dimanche 27 décembre 2015

Les rapports oraux sont-ils permis ou pas ?

ב״ה

Les rapports oraux sont-ils permis ou pas ?

Illustration : Un couple nouvellement marié, l'épouse tenant en main une grenade d'or, symbole d'un souhait de fécondité

Cet article peut être téléchargé ici.

À la lecture des articles intitulés « Sodomie et Halokhoh » et « Le péché de ´ér et `ônon », différentes personnes m'ont demandé si les rapports oraux (entre personnes mariées, évidemment) étaient autorisés dans le Judaïsme. D'autres m'ont demandé si la Halokhoh avait tranché la question, pourquoi y a-t-i divergence. Plutôt que de répondre chaque fois individuellement et me répéter, je vais donc rapporter ici des réponses qui se voudront les plus claires possibles.

Le point de départ pour répondre à ces questions est le passage suivant du Talmoudh1 :

Rébbi Yôhonon ban Dahabba`y a dit : « Les anges du ministère m'ont rapporté quatre choses : les gens naissent boiteux parce qu'ils (leurs parents) retournent leur table ; muets parce qu'ils embrassent cet endroit ; sourds parce qu'ils conversent durant les rapports sexuels ; aveugles parce qu'ils regardent cet endroit »... Rabbi Yôhonon a dit : « Ce sont là les paroles de Yôhonon ban Dahabba`y ! Mais les Sages ont dit : ''La Halokhoh n'est pas comme [le dit] Yôhonon ban Dahabba`y. Plutôt, tout ce qu'un homme désire faire avec sa femme, qu'il le fasse !'' ». Une parabole : de la viande qui vient de l'abattoir peut être consommée salée, rôtie, cuite [sur le feu] ou bouillie. De même en est-il du poisson [qui vient] du poissonnier. `amémor a dit : « Qui sont les anges du ministère ? Nos Rabbins !2 »... Une femme se présenta une fois devant Rébbi3 et dit : « Rébbi ! J'ai dressé une table devant mon mari, mais il l'a retournée ! » Rébbi répondit : « Ma fille ! La Tôroh le lui a permis ! Que puis-je faire pour toi ? ». Une femme se présenta une fois devant Rov et lui dit : « Rébbi ! J'ai dressé une table devant mon mari, mais il l'a retournée ! ». Rov répondit : « En quoi cela diffère-t-il d'un poisson ? ».
אמר רבי יוחנן בן דהבאי, ארבעה דברים סחו לי מלאכי השרת: חיגרין מפני מה הויין? מפני שהופכים את שולחנם. אילמים מפני מה הויין? מפני שמנשקים על אותו מקום. חרשים מפני מה הויין? מפני שמספרים בשעת תשמיש. סומין מפני מה הויין? מפני שמסתכלים באותו מקום...אמר רבי יוחנן: זו דברי יוחנן בן דהבאי. אבל אמרו חכמים: אין הלכה כיוחנן בן דהבאי, אלא כל מה שאדם רוצה לעשות באשתו – עושה. משל לבשר הבא מבית הטבח, רצה לאוכלו במלח – אוכלו, צלי – אוכלו, מבושל – אוכלו, שלוק – אוכלו; וכן דג הבא מבית הצייד. אמר אמימר: מאן מלאכי השרת? רבנן.... ההיא דאתאי לקמיה דרבי, אמרה לו: רבי, ערכתי לו שולחן והפכו! אמר לה: בתי, תורה התירתך, ואני מה אעשה ליך? ההיא דאתאי לקמיה דרב, אמרה לו: רבי, ערכתי לו שולחן והפכו! אמר: מאי שנא מן ביניתא

Rébbi Yôhonon ban Dahabba`y ז״ל était un illuminé friand de mysticisme, et sur base d'une prétendue révélation, il a interdit quatre choses :

  1. retourner la table (c'est-à-dire, avoir des rapports anaux),
  2. embrasser le vagin de son épouse,
  3. parler durant les rapports intimes, et
  4. regarder le vagin de son épouse.

Mais la Gamoro` stipule qu'il ne s'agissait là que de son opinion, qui est totalement rejetée par la Halokhoh qui fut énoncée sans ambiguïté et unanimement par nos Sages de mémoire bénie, à savoir, qu'un homme fait ce qu'il veut avec son épouse en matière de rapports sexuels. Il n'y aucune loi dans la Tôroh interdisant certaines pratiques au niveau de l'intimité conjugale. Ainsi, les quatre choses interdites par Rébbi Yôhonon ban Dahabba`y sont en réalité permise, ce qui inclut la permission pour un homme d'embrasser le vagin de son épouse (ce qu'on appelle communément « cunnilingus »). La Tôroh et le Talmoudh abordent librement ces sujets. Si cela fait partie de la Tôroh, et que la Tôroh est parfaite, pourquoi devrions-nous avoir honte d'en discuter ?

Fidèle à la Halokhoh telle qu'elle fut énoncée par nos Sages, le Ramba''m ז״ל écrit :

La femme d'un homme lui est permise. C'est pourquoi, un homme peut faire ce qu'il désire avec sa femme. Il peut avoir des relations comme il le désire, embrasser n'importe lequel des organes qu'il désire, avoir avec elle des relations de la façon ordinaire ou de la façon non ordinaire, ou avoir une intimité physique sans rapport sexuel.
אִשְׁתּוֹ שֶׁלָּאָדָם, מֻתֶּרֶת הִיא לוֹ; לְפִיכָּךְ כָּל מַה שֶׁאָדָם רוֹצֶה לַעֲשׂוֹת בְּאִשְׁתּוֹ, עוֹשֶׂה--בּוֹעֵל בְּכָל עֵת שֶׁיִּרְצֶה, וּמְנַשֵּׁק בְּכָל אֵבֶר שֶׁיִּרְצֶה, וּבָא עָלֶיהָ בֵּין כְּדַרְכָּהּ, בֵּין שֶׁלֹּא כְּדַרְכָּהּ, בֵּין דֶּרֶךְ אֵבָרִים

(Pour rappel, les rapports « de la façon ordinaire » désignent, dans le langage halakhique, les rapports vaginaux, tandis que les rapports « de la façon non ordinaire » désignent les rapports anaux ». Et lorsqu'il est dit « intimité physique sans rapport sexuel », on parle de caresses à des parties intimes et tout acte pouvant être désigné comme des « préliminaires ». Précisons que le Ramba''m ajoute que ceux qui veulent s'appliquer la rigueur et ne pas faire ces choses en ont le droit. Mais dans le même temps, les gens doivent savoir qu'elles sont permises.)

Nous voyons donc clairement la confirmation de la permissivité des rapports oraux d'un homme sur sa femme. S'il en est ainsi, pourquoi une grande partie des Juifs religieux l'interdisent-ils, alors que la Halokhoh ne laisse place à aucun doute ? Pour la simple raison qu'ils ne suivent pas HaZa''l mais plutôt le Shoulhon ´oroukh et la prétendue Qabboloh sur laquelle il s'appuie. En effet, voici ce qu'écrit Rabbi Yôséf Qa`rô dans son Shoulhon ´oroukh :

Il est interdit de regarder cet endroit, car quiconque regarde là est quelqu'un d'éhonté et transgresse [l'obligation de] « marcher pudiquement [avec Dieu »]4... Et évidemment, quiconque embrasse cet [endroit] transgresse tout cela, et plus encore, il transgresse l'interdiction de « vous ne rendrez pas abominables vos personnes ».
אסור להסתכל באותו מקום שכל המסתכל שם אין לו בושת פנים ועובר על "והצנע לכת"...וכל שכן הנושק שם שעובר על כל אלה ועוד שעובר על בל תשקצו את נפשותיכם

C'est l'une des plus grandes manipulations du Shoulhon ´oroukh, qui non seulement nous fait croire que l'opinion de Rébbi Yôhonon ban Dahabba`y est la Halokhoh, mais pire encore, il cite des versets bibliques manipulés pour soutenir de la véracité de ses propos. Or, comme nous l'avons démontré plus haut, non seulement la Halokhoh permet au mari de regarder et embrasser le vagin de son épouse, mais en plus cela n'est pas considéré « honteux » ou « dégoûtant » par la Tôroh, et donc, par HaShem Lui-même. Comment peut-il donc se permettre de manipuler ainsi la Halokhoh et des versets bibliques ? Et puisque la majorité des Juifs religieux prétendent qu'il y aurait une obligation de suivre le Shoulhon ´oroukh, et que les mouvements piétistes comme la Hasidhouth prétendent aspirer à la « sainteté » et « pureté » en s'imposant et en imposant aux autres des Houmrôth qu'ils font passer pour de la Halokhoh, la majorité des rabbins vous diront donc que les cunnilingus sont interdits par la Halokhoh, ce qui n'est pas le cas ! N'oubliez pas qu'il y a une interdiction biblique d'ajouter ou retrancher quoi que ce soit à la Tôroh. Or, interdire ce que la Tôroh a permis sans ambiguïté est clairement de la falsification de la Parole d'HaShem, ce qui est une faute très grave qui fait tomber dans la mécréance ! Tout cela nous montre l'importance d'analyser toute question à partir de sa source originelle (Tôroh et Talmoudh), et non pas à partir du Shoulhon ´oroukh ou autre livre de Rébbé que ce soit.

Notons que de nombreux rabbins passés ont contesté le Pasaq de Rabbi Yôséf Qa`rô, parmi lesquels le Ramo''` (Rabbi Môshah ´issarlès, 1520-1572, dont les gloses sont imprimées dans toutes les éditions du Shoulhon ´oroukh), le Halqath Mahôqqéq (Rabbi Môshah ban Yishoq Yahoudhoh Limo`, 1615-1670), ou encore le ´oroukh Hashoulhon (Rabbi Yahi`él Mikhél Halléwi Epstein, 1829-1908), qui permettent tous sans ambiguïté les cunnilingus, ainsi que le Ba''h (bien que ce dernier en décourage néanmoins la pratique). Plus récemment, citons aussi le Rov `avrohom Blumenkrantz (1944-2007), qui fut l'un des plus éminents rabbins Litvaqim américains du 20ème siècle, qui trancha que cette pratique ne causait aucune problème d'un point de vue de la Halokhoh. Il a ajouté qu'étant donné que cela a été permis et qu'un homme fait ce qu'il veut avec sa femme, l'argument qui voudrait que ce serait dégoûtant est irrecevable, et que les hommes ne sont généralement pas dégoûtés eux-mêmes par l'idée de stimuler oralement la vulve de leurs épouses.

Tout ce que nous avons dit était pertinent pour les rapports oraux d'un homme sur sa femme. Mais qu'en est-il dans le sens inverse ? En d'autres mots, une femme pourrait-elle faire une fellation à son mari ? Certains l'interdisent en disant que puisque répandre sa semence en vain est interdit, et qu'il y a de grandes chances que cela se produise avec ce genre de pratique, c'est par conséquent un acte interdit. Mais la réponse a été apportée dans l'article intitulé « Le péché de ´ér et `ônon », où nous avions expliqué que contrairement à la fausse idée répandue, lorsque la Halokhoh parle de מוֹצִיא זֶרַע לְבַטָלָה « répandre la semence en vain », cela fait référence à un vrai gaspillage de la semence, lorsqu'il n'y a absolument aucune nécessité de l'avoir déversée. Par contre, il est permis pour un homme d'éjaculer en-dehors du vagin ou de l'anus de sa femme si cela sert à l'accomplissement de la Miswoh de ´´ônoh (satisfaire sexuellement son épouse) et si cela fait plaisir à sa femme, car dans ces cas-là la semence n'est pas déversée en vain, mais pour une raison « constructive ». De ce fait, si les deux partenaires sont consentants, une femme peut stimuler oralement le pénis de son mari. Néanmoins, l'homme ne doit pas volontairement éjaculer dans sa bouche, comme le précise le Ramba''m dans ses responsas. (Cependant, si cela se produit par « accident », ce n'est pas considéré comme une faute.) D'après d'autres, ce n'est une faute que lorsque le mari éjacule généralement en-dehors des voies naturelles de sa femme.

1Nadhorim 20a-b
2La raison pour laquelle cette question est posée est que Yôhonon ban Dahabba`y a interdit ces quatre choses en prétextant que cela lui avait été révélé par des anges du ministère céleste. La Gamoro` réplique donc en faisant comprendre que la Halokhoh n'est pas tranchée suivant des prétendues révélations personnelles, mais suivant ce que les Sages ont dit, car depuis que la Tôroh a été donnée elle n'est plus dans le ciel
3Rébbi Yahoudhoh Hannosi`, le compilateur de la Mishnoh

4Mikhoh 6:8
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