ב״ה
Exposer
les fausses notions
Les
« Shava´ Barokhôth » doivent-elles se faire durant les
sept jours du mariage ?
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Dans
la foi israélite, le mariage est suivi de sept jours de célébration,
qui sont en réalité une période de Yôm Tôv privé pour le Hothon
et la Kalloh. Durant ces sept jours, les autres ont une obligation de
réjouir les mariés. Afin d'accomplir cette obligation, la famille
et les amis ont généralement la pratique d'organiser durant une
semaine des repas quotidiens de שֶׁבַע
בְּרָכוֹת « Shava´
Barokhôth », c'est-à-dire des repas au cours desquels les
sept bénédictions du mariage seront à nouveau récitées (dans la
Birakhath Hammozôn). La pratique des « Shava´ Barokhôth »
est si répandue de nos jours que la majorité des gens supposent
qu'il s'agit d'une obligation halakhique. Mais il n'en est absolument
pas ainsi !
Nous
avons déjà exprimé à de nombreuses reprises que tout sujet doit
d'abord s'analyser à partir des instructions données par HaZa''l
dans le Talmoudh. Ce sont eux qui constituent l'autorité halakhique
finale sur toute question et pratique. On ne doit pas se demander ce
que disent tel ou tel rabbin d'antan ou d'aujourd'hui, mais plutôt
« Qu'ont déterminé et tranché HaZa''l ? »
Peu importe ce que le Ramba''m ז״ל
dit,
ce que le Ramba''n dit ז״ל,
ce que le Shoulhon ´oroukh tranche, ce que le Ri''ph ז״ל
dit,
ce que Rash''i ז״ל
dit,
etc., cela n'a pas d'importance. Ce qui détermine la Halokhoh, c'est
le Talmoudh, qui s'achève avec Rov `ashi ז״ל,
qui est סוֹף
הוֹרָאָה « Sôph
Hôro`oh – la fin de l'instruction. » De nombreux Savôro`im,
Ga`ônim, Ri`shônim et `aharônim pourraient dire et écrire
ce qu'ils veulent, mais au bout du compte un Pôséq doit regarder
dans le Talmoudh, faire ce qui est tranché dedans et déterminer si
la lecture des Pôsqim post-talmudiques est correcte ou incorrecte
par rapport à ce que dit le Talmoudh et, sur base de cette
réflexion, choisir celle qui est correcte. Tout cela est d'ailleurs
magistralement bien résumé par le Ramba''m dans l'introduction
qu'il rédigea sur son Mishnéh Tôroh. Depuis que le Talmoudh fut
scellé, AUCUN rabbin ou autorité n'a le pouvoir
d'imposer quoique ce soit à l'ensemble d'Israël ou de changer ce
qui a été tranché dans le Talmoudh (sauf lorsqu'un décret
talmudique était clairement pour un temps ou une raison bien
spécifique qui n'en fait donc pas un décret pour toujours).
Que
dit donc le Talmoudh à ce sujet ?
On
est tenu de réciter les Shava´ Barokhôth lors d'un repas que
lorsque les conditions suivantes sont respectées1 :
- le Hothon et la Kalloh doivent y prendre part ;
- au moins dix hommes doivent être présents et manger ensemble ;
- il doit y avoir au moins deux פָּנִים חֲדָשׁוֹת « Ponim Hadhoshôth – visages nouveaux », c'est-à-dire au moins deux personnes qui n'avaient pas pu assister au mariage et n'avaient donc pas encore entendu les Shava´ Barokhôth ;
- sur base d'un autre passage talmudique2 qui déclare, dans le contexte du mariage, que אין שמחה אלא בחופה « Il n'y a de réjouissance que dans la Houppoh », les Tôsophôth, de nombreux autres Ri`shônim et le Shoulhon ´oroukh3 tranchent tous que les Shava´ Barokhôth ne peuvent être récitées que בַּבֵית חָתָן « Bavéth Hothon – dans la maison du Hothon. » (Voir, d'ailleurs, l'article intitulé Exposer les fausses notions : Qu'est-ce qu'une « Houppoh », où nous avions expliqué que le terme « Houppoh », dans le contexte biblique et talmudique, se rapportait à la maison du marié dans laquelle il s'isolait notamment avec sa femme.) C'est contraire à la pratique de la majorité des `ashkanazim et de certains Sapharadhim, plus particulièrement les marocains, qui organisent des Shava´ Barokhôth n'importe où : dans des salles de fête, chez les mariés, chez les parents, chez les beaux-parents, chez des amis, chez des particuliers, etc. Néanmoins, de nombreux autres Sapharadhim, les Témonim, ainsi que les Talmidhé HaRamba''m, continuent jusqu'à ce jour à n'organiser des Shava´ Barokhôth que Bavéth Hothon ;
- enfin, le Talmoudh4 déclare explicitement qu'il n'y a aucune obligation d’organiser des repas quotidiens de Shava´ Barokhôth pendant les sept jours qui suivent le mariage. Le premier jour de la célébration, toutes les Shava´ Barokhôth sont récitées ; les autres jours, si les quatre conditions précédemment énumérées sont respectées, elles sont à nouveaux récitées, et si elles ne sont pas respectées, seule la dernière des sept Barokhôth est récitée.
Le
Ramba''m résume parfaitement toutes ces décisions talmudiques dans
son Mishnéh Tôroh.5
Cela
peut parfois être très fatiguant, voire embarrassant, pour un
nouveau couple de devoir aller à gauche et à droite pour manger
chaque jour chez différentes personnes durant sept jours. Mais
qu'ils se rassurent : il n'y a aucune obligation halakhique de
le faire tous les jours, d'après le Talmoudh, et encore moins de se
déplacer, car les Shava´ Barokhôth sont censées se faire Bavéth
Hothon !
Contrairement
à la croyance populaire selon quoi il serait une obligation
d'organiser des Shava´ Barokhôth tous les jours, coûte que coûte,
nous voyons clairement dans les témoignages des Ri`shônim que c'est
une innovation de notre époque, mais qu'avant notre époque cela ne
se faisait pas tous les jours, mais seulement certains jours pendant
les sept jours de réjouissance. Ainsi, Rash''i6
déclare que, dans son expérience, soit un Minyon, soit des Ponim
Hadhoshôth,
ou les deux manquaient, et par conséquent un repas de Shava´
Barokhôth n'était pas organisé chaque jour. Le Mahari''l ז״ל
(Ya´aqôv
Môlin, 1365-1427)7
rapporte qu'en Rhénanie le Minhogh consistait à ne réciter les
Shava´ Barokhôth qu'à Shabboth, mais pas les autres jours en
raison d'un manque de Ponim Hadhoshôth.
Et nous pourrions multiplier les témoignages allant dans le même
sens, à savoir que les Shava´ Barokhôth ne doivent être récitées
que si toutes les conditions rapportées dans le Talmoudh sont
respectées. Si ne serait-ce qu'une seule d'entre elles n'était pas
respectée, les Shava´ Barokhôth ne doivent alors pas du tout être
faites (excepté la dernière Barokhoh que l'on ajoutera après la
Birakhath Hammozôn si le couple a mangé avec des gens qui avaient
assisté au mariage). C'est
cela la Halokhoh authentique telle que tranchée dans le Talmoudh !
Certains
`aharônim
attestent également que les Shava´ Barokhôth n'étaient pas
organisées tous les jours. Le
Lévoush ז״ל
(Mordokhay
ban `avrohom Yophah, 1530-1612)8
témoigne qu'à son époque, à part le jour même du mariage, les
Shava´ Barokhôth n'étaient récitées qu'à Shabboth, et les
autres jours seulement s'il y avait des Ponim Hadhoshôth. Le
Hatho''m
Sôphér ז״ל
(Môshah
Schreiber, 1762-1839)9
rapporte la pratique remontant à très longtemps à Cracovie (en
Pologne) qui consistait à minimiser les célébrations en raison
d'un manque de joie et relève qu'à Francfort-sur-le-Main il ne fut
jamais
témoin de repas de Shava´ Barokhôth organisés après la deuxième
nuit suivant le mariage. Il poursuit en rapportant qu'une fois
quelqu'un à Francfort-sur-le-Main récita les Shava´ Barokhôth à
Shabboth, et cela causa une énorme controverse dans la communauté
parce que ce n'était pas la pratique locale ! Le Go`ôn de
Wilno` ז״ל
(`éliyohou
ban Shalômôh Zalman, 1720-1797)10
explique que l'une des raisons principales pour lesquelles les
mariages se tenaient communément les vendredis dans sa localité,
c'était afin d'accorder davantage de temps à la communauté pour se
réjouir avec le couple à la lumière du fait que le Minhogh
consistant à se réjouir durant sept jours n'était généralement
pas suivi. Quant au ´oroukh Hashoulhon
ז״ל
(Yahi`él
Mikhél Halléwi Epstein, 1829-1908)11,
il relève qu'à son époque (dans la Lituanie du 19ème
siècle) des repas n'étaient pas organisés durant tous les sept
jours !
À
la lumière de tout cela, il est plus qu'évident que la pratique
moderne consistant à obligatoirement organiser des repas festifs
durant l'intégralité des sept jours qui suivent le mariage, et y
réciter chaque fois toutes les Shava´ Barokhôth, n'est rien
d'autre qu'une innovation sans source valide !
Notez
d'ailleurs le Ban `ish Hay
ז״ל
(Yôséph
Hayim
de Bagdad, 1833-1909)12,
qui écrit que si le Hothon
n'a pas les moyens de financer quotidiennement des Shava´ Barokhôth,
il n'a aucune obligation de le faire. Or, de nos jours, de nombreux
couples qui n'ont pas beaucoup de moyens s'endettent dès le début
de leur vie de couple afin de pouvoir organiser des Shava´ Barokhôth
gigantesques tous les jours durant une semaine. C'est insensé, et ce
n'est clairement pas ce qu'exige la Halokhoh ! Puisque ces repas
ne sont pas une obligation, il n'y a pas non plus lieu de faire
l'effort de remplir à tout prix les conditions énumérées plus
haut.
1Talmoudh,
Kathoubbôth 8a
2Soukkoh
25b
3`évan
Ho´azar 62:10
4Kathoubbôth
7b-8a
5Hilkôth
Barokhôth 2:9-10
6Sur
Kathoubbôth 8a
7Hilkôth
Nisou´in
8`ôrah
Hayim, Minhoghim, Section 30
9Shou''th
`évan Ho´azar 1:122
10`évan
Ho´azar 55:11
11`ôrah
Hayim 640:14
12Shou'''th
Rov Pa´olim 4:`évan Ho´azar 6