mardi 29 mars 2016

Origine et sens de l'interdiction du Homés

ב״ה

Origine et sens de l'interdiction du Homés


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Dans la Tôroh, nous tombons sur l'interdiction d'offrir des produits contenant du levain ou du miel sur l'autel du Mishkon/Béth Hammiqdosh1 :

Toute oblation que vous offrirez à adhônoy ne sera pas faite avec du Homés, car aucune [sorte de] levain, ni aucune [sorte de] miel vous n'en ferez fumer comme combustion pour `adhônoy.
כָּל-הַמִּנְחָה, אֲשֶׁר תַּקְרִיבוּ לַיהוה--לֹא תֵעָשֶׂה, חָמֵץ: כִּי כָל-שְׂאֹר וְכָל-דְּבַשׁ, לֹא-תַקְטִירוּ מִמֶּנּוּ אִשֶּׁה לַיהוה

Bien que la Tôroh permette l'option d'apporter une offrande à base de fleur de farine pour HaShem ית׳ dans le Béth Hammiqdosh, cette offrande doit être préparée sans levain.

Le Ramba''m ז״ל explique cette Halokhoh de la façon suivante2 :

Les idolâtres n'offraient jamais d'autre pain que [du pain] levé, et choisissaient des choses sucrées pour leurs sacrifices qu'ils assaisonnaient avec du miel, comme cela est décrit en détails dans les livres que j'ai nommés précédemment... Par conséquent, notre Tôroh nous a interdit d'offrir du levain ou du miel...

Comme bon nombre des lois de la Tôroh qui concernent les sacrifices, que le Ramba''m comprend comme ayant pour but d'éloigner les Bané Yisro`él des pratiques païennes qui prévalaient en leur temps, cette interdiction sert de contraste direct par rapport aux mœurs des cultes idolâtres. Étant donné que les païens se faisaient un point d'honneur de n'offrir que des produits levés et sucrés à leurs dieux, la Tôroh a enjoint les Bané Yisro`él de garder loin de l'autel du Béth Hammiqdosh le levain et le miel.

La théorie du Ramba''m peut être soutenue par Talmoudh Yarousholmi3 qui parle des efforts consentis par Yorov´om, le roi fondateur du Royaume Nord d'Israël, pour attirer ses sujets dans le culte des idoles. Le Yarousholmi fait ce commentaire dans le contexte d'un verset tiré du Séfar ´omôs où le prophète dénonce l'affinité du peuple pour le paganisme4 : וְקַטֵּר מֵחָמֵץ תּוֹדָה, וְקִרְאוּ נְדָבוֹת הַשְׁמִיעוּ: כִּי כֵן אֲהַבְתֶּם בְּנֵי יִשְׂרָאֵל « Brûlez vos offrandes de reconnaissance5 ! Proclamez, faites sonner haut vos dons volontaires, puisque vous aimez tout cela, maison d'Israël ». D'après le Yarousholmi, le prophète fait référence ici à l'appel lancé par Yorov´om au peuple afin d'embrasser l’idolâtrie parce que l’idolâtrie, contrairement à la Tôroh, mandate d'apporter des offrandes contenant du Homés. Voici ce que leur a dit Yorov´om :

Adonnons-nous à l’idolâtrie ; l’idolâtrie est plus permissive. La Tôroh dit6 : לֹא-תִזְבַּח עַל-חָמֵץ, דַּם-זִבְחִי « Tu ne verseras pas le sang de Mon sacrifice avec du Homés », et l’idolâtrie dit : « Offre des sacrifices de reconnaissance à base de Homés ! »

L'appel lancé par Yorov´om au peuple semble clairement indiquer que dans les milieux idolâtres, la pratique consistait à particulièrement offrir des pains levés, à l'inverse des lois « fades » et « austères » de la Tôroh qui exigeaient spécifiquement des sacrifices non levés et non sucrés.

La théorie du Ramba''m peut peut-être nous aider à résoudre une question qui a troublé de nombreux Ri`shônim concernant l'interdiction du Homés durant la fête de Pésah. Dans la Haggodhoh de Pésah, nous déclarons que nous ne pouvons spécifiquement consommer que de la Massoh (du pain sans levain) durant Pésah afin de commémorer la hâte avec laquelle nos ancêtres ont dû quitter l’Égypte, ce qui ne laissa pas à leur pâte le temps de fermenter. Bien que cette Miswoh soit aisément compréhensible, cela n'explique pas pourquoi la Tôroh interdit avec une telle sévérité la consommation (et même la possession) de Homés. Il est une chose de consommer le pain mangé par nos ancêtres lors de la réalisation de leur libération afin de commémorer cet événement miraculeux. Mais en quoi cela devrait-il nous contraindre d'éradiquer de nos maisons le Homés durant cette fête ?

D'après la théorie du Ramba''m, la réponse devient évidente et claire. Dans ce même chapitre du Môréh Navoukhim, le Ramba''m (comme d'autres d'ailleurs) explique la raison du Qorban Pésah (sacrifice de l'agneau pascal) sur la base de l'exposition des Bané Yisro`él à l’idolâtrie égyptienne. Les Égyptiens adoraient l'agneau, et c'est pourquoi les Bané Yisro`él reçurent l'ordre de publiquement et démonstrativement renoncer à leur allégeance envers ce système de croyance en sacrifiant la divinité égyptienne. La sortie d’Égypte (l'Exode) ne marqua pas seulement l'obtention de la liberté des Israélites, mais également leur extirpation spirituelle de la culture païenne dans laquelle ils avaient été submergés durant tant d'années. C'est pourquoi la Tôroh exigea de leur part (et de la nôtre, leurs ancêtres) de réaffirmer leur rejet radical et total des croyances étrangères (quelles qu'elles soient) en sacrifiant l'agneau pascal et en débarrassant leurs maisons du Homés qu'elle contiendrait, qui est l'article principal des cultes païens.

L'interdiction du Homés symbolise donc l'un des thèmes centraux de la fête de Pésah : notre renoncement à toute allégeance païenne et idolâtre, et notre acceptation inconditionnelle et exclusive du Joug du Royaume des Cieux !

1Wayyiqro` 2:11
2Môréh Navoukhim 3:46
3´avôdhoh Zoroh 1:1
4´omôs 4:5
5Qui étaient composées de produits Homés

6Shamôth 23:18
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