lundi 15 février 2016

Les lois relatives à la prière : Treizième Partie

ב״ה

Les lois relatives à la prière

Treizième Partie


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Poursuivons notre exposition des lois relatives à la prière.

Lois relatives à la prière et à la bénédiction des Kôhanim – Chapitre 5
הִלְכּוֹת תְּפִלָּה וּבִרְכַת כּוֹהֲנִים פֵּרֶק ה׳

  1. Comment s'applique la condition du contrôle de la voix ?

10. Le contrôle de la voix : Comment [cela s'applique-t-il] ? On ne doit pas élever sa voix durant sa prière, ni prier dans son cœur. Plutôt, on prononce les paroles avec ses lèvres, et on fait entendre à ses oreilles [ce qu'on dit] dans un murmure. On ne doit pas rendre audible sa voix, à moins que l'on soit malade ou que l'on soit incapable de concentrer son cœur si on ne rend pas audible sa [propre] voix, auquel cas c'est permis. Et c'est à la condition que l'on ne soit pas en communauté, afin de ne pas troubler leur esprit par sa voix.
י  הַשְׁוָיַת הַקּוֹל כֵּיצַד: לֹא יַגְבִּיהַּ קוֹלוֹ בִּתְפִלָּתוֹ, וְלֹא יִתְפַּלַּל בְּלִבּוֹ--אֵלָא מְחַתֵּךְ הַדְּבָרִים בִּשְׂפָתָיו, וּמַשְׁמִיעַ לְאָזְנוֹ בְּלַחַשׁ. וְלֹא יַשְׁמִיעַ קוֹלוֹ, אֵלָא אִם כֵּן הָיָה חוֹלֶה; אוֹ שְׁאֵינוּ יָכוֹל לְכַוַּן אֶת לִבּוֹ, עַד שֶׁיַּשְׁמִיעַ קוֹלוֹ--הֲרֵי זֶה מֻתָּר: וּבִלְבָד שֶׁלֹּא יִהְיֶה בַּצִּבּוּר, כְּדֵי שֶׁלֹּא תִטָּרֵף דַּעְתָּן מִקּוֹלוֹ
Le contrôle de la voix : Comment [cela s'applique-t-il] ? On ne doit pas élever sa voix durant sa prière : Le Talmoudh1 explique que les règles énoncées ici par le Ramba''m ז״ל sont déduites de la description faite dans le TaNa''Kh de la prière de Hannoh2 : וְחַנָּה, הִיא מְדַבֶּרֶת עַל-לִבָּהּ--רַק שְׂפָתֶיהָ נָּעוֹת, וְקוֹלָהּ לֹא יִשָּׁמֵעַ « Hannoh parlait dans cœur ; seulement ses lèvres bougeaient, mais on n'entendait pas sa voix ».

ni prier dans son cœur : C'est-à-dire, simplement en pensant aux mots dans son esprit. Le Talmoudh Yarousholmi3 explique que רַק שְׂפָתֶיהָ נָּעוֹת « seulement ses lèvres bougeaient » implique qu'elle prononçait les mots et qu'elle ne se contentait donc pas de penser en elle-même.

Plutôt, on prononce les paroles avec ses lèvres, et on fait entendre à ses oreilles [ce qu'on dit] dans un murmure : Le Talmoudh rapporte4 : « Rébbi Yôhonon a dit au nom de Rébbi Shim´ôn ban Yôho`y : Pourquoi fut-il institué que la prière devait être faite dans un murmure ? Afin de ne pas humilier les transgresseurs ». En effet, on peut ajouter dans les bénédictions intermédiaires des Shamônah ´asréh tout ce que l'on désire, dès lors que c'est lié aux thèmes des bénédictions. Ainsi, étant donné que les cinquième et sixième bénédictions de la ´amidhoh ont, respectivement, pour thèmes la repentance et le pardon des péchés, les pécheurs peuvent se confesser dans leurs mots au sein de ces bénédictions. De façon à ce qu'ils n'aient pas honte de le faire, par crainte d'être entendus par les autres, nos Sages de mémoire bénie tranchèrent que toute la ´amidhoh devait être faite dans un murmure.

On ne doit pas rendre audible sa voix : La première partie de cette Halokhoh implique que l'on ne doit pas élever la voix et parler trop fort durant les Shamônah ´asréh, tandis qu'ici on nous informe que l'on ne doit pas même parler d'un ton normal.

Voici ce que rapporte le Talmoudh5 : Celui qui rend audible sa voix durant la prière fait partie de ceux qui ont une foi petite.6 Celui qui élève sa voix durant la prière fait partie des faux prophètes. Cette deuxième phrase est basée sur le verset de 1 Malokhim 18:28, qui décrit comment les faux prophètes de Ba´al criaient afin de se faire entendre par leur idole.

à moins que l'on soit malade ou que l'on soit incapable de concentrer son cœur si on ne rend pas audible sa [propre] voix, auquel cas c'est permis : Tout comme pour les conditions antérieures, le fait de prier dans un murmure n'est pas en soi une obligation halakhique, étant donné que ce n'est pas basé sur un interdit explicite de la Tôroh, mais seulement de déductions faites à partir de versets bibliques. Par conséquent, ce n'est pas une règle absolue et n'invalide pas la prière. C'est pourquoi le Talmoudh7 stipule que si dans les deux circonstances rapportées ici par le Ramba''m on fait entendre sa voix en priant, ce n'est pas un soucis. De la même manière que quelqu'un peut ne pas se tourner vers Jérusalem si cela lui permet de prier avec plus de concentration, il peut aussi prier en faisant entendre sa voix si cela l'aide à mieux se concentrer.

Et c'est à la condition que l'on ne soit pas en communauté, afin de ne pas troubler leur esprit par sa voix : Ainsi, c'est uniquement lorsqu'on prie en privé que l'on pourra faire entendre sa voix en priant. Mais en communauté, cela reste interdit de faire les Shamônah ´asréh à voix haute (excepté le Shaliah Sibbour, évidemment), car cela pourrait perturber la concentration des autres, qui n'arriveraient alors pas à se focaliser sur leur propre ´amidhoh.

  1. Comment s'applique la condition de l'inflexion ?

11. L'inflexion : Comment [cela s'applique-t-il] ? Celui qui prie procède à cinq inflexions lors de chaque prière, au début et à la fin dans la première bénédiction, au début et à la fin dans la [bénédiction de] Hôdhoyoh, et lorsqu'il termine la prière il s'infléchit et recule de trois pas derrière lui tout en étant infléchi. Il salut à sa gauche, ensuite à sa droite, puis il relève sa tête de l'inflexion. Lorsqu'il procède aux quatre [autres] inflexions, il s'infléchit au [mot] « Boroukh », et lorsqu'il se redresse, il se redresse à [la mention du] Nom. Dans quel cas ces paroles s'appliquent-elles ? Dans le cas d'un individu ordinaire. Mais un Kôhén Godhôl s'infléchit au début de chaque bénédiction et à la fin de chaque bénédiction, tandis qu'un roi, dès qu'il s'est prosterné au début, il ne relève sa tête que lorsqu'il a terminé sa prière.
יא  כְּרִיעָה כֵּיצַד: הַמִּתְפַּלֵּל כּוֹרֵעַ חָמֵשׁ כְּרִיעוֹת בְּכָל תְּפִלָּה וּתְפִלָּה--בִּבְרָכָה רִאשׁוֹנָה בַּתְּחִלָּה וּבַסּוֹף, וּבְהוֹדָיָה בַּתְּחִלָּה וּבַסּוֹף. וּכְשֶׁגּוֹמֵר הַתְּפִלָּה, כּוֹרֵעַ וּפוֹסֵעַ שָׁלוֹשׁ פְּסִיעוֹת לַאֲחוֹרָיו כִּשְׁהוּא כּוֹרֵעַ; וְנוֹתֵן שָׁלוֹם מִשְּׂמֹאל עַצְמוֹ, וְאַחַר כָּךְ מִיְּמִין עַצְמוֹ, וְאַחַר כָּךְ מַגְבִּיהַּ רֹאשׁוֹ מִן הַכְּרִיעָה. וְכִשְׁהוּא כּוֹרֵעַ בְּאַרְבַּע הַכְּרִיעוֹת, כּוֹרֵעַ בְּבָרוּךְ; וְכִשְׁהוּא זוֹקֵף, זוֹקֵף בַּשֵּׁם. בַּמֶּה דְּבָרִים אֲמוּרִים, בְּהִדְיוֹט. אֲבָל כּוֹהֵן גָּדוֹל--כּוֹרֵעַ בִּתְחִלַּת כָּל בְּרָכָה, וּבְסוֹף כָּל בְּרָכָה; וְהַמֶּלֶךְ--כֵּיוָן שֶׁשָּׁחָה בָּרִאשׁוֹנָה, אֵינוּ מַגְבִּיהַּ רֹאשׁוֹ עַד שֶׁגּוֹמֵר תְּפִלָּתוֹ
L'inflexion : Comment [cela s'applique-t-il] ? Celui qui prie procède à cinq inflexions lors de chaque prière : Le Talmoudh8 rapporte que celui qui s'infléchit à d'autres endroits des Shamônah ´asréh doit se voir signifier d'arrêter d'agir ainsi.

Ces inflexions à ces moments-là expriment l'idée de notre totale dépendance et soumission à Dieu.

au début et à la fin dans la première bénédiction : C'est-à-dire que l'on doit s'infléchir en disant le בָּרוּךְ אַתָּה « Boroukh `attoh » du début de la première bénédiction, et une deuxième fois en disant le « Boroukh `attoh » de la fin de cette même bénédiction.

au début et à la fin dans la [bénédiction de] Hôdhoyoh : Qui est l'avant-dernière bénédiction des Shamônah ´asréh. Cela signifie que l'on s'infléchit en disant le מוֹדִים אֲנַחְנוּ לָךְ « Môdhim `anahnou Lokh » du début de cette bénédiction, ainsi qu'en disant le בָּרוּךְ אַתָּה « Boroukh `attoh » de la fin de cette même bénédiction.

Notez que le terme que l'on a traduit ici par « inflexion » est כְּרִיעָה « Kari´oh », qui représente la position de tomber sur ses genoux, comme indiqué à la Halokhoh 14. Voir à cet effet l'article intitulé « La prosternation israélite ».

et lorsqu'il termine la prière il s'infléchit : Pour marquer que sa ´amidhoh est terminée.

et recule de trois pas derrière lui tout en étant infléchi : Pour marquer le fait que l'on prend à présent congé de Dieu, de la même manière que dans l'antiquité les gens quittaient la présence d'un roi en partant à reculons afin de ne pas lui tourner le dos, ce qui était une marque de mépris.

Le Talmoudh9 rapporte qu'une fois Rov Hiyo` ז״ל, le fils de Rov Houno` ז״ל, a vu que Ravo` ז״ל et `abbayé ז״ל faisaient trois pas derrière eux tout en étant infléchi à la fin de leur prière. Cela démontre bien, comme pour toutes les autres conditions précédentes, que reculer de trois pas en arrière après la prière n'était pas en soi une Halokhoh obligatoire ou même qui était pratiquée de tous (bien qu'elle était très répandue et déjà connue et observée du temps des Tanno`im, comme le démontrera le passage talmudique de la même Gamoro` que l'on rapportera plus bas). Si cela avait été le cas, Rov Hiyo` n'aurait pas découvert cette pratique pour la première fois en observant ces deux Sages de l'époque des `ammôro`im.

Il salut à sa gauche, ensuite à sa droite, puis il relève sa tête de l’inflexion : Le Talmoudh rapporte ceci10 : « Rébbi `aléxandri a dit au nom de Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi : Celui qui prie doit faire trois pas en arrière, puis saluer ». Toujours sur la même page, il est dit : « Il a été enseigné : Celui qui prie doit faire trois pas en arrière et saluer. Et s'il ne l'a pas fait, il aurait été préférable pour lui qu'il ne prie pas ». Nous voyons donc que cette pratique existait déjà du temps des Tanno`im. Il est à noter, comme nous l'avons déjà dit, que ces trois pas en arrière et cette « salutation » sont calqués sur la manière dont on prenait congé des rois d'antan.

Le Ramba''m expliquera dans la Halokhoh suivante pourquoi nous commençons par « saluer » à gauche, puis à droite.

Lorsqu'il procède aux quatre [autres] inflexions, il s'infléchit au [mot] « Boroukh », et lorsqu'il se redresse, il se redresse à [la mention du] Nom : Le Talmoudh11 explique que cette pratique consistant à se redresser en mentionnons le Nom (`adhônoy) est déduite du verset suivant12 : יְהוָה, זֹקֵף כְּפוּפִים « `adhônoy redresse ceux qui sont courbés ».

Dans quel cas ces paroles s'appliquent-elles ? Dans le cas d'un individu ordinaire. Mais un Kôhén Godhôl s'infléchit au début de chaque bénédiction et à la fin de chaque bénédiction : Les commentateurs contestent la décision du Ramba''m, étant donné que le Talmoudh13 rapporte deux pratiques différentes, et aucune ne correspond à ce que dit le Ramba''m. En effet, voici ce qui est dit : « Nos Rabbins ont enseigné : Celles-ci sont les bénédictions dans lesquelles on s'infléchit en les disant : au début et à la fin de la bénédiction des Patriarches, et au début et à la fin de [la bénédiction de] Hôdhoyoh. Si quelqu'un désire s'infléchir à la fin de chaque bénédiction ou au début de chaque bénédiction, on lui donne pour instruction de ne pas le faire. Rébbi Shim´ôn ban Pazzi a dit au nom de Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi, qui l'a dit au nom de Rov Kapporo` : ''Quelqu'un d'originaire s'infléchit comme nous l'avons mentionné ; un Kôhén Godhôl à la fin de chaque bénédiction ; un roi au début et à la fin de chaque bénédiction.'' Rébbi Yishoq bar Nahmoni a dit : ''Il m'a été expliqué par Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi que quelqu'un d'ordinaire s'infléchit comme nous l'avons mentionné ; un Kôhén Godhôl s'infléchit au début de chaque bénédiction ; et un roi, une fois qu'il s'est prosterné ne se relève [qu'après avoir terminé la prière]''. »

Comme nous pouvons le voir concernant le Kôhén Godhôl, un avis déclare que c'est seulement à la fin de chaque bénédiction qu'il doit s'incliner, tandis que l'autre déclare que c'est seulement au début de chaque bénédiction qu'il doit le faire. En fait, cette « contradiction » est due au fait que les deux pratiques existaient. Comme nous l'avons déjà dit, ces inflexions ne sont pas en elles-mêmes obligatoires, et les moments où les faire ne sont pas gravés dans la roche, pour ainsi dire. En d'autres mots, malgré que pour quelqu'un d'ordinaire il est dit qu'il conviendrait de lui donner pour instruction de ne pas s'infléchir au début et à la fin de chaque bénédiction, il n'y a pas d'interdiction à cela. Bien que la pratique appropriée soit de ne le faire qu'à quatre reprises pendant les Shamônah ´asréh, néanmoins, si quelqu'un s'infléchit lors de chacune des bénédictions, sa prière est valable. De même, chez les Kôhanim Gadhôlim, on pouvait observer deux pratiques différentes. Le Ramba''m fait donc fusionner ces deux positions et rapporte qu'un Kôhén Godhôl, pour satisfaire aux deux approches, doit s'incliner au début et à la fin de chaque bénédiction.

tandis qu'un roi, dès qu'il s'est prosterné au début, il ne relève sa tête que lorsqu'il a terminé sa prière : Dans le passage talmudique susmentionné, nous voyons que ce n'est pas la seule possibilité. Un roi peut également décider de s'infléchir (tomber à genou) au début et la fin de chaque bénédiction.

Le Talmoudh rapporte que ceux qui soutiennent la position défendue ici par le Ramba''m, invoquent le verset de 2 Malokhim 8:54, où nous voyons que Shalômôh Hammalakh ע״ה ne se releva de ses genoux qu'à la fin de sa prière.

Deux raisons majeures furent avancées pour expliquer pourquoi les Kôhanim Gadhôlim et les rois tombaient sur leurs genoux plus souvent que les gens ordinaires : D'après Rash''i ז״ל, c'est parce que quelqu'un qui occupe une position de grandeur doit s'abaisser et se soumettre devant Dieu à un degré plus élevé que n'importe qui d'autre. D'après le Mahari''l ז״ל, c'est parce que tomber à genou est une réponse naturelle aux sentiments de proximité que l'on ressent envers Dieu. Puisque le roi et le Kôhén Godhôl étaient plus proches de Dieu que n'importe qui, ils s'infléchissaient beaucoup plus que les autres.

  1. Pourquoi saluer d'abord à gauche, puis à droite ?

12. Pourquoi salue-t-on d'abord à sa gauche ? Parce que sa gauche est la droite de la Présence Divine devant soi, comme pour indiquer que puisque lorsqu'on se tient devant un roi, on salue généralement à la droite du roi, puis à la gauche du roi, ils ont donc établi que l'on doit se retirer de la prière de la même manière que l'on se retire de la présence du roi.
יב  וְלָמָּה נוֹתֵן שָׁלוֹם לִשְׂמֹאלוֹ תְּחִלָּה, מִפְּנֵי שֶׁשְּׂמֹאלוֹ הִיא יָמִין שֶׁכְּנֶגֶד פָּנָיו: כְּלוֹמַר שְׁהוּא עוֹמֵד לִפְנֵי הַמֶּלֶךְ, נוֹתֵן שָׁלוֹם לִימִין הַמֶּלֶךְ וְאַחַר כָּךְ לִשְׂמֹאל הַמֶּלֶךְ; וְקָבְעוּ שֶׁיִּפָּטֵר מִן הַתְּפִלָּה, כְּמוֹ שֶׁיִּהְיוּ נִפְטָרִין מִלִּפְנֵי הַמֶּלֶךְ
Lorsqu'on prie, on doit s'imaginer comme se tenant devant la Présence Divine. De ce fait, notre gauche est donc considérée comme la droite de Dieu, pour ainsi dire. Par conséquent, puisqu'en prenant congé d'un roi on commençait d'abord par embrasser le côté droit du visage du roi, puis son côté gauche, de même, nous « saluons » d'abord HaShem sur Sa droite qui est notre gauche, puis sur Sa gauche qui est notre droite.

Le Talmoudh14 rapporte cette règle au nom de Rébbi Shamayoh ז״ל.

  1. Comment réalise-t-on ces cinq inflexions ?

13. Toutes ces inflexions nécessitent que l'on s'infléchisse jusqu'à ce que toutes les vertèbres de la colonne vertébrale fassent saillies, et que l'on forme un arc. Si l'on se prosterne légèrement, en faisant un effort qui montre que l'on s'infléchit de toutes ses forces, il n'y a pas d'inquiétude à avoir.
יג  כָּל הַכְּרִיעוֹת הָאֵלּוּ--צָרִיךְ שֶׁיִּכְרַע בָּהֶן עַד שֶׁיִּתְפַּקְפְּקוּ כָּל חֻלְיוֹת שֶׁבַּשִּׁדְרָה, וְיֵעָשֶׂה כְּקֶשֶׁת; וְאִם שָׁחָה מְעַט וְצִעַר עַצְמוֹ, וְנִרְאָה כְּכוֹרֵעַ בְּכָל כּוֹחוֹ--אֵינוּ חוֹשֵׁשׁ
Toutes ces inflexions nécessitent que l'on s'infléchisse jusqu'à ce que toutes les vertèbres de la colonne vertébrale fassent saillies : C'est-à-dire que l'on doit tomber à genou et s'incliner vers l'avant (mais pas face contre terre) jusqu'à ce que les vertèbres de la colonne vertébrale ressortent.

et que l'on forme un arc : Le Talmoudh15 donne une méthode permettant de savoir qu'un arc a été formé dans le dos. Il explique que l'on doit s'incliner vers l'avant jusqu'à ce qu'on soit capable de voir une pièce de monnaie placée par terre juste devant ses genoux. En d'autres mots, on n'a pas l'obligation de s'incliner complètement, mais juste courber son dos suffisamment que pour voir le sol. Voir l'illustration ci-dessous :


Notons toutefois que si on le désire, on peut s'incliner face contre terre durant les Shamônah ´asréh, ce qui correspondra alors à la position de Qiddoh, que le Ramba''m mentionnera dans la Halokhoh suivante. La Kari´oh est juste le minimum.

Dans la vidéo suivante, vous pouvez voir les Shamônah ´asréh du soir faîtes avec quatre Qiddôth au lieu de quatre Kari´ôth, ce qui est tout à fait valable :


Si l'on se prosterne légèrement, en faisant un effort qui montre que l'on s'infléchit de toutes ses forces, il n'y a pas d'inquiétude à avoir : Le Talmoudh rapporte ceci16 : « Rébbi Tanhoumo` a également dit au nom de Rébbi Yahôshoua´ ban Léwi : ''Lorsqu'on fait la prière, on doit s'infléchir jusqu'à ce que toutes les vertèbres de la colonne vertébrale fassent saillies''... Rébbi Hanino` a dit : ''S'il incline simplement sa tête, il n'a pas besoin de plus''. Ravo` a dit : ''Ce n'est le cas que si cela lui fait mal et qu'il montre qu'il aurait aimé s'infléchir'' ».

Nous pouvons donc voir que si quelqu'un a, par exemple, mal au dos, ou que cela lui causerait des douleurs de s'infléchir jusqu'à ce que son dos ait formé un arc, simplement incliner légèrement la tête, même sans former d'arc avec son dis, suffira. La même règle s'applique également aux personnes trop corpulentes qui pourraient avoir des difficultés à s'incliner jusqu'à former un arc avec leur dos.

  1. Comment s'applique la condition de la prosternation ?

14. La prosternation : Comment [cela s'applique-t-il] ? Après avoir relevé sa tête de la cinquième inflexion, on s’assoit par terre, on tombe sa face contre le sol et on prononce toutes les supplications que l'on désire. L'inflexion qui est mentionnée à tout endroit [consiste à tomber] sur les genoux. L'inclinaison [consiste à tomber] sur la face. La prosternation, c'est étendre les mains et les pieds jusqu'à ce qu'on se retrouve le visage à plat sur le sol.
יד  הִשְׁתַּחֲוָיָה כֵּיצַד: אַחַר שֶׁמַּגְבִּיהַּ רֹאשׁוֹ מִכְּרִיעָה חֲמִישִׁית, יוֹשֵׁב לָאָרֶץ, וְנוֹפֵל עַל פָּנָיו אָרְצָה, וּמִתְחַנֵּן בְּכָל תַּחֲנוּנִים שֶׁיִּרְצֶה. כְּרִיעָה הָאֲמוּרָה בְּכָל מָקוֹם, עַל בִּרְכַּיִם; קִדָּה, עַל אַפַּיִם; הִשְׁתַּחֲוָיָה--זֶה פִּשּׁוּט יָדַיִם וְרַגְלַיִם, עַד שֶׁנִּמְצָא מֻטָּל עַל פָּנָיו עַל הָאָרֶץ
La prosternation : Comment [cela s'applique-t-il] ? Après avoir relevé sa tête de la cinquième inflexion, on s’assoit par terre, on tombe sa face contre le sol : Le Talmoudh démontre à travers de très nombreux passages que la prosternation après la prière pour faire ses supplications personnelles était une pratique quotidienne de la quasi totalité des Israélites dans les temps talmudiques, qui remonte déjà aux temps bibliques.

et on prononce toutes les supplications que l'on désire : C'est-à-dire qu'il n'existe aucun texte standard à faire à ce moment-là.

Le Tour17 ז״ל explique qu'en se prosternant après les Shamônah ´asréh pour faire ses supplications, on se retrouve en train de prier dans les trois mêmes positions qu'adoptait Môshah Rabbénou ע״ה lorsqu'il priait sur la montagne :

  • à genoux : וָאֵשֵׁב בָּהָר, אַרְבָּעִים יוֹם וְאַרְבָּעִים לַיְלָה « et je m'assis sur la montagne quarante jours et quarante nuits »18
  • debout : וְאָנֹכִי עָמַדְתִּי בָהָר, כַּיָּמִים הָרִאשֹׁנִים--אַרְבָּעִים יוֹם, וְאַרְבָּעִים לָיְלָה « et je me tins debout sur la montagne, comme la première fois, pendant quarante jours et quarante nuits »19
  • prosterné : וָאֶתְנַפַּל לִפְנֵי יְהוָה, אֵת אַרְבָּעִים הַיּוֹם וְאֶת-אַרְבָּעִים הַלַּיְלָה--אֲשֶׁר הִתְנַפָּלְתִּי « et je tombais devant `adhônoy pendant quarante jours et quarante nuits lorsque je priais ».20

L'inflexion qui est mentionnée à tout endroit [consiste à tomber] sur les genoux. L'inclinaison [consiste à tomber] sur la face. La prosternation, c'est étendre les mains et les pieds jusqu'à ce qu'on se retrouve le visage à plat sur le sol : Ces trois positions se disent respectivement en Langue Sainte, כְּרִיעָה « Kari´oh », קִדָּה « Qiddoh » et הִשְׁתַּחֲוָיָה « Hishtahawoyoh ». Voir l'article intitulé « La prosternation israélite » pour de plus amples informations.
15. Lorsqu'on fait la tombée [sur les] faces après la prière, certains font une Qiddoh, d'autres font une Hishtahawoyoh. Mais il est interdit de faire une Hishtahawoyoh sur des [sols en] pierres, à moins que ce soit dans le Sanctuaire, comme nous l'avons expliqué dans les Hilkôth ´avôdhoh Zoroh. Quelqu'un d'important n'a le droit de tomber sur sa face que s'il sait en lui-même qu'il est intègre comme Yahôshoua´. Cependant, il peut pencher légèrement sa face, mais ne pas la presser au sol. Il est permis à quelqu'un de prier à un endroit et tomber sur sa face à un autre endroit.
טו  כִּשְׁהוּא עוֹשֶׂה נְפִילַת פָּנִים אַחַר תְּפִלָּה, יֵשׁ מִי שְׁהוּא עוֹשֶׂה קִדָּה, וְיֵשׁ מִי שְׁהוּא עוֹשֶׂה הִשְׁתַּחֲוָיָה; וְאָסוּר לַעֲשׂוֹת הִשְׁתַּחֲוָיָה עַל הָאֲבָנִים אֵלָא בַּמִּקְדָּשׁ, כְּמוֹ שֶׁבֵּאַרְנוּ בְּהִלְכּוֹת עֲבוֹדָה זָרָה. וְאֵין אָדָם חָשׁוּב רַשָּׁאי לִפֹּל עַל פָּנָיו, אֵלָא אִם כֵּן הוּא יוֹדֵעַ בְּעַצְמוֹ שְׁהוּא צַדִּיק כִּיהוֹשׁוּעַ; אֲבָל מַטֶּה הוּא פָּנָיו מְעַט, וְאֵינוּ כּוֹבֵשׁ אוֹתוֹ בַּקַּרְקָע. וּמֻתָּר לָאָדָם לְהִתְפַּלַּל בְּמָקוֹם זֶה, וְלִנְפֹּל עַל פָּנָיו בְּמָקוֹם אַחֵר
Lorsqu'on fait la tombée [sur les] faces après la prière : Pour faire ses supplications personnelles.

certains font une Qiddoh, d'autres font une Hishtahawoyoh : Les gens peuvent effectivement choisir l'une ou l'autre méthode, comme on peut le voir dans le Talmoudh. Voir l'article intitulé « Guide pratique des Tahanoun ».

La raison pour laquelle à la Halokhoh précédente le Ramba''m a mentionné la Hishtahawoyoh comme étant la position dans laquelle faire ses supplications est que c'est celle qu'il convient de privilégier.

Dans la vidéo suivante, vous pouvez voir la dernière inflexion des Shamônah ´asréh, la salutation après la prière, et la Hishtahawoyoh qui suit la prière :


Mais il est interdit de faire une Hishtahawoyoh sur des [sols en] pierres, à moins que ce soit dans le Sanctuaire, comme nous l'avons expliqué dans les Hilkôth ´avôdhoh Zoroh : Au Chapitre 6, Halokhôth 9 à 11.

À cause de cette interdiction, le Ramba''m rapporte ceci21 : וּמִפְּנֵי זֶה נָהֲגוּ כָּל יִשְׂרָאֵל לְהַצִּיעַ מַחְצָלוֹת בְּבָתֵּי כְּנָסִיּוֹת הָרְצוּפוֹת בַּאֲבָנִים, אוֹ מִינֵי קַשׁ וְתֶבֶן, לְהַבְדִּיל בֵּין פְּנֵיהֶם, וּבֵין הָאֲבָנִים. וְאִם לֹא מָצָא דָּבָר מַבְדִּיל בֵּינוֹ וּבֵין הָאֶבֶן--הוֹלֵךְ לְמָקוֹם אַחֵר וּמִשְׁתַּחֲוֶה, אוֹ שׁוֹחֶה עַל צִדּוֹ וּמַטֶּה: כְּדֵי שֶׁלֹּא יַדְבִּיק פָּנָיו בָּאֶבֶן « C’est la raison pour laquelle tous les Israélites sont accoutumés à étendre des nattes dans les synagogues qui ont un sol en pierres, ou diverses sortes de chaumes et de paille pour faire séparation entre les visages et les pierres. Si l’on ne trouve rien qui puisse faire séparation entre soi et la pierre, on va dans un autre endroit se prosterner, ou l’on se prosterne sur le côté et on se penche, afin de ne pas toucher la pierre de son visage ».

Nous pouvons voir que même durant le Moyen-âge, les Israélites continuaient à se prosterner face contre terre dans les synagogues. Il est donc faux de prétendre qu'en raison du fait que les Musulmans reprirent cette pratique, les Israélites cessèrent de se prosterner (l'islam est né au 7ème siècle, tandis que le Ramba''m a vécu au 12ème siècle, cinq cent plus tard. Et pourtant, la pratique avait encore cours). De même, il est faux de croire qu'il est interdit depuis la destruction du Béth Hammiqdosh de se prosterner en priant, car ce n'est pas la prosternation qui est interdite, mais le fait de la faire sur un sol en pierres en-dehors du Béth Hammiqdosh. C'est pour cela que l'on utilise notamment des tapis de prière, ou quoique ce soit qui sépare le visage de la pierre.

Quelqu'un d'important n'a le droit de tomber sur sa face que s'il sait en lui-même qu'il est intègre comme Yahôshoua´. Cependant, il peut pencher légèrement sa face, mais ne pas la presser au sol. Il est permis à quelqu'un de prier à un endroit et tomber sur sa face à un autre endroit : Nous avions expliqué cela dans l'article intitulé « La prosternation israélite ».

Signalons que le Talmoudh Yarousholmi22 indique clairement que cette Halokhoh est limitée. En effet, d'après une version, quelqu'un d'important n'a seulement l'interdiction de faire ses supplications face contre terre que s'il prie pour la communauté, tandis que d'après une autre version, c'est seulement s'il prie en communauté. Ainsi, d'après la première version, il pourra le faire s'il prie pour lui-même, tandis que d'après la seconde version, il pourra le faire s'il prie en privé.

Dans les deux cas, il pourrait être embarrassé par les gens s'il n'était pas exaucé, alors qu'un tel embarras n'existe pas s'il prie pour lui-même ou en privé.23

Il est permis à quelqu'un de prier à un endroit et tomber sur sa face à un autre endroit : C'est-à-dire que si quelqu'un a prié à un endroit qui a un sol en prière, il pourra se déplacer vers un autre endroit pour faire ses supplications face contre terre. De même, quelqu'un peut prier à un endroit, puis décider d'aller faire ses supplications à un endroit qu'il estimera être plus approprié (par exemple, il prie à la synagogue, puis décide de faire ses supplications chez lui, discrètement). En d'autres mots, il n'y a pas d'obligation de faire ses supplications là où on a prié.

  1. Quels jours est-il de coutume de ne pas faire de supplications après la prière ?

16. Il est une coutume universelle chez tous les Israélites de ne pas tomber sur les faces aux Shabbothôth et aux fêtes, ni à Rô`sh Hashonoh, ni lors des néoménies, durant Hanoukkoh et à Pourim, ni lors du Minhoh des veilles des Shabbothôth et des fêtes, ni lors du ´arbith de chaque jour. Mais certains individus tombent sur leurs faces à ´arbith. À Yôm Hakkippourim uniquement, ils tombent sur leurs faces durant chaque prière, car c'est un jour de supplication, de requête et de jeûne.
טז  מִנְהָג פָּשׁוּט בְּכָל יִשְׂרָאֵל, שְׁאֵין נְפִילַת פָּנִים בְּשַׁבָּתוֹת וּבְמוֹעֲדוֹת, וְלֹא בְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה, וְלֹא בְּרָאשֵׁי חֳדָשִׁים וּבַחֲנֻכָּה וּפוּרִים, וְלֹא בַּמִּנְחָה שֶׁלְּעַרְבֵּי שַׁבָּתוֹת וְיָמִים טוֹבִים, וְלֹא בָּעַרְבִּית שֶׁבְּכָל יוֹם. וְיֵשׁ יְחִידִים שֶׁנּוֹפְלִין עַל פְּנֵיהֶם, בָּעַרְבִּית. וּבְיוֹם הַכִּפּוּרִים בִּלְבָד, נוֹפְלִין עַל פְּנֵיהֶם בְּכָל תְּפִלָּה וּתְפִלָּה, מִפְּנֵי שְׁהוּא יוֹם תְּחִנָּה וּבַקָּשָׁה וְתַעְנִית
Il est une coutume universelle chez tous les Israélites de ne pas tomber sur les faces aux Shabbothôth et aux fêtes, ni à Rô`sh Hashonoh, ni lors des néoménies, durant Hanoukkoh et à Pourim : Cette coutume est également mentionnée dans le Siddour du Rov ´amrom Go`ôn ז״ל (né en 810 et décédé en 875).

Ces jours-là sont des occasions joyeuses. Par conséquent, nous ne supplions pas HaShem par des requêtes supplémentaires. Au contraire, nous nous focalisons sur les bontés et grâces dont Il nous a déjà gratifiées.

Précisons toutefois qu'il ne s'agit pas du tout d'une interdiction, mais uniquement d'une coutume. Par conséquent, si on ressent un besoin fort d'élever des supplications l'un de ces jours-là, cela est parfaitement permis. C'est ainsi que certains de nos Sages, lorsqu'ils avaient quelque chose qui les peinait, ou un problème qui les tracassait profondément, faisaient des supplications face contre terre même à Shabboth.

ni lors du Minhoh des veilles des Shabbothôth et des fêtes : Lorsque l'atmosphère de joie de ces jours-là peut déjà commencer à se ressentir.

ni lors du ´arbith de chaque jour. Mais certains individus tombent sur leurs faces à ´arbith : Comme nous l'avons dit plus haut, il n'y a pas une règle interdisant de faire des supplications face contre terre à certaines dates ou certains jours ; ce n'est qu'une coutume. On pourra donc le faire si on le désire.

À Yôm Hakkippourim uniquement, ils tombent sur leurs faces durant chaque prière, car c'est un jour de supplication, de requête et de jeûne : La pratique qui prévaut de nos jours parmi les `ashkanazim consiste à ne se prosterner face contre terre à Yôm Hakkippourim que pour la prière de Mousof, et non lors des cinq prières.

Fin du Chapitre 5 !

1Barokhôth 31a
21 Shamou`él 1:13
3Barokhôth 4:1
4Sôtoh 32b
5Barokhôth 24b
6Rash''i explique que faire entendre sa voix en priant n'est pas nécessaire lorsqu'on prie afin que Dieu nous entende. La faire entendre équivaut donc à douter qu'Il puisse entendre une prière faite dans un murmure
7Barokhôth, Ibid.
8Ibid., 34a
9Yômo` 53b
10Ibid.
11Barokhôth 12a
12Tahillim 146:8
13Barokhôth 34a-b
14Yômo` 53b
15Barokhôth 28b
16Ibid.
17`ôrah Hayim 131
18Davorim 9:9
19Ibid., 10:10
20Ibid., 9:25
21Hilkôth ´avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 6:12
22Ta´anith 2:6
23Tôsofôth, Maghilloh 22b
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