mercredi 1 juin 2016

Quand est-ce qu'un aliment cuit à Shabboth est néanmoins permis à la consommation ?

ב״ה

Quand est-ce qu'un aliment cuit à Shabboth est néanmoins permis à la consommation ?


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De façon générale, la Halokhoh interdit de tirer profit d'une Malo`khoh accomplie le Shabboth. Ainsi, si quelqu'un a cuit un aliment le Shabboth sur du feu, ce qui est la transgression de la Malo`khoh de Bishoul1, il ne peut pas être consommé durant le Shabboth. Toutefois, au niveau de la loi de la Tôroh, aucune interdiction n'est énumérée concernant la consommation d'un aliment ayant été cuit à Shabboth. Ce furent nos Sages qui émirent ce décret d'interdiction de consommation d'un aliment préparé à Shabboth. Il s'agit donc d'une interdiction d'ordre rabbinique !

L'origine rabbinique de cette interdiction entraîne d'importantes ramifications pratiques. Ainsi, si un aliment a été cuit sur le feu à Shabboth, ce qui est une transgression de la Halokhoh, mais qu'il y a des Pôsqim qui ont permis que l'aliment soit cuit à Shabboth sous certaines circonstances et conditions, l'aliment est alors permis à la consommation. Étant donné que l'interdiction de consommation d'un aliment cuit sur le feu à Shabboth constitue une interdiction rabbinique et non biblique, elle ne peut pas s'appliquer aux cas de Saféq (quand il y a une incertitude halakhique), puisque la règle veut que lorsqu'il y a un doute (c'est-à-dire une divergence d'opinion) sur une interdiction biblique, on doit aller vers la rigueur et adopter l'opinion la plus stricte, tandis que dans un cas de doute sur une interdiction rabbinique, on doit aller vers la souplesse et adopter l'opinion la plus indulgente. De ce fait, s'il y a divergence d'opinion parmi les Pôsqim quant aux circonstances sous lesquelles la cuisson d'un aliment sur le feu à Shabboth constitue bien une transgression, l'aliment peut être consommé.

Un exemple concret de cette règle susmentionné est le cas d'un aliment qui a été cuit à moitié avant Shabboth, une situation connue dans la terminologie halakhique sous l'appellation de מְאַכֵּל בֶּן דְּרוּסַאי « Ma`akkél Ban Darousa`y – nourriture de Ban Darousa`y ». Selon certaines autorités, si un aliment a été cuit à moitié avant Shabboth, celui qui cuit cet aliment durant Shabboth n'est pas Mahallél Shabboth (profanateur du Shabboth). Étant donné que l'aliment était déjà consommable, du moins pour certaines personnes, le cuir davantage durant Shabboth pour que sa cuisson soit achevée ne constitue pas une transgression de la Malo`khoh de Bishoul. Mais le Shoulhon ´oroukh ne suit pas cette opinion et tranche que pleinement cuire cet aliment constitue un Hilloul Shabboth. Par conséquent, si un aliment n'avait pas entièrement cuit avant Shabboth, on ne pourrait pas, selon Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל, le placer plus tard, durant Shabboth, sur le feu afin que son processus de cuisson ne s'achève. Néanmoins, puisqu'il y a divergence d'opinion à ce sujet, si quelqu'un a placé durant le Shabboth un aliment à moitié cuit sur le feu afin que sa cuisson s'achève, l'aliment est permis à la consommation. Puisqu'il y a des autorités qui permettent de cuire un aliment dans un tel cas, l'aliment peut être consommé en dépit du fait qu'il a été cuit en violation de la Halokhoh communément acceptée, qui consiste à l'interdire. Ainsi, par exemple, si quelqu'un est invité chez un coreligionnaire à Shabboth et que l'hôte mentionne le fait que le plat qui sera servi n'avait été cuit qu'à moitié avant Shabboth et qu'il fut placé sur le feu le matin pour en achever la cuisson, l'invité peut consommer l'aliment. Bien que l'hôte ait agi de façon inappropriée en plaçant l'aliment sur le feu, l'aliment est néanmoins permis. (Et il va de soi que lorsqu'on parle de placer un aliment sur le feu à Shabboth, il s'agit d'un feu qui fut allumé avant Shabboth et non pendant.)

Un autre exemple est celui d'une soupe qui a été réchauffée à Shabboth. Le Shoulhon ´oroukh tranche qu'on ne peut pas réchauffer un aliment liquide le Shabboth, bien qu'il ait été entièrement cuit avant Shabboth. Par conséquent, d'après cet avis, on ne pourrait pas retirer, par exemple, un Kibbehamda (une soupe avec des boulettes de viande) du réfrigérateur le Shabboth matin et le placer sur le feu afin qu'il se réchauffe et puisse être servi au déjeuner. Toutefois, si quelqu'un a placé la soupe sur le feu le Shabboth matin pour qu'il dégèle et se réchauffe, elle peut être consommée, car des autorités permettent de réchauffer un aliment liquide déjà cuit avant Shabboth. En effet, le Ramba''m ז״ל soutient que réchauffer un aliment liquide est permis à Shabboth, parce que, selon lui, cuire un aliment qui avait été cuit avant Shabboth n'entre pas dans le domaine de la Malo`khoh de Bishoul. La Halokhoh communément acceptée de nos jours ne suit pas du tout son opinion et interdit de réchauffer un aliment liquide à Shabboth. Néanmoins, si on a quand même réchauffé un aliment liquide, l'aliment peut être consommé, étant donné qu'il y a divergence d'opinion à ce sujet et que le Ramba''m le permet.

Nous pouvons également appliquer cette règle au cas d'un aliment cru que l'on a cuit sur le feu durant la période de Bén Hashamoshôth le vendredi après-midi. L'expression « Bén Hashamoshôth » fait référence à la période entre le moment où le soleil s'est complètement couché et celui où la nuit tombe, et il y a un doute halakhique quant à savoir si elle doit être considérée comme faisant partie du jour ou de la nuit. Il est par conséquent clairement interdit de commencer à cuire quoi que ce soit durant cette période, car on pourrait être en train de transgresser un interdit biblique s'il s'avérait que cette période devait être considérée comme faisant partie de la nuit. Néanmoins, l'aliment qui a été cuit durant la période de Bén Hashamoshôth est permis à la consommation. Cet aliment a le statut de Saféq, car il existe la possibilité qu'il ait été cuit à Shabboth (si on considère cette période comme appartenant à la nuit), tout comme la possibilité existe qu'il ait été cuit avant Shabboth (si on considère cette période comme faisant partie du jour). Par conséquent, cet aliment peut être consommé, car on ne sait avec certitude s'il a été cuit ou pas durant Shabboth. On doit néanmoins préciser qu'il est clairement interdit de commencer à cuire quoi que ce soit durant la période de Bén Hashamoshôth. La discussion concerne uniquement le cas de quelqu'un qui a commencé par erreur, inadvertance ou ignorance, une cuisson durant cette période-là. Si cela était volontaire, l'aliment est bel et bien interdit à la consommation.


1Voir la première, deuxième et troisième partie de la série d'article intitulée « Les trente-neuf Malo`khôth - Bishoul »
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