samedi 11 octobre 2014

Quelles sont les Malo`khôth permises à Yôm Tôv ?

ב״ה

Quelles sont les Malo`khôth permises à Yôm Tôv ?


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La Tôroh nous explique qu'à Shabboth et Yôm Tôv, les mêmes interdictions sont d'application, à une exception près1 :

Aucune Malo`khoh ne sera faite ces [jours-là]. Toutefois, ce qui sera mangé par chaque individu, cela seul sera fait par vous.
כָּל-מְלָאכָה, לֹא-יֵעָשֶׂה בָהֶם--אַךְ אֲשֶׁר יֵאָכֵל לְכָל-נֶפֶשׁ, הוּא לְבַדּוֹ יֵעָשֶׂה לָכֶם

Nous voyons donc de ce passage qu'à l'exception d'une Malo`khoh qui est réalisée dans le cadre de ce qui est nécessaire à l'alimentation, toutes les Malo`khôth de Shabboth sont d'application à Yôm Tôv. Nous tenterons de comprendre quels types de Malo`khôth sont concernés et parcourrons les diverses opinions.

La Mishnoh enseigne ceci2 :

Béth Shamma`y disent : « On ne peut faire sortir ni l'enfant, ni le Lôlov, ni un Séfar Tôroh vers le domaine public ». Mais Béth Hillél permettent.
בית שמאי אומרים: אין מוציאין לא את הקטן ולא את הלולב ולא את ספר תורה לרשות הרבים. ובית הלל מתירין

Béth Shamma`y et Béth Hillél divergent quant à savoir s'il est permis de porter à Yôm Tôv, dans le domaine public, des objets qui ne sont pas de la nourriture (ou qui ne sont pas nécessaires à l'alimentation), ou est-ce une transgression de la Malo`khoh de הוֹצָאָה « Hôso`oh » (porter, transférer d'un domaine à un autre).

La Gamoro` de cette Mishnoh explique le raisonnement de Béth Hillél de la façon suivante :

Étant donné qu'il est permis de sortir ce qui est nécessaire [pour l'alimentation], cela est également permis lorsque ce n'est pas pour les besoins [de l'alimentation]
מתוך שהותרה הוצאה לצורך הותרה נמי שלא לצורך

Ce principe est connu sous le nom de מִתּוֹךְ « Mittôkh », qui signifie « étant donné ». En d'autres mots, puisque la Malo`khoh de porter dans le domaine public est permis lorsqu'il s'agit de quelque chose lié à l'alimentation (par exemple, apporter un plat de fête à son voisin qui n'a pas de quoi manger), cette même Malo`khoh est également permise lorsque l'on porte dans le domaine public pour une raison n'étant pas liée à la nourriture.

Les Ri`shônim débattent de la portée de ce principe, ainsi que de sa justification.

Pour quelle raison pourrait-on porter dans le domaine public à Yôm Tôv ? Rash''i ז״ל, dans son commentaire sur la Gamoro` susmentionnée, explique que le principe de « Mittôkh » nous apprend que Min Hattôroh (d'après la Tôroh), porter à Yôm Tôv est permis, même pour aucun but précis. En d'autres mots, pour Rash''i, à partir du moment où cette Malo`khoh est permise pour ce qui sert à la nourriture, elle est permise même lorsqu'il n'y a pas de raison particulière pouvant la justifier.

Les Tôsofôth ז״ל, qui sont les gendres, petits-fils et disciples de Rash''i, ne sont pas d'accord avec lui, et expliquent ceci :

« Étant donné qu'il est permis de sortir ce qui est nécessaire [pour l'alimentation], cela est également permis pour ce qui n'est pas nécessaire [pour l'alimentation] » - C'est à la condition que cela remplisse une nécessité pour la jouissance du jour, ou une nécessité pour l'accomplissement d'une Miswoh à Yôm Tôv, comme dans le cas de porter un enfant [dans le domaine public] pour le faire circoncire, un Séfar Tôroh pour qu'on lise dedans, et un Lôlov pour accomplir avec la Miswoh [du balancement des quatre espèces]. Cependant, [une Malo`khoh accomplie] sans aucune nécessité du jour n'est pas permise. Par exemple, celui qui sortirait des pierres [dans le domaine public] serait Hayyov... Il semble que pour le R''i, porter un bébé dehors dans le but de faire une promenade est considéré comme une nécessité du jour.

Ainsi, d'après les Tôsofôth, la Tôroh n'a permis ces Malo`khôth n'étant pas liées à l'alimentation que lorsqu'elles remplissent un but légitime.

Qu'est-ce qui se cache derrière ce débat ? Si la Tôroh n'a permis de faire à Yôm Tôv que ce qui est nécessaire à l'alimentation, pourquoi a-t-on également permis ce qui n'est pas nécessairement lié à l'alimentation ? D'où vient ce principe de « Mittôkh » ? Sur quoi est-il basé ? Il existe trois approches différentes pour répondre à ces questions.

La première approche3 consiste à dire que la Tôroh n'aurait interdit à Yôm Tôv que certaines sortes de Malo`khôth connues sous le nom de מְלֶאכֶת עֲבֹדָה « Mala`khath ´avôdhoh », terme qui signifie littéralement « ouvrage [nécessaire à] un travail », tandis qu'elle n'aurait jamais interdit les Malo`khôth entrant dans la catégorie d'une מְלֶאכֶת אוֹכֵל נֶפֶשׁ « Mala`khath `ôkhél Nafash », terme qui signifie littéralement « ouvrage [nécessaire à] l'alimentation d'un individu ». Si cette approche est correcte, nous pourrions conclure que toutes les Malo`khôth associées au « `ôkhél Nafash » ne furent jamais interdites à Yôm Tôv. Par conséquent, comme le disent Béth Hillél, « Étant donné qu'il est permis de sortir ce qui est nécessaire [pour l'alimentation], cela est également permis lorsque ce n'est pas pour les besoins [de l'alimentation] ». En d'autres mots, la Tôroh n'aurait jamais interdit les Malo`khôth qui pouvaient être réalisées pour l'alimentation. Par conséquent, la Malo`khoh de porter dans le domaine public n'aurait jamais été interdite à Yôm Tôv, car c'est une Malo`khoh qui peut être nécessaire à l'alimentation. De même, la Malo`khoh de battre le grain n'aurait jamais été interdite à Yôm Tôv, car c'est une Malo`khoh qui peut être nécessaire à l'alimentation, et ainsi de suite.

C'est ainsi que dans son commentaire sur Kathoubbôth 7a, le Ra`ava''d ז״ל explique ceci :

En d'autres mots, toutes ces Malo`khôth qui furent permises pour l'alimentation ne furent jamais inclues dans l'interdiction de « Aucune Malo`khoh ne sera faite ces [jours-là] ». Quant à ce que la Tôroh écrit [ensuite], «  Toutefois, ce qui sera mangé par chaque individu, cela seul sera fait par vous », cela indique simplement que les Malo`khôth permises parce qu'elles sont nécessaires à la préparation de la nourriture sont [complètement] permises à Yôm Tôv.4

Le R''i ז״ל, cité par les Tôsofôth5, offre d'ailleurs une application extrême de cette approche. Il suggère qu'étant donné que faire du fromage, un acte qui est un dérivé de la Malo`khoh de בּוֹנֵה « Bônéh » (construire), est permis à Yôm Tôv, on doit alors permettre de construire une maison à Yôm Tôv ! Puisque construire est permis lorsque cela est nécessaire à l'alimentation, on doit aussi le permettre lorsque ce n'est pas nécessaire à l'alimentation ! Bien que beaucoup s'opposent au R''i sur ce point, cette position « choquante » illustre bien jusqu'où l'on peut aller en adoptant cette première approche.

Une deuxième approche suggère de comprendre le principe de « Mittôkh » d'une manière complètement différente. D'après cette deuxième approche, la Tôroh a permis à Yôm Tôv ce qui concerne l'alimentation parce que Yôm Tôv est censé être un jour festif, puisqu'il existe une Miswoh de ִמְחַת יוֹם טוֹב « Simhath Yôm Tôv » (se réjouir à Yôm Tôv). Mais en quoi est-ce que cela autorise à faire même ce qui n'a pour but l'alimentation ?

Rabbénou `ali´azar de Metz ז״ל explique6 que la Tôroh n'a pas seulement permis le « `ôkhél Nafash » (les Malo`khôth nécessaires à la préparation des aliments), mais a plutôt permis ces Malo`khôth pour toutes les הַנַאַת נֶפֶשׁ « Hana`ath Nafash », c'est-à-dire, tous les plaisirs physiques et spirituels. Par conséquent, une Malo`khoh qui est permise pour l'alimentation, comme par exemple porter et cuire, pourrait également être accomplie pour d'autres nécessités physiques ou spirituelles que l'alimentation. Rabbénou `ali´azar de Metz base son approche sur ce que dit la Gamoro`, dans Pésahim 21a : chaque fois que la Tôroh interdit de consommer quelque chose, son intention est également d'interdire d'autres profits ou avantages que l'on pourrait tirer de cet aliment, comme par exemple cuire ce qui est interdit à la consommation, ou encore vendre ce qui est interdit à la consommation. S'appuyant sur ce principe, Rabbénou `ali´azar de Metz suggère que l'on peut utiliser la même logique dans le cas du « `ôkhél Nafash », à savoir : si la Tôroh a permis ces Malo`khôth pour manger, elle les permet également pour d'autres profits ou avantages physiques ou spirituels.

Si l'on retourne au débat entre Rash''i et les Tôsofôth, il semble donc que Rash''i adhère à la première approche, et permet donc ces Malo`khôth, même sans but précis, tandis que les Tôsofôth adhèrent à la seconde approche, et ne permettent ces Malo`khôth que lorsqu'il y a un but bien précis lié à la sainteté du jour.

Quant à la troisième approche, elle est unique au Ramba''m ז״ל. Il écrit ceci dans son Mishnéh Tôroh7 :

4. Toute Malo`khoh pour laquelle on est Hayyov à Shabboth, si on l'accomplit à Yôm Tôv sans que cela soit nécessaire à l'alimentation, on se fait flageller, à l'exception du transfert d'un domaine à l'autre et la combustion [d'un feu], étant donné que le transfert a été autorisé à Yôm Tôv pour les nécessités de l'alimentation, cela a été autorisé même si ce n'est pas pour les besoins de l'alimentation. C'est pourquoi il est permis à Yôm Tôv de transférer un enfant, un rouleau de la Tôroh, une clef, ou quelque chose de semblable, d'un domaine à un autre.
ד  כָּל מְלָאכָה שֶׁחַיָּבִין עָלֶיהָ בַּשַּׁבָּת--אִם עָשָׂה אוֹתָהּ בְּיוֹם טוֹב, שֶׁלֹּא לְצֹרֶךְ אֲכִילָה--לוֹקֶה, חוּץ מֵהַהוֹצָאָה מֵרְשׁוּת לִרְשׁוּת וְהַהַבְעָרָה: שֶׁמִּתּוֹךְ שֶׁהֻתְּרָה הוֹצָאָה בְּיוֹם טוֹב לְצֹרֶךְ אֲכִילָה, הֻתְּרָה שֶׁלֹּא לְצֹרֶךְ אֲכִילָה; לְפִיכָּךְ מֻתָּר בְּיוֹם טוֹב לְהוֹצִיא קָטָן אוֹ סֵפֶר תּוֹרָה אוֹ מַפְתֵּחַ וְכַיּוֹצֶא בְּאֵלּוּ, מֵרְשׁוּת לִרְשׁוּת
5. De même, il est permis de faire brûler [un feu], même si cela n'est pas pour les nécessités de l'alimentation. Quant aux autres Malo`khôth, quand elles sont accomplies pour les nécessités de l'alimentation, c'est permis, par exemple, l'abattage rituel, la cuisson, le pétrissage et ce qui est semblable. Tout ce qui n'est pas nécessaire à l'alimentation, par exemple l'écriture, le tissage, la construction, et ce qui leur ressemble, est interdit.
ה  וְכֵן מֻתָּר לְהַבְעִיר, אַף עַל פִּי שְׁאֵינוּ לְצֹרֶךְ אֲכִילָה. וּשְׁאָר מְלָאכוֹת--כָּל שֶׁיֵּשׁ בּוֹ צֹרֶךְ אֲכִילָה--מֻתָּר, כְּגוֹן שְׁחִיטָה וַאֲפִיָּה וְלִישָׁה וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן; וְכָל שְׁאֵין בָּהֶן צֹרֶךְ אֲכִילָה--אָסוּר, כְּגוֹן אֲרִיגָה וּכְתִיבָה וּבִנְיָן וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן

Le Ramba''m n'applique donc le principe de « Mittôkh » qu'aux seules Malo`khôth de « Hôso`oh » (transfert) et הַבְעָרָה « Hav´oroh » (faire brûler un feu), mais pas aux autres Malo`khôth, sauf si elles sont réalisées pour des nécessités alimentaires. Ainsi, d'après le Ramba''m, même des Malo`khôth qui sont directement liées à la préparation de la nourriture ne sont permises à Yôm Tôv que si elles sont réalisées réellement pour des nécessités alimentaires, à l'exception des Malo`khôth de « Hôso`oh » et « Hav´oroh », qui peuvent être réalisées même si ce n'est pas pour des besoins alimentaires (en vertu du principe de « Mittôkh »), mais doivent néanmoins être accomplies que s'il y a une raison pouvant justifier de porter dans le domaine public ou d'allumer un feu pour autre chose que l'alimentation. Ainsi, par exemple, bien que ce ne soit pas pour des besoins alimentaires, porter une clef à Yôm Tôv est permis, de façon à pouvoir rentrer chez soi après la prière. S'il n'y pas de Séfar Tôroh à la synagogue, amener un Séfar Tôroh à la synagogue, de façon à ce que la Tôroh puisse être lue, est permis, car bien que cela ne soit pas lié à l'alimentation, c'est lié aux nécessités de la fête. De même, si l'on a oublié son Lôlov à la maison, on pourra retourner le prendre et l'apporter à la synagogue (et donc, le porter dans le domaine public), car bien que ce ne soit pas lié à l'alimentation, c'est lié à Yôm Tôv. De même, bien que ce ne soit pas pour préparer à manger, on pourra faire brûler un feu à Yôm Tôv pour avoir chaud si jamais il fait froid, car cela permet de passer Yôm Tôv dans de bonnes conditions. À l'exception de ces deux Malo`khôth qui peuvent être accomplies même pour des raisons autres que l'alimentation, mais doivent néanmoins être nécessaires pour Yôm Tôv, toutes les autres Malo`khôth ne sont permises que si on les accomplit réellement pour l'alimentation. Cette approche du Ramba''m est beaucoup plus en phase avec la lettre et l'esprit de la loi, que les deux autres approches. Et c'est celle que nous suivons également !

Mais une question se pose : pourquoi le Ramba''m applique-t-il le principe de « Mittôkh » uniquement à ces deux Malo`khôth ? Les `aharônim expliquent que ces deux Malo`khôth sont uniques en ce que non seulement elles peuvent être indirectement liées à des nécessités alimentaires, mais qu'en plus ce sont des Malo`khôth qui sont intrinsèquement « faibles » : transférer ne change rien du tout à l'aliment, tandis que faire brûler un feu est par définition un acte destructeur8.

Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל tranche ceci dans son Shoulhon ´oroukh9 :

Étant donné qu'il est permis de sortir ce qui est nécessaire pour l'alimentation, cela est également permis lorsque ce n'est pas pour les besoins [de l'alimentation], comme par exemple [faire sortir] un enfant, un Lôlov, un Séfar Tôroh et des ustensiles. Par contre, il est interdit [de faire sortir] des pierres et des choses semblables.
מתוך שהותרה הוצאה לצורך אכילה הותרה שלא לצורך כגון קטן ולולב וספר תורה וכלים. אבל אבנים וכיוצא בהן אסור

Rabbi Yôséf Qa`rô limite le principe de « Mittôkh » uniquement au transfert de ce qui, d'une manière ou d'une autre, est utile à Yôm Tôv, mais interdit le transfert de ce qui n'est pas utile. Le transfert est la seule Malo`khoh que Rabbi Yôséf Qa`rô inclut dans le principe de « Mittôkh ». Quant au Hofés Hayim10 ז״ל, il applique le principe de « Mittôkh » à cinq Malo`khôth :

  • הוֹצָאָה « so`oh » (le transfert d'un domaine à l'autre),
  • הַבְעָרָה « Hav´oroh » (faire brûler un feu),
  • ְחִיטָה « Shahitoh » (abattre un animal),
  • אַפִיָּה « `afiyoh » (cuire au four), et
  • בִּישׁוּל « Bishoul » (cuire sur le feu).

Il permet donc ces cinq Malo`khôth à Yôm Tôv, même lorsqu'elles ne sont pas réalisées pour des nécessités alimentaires, mais à d'autres fins, car il estime qu'à partir du moment où ces cinq Malo`khôth sont liées à l'alimentation, elles n'ont jamais été interdites à Yôm Tôv, même lorsqu'elles sont réalisées pour autre chose que l'alimentation.

Nous avons donc vu cinq approches différentes sur la question.

Concluons par traiter d'un sujet très actuel : à cause de la permission de porter dans le domaine public à Yôm Tôv, nous voyons beaucoup de Juifs religieux porter tout et n'importe quoi à Yôm Tôv, même ce dont ils n'ont pas vraiment besoin ou qui n'est pas nécessaire aux besoins de la fête. Quels sont les différentes opinions sur cette question ?

Nous avons vu que Béth Hillél permettent de porter un Lôlov, un Séfar Tôroh, et même un enfant, dans un domaine public à Yôm Tôv, même lorsque cela n'est pas nécessaire au « `ôkhél Nafash ». Mais est-ce que cela signifie qu'il devient permis de porter tout et n'importe quoi à Yôm Tôv, même lorsque cela ne sert aucun but ? Bien que Rash''i permette de porter pour aucune nécessité ou but précis, la majorité des autres Ri`shônim ne permettent de porter que pour une nécessité, ne serait-ce que très légère.

Qu'est-ce qui est considéré être une nécessité légitime d'après les divers Pôsqim ?

Rabbénou Hanon`él ז״ל est d'avis que Béth Hillél n'ont permis la Malo`khoh de « Hôso`oh » que pour une Miswoh. Ainsi, on ne peut porter un Lôlov ou un Séfar Tôroh que pour accomplir la Miswoh qui leur est associée, et un enfant uniquement pour une Barith Miloh (c'est-à-dire, afin de l'emmener à l'endroit où aura lieu la Barith Miloh).

Les Tôsofôth rejettent son opinion, et soutiennent que l'on peut porter un enfant dans le domaine public à Yôm Tôv même pour une promenade.

Le Ro`''sh11 ז״ל cite Rabbénou Ta''m ז״ל, qui explique que celui qui souhaite se rendre à la synagogue, ou même faire une promenade dans le cadre de la réjouissance de Yôm Tôv, mais ne peut pas laisser son enfant à la maison, peut porter son enfant dans le domaine public à Yôm Tôv. Les Tôsofôth rapportent même que des gens avaient l'habitude de jouer au ballon à Yôm Tôv dans le domaine public, étant donné que cela est également considéré comme une promenade, du divertissement. Le Maharsha''l ז״ל critiqua cette pratique dans les termes les plus durs.12 Bien qu'il permet à de jeunes enfants de jouer au ballon à Yôm Tôv, il soutient que des adultes qui jouent au ballon dans le domaine public font preuve d'un « comportement enfantin et frivole », que c'est un מִנְהָג רַע « Minhogh Ra´ » (coutume mauvaise) et que cela ne peut pas du tout être inclus dans la catégorie de טִיוּל « Tiyoul » (promenade).

Concernant le fait d'apporter son Mahzôr ou son Siddour à la synagogue à Yôm Tôv, le Ro`''sh permet de les ramener à la maison. Le Maharsha''l s'oppose à cette indulgence, et ne permet de ramener à la maison un Mahzôr ou un Siddour que si on craint qu'il puisse être volé si on le laissait à la synagogue, et que l'on n'a pas d'autre Mahzôr ou Siddour à utiliser chez soi.

Enfin, le Ro`''sh cite les Ga`ônim, qui interdisent catégoriquement de porter des clefs qui ne servent pas à ouvrir des boîtes contenant de la nourriture ou des bijoux. Il base cette position sur des passages tirés du Talmoudh Yarousholmi et de la Tôsafto`. Le Maharsha''l avance comme argument, sur la base de ces mêmes passages, qu'il est préférable de rester à la maison durant Yôm Tôv plutôt que transgresser l'interdiction de porter dans le domaine public pour aucune raison liée à Yôm Tôv. Par conséquent, le Maharsha''l interdit de porter les clefs de son coffre même par crainte que son argent ou ses bijoux ne soient volés dans sa maison en son absence. Mais Rabbi Yôséf Qa`rô13 cite le Hagohôth Rabbi Paras14, qui permet de porter les clefs d'un coffre contenant de l'argent, étant donné qu'éviter l'anxiété peut aussi être considéré comme faisant partie des צָרֶךְ הַיּוֹם « Sôrakh Hayyôm » (nécessités du jour).

Le Ramo''`15 ז״ל cite l'opinion susmentionnée des Tôsofôth, selon quoi on pourrait jouer au ballon dans le domaine public à Yôm Tôv. Il cite aussi Rabbi Paras, et tranche que l'on pourrait porter à Yôm Tôv « lorsqu'il y a [ne serait-ce qu']une petite nécessité, ou si l'on craint d'être volé, ou de perdre quelque chose ».

Les `aharônim s'interrogent sur ce Pasaq du Ramo''`. Le Ta''z16 ז״ל et le Moghén `avrohom17 ז״ל, par exemple, tranchent qu'il est strictement interdit de porter des clefs qui ne sont pas nécessaires pour Yôm Tôv. Le Hofés Hayim18 tranche qu'il est préférable de suivre le Ta''z et le Moghén `avrohom. Quant au ´oroukh Hashoulhon19 ז״ל, étrangement (car cela n'est pas habituel), il défend la position du Ramo''`, et tranche que l'on peut porter n'importe quoi à Yôm Tôv qui remplit un but aussi léger soit-il, comme par exemple porter des clefs jusqu'à un endroit sûr afin de protéger son argent, ou des ustensiles que l'on craint que l'on se fera voler, etc. Il rapporte que c'est la pratique de tout le monde.

Comme vous le voyez, tous ne sont pas d'accord que le fait de pouvoir porter à Yôm Tôv autoriserait à porter tout et n'importe quoi dans le domaine public durant Yôm Tôv, comme nous le voyons malheureusement de nos jours. L'approche la plus saine à adopter, et qui est celle qui est la plus proche de la lettre et de l'esprit de la loi, consiste à se limiter à porter uniquement ce qui est nécessaire à l'alimentation ou qui est réellement nécessaire pour les besoins du jour.

1Shamôth 12:16
2soh 12a
3Voir le Ramba''n, dans son commentaire sur Wayyiqro` 23:7
4Le « complètement » signifie « même à d'autres fins que l'alimentation »
5Sur Shabboth 95a
6Séfar Yaré`im 304
7Hilkôth Shavithath Yôm Tôv 1:4-5
8Les actes de destruction, qui n'ont pas de but constructif, sont permis Min Hattôroh, même à Shabboth
9`ôrah Hayim 518:1
10Mishnoh Barouroh, `ôrah Hayim 518:1
111:18
12Yam Shal Shalômôh, Bésoh 1:34
13Béth Yôséf 418
14Sama''q 282
15`ôrah Hayim 418:1
16Ibid.
17Ibid., 418:2
18Mishnoh Barouroh, `ôrah Hayim 418:6

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