mardi 29 décembre 2020

Dinoh et Shim´ôn, ˋosanath et Yôséph

 

בס״ד

 

Dinoh et Shim´ôn, ˋosanath et Yôséph

 

Figure 1 ˋosanath et Yôséph

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J’ai reçu la question suivante, à laquelle j’ai décidé de répondre ici étant donné que c’est une question que beaucoup se sont déjà posés en lisant la Ṭôroh et les Midhroshim :

 

D'après les commentateurs, le fils de Simon (qu’il eut avec la cananéenne) était l'enfant que Dina a eu avec Sichem. Et la femme de Joseph en Égypte est supposée être la fille que Dina a eu avec Sichem. Du coup, je vois deux enfants,  ou est-ce le même enfant ?

 

Pour répondre à cette question, nous nous devons de remettre toute l’histoire dans son contexte, à la lumière des enseignements de nos Sages.

 

Lorsque Shim´ôn et Léwi ע״ה sont venus dans la ville et ont tué Shakham (Sichem) et Ḥamôr, ils ont extrait Dinoh ע״ה de la maison de Shakham. Puisqu'ils ont risqué leur vie pour elle, la Ṭôroh[1] les appelle spécifiquement שִׁמְעוֹן וְלֵוִי אֲחֵי דִינָה « Shim´ôn et Léwi, frères de Dinoh ».[2] Les rabbins racontent que les frères ont été forcés de traîner Dinoh parce qu’elle avait trop honte de quitter la maison de Shakham, convaincue qu’après ce qu’elle avait subi aucun homme accepterait de l’épouser. Finalement, Shim´ôn lui jura qu'il l'épouserait. (N’oubliez pas que nous sommes avant le Don de la Ṭôroh, et qu’épouser sa sœur n’était à ce moment pas interdit. De même, leur père Ya´aqôv ע״ה pu épouser Roḥél et Léˋoh ע״ה, bien qu’elles fussent sœurs, car l’interdiction d’épouser deux sœurs n’avaient pas encore été donnée.) Ils se sont mariés et un fils est né de cette union, שָׁאוּל, בֶּן-הַכְּנַעֲנִית « Shoˋoul, fils de la cananéenne ».[3] Nos Sages expliquent que Dinoh était cette « cananéenne » dont parle le verset. Elle fut surnommée ainsi parce que son comportement ressemblait à celui des Cananéens. Selon une autre explication de cette appellation, à sa mort, Shim´ôn l'a enterrée à Canaan.[4]

 

Un Midhrosh différent raconte que Dinoh était mariée à ˋiyôv, en se basant sur le fait que ˋiyôv dit à sa femme : כְּדַבֵּר אַחַת הַנְּבָלוֹת תְּדַבֵּרִי « Tu parles comme l’une des Navolôth pourrait parler ! »,[5] et concernant le viol de Dinoh il est dit :[6] כִּי-נְבָלָה עָשָׂה בְיִשְׂרָאֵל « parce qu'il a fait une Navoloh en Israël ».[7] De l’emploi du même mot le Midhrosh déduit que la femme de ˋiyôv n’était nulle autre que Dinoh ! C’est aussi ce qui est rapporté dans le Ṭalmoudh, au traité Bavoˋ Bathroˋ. C’est d’ailleurs Dinoh qui convertit ˋiyôv.

 

Selon un autre récit midhrashique, Dinoh a été engrossée par Shakham et a donné naissance à ˋosanath. Les fils de Ya´aqôv voulaient tuer le bébé, afin qu’on ne dise pas qu’il y avait de la prostitution dans les tentes de Ya´aqôv. Ya´aqôv apporta une plaque d'or et y écrivit le nom du Saint, béni soit-Il (selon une autre tradition, il y consigna l'épisode avec Shakham). Ya´aqôv accrocha la plaque autour du cou de ˋosanath et la renvoya. Hashshém ית׳ envoya l'ange Mikhoˋél pour l'amener à la maison de Pôtiphor en Egypte. Ce jour-là, Pôtiphor est sorti se promener avec ses serviteurs près de la muraille du palais et a entendu l'enfant pleurer. Quand ils lui ont amené le bébé, il a vu la plaque et le récit de l'épisode. Pôtiphor dit à ses serviteurs : « Cette fille est la fille de personnes importantes ». Il l'a amenée chez lui et lui a donné une nourrice. La femme de Pôtiphor était stérile et elle a élevé ˋosanath comme sa propre fille. En conséquence, elle fut appelée אָסְנַת בַּת-פּוֹטִי פֶרַע « ˋosanath fille de Pôti Phara´ »,[8] car elle fut élevée dans la maison de Pôtiphor et de sa femme, comme si elle était leur propre fille.[9]

 

Il s’agit ainsi de deux enfants différents : lorsque Dinoh fut violée, elle tomba enceinte et enfanta ˋosanath, qui devint l’épouse de Yôséph en Egypte. Elle épousa ensuite son frère Shim´ôn, et de cette union naquit Shoˋoul, surnommé le « fils de la cananéenne » ! Quant à son mariage avec ˋiyôv, le Midhrosh Baˋshith Rabbothi (rédigé par Ribbénou Môshah Haddarshon ז״ל, un contemporain de Rash’’i ז״ל) explique qu’après avoir tenu sa promesse d’épouser sa sœur Dinoh et qu’elle soit tombée enceinte de leur union, Shim´ôn décida de divorcer de Dinoh car il était à présent quitte de la promesse qu’il lui avait faite de l’épouser. Par la suite, lors de la descente en Egypte de la famille de Ya´aqôv, Ya´aqôv donna sa fille Dinoh en mariage à ˋiyôv. (D’ailleurs, d'après d’autres Midhroshim, nous savons que ˋiyôv était en Égypte en tant que l'un des trois conseillers de Pharaon, c'est donc là qu'ils se sont rencontrés.)

 

Ces différents récits midhrashiques des mariages de Dinoh avec Shim´ôn et ˋiyôv enseignent que Dinoh a surmonté l'épisode de son viol par Shakham, s'est ressaisie et s'est mariée et à eu des enfants. Elle n’est pas restée indéfiniment bloquée dans cette dure épreuve. Elle mérita d’ailleurs de voir sa fille épouser un membre de la famille du clan de Ya´aqôv, à savoir Yôséph. Ses descendants comprenaient des personnalités renommées. C’est le message positif et d’exhortation caché derrière tout cela.



[1] Baˋshith 34 :25

[2] Voir aussi le Makhilṭoˋ Dharibbi Yishmo´éˋl, Masakhṭoˋ Dhashiroh, Bashallaḥ 10

[3] Baˋshith 46 :10

[4] Midhrosh Baˋshith Rabboh 80 :11

[5] ˋiyôv 2 :10

[6] Baˋshith 34 :7

[7] Midhrosh Baˋshith Rabboh 19 :12

[8] Baˋshith 41 :45

[9] Pirqé Dharibbi ˋali´azar, Chapitre 37 ; Midhrosh ˋaggodhoh

Le Piyout de « ˋél ´odhôn »Le Piyout de « ˋél ´odhôn »

 

בס״ד

 

Le Piyout de « ˋél ´odhôn »

 


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J’ai reçu la question suivante :

 

J’avais une question. Pour les bénédictions du Chema du Shabboth matin, qui sont plus longues que celles de la semaine, on a l’habitude d’insérer « El Adon Al Kol Hamaassim, etc. ». Comment ce Piyout a-t-il été introduit et pourquoi ? Le Talmud en parle-t-il ou est-ce un ajout récent ? Est-ce halakhiquement valable ? Doit-on le chanter ou est-ce facultatif ?

 

Ce sont toutes des questions très intéressantes auxquelles je vais essayer d’apporter des réponses.

 

Comme vous le notez, la Barokhoh de יוֹצֵר אוֹר « Yôṣér ˋôr » est unique en ce que le texte de cette Barokhoh est différente le Shabboth par rapport à la version des jours de semaine et de Yôm Tôv. En fait, c’est la seule Barokhoh de toute la liturgie juive dont le texte n’est différent qu’à Shabboth. Pourquoi ? On aurait pu penser que la réponse à cette question soit simple. Mais comme vous allez le voir, c’est une question très difficile à résoudre.

 

Cela commence par le fait que le Ṭalmoudh (ni aucun autre ouvrage de la littérature de nos Sages) ne fait jamais mention des Piyoutim de הַכֹּל יוֹדוּךָ « Hakkôl Yôdhoukho », אֵל אָדוֹן « ˋél ˋodhôn » ou לָאֵל אֲשֶׁר שָׁבַת « Loˋél ˋashar Shovath ». Cela répond à l’une des discussions : non, le Piyout de « ˋél ˋodhôn » n’a pas d’origine talmudique, et est donc un ajout ultérieur, comme les autres Piyoutim susmentionnés ajoutés dans la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr », qui la rallongent par rapport à la version de semaine. La question naturelle qui se pose donc est celle-ci : Pourquoi cette Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » a-t-elle été modifiée et rallongée par des Piyoutim le jour du Shabboth ?

 

Le Siddour de Ribbénou Shalômôh ban Ribbénou Shimshôn de Worms ז״ל donne la réponse suivante :

 

Et ils ont allongé à Shabboth par les louanges parce qu’il n’y a pas de temps gaspillé vis-à-vis du travail à Shabboth.

והאריכו בשבת בשבחות משום שאין ביטול מלאכה בשבת

 

En d’autres mots, étant donné qu’à Shabboth nous ne travaillons pas, et avons donc davantage de temps libre, certaines personnes ont estimé approprié de combler ce temps libre par un allongement de cette Barokhoh, en y insérant de nombreux Piyoutim, car à Shabboth nous n’aurions rien d’autre à faire que prier ! C’est la réponse la plus communément donnée encore aujourd’hui pour justifier la longueur de la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » à Shabboth

 

Le Siddour ´avôdhath Yisroˋél offre une réponse différente :

 

À Shabboth, qui est le jour le plus honorable de la semaine, ils rallongent les louanges dans la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr ».

בשבת שהוא יום מכובד מכל הימים מאריכים בשבחים בברכת יוצר אור

 

En d’autres mots, le fait que le Shabboth soit le jour de la semaine le plus honorable mérite de faire de plus longues louanges que les autres jours de la semaine.

 

Mais les deux réponses sont faibles, parce qu’elles n’expliquent pas pourquoi, entre toutes les Barokhôth et prières faites à Shabboth, c’est la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr », qui appartient à la Qiryath Shama´, qui fut choisie pour être rallongée par de nombreux Piyoutim.

 

Ce qui est davantage troublant est qu’en dépit de l’absence de sources talmudiques sur laquelle s’appuyer, il semblerait qu’aucun des Riˋshônim et ˋaḥarônim n’ait vu le moindre problème dans le fait d’altérer le texte de la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » à Shabboth. La seule exception notoire est le Séphar Ho´iṭṭim. Voici ce qu’il écrit au Simon 172 (comme le texte est relativement long, je ne vais faire que la traduction en français, mais vous pouvez lire par vous-même le texte en hébreu ici et ici) :

 

Et après qu’ils aient répondu au « Borakhou », ils commencent par étendre la Shama´ avec deux [Barokhôth] avant elle : « Boroukh ˋaṭṭoh Hashshém ˋalôhénou Malakh Ho´ôlom Yôṣér ˋôr Ouvôréˋ Ḥôshakh ´ôséh Shôlom Ouvôréˋ ˋath Hakkol ». Et ils se sont accoutumés dans de nombreuses localités à dire aux Shabbothôth « Hakkôl Yôdhoukho Wahakkôl Yashabbaḥoukho » jusqu’à « Sarophim ´im ˋôphané Haqqôdhash », « Loˋél ˋashar Shovath Mikkôl Hamma´asim Bayyôm Hashshavi´i Nith´allah Wayoshav, etc. » jusqu’à « Bashshomayim Mimma´al Wa´al Kol Shavaḥ Ma´aséh Yodhakho », et il achève la Barokhoh comme à chaque jour. C'est ce qui a été écrit par le Rov ´amrom et c'est ainsi que la plupart des localités se conduisent. À mon avis, cette coutume n'a aucun fondement et est une erreur. Nous ne trouvons pas dans la littérature rabbinique que nos Sages nous ont ordonné de faire référence au Shabboth dans aucune prière sauf dans les Shamônah ´asréh, dans la quatrième Barokhoh, et dans la Birkhath Hammozôn dans la Barokhoh de « Bonéh Yarousholayim ». Quiconque mentionne le Shabboth dans n'importe quelle autre Barokhoh se trompe et ne remplit pas son obligation parce qu'il change la formulation que les Sages avaient prévue pour être utilisée dans les Barokhôth. Le fait que nous mentionnions le Shabboth dans les Shamônah ´asréh est parce qu'après avoir récité les trois premiers Barokhôth, ˋovôth, Gavourôth et Qadhoushshath Hashshém, il est approprié d'inclure une section traitant du Shabboth. Sinon, c'est une erreur de mentionner le Shabboth dans n'importe quelle autre Barokhoh. Il faut réprimander quiconque le fait. Quiconque évite une telle action et récite la Barokhoh de « Yôṣér » telle qu’elle est récitée les jours de semaine sans aucun ajout car elle a été composée par la Grande Assemblée, un groupe de 120 Grands Hommes comprenant des Anciens et parmi eux des Prophètes, méritera une récompense de Hashshém. De même, il y a ceux qui ajoutent « Hakkôl Yôdhoukho » et terminent par le thème du Shabboth en récitant « Loˋél ˋashar Shovath ». Eux aussi se trompent. Premièrement, ils ajoutent le thème du Shabboth à une Barokhoh, ce qui n'était pas autorisé par les Sages. Ils ne récitent pas non plus la Barokhoh telle qu'elle est récitée pendant la semaine et y ajoutent d'autres sujets.[1] Enfin, pourquoi cette Barokhoh a-t-elle été choisie pour être la Barokhoh devant être modifiée pour ajouter le thème du Shabboth ? Le texte qui est récité les jours de semaine n'est-il pas approprié pour Shabboth ? Ce n'est pas un texte qui fait des requêtes comme le sont les Barokhôth qui composent les Shamônah ´asréh. Ne sommes-nous pas obligés de réciter la Barokhoh telle que nos Sages l'ont composée, pour la lire de la même manière un jour de semaine et un Shabboth ? Par conséquent, la manière appropriée d'agir si l'on croit qu'il est nécessaire d'ajouter la prière de « Hakkôl Yôdhoukho » et les autres prières est de réciter ces paragraphes après le « Borakhou » mais avant de réciter la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » ; puis réciter la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » et réciter les paragraphes qui ont été établis pour être récités les jours de semaine comme nos Sages l'avaient ordonné sans aucun ajout ni changement. Ceux qui prient dans un endroit où ces paragraphes sont lus dans le Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » et le Shaliaḥ Ṣibbour récite ces paragraphes dans la Barokhoh et il n'a pas le pouvoir de changer leurs pratiques mais veut toujours agir de manière appropriée ne devraient pas réciter la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » avec le Shaliaḥ Ṣibbour, mais devrait d'abord lire les paragraphes supplémentaires qui concernent le Shabboth, puis se dépêcher de rejoindre la communauté à la Qadhoushshoh de « Yôṣér » et mettre fin à la Barokhoh avec la communauté. C'est la manière de se conduire et de cette manière, vous remplissez votre obligation.

 

Le Séphar Ho´iṭṭim semble être la seule voix dissonante sur cette question et de façon surprenante, aucun commentateur venu après lui n’a adopté sa position. En outre, sa position n’est jamais citée et n’est jamais contestée ou commentée. La question qui se pose est donc : le Séphar Ho´iṭṭim est-il une source fiable ? Oui ! Ribbénou Yahoudhoh ban Barzillaˋy de Barcelone ז״ל, surnommé le Séphar Ho´iṭṭim, s’est fait connaître à la fin du 11ème siècle et début du 12ème. Il a rédigé de nombreux ouvrages, dont la plupart ont été perdus en raison de leur grande longueur. Ses écrits halakhiques sont principalement basés sur les Ṭashouvôth des Gaˋônim, les Halokhôth de Ribbénou Shamouˋél Hannoghidh ז״ל, et les décisions et Ṭashouvôth du Ri’’ph ז״ל. Les Riˋshônim venus après lui firent beaucoup usage de ses ouvrages. Fut-il véritablement le seul à s’être opposé à la pratique d’ajouter des Piyoutim dans la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » à Shabboth ? Absolument pas ! Voici notamment ce que rapporte le Liqqouté Mahari’’kh :[2]

 

 

Traduction :

 

Et vois dans le saint Zôhar, [Poroshath] Ṭaroumoh et dans Wayyaqhél, et tu verras qu’il n’y est pas mentionné qu’on ajoute quoique ce soit à la Barokhoh de « Yôṣér » à Shabboth, excepté « ˋél ˋodhôn », mais « Hoˋél Happôthéaḥ » et « Loˋél ˋashar Shovath » n’y sont pas mentionnés. Dans le Rambo’’m, même « ˋél ˋodhôn » n’est pas mentionné comme étant ajouté dans la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr ». Mais on retrouve tous ces paragraphes mentionnés dans le Siddour du Rov ´amrom, dans le Maḥzôr Witri, dans le ˋabboudrohom et le Kôl Bô.

 

Nous pouvons voir de cette source que même dans le Zôhar, excepté le Piyout du « ˋél ˋodhôn », tous les autres Piyoutim présents dans la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » du Shabboth ne s’y trouvent pas. La source mentionne également le Rambo’’m ז״ל. Non seulement ce dernier ne fait mention d’aucun Piyout à insérer dans la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » dans son Mishnéh Ṭôroh, mais en outre, dans l’une de ses Ṭashouvôth il déclare explicitement qu’il est interdit de le faire.

 

Mais ce qui surprendra davantage l’orthodoxie juive est que cette pratique consistant à insérer des Piyoutim dans la Barokhoh de « Yôṣér ˋôr » fut combattue par nul autre que Ribbi Yôséph Qaˋז״ל ! Voici ce qu’il tranche dans son Shoulḥon ´oroukh :[3]

 

Il y a des localités qui font des interruptions dans les Barokhôth de la Qiryath Shama´ pour dire des Piyoutim. Mais il est correct de s'abstenir de les dire, parce qu'ils constituent une interruption.

יֵשׁ מְקוֹמוֹת שֶׁמַּפְסִיקִים בְּבִרְכוֹת קְרִיאַת שְׁמַע לוֹמַר פִּיּוּטִים, וְנָכוֹן לִמְנֹעַ מִלְּאָמְרָם, מִשּׁוּם דְּהָוֵי הֶפְסֵק

 

Cela est ironique, puisque l’orthodoxie juive prétend suivre le Shoulḥon ´oroukh ! Or, le Shoulḥon ´oroukh, ici, s’oppose à cette pratique, et déclare que ceux qui récitent ces Piyoutim dans les Barokhôth du Shama´ commettent des interruptions, car ces Piyoutim n’ont aucun lien avec les Barokhôth du Shama´ et qu’il est halakhiquement interdit d’interrompre une Barokhoh en y insérant des paroles n’ayant pas de lien avec le thème de la Barokhoh !

 

Tout cela répond aux autres questions posées : ces Piyoutim ne sont pas requis, et d’un point de vue halakhique il est problématique de les réciter en plein milieu des bénédictions du Shama´. Si on se trouve dans une synagogue où la communauté locale a la coutume d'entonner des Piyoutim en plein milieu des bénédictions du Shama´, comme c'est le cas dans la majorité des communautés d'aujourd'hui, on doit, d'après le Rambo’’m et Ribbi Yôséph Qa`rô, s'abstenir de chanter avec la communauté, car si on chante, on aurait fait une interruption en plein milieu d'une bénédiction, ce qui n'est évidemment pas permis. C’est un exemple supplémentaire d’une pratique populaire qui contrevient en réalité à la Halokhoh !



[1] La Halokhoh interdit effectivement d’ajouter des éléments dans une bénédiction qui ne sont pas en adéquation avec le thème central de cette bénédiction.

[2] aphillath Shaḥrith Lashabboth

[3] ˋôraḥ Ḥayyim 68 :1

vendredi 25 décembre 2020

Le jeûne mystérieux du 9 Tévéth

 

בס״ד

 

Le jeûne mystérieux du 9 Tévéth

 

 

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Nous sommes aujourd’hui le 10 Tévéth, un jour de jeûne. Mais ce n’est pas de cela que nous parlerons dans cet article, mais du jeûne mystérieux du 9 Tévéth, beaucoup moins connu et dont l’origine est obscure.

 

Dans la Gamoroˋ[1] il nous est dit quelque chose d’étrange, à savoir que les romains שאין להן לא כתב ולא לשון « n’ont ni écriture ni langue ». Rash’’i ז״ל ajoute à cela une déclaration encore plus déroutante : אחרים תקנו להן כל ספריהם « D’autres ont institué pour eux tous leurs livres » (c’est-à-dire que tous les livres des romains furent en réalité écrits par d’autres personnes, et non par les romains eux-mêmes). Nous y reviendrons à la fin de l’article pour élucider tout cela.

 

Le Shoulḥon ´oroukh[2] décrit un certain nombre de jours de jeûne qui correspondent à divers anniversaires de décès (Nodhov et ˋavihou ע״ה, Shamouˋél Hannoviˋ ע״ה, etc.). La liste est tirée d'une Barraythoˋ datant approximativement du 8ème siècle. Pourtant, le Rov Yôséph Qaˋז״ל déclare dans son œuvre antérieure, le Béth Yôséph (son commentaire sur le Tour ז״ל) qu'il ne connaît personne qui respecte réellement ces jeûnes ! Si tel est le cas, pourquoi a-t-il donc inclus cette section dans son Shoulḥon ´oroukh ? De plus, il y a un jour de jeûne pour lequel il déclare que nous ne savons même pas quelle tragédie nous est arrivée : le 9 Tévéth.

 

Voici un résumé des différentes opinions de la littérature juive quant à la raison du jeûne du 9 Tévéth :

·        Le Raˋava’’d ז״ל (Ribbénou ˋibn Daoud du 12ème siècle) rapporte dans son Séphar Haqqabboloh que c'était le jour où Yôséph Halléwi Hannoghidh הי״ד (le fils de Shamouˋél Hannoghidh ז״ל) fut martyrisé en 1066 de l’Ere Courante, et qu’ « on le pleura dans chaque ville et dans chaque village. (En fait, un jeûne avait été décrété pour le 9 Tévéth dès les jours de nos anciens rabbins, qui composèrent la Maghillath Ṭa´nith ; mais la raison n'en était pas connue. De cet [incident] nous voyons qu'ils avaient indiqué prophétiquement ce jour même.) » Cette suggestion ne peut pas être prise au sérieux en raison d'un problème beaucoup plus important que l'affirmation de la prophétie : tant d'autres personnalités importantes qui ont été martyrisées n'ont pas été inclus dans cette liste.

·        La prochaine source qui mentionne ce jour de jeûne est le Rama’’ˋ ז״ל (16ème siècle) dans son commentaire sur la Maghillath ˋasṭér. Dans ˋasṭér 2 :16, ˋasṭér ע״ה est prise par ˋaḥashwérôsh au mois de Tévéth. Le Rama’’ˋ déclare que ce très triste jour s'est produit le 9ème jour du mois de Tévéth, et que c’est en commémoration de cela que le jeûne du 9 Tévéth fut institué. La faiblesse de cet argument est que le 9 n'est jamais mentionné dans le texte biblique, ni par aucune tradition de l’époque de ḤaZa’’l. Un autre problème est qu'il n'y a aucune raison pour laquelle cette explication aurait dû être omise comme base de ce jour de jeûne.

·        Ensuite, nous avons le Ta’’z ז״ל et le Moghén ˋavrohom ז״ל (17ème siècle) qui déclarent tous deux que le 9 Tévéth est l’anniversaire du décès de ´azroˋ Hassôphér ע״ה, mais ils n'expliquent pas pourquoi la raison a été cachée dans l'énumération des jours de jeûne. Si ce jour commémorait le décès d’une personnalité aussi importante de notre tradition, il ne fait aucun doute qu’on n’aurait pas tenté de le dissimuler.

·        Enfin, Yônothon Eybeschutz (18ème siècle) dans le Ya´arôth Davosh déclare que ce jour commémore l’anniversaire du décès de ´azroˋ Hassôphér, mais déclare qu'en vérité nous ne savons pas le jour exact de sa mort. Eybeschutz fait un lien entre ne pas savoir où Môshah Rabbénou ע״ה a été enterré et comment ´azroˋ est comparé à plusieurs égards à Môshah. Le problème avec cette explication est que nous connaissons la date de la mort de Môshah Rabbénou, et il n'y a aucune raison pour que la date appropriée soit cachée.

 

Ainsi, il ne nous reste aucune source juive traditionnelle qui donne une explication raisonnable du jeûne du 9 Tévéth.

 

Les érudits juifs de la Wissenschaft du 19ème siècle (Zunz, Rapoport, etc.) évoquent le philosophe et astronome espagnol ˋavrohom bar Ḥiyoˋ (mort en 1136) dont l’ouvrage, bien qu'écrit en 1122, a été publié pour la première fois en 1851. Il déclare que le fondateur du christianisme est né le 25 décembre, et a calculé que cette date durant l'année de sa naissance tombait le 9 Tévéth ! Les savants déclarent alors que le jeûne du 9 Tévéth commémore l'anniversaire de Yéshou´ ימש״ו qui fut une grande tragédie pour le peuple juif à cause de tout le mal que ses enseignements et disciples nous ont fait, et que les rabbins ont choisi de ne pas révéler la raison du jeûne du 9 Tévéth par prudence. En d’autres mots, c'était pour éviter les problèmes avec les autorités chrétiennes si jamais elles tombaient sur des manuscrits contenant des passages offensants pour elles, puisque l’Eglise censurait et brûlait tout écrit considéré blasphématoire contre elle. C'est depuis lors devenu l'explication acceptée pour le jeûne du 9 Tévéth.

 

Mais ce raisonnement n’est pas satisfaisant. Premièrement, la Barraythoˋ originale a longtemps précédé la première impression en masse en Europe. Au 8ème siècle, il n’y avait pas encore d’autodafé de l’Eglise. Deuxièmement, l'auteur de la Barraythoˋ originale savait-il que le 25 décembre de l’an 3 avant notre ère était un 9 Tévéth ? Troisièmement, et c’est le plus important, bar Ḥiyoˋ fonde l'anniversaire du 25 décembre sur la date chrétienne traditionnelle, mais il déclare également que nulle part dans le « Nouveau Testament » cette date n'est mentionnée. Personne ne connaît en réalité la date de naissance de Yéshou´ ימש״ו ; plusieurs jours ont été proposés et cinq jours différents sont actuellement observés par divers groupes chrétiens :

·        Le 24 décembre par l’Eglise Norvégienne ;

·        Le 25 décembre par l’écrasante majorité des chrétiens occidentaux et quelques Eglises Orthodoxes Orientales ;

·        Le 6 janvier par l’Eglise Apostolique Arménienne, l’Eglise Catholique Arménienne, certains anabaptistes comme les Amish ;

·        Le 7 janvier par l’Eglise Copte d’Alexandrie, l’Eglise Ethiopienne Orthodoxe Tewahedo, l’Eglise Erythréenne Orthodoxe Tewahedo, les Eglises P’ent’ay (évangéliques éthiopiens et érythréens), certains catholiques de rite byzantin, les Luthériens de rite byzantin, plusieurs églises Orthodoxes Orientales (Russie, Géorgie, Ukraine, Macédoine, Biélorussie, Moldavie, Monténégro, Serbie et Jérusalem) ;

·        Le 19 janvier par le Patriarcat Arménien de Jérusalem.

 

L’hypothèse de la naissance de Yéshou´ ימש״ו le 9 Tévéth ne peut donc pas être correcte, puisqu’uniquement basée sur la « tradition » des Chrétiens d’Occident, alors que, comme nous venons de le voir, de nombreux autres chrétiens ont des « traditions » différentes quant à sa date de naissance supposée.

 

Rov Boroukh Frankel Ṭéˋumim ז״ל (auteur de « Boroukh Ta´am », décédé en 1828) écrit qu'il a trouvé un manuscrit dans lequel il est dit que Shim´ôn Haqqalpôs est mort le 9 Tévéth ; ce Shim´ôn aurait sauvé les Juifs d'une grande tragédie au temps des pécheurs (c’est-à-dire, à l’époque où Yéshou´ ימש״ו et ses disciples tentaient de répandre leurs idéologies au sein du peuple juif). Son anniversaire de décès serait devenu un jeûne permanent à Jérusalem.

 

Rov ˋaharôn Worms ז״ל (le rabbin de Metz, en France, décédé en 1836) écrit dans son Maˋôré ˋôr qu'il a trouvé un livre commémoratif disant que Shim´ôn Haqqalpôni a conclu un pacte avec les Juifs qui est resté caché, et que dans la Maghillath Ṭa´nith les Ḥakhomim n'ont pas voulu donner les détails de ce pacte et la raison du jeûne.

 

Ainsi, il existe deux références disparates traitant de ce qui est certainement la même personne, mais appelée différemment : Shim´ôn Haqqalpôs et Shim´ôn Haqqalpôni. Ces deux noms de Shim´ôn n'apparaissent nulle part ailleurs dans la littérature talmudique.

 

Alors, qui est ce Shim´ôn Haqqalpôs / Haqqalpôni ? Il est le héros du Ṭôladhôth Yéshou´. Il s'agit d'un manuscrit contenant ce qui est apparemment l’histoire de la vie de Yéshou´ ימש״ו sous une perspective juive. Le Ṭôladhôth Yéshou´ apparaît sous diverses formes et a apparemment été écrit quelque temps avant le 8ème siècle. Ce qui suit est l'extrait pertinent de cet ouvrage :

 

Les Sages voulaient séparer d'Israël ceux qui continuaient à revendiquer Yéshou´ comme le Messie, et ils firent appel à un homme très instruit, Shim´ôn Képho`, pour obtenir de l'aide. Shim´ôn se rendit à Antioche, ville principale des Nazaréens et leur proclama : « Je suis le disciple de Yéshou´. Il m'a envoyé pour vous montrer le chemin. Je vous donnerai un signe comme Yéshou´ l'a fait ».

 

Shim´ôn, ayant acquis le secret du Nom Ineffable, guérit un lépreux et un boiteux grâce à lui et trouva ainsi l'acceptation comme un vrai disciple. Il leur dit que Yéshou´ était au ciel, à la droite de son Père, en accomplissement du ahillim 110: 1. Il ajouta que Yéshou´ désirait qu'ils se séparent des Juifs et ne suivent plus leurs pratiques, comme Yasha´yohou l'avait dit : « Vos nouvelles lunes et vos fêtes, Mon âme les déteste ». Ils devaient maintenant respecter le premier jour de la semaine au lieu du septième, la Résurrection au lieu de Pasaḥ, l'Ascension au Ciel au lieu de la Fête de Shovou´ôth, la découverte de la Croix au lieu de Rô`sh Hashshonoh, la Fête de la Circoncision au lieu de Yôm Hakkippourim, le nouvel an au lieu de Ḥanoukkoh ; ils devaient être indifférents à l'égard de la circoncision et des lois alimentaires. Ils devaient aussi suivre l'enseignement de tourner à droite si on était frappé à gauche et l'acceptation douce de la souffrance. Toutes ces nouvelles ordonnances que Shim´ôn Képho` (ou Paul, comme il était connu des Nazaréens) leur enseigna visaient réellement à séparer ces Nazaréens du peuple d'Israël et à mettre un terme aux conflits internes.

 

La compréhension qui ressort de cette source est celle-ci : Les premiers chrétiens causaient énormément de troubles et de confusions de par leur croyance en un faux messie combinée aux pratiques juives qu’ils conservaient. Il y avait donc une crise à cette époque où il était difficile de distinguer un Juif d'un judéo-chrétien. Les Ṭannoˋim proposèrent une solution radicale : l'un des leurs devait infiltrer la faction judéo-chrétienne, accéder à une position d’autorité en raison de ses connaissances rabbiniques et de sa stature, et finalement les détourner de la Ṭôroh en leur faisant abroger les Miṣwôth les plus essentielles tout en maintenant certaines autres Miṣwôth morales (les 10 Commandements et les 7 Lois Noaḥides). Ainsi, cet agent infiltré, qu’on appellerait aujourd’hui une cinquième colonne, instituerait clandestinement de nouvelles pratiques qui aboutiraient finalement à un schisme entre les deux groupes, créant une religion distinctement différente du judaïsme. Ce Shim´ôn se porta volontaire pour la mission après s'être assuré qu'il ne perdrait pas pour cela sa part dans le ´ôlom Habboˋ.

 

Shim´ôn rejoignit le groupe des judéo-chrétien, et finit par être surnommé Képhoˋ, également connu sous le nom de Simon Pierre ! (« Képhoˋ » = « rocher » = « petros » = « Pierre », faisant allusion au rocher sur lequel l'église a été construite.) Le texte nous informe qu’en réalité Shim´ôn est celui que les chrétiens appellent Paul, dont l’histoire telle qu’elle est rapportée dans le « Nouveau Testament » ressemble beaucoup à celle de Shim´ôn rapportée dans le Ṭôladhôth Yéshou´ : Comme Shim´ôn, Paul aurait été un érudit rabbinique ; comme Shim´ôn, il aurait intégré le camp des Nazaréens après en avoir été un persécuteur ; comme Shim´ôn, il a été la cause de nombreux conflits au sein des Nazaréens en raison des doctrines nouvelles qu’il enseignait au sein de la secte ; et il est intéressant de noter que même dans le « Nouveau Testament » il est dit que ses enseignements étaient incompréhensibles et même que de nombreux Nazaréens doutaient de son apostolat et de lui. Même le « Nouveau Testament » confirme qu’il existait de sérieux soupçons qu’il soit un infiltré au sein de la secte dont les enseignements pouvaient être vus comme contraire au message supposé de Yéshou´ ; et enfin, le surnom de « Képhoˋ » est en réalité plus approprié pour Paul que pour le Simon Pierre du « Nouveau Testament », puisque c’est effectivement davantage sur les doctrines de Paul que celles même de Yéshou´ que l’Eglise est bâtie. Les lettres et enseignements de Paul sont revêts d’une haute autorité par les chrétiens du monde entier. Ils sembleraient ici qu’avec le temps passant, les chrétiens soient tombés dans une certaine confusion et firent de Simon Pierre et Paul deux personnages différents, dont l’un aurait été l’apôtre des Juifs et l’autre l’apôtre des Goyim, alors que cela pourrait représenter tout simplement les deux facettes différentes d’une même personne : Simon Pierre, Juif fidèle à la Ṭôroh et grand érudit rabbinique avant son infiltration, et Paul, prédicateur d’enseignements contraires à la Ṭôroh après son infiltration ! N’oubliez pas que le « Nouveau Testament » a été écrit de nombreux siècles après les faits qu’il prétend rapporter, et que de nombreuses erreurs, inexactitudes et autres aberrations se sont insérées dans le texte, ainsi que des légendes au sujet d’autres personnes ayant vécu à d’autres époques. Ce n’est donc pas incohérent de conclure ce qui vient d’être dit au sujet de Simon Pierre et Paul, qui seraient en fait la même personne.

 

Il existe un manuscrit du Ṭôladhôth Yéshou´ (l'édition Huldreich imprimée en 1705 aux Pays-Bas) qui n'existe plus bien que nous ayons l'édition imprimée. Il est en hébreu et est différent de tous les autres manuscrits en ce qu'il mentionne le nom de Shim´ôn Haqqalpôni ! Il déclare en outre qu'il est mort le 9 Tévéth et que cette journée a été transformée en jour de jeûne pour commémorer la mort d'un héros Juif qui s’est sacrifié pour rendre possible la séparation définitive et efficace du judaïsme et du judéo-christianisme.

 

L'édition Huldreich explique comment Shim´ôn a pu abroger les Miṣwôth : il a codifié des lois et coutumes chrétiennes comme cela le lui avait été ordonné par les Ḥakhomim de Judée ; il a transformé l'alphabet hébraïque en créant l'alphabet latin pour le christianisme (l’alphabet latin était originellement un alphabet secret connu seulement par les prêtres chrétiens) ; il a composé pour eux de nombreux livres, des livres qui font partie du « Nouveau Testament » et qui enseignent l'abrogation de la loi juive.

 

Grâce à tout cela, nous pouvons à présent mieux comprendre le passage talmudique et le commentaire de Rash’’i par lesquels nous avions commencé l’article. Ce commentaire de Rash’’i est en réalité une version censurée par l’Eglise. Voici à présent le texte original non censuré (disponible dans « Diqdouqé Sôpharim ») :

 

... d'autres ont écrit leurs livres pour eux. À savoir, Jean, Paul et Simon Pierre, tous juifs. La langue fait référence à la grammatika, le latin parlé par les prêtres. Eux, les juifs, ont transformé la langue des romains en une langue obscure, afin de les séparer d'Israël. Eux, les Juifs, n'étaient pas des apostats, ils ont plutôt agi de la meilleure des intentions au profit des Juifs. Ils ont vu que les Juifs étaient opprimés par les actes trompeurs des disciples de Yéshou´, ils se sont fait passer pour des prêtres et ont ordonné toutes les lois et coutumes chrétiennes ainsi que leurs livres comme cela est explicitement indiqué dans les récits du Ṭôladhôth Yéshou´.

 

Ainsi, cette version de 1705 du Ṭôladhôth Yéshou´ était disponible à l'époque de Rash’’i, au 11ème siècle ! Et il est raisonnable de supposer que l'auteur du 8ème siècle de la liste des jeûnes en avait également une copie, mais n'a pas voulu indiquer clairement la raison de ce jeûne du 9 Tévéth, qui commémorerait non pas un héros mais plusieurs héros Juifs ayant accepté d’infiltrer les judéo-chrétiens pour inventer exprès des doctrines antijuives et rédiger des livres antijuifs permettant de définitivement séparer cette secte du judaïsme et réduire ainsi leur capacité de nuisance au sein du peuple juif. Les chrétiens vénèreraient donc des Juifs qui étaient en fait de faux disciples qui les ont volontairement égarés pour les séparer du judaïsme !

 

Puisse Hashshém accorder à tous ceux qui jeûnent en cette date du 10 Tévéth un jeûne léger et inspirant !



[1] ´avôdhoh Zoroh 10a

[2] ˋôraḥ Ḥayyim 580

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