בס״ד
Le
Concept du libre-arbitre – 1ère Partie
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article peut être téléchargé ici.
Dans
le cinquième chapitre des Hilkôth Tashouvoh
(lois sur la repentance) de son Mishnéh Tôroh, le Rambo''m ז״ל
discute
du débat sur la question de savoir si les êtres humains ont le
libre arbitre de choisir entre le bien et le mal. Il sous-entend que
la majorité des Juifs philosophiquement peu sophistiqués de son
temps pensaient que l'homme n'a pas le libre arbitre et que toutes
nos actions sont décrétées par Hashshém ית׳.
Le Rambo''m, cependant, était d'un avis différent :
Un
droit a été donné à tout humain : s'il a désiré se
tourner vers une bonne voie et devenir un Saddiq, ce droit
est en sa main ; et s'il a désiré se tourner vers une
mauvaise voie et devenir un Rosho´, ce droit est en sa main !
C'est ce qui est écrit dans la Tôroh :
« Voici, l'humain est devenu comme l'un de nous,
connaissant le bien et le mal ». C'est-à-dire :
Voici, cette espèce humaine est devenue unique dans le monde, et
il n'y en a point une deuxième pour se comparer à elle dans ce
domaine, en ce que de lui-même, par sa connaissance, et par sa
pensée, il connaît le bien et le mal et fait tout ce qu'il
désire. Et il ne possède pas quelqu'un qui aurait en son pouvoir
de l'empêcher de faire le bien ou le mal. Et étant donné qu'il
en est ainsi, « il pourrait envoyer sa main, etc. ».
|
רְשׁוּת
כָּל אָדָם נְתוּנָה לוֹ:
אִם
רָצָה לְהַטּוֹת עַצְמוֹ לְדֶרֶךְ
טוֹבָה וְלִהְיוֹת צַדִּיק,
הָרְשׁוּת
בְּיָדוֹ;
וְאִם
רָצָה לְהַטּוֹת עַצְמוֹ לְדֶרֶךְ
רָעָה וְלִהְיוֹת רָשָׁע,
הָרְשׁוּת
בְּיָדוֹ.
הוּא
שֶׁכָּתוּב בַּתּוֹרָה "הֵן
הָאָדָם הָיָה כְּאֶחָד מִמֶּנּוּ,
לָדַעַת,
טוֹב
וָרָע"--כְּלוֹמַר
הֵן מִין זֶה שֶׁלָּאָדָם הָיָה אֶחָד
בָּעוֹלָם,
וְאֵין
לוֹ מִין שֵׁנִי דּוֹמֶה לוֹ בְּזֶה
הָעִנְיָן,
שֶׁיְּהֶא
הוּא מֵעַצְמוֹ בְּדַעְתּוֹ
וּבְמַחְשַׁבְתּוֹ יוֹדֵעַ הַטּוֹב
וְהָרָע וְעוֹשֶׂה כָּל מַה שְׁהוּא
חָפֵץ,
וְאֵין
לוֹ מִי שֶׁיְּעַכַּב עַל יָדוֹ
מִלַּעֲשׂוֹת הַטּוֹב אוֹ הָרָע.
וְכֵיוָן
שֶׁכֵּן הוּא,
פֶּן-יִשְׁלַח
יָדוֹ.
|
C'est
l'opinion n'est pas propre au Rambo''m. En réalité, c'est celle de
l'écrasante majorité des philosophes Juifs toutes époques
confondues. Dans cet article, nous examinerons cette opinion
majoritaire, qui soutient que chacun de nous peut choisir entre le
bien et le mal; dans le prochain article, nous passerons à l'opinion
minoritaire, qui diverge de celle-ci.
Pourquoi
la majorité des philosophes croient-ils que nous avons le libre
arbitre ? Le Rambo''m dans les Hilkôth Tashouvoh
et, plus longuement, le Rov Sa´adhyoh Go`ôn
ז״ל
énumèrent
quatre raisons de croire au libre arbitre.
L'expérience
Une
raison, pas nécessairement liée à la religion, est que nous
« sentons » que nous sommes libres. Par exemple, si je
tiens un stylo, je sens que je peux choisir de laisser tomber le
stylo sur le sol ou continuer à le saisir. Mon expérience m'apprend
que j'ai le libre arbitre.
La
justice, la récompense et la punition Divines
Le
deuxième argument, qui est un argument spécifiquement religieux
pour soutenir le libre arbitre, est la croyance en la récompense et
la punition. En tant que Juifs, nous croyons que Hashshém nous
récompense pour avoir fait des Miswôth
et nous punit pour avoir commis des transgressions. Nous croyons
également que Hashshém est juste, comme l'a expliqué `avrohom
`ovinou ע״ה
dans
son argument pour sauver Sadhôm :
חָלִלָה
לְּךָ מֵעֲשֹׂת כַּדָּבָר הַזֶּה,
לְהָמִית
צַדִּיק עִם-רָשָׁע,
וְהָיָה
כַצַּדִּיק,
כָּרָשָׁע;
חָלִלָה
לָּךְ--הֲשֹׁפֵט
כָּל-הָאָרֶץ,
לֹא
יַעֲשֶׂה מִשְׁפָּט
« Qu'il
soit profane pour Toi de faire une telle chose, de faire mourir un
Saddiq
avec un Rosho´, de sorte qu'il en soit pour le Saddiq
comme pour le Rosho´. Que cela soit profane pour Toi ! Le Juge
de toute la terre ne ferait-t-Il pas le droit ? ».
Si Hashshém est juste et nous récompense et nous punit pour nos
actions, alors c'est que nous devons avoir le libre arbitre. Après
tout, si quelqu'un était contraint de commettre un péché, il
serait injuste de la part de Hashshém de le punir !
Les
commandements et exhortations bibliques
Le
troisième argument avancé par le Rov Sa´adhyoh
Go`ôn et d'autres est basé sur le langage de la Tôroh. La Tôroh
comprend de nombreux commandements, et cela n'aurait de sens de
commander quelque chose que si les gens ont la libre volonté de
suivre le commandement ou de s'abstenir de le suivre. Plus
particulièrement, la Tôroh nous exhorte avec ce que nous appelons
le Mousor : « Choisis
le bon chemin »,
« Fais
la bonne chose ».
Le fait que Hashshém nous encourage à faire le bon choix implique
clairement que le choix est le nôtre, et qu'Il ne nous l'impose pas.
Les
déclarations talmudiques
Le
quatrième argument, le plus direct et le plus spécifique, pour
soutenir le libre arbitre est énoncé dans le Talmoudh :
« R.
Haninoh
dit : ''Tout est entre les mains des Cieux, sauf la crainte des
Cieux'' ».
Hashshém contrôle tout, sauf une chose - si nous L'écoutons ou
non. La seule chose que Hashshém nous laisse est de savoir si nous
voulons accomplir des Miswôth
ou commettre des ´avérôth,
ce qui indique que nous avons le libre arbitre.
Pour
ces quatre raisons susmentionnées, pratiquement tous les philosophes
Juifs croient que nous choisissons librement de faire des Miswôth
ou de transgresser. Cependant, plusieurs objections philosophiques
ont été soulevées vis-à-vis de cette position.
Argument
scientifique
De
nombreux scientifiques de l'époque actuelle s'opposent à la notion
de libre arbitre pour des raisons scientifiques. Après tout, si la
physique newtonienne et ses développements ultérieurs prouvent que
chaque action physique est causée par quelque chose, puisque nos
cerveaux sont des machines physiques, qui décident de faire quelque
chose basé sur l'enclenchement physique des synapses, c'est qu'il
doit y avoir une cause. Si tout a une cause, alors quelque chose au
sujet de la structure de notre cerveau ou des expériences que nous
avons dans le monde nous amène à faire des choses, et donc nous ne
pouvons pas choisir librement.
Argument
basé sur l'omnipotence Divine
Une
objection philosophique que le Rambo''m lui-même mentionne
est l'argument de la toute-puissance Divine. Si Hashshém est en fait
tout-puissant et contrôle le monde entier, alors tout dépend de
Lui. Comment puis-je décider de faire quelque chose qui est contre
la volonté de Hashshém ? Si Hashshém veut que je pèche, je
finirai par pécher, que je le veuille ou pas. Et s'Il ne veut pas
que je pèche, alors je n'aurai pas la capacité de pécher même si
je le voulais. Donc, comment y a-t-il place pour le libre arbitre si
Hashshém est tout-puissant et contrôle tout dans le monde ?
Cette
objection est relativement facile à parer. Le Rambo''m, le Rov
Sa´adhyoh
Go`ôn et bien d'autres
soulignent que bien que Hashshém soit tout-puissant, l'une des
façons d'exercer le pouvoir est de donner ce pouvoir à quelqu'un
d'autre. Un roi pourrait être un souverain tout-puissant sur un
empire; l'une des façons dont il exerce son pouvoir sur cet empire
est de nommer des ministres et de les faire prendre des décisions en
son nom. Le roi humain fait cela parce qu'il n'a pas assez d'heures
dans sa journée pour contrôler chaque détail de son royaume.
Hashshém, bien sûr, est tout-puissant et Il pourrait choisir de
tout contrôler, mais Il peut également choisir de déléguer ce
pouvoir à d'autres. Hashshém a choisi de déléguer le pouvoir du
choix aux êtres humains parce qu'il voulait que nous ayons le libre
arbitre. Son plan Divin pour le monde n'était pas simplement de
créer des minéraux, des végétaux, des animaux et des anges. Il
voulait créer des êtres humains, et Il voulait qu'ils décident
eux-mêmes de faire la bonne chose ou la mauvaise chose, alors Il
leur a délégué ce pouvoir. Par conséquent, le libre arbitre ne
contredit pas la toute-puissance Divine. Hashshém a utilisé Son
pouvoir infini pour nous déléguer le pouvoir de choisir de faire la
bonne chose.
Argument
basé sur l'omniscience Divine
Une
objection philosophique plus épineuse, que soulève également le
Rambo''m,
est le fameux argument de l'omniscience Divine. Non seulement
Hashshém est tout-puissant, mais Hashshém est également
omniscient. Après tout, Hashshém est parfait, et une partie de la
perfection consiste à être omniscient. Si Hashshém sait tout, y
compris l'avenir, alors Il sait ce que nous allons faire avant qu'on
ne l'ait fait, et s'Il sait ce que nous allons faire avant qu'on ne
l'ait fait, alors c'est que nous ne pouvons pas choisir librement !
Par
exemple, si Hashshém sait que je vais assassiner quelqu'un mardi
prochain, alors je commettrai nécessairement un meurtre mardi
prochain. Hashshém ne peut pas se tromper, donc je n'ai pas le libre
arbitre de choisir de ne pas assassiner quelqu'un. Et si Hashshém
sait que je ne vais pas commettre de meurtre, alors je n'ai pas la
capacité de tuer, parce que la connaissance de Hashshém ne peut pas
être fausse. Ainsi, puisque Hashshém savait au moment de la
création du monde ce que chaque personne ferait à chaque minute de
sa vie, il n'y a pas de place pour le libre arbitre; nous n'avons pas
d'autre choix que de faire ce que Hashshém savait à l'avance que
nous ferions, car Hashshém ne peut pas se tromper.
Il
n'existe pas d'omniscience Divine
Il
existe plusieurs réponses différentes dans la littérature
philosophique pour défendre la doctrine du libre arbitre contre
l'objection fondée sur l'omniscience Divine. Une réponse radicale
est que Hashshém ne sait pas, en fait, ce que nous ferons. Cela
résout le problème assez facilement; si Hashshém ne sait pas ce
que je ferai demain, alors j'ai certainement la possibilité de
choisir si je ferai la bonne ou la mauvaise chose. Cependant, c'est
une idée plutôt radicale, car si Hashshém est parfait, alors Sa
connaissance est parfaite et Il devrait tout savoir.
Il
y a deux façons différentes de réconcilier la perfection de
Hashshém avec le fait qu'il ne sait peut-être pas ce que je vais
faire demain.
La
position de Rash''i
Certains
philosophes affirment que le manque de connaissance des événements
indéterminés dans le futur n'est pas un manque de perfection. Si
quelque chose ne s'est pas encore produit, ne pas le savoir n'est pas
un manque de perfection. Être « omniscient » signifie
savoir tout ce qu'il y a à savoir, et ce qui ne s'est pas encore
produit n'existe pas et ne fait pas partie de tout ce qu'il y a à
savoir. Rash''i ז״ל
semble
sous-entendre cette approche, mais il y a beaucoup de débats parmi
les `aharônim
quant à la bonne compréhension de ce que voulait dire Rash''i. La
compréhension la plus simple de ses propos est que Hashshém sait ce
que nous avons fait, et c'est sur cette base qu'Il nous récompense
et nous punit, mais Il ne sait pas ce que nous allons faire. Hashshém
sait tout ce qu'il y a à savoir, y compris le passé, le présent et
les choses qui sont déterminées par les lois physiques qui se
produiront à l'avenir. Mais Il ne connaît pas les choix que nous
n'avons pas encore faits, car ils ne sont pas là pour être connus.
La
position du Ralba''g
Le
Ralba''g (Ribbénou Léwi ban Gérshôn) ז״ל,
un halakhiste français du 14ème
siècle, exégète biblique et philosophe, va plus loin et suggère
la réponse assez radicale que Hashshém ne connaît pas du tout les
actions individuelles des êtres humains.
Le Ralba''g soutient que Hashshém sait tout en termes de
connaissances générales. Il sait comment fonctionne le corps
humain; Il connaît toutes les lois de la physique, de la
psychologie, de la chimie et de toute autre branche de la
connaissance que nous pouvons ou ne pouvons pas imaginer. Hashshém
connaît toutes les lois générales - mais Il ne connaît pas de cas
spécifiques. Hashshém sait tout sur les vaches, mais pas sur une
vache en particulier. De même, Hashshém sait tout sur les êtres
humains, y compris les rouages naturels de la psychologie humaine,
mais Il ne sait pas si un être humain particulier a utilisé son
libre arbitre pour vaincre sa nature et faire une Miswoh
ou une ´avéroh
aujourd'hui. Selon le Ralba''g, la connaissance de Hashshém se
limite aux choses déterminées par les lois de la nature - ces
événements qui sont déterministes.
Mais
la connaissance de Hashshém n'est-elle pas parfaite ? Le
Ralba''g nous dit que la parfaite connaissance de Hashshém est qu'Il
connaît parfaitement toutes les lois de l'univers et toutes ces
choses qui sont déterminées par les lois normales, mais Il ne
descend pas pour connaître tous les détails à un moment et en un
lieu donnés. Ces détails sont en-dehors du champ de Hashshém. En
fait, le Ralba''g soutient que ce serait une imperfection de la part
de Hashshém s'Il devait Se distraire, pour ainsi dire, avec la
connaissance des choses particulières que vous et moi faisons à
chaque instant. La perfection de Hashshém est qu'Il connaît la
vérité ultime et éternelle de l'univers, et non les actions
éphémères et transitoires qui se produisent à un moment et à un
endroit particuliers.
Il
s'agit d'une doctrine radicale qui ne correspond pas à ce que nous
ou la plupart des Juifs au cours des millénaires considérons comme
une opinion religieuse recevable. En posant que Hashshém connaît
les généralités mais pas les détails, le Ralba''g résout
néanmoins le problème du libre arbitre contre l'omniscience Divine,
mais le coût de cette solution est plus élevé que ce que la
plupart d'entre nous seraient prêts à payer. La philosophie du
Ralba''g enlève l'élément d'une relation personnelle entre
Hashshém et l'homme que la plupart d'entre nous considèrent comme
essentielle à une vision religieuse du monde. Déjà à son époque,
la plupart des philosophes Juifs rejetaient le Ralba''g, qu'ils
considéraient être trop aristotélicien. La philosophie juive
dominante a totalement rejeté le point de vue du Ralba''g et
suppose, comme l'indique le sens simple de bon nombre de versets du
TaNa''Kh et des enseignements de HaZa''l,
que Hashshém a en fait une relation avec chacun d’entre nous.
Peut-être que nous ne comprenons pas pourquoi Hashshém, si
transcendant et parfait, Se soucierait ou Se préoccuper de moi ou de
vous, mais nous croyons néanmoins qu'Il le fait, et c'est exactement
ce qui le rend grand. Comme HaZa''l
l'enseignent,
à l'endroit exact où nous trouvons la grandeur de Hashshém, nous
trouvons également Son humilité. Cette humilité s'exprime dans la
relation personnelle que chacun de nous, les êtres humains,
entretenons avec Hashshém lui-même. Par conséquent, nous croyons
que Hashshém sait certainement et Se soucie beaucoup que nous
fassions les bons choix ou les mauvais choix.
La
position du Rambo''m
Le
Rambo''m lui-même fournit une réponse afin de résoudre la
contradiction apparente entre le libre arbitre et l'omniscience de
Hashshém, mais cette réponse est quelque peu difficile à
comprendre :
11.
Sache que la réponse à cette question est :
« Sa mesure est plus longue que la terre et plus large
que la mer ». Et de nombreux principes importants et
concepts élevés dépendent d'elle. Toutefois, il t'est
nécessaire de connaître et discerner cette chose-ci que je vais
énoncer :
|
יא דַּע
שֶׁתְּשׁוּבַת שְׁאֵלָה זוֹ "אֲרֻכָּה
מֵאֶרֶץ,
מִדָּהּ;
וּרְחָבָה,
מִנִּי-יָם",
וְכַמָּה
עִיקָרִים גְּדוֹלִים וַהֲרָרִים
רָמִים תְּלוּיִים בָּהּ;
אֲבָל
צָרִיךְ אַתָּה לֵידַע וּלְהָבִין
בְּדָבָר זֶה שֶׁאֲנִי אוֹמֵר.
|
12.
Nous avions déjà expliqué au
Chapitre Deuxième des Hilkôth Yasôdhé
Hattôroh, que le Saint, béni soit-Il, ne connaît pas par une
connaissance qui est extérieure à Lui comme les êtres humains,
qui eux et leur connaissance font deux. Plutôt, Lui, que Son nom
soit béni, et Sa connaissance sont un ! Et la connaissance
de l'humain n'est pas capable de concevoir cette chose dans toute
sa clarté. Et tout comme il n'y a pas en l'humain la force de
concevoir et d'élucider la vérité du Créateur, ainsi qu'il est
dit :
« car l'humain ne peut pas Me voir et vivre »,
de même, il n'y a pas en l'humain la force de concevoir et
d'élucider la connaissance du Créateur. C'est ce que dit le
Prophète :
« Car Mes pensées ne sont pas vos pensées, et
vos voies ne sont pas Mes voies ».
Étant donné qu'il en est ainsi, il n'y a pas en nous la force de
savoir comment le Saint, béni soit-Il, connaît toutes les
créations et leurs œuvres !
|
יב כְּבָר
בֵּאַרְנוּ בְּפֵרֶק שֵׁנִי מֵהִלְכּוֹת
יְסוֹדֵי הַתּוֹרָה שֶׁהַקָּדוֹשׁ
בָּרוּךְ הוּא אֵינוּ יוֹדֵעַ בְּדֵעָה
שְׁהִיא חוּץ מִמֶּנּוּ כִּבְנֵי אָדָם
שְׁהֶן וְדַעְתָּם שְׁנַיִם,
אֵלָא
הוּא יִתְבָּרַךְ שְׁמוֹ וְדַעְתּוֹ
אֶחָד;
וְאֵין
דַּעְתּוֹ שֶׁלָּאָדָם יְכוּלָה
לְהַשִּׂיג דָּבָר זֶה עַל בָּרְיוֹ.
וּכְשֵׁם
שְׁאֵין כּוֹחַ בָּאָדָם לְהַשִּׂיג
וְלִמְצֹא אֲמִתַּת הַבּוֹרֵא,
שֶׁנֶּאֱמָר
"כִּי
לֹא-יִרְאַנִי
הָאָדָם,
וָחָי"--כָּךְ
אֵין כּוֹחַ בָּאָדָם לְהַשִּׂיג
וְלִמְצֹא דַּעְתּוֹ שֶׁלַּבּוֹרֵא:
הוּא
שֶׁהַנָּבִיא אוֹמֵר "כִּי
לֹא מַחְשְׁבוֹתַי מַחְשְׁבוֹתֵיכֶם,
וְלֹא
דַרְכֵיכֶם דְּרָכָי".
וְכֵיוָן
שֶׁכֵּן הוּא,
אֵין
בָּנוּ כּוֹחַ לֵידַע הֵיאַךְ יָדַע
הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא כָּל
הַבְּרוּאִים וּמַעֲשֵׂיהֶם.
|
13.
Par
contre, il est connu sans le moindre doute que les œuvres de
l'humain sont en la main de l'humain, et que le Saint, béni
soit-Il, ne le conduit pas, ni ne décrète sur lui de ne pas
faire ceci, ni de faire ceci ! Et ce n'est pas seulement en
raison de la transmission de la foi que ce cette chose est connue,
mais plutôt par des preuves claires tirées des paroles de la
sagesse. Et en raison de cela, il a été dit dans la prophétie
qu'ils jugent l'humain sur toutes ses œuvres selon ses œuvres,
qu'il s'agisse d'une bonne [œuvre] ou d'une mauvaise. Et ceci est
le principe fondamental sur lequel dépendent toutes les paroles
de la prophétie !
|
יג אֲבָל
נֵדַע בְּלֹא סָפֵק,
שֶׁמַּעֲשֵׂה
הָאָדָם בְּיַד הָאָדָם;
וְאֵין
הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מוֹשְׁכוֹ,
וְלֹא
גוֹזֵר עָלָיו לֹא לַעֲשׂוֹת כָּךְ
וְלֹא שֶׁלֹּא לַעֲשׂוֹת כָּךְ.
וְלֹא
מִפְּנֵי קַבָּלַת הַדָּת בִּלְבָד
נֵדַע דָּבָר זֶה,
אֵלָא
בִּרְאָיוֹת בְּרוּרוֹת מִדִּבְרֵי
הַחָכְמָה.
וּמִפְּנֵי
זֶה נֶאֱמָר בַּנְּבוּאָה שֶׁדָּנִין
אֶת הָאָדָם עַל כָּל מַעֲשָׂיו כְּפִי
מַעֲשָׂיו,
אִם
טוֹב וְאִם רָע.
וְזֶה
הָעִיקָר,
שֶׁכָּל
דִּבְרֵי הַנְּבוּאָה תְּלוּיִין בּוֹ.
|
Au
Chapitre 2 des Hilkôth Yasôdhé
Hattôroh, le Rambo''m explique que Hashshém n'a pas de connaissance
qui est « en dehors » de Lui; Hashshém et Sa
connaissance sont une seule et même chose. Ma connaissance des
mathématiques est quelque chose de différent de moi. Je n'ai pas
toujours connu les mathématiques et je n'aurais pas pu connaître
les mathématiques, mais il se trouve que j'ai des connaissances en
mathématiques parce qu'on me les a enseignées. C'est l'un de mes
attributs. Hashshém, cependant, est Un. Le Rambo''m a poussé l'idée
du monothéisme à l'extrême, arguant que Hashshém est Un dans la
mesure où Il « n'a » rien. Non seulement Il n'a pas de
parties de corps, Il n'a même pas d'émotions, ni de miséricorde,
ni de sagesse. Il est juste. Il est un. Par conséquent, dit le
Rambo''m, tout ce que Hashshém « a » n'est pas le même
verbe « avoir » que la version humaine que nous
connaissons. Quand Hashshém a pitié, cela ne ressemble pas à moi
ou à vous qui avez pitié, car notre miséricorde est quelque chose
que nous nous sommes ajoutés avec le temps et l'expérience. Nous
décrivons Hashshém comme miséricordieux parce que c'est ainsi que
cela nous apparaît, mais Il est juste le Dieu tout-parfait. De même,
si Hashshém est omniscient, ce n'est pas parce que Hashshém « a »
la connaissance; cela fait simplement partie de la définition d'être
Dieu. Selon le Rambo''m, quiconque croit qu'un mot humain de
description s'applique à Hashshém est un polythéiste !
Une
partie d'être Dieu est qu'Il a l'omniscience. En conséquence, tout
comme nous ne pouvons pas comprendre la nature de Hashshém, nous ne
pouvons pas comprendre ce que cela signifie que Hashshém « sait ».
Puisque nous ne pouvons pas comprendre ce que cela signifie que
Hashshém sait, nous ne pouvons pas comprendre ce que cela signifie
que Hashshém sait ce que je ferai. Et si nous ne savons pas ce que
signifie que Hashshém sait ce que je vais faire, alors nous ne
pouvons pas comprendre la nature de cette énigme; nous devons juste
croire que même si Hashshém sait ce que je vais faire, j'ai
toujours le libre arbitre. Telle est la position du Rambo''m.
Le
Ra`ava''d (Ribbénou `avrohom ban Dowidh, rabbin provençal du 12ème
siècle) ז״ל
critique
le Rambo''m pour avoir soulevé des problèmes philosophiques sans
les résoudre, arguant qu'il aurait mieux valu ne pas les soulever du
tout. Cependant, le Rambo''m a en fait donné une réponse
techniquement suffisante à sa question. Le Rambo''m est d'avis qu'il
est impossible de décrire vraiment Hashshém, car tous les mots
humains que nous avons pour décrire les choses sont basés sur notre
monde humain, physique, dans lequel il y a des qualités
supplémentaires que les gens et les choses ont. Aucun mot humain ne
peut décrire correctement Hashshém parce que cela impliquerait
d'ajouter une autre partie à Hashshém, et alors il y aurait deux
dieux.
Selon le Rambo''m, la connaissance ultime de Hashshém consiste à se
rendre compte qu'Il transcende toutes nos descriptions. Si nous
disons que Hashshém est miséricordieux, cela signifie qu'Il fait
des choses qui pour nous ressemblent à ce que font les gens
miséricordieux; cela ne signifie pas que Hashshém est littéralement
miséricordieux. Si nous disons que Hashshém est omniscient, cela
signifie qu'Il agit d'une manière qui pour nous ressemble à la
façon dont une personne omnisciente agirait. Mais tout mot que nous
utilisons pour décrire Hashshém n'a vraiment aucun sens.
Philosophiquement,
c'est un moyen idéal pour résoudre une contradiction. Si un côté
de la contradiction n'a pas de sens, il ne peut pas y avoir de
contradiction ! Selon le Rambo''m, lorsque nous appelons
Hashshém omniscient, cela ne signifie rien que nous puissions
comprendre. Il n'y a pas de contradiction entre le libre arbitre et
quelque chose qui ne veut rien dire. Ainsi, bien que cette réponse
ne soit pas satisfaisante au niveau du bon sens, elle résout le
problème philosophique.
La
position du Rov Sa´adhyoh
Go`ôn
Une
réponse simple et satisfaisante à notre question est offerte par le
Rov Sa´adhyoh
Go`ôn.
Il note que la question même - « Comment puis-je avoir le
libre arbitre si Hashshém sait ce que je vais choisir ? »
- est basée sur une erreur. Dans notre monde humain, la causalité
ne fonctionne que dans une seule direction : les choses qui se
produisent plus tôt font que les choses se produisent plus tard. Les
choses qui se produisent plus tard ne reviennent jamais en arrière
pour affecter les choses qui se produisent plus tôt. Ce serait
contraire à toutes les règles de la physique et c'est de la
science-fiction. Mais Hashshém transcende les limites du
fonctionnement du temps. Nous ne pouvons jamais imaginer faire
quelque chose demain qui affectera ce qui se passe hier, mais
Hashshém le peut, car Hashshém est au-delà du temps.
Imaginons
que Hashshém savait hier que je donnerais la Sadhoqoh
demain. La connaissance de Hashshém hier ne m'a pas fait donner la
Sadhoqoh
demain; plutôt, le fait que j'ai donné la Sadhoqoh
demain a fait que Hashshém l'ait su hier - ou, plus précisément,
au début des temps. Hashshém a toujours su que je donnerais la
Sadhoqoh
demain, mais cela n'enlève pas mon libre arbitre; c'est plutôt le
résultat de mon libre arbitre. Parce que je donnerai la Sadhoqoh
demain, Hashshém a toujours su que je le ferais. Si je change d'avis
et décide de ne pas faire de Sadhoqoh
demain, alors Hashshém aurait toujours su que je ne le ferais pas.
La connaissance de Hashshém ne m'a pas fait donner de la Sadhoqoh;
ma décision de donner la Sadhoqoh
a abouti à la connaissance de Hashshém. Par conséquent,
l'omniscience de Hashshém n'est pas en contradiction avec le libre
arbitre. Il s'agit de la résolution la plus simple et la plus
satisfaisante de notre énigme.
Nous
avons commencé par noter le débat de longue date sur le libre
arbitre des humains. La grande majorité des penseurs Juifs croient
que nous l'avons, pour quatre raisons : notre expérience, notre
récompense et notre punition et la justice Divine, les commandements
et les exhortations de la Tôroh de faire la bonne chose, et
l'enseignement que tout est entre les mains des Cieux, sauf notre
décision d'obéir aux commandements des Cieux.
Nous
avons mentionné trois problèmes potentiels avec la doctrine du
libre arbitre : premièrement, les lois scientifiques de
causalité (que je n'ai pas abordées en détail); deuxièmement, la
question de la toute-puissance Divine, à laquelle nous avons répondu
facilement; et troisièmement, la question de l'omniscience Divine.
Nous
avons présenté quatre réponses possibles à ce dernier problème.
Rash''i a peut-être nié que Hashshém connaisse nos décisions à
l'avance. Le Ralba''g a nié la connaissance de Hashshém de nos
actions particulières, une réponse qui ne résonne pas bien avec la
vision religieuse dominante. Le Rambo''m a dit que la connaissance de
Hashshém ne veut pas dire ce que nous entendons par le terme humain
de « connaissance ». La connaissance de Hashshém est
quelque chose d'insondable; nous ne savons pas ce que nous voulons
dire lorsque nous utilisons ces mots, et nous ne pouvons donc pas
poser de questions ou présenter des contradictions basées sur la
connaissance de Hashshém. C'est une réponse philosophiquement
satisfaisante, mais peut-être pas intuitivement satisfaisante.
Enfin, comme le répondent le Rov Sa´adhyoh
Go`ôn et bien d'autres, la connaissance de Hashshém hier ne me fait
pas faire quelque chose demain; plutôt, le faire demain a fait
connaître la chose à Hashshém hier. Même si ce n'est pas la
direction dans laquelle nous avons l'habitude de penser lorsque nous
pensons à la cause et à l'effet, pour Hashshém, Qui transcende le
temps, ce n'est pas un problème. Ainsi, la connaissance de Hashshém
que nous allons faire un choix ne force pas notre choix, mais plutôt
notre choix amène rétroactivement Hashshém à connaître ce choix.
Dans
le prochain article, nous passerons de l'autre côté du débat et
discuterons des philosophes Juifs qui ont soutenu que nous n'avons
pas, en fait, le libre arbitre de choisir entre le bien et le mal.
Nous examinerons certaines des implications de cette opinion
minoritaire et comment ces penseurs traitent exactement les preuves
philosophiques et textuelles de la Tôroh écrite et orale qui
semblent prouver que nous avons le libre arbitre.