ב״ה
Juger
dans la précipitation
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Dans
la Sidhroh de cette semaine suivant le cycle triennal, la Sidhrath
Wayhi Khol-Ho`oras Sofoh `ahath (qui peut être
téléchargée dans la colonne de droite sur le blog), la Tôroh nous
parle de la célèbre histoire de la Tour de Boval, et nous dit
notamment ceci, après que la ville et la tour furent construites :
וַיֵּ֣רֶד
יְהוָ֔ה לִרְאֹ֥ת אֶת־הָעִ֖יר
וְאֶת־הַמִּגְדָּ֑ל אֲשֶׁ֥ר בָּנ֖וּ
בְּנֵ֥י הָֽאָדָֽם « et
`adhônoy descendit pour
voir la ville et la tour que les fils de l'Homme avaient
construites ».1
Nous
savons qu'HaShem ית׳
est
incorporel et que les phénomènes physiques ne peuvent s'appliquer à
Lui. De ce fait, nous ne devons pas comprendre littéralement qu'Il
est « descendu » sur terre pour « voir » ce
que faisaient les hommes à Boval. Le mot תּוֹרָה
« Tôroh »
provient de la même racine que le mot הוֹרָאָה
« Hôro`oh »,
qui signifie « instruction ». Cela nous enseigne que la
Tôroh a été rédigée dans le langage de l'homme de façon à ce
qu'il puisse tirer du texte des instructions pour sa vie morale et
spirituelle, ainsi que dans sa relation avec les autres. Nous savons
donc qu'HaShem n'est pas littéralement « descendu » pour
« voir » ce qui se passait à Boval. La question est
donc : qu'est-ce que la Tôroh veut nous faire comprendre
par-là ? Cela doit toujours être la question à se poser
lorsqu'on est confronté à un texte de la Tôroh que nous savons
qu'il ne faut pas prendre littéralement. La Tôroh emploie un
certain langage pour nous transmettre une leçon. Laquelle ?
Rash''i
ז״ל
commente
ce verset de la façon suivante :
Et
HaShem descendit pour voir : Il
n'avait pas besoin [de descendre] pour cela, mais cela vient
enseigner aux juges qu’ils ne doivent pas condamner l’accusé
avant de l’avoir vu et d’avoir compris [l’objet du litige].2
|
וַיֵּרֶד
ה'
לִרְאוֹת. לֹא
הוּצְרָךְ לְכָךְ אֶלָּא בָּא לְלַמֵּד
לַדַּיָּנִים שֶׁלֹּא יַרְשִׁיעוּ
הַנִּדּוֹן עַד שֶׁיִּרְאוּ וְיָבִינוּ
|
La
même leçon peut être tirée des paroles prononcées par HaShem
concernant l'impiété des Sodomites. La Tôroh rapporte ceci3 :
Et
`adhônoy dit : « La clameur de Sadhôm et ´amôroh
est grande, et leur crime est immense. Je veux donc descendre et
voir s'ils ont agi selon la clameur qui M'est parvenue, malheur à
eux ! Sinon, Je le saurai ».
|
וַיֹּאמֶר
יְהוָה,
זַעֲקַת
סְדֹם וַעֲמֹרָה כִּי-רָבָּה;
וְחַטָּאתָם--כִּי
כָבְדָה,
מְאֹד.
אֵרְדָה-נָּא
וְאֶרְאֶה,
הַכְּצַעֲקָתָהּ
הַבָּאָה אֵלַי עָשׂוּ כָּלָה;
וְאִם-לֹא,
אֵדָעָה
|
Il
est évident qu'HaShem n'avait pas besoin de « descendre »
pour « voir » si ce qu'il « entendait » des
crimes commis par les Sodomites était vrai ou pas. Mais cela vient
nous apprendre une leçon très importante, à savoir, que les choses
ne sont pas toujours telle qu'elles semblent l'être, et nous devons
faire tout ce qui est possible de faire pour éviter d'en arriver à
un jugement trop précipité.
Cette
leçon à une énorme importance morale et pratique. Très souvent,
nous entendons des choses qui suscitent en nous des sentiments
puissants et nous tirons des conclusions sans prendre le temps de
rassembler tous les faits, d'écouter les deux faces de l'histoire,
et réfléchir sur le problème calmement et judicieusement. Nous
nous laissons souvent influencer par une seule version des événements
et prenons des mesures ou prononçons des paroles que nous regrettons
plus tard. Il nous est enseigné dans les Pirqé `ovôth4 :
הֱווּ
מְתוּנִים בַּדִּין
« Soyez
pondérés dans le jugement ».
Ce conseil s'applique dans tous les domaines de la vie. Nous devons
aspirer à rester calmes et ne pas être ballottés par les premières
impressions. Nous devons accorder aux gens décents le bénéfice du
doute. Plus important encore, nous devons être capables de discerner
les situations où nous agissons ou parlons sur le coup d'émotions
fortes ou par un état de calme et avec une pensée claire.
De
même, nous sommes quotidiennement inondés d'informations diffusées
par les médias du système. C'est notamment le cas depuis les
attaques survenues le 13 Novembre 2015 à Paris. Il y a beaucoup de
mensonges, incohérences et contradictions dans ce qui nous parvient
par la presse, les médias et réseaux sociaux, mais parce que les
gens réagissent sous le coup de l'émotion, ils avalent tout ce
qu'on leur dit et montre, et laisse au vestiaire toute réflexion
critique et rationnelle. Nous devons apprendre à traiter chaque
information de manière objective, et s'informer sur toutes les
facettes d'un récit avant de tirer la moindre conclusion. Combien de
gens n'ont-ils pas été condamnés à tort simplement parce que les
médias ne diffusaient que des informations négatives sur eux ?
L'affaire d'Outreau n'est qu'un exemple parmi des milliers !
Nous devons donc être prudents dans ce domaine, et ne pas tirer de
conclusions trop hâtives. C'est ce que la Tôroh veut nous apprendre
ici.
Nous
pouvons appliquer cette leçon à un autre domaine. Nous vivons dans
un monde d'informations instantanées où nous pouvons répondre
immédiatement à des messages par des SMS et des courriels. Cela
peut être très dangereux, car cela peut nous amener à faire des
déclarations que nous n'avons pas eu la possibilité de repasser en
revue. Après avoir rédigé une phrase sur le coup de l'émotion, ou
par colère, etc., on devrait s'abstenir d'appuyer sur le bouton
envoyé. Plutôt, on devrait attendre un peu, jusqu'à ce qu'on se
soit calmé et réécrire ce qu'on avait écrit. Il n'y a rien de mal
à retarder ses réponses, mais une fois que des paroles ont été
prononcées ou envoyées on ne peut pas les reprendre.
Apprenons
donc à ne pas être hâtifs dans le jugement, évitons les réactions
irréfléchies, et surveillons ce que nous disons, très
soigneusement. Cela contribuera à une vie beaucoup plus heureuse.
1Baré`shith
11:5
2Midhrosh
Tanhoumo` 58:18
3Baré`shith
18:20-21
41:1