mercredi 24 décembre 2014

La Masisoh d'après la Halokhoh

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La Masisoh d'après la Halokhoh

Illustration : Un Môhél de l'Orthodoxie Moderne réalisant une Masisoh Bappéh, qui consiste à sucer un peu de sang du pénis du bébé, après lui avoir retiré le prépuce.

Cet article peut être téléchargé ici.

Un autre bébé a été infecté par l'herpès néonatal qui lui a été transmis par Masisoh Bappéh (MBP), une succion directe de la bouche du Môhél au pénis en sang du nouveau-né réalisée par de nombreux Môhalim Harédhim après avoir retiré le prépuce de l'enfant, a rapporté le Capital New York.

L'herpès néonatal peut mutiler et même tuer des enfants. Une fois contractée, le virus ne quitte jamais le corps et peut être (et est souvent) transmis aux autres par des rapports sexuels, des baisers, un partage du même verre et à travers d'autres contacts. Des études récentes montrent que le virus double le risque de contracter la maladie d'Alzheimer.

Il y a eu quatre cas rapportés d'herpès néonatal transmis par MBP cette année (2014) aux États-Unis, et 17 depuis 2000. Mais ces chiffres sont trompeurs, en partie parce qu'avant 2006, il n'était pas obligatoire de signaler les cas au ministère de la Santé et de l'Hygiène Mentale ou à l'état, et en partie aussi parce que les hôpitaux et les cliniques ayant une grande clientèle Harédhi sont accusés d'étouffer certaines affaires de contamination afin de garder leur clientèle Harédhi et ne pas la froisser.

Parmi ces 17 cas connus, deux bébés sont morts et au moins deux autres ont subi des dommages au cerveau.

Les Harédhim dirigés par la Agoudath Israel of America et Satmar sont actuellement en pleine guerre judiciaire contre la ville de New York pour bloquer l'obligation de consentement des parents exigé par la ville pour l'accomplissement de la MBP. Habad-Loubavitch et de nombreux autres groupes hassidiques sont également fermement opposés à l'obligation du consentement des parents ou toute tentative du gouvernement de réglementer la pratique de la MBP.

Selon le journal Capital New York, le cas le plus récent est un garçon né en Novembre de cette année. Douze jours après sa circoncision durant laquelle a été pratiquée la MBP, le bébé a été emmené chez un pédiatre, à cause de problèmes d'irritation après les tétées. Le bébé avait un « groupe de papules » sur son pénis. Le pédiatre a envoyé le bébé chez un dermatologue, qui à son tour l'a envoyé aux urgences.

L'automne dernier, le maire de New York, Bill de Blasio, avait promis à Satmar qu'il abrogerait l'obligation du consentement des parents s'il était élu. En échange, il a reçu le vote en bloc des plus de 10 000 Satmarers de sa circonscription, et a été élu.

Mais lorsque la promesse faite à la communauté Satmar a été rendue publique dans la vidéo suivante, http://www.youtube.com/watch?v=oYbQjQHnOn8, le maire de Blasio s'est retrouvé dans une position difficile à tenir. Toutefois, l'administration de Blasio ne fait pratiquement rien pour faire respecter l'obligation du consentement parental, car il cherche une autre façon de traiter le problème de la MBP.

Des experts en santé publique et un large éventail de médecins et de scientifiques notent les dangers inhérents de la MBP et veulent faire interdire la pratique.

Le bureau de de Blasio s'est refusé à tout commentaire.

Dans les années 1800, des vagues d'herpès, de syphilis et d'autres infections ont été transmises par MBP, tuant des centaines de bébés en Europe. Des médecins, parmi lesquels bon nombre de Juifs, demandèrent aux rabbins les plus influents d'interdire la MBP et certains d'entre eux, plus particulièrement les Litvaqim (Lituaniens), ceux d'Angleterre, de France et d'autres pays d'Europe occidentale, l'ont interdite. Dans les régions où la MBP fut interdite, les infections et les décès cessèrent.

Cependant, les Rébbé`îm hassidiques et d'autres qui luttaient à la fois contre la Hasqoloh (ancêtre du Sionisme) et le Mouvement de la Réforme considéraient l'interdiction de la MBP comme une soumission face à leurs ennemis de la Réforme et de la Hasqoloh (qui réclamaient des changements dans certaines pratiques), et refusèrent d'interdire la pratique dangereuse (car cela aurait pu être perçu comme une victoire des Libéraux et des membres de la Hasqoloh), bien qu'elle ne fasse pas partie du rite de la circoncision exigé par la Tôroh.

Ainsi, jusqu'à aujourd'hui, la MBP est automatiquement réalisée par les Môhalim hassidiques, tandis que dans les milieux des Litvaqim, des Orthodoxes Modernes (sauf dans une minorité d'entre eux, qui veulent être bien vus des Hasidhim), des Safaradhim, des Mizrahim et des Témonim, elle n'est pas du tout pratiquée.

Que dit la Halokhoh à ce sujet ?

Voici ce que nous dit le Ramba''m ז״ל, dans son Mishnéh Tôroh1 :

Comment circoncis-t-on ? Le prépuce qui couvre la couronne du pénis est coupé jusqu'à ce que l'intégralité de la couronne soit révélée2. Et après cela, la membrane tendre qui est en-dessous de la peau doit être divisée [en deux] le long de la ligne médiane avec les ongles3 et pelée des deux côtés jusqu'à ce que la couronne soit révélée4. Et après cela, on doit aspirer l'endroit de la circoncision jusqu'à ce que le sang des endroits plus reculés soit extrait5, par crainte qu'une situation dangereuse ne se produise. Et tout [Môhél] qui ne fait pas la Masisoh doit être destitué de sa position. Après avoir accompli la Masisoh, on doit appliquer un bandage, une compresse, ou tout ce qui leur est semblable.
כֵּיצַד מוֹהֲלִין: חוֹתְכִין אֶת כָּל הָעוֹר הַחוֹפֶה אֶת הָעֲטָרָה, עַד שֶׁתִּתְגַלֶּה כָּל הָעֲטָרָה; וְאַחַר כָּךְ פּוֹרְעִין אֶת הַקְּרוֹם הָרַךְ שֶׁלְּמַטָּה מִן הָעוֹר בְּצִפֹּרֶן, וּמַחְזִירוֹ לְכָאן וּלְכָאן, עַד שֶׁיֵּרָאֶה בְּשַׂר הָעֲטָרָה. וְאַחַר כָּךְ מוֹצֵץ הַמִּילָה, עַד שֶׁיֵּצֵא הַדָּם מִמְּקוֹמוֹת רְחוֹקִים, כְּדֵי שֶׁלֹּא יָבוֹא לִידֵי סַכָּנָה; וְכָל מָל שְׁאֵינוּ מוֹצֵץ, מַעְבִירִין אוֹתוֹ. וְאַחַר שֶׁמּוֹצֵץ, נוֹתֵן עָלֶיהָ אַסְפְּלוֹנִית אוֹ רְטִיָּה וְכַיּוֹצֶא בָּהֶן

Nous remarquons tout de suite que le Ramba''m parle simplement de מציצה « Masisoh » (extraction/aspiration) et non de מציצה בפה « Masisoh Bappéh » (extraction/aspiration avec la bouche). En fait, l'expression « Masisoh Bappéh » n'est jamais employée dans la littérature rabbinique ancienne.

De nombreux Môhalim, principalement du mouvement Hassidique, aspire ce sang avec leur propre bouche, car ils interprètent cette recommandation du Talmoudh comme devant s'effectuer avec la bouche. Ils essaient de faire croire que c'est ainsi que les circoncisions ont toujours été effectuées, mais ce n'est PAS ce que dit le Talmoudh.

Le Talmoudh, dans la Mishnoh de Shabboth 19:2 et la Gamoro` de Shabboth 133b, ne parle que du fait d' « aspirer » le sang, pas d' « aspirer avec la bouche », comme l'a très justement fait remarquer le Hatho''m Sôfér ז״ל, qui était un opposant de cette pratique consistant à aspirer le sang avec la bouche. Cette aspiration doit plutôt se faire avec une éponge, du gaze de coton ou tout autre matériau approprié. (D'ailleurs, de nombreux Môhalim procédaient à la Masisoh à l'aide d'un tube qui aspirait le sang sans qu'il y ait le moindre contact buccal avec le pénis du nouveau-né. C'est ce que font encore, par exemple, les Litvaqim et d'autres.) Il fait également remarquer que l'aspiration ne fait pas partie de la Miswoh de circoncision en elle-même mais est plutôt une mesure sanitaire, comme le dit le Ramba''m dans la Halokhoh susmentionnée. C'est pour cela que le Talmoudh recommande explicitement de procéder à une aspiration du sang (au moyen d'un tissu ou des autres matériaux susmentionnés, et non au moyen de la bouche). De quel problème sanitaire parle-t-on ?

Le Tif`arath Yisro`él ז״ל, dans son commentaire sur la Mishnoh de Shabboth 19:2, rapporte que les saignements internes causés par la circoncision pourraient amener le pénis du nouveau-né à enfler, et appliquer un tissu aspirant pour aspirer et retirer le sang prévient ce danger. Le Tif`arath Yisro`él écrit également qu'appliquer le tissu aspirant trop fort rompra les vaisseaux sanguins et causera des saignements excessifs. Par conséquent, il recommande d'appliquer ce tissu aspirant avec douceur. Voilà à quoi sert la Masisoh, et c'est pour cela que le Ramba''m rapporte que le Môhél qui ne procède pas à cette Masisoh devrait être destitué, car l'enfant pourrait être en danger si du sang de son pénis n'est pas aspiré. (Néanmoins, étant donné que la Masisoh ne fait pas, en elle-même, partie de la Miswoh de la Barith Miloh, la circoncision reste valable sans Masisoh.) Et nous voyons bien que de la description donnée, cette pratique ne se fait pas avec la bouche, mais un tissu aspirant.

Cette pratique consistant à utiliser la bouche plutôt que du gaze de coton ou un tissu pour aspirer le sang est né au Moyen-Âge chez les « Kabbalistes », et n'a aucune source sur laquelle s'appuyer. Le Hatho''m Sôfér mentionne, à juste titre, que dans le traité Shabboth 133b, la Masisoh (aspiration) est comparée au fait d'utiliser du cumin, qui est une plante qui était connue pour ses vertus médicinales depuis l’Égypte Antique. Dans les temps talmudiques, on utilisait le cumin pour soigner des blessures. Le Talmoudh écrit noir sur blanc que l'aspiration est comparable au fait d'appliquer un bandage ou du cumin. De ce fait, il est clair et net, et cela ne laisse place à aucun doute, que lorsqu'on parle d'aspirer le sang, c'est appliquer dessus quelque chose qui va l'absorber. Mais puisque ce n'est qu'une mesure sanitaire, si un Môhél a fait la Miloh et la Pari´oh, mais oublie de faire la Masisoh (aspiration avec un tissu, du coton, etc., et non la bouche), il a quand même accompli la Miswoh de circoncision. Cependant, il devra être destitué à cause du danger auquel il expose l'enfant, puisqu'il existe une possibilité que les saignements internes causent des problèmes à l'enfant, comme on l'a expliqué.

Là encore, nous avons une pratique (aspirer le sang avec la bouche) qui est répandue dans certaines communautés principalement Hassidiques, mais qui n'a rien à voir avec la Halokhoh, et qui est même contraire à la Halokhoh, puisqu'elle met la vie des bébés en danger. Ainsi, ceux qui croient que parce que quelqu'un est Môhél c'est qu'il fait tout comme il faut ou parce qu'une coutume est répandue c'est qu'elle est bonne et valable, ceux-là se trompent.

1Hilkôth Miloh 2:2
2Cette étape est appelée « Miloh ».
3Le Yalqout Shim´ôni 2:723 enseigne que les ongles furent créés pour ça. Si ce n'est pas fait avec les ongles, la Pari´oh est néanmoins valable.
4Cette étape est appelée « Pari´oh »

5Cette étape est appelée « Masisoh ».
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