vendredi 18 décembre 2015

Les trente-neuf Malo`khôth : Tôhén – Moudre

ב״ה

Les trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement

hén – Moudre


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  1. Introduction


À présent que nous avons passé en revue les trois Malo`khôth impliquant une séparation, revenons à la Malo`khoh de טוֹחֵן « Tôhén » (littéralement, « moudre »), que nous avions passée. Logiquement, Tôhén se place entre Bôrér et Maraqqédh, puisque cette Malo`khoh nécessite le broyage du blé afin d'en faire de la farine, étape qui se produit après que tous les éléments indésirables (comme la balle, des cailloux, et des choses du genre. Voir le cours sur la Malo`khoh de Bôrér) ont été retirés. Dans le Mishkon, des épices étaient broyées pour obtenir des teintures pour les rideaux.

hén couvre toute activité par laquelle une substance, qui tire ses origines de la terre, est physiquement décomposée en parties plus petites et qui, à cause de cela, remplie une nouvelle fonction.1 Ainsi, il n'est pas nécessaire de littéralement moudre quelque chose jusqu'à ce qu'il devienne de la poudre fine, ou même en très petits morceaux, afin de transgresser la Malo`khoh de Tôhén.

  1. Quelques exemples de Tôhén

Couper des légumes en morceaux pour une salade constituerait-il un acte de Tôhén ? Le cœur de la question consiste à savoir si le coupage a amélioré la nourriture, c'est-à-dire, si elle est à présent adéquate pour quelque chose pour lequel elle n'était pas précédemment adéquate. Avec des légumes de salade, nous ne les aurions normalement pas utilisés s'ils étaient entiers. De ce fait, sous certaines conditions (que nous traiterons plus bas), le coupage pourrait être un acte de Tôhén.


Laissons provisoirement de côté la nourriture, et passons au coupage de bois pour en faire des copeaux. Les plus petits morceaux de bois sont une « amélioration » par rapport au gros morceau d'origine, puisqu'ils peuvent à présent être utilisés pour divers objectifs, ce qui n'aurait pas été le cas d'un plus gros morceau. Cela ressemble aux légumes de salade, et de ce fait, couper le bois est également un acte de Tôhén.

De tout cela, quelle conclusion pouvons-nous tirer ? Heureusement, la Halokhoh nous fournit des instructions claires nous permettant de ne pas transgresser cette Malo`khoh.

  1. Quand est-ce que Tôhén ne s'applique pas ?

Nous venons juste de voir que Tôhén semble être une Malo`khoh très large, couvrant de nombreux scénarios. En réalité, elle est très limitée par les points suivants :

  1. elle ne s'applique qu'aux choses tirant leurs origines de la terre ;
  2. elle ne s'applique qu'aux choses qui n'avaient été précédemment moulues ;
  3. vous pouvez faire du Tôhén sur de la nourriture immédiatement avant d'en faire usage ;
  4. il vous est permis de faire du Tôhén si vous le faites d'une façon inhabituelle.

  • Limitation n°1 : uniquement les produits tirant leurs origines de la terre (en terminologie halakhique, on les appelle גִּידוּלֵי קַרְקַע « Gidhoulé Qarqa´ - ceux qui poussent du sol »)

Nous avons rencontré ce concept avec d'autres Malo`khôth déjà analysées (par exemple, Ma´amér). Quelle est la logique ici ? Très simplement, l'acte de Tôhén dans le Mishkon se réalisait avec des produits alimentaires qui poussaient de la terre (à savoir, du blé et des épices). Par conséquent, l'application de cette Malo`khoh doit suivre ce même schéma.

À l'inverse, les aliments qui ne poussent pas de la terre, comme les œufs, le fromage, le poisson, ou encore la viande, peuvent être broyés ou coupés en petites parties. C'est le cas uniquement si l'aliment était consommable à Shabboth ; de ce fait, les aliments non consommables, comme de la viande crue, ne peuvent pas être broyés ni découpés en plus petites parties.

Notez que de nombreux éléments non alimentaires sont soumis au Tôhén, étant donné qu'ils tirent leurs origines de la terre, comme par exemple de la boue. Par conséquent, volontairement broyer ou moudre de la boue pour l'utiliser à autre chose est interdit.

  • Limitation n°2 : uniquement les produits qui ne furent pas précédemment broyés ou moulus

Lorsque nous avons un produit cuit, comme par exemple un morceau de pain, la farine dont il est fait fut moulue à partir des grains de blé originels. De ce fait, le produit final (le pain) est considéré comme ayant déjà été moulu une fois. Par conséquent, le pain peut à présent être moulu (par exemple, vous pouvez l'émietter dans votre soupe). L'acte de broyage, à ce moment-ci, n'améliore plus la nourriture de quelque façon que ce soit, et cet acte est alors permis. De même, on peut « moudre » du chocolat, c'est-à-dire l'écraser en petits morceaux.

En terminologie halakhique, ce concept est appelé אֵין טוֹחֵן אַחַר טוֹחֵן « `én Tôhén `ahar Tôhén – il n'y a plus [de problème] de broyage après [que quelque chose fut déjà] broyé ».

  • Limitation n°3 : immédiatement avant utilisation

Revenons à notre salade ! Sur la base de tout ce que nous avons dit jusqu'ici, il semblerait qu'il ne vous est pas permis de préparer une salade à Shabboth. Mais en appliquant cette troisième limitation, couper ou trancher des légumes en plus petits morceaux est autorisé, dès lors que vous les faîtes immédiatement avant de les consommer. (Comme nous l'avions appris lors de l'analyse de la Malo`khoh de Bôrér, cela ne signifie pas littéralement la minute avant de les consommer. La Halokhoh considère le moment du repas comme une seule et même unité de temps. Par conséquent, vous pouvez préparer votre salade avant de vous asseoir pour prendre votre repas.)

Quel est le raisonnement de cette limitation ? Les lois de Shabboth n'interdisent aucune activité faisant partie de l'acte de manger. Plutôt, elles n'interdisent que les activités qui sont préliminaires au manger, comme par exemple le vannage, le tri, et d'autres Malo`khôth semblables. Lorsqu'on moud ou coupe un aliment afin d'ensuite le manger, c'est vu comme faisant partie du processus même de manger. Par conséquent, le faire juste avant de passer à table n'est pas compté comme une Malo`khoh. De même, mâcher en mangeant n'est pas inclus dans l'interdiction de moudre, puisque cela fait partie du processus même du manger.

  • Limitation n°4 : d'une façon inhabituelle

Le Talmoudh2 donne une suggestion sur la façon d'accomplir du Tôhén sans toutefois transgresser la Malo`khoh. Il note qu'il vous est permis de moudre du poivre en le frappant avec le manche d'un couteau, ce qui n'est pas du tout la façon normale d'écraser des grains de poivre. (Généralement, cela se fait avec un mortier et un pilon.) Accomplir l'acte avec ce ִינוּי « Shinouy » (changement) kle retire de la catégorie des activités interdites.

Qu'en est-il du fait d'écraser quelque chose, comme par exemple une banane, un avocat, ou des pommes de terre cuites ? Par exemple, peut-on écraser un avocat que l'on compte manger dans son pain ? Écraser un aliment en purée ou bouillie n'entre pas dans la catégorie de Tôhén, tout simplement parce que vous ne couper l'aliment en plus petits morceaux, mais vous en changez simplement la forme et la texture. Ce n'est donc pas du Tôhén.


1Voir notamment le Ramba''m ז״ל, dans les Hilkôth Shabboth 8:16

2Shabboth 141a
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