samedi 24 septembre 2016

Les émissaires d'une Miswoh ne souffrent d'aucun mal

ב״ה

Élucider les `aggodhôth et les Midhroshim

Les émissaires d'une Miswoh ne souffrent d'aucun mal


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Dans le Talmoudh, plusieurs Gamorôth traitent d'un principe énoncé par Ribbi `él´ozor ז״ל selon quoi : שלוחי מצוה אינן ניזוקין « Les émissaires d'une Miswoh ne souffrent [d'aucun mal]. »1

Qu'est-ce que cela pourrait bien vouloir dire ? Ribbi `él´ozor enseigne-t-il que des forces protectrices gardent celui qui s'en va accomplir une Miswoh, formant une sorte de bouclier contre tous les maux qui pourraient s'abattre sur lui ? Cela ne se peut pas car le même Ribbi `él´ozor poursuit en disant qu'à un endroit connu pour un certain danger ce principe ne s'applique pas.

Le Talmoudh cite un cas où quelqu'un inspectait des Mazouzôth, ce qui est une Miswoh (pour de plus amples informations à ce sujet, voir l'article intitulé « Vérifier les parchemins des Mazouzôth et des Tafillin »), mais on lui déroba pourtant une grande somme d'argent ! Un autre cas est cité de quelqu'un qui chargea son fils d'aller accomplir la Miswoh de Shilôah Haqqén (renvoyer l'oiselle avant de s'emparer de ses œufs), et en descendant de l'échelle ce dernier tomba et décéda sur le coup ! Dans les deux cas, le Talmoudh déclare que dans une situation de danger ce principe ne s'applique pas, d'où les tragédies qui se produisirent.

Cela nous montre que celui qui est occupé à l'accomplissement d'une Miswoh n'a pas la garantie que rien de fâcheux ne lui arrivera. Nous donc à nouveau nous demander ce que pouvait bien vouloir dire Ribbi `él´ozor en enseignant que « Les émissaires d'une Miswoh ne souffrent [d'aucun mal]. »

Si nous nous penchons sérieusement sur cette déclaration, la réponse est évidente. Cela signifie que lorsque quelqu'un est occupé à l'accomplissement des Miswôth d'HaShem ית׳, qui sont des activités qui contribuent au perfectionnement de l'être humain, il n'existe aucun aspect négatif à l'accomplissement de telles Miswôth. Dowidh Hammalakh ע״ה a en effet écrit que תּוֹרַת יְהוָה תְּמִימָה « la Tôroh de `adhônoy est parfaite »2, et son fils, Shalômôh Hammalakh ע״ה, a ajouté que דְּרָכֶיהָ דַרְכֵי נֹעַם וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם « ses voies sont des voies plaisantes et tous ses sentiers mènent à la paix. »3 Ribbi `él´ozor enseigne que l'acte d'une Miswoh est une activité divinement ordonné qui n'apporte du bien qu'à celui qui l'accomplit. L'acte en lui-même est intrinsèquement pur de toute nuisance, de tout mal, puisque c'est en réalité le canal par lequel l'homme s'élève vers les hauteurs de la perfection.

Bien que cela soit vrai, cela ne concerne que l'acte de la Miswoh en lui-même. Cela ne signifie en aucun cas que si quelqu'un donne de la Sadhoqoh au sommet d'un volcan en ébullition il ne sera pas blessé ou tué ! Rien d'autre que l'acte de la Miswoh n'est visé par cette déclaration de Ribbi `él´ozor. C'est pourquoi la Gamoro` précise qu'à un endroit où il est certain d'y trouver un danger, c'est-à-dire des circonstances extérieures, une Miswoh n'a aucune portée sur un tel phénomène normal.

Nous voyons donc devant nous deux sujets distincts :

  1. la Miswoh en elle-même, qui est vraiment parfaite et ne renferme aucun aspect négatif
  2. des phénomènes qui sont extérieurs à l'acte d'accomplissement des Miswôth, qui suivent des lois naturelles et affectent les gens indépendamment du fait qu'ils accomplissent ou pas des Miswôth.

Pour le dire autrement, aussi bien celui qui accomplit une Miswoh que celui qui se tient stupidement au sommet d'un volcan en ébullition souffriront d'un mal. Il est vrai que celui qui accomplit une Miswoh acquiert une perfection métaphysique en le faisant, mais cela ne le protège pas des phénomènes physiques et naturels. C'est ce que Ribbi `él´ozor veut dire en enseignant qu'à un endroit connu pour un certain danger ce principe ne s'applique pas. C'est-à-dire que les circonstances extérieures n'ont rien à voir avec le sujet visé par les propos selon quoi « Les émissaires d'une Miswoh ne souffrent d'aucun mal. »

La Gamoro`, pour prouver que les Miswôth ne protègent pas lorsqu'on se retrouve dans des endroits connus pour leurs dangers, cite le passage de 1 Shamou`él 16:2. Après que Sho`oul Hammalakh ע״ה fut destitué pour ne pas avoir obéi à l'ordre divin de tuer `aghagh, HaShem donna pour instruction à Shamou`él Hannovi` ע״ה de cesser de se lamenter au sujet de Sho`oul et d'oindre un nouveau roi. Shamou`él répondit à HaShem : וְשָׁמַע שָׁאוּל וַהֲרָגָנִי « Sho`oul l'entendra et me fera tuer. » HaShem donna alors à Shamou`él un moyen d'échapper à l'assaut de Sho`oul contre lui. Mais de façon tout à fait intéressante, bien qu'il reçut des instructions claires de la part d'HaShem Lui-même, Shamou`él doutait qu'il puisse échapper au courroux de Sho`oul ! En d'autres mots, HaShem Lui-même ordonne à Shamou`él d'accomplir certains actes, mais Shamou`él estime toutefois qu'il se trouve encore dans la sphère d'application des lois naturelles (la jalousie de Sho`oul, qui va faire qu'il va s'emporter, mettant en péril la vie de Shamou`él). Par ce passage biblique, la Gamoro` souhaite nous enseigner que les Miswôth ne sont pas un moyen par lequel se protéger physiquement, bien qu'il s'agisse de commandements ayant été émis par HaShem. Shamou`él Hannovi` avait raison ; il ne devait pas compter sur des miracles. Et la réponse d'HaShem n'avait pas été de lui dire qu'Il accomplirait des miracles en sa faveur, mais Il lui a plutôt des conseils pour gérer cette situation en suivant l'ordre naturel. Ni HaShem ni Shamou`él n'approuvèrent le fait de se reposer sur d'éventuels miracles.

Nous voyons de Ribbi `él´ozor que le principe déduit est beaucoup plus différent que ce qui paraissait à première vue. Une lecture superficielle du principe de Ribbi `él´ozor trompe le lecteur qui en arriverait, comme la plupart des Harédhim, à faussement croire qu'une Miswoh offre une protection physique, au point que chaque fois que quelqu'un de très religieux meurt alors qu'il était impliqué dans l'accomplissement d'une Miswoh (par exemple, des religieux qui meurent à la suite d'un accident de voiture alors qu'ils revenaient d'un mariage), bon nombre de Harédhim se demandent comment est-il possible que du mal puisse arriver à quelqu’un, alors qu'il accomplissait une Miswoh. Mais il ne faut pas s'arrêter là ; il faut plutôt continuer à lire la déclaration de Ribbi `él´ozor. Et lorsqu'on finit de lire, on doit réfléchir sur le fait que les lieux dangereux ne s'appliquent pas à ce principe. On finit alors avec une nouvelle compréhension de la façon exacte par laquelle une Miswoh nous offre du bien, et la réponse est parfaite : Dans la Miswoh elle-même, le bien nous profite de deux façons ;

  1. la connaissance que notre âme acquiert augmente notre perfection
  2. une valeur morale nous est inculquée par l'accomplissement des Miswôth.

Je vous prie de lire l'intégralité du commentaire du Rada''q sur 1 Shamou`él 16:2. Je ne citerai ici qu'une petite partie :

Car bien que le Saint, béni soit-Il, accomplisse des miracles et des prodiges en faveur de ceux qui Le craignent, dans la majorité des cas Il opère à l'intérieur des lois naturelles. Et c'est en accord avec les lois naturelles que Ya´aqôv craignit ´ésow4 , et que Dowidh craignit Sho`oul s'il devait être oint roi du vivant de ce dernier. C'est à juste titre qu'il chercha à recourir à des tactiques afin de se sauver. C'est également ce que [Shamou`él] demanda à [HaShem].
כי אף על פי שהקדוש ברוך הוא עושה נסים ונפלאות עם יראיו, ברוב הם על מנהג העולם וכן על מנהג העולם היה לו ליעקב לירא מפני עשו ולדוד מפני שאול, אם היה מושח מלך בחייו והיה לו לבקש תחבולה, וזו הייתה שאלתובנוב וגבעון

Les Miswôth ne sont pas une panacée pour un bienfait physique. Shamou`él Hannovi` et Dowidh Hammalakh la savaient très justement, et HaShem n'a jamais enseigné une telle chose !

(Pour informations, l'intégralité des commentaires du Rada''q sur le Na''Kh peut être lu ici, en hébreu.)

1Voir, par exemple, Pasohim 8a-b
2Tillim 19:8
3Mishlé 3:17

4Qui cherchait à tuer Ya´aqôv
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