kôhén Godhôl, c'est qu'il avait compris l'importance de servir Dieu au niveau le plus élevé qui soit, et sa revendication, aussi farfelue et erronée fusse-t-elle, indiquait par-là l'immense amour de la Tôroh et de Dieu qui l'animait.

Le Bayith Hodhosh ז״ל et le Sifathé Kôhén3 ז״ל déclarent que l'exemple d'Hillél peut être suivi, et un Béth Din a le droit de prendre la décision d'accepter de convertir un Gôy, même si, dès le départ, il cherche à se convertir pour des motifs ultérieurs, à partir du moment où on détecte quand même chez lui une sincérité dans sa démarche.

ou [qu'il désire rejoindre notre foi] par peur : Par exemple, il appartient à un peuple en guerre contre les Israélites, et lorsqu'il voit que ces derniers sont sur le point de l'emporter, il décide de se convertir à notre foi afin d'être épargné. C'est une conversion par intérêt, et elle n'est pas valable.

Si quelqu'un vient pour entrer dans la religion, et qu'il s'agit d'un homme, nous vérifions au cas où ses yeux se seraient posés sur une femme Juive : En d'autres mots, on vérifie qu'il n'est pas amoureux ou en couple avec une femme Israélite, car se marier avec elle pourrait être la motivation de sa démarche, ce qui en ferait une conversion par intérêt.

Là encore, précisions que si en plus d'être amoureux de cette femme il a également une envie sincère de devenir Israélite et pratiquer notre foi, le fait qu'il soit amoureux de cette Israélite n'empêche pas sa conversion.
11. Si on ne leur trouve pas de motif ultérieur, on les informe de la lourdeur du joug de la Tôroh et de la difficulté qu'ont les gens simples à l'accomplir, afin qu'ils renoncent. S'ils acceptent et ne renoncent pas, et que nous voyons qu'ils sont motivés par l'amour [pour la foi israélite], on les reçoit, car il est dit4 : « elle vit qu'elle était fermement décidée à poursuivre avec elle, et elle cessa de lui parler ».
יא  אִם לֹא נִמְצָא לָהֶם עִלָּה--מוֹדִיעִין אוֹתָן כֹּבֶד עֹל הַתּוֹרָה וְטֹרַח שֶׁיֵּשׁ בַּעֲשִׂיָּתָהּ עַל עַמֵּי הָאֲרָצוֹת, כְּדֵי שֶׁיִּפְרֹשׁוּ; אִם קִבְּלוּ וְלֹא פֵרְשׁוּ, וְרָאוּ אוֹתָן שֶׁחָזְרוּ מֵאַהֲבָה--מְקַבְּלִים אוֹתָן, שֶׁנֶּאֱמָר: וַתֵּרֶא, כִּי-מִתְאַמֶּצֶת הִיא לָלֶכֶת אִתָּהּ; וַתֶּחְדַּל, לְדַבֵּר אֵלֶיהָ
Si on ne leur trouve pas de motif ultérieur, on les informe de la lourdeur du joug de la Tôroh et de la difficulté qu'ont les gens simples à l'accomplir, afin qu'ils renoncent : C'est ce que veulent dire nos Sages lorsqu'ils affirment que par trois fois, on doit « décourager » les candidats à la conversion. Contrairement à ce qui est fait aujourd'hui par de nombreux rabbins, les décourager ne veut pas dire les humilier, les brimer, être rude avec eux, ou les tester outre mesure. Cela signifie simplement leur expliquer qu'être Israélite est très difficile, car c'est un mode de vie exigeant, une religion qui compte de nombreux interdits, dont alimentaires. Si même des Israélites de naissance ont parfois du mal à accomplir convenablement les prescriptions de la foi israélite, à combien plus forte raison pour quelqu'un qui n'est pas né Israélite. Pourquoi veut-il abandonner la « liberté » dont il jouit en tant que Gôy, pour se soumettre à 613 Miswôth et un mode de vie exigeant ? Pourquoi devenir Israélite, alors qu'être Noahide peut suffire ? C'est cela « décourager » les convertis, et rien d'autre.

S'ils acceptent : De néanmoins poursuivre le processus.

et ne renoncent pas : En dépit des choses « négatives » que nous leur avons dites sur les exigences élevées et difficiles de notre foi.

et que nous voyons qu'ils sont motivés par l'amour [pour la foi israélite] : C'est-à-dire que c'est la raison principale de leur démarche.

on les reçoit : C'est-à-dire, on procède à leur conversion.

car il est dit : « elle vit qu'elle était fermement décidée à poursuivre avec elle, et elle cessa de lui parler » : Au début, No´omi ע״ה a tenté de dissuader Routh ע״ה de se convertir. Mais lorsqu'elle a vu sa sincérité, quand Routh lui a rétorqué, אַל-תִּפְגְּעִי-בִי, לְעָזְבֵךְ לָשׁוּב מֵאַחֲרָיִךְ: כִּי אֶל-אֲשֶׁר תֵּלְכִי אֵלֵךְ, וּבַאֲשֶׁר תָּלִינִי אָלִין--עַמֵּךְ עַמִּי, וֵאלֹהַיִךְ אֱלֹהָי. בַּאֲשֶׁר תָּמוּתִי אָמוּת, וְשָׁם אֶקָּבֵר; כֹּה יַעֲשֶׂה יְהוָה לִי, וְכֹה יוֹסִיף--כִּי הַמָּוֶת, יַפְרִיד בֵּינִי וּבֵינֵךְ « N'insiste pas près de moi, pour que je te quitte et m'éloigne de toi; car partout où tu iras, j'irai; où tu demeureras, je veux demeurer; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu; là où tu mourras, je veux mourir aussi et y être enterrée. Que `adhônoy m'en fasse autant et plus, si jamais je me sépare de toi autrement que par la mort! »5, elle lui a permis de la suivre et se faire convertir.

Au Chapitre 14, le Ramba''m expliquera plus concrètement ce que signifie « repousser » les candidats à la conversion.
12. C'est pourquoi, le Béth Din n'acceptait pas les convertis tout au long des temps de Dowidh et Shalômôh. Du temps de Dowidh, c'était par crainte qu'ils soient motivés par la peur, alors que du temps de Shalômôh, c'était par crainte qu'ils ne soient motivés par la souveraineté [territoriale] et la grande prospérité dont jouissait Yisro`él, parce que quiconque se convertit parmi les Gôyim en étant motivé par les vanités de ce monde ne fait pas partie des convertis intègres. Néanmoins, il y eu de nombreux convertis qui furent convertis aux époques de Dowidh et Shalômôh en présence de tiers. [Les membres du] Grand Béth Din les considéraient avec scepticisme. Puisqu'ils s'étaient immergés, ils ne les rejetaient pas, mais ils ne les rapprochaient qu'après avoir vu ce qui déboucherait d'eux.
יב  לְפִיכָּךְ לֹא קִבְּלוּ בֵית דִּין גֵּרִים, כָּל יְמֵי דָּוִיד וּשְׁלֹמֹה--בִּימֵי דָּוִיד, שֶׁמֶּא מִן הַפַּחַד חָזְרוּ, וּבִימֵי שְׁלֹמֹה, שֶׁמֶּא בִּשְׁבִיל הַמַּלְכוּת וְהַטּוֹבָה הַגְּדוֹלָה שֶׁהָיוּ בָּהּ יִשְׂרָאֵל חָזְרוּ: שֶׁכָּל הַחוֹזֵר מִן הַגּוֹיִים בִּשְׁבִיל דָּבָר מֵהַבְלֵי הָעוֹלָם, אֵינוּ מִגֵּרֵי הַצֶּדֶק. וְאַף עַל פִּי כֵן הָיוּ גֵּרִים הַרְבֵּה מִתְגַּיְּרִים בִּימֵי דָּוִיד וּשְׁלֹמֹה, בִּפְנֵי הִדְיוֹטוֹת. וְהָיוּ בֵּית דִּין הַגָּדוֹל חוֹשְׁשִׁין לָהֶם, לֹא דוֹחִין אוֹתָן, אַחַר שֶׁטָּבְלוּ מִכָּל מָקוֹם; וְלֹא מְקָרְבִין אוֹתָן, עַד שֶׁתֵּרָאֶה אַחֲרִיתָם
C'est pourquoi, le Béth Din n'acceptait pas les convertis tout au long des temps de Dowidh et Shalômôh : Car au vue de la grandeur du peuple d'Israël en ces temps-là, beaucoup pouvaient chercher à se convertir par intérêt.

Du temps de Dowidh, c'était par crainte qu'ils soient motivés par la peur : Les juges du Sanhédhrin craignaient] que les Gôyim cherchaient à se convertir à cause de la peur qu'inspirait le Roi Dowidh ע״ה aux nations environnantes, puisque son armée battait chaque ennemi l'un après l'autre pour la conquête quasiment totale de la Terre Sainte.

Néanmoins, il y eu de nombreux convertis qui furent convertis aux époques de Dowidh et Shalômôh en présence de tiers : C'est-à-dire, de personnes qui n'étaient pas membres du Béth Din.

[Les membres du] Grand Béth Din les considéraient avec scepticisme. Puisqu'ils s'étaient immergés, ils ne les rejetaient pas : Ils ne considéraient donc pas leur conversion comme n'étant pas valable, puisque des témoins crédibles y avaient assistée et pouvaient attester de leur validité.

mais ils ne les rapprochaient qu'après avoir vu ce qui déboucherait d'eux : C'est-à-dire qu'ils attendaient de voir d'eux-mêmes si ces convertis pratiquaient la foi israélite avec sincérité.

Ainsi, leurs conversions étaient valables, bien qu'ils ne fussent pas convertis devant le Sanhédhrin ou un Béth Din, mais devant des gens ordinaires du peuple. C'est aussi la conclusion du Shoulhon ´oroukh6. Cela montre que la conversion devant trois témoins Israélites, même s'ils ne sont pas rabbins ou juges rabbiniques, est valable. Ce scénario peut clairement être déduit de la Gamoro` elle-même7, mais qui semble indiquer qu'il est préférable que les trois témoins soient des Talmidhé Hakhomim. Ces convertis sont donc Israélites et ont tous les privilèges et responsabilités qui incombent aux Israélites. Néanmoins, nos Sages du Sanhédhrin ne les recevaient vraiment et ne leur permettaient de se marier à des Israélites qu'une fois qu'ils avaient prouvé leur sincérité dans leurs engagements vis-à-vis de la Tôroh et des Miswôth.

La conversion en-dehors d'un Béth Din formel, mais devant trois témoins Israélites, est donc un cas différent de celui qui se convertit en privé. Ici, on attend jusqu'à ce qu'on ait la conviction qu'il est sérieux et sincère dans sa pratique et foi avant de lui permettre de se marier à des Israélites, tandis que dans le cas de la conversion solitaire on attend qu'il s'immerge à nouveau, mais cette fois-ci devant des témoins, avant de lui permettre de se marier à des Israélites.
13. C'est ainsi que Shalômôh a fait convertir des femmes et les a épousées. De même, Shimshôn a fait convertir [une femme] et l'a épousée. Et la chose est connue qu'elles ne se sont converties que pour un motif ultérieur et que leur conversion ne s'est pas faite sous la supervision du Béth Din. [C'est pourquoi,] l’Écriture les considère comme des Gôyôth et elles restèrent interdites. En outre, leur comportement a finalement révélé leur intention initiale, car elles [continuèrent à] servir leurs idoles et à leur construire des plates-formes. C'est pourquoi l’Écriture l'a considéré comme si c'était lui qui les avait construits, car il est dit8 : « Alors, Shalômôh construisit une plate-forme ».
יג  וּלְפִי שֶׁגִּיַּר שְׁלֹמֹה נָשִׁים וּנְשָׂאָן, וְכֵן שִׁמְשׁוֹן גִּיַּר וְנָשָׂא, וְהַדָּבָר יָדוּעַ שֶׁלֹּא חָזְרוּ אֵלּוּ אֵלָא בִּשְׁבִיל דָּבָר, וְלֹא עַל פִּי בֵּית דִּין גִּיְּרוּם--חֲשָׁבָן הַכָּתוּב כְּאִלּוּ הֶן גּוֹיוֹת, וּבְאִסּוּרָן עוֹמְדִין. וְעוֹד שֶׁהוֹכִיחַ סוֹפָן עַל תְּחִלָּתָן, שְׁהֶן עוֹבְדוֹת עֲבוֹדָה זָרָה שֶׁלָּהֶן, וּבָנוּ לָהֶן בָּמוֹת; וְהֶעֱלָה עָלָיו הַכָּתוּב כְּאִלּוּ הוּא בְּנָאָן, שֶׁנֶּאֱמָר: אָז יִבְנֶה שְׁלֹמֹה בָּמָה
C'est ainsi que Shalômôh a fait convertir des femmes et les a épousées. De même, Shimshôn a fait convertir [une femme] et l'a épousée : Ainsi, leurs épouses étaient converties.

Et la chose est connue qu'elles ne se sont converties que pour un motif ultérieur et que leur conversion ne s'est pas faite sous la supervision du Béth Din. [C'est pourquoi,] l’Écriture les considère comme des Gôyôth et elles restèrent interdites : Voir Shôftim 14:3 et 1 Malokhim 11:4.

Notez qu'on ne dit pas qu'elles étaient des Gôyôth, mais qu'elles étaient comme des Gôyôth. En d'autres mots, une fois que l'on s'est converti d'une façon légale, bien qu'il puisse y avoir vice de forme, la personne est considérée convertie, comme nous le verrons dans la Halokhoh suivante. Mais si elles se détournent de la Tôroh après sa conversion, elle a le statut d'Israélite apostat, et on doit donc la traiter comme si elle appartenait au monde des Gôyim, jusqu'à ce qu'elle revienne dans les sentiers de la Tôroh. Puisque les femmes de Shalômôh et Shimshôn ne se sont pas repenties, elles eurent le statut d'Israélites idolâtres, et il devint interdit de les traiter en Israélites.

En outre, leur comportement a finalement révélé leur intention initiale, car elles [continuèrent à] servir leurs idoles et à leur construire des plates-formes : Le Ramba''m nous fournit là deux cas classiques de conversions valables Badhi´avodh, mais qui n'étaient pas appropriées, car intéressées : celle des femmes de Shalômôh Hammalakh ע״ה et celle de la femme de Shimshôn ע״ה. Dans les deux cas, il s'agissait de conversions basées uniquement sur des motifs ultérieurs, et qui ne furent pas supervisées par un Béth Din (mais qui ont eu lieu devant trois témoins). Comme nous l'avons expliqué dans la Halokhoh précédente, lorsqu'une conversion se fait devant trois témoins, elle est valable. Mais, on peut l'empêcher de se marier à des Israélites ou le considérer comme un Israélite apostat si on voit que le converti ne mène pas une vie conforme aux prescriptions de la Tôroh et à la foi israélite, sans compter le fait qu'il est devenu apparent que le converti avait des motifs exclusivement ultérieurs.

En résumé :

  • Une Béth Din doit s'interroger sur les motivations qui poussent un Gôy à vouloir se convertir, de façon à ce que la conversion ne soit pas intéressée.
  • Si après avoir analysé les motivations du candidat à la conversion, on estime qu'elles sont appropriées et sincères, on doit tenter de le dissuader de se convertir en lui expliquant à quel point notre religion est « difficile » et exigeante, et qu'il n'est pas nécessaire de se convertir pour être agréé d'HaShem.
  • Si malgré nos tentatives de l'en dissuader, il désire néanmoins aller jusqu'au bout, nous devons cesser de le dissuader et l'acceptons sans plus aucune restriction.
  • Si la conversion est motivée par des motifs ultérieurs, en plus d'un amour sincère pour la Tôroh, les Miswôth et la foi israélite, la conversion est valide. Ce n'est que lorsqu'il n'y a que des motifs ultérieurs qu'elle ne l'est pas.
  • Si quelqu'un s'est converti en-dehors d'un Béth Din, mais en présence de trois témoins Israélites valables (c'est-à-dire, qui sont des craignant Dieu et suivent la Tôroh et les Miswôth), la conversion est valide, mais le converti pourra être traité comme un Gôy ou un apostat s'il devient apparent qu'il n'avait que des motifs ultérieurs, ne mène pas une vie conforme à la foi israélite et n'observe pas la Tôroh et les Miswôth.

  1. Qu'en est-il de la validité d'une conversion lorsque le Béth Din n'a pas interrogé le converti sur ses motivations et ne l'a pas informé de l'obligation d'accepter sur lui le joug des Miswôth ?

14. Un converti [dont les motivations] n'ont pas été vérifiées, ou qui ne s'est pas fait enseigner les Miswôth et leurs punitions, et s'est fait circoncire et s'est immergé en présence de trois tiers, c'est un converti. Même s'il est découvert qu'il s'est converti pour un motif ultérieur, étant donné qu'il s'est fait circoncire et s'est immergé, il a quitté la catégorie des Gôyim, mais nous le considérons avec scepticisme jusqu'à que sa droiture soit clarifiée. Même s'il retourne [à ses anciennes voies] et adore des idoles, il est [traité] comme un Israélite apostat. Ses fiançailles sont considérées être des Qiddoushin, et il est également une Miswoh de lui rendre les objets qu'il a perdus, car dès lors qu'il s'est immergé, il est devenu semblable aux Israélites. C'est pourquoi, Shimshôn et Shalômôh conservèrent leurs épouses, bien que leurs secrets fussent dévoilés.
יד  גֵּר שֶׁלֹּא בָדְקוּ אַחֲרָיו, אוֹ שֶׁלֹּא הוֹדִיעוּהוּ הַמִּצְווֹת וְעָנְשָׁן, וּמָל וְטָבַל בִּפְנֵי שְׁלוֹשָׁה הִדְיוֹטוֹת--הֲרֵי זֶה גֵּר: וְאַפִלּוּ נוֹדַע שֶׁבִּשְׁבִיל דָּבָר הוּא מִתְגַּיֵּר--הוֹאִיל וּמָל וְטָבַל, יָצָא מִכְּלָל הַגּוֹיִים; וְחוֹשְׁשִׁין לוֹ, עַד שֶׁיִּתְבָּאַר צִדְקוּתוֹ. אַפִלּוּ חָזַר וְעָבַד עֲבוֹדָה זָרָה--הֲרֵי הוּא כְּיִשְׂרָאֵל מְשֻׁמָּד, שֶׁקִּדּוּשָׁיו קִדּוּשִׁין; וּמִצְוָה לְהַחְזִיר אֲבֵדָתוֹ, מֵאַחַר שֶׁטָּבַל נַעֲשָׂה כְּיִשְׂרָאֵל. וּלְפִיכָּךְ קִיַּם שִׁמְשׁוֹן וּשְׁלֹמֹה נְשׁוֹתֵיהֶן, וְאַף עַל פִּי שֶׁנִּגְלָה סוֹדָן
Un converti [dont les motivations] n'ont pas été vérifiées, ou qui ne s'est pas fait enseigner les Miswôth et leurs punitions, et s'est fait circoncire et s'est immergé en présence de trois tiers, c'est un converti : Il y a donc deux moyens de se convertir :
  1. passer par un Béth Din, ou
  2. s'immerger devant trois témoins Israélites valables (de préférence, des Talmidhé Hakhomim).

Et dans les deux cas, quand bien même on n'aurait pas inspecté le converti dans ses motivations ou qu'on ne lui aurait pas parlé des Miswôth et des sanctions éventuelles qu'il encoure en cas de transgressions, le fait qu'il se soit fait circoncire et s'est immergé en présence de témoins valables valide la conversion. Dans ce cas, la faute et la responsabilité incombaient à ceux qui l'ont converti (le Béth Din ou les trois témoins) et non au converti ; c'était à eux de veiller à respecter ces deux points.

Même s'il est découvert qu'il s'est converti pour un motif ultérieur, étant donné qu'il s'est fait circoncire et s'est immergé, il a quitté la catégorie des Gôyim, mais nous le considérons avec scepticisme jusqu'à que sa droiture soit clarifiée : Il n'y a donc pas d'annulation rétroactive de conversion. Néanmoins, nous avons le droit de ne pas traiter de tels convertis comme des Israélites, jusqu'à ce qu'il devient clair qu'ils marchent vraiment dans les sentiers de la Tôroh.

Même s'il retourne [à ses anciennes voies] et adore des idoles, il est [traité] comme un Israélite apostat : C'est à dire que s'il abandonne par la suite la pratique de la Tôroh et des Miswôth, il n'est pas un Gôy et ne pourra pas le redevenir, car une conversion valide ne peut être annulée. Il aura toutefois le statut d'Israélite apostat.

La nuance est que s'il avait le statut de Gôy, il lui faudrait se reconvertir après sa Tashouvoh, alors qu'avec le statut d'Israélite apostat, cela signifie que s'il fait Tashouvoh et revient à la pratique de la Tôroh et des Miswôth, il n'a pas besoin de refaire une conversion, car un Israélite a la possibilité de faire Tashouvoh jusqu'à son dernier souffle.

Ses fiançailles sont considérées être des Qiddoushin : C'est-à-dire que si cet Israélite apostat se fiance, ses fiançailles sont valables d'un point de vue halakhique, comme pour n'importe quel autre Israélite. Et de ce fait, un Gét sera nécessaire si sa femme désire se séparer de lui et épouser un autre Israélite, car son mari est toujours Israélite, bien qu'il soit dans le même temps un apostat.

et il est également une Miswoh de lui rendre les objets qu'il a perdus : La Halokhoh déclare qu'il n'est pas obligatoire de rendre à un Gôy un objet qu'il aurait perdu lorsqu’on le trouve. Cette obligation ne s'applique que lorsque l'objet trouvé appartient à un Israélite. (Attention : cela ne signifie pas qu'il faille garder les objets trouvés qui appartiendraient à des Gôyim. Les rendre est un Qiddoush HaShem. Mais ce n'est pas une obligation, juste une mesure de piété, alors que rendre l'objet perdu quand il appartient à un Israélite dont on connait l'identité est une obligation de la Tôroh.) Puisqu'un converti devenu apostat reste néanmoins un Israélite, on doit lui rendre ce qu'il a perdu.

Par contre, précisons que si le converti adore des idoles, profane publiquement le Shabboth, conteste les paroles des Sages, etc., il n'est donc plus une Miswoh de lui rendre ce qu'il aurait perdu, et il doit être traité comme un Gôy, comme cela est indiqué par le Ramba''m lui-même dans les Hilkôth Gazéloh Wa`avédhoh 11:3.

Ce n'est pas une contradiction : ici, le Ramba''m veut juste nous dire qu'il n'aura pas besoin de se reconvertir s'il fait Tashouvoh, car il reste Israélite, quoi que apostat. Puisqu'il est encore Israélite, les actes religieux qu'il accomplirait ont une valeur halakhique. Le fait d'accomplir encore quelques actes spécifiques de la foi israélite démontre qu'il n'a pas entièrement tourné le dos à notre foi, quand bien même il serait devenu idolâtre, et de ce fait, on se doit de continuer à le traiter comme un Israélite (dans l'espoir qu'il revienne). Néanmoins, s'il s'éloigne totalement du Judaïsme, au point de ne plus du tout accomplir la moindre Miswoh (même de temps en temps), de mener sa vie comme un Gôy en tout point, voire même de pratiquer entièrement une toute autre religion, sans plus garder aucun aspect du Judaïsme, alors bien qu'il soit encore Israélite, il devra entièrement être traité comme un Gôy jusqu'à sa Tashouvoh. Il y a donc deux niveaux d'apostasie :
  1. celui qui a tourné le dos à la foi israélite, mais continue encore à respecter certains aspects de notre foi, et
  2. celui qui complètement tourné le dos à notre foi, et ne respecte plus aucun aspect ou précepte de notre foi.

C'est pourquoi, Shimshôn et Shalômôh conservèrent leurs épouses, bien que leurs secrets fussent dévoilés : Car e dépit de leur idolâtrie, elles étaient Israélites. Cela illustre bien qu'une conversion ne peut être annulée, même rétroactivement, et peu importe les fautes commises par le converti. C'est ce que veulent dire nos Sages lorsqu'ils ont enseigné : « Un Israélite qui pèche reste un Israélite ». C'est dans le sens où, étant donné qu'ils sont Israélites, la Tashouvoh suffira pour être ré-accepter ; une conversion ou reconversion ne sera pas nécessaire.
15. C'est la raison pour laquelle les Sages ont dit9 : « Les convertis sont aussi difficiles pour les Israélites que l'affliction de la lèpre », car la plupart d'entre eux, pour une raison ou une autre, retournent [à leurs anciennes voies] et amènent des Israélites à s'égarer, et il est une chose difficile de nous séparer d'eux une fois qu'ils se sont convertis. Va et apprends ce qui s'est passé dans le désert lors de l'adoration du Veau d'Or et des Qivrôth Hatta`awoh ! De même, la plupart des [plaintes soulevées dans les épisodes où les Israélites] tentèrent incessamment [Dieu] furent initiées par eux.
טו  וּמִפְּנֵי זֶה אָמְרוּ חֲכָמִים, קָשִׁים לָהֶם גֵּרִים לְיִשְׂרָאֵל כְּנֶגַע צָרַעַת--שֶׁרֻבָּן חוֹזֵר בִּשְׁבִיל דָּבָר, וּמַטְעִין אֶת יִשְׂרָאֵל; וְקָשֶׁה הַדָּבָר לִפְרֹשׁ מֵהֶם, אַחַר שֶׁנִּתְגַּיְּרוּ. צֵא וּלְמַד מַה אֵרַע בַּמִּדְבָּר בְּמַעֲשֵׂה הָעֵגֶל, וּבְקִבְרוֹת הַתַּאֲוָה; וְכֵן רֹב הַנִּסְיוֹנוֹת, הָאסַפְסוּף הָיוּ בָּהֶן תְּחִלָּה
C'est la raison pour laquelle les Sages ont dit : « Les convertis sont aussi difficiles pour les Israélites que l'affliction de la lèpre » : Il va de soi que nos Sages ne parlaient pas de tous les convertis, mais de ceux qui se détournaient de la foi après leur conversion. Une fois convertis, il n'est plus possible de nous débarrasser d'eux, et ils deviennent donc une plaie comparable à la lèpre.

Toutefois, les convertis sincères, qui pratiquent la Tôroh et les Miswôth, reçoivent le plus grand respect dans la Tradition Juive. Par exemple, dans une lettre que le Ramba''m a envoyée à un converti appelé ´ôvadhyoh, il écrit : « Nous10 partageons une connexion avec `avrohom, Yishoq et Ya´aqôv, alors que votre connexion11 remonte directement à Celui qui a parlé et le monde fut ! ». En d'autres mots, de par le choix d'abandonner leur ancien mode de vie et suivre la Tôroh, les convertis sincères ont souvent tendance à être plus sincères que les Israélites de naissance, et donc à se lier à HaShem d'une manière plus intense et directe que les Israélites de naissance.


car la plupart d'entre eux, pour une raison ou une autre, retournent [à leurs anciennes voies] et amènent des Israélites à s'égarer, et il est une chose difficile de nous séparer d'eux une fois qu'ils se sont convertis. Va et apprends ce qui s'est passé dans le désert lors de l'adoration du Veau d'Or et des Qivrôth Hatta`awoh : Nos Sages expliquent que dans les deux cas, le péché fut causé par le ´arav Rov, le mélange de convertis non sincères qui sortirent d’Égypte en même temps que les Israélites. Ce sont eux qui ont poussé les Israélites à accomplir ces deux graves péchés.

Les Qivrôth Hatta`awoh font référence à l'incident rapporté dans le Chapitre 11 de Bamidhbor, quand les Israélites se plaignirent qu'ils désiraient autre chose à manger que de la Manne.

De même, la plupart des [plaintes soulevées dans les épisodes où les Israélites] tentèrent incessamment [Dieu] furent initiées par eux : ce que le Ramba''m veut nous dire ici c'est qu'il est impératif de faire attention aux gens que l'on accepte de convertir au Judaïsme, car une fois qu'une conversion a été faite, elle est valable et ne peut plus être annulée. De ce fait, si nous acceptons tout le monde et n'importe qui sans prendre garde, ni prendre la peine de bien inspecter leurs motivations et d'avoir une ferme conviction qu'ils sont sincères dans leur démarche et attachement à la foi israélite, nous pourrions faire plus de mal au peuple d'Israël que de bien.

En résumé :

  • Bien qu'un Béth Din doit inspecter les motivations de tout candidat à la conversion, et expliquer les Miswôth (nous verrons dans une autre partie ce que cela implique) et les sanctions auxquelles ils s'exposent s'ils ne les respectent pas, si cela n'a pas été fait, la conversion est valide.
  • De même, une conversion effectuée en-dehors d'un Béth Din, mais en présence de témoins Israélites valables, est valide, même si les motivations du converti n'ont pas été inspectées, ou si on ne l'a pas informé des Miswôth et leurs sanctions en cas de transgression.
  • Une fois qu'une conversion est valide, rien ne peut plus l'invalider ; même si on découvre après la conversion que le converti avait de mauvaises motivations, ou qu'il est retourné à ses anciennes voies, il reste Israélite et sa conversion est irrévocable. Néanmoins, il aura le statut d'Israélite apostat.
  • S'il s'est détourné totalement de notre foi, sans plus pratiquer ni respecter aucun aspect ou précepte israélite, on le traite comme un Gôy en tout point. (Mais s'il se repent et retourne aux voies israélites, il ne doit pas se reconvertir.)
  • Il incombe donc à ceux qui procèdent à des conversions de ne pas accepter tout le monde et n'importe qui, car les mauvais convertis sont une plaie pour le peuple d'Israël dont il est impossible de se débarrasser.

Dans la prochaine partie, nous expliquerons concrètement comment « repousser » un candidat à la conversion et comment le préparer à sa conversion s'il décide d'aller jusqu'au bout, en dépit de notre tentatives de l'en dissuader.

1Voir dans 2 Shamou`él 12:25, tel que ce verset est interprété dans la Gamoro` de Manohôth 53a
2Shabboth 31a
3268:23
4Routh 1:18
5Ibid., versets 16-17
6Yôréh Dé´oh 268:12
7Yavomôth 46b
81 Malokhim 11:7
9Yavomôth 47a
10Les Israélites de naissance

11Celle des convertis
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