jeudi 18 février 2016

Les lois relatives à la prière : Quatorzième Partie

ב״ה

Les lois relatives à la prière

Quatorzième Partie


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Poursuivons notre exposition des lois relatives à la prière.

Lois relatives à la prière et à la bénédiction des Kôhanim – Chapitre 6
הִלְכּוֹת תְּפִלָּה וּבִרְכַת כּוֹהֲנִים פֵּרֶק ו׳

  1. Peut-on passer derrière une synagogue au moment où une assemblée prie à l'intérieur ?

1. Il est défendu pour quelqu'un de passer derrière une synagogue au moment où la communauté prie, à moins qu'il porte une charge ou que la synagogue soit dotée de deux entrées à deux côtés [différents], car celui qui le voit pourra présumer qu'il compte entrer par l'autre entrée. De même, s'il y a dans la ville deux synagogues, celui qui le voit pourra présumer qu'il se rend à la synagogue à laquelle il est habitué. Si quelqu'un a les Tafillin sur sa tête, il lui est permis de passer, même sans l'une de ces [conditions], car les Tafillin indiquent qu'il est quelqu'un qui recherche les Miswôth, et qu'il ne fait pas partie de ceux qui s'abstiennent de la prière.
א  אָסוּר לוֹ לָאָדָם לַעֲבֹר אֲחוֹרֵי בֵּית הַכְּנֶסֶת בְּשָׁעָה שֶׁהַצִּבּוּר מִתְפַּלְּלִין, אֵלָא אִם כֵּן הָיָה נוֹשֵׂא מַשּׂאוּי; אוֹ אִם הָיָה לְבֵית הַכְּנֶסֶת שְׁנֵי פְּתָחִים בִּשְׁתֵּי רוּחוֹת, שֶׁהָרוֹאֶה אוֹמֵר שֶׁמֶּא יֵלֵךְ וְיִכָּנֵס בַּפֶּתַח הָאַחֵר. וְכֵן אִם הָיָה בָּעִיר שְׁנֵי בָּתֵּי כְּנָסִיּוֹת, יֹאמַר הָרוֹאֶה שֶׁמֶּא יֵלֵךְ לְבֵית הַכְּנֶסֶת הָרָגִיל בּוֹ. וְאִם הָיָה לוֹ תְּפִלִּין בְּרֹאשׁוֹ--מֻתָּר לַעֲבֹר, וְאַף עַל פִּי שְׁאֵין שָׁם אֶחָד מִכָּל אֵלּוּ: שֶׁהַתְּפִלִּין מוֹכִיחִין עָלָיו שְׁהוּא רוֹדֵף אַחַר הַמִּצְווֹת, וְאֵינוּ מִמְּבַטְּלֵי הַתְּפִלָּה
Il est défendu pour quelqu'un de passer derrière une synagogue : On parle ici du cas où l'entrée de la synagogue se trouve à l'arrière. Mais passer par un côté d'une synagogue où ne se trouve pas une entrée n'est pas un problème.

au moment où la communauté prie : Rash''i1 ז״ל explique que celui qui passe devant l'entrée d'une synagogue sans y entrer donne l'impression de fuir la synagogue et la prière qui est en train de s'y dérouler.

Le Talmoudh2 rapporte cette interdiction au nom de Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi ז״ל, puis cite `abbayé ז״ל comme ayant énoncé les deux cas d'exception que le Ramba''m rapporte ici.

à moins qu'il porte une charge : Auquel cas on comprendra aisément la raison pour laquelle il n'entre pas dans la synagogue.

ou que la synagogue soit dotée de deux entrées à deux côtés [différents], car celui qui le voit pourra présumer qu'il compte entrer par l'autre entrée : Le Talmoudh parle bien de cette conditions des deux entrées, mais le fait qu'elles doivent être à deux côtés différents de la synagogue est un ajout du Ramba''m ז״ל, qui est logique. En effet, si les deux entrées sont du même côté de la synagogue, le badaud attendra de voir s'il entre vraiment par la deuxième entrée, tandis que ce n'est que dans le cas où les deux entrées sont à des côtés différents de la synagogue que l'on n'a pas besoin de l'observer, et que l'on peut présumer qu'il compte entrer par l'autre côté. D'où l'ajout par le Ramba''m de cette qualification d'entrées situées à deux côtés différents.

De même, s'il y a dans la ville deux synagogues, celui qui le voit pourra présumer qu'il se rend à la synagogue à laquelle il est habitué : Et non pas qu'il fuit la synagogue devant laquelle il est passé afin de ne pas prier avec la communauté.

Si quelqu'un a les Tafillin sur sa tête : Voir les Hilkôth Tafillin Oumazouzoh Waséfar Tôroh 4:25, qui mentionne l'obligation de porter les Tafillin tout au long de la journée, et pas uniquement pour la prière du matin. Et telle est la pratique des Talmidhé HaRamba''m, qui portent également le Tallith tout au long de la journée, et pas uniquement pour la prière. En fait, contrairement au mythe bien répandu, les Tafillin ne sont en rien liées à la prière, tout comme le Tallith. (Voir, à cet égard, l'article intitulé « Le Tallith : un châle de prière ou un vêtement ? ».)

il lui est permis de passer : Derrière une synagogue, pendant que l'assemblée y prie.

  1. Peut-on rallonger excessivement sa prière ?

2. Celui qui prie avec la communauté ne doit pas s'étendre trop longuement dans sa prière. Mais en privé, il en a le droit : s'il désire dire après sa prière même le rite de la confession de Yôm Hakkippourim, qu'il le dise ! De même, s'il désire ajouter dans chacune des bénédictions intermédiaires quelque chose en rapport avec la bénédiction, qu'il ajoute !
ב  הַמִּתְפַּלֵּל עִם הַצִּבּוּר, לֹא יַאֲרִיךְ בִּתְפִלָּתוֹ יָתֵר מִדַּי. אֲבָל בֵּינוֹ לְבֵין עַצְמוֹ, הָרְשׁוּת בְּיָדוֹ: אִם בָּא לוֹמַר אַחַר תְּפִלָּתוֹ, אַפִלּוּ כְּסֵדֶר וִדּוּי יוֹם הַכִּפּוּרִים--אוֹמֵר; וְכֵן אִם רָצָה לְהוֹסִיף בְּכָל בְּרָכָה וּבְרָכָה מִן הָאֶמְצָעִיּוֹת, מֵעֵין הַבְּרָכָה--מוֹסִיף
Celui qui prie avec la communauté ne doit pas s'étendre trop longuement dans sa prière. Mais en privé, il en a le droit : Le Talmoudh3 rapporte que la pratique de Rébbi ´aqivo` ז״ל, lorsqu'il priait en communauté, consistait à raccourcir sa prière silencieuse afin de ne pas ennuyer les autres fidèles, qui auraient alors à attendre qu'il finisse. Mais lorsqu'il priait seul, celui qui l'avait laissé dans un coin de la pièce le retrouvait à un autre coin, à cause de ses inflexions et prosternations nombreuses qu'il faisait après la prière. Cela indique que lorsqu'il priait seul, il faisait de longues supplications après ses Shamônah ´asréh. (Pour les inflexions et prosternations qui suivent les Shamônah ´asréh lorsqu'on fait les supplications, voir la treizième partie de cette série d'articles, ainsi que les articles intitulés « La prosternation israélite » et « Guide des Tahanoun ».)

Nous comprenons donc que l'interdiction de s'étendre dans les Shamônah ´asréh lorsqu'on prie en communauté fut promulguée afin de prévenir l'inconfort qui pourrait être causé si la communauté était contrainte d'attendre qu'une personne termine sa prière. Le Rov Qa`ppah ז״ל précise que même si la communauté ne l'attendra pas nécessairement, il est néanmoins toujours interdit de s'étendre trop longuement dans ses Shamônah ´asréh, afin de ne pas paraître arrogant.

s'il désire dire après sa prière : C'est-à-dire, après avoir terminé ses Shamônah ´asréh.

même le rite de la confession de Yôm Hakkippourim, qu'il le dise : Le Talmoudh4 affirme que si on le désire, on peut même, après ses Shamônah ´asréh, faire l'intégralité du rite du jour de Yôm Hakkippourim.

Les prières de Yôm Hakkippourim ont été citées en exemple, car il s'agit généralement des plus longues de l'année. En d'autres mots, on a même le droit de continuer à prier après les Shamônah ´asréh autant de temps qu'on le désire, même de nombreuses heures.

De même, s'il désire ajouter dans chacune des bénédictions intermédiaires quelque chose en rapport avec la bénédiction, qu'il ajoute : Cela sera expliqué dans la Halokhoh suivante.

  1. Comment ajoute-t-on ses requêtes personnelles dans les Shamônah ´asréh ?

3. Comment ça ? Si quelqu'un était malade, il demande pour lui miséricorde dans la bénédiction des malades, suivant l'aisance de son élocution. S'il a besoin de moyens de subsistance, il ajoute une supplication et demande dans la bénédiction des années, et ainsi de suite pour chacune d'elles. Et s'il désire demander tout ce dont il a besoin dans « Shôméa´ Tafilloh », qu'il demande ! Mais on ne doit pas faire de requêtes ni dans les trois premières [bénédictions], ni dans les trois dernières.
ג  כֵּיצַד: הָיָה לוֹ חוֹלֶה--מְבַקֵּשׁ עָלָיו רַחֲמִים בְּבִרְכַת חוֹלִים, כְּפִי צַחוּת לְשׁוֹנוֹ; הָיָה צָרִיךְ לְפַרְנָסָה, מוֹסִיף תְּחִנָּה וּבַקָּשָׁה בְּבִרְכַת הַשָּׁנִים. וְעַל דֶּרֶךְ זוֹ, בְּכָל אַחַת מֵהֶן. וְאִם רָצָה לִשְׁאֹל כָּל צְרָכָיו בְּשׁוֹמֵעַ תְּפִלָּה, שׁוֹאֵל; אֲבָל לֹא יִשְׁאַל לֹא בְּשָׁלוֹשׁ רִאשׁוֹנוֹת, וְלֹא בְּשָׁלוֹשׁ אַחֲרוֹנוֹת
Comment ça : C'est-à-dire, comment applique-t-on la Halokhoh selon laquelle il est permis, si on le souhaite, d'ajouter nos propres requêtes dans les bénédictions des Shamônah ´asréh, dès lors que chaque requête est énoncée dans la bénédiction adéquate ?

Si quelqu'un était malade, il demande pour lui miséricorde dans la bénédiction des malades : C'est-à-dire, la quatrième bénédiction intermédiaire des Shalmônah ´asréh.

Le Talmoudh5 enseigne que bien que nos Sages aient dit qu'il était préférable d'ajouter toutes ses requêtes personnes dans la bénédiction de « Shôméa´ Tafilloh », on a le droit d'ajouter, si on préfère, ses requêtes personnelles dans la bénédiction intermédiaire appropriée. Le Talmoudh donne exactement les deux mêmes exemples que le Ramba''m rapporte ici.

suivant l'aisance de son élocution : C'est-à-dire, dans ses propres mots, même dans une langue autre que la Langue Sainte, et avec le vocabulaire le plus raffiné et approprié qu'il connaisse.

S'il a besoin de moyens de subsistance, il ajoute une supplication et demande dans la bénédiction des années : C'est-à-dire, la sixième des bénédictions intermédiaires des Shamônah ´asréh.

et ainsi de suite pour chacune d'elles : Rash''i6 donne comme autre exemple que si l'on souhaite ne pas oublier ce que l'on vient juste d'étudier avant la prière, on peut faire une requête personnelle dans la bénédiction de la connaissance (la première des bénédictions intermédiaires des Shamônah ´asréh).

Et s'il désire demander tout ce dont il a besoin dans « Shôméa´ Tafilloh », qu'il demande : Car, comme nous l'avons dit plus haut, il n'y a pas d'obligation d'insérer ses requêtes dans d'autres bénédictions. Cette bénédiction-ci peut servir pour toutes les sortes de requêtes.

Mais on ne doit pas faire de requêtes ni dans les trois premières [bénédictions], ni dans les trois dernières : Voir dans le Talmoudh, ainsi qu'au Chapitre 1, Halokhoh 6 (dans la première partie).

  1. Peut-on manger ou goûter quelque chose avant d'avoir prié ?

4. Il est défendu à quelqu'un de goûter quoique ce soit ou d'accomplir un travail depuis que l'aube ait pointé jusqu'à ce qu'il ait prié la Tafillath Shahrith. De même, il doit s'abstenir de visiter son coreligionnaire pour s'enquérir de son bien-être avant d'avoir prié la Tafillath Shahrith. Il ne doit pas [non plus] se mettre en route avant d'avoir prié. Mais on peut goûter [quelque chose] ou faire un travail avant Mousof et avant Minhoh. Mais on ne doit pas prendre un repas aux environs de Minhoh.
ד  אָסוּר לוֹ לָאָדָם שֶׁיִּטְעֹם כְּלוּם אוֹ שֶׁיַּעֲשֶׂה מְלָאכָה, מֵאַחַר שֶׁיַּעֲלֶה עַמּוּד הַשַּׁחַר, עַד שֶׁיִּתְפַּלַּל תְּפִלַּת שַׁחְרִית; וְכֵן לֹא יַשְׁכִּים לְפֶתַח חֲבֵרוֹ לִשְׁאֹל בִּשְׁלוֹמוֹ, קֹדֶם שֶׁיִּתְפַּלַּל תְּפִלַּת שַׁחְרִית. וְלֹא יֵצֵא לַדֶּרֶךְ, קֹדֶם שֶׁיִּתְפַּלַּל. אֲבָל טוֹעֵם הוּא וְעוֹשֶׂה מְלָאכָה קֹדֶם מוּסָף, וְקֹדֶם מִנְחָה; אֲבָל אֵינוּ סוֹעֵד, סָמוּךְ לַמִּנְחָה
Il est défendu à quelqu'un de goûter quoique ce soit : Le Talmoudh7 enseigne qu'il ne convient pas de s'occuper de ses besoins charnels avant d'avoir prié. Mais il va de soi que cela ne s'applique ni à celui qui est malade et doit manger pour prendre des forces, ni à celui qui a tellement faim ou soif qu'il ne pourra pas se concentrer dans sa prière s'il ne mange pas ou ne boit pas. (Voir le Chapitre 5, Halokhoh 2, dans la onzième partie, où nous avions vu que celui qui est affamé ou assoiffé est considéré comme un malade et peut manger ou boire avant de prier.)

ou d'accomplir un travail : Le Talmoudh8 enseigne que l'on doit d'abord s'occuper de la justice de notre Créateur, et seulement ensuite accomplir le travail nécessaire à nos besoins personnels.

depuis que l'aube ait pointé jusqu'à ce qu'il ait prié la Tafillath Shahrith : L'aube est le moment à partir duquel commence la plage horaire de Shahrith. (Voir le Chapitre 3, Halokhoh 7, dans la septième partie.) Par conséquent, dès que commence l'obligation rabbinique de prier, il devient interdit de goûter ou de s'occuper de quoique ce soit tant que la prière n'aura pas été faite.

De même, il doit s'abstenir de visiter son coreligionnaire pour s'enquérir de son bien-être avant d'avoir prié la Tafillath Shahrith : Le Talmoudh9 rapporte que quiconque va saluer son coreligionnaire avant d'avoir prié, c'est comme s'il avait fait de son coreligionnaire un autel, puisqu'il place le bien-être de celui-ci avant HaShem.

Néanmoins, le Talmoudh précise que cette interdiction ne s'applique que lorsqu'on se rend chez son coreligionnaire. Mais si on l'a croisé en chemin, s'enquérir de son bien-être sera permis, même si on n'avait pas encore prié.

Il ne doit pas [non plus] se mettre en route avant d'avoir prié : Pour la même raison qu'il est interdit de s'occuper d'un travail avant d'avoir prié.10

Mais on peut goûter [quelque chose] ou faire un travail avant Mousof et avant Minhoh : Le Talmoudh11 rapporte deux opinions, celle de Rov Houno` ז״ל, qui défend de goûter quoique ce soit avant d'avoir prié Mousof, et celle de Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi ז״ל, qui défend de goûter quoique ce soit avant d'avoir Minhoh. Mais le Talmoudh rejette ces deux opinions. Par conséquent, comme le tranche ici le Ramba''m, il n'y a pas de problème à goûter quelque chose avant d'avoir Mousof ou Minhoh. Cette interdiction ne s'applique qu'à Shahrith, afin de commencer sa journée par des occupations spirituelles.

Mais on ne doit pas prendre un repas aux environs de Minhoh : Manger un petit quelque chose et prendre un repas ne sont pas la même chose. Bien que goûter quelque chose soit permis, certaines restrictions furent néanmoins imposées concernant certaines activités interdites avant Minhoh, comme notamment le fait de consommer un repas. Ces restrictions seront expliquées dans la Halokhoh suivante, que nous rapporterons dans la prochaine partie.

1Sur Barokhôth 61a
2Barokhôth 8b
3Ibid., 31a
4Ibid., et avôdhoh Zoroh 8a
5´avôdhoh Zoroh 8a
6Sur ´avôdhoh Zoroh, Ibid.
7Barokhôth 10b
8Ibid., 14a
9Ibid.
10Ibid.

11Ibid., 28b
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