mardi 26 janvier 2016

Les lois relatives à la prière : Septième Partie

ב״ה

Les lois relatives à la prière

Septième Partie


Cet article peut être téléchargé ici.

Poursuivons notre exposition des lois relatives à la prière.

Lois relatives à la prière et à la bénédiction des Kôhanim – Chapitre 3
הִלְכּוֹת תְּפִלָּה וּבִרְכַת כּוֹהֲנִים פֵּרֶק ג׳

  1. Peut-on faire une prière avant le début de sa plage horaire ?

7. Celui qui prie une Tafilloh avant sa plage horaire n'est pas quitte de son obligation. Il devra la prier à nouveau durant sa plage horaire. Mais si on a prié la Tafillath Shahrith, dans un moment de difficulté, après que l'aube ait point, on est quitte. On a le droit de prier la Tafillath ´arbith des nuits de Shabboth à ´arav Shabboth avant le coucher du soleil. De même, on peut prier ´arbith de la sortie de Shabboth à Shabboth ; étant donné que la Tafillath ´arbith est optionnelle, on n'est pas pointilleux quant à sa plage horaire, à l'exception du fait qu'il faudra procéder à la récitation du Shama´ en son temps, après la sortie des étoiles.
ז  הַמִּתְפַּלֵּל תְּפִלָּה קֹדֶם זְמַנָּהּ--לֹא יָצָא יְדֵי חוֹבָתוֹ, וְחוֹזֵר וּמִתְפַּלֵּל אוֹתָהּ בִּזְמַנָּהּ. וְאִם הִתְפַּלַּל תְּפִלַּת שַׁחְרִית בְּשָׁעַת הַדֹּחַק, אַחַר שֶׁעָלָה עַמּוּד הַשַּׁחַר--יָצָא. וְיֵשׁ לוֹ לְהִתְפַּלַּל תְּפִלַּת עַרְבִּית שֶׁלְּלֵילֵי שַׁבָּת, בְּעֶרֶב שַׁבָּת קֹדֶם שֶׁתִּשְׁקַע הַשֶּׁמֶשׁ; וְכֵן מִתְפַּלֵּל עַרְבִּית שֶׁלְּמוֹצָאֵי שַׁבָּת, בַּשַּׁבָּת: לְפִי שֶׁתְּפִלַּת עַרְבִּית רְשׁוּת, אֵין מְדַקְדְּקִין בִּזְמַנָּהּ. וּבִלְבָד שֶׁיִּקְרָא קִרְיַת שְׁמַע בְּעוֹנָתָהּ, אַחַר צֵאת הַכּוֹכָבִים
Celui qui prie une Tafilloh avant sa plage horaire n'est pas quitte de son obligation. Il devra la prier à nouveau durant sa plage horaire : De la même manière, dans le Béth Hammiqdosh, on ne pouvait pas apporter un Qorbon avant le début de la plage horaire allouée à son offrande. Puisque les Tafillôth remplacent les Qorbonôth, nous suivons exactement le même schéma, les mêmes règles.

Mais si on a prié la Tafillath Shahrith, dans un moment de difficulté, après que l'aube ait point, on est quitte : Comme nous l'avions expliqué dans la précédente partie, bien que le meilleur moment pour commencer Shahrith soit le lever du soleil, cette prière peut en fait déjà être faite dès les premières lueurs du jour, c'est-à-dire à l'aube (« Shahrith » vient de « Shahar », qui signifie « aube »), lorsqu'on se retrouve dans une situation où il ne sera pas possible d'attendre jusqu'au lever du soleil pour faire ses Shamônah ´asréh du matin (par exemple, parce qu'on doit aller travailler tôt). Ce n'est donc pas considéré comme ayant prié avant le début de la plage horaire de Shahrith.

On a le droit de prier la Tafillath ´arbith des nuits de Shabboth à ´arav Shabboth avant le coucher du soleil : Plus précisément, à partir de la deuxième moitié de Palagh Hamminhoh du Vendredi, puisque c'est à ce moment-là que la plage horaire de la Tafillath Minhoh prend fin d'après l'opinion de Rébbi Yahoudhoh ז״ל, et dès l'instant où la plage horaire d'une prière se termine, la plage horaire de la suivante commence. Donc, là encore, ce n'est pas considéré comme ayant prié avant le début de la plage horaire de ´arbith.

De même, on peut prier ´arbith de la sortie de Shabboth à Shabboth : Mais l'accomplissement des Malo`khôth restera interdite jusqu'à la tombée de la nuit.

Là encore, cela signifie qu'il faudra attendre au moins la deuxième moitié de Palagh Hamminhoh du Samedi.

Notons que le Ramba''m ne dit pas que cela n'est possible que le Vendredi soir et le Samedi soir. Il ne s'agissait ici que d'exemples. Ainsi, à n'importe quel jour de l'année, nous avons le droit, si on le souhaite, de faire la Tafillath ´arbith, non pas après le coucher du soleil, mais dès la deuxième moitié de Palagh Hamminhoh. Si nous devions reprendre le tableau des horaires que nous avions fait dans l'article précédent, cela signifierait que le Mardi 26 Janvier 2016 à Bruxelles, on pourrait commencer la Tafillath ´arbith dès 16h28, plutôt que d'attendre 17h25.

étant donné que la Tafillath ´arbith est optionnelle, on n'est pas pointilleux quant à sa plage horaire : Puisque cette prière, contrairement aux autres, ne correspond à aucun Qorbon, comme nous l'avions vu dans la Première Partie.

à l'exception du fait qu'il faudra procéder à la récitation du Shama´ en son temps, après la sortie des étoiles : En effet, la récitation du Shama´ du soir et la Tafillath ´arbith sont deux Miswôth complètement distinctes. La récitation du Shama´ ne peut pas être faite avant la sortie des étoiles, bien que la Tafillath ´arbith puisse être faite dès la deuxième moitié de Palagh Hamminhoh. Par conséquent, si le Shama´ a été récité durant un office de ´arbith s'étant tenu avant la sortie des étoiles, il faudra recommencer le Shama´ plus tard. Le mieux, pour éviter cela, consiste à prier tôt ´arbith, mais sans le Shama´ et ses bénédictions (c'est-à-dire que l'on ne fait que les Shamônah ´asréh).

Voir le Chapitre 1 de la Mishnoh de Barokhôth, téléchargeable sur le blog, dans la colonne de droite, pour de plus amples informations à ce sujet.

  1. Est-il possible de compenser une prière qui n'aurait pas été faite dans les délais ?

8. Quiconque a laissé passer volontairement la plage horaire d'une Tafilloh et n'a pas prié, il n'a pas de rectification, et il n'y a pas de compensation lorsque c'est volontaire. Ou s'il était sous la contrainte, ou distrait, il peut compenser cette Tafilloh durant la plage horaire de la Tafilloh qui la suit. Il fait d'abord la dernière Tafilloh, et à sa suite il prie celle de compensation.
ח  כָּל מִי שֶׁעָבַר עָלָיו זְמָן תְּפִלָּה, וְלֹא הִתְפַּלַּל--בְּמֵזִיד--אֵין לוֹ תַּקָּנָה, וְאֵינוּ מְשַׁלֵּם; בְּשׁוֹגֵג, אוֹ שֶׁהָיָה אָנוּס אוֹ טָרוּד--מְשַׁלֵּם אוֹתָהּ תְּפִלָּה, בִּזְמָן תְּפִלָּה הַסְּמוּכָה לָהּ, וּמַקְדִּים תְּפִלָּה אַחֲרוֹנָה, וְאַחֲרֶיהָ מִתְפַּלֵּל אֶת הַתַּשְׁלוּמִין
Quiconque a laissé passer volontairement la plage horaire d'une Tafilloh et n'a pas prié, il n'a pas de rectification, et il n'y a pas de compensation lorsque c'est volontaire : C'est à ce genre de cas que le Talmoudh applique la célèbre maxime, « Ce qui est tordu ne peut être redressé ! ».1 Puisqu'il l'a fait exprès, il n'a aucun moyen de rectifier sa faute ou de compenser cette Tafilloh non faite.

Ou s'il était sous la contrainte : Par exemple, il ne pouvait se libérer de son travail pour faire la Tafilloh, ou parce qu'il avait un rendez-vous qui lui a pris tout le temps de la plage horaire de la Tafilloh, ou parce qu'il ne se sentait pas bien, qu'il était malade, fatigué, etc.

ou distrait : Par exemple, il ne pouvait se concentrer correctement pour la prière et a donc décidé de ne pas prier, ou il n'a pas vu le temps passer et s'est seulement rendu compte trop tard que la plage horaire de la Tafilloh était finie, ou il y avait trop de bruit ou une mauvaise odeur dans la pièce, et n'a pas pu prier à cause de cela, etc.

Dans aucun de ces cas la personne a fait exprès de ne pas prier.

il peut compenser cette Tafilloh durant la plage horaire de la Tafilloh qui la suit : Il convient de préciser une erreur classique que beaucoup ont faite. Certains croient que cela signifie qu'il DOIT compenser cette prière qu'il n'a pas pu faire, alors que la Halokhoh est qu'il PEUT la compenser, ce qui n'est pas la même chose. Puisqu'on n'avait pas fait exprès de laisser passer la plage horaire de la Tafilloh, on pourra, si on le souhaite, compenser la Tafilloh manquée durant la plage horaire de la prière suivante. Et le Ramba''m ז״ל expliquera concrètement ce que cela signifie dans la Halokhoh suivante.

Il fait d'abord la dernière Tafilloh : C'est-à-dire, celle qui est l'obligation de cette plage horaire-là.

et après elle il prie celle de compensation : C'est-à-dire, celle qu'il avait manquée.

Il convient de préciser qu'il n'est pas obligé de faire la prière de compensation directement après avoir terminé la prière du moment, mais on pourra la faire n'importe quand, tant que la plage horaire de la prière obligatoire du moment ne sera pas passée. La raison à cela est que l'on est tenu de faire les deux prières avec concentration. Or, faire deux Shamônah ´asréh l'une à la suite de l'autre, sans marquer une pause entre les deux, peut être très difficile pour la concentration.

Les règles sur les compensations des prières sont énumérées dans Barokhôth 26a, et c'est sur ce passage talmudique que le Ramba''m s'appuie dans cette Halokhoh-ci et les suivantes.

  1. Comment compense-t-on une prière qui n'aurait pas été faite ?

9. Comment ça ? Si on s'est trompé et n'a pas prié Shahrith jusqu'à ce que soit passée la mi-journée, on priera deux fois Minhoh ; la première est la Tafillath Minhoh, et la deuxième est la compensation de Shahrith. Si on s'est trompé et n'a pas prié Minhoh jusqu'au coucher du soleil, on priera deux fois ´arbith ; la première est ´arbith, et la deuxième est la compensation de Minhoh. Si on s'est trompé et n'a pas prié ´arbith jusqu'à ce que pointe l'aube, on priera deux fois Shahrith ; la première est Shahrith, et la deuxième est la compensation de ´arbith.
ט  כֵּיצַד: טָעָה וְלֹא הִתְפַּלַּל שַׁחְרִית עַד שֶׁעָבַר חֲצִי הַיּוֹם, יִתְפַּלַּל מִנְחָה שְׁתַּיִם--הָרִאשׁוֹנָה תְּפִלַּת מִנְחָה, וְהַשְּׁנִיָּה תַּשְׁלוּמֵי שַׁחְרִית. טָעָה וְלֹא הִתְפַּלַּל מִנְחָה עַד שֶׁשָּׁקְעָה הַשֶּׁמֶשׁ, מִתְפַּלֵּל עַרְבִּית שְׁתַּיִם--הָרִאשׁוֹנָה עַרְבִּית, וּשְׁנִיָּה תַּשְׁלוּמֵי מִנְחָה. טָעָה וְלֹא הִתְפַּלַּל עַרְבִּית עַד שֶׁעָלָה עַמּוּד הַשַּׁחַר, מִתְפַּלֵּל שַׁחְרִית שְׁתַּיִם--רִאשׁוֹנָה שַׁחְרִית, וּשְׁנִיָּה תַּשְׁלוּמֵי עַרְבִּית
Comment ça : Comment concrètement compenser une prière n'ayant pas été faite, à cause d'une contrainte ou d'une distraction ?

Si on s'est trompé et n'a pas prié Shahrith jusqu'à ce que soit passée la mi-journée : Qui est la limite allouée à la Tafillath Shahrith.

on priera deux fois Minhoh ; la première est la Tafillath Minhoh, et la deuxième est la compensation de Shahrith : Ainsi, lorsqu'on arrivera dans la plage horaire de la prière suivante, on fera d'abord la prière obligatoire du moment, et seulement après la prière de compensation.

Si on s'est trompé et n'a pas prié Minhoh jusqu'au coucher du soleil : Qui est la limite allouée à la Tafillath Minhoh.

  1. Qu'en serait-il si on a manqué deux prières consécutives ? Les deux peuvent-elles être compensées ?

10. Si on s'est trompé et n'a prié ni une Tafilloh ni celle qui la suit, il n'y a de compensation [possible] que pour la dernière. Comment ça ? Si on s'est trompé et n'a prié ni Shahrith ni Minhoh, on priera ´arbith deux fois ; la première est la Tafillath ´arbith, et la suivante est la compensation de Minhoh. Mais pour Shahrith, il n'y a pas de compensation, car son jour est déjà passé. Il en est de même pour les autres Tafillôth.
י  טָעָה וְלֹא הִתְפַּלַּל לֹא תְּפִלָּה זוֹ, וְלֹא תְּפִלָּה הַסְּמוּכָה לָהּ--אֵינוּ מְשַׁלֵּם אֵלָא הָאַחֲרוֹנָה בִּלְבָד. כֵּיצַד: טָעָה וְלֹא הִתְפַּלַּל לֹא שַׁחְרִית וְלֹא מִנְחָה, מִתְפַּלֵּל עַרְבִּית שְׁתַּיִם--רִאשׁוֹנָה תְּפִלַּת עַרְבִּית, וְהָאַחֲרוֹנָה תַּשְׁלוּמֵי מִנְחָה; אֲבָל שַׁחְרִית--אֵין לָהּ תַּשְׁלוּמִין, שֶׁכְּבָר עָבַר יוֹמָהּ. וְכֵן בִּשְׁאָר תְּפִלּוֹת
Si on s'est trompé et n'a prié ni une Tafilloh ni celle qui la suit, il n'y a de compensation [possible] que pour la dernière. Comment ça ? Si on s'est trompé et n'a prié ni Shahrith ni Minhoh, on priera ´arbith deux fois ; la première est la Tafillath ´arbith, et la suivante est la compensation de Minhoh. Mais pour Shahrith, il n'y a pas de compensation : Car on ne peut compenser deux prières manquées à la suite.

car son jour est déjà passé : C'est-à-dire que les deux limites allouées à sa récitation sont passées (la première limite était jusqu'à la mi-journée, et la deuxième était durant la plage horaire de la prière de Minhoh). Plus aucun rattrapage n'est possible, et on estime que nous ne pouvons plus faire de Tafillath Shahrith ce jour-là. D'où l'expression « son jour est passé ».

  1. Qu'en est-il lorsque les plages horaires de deux prières se chevauchent ? À laquelle des deux devons-nous donner priorité ?

11. Si on a devant soi deux Tafillôth, celle de Minhoh et celle des Mousofin, on prie celle de Minhoh, et ensuite celle des Mousofin. Quelqu'un a enseigné qu'on ne doit pas le faire en communauté afin de ne pas induire en erreur.
יא  הָיוּ לְפָנָיו שְׁתֵּי תְּפִלּוֹת, שֶׁלַּמִּנְחָה וְשֶׁלַּמּוּסָפִין--מִתְפַּלֵּל שֶׁלַּמִּנְחָה, וְאַחַר כָּךְ שֶׁלַּמּוּסָפִין. וְיֵשׁ מִי שֶׁהוֹרָה שְׁאֵין עוֹשִׂין כֵּן בַּצִּבּוּר, כְּדֵי שֶׁלֹּא יִטְעוּ
Si on a devant soi deux Tafillôth : C'est-à-dire, deux prières dont les plages horaires se chevauchent, et qu'on se demande laquelle doit être faite en premier.

celle de Minhoh et celle des Mousofin : La plage horaire de la Tafillath Minhoh Gadhôloh va de six heures et demi à la fin de la première moitié de Palagh Hamminhoh, celle de la Tafillath Minhoh Qatannoh de neuf heures et demi au coucher du soleil, tandis que dans celle de la Tafillath Hammousofin va de six heures au coucher du soleil. Dans les deux cas, la plage horaire de la Tafillath Mousofin chevauche celle des deux prières de Minhoh.

on prie celle de Minhoh, et ensuite celle des Mousofin : Conformément à la règle qui stipule que ce qui est plus fréquent a priorité sur ce qui est moins fréquent. En effet, la prière de Mousof n'est faite qu'à Shabboth, Yôm Tôv, Hôl Hammô´édh et Rô`sh Hôdhash, tandis que la prière de Minhoh est faite tous les jours.

Ainsi, si quelqu'un est à la huitième heure halakhique d'un jour où l'on doit faire une prière de Mousof, par exemple à Shabboth, et n'a pas encore prié ni Minhoh Gadhôloh ni Mousof, elle fera d'abord Minhoh Gadhôloh et seulement après Mousof. De même si elle n''a pas encore prié ni Minhoh Qatannoh ni Mousof.

Quelqu'un a enseigné qu'on ne doit pas le faire en communauté afin de ne pas induire en erreur : C'est uniquement quelque chose que l'on fait en privé, mais pas lorsqu'on prie en communauté, car il pourrait donner l'impression de ne pas avoir encore terminé sa prière, ou d'avoir recommencé parce qu'il avait commis une erreur nécessitant que les Shamônah ´asréh soient refaites, obligeant ainsi le reste de la communauté à l'attendre. Or, on ne doit pas rallonger excessivement ses prières lorsqu'on prie en communauté, comme nous le verrons plus tard, alors qu'en privé nous pouvons les rallonger autant que nous le voulons.

Fin du Chapitre 3 !


1Barokhôth 26a ; Haghighoh 9b
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