ב״ה
Kawwonoh
dans la Tafilloh
Cet
article peut être téléchargé ici.
On
nous enseigne constamment l'importance d'avoir de la Kawwonoh dans la
Tafilloh. Mais quelqu'un a-t-il déjà pris la peine de nous
expliquer ce que cela voulait dire et comment y parvenir ?
Certains d'entre nous pourraient même en arriver à croire que la
Kawwonoh est quelque chose que très peu de gens sont réellement
capables d'avoir lorsqu'ils prient, et qu'il ne faut donc pas
insister dessus. Il suffit d'ailleurs de regarder autour de soi, à
la synagogue, pour remarquer tous ces gens qui ne prient pas
vraiment, ou pas du tout. Mais lorsqu'on jette un coup d’œil dans
les textes halakhiques, nous nous rendons compte qu'avoir de la
Kawwonoh dans la prière est une chose très importante, qui
détermine d'ailleurs si la prière faite est valable ou pas !
15.
La concentration du cœur,
comment [s'applique-t-elle] ? Toute prière qui est faite
sans concentration n'est pas une prière. Et si on a prié sans
concentration, on doit prier à nouveau avec concentration. Celui
dont l'esprit est préoccupée ou le cœur troublé, il lui est
interdit de prier jusqu'à ce que son esprit se soit apaisé.
C'est pourquoi, s'il revient d'un voyage et qu'il est fatigué ou
irrité, il lui est interdit de prier jusqu'à ce que son esprit
se soit apaisé. Les Sages ont dit2 :
« [On doit attendre même] trois jours, jusqu'à
ce qu'on se soit reposé et qu'on ait apaisé son esprit, et
seulement alors on prie ».
|
טו כַּוָּנַת
הַלֵּב כֵּיצַד:
כָּל
תְּפִלָּה שְׁאֵינָהּ בְּכַוָּנָה,
אֵינָהּ
תְּפִלָּה;
וְאִם
הִתְפַּלַּל בְּלֹא כַּוָּנָה,
חוֹזֵר
וּמִתְפַּלֵּל בְּכַוָּנָה.
מָצָא
דַּעְתּוֹ מְשֻׁבֶּשֶׁת וְלִבּוֹ
טָרוּד--אָסוּר
לוֹ לְהִתְפַּלַּל,
עַד
שֶׁתִּתְיַשַּׁב דַּעְתּוֹ.
לְפִיכָּךְ
הַבָּא מִן הַדֶּרֶךְ,
וְהוּא
עָיֵף אוֹ מֵצֵר--אָסוּר
לוֹ לְהִתְפַּלַּל,
עַד
שֶׁתִּתְיַשַּׁב דַּעְתּוֹ:
אָמְרוּ
חֲכָמִים,
שְׁלוֹשָׁה
יָמִים,
עַד
שֶׁיָּנוּחַ וְתִתְקָרַר דַּעְתּוֹ,
וְאַחַר
כָּךְ יִתְפַּלַּל
|
16.
Comment [comprendre] cette
concentration [qui est requise] ? C'est-à-dire que l'on doit
débarrasser son cœur de toutes pensées et se voir comme
quelqu'un qui se tient devant la Présence Divine. C'est pourquoi,
on doit s'asseoir un peu avant la prière, afin de concentrer son
cœur, seulement après on prie avec plaisir et supplications. On
ne doit pas faire sa prière comme quelqu'un qui porte un poids
dont il se débarrasse et s'en va. C'est pourquoi, on doit
s'asseoir un peu après la prière, et seulement après se
retirer. Les pieux d'autrefois avaient l'usage d'attendre une
heure avant la prière, une heure après la prière, et
s’étendaient dans la prière pendant une heure.
|
טז כֵּיצַד
הִיא הַכַּוָּנָה--שֶׁיְּפַנֶּה
לִבּוֹ מִכָּל הַמַּחְשָׁבוֹת,
וְיִרְאֶה
עַצְמוֹ כְּאִלּוּ הוּא עוֹמֵד לִפְנֵי
הַשְּׁכִינָה;
לְפִיכָּךְ
צָרִיךְ לֵישֵׁב מְעַט קֹדֶם הַתְּפִלָּה,
כְּדֵי
לְכַוַּן אֶת לִבּוֹ,
וְאַחַר
כָּךְ יִתְפַּלַּל,
בְּנַחַת
וּבְתַחֲנוּנִים.
וְלֹא
יַעֲשֶׂה תְּפִלָּתוֹ כְּמִי שֶׁהָיָה
נוֹשֵׂא מַשּׂאוּי,
מַשְׁלִיכוֹ
וְהוֹלֵךְ לוֹ;
לְפִיכָּךְ
צָרִיךְ לֵישֵׁב מְעַט אַחַר הַתְּפִלָּה,
וְאַחַר
כָּךְ יִפָּטֵר.
חֲסִידִים
הָרִאשׁוֹנִים הָיוּ שׁוֹהִין שָׁעָה
קֹדֶם הַתְּפִלָּה,
וְשָׁעָה
אַחַר הַתְּפִלָּה,
וּמַאֲרִיכִין
בַּתְּפִלָּה שָׁעָה
|
Il
convient de noter que chacun des points mentionnés ici par le
Ramba''m sont des Halokhôth rapportées dans le Talmoudh lui-même !
(Voir l'article intitulé « Les
lois relatives à la prière : Dixième Partie ».)
Par conséquent, ils constituent bien les règles à suivre. Que
voit-on ici ?
- Une ´amidhoh qui n'a pas été faite avec Kawwonoh n'est pas valable, et elle devra être recommencée avec une Kawwonoh appropriée. Or, simplement pour « respecter » la Miswoh de faire la ´amidhoh, beaucoup prient même sans Kawwonoh.
- Il est strictement interdit de faire la ´amidhoh si quelque chose nous trouble ou nous afflige. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle un endeuillé ne doit pas faire le Shama´, ni la ´amidhoh, depuis le moment où il a appris le décès jusqu'à ce que le corps du défunt ait été enterré.
- De même, faire la ´amidhoh en état de fatigue physique est interdit. La ´amidhoh n'est pas une Miswoh différente des autres. Toutes les Miswôth, sans exceptions, nécessitent une Kawwonoh pour être valables. C'est ainsi que, par exemple, même si un animal aurait été égorgé comme il faut, en suivant strictement les lois de la Shahitoh, et que la Barokhoh a même été récitée avant l'abattage rituel, si l'animal a été égorgé par un idolâtre il est interdit à tout Israélite d'en consommer la viande. Pourquoi ? Parce que lorsqu'il a dit « HaShem `alôhénou » dans la Barokhoh, il est certain qu'il ne pensait pas à HaShem ית׳ tel que nous Le concevons, mais tel que lui iLe perçoit dans sa foi idolâtre. De même en est-il de la ´amidhoh ; si l'esprit n'est pas concentré comme il faudrait, mais qu'on pense à autre chose, ou que l'on n'a tout simplement pas la force de penser correctement à HaShem (parce qu'on est fatigué, parce qu'on a mal aux pieds, que l'on est malade, préoccupé par autre chose, etc.), il n'est pas permis de prier, car la Kawwonoh est plus importante que l'acte en lui-même. C'est pourquoi nos Sages ont dit que chaque fois que quelqu'un voulait accomplir une Miswoh, mais que quelque chose d'indépendant de sa volonté l'en empêchait, HaShem la lui compte comme s'il l'avait accomplie !
- Quand on fait la ´amidhoh, on ne doit se focaliser que sur HaShem, et se considérer comme si on se tenait devant la Présence Divine elle-même. Or, beaucoup font la ´amidhoh en regardant autour d'eux ce qu'il se passe (car ils ne veulent rien manquer du spectacle autour d'eux) et n'ont clairement pas un comportement indiquant qu'ils se considèrent comme se tenant devant la Présence Divine.
- On ne doit pas faire la ´amidhoh en vitesse, ni s'en aller tout de suite après avoir terminé sa prière, car cela donne l'impression que la prière est un fardeau dont il faut se débarrasser vite fait bien fait, et une activité dont on est content de s'être acquitté aussitôt qu'elle a été accomplie. Inutile de dire que c'est ce que nous voyons tous les jours, avec des gens qui finissent la ´amidhoh aussi vite qu'ils ne l'ont commencée !
- Les pieux des premières générations ( חֲסִידִים הָרִאשׁוֹנִים « Hasidhim Hori`shônim ») prenaient le temps adéquat pour se préparer avant la ´amidhoh. Durant cette période de préparation, ils soignaient leurs tenus pour s'assurer qu'ils étaient propres, étant donné qu'on ne se présente pas devant un roi en étant sale, se débarrassaient des pensées étrangères, disaient quelques Tahillim ou chantaient) de façon à développer la crainte, l'admiration et l'amour d'HaShem (ce qui permet de prier plus aisément). Puis, ils prenaient le temps adéquat pour faire la ´amidhoh, car ils profitaient de la prière pour insérer toutes leurs requêtes personnelles et dire à HaShem tout ce qu'ils avaient sur le cœur. Et enfin, quand ils avaient terminé leur ´amidhoh, ils prenaient le temps adéquat pour méditer sur HaShem et Sa bonté, dire éventuellement des Tahillim supplémentaires, ou encore pour confesser leurs péchés devant HaShem, etc.
Dans
son Shoulhon ´oroukh3,
Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל
énumère
quatre étapes pour avoir une Kawwonoh appropriée. Les voici :
- המתפלל צריך שיכוין בלבו פירוש המלות שמוציא בשפתיו « Celui qui prie doit concentrer son cœur sur le sens des mots qui sortent de sa bouche » ;
- ויחשוב כאלו שכינה כנגדו « et il doit penser comme si la Présence Divine était devant lui » ;
- ויסיר כל המחשבות הטורדות אותו עד שתשאר מחשבתו וכוונתו זכה בתפלתו « et il doit retirer toutes les pensées qui le perturbent jusqu'à ce que ses pensées et intentions soient exclusivement focalisées sur sa prière » ;
- ויחשוב כאלו היה מדבר לפני מלך בשר ודם « et il doit penser comme s'il parlait devant un roi de chair et de sang ».
Trois
des quatre points susmentionnés ont été abordés par le Ramba''m
(le point 4 est un dérivé du point 2). Par conséquent, nous n'y
reviendrons pas. Par contre, nous pouvons nous pencher davantage sur
le point 1 (qui est également mentionné par le Ramba''m, mais pas
dans le passage susmentionné du Mishnéh Tôroh). La première étape
pour avoir la Kawwonoh lorsqu'on prie nécessite que celui qui prie
prenne l'engagement, à partir d'aujourd'hui, de ne plus réciter la
moindre prière dont il ne comprend pas le sens simple ! Par
conséquent, il convient d'encourager d'utiliser des traductions
françaises des prières. Nous devons considérer le fait que prier
ne signifie pas faire de la récitation, mais qu'il faut comprendre
le sens simple des paroles que l'on prononce, car les mots prononcés
sont le corps de la prière, tandis que la Kawwonoh est l'âme des
mots que l'on prononce ! Ainsi, prenez un temps pour passer en
revue le Siddour. La prière joue un rôle essentiel dans la vie de
l'Israélite, et est une activité si importante qu'elle ne doit pas
être négligée. Et pourtant, comment se peut-il que bon nombre
d'entre nous ne comprennent réellement pas les paroles des prières
faites ? En outre, combien d'entre nous connaissent la raison de
l'ordre des prières ? Savons-nous même quand est-ce que les
prières que nous faisons aujourd'hui furent composés et quand
est-ce qu'elles furent rajoutées dans le Siddour ? Sommes-nous
même au courant du fait qu'il existe des problèmes halakhiques
sérieux à faire certaines prières composées après l'ère
talmudique ? Peu d'entre nous peuvent répondre sincèrement par
un « Oui ! » à ces questions.
1Hilkôth
Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 4:15-16
2´érouvin
65a
3`ôrah
Hayim Chapitre 98