lundi 12 janvier 2015

Le péché de ´ér et `ônon

ב״ה

Quel était le péché de ´ér et `ônon ?


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La Tôroh1 nous rapporte l'histoire de ´ér et `ônon, les deux fils de Yahoudhoh ע״ה. ´ér était l'aîné et épousa Tomor. Mais chaque fois qu'il avait des rapports avec sa femme, il se retirait d'elle et éjaculait au sol. HaShem ית׳ considéra que c'était là une attitude mauvaise et le fit mourir. En vertu du principe du lévirat, Yahoudhoh donna à Tomor son deuxième fils, `ônon, pour époux. Mais comme `ônon savait que le premier fils qu'il aurait avec Tomor ne serait pas le sien mais porterait le nom de son défunt frère, lui aussi, lorsqu'il avait des rapports avec Tomor, se retirait d'elle pour éjaculer au sol. Tout comme ce fut le cas avec ´ér, HaShem fit mourir `ônon, car ce qu'il faisait était mal à Ses yeux.

Beaucoup de gens, en lisant cette histoire, en sont arrivés à la conclusion erronée que le péché de ´ér et `ônon était la masturbation, d'où le terme « onanisme » (qui vient de `ônon) pour désigner cette pratique. D'autres disent que leur péché fut d'avoir déversé leur semence en vain, ou pratiqué ce que l'on appelle dans le langage scientifique le « coitus interruptus. » Par conséquent, ils considèrent le coitus interruptus comme un péché. Mais quelle fut réellement le péché de ´ér et `ônon ?

Dans la Gamoro` de Yavomôth 34b, le Talmoudh traite de diverses pratiques sexuelles et se focalise plus particulièrement sur le cas de ´ér et `ônon et le fait qu'ils auraient apparemment eu des rapports contre-natures (שֶׁלֹּא כְּדַרְכָּהּ « Shallô` Kadharkoh »). À la lecture de cette Gamoro`, les Tôsofôth ז״ל soulèvent une question : Que fait-on de la Gamoro` de Nadhorim 20b ? Là, il est dit ceci :

Ribbi Yôhonon a dit : « Ce sont là les paroles de Yôhonon ban Dahabba`y !2 Mais les Sages ont dit : ''La Halokhoh n'est pas comme [le dit] Yôhonon ban Dahabba`y. Plutôt, tout ce qu'un homme désire faire avec sa femme, qu'il le fasse !'' » Une parabole : De la viande qui vient de l'abattoir peut être consommée salée, rôtie, cuite [sur le feu] ou bouillie. De même en est-il du poisson [qui vient] du poissonnier. `amémor a dit : « Qui sont les anges du ministère [céleste] ?3 Nos Rabbins !4 »... Une femme se présenta une fois devant Ribbi et dit : « Ribbi ! J'ai dressé une table devant mon mari, mais il l'a retournée ! » Ribbi répondit : « Ma fille ! La Tôroh le lui a permis ! Que puis-je faire pour toi ? » Une femme se présenta une fois devant Rov et se plaignit : « Ribbi ! J'ai dressé une table devant mon mari, mais il l'a retournée ! » Rov répondit : « En quoi cela diffère-t-il d'un poisson ? »
אמר רבי יוחנן: זו דברי יוחנן בן דהבאי. אבל אמרו חכמים: אין הלכה כיוחנן בן דהבאי, אלא כל מה שאדם רוצה לעשות באשתו – עושה. משל לבשר הבא מבית הטבח, רצה לאוכלו במלח – אוכלו, צלי – אוכלו, מבושל – אוכלו, שלוק – אוכלו; וכן דג הבא מבית הצייד. אמר אמימר: מאן מלאכי השרת? רבנן.... ההיא דאתאי לקמיה דרבי, אמרה לו: רבי, ערכתי לו שולחן והפכו! אמר לה: בתי, תורה התירתך, ואני מה אעשה ליך? ההיא דאתאי לקמיה דרב, אמרה לו: רבי, ערכתי לו שולחן והפכו! אמר: מאי שנא מן ביניתא

Nous avions déjà expliqué cette Gamoro` dans l'article intitulé « Sodomie et Halokhoh. »

Cela fait partie des très nombreux textes du Talmoudh dont les rabbins « conservateurs » et extrémistes d'aujourd'hui ne parlent jamais et préféreraient qu'ils ne soient pas connus du grand public, car ces passages contredisent les nombreux mensonges qui nous sont enseignés à notre époque. (J'avais déjà dénoncé dans l'article « Renverser la hiérarchie » que les rabbins d'aujourd'hui ne croyaient pas réellement dans le Talmoudh et avaient inventé une religion à leur propre image en écartant ce qui ne leur plaît pas et en ne gardant que ce qui colle à leurs propres opinions.)

Ainsi, d'après la Halokhoh, tout comme un homme peut consommer sa viande de la façon qu'il désire, que ce soit salée, rôtie, cuite sur le feu ou bouillie, de même un homme peut faire ce qu'il veut avec sa femme au niveau sexuel (tant qu'il y a consentement mutuel).

La question que posent les Tôsofôth est qu'il semble y avoir une contradiction : Dans le traité Nadhorim, nous voyons donc qu'un homme peut faire ce qu'il veut au niveau sexuel avec sa femme, et pourtant, dans le traité Yavomôth, on nous parle du cas de ´ér et `ônon en nous disant qu'ils se sont adonnés à des rapports « contre-natures. » Un homme peut-il faire ce qu'il veut avec sa femme, ou y a-t-il des choses qui lui sont interdites ?

La réponse est, qu'en réalité, le Talmoudh ne dit pas qu'il y avait un problème à ce que ´ér et `ônon aient eu avec Tomor des relations contre-natures. Mais alors, pourquoi les deux frères furent-ils punis de mort par HaShem ? Les Tôsofôth disent que l'on peut donner deux explications :

  1. le premier frère, ´ér, pratiquait le coitus interruptus afin de s'assurer que Tomor ne tombe jamais enceinte, et cette forme de contraception est interdite ;
  2. la femme du frère de quelqu'un est normalement interdite à vie à cet homme, et le seul cas où un homme peut épouser la sœur de son défunt frère mort sans avoir eu d'enfant est lorsqu'il prévoit de bâtir une famille pour son défunt frère à travers cette femme, ce que l'on appelle la règle du Yibboum (mariage lévirat). Or, le fait que le deuxième frère, `ônon, déversait sa semence au sol lorsqu'il avait des rapports avec Tomor, montrait qu'il n'avait aucune envie d'accomplir la Miswoh du Yibboum et fut donc puni de mort pour avoir eu des relations sexuelles illicites avec la femme de son défunt frère (puisqu'il ne comptait pas bâtir une famille pour son défunt frère à travers Tomor, il n'avait donc pas le droit de l'épouser, ni même d'avoir des rapports avec elle. Par conséquent, HaShem le frappa de mort.)

Nous voyons donc très clairement que les rapports « Shallô` Kadharkoh » (contre-natures) ne sont interdites que lorsqu'elles servent de moyen de contraception. En d'autres mots, ce n'est pas le fait de se retirer de son épouse au moment de l'éjaculation qui est considéré comme un péché, mais le faire expressément dans le but d'empêcher une éventuelle grossesse est un péché ! Comme l'a explicitement dit le R''i ז״ל, dans son commentaire sur la Gamoro` de Yavomôth 34b : « Si le désir d'un homme est de prendre sa femme d'une manière contre-nature et qu'il ne le fait que de temps en temps, mais pas à chaque fois, c'est alors permis ! » En d'autres mots, si un homme se retire systématiquement de sa femme chaque fois qu'ils ont des rapports sexuels (ou qu'il n'a avec elle que des rapports anaux, qui sont inclus dans la catégorie des rapports « contre-natures », car ce n'est pas la façon ordinaire de faire des enfants, ce qui est le but premier des rapports intimes, comme nous l'avions mentionné dans l'article susmentionné), il commet alors un péché, car il est évident qu'il le fait pour qu'elle ne tombe pas enceinte. Mais si parfois il se retire pour éjaculer et que parfois il ne se retire pas (ou qu'ils ont parfois des rapports anaux et parfois des rapports vaginaux), il ne commet pas alors de faute, car il indique par-là qu'il ne cherche pas nécessairement à éviter une éventuelle grossesse !

Le péché de ´ér et `ônon n'était en rien lié à la masturbation, ni au fait de répandre la semence en vain. Mais chacun a commis un péché différent : ´ér répandait systématiquement sa semence, car il ne voulait pas que Tomor tombe enceinte (ce qui est un moyen de contraception interdit) ; `ônon répandait sa semence en vain pour ne pas donner d'enfants à son défunt frère à travers Tomor (ce qui était un péché, car il n'avait alors pas le droit de l'épouser, et encore moins d'avoir des relations sexuelles avec elle, étant donné qu'elle avait été la femme de son frère et que l'on ne peut épouser la femme de son défunt frère que pour bâtir une famille à son défunt frère. Dans le cas contraire, la veuve reste interdite à vie aux frères de son défunt mari, car s'étant mariée à lui elle est devenue, en quelque sorte, leur sœur par alliance).

Tout cela a également été traité par nulle autre que celui qui fut considéré comme le Pôséq de la génération passée, à savoir HoRov Môshah Feinstein ז״ל. (Comme cela avait été dit dans l'article intitulé « Renverser la hiérarchie », bon nombre de Juifs sont hypocrites, car ils acceptent certains rabbins comme faisant partie des « Grands de la Génération », mais dénigrent leurs décisions et analyses lorsqu'elles ne leur plaisent pas !) Dans `Iggarôth Môshah, `Évén Ho'azar 63, HoRov Môshah Feinstein explique que lorsqu'on parle dans le Talmoudh de מוציא זֶרַע לְבַטָּלָה « si` Zara´ Lavattoloh – répandre sa semence en vain », on fait référence à un vrai gaspillage de la semence lorsqu'il n'y a absolument aucune nécessité de l'avoir déversée. Par contre, il est permis d'éjaculer en-dehors de sa femme si cela sert à l'accomplissement de la Miswoh de ´ônoh (satisfaire sexuellement son épouse) et dans le but d'amener sa femme au plaisir, car dans ces cas-là la semence n'est pas déversée en vain, mais pour une raison constructive. C'est parce que lorsqu'il s'agit des relations intimes entre un homme et son épouse, la Tôroh a permis à un homme de faire ce qu'il veut avec sa femme, même si c'est « Shallô` Kadharkoh » (contre-nature). Mais la raison pour laquelle cela n'est permis que parfois et pas tout le temps est que ce n'est pas toujours une nécessité, ni un désir, et que très souvent les relations naturelles suffisent pour satisfaire le couple.

HoRov Môshah Feinstein poursuit en citant le R''i et la condition que cela ne soit pas tout le temps. Le R''i offre deux opinions différentes quant au déversement de la semence :

  1. Si l'homme avait l'intention, dès le départ, de délibérément répandre sa semence (c'est-à-dire, de ne pas éjaculer dans sa femme), c'est interdit. Mais si cela s'est produit sans qu'il n'en ait eu l'intention, il n'a rien fait de mal.
  2. S'il répand généralement sa semence en-dehors de sa femme, c'est donc une chose régulière, et il commet un péché, parce qu'on ne doit pas faire cela régulièrement.

HoRov Môshah Feinstein suit la deuxième opinion, et tranche que si quelqu'un désire le faire dès le départ, cela lui est permis si c'est une nécessité entre lui et sa femme.

Pourquoi est-ce important d'en parler ? Parce qu'il existe de nombreux couples religieux qui désirent agir l'un envers l'autre avec amour et respect mutuel d'une façon qui excite l'homme au point qu'il ne répand pas sa semence à l'intérieur de la femme, mais plutôt à l'extérieur d'elle, et ils croient qu'ils sont des gens mauvais ou des transgresseurs de la Tôroh et de la Halokhoh à cause de ce désir, car leurs rabbins leur ont dit que c'était interdit (ce qui n'est pas le cas) ! Par conséquent, ils se restreignent ! Et de l'autre côté, vous avez ceux qui font simplement ce qu'ils veulent, sans prendre en compte les rabbins, mais croient quand même qu'ils transgressent la Tôroh et la Halokhoh, et doivent alors gérer leur sentiment de culpabilité parce qu'on ne leur a pas enseigné correctement.

La conclusion de tout cela est : soyez intimes avec vos épouses et rendez-les heureuses et satisfaites. Et s'il vous arrive de temps en temps d'avoir un désir pour ce qui est « Shallô` Kadharkoh », c'est tout à fait permis du point de vue de la Halokhoh. Le seul problème est si cela devient régulier ou à chaque fois. Comme l'ont dit nos Sages, il est interdit d'ajouter des interdictions à la Tôroh, comme si la Tôroh ne nous avait pas déjà interdit beaucoup de choses, et comme s'il manquait des choses dans la Tôroh ! La Tôroh est entière et parfaite, nul besoin d'y ajouter ni d'en retrancher quoi que ce soit ! C'est le principe connu sous le nom de תּוֹרַת ה׳ תְּמִימָה « Tôrath HaShem Tamimoh – La Tôroh d'HaShem est entière ! », un principe dans lequel, apparemment, la plupart de nos rabbins d'aujourd'hui ne croient pas, comme l'attestent leurs innombrables ajouts et Houmrôth supplémentaires.

1Baré`shith 38:6-11
2C'est-à-dire, lorsque la Gamoro` a rapporté à la page précédente qu'il était interdit de prendre sa femme par l'arrière, ce n'était pas l'opinion des Sages, mais uniquement celle de Yôhonon ban Dahabba`y
3La raison pour laquelle cette question est posée est que Yôhonon ban Dahabba`y a interdit de prendre sa femme par l'arrière en prétextant que cela lui avait été révélé par des anges du ministère céleste

4C'est-à-dire, la Gamoro` rejette l'opinion de Yôhonon ban Dahabba`y, qui est basée sur une révélation qu'il aurait reçue des anges, car depuis que la Tôroh a été donnée elle est tranchée selon les décisions des hommes (les rabbins) et non des anges (êtres célestes), puisqu'il est écrit dans la Tôroh elle-même que depuis que la Tôroh fut donnée, elle n'est plus dans le ciel
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