ב״ה
Jouer
à la loterie
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Question :
Je
voudrais savoir Est-ce qu'il nous est permis de jouer à un jeu de
hasard, comme au loto par exemple, sans pour autant mettre tous ses
bénéfices et salaires dans ces jeux. Mais halakhiquement parlant
est-ce que cela nous est permis ?
Réponse :
Voilà
une question très intéressante.
Beaucoup
de religieux font l'erreur de croire que jouer à la loterie est
interdit d'un point de vue halakhique, et ils s'appuient en cela sur
la Mishnoh1
qui déclare que celui qui joue aux dés n'est plus valable en tant
que témoin. La Gamoro` commente cette Mishnoh et donne deux raisons
à l'interdiction des jeux de hasard qui impliquent de l'argent ou
des biens : la est que les joueurs n'acquièrent pas l'argent
les uns des autres de bon cœur, mais jouent uniquement à des fins
de l'emporter. Lorsque quelqu'un perd et donne son argent à l'autre
joueur, on ne considère pas qu'il a renoncé à son argent de bon
cœur mais par contrainte. Si tel le cas, on s'empare de l'argent de
quelqu'un qui ne voulait pas vraiment y renoncer mais qui a impliqué
son argent uniquement en tant que `asmakhto` (engagement
conditionnel). Or, engager quelque chose en tant que `asmakhto`
n’équivaut pas à un engagement de plein droit. Par conséquent,
lui prendre son argent équivaut à de la גְּנֵבָה
« Ganévoh »
(vol). La deuxième raison est qu'il n'est pas édifiant de gagner sa
vie de la sorte, sans travailler. Ainsi, si quelqu'un a une
profession fixe et ne joue que de façon occasionnelle à ce genre de
jeux, il ne peut pas être invalidé comme témoin.
Mais
tout cela ne s'applique qu'aux jeux de hasard et aux paris entre
personnes lorsqu'il y a de l'argent ou des biens d'autrui en jeu. On
ne peut appliquer cela aux loteries nationales. Pourquoi ?
Premièrement, la loterie nationale cède cet argent aux gagnants de
bon cœur, puisque le but de la loterie nationale est justement que
des gens puissent gagner de l'argent. De ce fait, l'argent de la
loterie nationale n'est pas non plus engagé en tant que `asmakhto`.
Ainsi, il n'y a ni Ganévoh ni `asmakhto`, et jouer à la loterie ne
peut donc pas du tout être comparé au fait de jouer aux dés ou à
des jeux de paris entre amis.
Deuxièmement,
celui qui joue à la loterie cède son argent avant même le tirage
au sort. Par conséquent, il a déjà cédé ce qu'il pourrait perdre
(c'est-à-dire qu'il n'a pas engagé son argent comme `asmakhto` mais
comme quelque chose de définitif), ce qui fait que s'il perd le
gagnant n'est pas en train de prendre quelque chose que le perdant
n'avait pas vraiment cédé.
Troisièmement,
dans un jeu de loterie nationale il n'y a pas du tout de compétition
entre deux joueurs (ou plus), contrairement aux jeux de dés et de
cartes. Plutôt, c'est un processus complètement aléatoire, et il
n'y a donc pas de `asmakhto` lorsque le joueur joue à quelque chose
d'aléatoire qui ne nécessite aucune habilité particulière.
Ainsi,
d'un point de vue strictement halakhique, il n'est pas défendu de
jouer au loto ou autres jeux de la loterie nationale.
Tout
cela étant dit, il est démontré que ce genre de jeux peuvent
causer une grave addiction, de sorte que certaines personnes
s'endettent réellement à force d'acheter des tickets de loterie.
Par conséquent, il convient de le faire avec modération et ne pas
dépenser tout son argent dans ce genre d’activités. D'ailleurs,
le Talmoudh enseigne que les gens qui ont l'habitude de parier et de
jouer à des jeux de hasard ne contribuent en rien à cette société
et font eux aussi partie de ceux qui ne peuvent pas être considérés
comme des témoins valables et recevables. Cela ne doit donc pas
devenir une chose habituelle, mais doit rester occasionnelle.
En
résumé :
La
Halokhoh interdit strictement tous les jeux de hasard et de paris
entre personnes qui impliquent de céder de l'argent ou des biens. La
raison à cela est que lorsque quelqu'un parie une certaine comme
d'argent ou un de ses biens, il n'abandonne jamais vraiment son
argent et son bien parce qu'il est convaincu de pouvoir gagner son
pari. Par conséquent, s'il perd son pari, la personne qui prend son
argent ou son bien est considérée comme une « voleuse »
parce qu'elle s'empare d'une chose que son propriétaire cède à
contrecœur.
Mais
la loterie nationale est différente parce que dès le moment où la
personne achète son ticket, elle a déjà cédé son argent et
accepté de le perdre, puisque l'argent qu'il a donné pour son
ticket ne peut plus lui être rendu. C'est une transaction financière
définitive à laquelle il consent de bon cœur et volontairement. En
outre, la loterie nationale cède son argent également de bon cœur
et volontairement, et est même ravie qu'il y ait des gagnants, sans
compter que le processus étant totalement aléatoire il n'y a pas de
réelle compétition entre les joueurs. Par conséquent, jouer à la
loterie n'est pas la même chose que jouer aux jeux de hasard et
paris dénoncés par le Talmoudh.
De
ce fait, il n'existe aucune source halakhique pouvant interdire
d'acheter un ticket de la loterie nationale. Il convient néanmoins
de faire preuve de modération afin de ne pas tomber dans l'addiction
et risquer d'investir tout son argent dans ces activités qui sont
totalement improductives pour la société lorsque l'on en fait une
habitude.
1Sanhédhrin
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