jeudi 2 juin 2016

Est-il permis d'offrir ou de laisser une Mazouzoh à un Gôy ?

ב״ה

Est-il permis d'offrir ou de laisser une Mazouzoh à un Gôy ?


Cet article peut être téléchargé ici.

Le Mahari''l ז״ל écrit qu'on ne doit pas offrir de Mazouzoh à un Gôy, et c'est également l'opinion suivie par le Ramo''`1 ז״ל.

Toutefois, le Ramo''` écrit que dans le cas où refuser de céder une Mazouzoh à un Gôy pourrait vexer ce dernier, il est alors permis de lui céder la Mazouzoh, et le Ba`ér Shova´'2 ז״ל (Rabbi Issachar Baer Eilenburg ban Israël Leyser, 1570-1623) appuie ce Pasaq en se basant sur un cas mentionné dans le Talmoudh Yarousholmi où Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל a offert une Mazouzoh à un Gôy pour le remercier du cadeau que ce dernier lui avait fait. Le Ba`ér Shova´' va même plus loin et explique que de ce cas mentionné dans le Yarousholmi on apprend que même lorsqu'il n'y a pas de risque de vexer un Gôy il est permis de lui offrir une Mazouzoh. C'est également ce qu'ont écrit Horov Môshah Feinstein3 et le Divré Yasiv4.

De même, le Go`ôn de Wilno` ז״ל mentionne le cas de Rébbi Yahoudhoh Hannosi` rapporté dans le Yarousholmi et tranche que rien n'interdit à un Israélite d'offrir une Mazouzoh à un Gôy ou à un Gôy d'acheter et accrocher une Mazouzoh aux portes de sa maison. Le Ya`avés5 ז״ל tranche comme le Go`ôn de Wilno`.

Trois raisons sont invoquées par ceux qui interdisent à un Israélite d'offrir une Mazouzoh à un Gôy ou encore à un Gôy d'acquérir une Mazouzoh :

  1. le Gôy pourrait ne pas traiter la Mazouzoh avec le respect approprié
  2. le Gôy pourrait utiliser la Mazouzoh comme une amulette
  3. les gens pourraient croire que ce Gôy est un Israélite en voyant la Mazouzoh à sa porte et cette confusion pourrait mettre en danger des Israélites.

Par conséquent, certains disent que si ce Gôy sait ce que représente la Mazouzoh, qu'il s'engage à la traiter avec respect et qu'il est connu qu'il a du respect pour la foi d'Israël bien qu'il ne soit pas Israélite, rien n'interdit au niveau de la Halokhoh qu'il possède une Mazouzoh. Quant à l'argument selon quoi il pourrait mettre en danger des Israélites en plaçant une Mazouzoh à sa porte, cet argument est basé sur une certaine interprétation d'un passage talmudique qui apparaît dans le traité Manohôth 43. Bon nombre de commentateurs font remarquer que cette raison ne s'applique plus du tout à notre époque, voire même que ce n'est pas tout à fait ce qu'enseigne ce passage talmudique (d'autres lectures de ce passage existent). Enfin, concernant la deuxième raison invoquée, il convient de signaler que de nombreux Juifs eux-mêmes traitent la Mazouzoh comme une amulette !

À notre époque, bon nombre de Rabbins reconnaissent qu'il n'est pas interdit pour un Gôy de posséder chez lui une Mazouzoh, surtout lorsqu'il est un craignant Dieu. Mais ils le découragent afin que la personne ne soit pas confondue avec un Juif. Mais cette raison n'apparait nul part dans les textes halakhique. Il n'a jamais été dit que pour se distinguer d'un Juif, un Gôy ne pourrait pas posséder de Mazouzoh.

Quant au Ramba''m ז״ל, que dit-il à ce sujet ? Voici ce qu'il écrit dans son Mishnéh Tôroh6 :

Tous ceux qui sont rituellement impurs, même [les femmes] Niddoth, et même des Gôyim, peuvent tenir un Séfar Tôroh et lire dedans, car les paroles de Tôroh ne contractent pas d'impureté. Et c'est à condition que leurs mains ne soient pas souillées ou sales avec de la boue, auquel cas ils se laveront les mains et seulement après ils le toucheront.
כָּל הַטְּמֵאִים, אַפִלּוּ נִדּוֹת, וְאַפִלּוּ גּוֹיִים--מֻתָּרִין לֶאֱחֹז סֵפֶר תּוֹרָה, וְלִקְרוֹת בּוֹ: שְׁאֵין דִּבְרֵי תּוֹרָה מְקַבְּלִין טֻמְאָה. וְהוּא שֶׁלֹּא יִהְיוּ יְדֵיהֶם מְטֻנָּפוֹת, אוֹ מְלֻכְלָכוֹת בְּטִיט; אֵלָא יִרְחֲצוּ יְדֵיהֶם, וְאַחַר כָּךְ יִגְּעוּ בּוֹ

Nous voyons donc déjà ici qu'un Gôy a parfaitement le droit de manipuler des objets sacrés du Judaïsme, comme par exemple un Séfar Tôroh (qui est l'objet le plus saint du Judaïsme), pour la simple raison que les paroles de Tôroh ne peuvent pas devenir impures (d'où le fait que même une femme Niddoh peut toucher un Séfar Tôroh et même lire dedans), exactement comme des Sisith, qui ne contractent elles aussi jamais d'impureté. Et une Mazouzoh contient des paroles de Tôroh. De ce fait, rien n'interdit à un Gôy de manipuler une Mazouzoh. Et c'est évidemment à la condition qu'il traite l'objet saint avec respect (il doit avoir les mains propres, non souillées, etc.).

Quelques chapitres auparavant, le Ramba''m avait écrit ceci7 :

Quand quelqu'un loue une maison à son coreligionnaire, celui qui loue doit obtenir une Mazouzoh et la fixer, même s'il doit aller jusqu'à payer pour qu'elle soit fixée, car la Mazouzoh est une obligation qui incombe au résident et non pas à la maison. Et quand il quitte [la demeure], il ne doit pas l'emporter avec lui et s'en aller. Et si la maison appartient à un Gôy, il doit la retirer quand il s'en ira.
הַמַּשְׂכִּיר בַּיִת לַחֲבֵרוֹ--עַל הַשּׂוֹכֵר לְהָבִיא מְזוּזָה וְלִקְבֹּעַ אוֹתָהּ, אַפִלּוּ הָיָה נוֹתֵן שָׂכָר עַל קְבִיעָתָהּ: מִפְּנֵי שֶׁהַמְּזוּזָה חוֹבַת הַדָּר הִיא, וְאֵינָהּ חוֹבַת הַבַּיִת. וְכִשְׁהוּא יוֹצֶא, לֹא יִטְּלֶנָּה בְּיָדוֹ וְיֵצֵא; וְאִם הָיָה הַבַּיִת לְגוֹי, הֲרֵי זֶה נוֹטְלָהּ כְּשֶׁיֵּצֵא

Beaucoup pensent comprendre de la fin de cette Halokhoh qu'il est donc interdit de laisser à un Gôy une Mazouzoh lorsqu'on déménage mais ce n'est pas du tout ce que dit le Ramba''m ici. Comme l'ont fait remarquer tous les commentateurs du Mishnéh Tôroh, ce n'est QUE dans le ca où on peut soupçonner que le Gôy ne traitera pas avec respect la Mazouzoh que l'Israélite avait fixée à sa porte quand il occupait encore les lieux qu'il lui est interdit de la laisser, non pas pour que le Gôy ne puisse pas la garder mais par respect pour la Mazouzoh. Ainsi, rien n'interdit au Gôy d'avoir la Mazouzoh ou à l'Israélite de laisser la Mazouzoh au Gôy. Ce n'est pas une question d'être Israélite ou Gôy ; c'est une question de respect pour la Mazouzoh, qui contient le nom de Dieu. La règle est qu'un Israélite qui déménage DOIT laisser la Mazouzoh de sa porte d'entrée. Si le propriétaire de la maison ou de l'appartement qu'il louait est un Gôy qu'on ne peut pas soupçonner de manquer du respect à la Mazouzoh, on peut la laisser et s'en aller. Si on le soupçonne de manquer de respect pour la foi d'Israêl et qu'il est susceptible de retirer la Mazouzoh ou de la profaner, on DOIT alors la retirer et s'en aller avec.

Et d'ailleurs, il existe beaucoup de Gôyim à New-York qui vivent dans des maisons ou appartements ayant appartenu à des Juifs, et ces Gôyim ont laissé les Mazouzôth de la porte d'entrée que les anciens occupants Juifs avaient laissées en partant (vous pouvez notamment lire cet article du New York Times rédigé en 2010 : http://www.nytimes.com/2010/09/18/nyregion/18mezuzahs.html?_r=0). Et il n'y a pas de problème avec cela et tous les Rabbins sont d'accord pour dire qu'ils peuvent les garder, tant qu'ils les traitent avec respect. Preuve que rien, au niveau de la Halokhoh, n'interdit à un Gôy de posséder une Mazouzoh et c'est également la preuve qu'interdire à un Gôy de posséder une Mazouzoh parce qu'il pourrait être confondu avec un Juif n'est pas un argument recevable. Si c'est le cas pour un Gôy, à combien plus forte raison pour un Ban Nôah !

1Yôréh Dé´oh 291
236
3`iggarôth Môshah, Yôréh Dé´oh 1:184
4191, Section 21
5Volume 1, n°122
6Hilkôth Tafillin Oumazouzoh Waséfar Tôroh 10:8

7Ibid., 5:11
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...