jeudi 24 novembre 2016

Jouer à la loterie

ב״ה

Jouer à la loterie


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Question :

Je voudrais savoir Est-ce qu'il nous est permis de jouer à un jeu de hasard, comme au loto par exemple, sans pour autant mettre tous ses bénéfices et salaires dans ces jeux. Mais halakhiquement parlant est-ce que cela nous est permis ?

Réponse :

Voilà une question très intéressante.

Beaucoup de religieux font l'erreur de croire que jouer à la loterie est interdit d'un point de vue halakhique, et ils s'appuient en cela sur la Mishnoh1 qui déclare que celui qui joue aux dés n'est plus valable en tant que témoin. La Gamoro` commente cette Mishnoh et donne deux raisons à l'interdiction des jeux de hasard qui impliquent de l'argent ou des biens : la est que les joueurs n'acquièrent pas l'argent les uns des autres de bon cœur, mais jouent uniquement à des fins de l'emporter. Lorsque quelqu'un perd et donne son argent à l'autre joueur, on ne considère pas qu'il a renoncé à son argent de bon cœur mais par contrainte. Si tel le cas, on s'empare de l'argent de quelqu'un qui ne voulait pas vraiment y renoncer mais qui a impliqué son argent uniquement en tant que `asmakhto` (engagement conditionnel). Or, engager quelque chose en tant que `asmakhto` n’équivaut pas à un engagement de plein droit. Par conséquent, lui prendre son argent équivaut à de la גְּנֵבָה « Ganévoh » (vol). La deuxième raison est qu'il n'est pas édifiant de gagner sa vie de la sorte, sans travailler. Ainsi, si quelqu'un a une profession fixe et ne joue que de façon occasionnelle à ce genre de jeux, il ne peut pas être invalidé comme témoin.

Mais tout cela ne s'applique qu'aux jeux de hasard et aux paris entre personnes lorsqu'il y a de l'argent ou des biens d'autrui en jeu. On ne peut appliquer cela aux loteries nationales. Pourquoi ? Premièrement, la loterie nationale cède cet argent aux gagnants de bon cœur, puisque le but de la loterie nationale est justement que des gens puissent gagner de l'argent. De ce fait, l'argent de la loterie nationale n'est pas non plus engagé en tant que `asmakhto`. Ainsi, il n'y a ni Ganévoh ni `asmakhto`, et jouer à la loterie ne peut donc pas du tout être comparé au fait de jouer aux dés ou à des jeux de paris entre amis.

Deuxièmement, celui qui joue à la loterie cède son argent avant même le tirage au sort. Par conséquent, il a déjà cédé ce qu'il pourrait perdre (c'est-à-dire qu'il n'a pas engagé son argent comme `asmakhto` mais comme quelque chose de définitif), ce qui fait que s'il perd le gagnant n'est pas en train de prendre quelque chose que le perdant n'avait pas vraiment cédé.

Troisièmement, dans un jeu de loterie nationale il n'y a pas du tout de compétition entre deux joueurs (ou plus), contrairement aux jeux de dés et de cartes. Plutôt, c'est un processus complètement aléatoire, et il n'y a donc pas de `asmakhto` lorsque le joueur joue à quelque chose d'aléatoire qui ne nécessite aucune habilité particulière.

Ainsi, d'un point de vue strictement halakhique, il n'est pas défendu de jouer au loto ou autres jeux de la loterie nationale.

Tout cela étant dit, il est démontré que ce genre de jeux peuvent causer une grave addiction, de sorte que certaines personnes s'endettent réellement à force d'acheter des tickets de loterie. Par conséquent, il convient de le faire avec modération et ne pas dépenser tout son argent dans ce genre d’activités. D'ailleurs, le Talmoudh enseigne que les gens qui ont l'habitude de parier et de jouer à des jeux de hasard ne contribuent en rien à cette société et font eux aussi partie de ceux qui ne peuvent pas être considérés comme des témoins valables et recevables. Cela ne doit donc pas devenir une chose habituelle, mais doit rester occasionnelle.

En résumé :

La Halokhoh interdit strictement tous les jeux de hasard et de paris entre personnes qui impliquent de céder de l'argent ou des biens. La raison à cela est que lorsque quelqu'un parie une certaine comme d'argent ou un de ses biens, il n'abandonne jamais vraiment son argent et son bien parce qu'il est convaincu de pouvoir gagner son pari. Par conséquent, s'il perd son pari, la personne qui prend son argent ou son bien est considérée comme une « voleuse » parce qu'elle s'empare d'une chose que son propriétaire cède à contrecœur.

Mais la loterie nationale est différente parce que dès le moment où la personne achète son ticket, elle a déjà cédé son argent et accepté de le perdre, puisque l'argent qu'il a donné pour son ticket ne peut plus lui être rendu. C'est une transaction financière définitive à laquelle il consent de bon cœur et volontairement. En outre, la loterie nationale cède son argent également de bon cœur et volontairement, et est même ravie qu'il y ait des gagnants, sans compter que le processus étant totalement aléatoire il n'y a pas de réelle compétition entre les joueurs. Par conséquent, jouer à la loterie n'est pas la même chose que jouer aux jeux de hasard et paris dénoncés par le Talmoudh.

De ce fait, il n'existe aucune source halakhique pouvant interdire d'acheter un ticket de la loterie nationale. Il convient néanmoins de faire preuve de modération afin de ne pas tomber dans l'addiction et risquer d'investir tout son argent dans ces activités qui sont totalement improductives pour la société lorsque l'on en fait une habitude.


1Sanhédhrin 34:2
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