ב״ה
Exposer
les fausses notions
Qui
est « le Soton » dans la tradition juive ?
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Nous
lisons dans la Tôroh, à la suite des événements du Déluge, que
HaShem ית׳
décida
de ne plus jamais détruire la Terre, notant la nature pécheresse
inhérente de l'homme1 :
Je
ne maudirai à nouveau plus la terre à cause de l'homme, car le
penchant du cœur de l'homme est mauvais dès sa jeunesse, et Je
ne frapperai à nouveau plus tous les vivants comme Je l'ai fait.
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לֹֽא־אֹ֠סִף
לְקַלֵּ֨ל ע֤וֹד אֶת־הָֽאֲדָמָה֙
בַּֽעֲב֣וּר הָֽאָדָ֔ם כִּ֠י יֵ֣צֶר
לֵ֧ב הָֽאָדָ֛ם רַ֖ע מִנְּעֻרָ֑יו
וְלֹֽא־אֹסִ֥ף ע֛וֹד לְהַכּ֥וֹת
אֶת־כָּל־חַ֖י כַּֽאֲשֶׁ֥ר עָשִֽׂיתִי
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Le
Ramba''m ז״ל
cite
ce verset dans le cadre de son exposé sur le livre de `iyôv, dans
son Môréh Navoukhim (Guide des Égarés).2
Il explique que ce livre est une allégorie du début jusqu'à la
fin, et qu'il n'y est rapporté rien de littéral. En d'autres mots,
`iyôv n'est pas une vraie personne, mais ce récit nous a été
rapporté pour illustrer la foi contre vents et marées qui devrait
animer chacun d'entre nous. Sur la base de nombreux commentaires
faits par HaZa''l dans le Talmoudh et le Midhrosh, le Ramba''m
explique que le שָׂטָן
« Soton »3
décrit dans le livre de `iyôv est une référence allégorique au
יֵצֶר
הָרַע « Yésar
Hora´ », c'est-à-dire le mauvais penchant qui se trouve à
l'intérieur de chaque être humain et qui l'attire vers des
comportements pécheurs.
Dans
le contexte de cette discussion, il attire plus particulièrement
notre attention sur le commentaire de nos Sages4
selon quoi le mauvais penchant fait surface dans un être humain déjà
depuis le moment de sa naissance. Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל
est
cité comme ayant expliqué le mot מִנְּעֻרָ֑יו
« dès
sa jeunesse », qui apparaît dans le verset susmentionné,
comme voulant dire : « dès le moment où il est secoué »,
se référant au moment de la naissance, lorsqu'un enfant est
« secoué » et extrait de sa position dans l'utérus.
Déjà depuis ce moment, l'être humain expérimente une tendance
naturelle pour les vains plaisirs et gratifications. Le Ramba''m
oppose à cet égard le mauvais penchant au יֵצֶר
הַטּוֹב « Yésar
Hattôv », le penchant inné de l'être humain vers le bien,
qui lui ne fait surface à l'intérieur de lui qu'au moment où
« l'esprit s'est développé », c'est-à-dire, au moment
où il atteint la maturité.
De
façon tout à fait intéressante, après avoir fait cette
distinction entre les débuts des deux penchants conflictuels de
l'homme, le Ramba''m cite un passage du Talmoudh5
qui offre une analogie servant à décrire ces deux penchants. Cette
analogie est basée sur une histoire brièvement rapportée dans le
livre de Qôhalath6
concernant une petite ville assiégée par un puissant roi, et un
homme « pauvre et sage » parvient on ne sait trop comment
à fuir la ville et se mettre en sécurité. Le Talmoudh explique
cette image comme un symbole représentant le « puissant »
Yésar Hora´ qui assaille un être humain. L'individu
« pauvre et sage » représente le Yésar Hattôv
d'un être humain, qui est capable de l'extraire de l'emprise du
mauvais penchant.
Il
ressort de la présentation faite par le Ramba''m qu'il comprend ce
passage talmudique comme traitant des différents moments de la vie
où ces deux forces intérieures font surface. Le Yésar Hora´
est décrit comme un « puissant roi », tandis que le
Yésar Hattôv est décrit comme un « pauvre »,
parce que le premier fait surface avant le deuxième. En d'autres
mots, la raison pour laquelle le mauvais penchant semble souvent plus
puissant que le bon penchant, c'est tout simplement parce qu'il est
là en premier. Un enfant vient au monde avec un désir enraciné
pour la gratification instantané, et une préoccupation égoïste
pour ses propres besoins et envies. Durant l'enfance, un enfant
commence petit à petit à être capable de ressentir un soucis pour
les besoins des autres, ou de réprimer ses propres tendances
naturelles afin de se soumettre à un but supérieur. D'ici au moment
où il développe une conscience morale et spirituelle, il s'est déjà
habitué à se focaliser exclusivement sur ses propres besoins. C'est
pour cela qu'on trouve souvent difficile de freiner ses tendances
instinctives pour se soumettre au Yésar Hattôv ; parce
qu'il a passé cinq ans de sa vie à poursuivre la gratification
plutôt que la vertu.
Cela
ne veut pas nécessairement dire que nos mauvais penchants sont plus
forts que notre penchant pour la grandeur spirituelle. Plutôt, les
mauvais penchants sa saisissent de l'être humain avant qu'il ne
puisse développer son Yésar Hattôv, et cela explique la
lutte de toute une vie humaine pour faire dominer son bon penchant
sur le mauvais.
1Baré`shith
8:21
2Volume
3, Chapitre 22
3Un
terme qui signifie simplement « adversaire » ou
« accusateur »
4Midhrosh,
Baré`shith Rabboh 34 ; Talmoudh, Sanhédhrin 91b
5Nadhorim
32b
6Qôhalath
9:14-15