mercredi 20 janvier 2016

Les lois relatives à la prière: Cinquième Partie

ב״ה

Les lois relatives à la prière

Cinquième Partie


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Poursuivons notre exposition des lois relatives à la prière.

Lois relatives à la prière et à la bénédiction des Kôhanim – Chapitre 2
הִלְכּוֹת תְּפִלָּה וּבִרְכַת כּוֹהֲנִים פֵּרֶק ב׳

  1. Qu'ajoute-t-on aux Shamônah ´asréh les jours de jeûne ?

16. Lors des jours de jeûne, même un particulier qui jeûne, on ajoute dans [la bénédiction de] Shôméa´ Tafilloh « ´anénou `ovinou, etc. ». Mais le Shaliah Sibbour la dit dans une bénédiction indépendante entre Gô`él et Rôfé`, et la conclut par « Ho´ônah Ba´éth Soroh ». Il se retrouvera donc en train de prier vingt bénédictions. À Tish´oh Ba`ov, on ajoute dans [la bénédiction de] Bônéh Yarousholayim « Rahém HaShem `alôhénou ´olénou Wa´al Yisro`él ´ammokh Wa´al Yarousholayim ´irokh Ho´ir Ho`avéloh Haharévoh Hashômémoh, etc. »
טז  בִּימֵי הַתַּעְנִיּוֹת, אַפִלּוּ יָחִיד שֶׁהִתְעַנָּה--מוֹסִיף בְּשׁוֹמֵעַ תְּפִלָּה, עֲנֵנוּ אָבִינוּ ... וּשְׁלִיחַ צִבּוּר אוֹמְרָהּ בְּרָכָה בִּפְנֵי עַצְמָהּ, בֵּין גּוֹאֵל לְרוֹפֵא; וְחוֹתֵם בָּהּ הָעוֹנֶה בְּעֵת צָרָה, וְנִמְצָא מִתְפַּלֵּל עֶשְׂרִים בְּרָכוֹת. בְּתִשְׁעָה בְּאָב--מוֹסִיפִין בְּבוֹנֵה יְרוּשָׁלַיִם, רַחֵם ה' אֱלֹהֵינוּ עָלֵינוּ וְעַל יִשְׂרָאֵל עַמָּךְ וְעַל יְרוּשָׁלַיִם עִירָךְ, הָעִיר הָאֲבֵלָה הַחֲרֵבָה הַשּׁוֹמֵמָה
Lors des jours de jeûne : Ceci inclut aussi bien les jeûnes communautaires (le 3 Tishri, le 10 Tévéth, le 17 Tammouz et le 9 `ov) que les jeûnes promulgués en réponse à une période de trouble spécifique, comme par exemple une sécheresse. (Voir Hilkôth Ta´niyôth Chapitre 1.)

même un particulier qui jeûne : De sa propre initiative. C'est-à-dire quelqu'un qui s'impose de jeûner à cause d'une situation particulière ou à des fins de développement spirituel, bien que ce ne soit pas un jour de jeûne public.

on ajoute dans [la bénédiction de] Shôméa´ Tafilloh : Qui est la quinzième bénédiction dans les Shamônah ´asréh.

« ´anénou `ovinou, etc. » : Le Talmoudh1 appelle cette prière « la prière des jours de jeûne ». La formulation que nous utilisons sera rapportée ci-dessous.

Mais le Shaliah Sibbour la dit : Lors de la récitation à voix haute des Shamônah ´asréh.


dans une bénédiction indépendante entre Gô`él et Rôfé` : C'est-à-dire, entre les septième et huitième bénédictions des Shamônah ´asréh.

C'est ce que nous pouvons apprendre dans le Talmoudh2, qui fait la différence entre les Shamônah ´asréh faites par l'assemblée et celles faites par le Shaliah Sibbour lorsqu'il les récite à voix haute.

Il se retrouvera donc en train de prier vingt bénédictions : Les dix-neuf habituelles plus celle du «  onénou ». Mais pour nous qui suivons le Nousah `aras Yisro`él, il y aura dix-neuf bénédictions récitées par le Shaliah Sibbour ; les dix-huit ordinaires plus celle du « ´onénou ».

À Tish´oh Ba`ov : Le jeûne qui commémore la destruction des deux Bathé Hammiqdoshim. Ce jeûne est différent des autres jeûnes mineurs mentionnés plus haut, en ce qu'il a le même statut et les mêmes lois que Yôm Hakkippourim. (Voir l'article intitulé « Le statut des jeûnes mineurs aujourd'hui ».)

on ajoute dans [la bénédiction de] Bônéh Yarousholayim : Qui est la quatorzième bénédiction des Shamônah ´asréh, et qui a pour thème la reconstruction de Jérusalem. Cela semble donc l'emplacement approprié pour insérer une prière qui a également pour thème la destruction et reconstruction de la Ville Sainte.

Et pourtant, en dépit de cette logique, ce n'est pas ce que nos Sages ont tranché. La source de cet ajout dans les Shamônah ´asréh de Tish´oh Ba`ov est le Talmoudh Yarousholmi.3 Là, la question est posée quant à savoir dans quelle bénédiction cette prière doit-elle être insérée. La réponse qui est apportée est qu'elle doit être ajoutée dans la bénédiction de ´avôdhoh, qui est la seizième des Shamônah ´asréh. De ce fait, bien que la pratique majoritaire consiste à insérer cette requête dans la quatorzième bénédiction, et que le Ri''f ז״ל tenta de la justifier sur base d'un passage du Bavli4 qu'il réinterpréta pour la légitimer tout en reconnaissant lui-même que ce n'était pas conforme à la décision du Yarousholmi, notre pratique consiste à toujours privilégier les décisions unanimes rapportées dans le Yarousholmi. Par conséquent, nous n'insérons pas le « Rahém » dans la quatorzième bénédiction, mais plutôt dans la seizième.

« Rahém HaShem `alôhénou ´olénou Wa´al Yisro`él ´ammokh Wa´al Yarousholayim ´irokh Ho´ir Ho`avéloh Haharévoh Hashômémoh, etc. » : Notre version est très légèrement différente de celle adoptée par le Ramba''m ז״ל, car nous suivons mot pour mot la formulation mentionnée dans le Talmoudh Yarousholmi.5 Voir ci-dessous.

Notre formulation du « ´onénou », basée sur le Nousah `aras Yisro`él, est celle-ci :

Réponds-nous, `adhônoy, réponds-nous
en ce moment et en ce temps car nous
sommes en grande détresse. Ne
détourne pas Ta face de nous et ne
repousse pas nos supplications car Tu
es, `adhônoy, un Dieu miséricordieux et clément, répondant à l’heure de
détresse, délivrant et sauvant à chaque
heure de calamité [comme qu’il est
dit6 :] « Mais ils crièrent vers `adhônoy
dans leur détresse, Il les fit sortir de
leurs angoisses ».
עֲנֵנוּ יהוה עֲנֵנוּ בָּעֵת וּבָעוֹנָה הַזּוֹאת כִּי בְצָרָה גְּדולָה אֲנָחְנוּ. אַל תַּסתֵּר פָּנֶיךָ מִמֶּנּוּ וְאַל תִּתְעַלָּם מִתְּחִנָּתֵינוּ כִּי אַתָּה יהוה אֵל חַנּוּן וְרַחוּם עוֹנֶה בְּעֵת צָרָה פּוֹדֶה וּמַצִּיל בְּכָל עֵת צוּקָה וַיִּצְעֲקוּ אֶל־יהוה בַּצַּר לָהֶם וּמִמְּצוּקֹתֵיהֶם יוֹצִיאֵם

Le Shaliah Sibbour la conclura par בָּרוּךְ אַתָּה יהוה, הָעונֶה בְּעֵת צָרָה « Béni Tu es `adhônoy, Qui répond à l'heure de détresse ».

Notre formulation du « Rahém » de Tish´oh Ba`ov est celle qui est mentionnée dans le Talmoudh Yarousholmi7, et suit donc le Nousah `aras Yisro`él. La voici :

Aies pitié, `adhônoy notre Dieu, dans Tes abondantes miséricordes et Tes grâces véritables de nous, d'Israël Ton peuple, de Jérusalem Ta ville, de Sion Ta glorieuse résidence, et de la ville du deuil, de la ruine, de la destruction et de la désolation, qui a été remise entre les mains des étrangers, que les méchants ont dévastée, que des légions étrangères ont héritée, et que des idolâtres ont profanée. C'est à Israël Ton peuple que Tu l'as accordée en héritage, et Tu l'a léguée en héritage aux descendants de Yashouroun. Mais voici, Tu l'as détruite par le feu, et Tu la rebâtiras par le feu, ainsi qu'il est dit8 : « Et Moi, Je lui serai, dit `adhônoy, une muraille de feu tout autour, et Je serai un sujet de gloire au milieu d'elle ».
רַחֵם יהוה אֱלֹהֵינוּ, בְּרַחֲמֶיךָ הָרַבִּים וּבַחֲסָדֶיךָ הַנֶּאֱמָנִים, עָלֵינוּ וְעַל יִשְׂרָאֵל עַמָּךְ, וְעַל יְרוּשָׁלַיִם עִירָךְ וְעַל צִיּוֹן מִשְׁכָּן כְּבוֹדָךְ, וְעַל הָעִיר הָאֲבֵלָה וְהַהֲרוּסָה וְהַשּׁוֹמֵמָה, הַנְּתוּנָה בְּיַד זָרִים, הָרְמוּסָה בְּיַד עֲרִיצִים. וַיְּבַלְּעוּהָ לֶגְיוֹנוֹת, וַיְּחַלְּלוּהָ עוֹבְדֵי פְסִלִּים. וּלְיִשְׂרָאֵל עַמָּךְ נְתַתָּהּ נַחֲלָה, וּלְזֶרַע יְשׁוּרוּן יְרוּשָׁה הוֹרַשְׁתָּהּ, כִּי בָאֵשׁ הֵצַתָּהּ, וּבָאֵשׁ אַתָּה עָתִיד לִבְנוֹתָהּ, כָּאָמוּר: וַאֲנִי אֶהְיֶה לָּהּ נְאֻם יהוה, חוֹמַת אֵשׁ סָבִיב, וּלְכָבוֹד אֶהְיֶה בְתוֹכָהּ

  1. Qu'ajoute-t-on dans les Shamônah ´asréh durant les saisons de pluie et durant l'été ? Et à partir de quand et jusqu'à quand ?

17. Toute la saison des pluies on dit dans la deuxième bénédiction « Môridh Haggasham », et toute la saison de chaleur « Môridh Hattol ». À partir de quand dit-on « Môridh Haggasham » ? À partir de la Tafillath Hammousofin du dernier Yôm Tôv de la Fête, jusqu'à la Tafillath Shahrith du premier Yôm Tôv de Pésah. Et à partir de la Tafillath Hammousofin du premier Yôm Tôv de Pésah, on dit « Môridh Hattol ».
יז  כָּל יְמוֹת הַגְּשָׁמִים, אוֹמֵר בִּבְרָכָה שְׁנִיָּה מוֹרִיד הַגֶּשֶׁם; וּבִימוֹת הַחַמָּה, מוֹרִיד הַטָּל. מֵאֵימָתַי אוֹמֵר מוֹרִיד הַגֶּשֶׁם--מִתְּפִלַּת הַמּוּסָפִין שֶׁלְּיוֹם טוֹב הָאַחֲרוֹן שֶׁלֶּחָג, עַד תְּפִלַּת שַׁחְרִית שֶׁלְּיוֹם טוֹב הָרִאשׁוֹן שֶׁלַּפֶּסַח; וּמִתְּפִלַּת הַמּוּסָפִין שֶׁלְּיוֹם טוֹב הָרִאשׁוֹן שֶׁלַּפֶּסַח, אוֹמֵר מוֹרִיד הַטָּל
Toute la saison des pluies on dit dans la deuxième bénédiction « Môridh Haggasham » : C'est-à-dire, « Qui fait tomber la pluie ».

C'est la Mishnoh9 elle-même qui exige que l'on rajoute une mention de la pluie dans la deuxième bénédiction des Shamônah ´asréh.

et toute la saison de chaleur « Môridh Hattol » : C'est-à-dire, « Qui fait tomber la rosée ».

Il convient de préciser que le Talmoudh10 déclare que contrairement à la pluie (qu'il est obligé de mentionner durant la saison des pluies), il n'y a pas d'obligation de mentionner la rosée ou le vent, mais que celui qui désire le faire en a le droit. Ainsi, durant la saison des pluies, on pourra soit dire מוֹרִיד הַגֶּשֶׁם « Môridh Haggasham – Qui fait tomber la pluie », comme le rapporte ici le Ramba''m, soit מַשִּׁיב הָרוּחַ וּמוֹרִיד הַגֶּשֶׁם « Mashiv Horouah Oumôridh Haggasham – Qui fait souffler le vent et fait tomber la pluie », si on désire ajouter une mention au vent. De même, on été, on pourra soit faire le choix de ne rien ajouter du tout dans la deuxième bénédiction, soit d'ajouter les mots מוֹרִיד הַטָּל « Môridh Hattol – Qui fait tomber la rosée », comme le préconise ici le Ramba''m, soit encore de plutôt dire מַשִּׁיב הָרוּחַ וּמוֹרִיד הַטָּל « Mashiv Horouah Oumôridh Hattol – Qui fait souffler le vent et fait tomber la rosée », si on désire faire à la fois mention du vent et de la rosée.

Le Talmoudh explique que la raison pour laquelle faire mention de le rosée ou du vent n'est pas du tout une obligation (mais est laissé à l'appréciation de chacun) est que le monde ne manque de toute façon jamais de rosée ou de vent. Par contre, durant la saison des pluies, faire mention de la pluie est obligatoire, car la pluie ne tombe pas systématiquement et on n'en a besoin qu'à des périodes bien spécifiques de l'année et non toute l'année.

À partir de quand dit-on « Môridh Haggasham » ? À partir de la Tafillath Hammousofin du dernier Yôm Tôv de la Fête : Le terme הָחָג « Hohogh – la Fête » désigne toujours, dans la littérature talmudique, la fête de Soukkôth. Elle est désignée ainsi, car c'est la seule fête pour laquelle la Tôroh nous dit explicitement que nous devons nous y réjouir. C'est donc la fête par excellence. Ainsi, ce que nous dit ici le Ramba''m, c'est que c'est à partir de la prière de Mousof de Shamini ´asarath, qui est le dernier jour de Yôm Tôv de Soukkôth, que l'on doit ajouter dans la deuxième bénédiction de la ´amidhoh une mention de la pluie.

La Mishnoh11 rapporte une divergence d'opinion à ce sujet entre Rébbi `ali´azar ז״ל, pour qui on commence à mentionner la pluie le premier Yôm Tôv de la fête de Soukkôth, et Rébbi Yahoudhoh ז״ל, pour qui on ne commence à le faire qu'à partir du dernier Yôm Tôv de la fête (Shamini ´asarath). La Halokhoh suit l'opinion de Rébbi Yahoudhoh. Bien que le premier jour de Soukkôth marque effectivement le début halakhique de la saison des pluies, nous n'en faisons mention qu'à partir du dernier jour de Yôm Tôv de la fête, car de la pluie durant la fête de Soukkôth n'est pas une bonne chose.

jusqu'à la Tafillath Shahrith du premier Yôm Tôv de Pésah : La Mishnoh déclare que de la pluie après cette date-là n'est pas une bonne chose non plus, d'où le fait qu'on cesse à partir de là toute référence à la pluie. C'est ce jour qui marque le début halakhique de la saison d'été

Au Chapitre 10, le Ramba''m indiquera ce qu'il faut faire au cas où l'on aurait oublié d'ajouter « Môridh Haggasham » ou « Môridh Hattol ».

Et à partir de la Tafillath Hammousofin du premier Yôm Tôv de Pésah, on dit « Môridh Hattol » : Pésah marquant le début halakhique de la saison d'été, il ne convient plus de mentionner la pluie. Mais attention, comme nous l'avons rapporté plus haut, il n'y a pas d'obligation en soi de faire mention de la rosée. C'est ainsi que le Talmoudh12 tranche que si quelqu'un a oublié de mentionner la rosée en été, il ne doit pas recommencer la prière (mais s'il a mentionné la pluie en été, il devra la recommencer).
18. À partir de sept jours dans [le mois de] Marahshawon on demande les pluies dans la bénédiction des années tout le temps que l'on mentionne la pluie. Dans quel cas les paroles susmentionnées s'appliquent-elles ? En `aras Yisro`él. Mais à Shin´or, en Syrie, en Égypte, et les endroits qui leur sont adjacents ou qui leur ressemblent, on demande les pluies le soixantième jour après l'équinoxe de Tishri.
יח  מִשִּׁבְעָה יָמִים בִּמְרַחְשְׁוָן, שׁוֹאֲלִין אֶת הַגְּשָׁמִים בְּבִרְכַת הַשָּׁנִים, כָּל זְמָן שֶׁמַּזְכִּיר הַגֶּשֶׁם. בַּמֶּה דְּבָרִים אֲמוּרִים, בְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל; אֲבָל בְּשִׁנְעָר וּבְסוּרְיָה וּמִצְרַיִם וּמְקוֹמוֹת הַסְּמוּכוֹת לְאֵלּוּ וְהַדּוֹמִין לָהֶן, שׁוֹאֲלִין אֶת הַגְּשָׁמִים בְּיוֹם שִׁשִּׁים אַחַר תְּקוּפַת תִּשְׁרִי
À partir de sept jours dans [le mois de] Marahshawon : Voici ce que nous lisons dans la Mishnoh13 : בג' במרחשון שואלין את הגשמים רבן גמליאל אומר בשבעה בו ט"ו יום אחר החג כדי שיגיע אחרון שבישראל לנהר פרת « Le troisième jour de Marahshawon, on demande les pluies. Rabban Gamli`él dit : ''Le septième jour, quinze jour après la Fête, afin que le dernier des Israélites puisse atteindre l'Euphrate'' ». Soukkôth était une fête de pèlerinage pour laquelle tous les Israélites montaient à Jérusalem. Normalement, d'après la Halokhoh et le cycle des saisons, c'est à partir du 3 Marahshawon que l'on doit commencer à demander la pluie. Mais afin de permettre à tous les Israélites venus de Babylone de pouvoir arriver chez eux, plutôt que de prier en voyage (les trajets prenaient beaucoup plus de temps qu'aujourd'hui, ne l'oubliez pas), il fut décidé de s'aligner sur l'avis de Rabban Gamli`él, permettant de ne commencer à demander la pluie qu'à partir du 7 Marahshawon.

D'une certaine manière, de par ce passage, nous pouvons conclure qu'à notre époque, où nous ne pélérinons plus vers la Ville Sainte, et où les trajets prennent beaucoup moins de temps, ceux qui sont en Terre Sainte doivent commencer à demander la pluie à partir du 3 et non plus du 7 Marahshawon.

on demande les pluies : Bien que nous faisons mention de la pluie dans la deuxième bénédiction des Shamônah ´asréh depuis le dernier jour de Soukkôth (voir Halokhoh précédente), nous ne demandons concrètement la tombée de la pluie que plus tard. Faire mention du fait qu'HaShem est Celui qui fait tomber la pluie n'est pas la même chose que de Lui demander de la faire tomber !

La formule par laquelle nous demander la tomber de la pluie est soit, וְתֵן מָטָר עַל פְּנֵי הָאֲדָמָה « Wathén Motor ´al Pané Ho`adhomoh – et accorde la pluie à la surface de la terre », soit וְתֵן טָל וּמָטָר עַל פְּנֵי הָאֲדָמָה « Wathén Tol Oumotor ´al Pané Ho`adhomoh – et accorde la rosée et la pluie à la surface de la terre », si on on désire mentionner la rosée (voir la Halokhoh précédente, où nous avons expliqué que mentionner la rosée ou le vent n'est pas une obligation).

dans la bénédiction des années : Qui est la neuvième des bénédictions des Shamônah ´asréh. C'est ce qui est tranché dans la Mishnoh.14

tout le temps que l'on mentionne la pluie : C'est-à-dire que l'on continue à demander la pluie tout le temps que l'on dira « Môridh Haggasham ». En d'autres mots, jusqu'au premier jour de Pésah. C'est ce qui est rapporté dans la Mishnoh15 au nom de Rébbi Yahoudhoh (une autre opinion est qu'on doit attendre que tout le mois de Nison soit passé pour ne plus demander la pluie, mais cette opinion est rejetée). La Gamoro`16 précise que cela signifie que l'on demande la pluie jusqu'à la conclusion du Mousof du premier jour de Yôm Tôv de Pésah.

Dans quel cas les paroles susmentionnées s'appliquent-elles : C'est-à-dire, dans quel cas dit-on que l'on doit commencer à demander la pluie à partir du 7 Marahshawon ?

En `aras Yisro`él : Dans son Commentaire sur la Mishnoh, le Ramba''m explique que toutes les lois mentionnées dans le traité Ta´anith concernant le moment approprié pour demander la pluie et organiser des jeûnes communautaires s'il manque de pluies ne s'appliquent qu'en `aras Yisro`él et les pays ayant un climat similaire à celui de `aras Yisro`él.

Mais à Shin´or : Un terme qui désigne la Babylonie.17

en Syrie, en Égypte, et les endroits qui leur sont adjacents ou qui leur ressemblent, on demande les pluies le soixantième jour après l'équinoxe de Tishri : C'est-à-dire, l'équinoxe d'Automne.

Cette Halokhoh est basée sur Ta´anith 10a, qui déclare que dans ces pays-là, la demande pour la pluie ne doit se faire que 60 jours après l'équinoxe d'Automne, parce que c'est seulement à ce moment-là que les pluies commenceront à tomber.

Nous apprenons de là que contrairement à la pratique majoritaire d'aujourd'hui (défendue notamment par le Shoulhon ´oroukh18) qui consiste à faire commencer le moment de la demande des pluies pour toutes les communautés juives de la Diaspora à la même date que cela se faisait à Babylone du temps des Ga`ônim et Ri`shônim, chaque communauté de la Diaspora doit en fait commencer à demander les pluies à la date où commence généralement la saison des pluies ou l'hiver chez elle, ou lorsqu'elle a besoin de pluie chez elle en raison des fortes chaleurs. Il n'y a donc pas de date standard pour tout le monde. Et le Ramba''m le rendra plus clair encore dans la Halokhoh suivante. C'est pourquoi, le Ro`''sh19 ז״ל accepta que l'on prie pour la pluie en été dans des pays comme l'Espagne ou l'Allemagne, où le climat nécessite qu'il y ait de la pluie. De même, étant donné que les récoltes dans son pays allaient gravement être endommagées si de la pluie ne tombait pas au moins jusqu'à fin Novembre, il encouragea la pratique suivie en Provence consistant à demander la pluie en Marahshawon. Il en est de même pour les Juifs qui vivent actuellement dans l’hémisphère Sud, où la saison des pluies coïncide avec notre été.
19. Les localités qui ont besoin des pluies durant la saison d'été, comme par exemple les îles lointaines, demandent les pluies au moment où elles en ont besoin dans Shôméa´ Tafilloh. Les localités où l'on observe deux jours de Yôm Tôv, on dit « Môridh Haggasham » dans la Tafillath Mousof du premier jour de Shamini ´asarath, et on continue à prier ainsi toute la saison des pluies.
יט  מְקוֹמוֹת שְׁהֶן צְרִיכִים לַגְּשָׁמִים בִּימוֹת הַחַמָּה, כְּגוֹן אִיֵּי הַיָּם הָרְחוֹקִים--שׁוֹאֲלִין אֶת הַגְּשָׁמִים בְּעֵת שְׁהֶן צְרִיכִין לָהֶן, בְּשׁוֹמֵעַ תְּפִלָּה. וּמְקוֹמוֹת שְׁהֶן עוֹשִׂין יוֹם טוֹב שְׁנֵי יָמִים--אוֹמֵר מוֹרִיד הַגֶּשֶׁם בִּתְפִלַּת מוּסָף שֶׁלְּיוֹם רִאשׁוֹן שֶׁלִּשְׁמִינִי עֲצֶרֶת, וּמִתְפַּלֵּל וְהוֹלֵךְ כָּל יְמוֹת הַגְּשָׁמִים
Les localités qui ont besoin des pluies durant la saison d'été, comme par exemple les îles lointaines : Et il n'y a pas d'exception. C'est-à-dire que cette Halokhoh s'applique réellement à tout pays ou endroit de la planète où l'on a besoin de pluie en été à cause du climat, ou dans le climat est diamétralement différent de celui de la Terre Sainte, comme par exemple les pays de l’hémisphère Sud.20

demandent les pluies au moment où elles en ont besoin : Peu importe le moment de l'année où nous sommes.

dans Shôméa´ Tafilloh : Qui est la quinzième bénédiction des Shamônah ´asréh.

C'est ce que tranche le Talmoudh21, au nom de Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל, lorsque les habitants de Ninwéh, qui avaient besoin de pluie en plein mois de Tammouz (Juillet-Août), lui soumirent la question de savoir s'ils pouvaient demander la pluie à ce moment-là, et si oui, dans quelle bénédiction.

En d'autres mots, lorsqu'on se trouve dans une localité au climat similaire à celui de `aras Yisro`él, et que l'on a donc besoin de pluie au même moment que durant la saison des pluies de `aras Yisro`él, la demande doit se faire dans la neuvième bénédiction des Shamônah ´asréh, comme en `aras Yisro`él. Mais si on a besoin de pluie en-dehors de la période prévue pour la pluie, ou que l'on vit dans une localité au climat diamétralement différent de celui de `aras Yisro`él, on fera alors la demande dans la quinzième bénédiction.

Les localités où l'on observe deux jours de Yôm Tôv : Ce qui est le cas de la majorité des villes de la Diaspora et de certaines villes en `aras Yisro`él, où à l'origine, il existait un doute dans le calendrier.22

on dit « Môridh Haggasham » dans la Tafillath Mousof du premier jour de Shamini ´asarath, et on continue à prier ainsi toute la saison des pluies : Tel est ce qui a été tranché dans le Talmoudh.23

  1. Quelles modifications apporte-t-on aux Shamônah ´asréh durant les dix jours entre Rô`sh Hashonoh et Yôm Hakkippourim ?

20. Toute l'année, on conclut la troisième bénédiction par « Ho`él Haqqodhôsh » et la onzième bénédiction par « Malakh `ôhév Sadhoqoh Oumishpot ». Mais durant les dix jours qui vont de Rô`sh Hashonoh jusqu'à la sortie de Yôm Hakkippourim, on conclut la troisième [bénédiction] par « Hammalakh Haqqodhôsh » et la onzième par « Hammalakh Hammishpot ».
כ  כָּל הַשָּׁנָה כֻּלָּהּ--חוֹתֵם בִּבְרָכָה שְׁלִישִׁית, הָאֵל הַקָּדוֹשׁ; וּבְבִרְכַת אַחַת עֶשְׂרֵה, מֶלֶךְ אוֹהֵב צְדָקָה וּמִשְׁפָּט. וּבַעֲשֶׂרֶת הַיָּמִים שֶׁמֵּרֹאשׁ הַשָּׁנָה עַד מוֹצָאֵי יוֹם הַכִּפּוּרִים--חוֹתֵם בִּשְׁלִישִׁית, הַמֶּלֶךְ הַקָּדוֹשׁ; וּבְאַחַת עֶשְׂרֵה, הַמֶּלֶךְ הַמִּשְׁפָּט
C'est ce qui est tranché dans le Talmoudh.24

Nous avions abondamment traité de ce sujet dans l'article intitulé « Les ajouts dans les Shamônah ´asréh de la période des Dix Jours ».

Les lois relatives aux cas où l'on a oublié d'opérer ces changements seront traitées par le Ramba''m au Chapitre 10.
21. Il y a des localités qui sont accoutumées durant ces dix jours à ajouter dans la première bénédiction « Zokhrénou Lahayim, etc. » et dans la deuxième « Mi Khomôkho `ov Horahamon, etc. ». Elles ajoutent [ausi] dans la dix-huitième bénédiction « Zakhôr Rahamakho, etc. », et elles ajoutent dans la dernière bénédiction « Ouvséfar Hayim, etc. ». De même, il y a des localités qui sont accoutumées à ajouter durant ces dix jours dans la troisième bénédiction « Ouvakhén, etc., Ouvakhén, etc. ». Mais à Rô`sh Hashonoh et à Yôm Hakkippourim, la coutume universelle consiste à ajouter « Ouvakhén, etc., Ouvakhén, etc. » dans la troisième [bénédiction].
כא  יֵשׁ מְקוֹמוֹת שֶׁנָּהֲגוּ בַּעֲשֶׂרֶת יָמִים אֵלּוּ לְהוֹסִיף בִּבְרָכָה רִאשׁוֹנָה, זָכְרֵנוּ לְחַיִּים ...; וּבִשְׁנִיָּה, מִי כָּמוֹךָ אָב הָרַחֲמָן ...; וּמוֹסִיפִין בְּבִרְכַת שְׁמוֹנֶה עֶשְׂרֵה, זְכֹר רַחֲמֶיךָ ...; וּמוֹסִיפִין בִּבְרָכָה אַחֲרוֹנָה, וּבְסֵפֶר חַיִּים ... וְכֵן יֵשׁ מְקוֹמוֹת שֶׁנָּהֲגוּ לְהוֹסִיף בַּעֲשֶׂרֶת יָמִים אֵלּוּ בִּבְרָכָה שְׁלִישִׁית, וּבְכֵן ... וּבְכֵן ...; אֲבָל בְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה וְיוֹם הַכִּפּוּרִים, מִנְהָג פָּשׁוּט הוּא לְהוֹסִיף בִּשְׁלִישִׁית, וּבְכֵן... וּבְכֵן
Aucun de ces ajouts n'est talmudique ; il ne s'agit que de coutumes, pas d'obligations. Néanmoins, sur la base de la Gamoro` de Barokhôth 34a, qui interdit d'ajouter des requêtes dans les trois premières et trois dernières bénédictions des Shamônah ´asréh, ces ajouts peuvent être problématiques. Nous en avions parlé dans l'article susmentionné.

Concluons en précisant que ce n'est pas parce que le Ramba''m rapporte certaines coutumes que cela signifie qu'il les approuve. C'est ainsi que dans son Siddour, il ne les inclut pas du tout !

Fin du Chapitre 2 !

1Ta´anith 13b
2Ibid.
3Barokhôth 4:3 ; Ta´anith 2:2
4´avôdhoh Zoroh 8a
5Barokhôth 4:3 ; Ta´anith 2:2
6Tahillim 107:28
7Barokhôth 4:3 ; Ta´anith 2:2
8Zakharyoh 2:9
9Barokhôth 33a
10Ta´anith 3a
11Ibid., 2a
12Ibid., 3b
13Ibid., 10a
14Barokhôth 33a
15Ta´anith 5a
16Ibid., 5b
17Voir le Targoum `ônqalôs
18`ôrah Hayim 117:1
19Voir dans le Tour et le Béth Yôséf, `ôrah Hayim 117
20Voir le Ramba''m, Commentaire sur la Mishnoh, Ta´anith 1:3
21Ta´anith 14b
22Voir Hilkôth Qiddoush Hahôdhash Chapitre 9
23Ta´anith 4b

24Barokhôth 12b
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