ב״ה
Exposer
les fausses notions
Le
Shoulhon ´oroukh n'a aucune valeur halakhique
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Nous
entendons de la part des « Orthodoxes » de nombreuses
affirmations sur le Shoulhon ´oroukh, qui sont insensées,
n'ont aucune base, et qu'ils ne savent eux-mêmes pas justifier.
Ils
prétendent qu'il y aurait une obligation de suivre tout ce qui est
dit dans le Shoulhon ´oroukh, mais ne savent expliquer d'où
provient une telle obligation ! En outre, cette affirmation est
d'une hypocrisie que nous avons déjà dénoncé à plusieurs
reprises, car il existe des centaines de règles rapportées dans le
Shoulhon ´oroukh qu'ils ne suivent pas ! Le Shoulhon
´oroukh interdit d'ajouter des Piyoutim dans les bénédictions du
Shama´, mais ils le font quand même ! Le Shoulhon ´oroukh
interdit les Kapporôth, ils le font quand même ! Et nous
pouvons multiplier les exemples à l'infini ! Les mêmes
personnes qui prétendent qu'il y aurait une obligation (venue de
nulle part) de suivre le Shoulhon ´oroukh sont ceux qui
s'appuient sur d'autres sources pour justifier des pratiques rejetées
par le Shoulhon ´oroukh.
Ils
prétendent que le Shoulhon ´oroukh trancherait la Halokhoh
en conformité avec le Talmoudh, ce qui est complètement faux. Rabbi
Yôséf Qa`rô ז״ל
a
bel et bien suivi le Talmoudh dans son Béth Yôséf, mais ce ne fut
pas le cas lorsqu'il rédigea le Shoulhon ´oroukh. Le
Shoulhon ´oroukh est plus une compilation de Minhoghim qui
prévalaient en son temps qu'un livre de Halokhoh. En fait, l'une des
plus grandes objections qu'il y eu contre le Shoulhon ´oroukh
était le fait qu'il ne rapportait que les pratiques des Safaradhim,
mettant complètement de côté les pratiques des `ashkanazim et
d'autres communautés, comme l'école de pensée franco-allemande.
D'ailleurs, la quasi totalité des rabbins Polonais furent très
critiques du Shoulhon ´oroukh à cause de cela. C'est pour
cela qu'il existe autant de commentaires publiés sur le Shoulhon
´oroukh, afin de contester le fait que cet ouvrage constituerait la
Halokhoh finale pour tous, et mentionner d'autres interprétations,
Halokhôth et pratiques non prises en compte par Rabbi Yôséf Qa`rô.
Les principaux commentaires sont :
- le Moghén `avrohom
- le Touré Zohov
- le Sifathé Kôhén
- le Béth Shamou`él
- le Ba`ér Hétév
- le Pari Hodhosh
- le Pari Maghaddim
- le Sha`aré Tashouvoh
- le Mahasis Hashaqal
- le Mishnoh Barouroh
- etc.
Les
gens devraient se demander pourquoi il existe autant d'ouvrages
commentant le Shoulhon ´oroukh. Et dans chacun d'eux, il
existe des centaines, voire des milliers, de pratiques divergentes
avec le Shoulhon ´oroukh ! Si leurs auteurs avaient
considéré qu'il fallait suivre le Shoulhon ´oroukh, jamais
ils n'auraient rédigé des ouvrages qui contestent des milliers de
règles mentionnées dans le Shoulhon ´oroukh !
Les
objections au Shoulhon ´oroukh furent immédiates et intenses,
dès le moment de sa publication. Rabbi Mordokhay ban `avrohom Yoffe
(1530-1612), plus connu sous son surnom du Lévoush, a décrit le
Shoulhon ´oroukh comme étant « une table bien dressée
de toutes sortes de rafraîchissements, mais les plats sont insipides
et manquent le sel du raisonnement qui est capable de causer une
ébullition et chauffer l'individu ». En d'autres mots, c'est
un ouvrage bien structuré, mais dont les décisions ne sont pas
sourcées.
Rabbi
Yôséf Qa`rô fut abondamment critiqué pour sa grande indépendance
dans les décisions légales qu'il rendait (c'est-à-dire qu'il ne
s'appuyait pas toujours sur le Talmoudh et les Ri`shônim) et le fait
qu'il incluait fréquemment des décisions sans prendre en
considération les opinions divergentes de nombreux Ri`shônim. Même
Rabbi Môshah `issarlès ז״ל,
plus connu sous l'acronyme du « Ramo''` »), et qui
rédigea « Hammappoh » (la nappe), qui est le commentaire
le plus connu sur le Shoulhon ´oroukh, dit de Rabbi Yôséf
Qa`rô qu'il n'est pas toujours fidèle aux propres règles que
lui-même a énoncées pour expliquer sa méthode de prise de
décision halakhique. L'exemple classique est le fait que Rabbi Yôséf
Qa`rô lui-même écrit qu'il basera ses décisions halakhiques sur
le consensus entre les trois plus grands Ri`shônim, à savoir, le
Ri''f ז״ל,
le Ramba''m ז״ל
et
le Ro`''sh ז״ל,
mais à plusieurs reprises il s'écarte de cette règle et adopte des
positions contraires à celles de ces trois Ri`shônim !
À
peine quelques années après la publication du Shoulhon
´oroukh, le Rov Shamou`él `ali´azar Halléwi `éidels ז״ל,
plus connu sous son acronyme du « Maharsha''` », écrivit1
qu'il était interdit de trancher sur une question halakhique en
regardant simplement dans le Shoulhon ´oroukh :
En ces
générations-ci, ceux qui tranchent à partir du Shoulhon
´oroukh ne peuvent connaître la raison de chaque règle, à moins
d'avoir au préalable étudié le sujet à partir du Talmoudh
lui-même. Une erreur s'introduit dans leurs
décisions et ils font partie de ceux qui détruisent le monde. Il
convient de les réprimander !
En
d'autres mots, le Maharsha''` considérait le Shoulhon ´oroukh
comme un livre pour les tricheurs, qui ne connaissent pas vraiment la
Halokhoh. Au lieu d'aller voir (ou s'informer) dans le Talmoudh, qui
est la compilation des décisions halakhiques de HaZa''l, et
qui est la seule autorité halakhique du Juif, ils se détournent de
leur obligation d'étudier en prenant le Shoulhon ´oroukh
comme référence. Si vous consultez le Shoulhon ´oroukh pour
appliquer la Halokhoh, vous n'avez absolument pas toutes les
informations nécessaires pour savoir s'il s'agit réellement de la
Halokhoh, qu'ont dit nos Sages, etc. C'est de la pure folie !
Tout ce qui se trouve dans le Shoulhon ´oroukh ne constitue
pas la Halokhoh de HaZa''l et la façon de réellement
pratiquer le Judaïsme. Si quelqu'un veut savoir quelle est la
Halokhoh, il doit étudier le TaNa''Kh et le Talmoudh, ou consulter
un Talmidh Hokhom bien versé dans le TaNa''Kh et le Talmoudh.
Autrement, il perd son temps et commet des erreurs de jugement !
Le
Rov Yô`él Sirqis ז״ל,
plus connu sous son acronyme du « Ba''h »,
qui tenait en grande estime le Béth Yôséf de Rabbi Yôséf Qa`rô,
émit pourtant de nombreuses critiques et objections sur son Shoulhon
´oroukh. Il le considérait comme un ouvrage trop bref et clairsemé,
et s'opposa à d'innombrables règles rapportées dedans. Il fut l'un
des plus grands adversaires du Shoulhon
´oroukh. Personne n'a employé des termes aussi durs que les siens
pour vilipender cet ouvrage et ceux qui le suivaient ! En lisant
le contenu de ce livre, il s'exclame à plusieurs reprises de la
manière suivante : « Une erreur a échappé à la plume
du Béth Yôséf », « sa décision me dépasse ! »,
« Que Dieu lui pardonne d'avoir écrit cela », etc. Lisez
le Ba''h
par vous-mêmes !
Le
critique centrale du Ba''h
vis-à-vis du Shoulhon
´oroukh était que tout ouvrage halakhique, en-dehors du Talmoudh,
est par définition déficient ! Un prérequis pour rendre
n'importe quelle décision consiste à d'abord s'appuyer sur le
Talmoudh et avoir une connaissance sérieuses des sources de base. Il
n'existe pas de raccourci dans la détermination des Halokhôth. Pour
reprendre ses propos :
Dans
la majorité des cas, il est impossible de prendre des décisions
halakhiques à partir du Shoulhon
´oroukh.
Celui qui n'est pas bien versé dans l'étude du Talmoudh est
incapable de correctement juger des cas qui se présentent à lui.
Dans
un langage encore plus dur, il déclare :
Ceux
qui déterminent les Halokhôth en suivant le Shoulhon
´oroukh n'enseignent pas en accord avec la Halokhoh !
En
d'autres mots, toutes leurs décisions sont contraires à la
Halokhoh !
Du
vivant du Ba''h
s'était développé autour du Shoulhon
´oroukh un culte d'admirateurs dont l’enthousiasme pour cet
ouvrage fut une source d'inquiétude pour de nombreux rabbins,
puisque cela détournait les gens de s'appuyer sur le Talmoudh comme
source première de la Halokhoh. Le Ba''h critiqua abondamment ceux
qui, en son temps, allaient jusqu'à déclarer « Il est
interdit de changer la moindre chose dans le Shoulhon
´oroukh, car il est comme la Tôroh de Môshah ! ».
Quelle hérésie de la pire espèce !
Le
Rov Shalômôh
Louria ז״ל,
connu sous l'acronyme du « Maharsha''l » (1510-1573),
s’opposa également très vigoureusement au Shoulhon
´oroukh, qu'il décrit comme un ouvrage anti-talmudique et
anti-halakhique. Il
poursuit en affirmant que l'entreprise même du Shoulhon
´oroukh est dangereuse. Ceux qui l'étudient en viendront à croire
que ce que Rabbi Yôséf Qa`rô écrit est l'autorité finale, et
même « si
un être vivant se tenait devant eux et écrivait que la Halokhoh est
différente, en citant d'excellents arguments ou même une tradition
reçue faisant autorité, ils ne prêteraient pas attention à ses
paroles ... ».2
Il ne pouvait avoir plus raison que cela, puisque c'est précisément
ce qui se passe aujourd'hui, au point que de nombreux ignorants
veulent nous faire croire qu'il faudrait suivre le Shoulhon
´oroukh en tous points, même quand il contredit le Talmoudh, et
même lorsqu'on leur démontre que Rabbi Yôséf Qa rô est dans
l'erreur. (Voir notamment l'article intitulé « Renverser
la hiérarchie ».)
Le
Rov Hayim
ban Basal`él
ז״ל
ajouta
aux propos du Maharsha''l que les gens ne réalisent pas que Rabbi
Yôséf Qa`rô n'est « qu'une
personne parmi d'autres ».3
En outre, le Shoulhon
´oroukh conduit à la paresse intellectuelle. Les gens n'étudieront
plus le Talmoudh car ils s'appuient dessus. Nous pouvons comparer
cette situation à un pauvre qui recueille des aumônes auprès de
gens riches et aime afficher ses marques de richesse. À première
vue, il donne l'impression d'effectivement être riche. Après tout,
il a de la nourriture et des vêtements. Mais en vérité, c'est une
illusion, car tout ce qu'il a vient des aumônes qu'il a
recueillies.4
De même, celui qui étudie seulement le Shoulhon
´oroukh ne connait pas du tout les tenants et les aboutissants des
débats talmudiques qui ont précédé sa rédaction, et donne
l'impression qu'il connait alors qu'il ne connait rien !
Et
enfin, le Rov Yahoudhoh Low ban Basal`él,
connu sous le nom du Mahara''l de Prague (1520-1609), et frère du
Rov Hayim
ban Basal`él,
qui fut, comme son frère, un farouche opposant au Shoulhon
´oroukh, écrit que chaque rabbin et Talmidh Hokhom
ne doit compter sur sa propre intelligence et analyse du Talmoudh, et
rien d'autre5 :
Et même quand sa
sagesse le conduit à se tromper, il est
néanmoins bien-aimé par Dieu tant qu'il a fait de son mieux pour
raisonner. Et cette personne est de loin préférable à
celle qui détermine la Halokhoh à partir d'un seul ouvrage, sans en
connaître la raison, marchant comme un aveugle le long du chemin.
Et
c'est ce que font aujourd'hui la majorité des Juifs, suivant des
tonnes de règles et de lois, sans même savoir si elles sont
conformes au Talmoudh, et
sans même se soucier des raisons de ces règles et lois, qu'ils
suivent juste parce qu'elles sont rapportées dans tel ou tel
ouvrage, ou parce que telle est la pratique dans leur communauté !
Dans le même temps, ceux qui rejettent ce diktat insensé et
s'attellent à revenir à la Halokhoh authentique du Talmoudh
ou à juger toute loi et règle à la lumière de sa conformité ou
pas avec le Talmoudh,
ceux-là sont insultés ou méprisés, voire taxés de « rebelles ».
Mais rebelles contre qui ? Contre les ignorants ou contre la Loi
Orale (dans laquelle tout Juif affirme croire) ?
Poursuivant
sa critique du Shoulhon ´oroukh, le Mahara''l de Prague
écrit :
Si les auteurs
(Rabbi Yôséf Qa`rô et Rabbi Môshah `issarlès) avaient su que ces
ouvrages (le Shoulhon ´oroukh et Hammappoh) amèneraient
certains à se détourner entièrement de l'étude du Talmoudh et
rendre des décisions exclusivement sur bases de ces ouvrages, ils ne
les auraient jamais composés ! Il est meilleur et préférable
de rendre une décision à partir du Talmoudh, et cela même si on
craint avoir rendu une décision erronée, plutôt que de rendre une
décision sur base d'un tel ouvrage sans vraiment comprendre le cas
que l'on traite.
Ces
autorités savaient et défendaient le fait que seul le Talmoudh
devrait être la source de la prise de décision halakhique.
Et c'est ce que nous défendons en tant que Talmidhé HaRamba''m,
tout comme le font d'autres Juifs, comme par exemple les
hispano-portugais, les Dôr Da´im et d'autres.
Lorsque
les gens affirment qu'il faudrait suivre le Shoulhon ´oroukh,
ils démontrent à quel point ils ne savent pas de quoi ils parlent,
mais ne font que répéter comme des perroquets ce qu'ils ont entendu
dire depuis des années. En outre, l'écrasante majorité de ceux qui
affirment cela n'ont même jamais réellement lu le Shoulhon
´oroukh, et ne suivent en réalité pas même ce qui s'y trouvent.
Ils ne savent du Shoulhon ´oroukh que ce qu'on leur en a dit,
ou à travers des commentaires sur le Shoulhon ´oroukh, ou
prétendus commentaire sur le Shoulhon ´oroukh. Même le
Qisour Shoulhon ´oroukh n'est en réalité pas même
basé sur le Shoulhon ´oroukh, mais sur des décisions
d'autorités ashkénazes, comme le Mishnoh Barouroh. En outre, ils
ignorent totalement que le Shoulhon ´oroukh fut
catégoriquement rejeté et vilipendé par d'illustres rabbins qu'ils
prétendent admirer, ce qui illustre davantage la vanité de
l'argument selon lequel il y aurait une obligation d'accepter et de
suivre le Shoulhon ´oroukh, affirmation qu'eux-mêmes sont
incapables de justifier.
Ce
livre est anti-talmudique et anti-halakhique dans son essence. Et
c'est à HaShem et à HaZa''l que nous devons notre allégience
et soumission, pas à Rabbi Yôséf Qa`rô, ni à quelque autre
rabbin d'ailleurs !
(Re)voir
l'article intitulé « Aucun
code halakhique n'est supérieur au Talmoud »
1Sur
Sôtoh 22a
2Yam
Shal Shalômôh, Introduction à Houllin
3Vikouah
Mayim Hayim 7
4Ibid.
5Nativôth
´ôlom 16, vers la fin