בס״ד
Mésôroh
VS Zôhar
Nous allons mentionner quelques passages non-ésotériques, ou plus précisément, moins
ésotériques, du Zôhar, qui est considéré comme étant l'ouvrage
le plus fondamental et plus influent de la « Qabboloh ».
Les
parties choisies ne se rapportent qu'à ce qui pourrait être
décrit comme des « règles de conduite » (Halokhoh
ou Minhog), des leçons morales et étiques, ainsi que des
enseignements provenant soi-disant des Sages. Plusieurs de ces
passages cités se retrouvent, sous une forme ou une autre, dans
d'autres sources juives classiques, et plus particulièrement
l'édition babylonienne du Talmoud, tandis que d'autres sont
des Hîddoushîm (innovations) n'ayant aucune source dans le
Judaïsme, voire même contradictoire avec la Halokhoh.
Il
convient donc d'indiquer dès le départ que l'exégèse biblique
pure a été évitée, en dépit du fait que le Zôhar fut rédigé
avant tout sous la forme d'un commentaire sur la Tôroh. N'ont
également pas été inclus les passages qui traitent de concepts
« kabbalistiques » considérés être fondamentaux par
leurs adeptes, comme les Séfîrôth, les Émanations, le symbolisme
de la matière et des couleurs, la Shékhînoh, les sphères
supérieures et inférieures, les définitions du Gan 'Édèn
et du Géhéinnom, l'angiologie, le concept des « Grades »,
la Sitro` Ahro`, le Mâle et la Femelle, la Droite et la
Gauche, les Attributs Divins, le Char Céleste, les permutations des
lettres, etc.
REMARQUE :
- Chaque passage est précédé d'une référence de la page où il apparaît dans l'édition Mantua du Zôhar. Ainsi, les références peuvent varier d'autres éditions du Zôhar.
À
cause de l'ambiguïté du texte concernant le narrateur, les passages seront cités de façon anonyme, bien que la majorité du
Zôhar soit attribuée à Rabbî Shim'on bèn Yoho`y זצ״ל
(ce
qui est impossible, comme nous l'avions expliqué brièvement ici).
Nous
ne sommes pas dans l'obligation d'accepter comme des vérités
toraniques quoi que ce soit ayant été écrit dans un livre
religieux juif, si ce n'est ce qui se trouve dans le Houmash
de Môshèh Rabbénou ע״ה
(les
Cinq Livres de la Tôroh), les Névî`îm (les Prophètes), les
Kéthouvîm (Hagiographes) et la Tôroh Shèbé'al Pèh (le
Talmoud1).
Étant donné que nous n'avons reçu que ces enseignements-là au
Mont Sinaï par la bouche de Môshèh Rabbénou, seules ces sources
constituent des vérités toraniques absolues. Par conséquent, des
notions et pratiques rapportées dans le Zôhar, la « Qabboloh »
ou toute autre œuvre humaine, n'ont pas de statut contraignant. Dans
toutes les œuvres autres que les quatre susmentionnées, nous ne
devons être d'accord qu'avec ce qui est avéré et vrai,
indépendamment de son auteur. Par contre, toute chose fausse, qui ne
soit pas avéré ou qui n'aurait aucune source valable sur laquelle
reposer, doit être rejeté, indépendamment, là aussi, de son
auteur.2
Nous
acceptons comme faisons partie de notre « Mésôroh »
(tradition) uniquement les enseignements faisant partie de façon
irréfutable à la chaîne de transmission remontant jusqu'au Mont
Sinaï. Mais ce qui ne provient pas de notre Mésôroh du Sinaï
n'est pas obligatoire. Une doctrine ou pratique dont on ne peut
prouver qu'elle tire ses origines du Sinaï ne fait pas partie de
notre Mésôroh. Le Zôhar n'est pas retraçable jusqu'au Sinaï,
mais est apparu au milieu de nulle part au 13ème siècle. Cela ne
signifie évidemment pas que tout ce qui est écrit dans le Zôhar
est faux, ou que tout ce qui est rapporté au nom de la « Qabboloh »
n'est pas valable ! Si une idée « zoharique »
ou « kabbalistique » est vraie, cela n'a pas d'importance
d'où elle provient, car nous devons accepter toute vérité d'où
qu'elle vienne. Mais il en est de même pour une idée fausse ;
nous devons la rejeter d'où qu'elle vienne. Ainsi, lorsqu'on
enseigne des idées sans autres sources dans la tradition, et qu'on
se contente de dire qu'elles font partie du Zôhar ou de la
« Qabboloh », cela n'accrédite en rien ces idées. Et il
est évident que lorsqu'une idée dans le Zôhar ou la « Qabboloh »
(ou quelque ouvrage que ce soit) contredit l'une des quatre sources
authentiques susmentionnées, nous la rejetons !
- Wayékhoullou
Il
est écrit dans le Zôhar :
Prologue
5b
|
« Wayékhoullou »
contient trente-cinq mots et dans la Qédoushoh par lequel
nous sanctifions [le Shabboth]3
il y a trente-cinq mots. Cela fait au total 70, correspondant aux
70 noms du Saint, béni soit-Il.
|
וַיְכֻלּוּ
אִית בֵּיהּ תְּלָתִין וְחֲמֵשׁ
תֵּיבִין.
וּבִקְדוּשָׁה
דְּאֲנַן מְקַדְּשִׁין תְּלָתִין
וְחֲמֵשׁ תֵּיבִין.
וְסָלִיק
כֹּלָּא לְשִׁבְעִין שְׁמָהָן
דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא
|
« Wayekhoullou »
fait référence au passage biblique que nous récitons juste avant
le Qîddoush de 'Èrèv Shabboth. Ce passage est effectivement
composé de trente-cinq mots. Par contre, la version standard du
Qîddoush comprend soit quatre-deux, soit quarante-cinq mots (la
version de quarante-cinq mots est due à l'ajout des trois mots
suivants, כִּי
הוּא יוֹם « Kî
Hou Yôm », juste avant תְּחִלָּה
לְמִקְרָאֵי קֹדֶשׁ
« Téhilloh
Lémiqro`éi Qôdèsh »)4.
À cause de ce passage du Zôhar, certains récitent une version
raccourcie du Qîddoush pour atteindre ce total de 70 mots, afin de
se conformer au Zôhar !
- Tîqqoun Léil Shovou'ôth
Il
est écrit dans le Zôhar :
Prologue
9a
|
Car quiconque se joint à elle5 cette nuit-là6 sera protégé en haut et en bas pour l'intégralité de cette année et achèvera l'année en paix. |
דְּכָל
מָאן דְּאִשְׁתַּתַּף בַּהֲדָהּ בְּהַאי
לֵילְיָא יְהֵא נְטִיר עֵילָא וְתַתָּא
כָּל הַהִיא שַׁתָּא וְיַפֵּיק שַׁתָּא
בִּשְׁלָם
|
« Cette
nuit-là » fait référence à la nuit de Shovou'ôth. Ce
passage du Zôhar est la source du Minhog consistant à
veiller toute la nuit de Shovou'ôth, que l'on passera à étudier la
Tôroh.
Le
Zôhar, rédigé au 13ème siècle, attribut cette pratique aux
« pieux d'autrefois ».
Or, il n'existe aucune source traditionnelle pour corroborer
l'existence d'une telle pratique dans les temps anciens (et pourtant,
le Talmoud et les
Midroshîm
s'étendent longuement sur les pratiques des pieux d'autrefois7).
Et quand bien même cela aurait été la pratique des pieux
d'autrefois, ce n'était pas une Halokhoh, ni quelque chose d'imposé
à l'ensemble des Israélites, alors que le Zôhar en fait une
pratique « normative » pour tous.
Forcément,
étant donné qu'il était flagrant qu'une telle tradition n'avait
jamais existé au sein du peuple d'Israël, les rabbins venus après
la publication du Zôhar et qui l'ont accepté comme authentique ont
expliqué cette pratique sur la base d'une tradition midrashique qui
rapporte que les Israélites s'étaient endormis la nuit précédant
la révélation au Mont Sinaï et que Môshèh Rabbénou dû les
réveiller après qu'HaShem eut déjà commencé à se manifester sur
la montagne.8
La nuit de veillée à Shovou'ôth est donc vue comme un Tîqqoun
pour cette « faute » de nos ancêtres. Mais il y a deux
problèmes avec cette justification :
- Le Zôhar lui-même ne dit jamais que c'est la raison pour laquelle il faudrait veiller la nuit de Shovou'ôth. Et pourtant, il s'étend longuement sur la pratique.
- On ne tire pas une Halokhoh d'un Midrosh.9
Cette
pratique consistant à rester éveillé la nuit de Shovou'ôth reçue
un accueil plus qu'enthousiaste chez les « Kabablistes »,
au point que le `AriZal10
a déclaré que quiconque adhérait à ce Minhog
pouvait être assuré qu'aucun mal ne lui arriverait avant la fin de
l'année, en conformité avec ce passage du Zôhar.
Bien
que ce Minhog soit suivi par une grande partie des Juifs
d'aujourd'hui, ce n'est pas le cas de tous. Ainsi, par exemple, les
Juifs Yéménites et du rite Hispano-Portugais ne le suivent pas.
- Les anges et l'Araméen
Il
est écrit dans le Zôhar :
Prologue
9b
|
Ce verset11 est écrit en Targoum12, à l'exception du mot qui apparaît à la fin du verset. Si tu dis que c'est parce que les saints anges ne prêtent pas attention au Targoum et ne sont pas familiers avec, ce verset aurait dû être dit dans la Langue Sainte13 afin que les saints anges puissent l'écouter et y prêter attention pour l'approuver. Plutôt, c'est certainement la raison pour laquelle il est écrit en Targoum, afin que les saints anges n'y prêtent pas attention et n'en arrivent à envier l'homme, à lui faire du mal. |
וְהַאי
קְרָא
אִיהוּ תַּרְגּוּם בַּר מִמִּלָּה
דְּסוֹף קְרָא.
אִי
תֵימָא בְּגִין דְּמַלְאָכִין קַדִּישִׁין
לָא נִזְקָקִין לְתַרְגּוּם וְלָא
אִשְׁתְּמוֹדְעָן בֵּיהּ,
מִלָה
דָא יָאוֹת הִיא לְמֵימַר בְּלִישְׁנָא
קַדִּישָׁא בְּגִין דְּיִשְׁמְעוּן
מַלְאָכִין קַדִּישִׁין וִיהוֹן
נִזְקָקִין לְאוֹדָאָה עַל דָּא.
אֶלָּא
וַדַּאי בְּגִין כָּךְ כְּתִיב תַּרְגּוּם
דְּלָא נִזְקָקִין בֵּיהּ מַלְאָכִין
קַדִּישִׁין לָא (ולא)
יְקַנְאוּן
בְּבַר נָשׁ לְאַבְאָשָׁא לֵיהּ
|
Cet
enseignement du Zôhar sous-entend que les anges ne comprennent pas
l'Araméen, et est basé sur le passage talmudique suivant14 :
Rabboh
bar bar Hannoh a dit : « Quand nous suivions
Rabbî `Èlé'ozor pour nous enquérir d'un malade, parfois il lui
disait [en Langue Sainte] ''Que l'Omniprésent te visite pour la
paix !'', et parfois il disait [en Araméen] ''Que le
Miséricordieux se souvienne de toi pour la paix !'' Mais
comment pouvait-il faire cela ?15
Rov Yéhoudoh n'a-t-il pas dit ''On ne doit
jamais faire de requête pour ses besoins en Araméen'' ? Et
Rabbî Yôhanon a dit : ''Quand on fait
des requêtes pour ses besoins en Araméen, les Anges du Ministère
ne le guérissent pas, car les Anges du Ministère n'ont pas
d'estime pour l'Araméen !'' » [Pour] un invalide,
c'est différent, parce que la Shékhînoh est avec lui. Car Rov
'Anon a dit au nom de Rov : « Comment savons-nous
que la Shekhînoh soutient un invalide ? Parce qu'il est
écrit16 :
''HaShem le soutiendra sur le lit de douleur'' »17
|
אמר
רבה בר בר חנה כי הוה אזלינן בתריה דרבי
אלעזר לשיולי בתפיחה זימנין אמר המקום
יפקדך לשלום וזימנין אמר <ליה>
רחמנא
ידכרינך לשלם היכי עביד הכי והאמר רב
יהודה לעולם אל ישאל אדם צרכיו בלשון
ארמי ואמר רבי יוחנן כל השואל צרכיו
בלשון ארמי אין מלאכי השרת נזקקין לו
שאין מלאכי השרת מכירין בלשון ארמי שאני
חולה דשכינה עמו דאמר רב ענן אמר רב מנין
ששכינה סועד את החולה שנאמר ה'
יסעדנו
על ערש דוי
|
Rabbî
Yéhoudoh et Rabbî Yôhanon étaient de Palestine.
Rabboh bar bar Hannoh se rendit de Babylone jusqu'en Palestine
pour étudier dans la Yéshîvoh de Rabbî Yôhanon. Rabbî
`Èlé'ozor était aussi un Babylonien qui se rendit en Palestine
pour étudier. Chacun d'entre eux connaissait l'Araméen et
l'utilisait comme langue vernaculaire. Comment se fait-il donc qu'ils
objectent face à l'emploie de l'Araméen pour prier pour les malades
et les besoins personnels, prétextant que les Anges ne prenaient pas
en compte ces prières ?
Ce
passage talmudique semble avoir un problème avec les anges,
l'Araméen et la prière.
Premièrement,
concernant les anges, le passage talmudique ne dit pas qu'ils ne
comprennent pas l'Araméen. Le texte n'emploie pas le terme יודעין
« Yod'în
– comprendre », mais מכירין
« Makkîrîn
– avoir une estime de/pour », comme dans le verset
biblique suivant18 :
יְהִי
מַכִּירֵךְ,
בָּרוּךְ
« Yéhî
Makkîrékh Bâroukh – Que celui qui a fait preuve d'estime à ton
égard soit béni ».
Quant
à l'Araméen, ce n'est pas que les anges ne comprenaient pas cette
langue, mais les Sages et les anges craignaient que si on permettait
aux gens d'utiliser même l'Araméen pour prier HaShem, l'Araméen
finirait par remplacer la Langue Sainte même pour les activités
saintes (prière, étude, etc.).19
C'est pourquoi les Sages enseignaient aux gens du peuple à prier
dans la langue de la Bible, et c'est ainsi que toutes les prières
majeures furent rédigées en Langue Sainte. Des prières majeures
comme la 'Amîdoh (qui, en théorie, peut être récitée dans
n'importe quelle langue20),
étaient si familières qu'il n'y avait pratiquement aucune tentation
de les réciter en Araméen. Par contre, les prières pour des
événements du cycle de la vie, comme de graves maladies, étaient
moins courantes et moins connues, et par conséquent, ceux qui
priaient pour les malades désiraient utiliser les mots les plus
efficaces possibles, et utilisaient alors la langue vernaculaire, qui
était l'Araméen.
C'est
pourquoi, il a été tranché que « On
peut prier dans n'importe quelle langue lorsqu'on prie avec
l'assemblée. Mais si on prie seul, on ne doit le faire qu'en Langue
Sainte ». Un individu avait besoin de l'aide des
anges, qui préféraient la Langue Sainte à l'Araméen, pour
maximiser ses chances de voir ses prières être emportées par les
anges jusqu'au Trône Céleste. Par contre, les prières de
l'assemblée s'élèvent directement jusqu'à HaShem et n'ont pas
besoin de l'assistance des anges. Par conséquent, la prière
communautaire peut se faire dans n'importe quelle langue, même
l'Araméen.
C'est
ce que nous enseigne ce passage talmudique, et non pas que les anges
ne comprennent pas l'Araméen.
Nous
avons dit plus haut que pour empêcher que l'Araméen ne prenne la
place de la Langue Sainte en tant que langue de prière, les prières
majeures furent rédigées en Langue Sainte. Mais il y a une
exception majeure : le Qaddîsh !
Ceux
qui acceptent la compréhension que le Zôhar a du passage talmudique
susmentionnée, avancent que la raison pour laquelle le Qaddîsh fut
composé en Araméen est afin que les anges ne puissent pas
comprendre les mots du Qaddîsh. Si les anges pouvaient comprendre
les paroles magnifiques qui composent le Qaddîsh, ils pourraient
être jaloux du fait que nous élevons une plus belle prière que les
leurs à HaShem, et ils nous jetteraient alors le mauvais œil. C'est
pourquoi le Zôhar dit que le fait que les anges ne comprennent pas
l'Araméen empêche qu'ils ne soient envieux des hommes et leur
fassent du mal.
Les
Tôsofôth (qui furent principalement les gendres, petits-fils et
disciples de Rashî זצ״ל)
réfutent catégoriquement la théorie de ces personnes, et font
remarquer qu'il existe de nombreux hymnes magnifiques à HaShem, plus
beaux encore que le Qaddîsh, qui sont pourtant rédigés en Langue
Sainte, une langue dont il ne fait aucun doute qu'elle est comprise
des anges ! Par conséquent, il faudrait alors également
supprimer ces hymnes-là (ou tous les traduire en Araméen) pour ne
pas causer la jalousie des anges et qu'ils n'en arrivent à nous
nuire !
Deuxièmement,
les Tôsofôth rappellent, à juste titre (car beaucoup ont tendance
à l'oublier de nos jours), que le Qaddîsh ne faisait pas partie des
offices de prière en tant que tel dans les temps talmudiques, mais
n'était récité qu'à la conclusion des Shî'ourîm et Divréi
Tôroh donnés par les Rabbonîm aux masses (d'où le nom de קדיש
דרבנן « Qaddîsh
DéRabbonon – Qaddîsh des Rabbins », qui était le seul
Qaddîsh existant dans les temps talmudiques. Il n'y avait pas de
demi-Qaddîsh, Qaddîsh des Endeuillés, Qaddîsh pour les morts,
etc.), dont la plupart étaient des gens peu éduqués qui ne
comprenaient pas le Langue Sainte. Puisque les Rabbonîm donnaient
leurs Divréi Tôroh en Araméen, le Qaddîsh était récité en
Araméen, la langue parlée par tout le monde. Cela n'a donc
absolument rien à voir avec la crainte que les anges puissent envier
les hommes et leur nuire !
Troisièmement,
le Qaddîsh n'était pas toujours récité en Araméen. En réalité,
nous n'avons même aucune preuve que la version d'origine était
récitée en Araméen, car voici ce que nous lisons dans le Talmoud :
Bérokhôth
3a
|
Il a été enseigné : Rabbî Yôséi a dit : un jour, je me promenais sur le chemin, et je suis entré dans une ruine parmi les ruines de Jérusalem afin de prier. Vint `Èlîyohou de mémoire bénie, qui se posta à la porte (et m'attendit) jusqu'à ce que j'aie fini ma prière. Après que j'ai fini ma prière, il me dit : « Paix sur toi, mon maître ! » et je lui dis : « Paix sur toi, mon maître et mon enseignant ! ». Il me dit: « Mon fils, pour quelle raison as-tu pénétré dans cette ruine? »; je lui dis: « Pour prier ! » Il me dit : « Tu aurais dû prier sur le chemin ! »21. Et je lui dis : « Je craignais que des passants ne m'interrompent ! ». Il me dit : « Tu aurais pu faire une prière abrégée ! »22. J'ai ainsi appris de lui trois choses : on ne doit pas entrer dans des ruines, on peut faire la prière en chemin, et si quelqu'un fait sa prière sur le chemin, il fait une prière abrégée. Il m'a également dit : « Mon fils, quelle voix as-tu entendu dans cette ruine ? » et je lui dis : « J'ai entendu une Bath Qôl23 roucoulant comme une colombe, disant: Malheur aux fils par les péchés desquels J'ai détruit Ma maison, brûlé Mon autel et les ai éloignés au sein des nations ». Il me dit : « Sur ta vie et la vie de ta tête, ce n'est pas en cette seule heure que [la Bath Qôl] dit cela, mais chaque jour, trois fois par jour; non seulement cela, mais à l'heure où les Israélites entrent dans les Synagogues et les maisons d'étude, et répondent ''Yéhé` Shéméih Haggodôl Mévôrakh'', le Saint, béni soit-Il, hoche la tête et dit : ''Heureux le Roi qu'on acclame ainsi dans Sa maison, qu'a-t-Il, le Père qui a éloigné Ses enfants ? Malheur à eux, aux enfants, qui durent être éloignés de la table de leur Père !'' ». |
תניא
אמר רבי יוסי פעם אחת הייתי מהלך בדרך
ונכנסתי לחורבה אחת מחורבות ירושלים
להתפלל בא אליהו זכור לטוב ושמר לי על
הפתח (והמתין
לי)
עד
שסיימתי תפלתי לאחר שסיימתי תפלתי אמר
לי שלום עליך רבי ואמרתי לו שלום עליך
רבי ומורי ואמר לי בני מפני מה נכנסת
לחורבה זו אמרתי לו להתפלל ואמר לי היה
לך להתפלל בדרך ואמרתי לו מתיירא הייתי
שמא יפסיקו בי עוברי דרכים ואמר לי היה
לך להתפלל תפלה קצרה באותה שעה למדתי
ממנו שלשה דברים למדתי שאין נכנסין
לחורבה ולמדתי שמתפללין בדרך ולמדתי
שהמתפלל בדרך מתפלל תפלה קצרה ואמר לי
בני מה קול שמעת בחורבה זו ואמרתי לו
שמעתי בת קול שמנהמת כיונה ואומרת אוי
לבנים שבעונותיהם החרבתי את ביתי ושרפתי
את היכלי והגליתים לבין האומות ואמר לי
חייך וחיי ראשך לא שעה זו בלבד אומרת כך
אלא
בכל יום ויום שלש פעמים אומרת כך ולא זו
בלבד אלא בשעה שישראל נכנסין לבתי כנסיות
ולבתי מדרשות ועונין יהא שמיה הגדול
מבורך הקדוש
ברוך הוא מנענע ראשו ואומר אשרי המלך
שמקלסין אותו בביתו כך מה לו לאב שהגלה
את בניו ואוי להם לבנים שגלו מעל שולחן
אביהם
|
Sôtoh
49a
|
Ravo` a dit : Et la malédiction de chaque jour est pire que celle de la précédente, car il est dit24 : « Tu diras le matin: "Fût-ce encore hier soir!" Et le soir tu diras:"Fût-ce encore ce matin!" » À quel matin [aspireront-ils] ? Si je dis le matin du lendemain, personne ne sait ce qu'il sera ! Par conséquent, [il ne peut s'agir que du matin] qui est déjà passé !25 Comment le monde peut-il alors survivre ?26 Par la Qédoushoh DéSîdro`27 et [la réponse de] « Yéhé` Shéméih Rabbo` » de la `Aggodotho`28, car il est dit29 : « une terre où le crépuscule ressemble à la nuit opaque, où règnent les ombres épaisses, où il n'y a pas d'ordres30 ». Ainsi, s'il y a des Sédorîm31, c'est une illumination de la nuit opaque. |
אמר
רבא בכל יום ויום מרובה קללתו משל חבירו
שנאמר:
בבקר
תאמר מי יתן ערב ובערב תאמר מי יתן בקר
הי בקר אילימא בקר דלמחר מי ידע מאי הוי
אלא דחליף ואלא עלמא אמאי קא מקיים
אקדושה דסידרא ואיהא
שמיה רבא דאגדתא
שנא':
ארץ
עפתה כמו אופל צלמות ולא סדרים הא יש
סדרים תופיע מאופל
|
Dans
le premier passage susmentionné, le Qaddîsh est rapporté dans sa
formulation hébraïque, tandis que dans le deuxième, il est
rapporté dans sa formulation araméenne. Nous voyons donc que le
Qaddîsh pouvait également être récité en Langue Sainte et pas
qu'en Araméen. De ce fait, la thèse selon quoi l'Araméen est une
langue que ne comprennent pas les anges et que c'est précisément
pour cela que le Qaddîsh était récité en araméen, pour ne pas
rendre jaloux les anges et qu'ils ne nous nuisent, ne tient pas la
route, puisque le Qaddîsh pouvait également être récité en
Langue Sainte, que les anges comprennent sans l'ombre du moindre
doute !
En
fait, il est plus que probable que le Qaddîsh fut à l'origine
composé et était récité en Langue Sainte, mais que bien plus tard
un changement fut opéré et les communautés commencèrent à le
réciter en Araméen. C'est ce que soutiennent notamment les
Tôsofôth32,
qui expliquent que le Qaddîsh fut composé à l'origine par les
Hommes de la Grande Assemblée en Langue Sainte, ce qui est normal,
puisque toutes les bénédictions et prières des Hommes de la Grande
Assemblée furent composées en Langue Sainte ! Masi étant
donné que tout le monde ne comprenait pas correctement la Langue
Sainte, à cause de l'exil à Babylone où les Israélites adoptèrent
l'Araméen comme langue vernaculaire, les Sages commencèrent à le
réciter en Araméen afin que tous puissent comprendre la
signification de cette prière. Le Tour33
זצ״ל
rapporte
exactement la même chose !
Donc,
tout cela n'a absolument rien à voir avec le fait que les anges ne
comprendraient pas l'araméen, ce qui est absolument faux. Les anges
comprennent parfaitement bien l'Araméen (et toutes les autres
langues aussi), mais n'aiment simplement pas le fait d'utiliser cette
langue pour s'adresser à HaShem lorsqu'on a des requêtes
personnelles à Lui faire.
(Cela
dit en passant, puisque le Qaddîsh fut à l'origine composé en
Langue Sainte, mais que c'est uniquement parce que cette langue
n'était plus comprise par le peuple qu'on la traduisit en Araméen,
la langue vernaculaire, une question se pose : étant donné que
l'écrasante majorité des Juifs depuis la fin de l'ère talmudique
ne parlent plus et ne comprennent plus du tout l'Araméen, est-il
permis de revenir à la pratique d'origine, qui consiste à réciter
le Qaddîsh en Langue Sainte ? Cette question pourrait faire
l'objet d'un futur article.)
- Nétîlat Yodayim au réveil et l'Esprit Impur
Il
est écrit dans le Zôhar :
Prologue
10b
|
Au
commencement de la journée, quand il se lève le matin, il est de
son devoir de bénir son Maître aussitôt qu'il ouvre les yeux.
Les hommes pieux d'autrefois gardaient une coupe d'eau à leurs
côtés. Lorsqu'ils se réveillaient durant la nuit, ils lavaient
leurs mains, se levaient et s'occupaient dans l'étude de la
Tôroh, ayant au préalable récité la bénédiction appropriée.34 Quand le coq chante, il est précisément minuit, et à ce moment-là le Saint, bénit soit-Il, se retrouve en compagnie des Saddîqîm dans le Gan 'Édèn . C'est alors là qu'il est, par conséquent, approprié de réciter la bénédiction et d'étudier la Tôroh. On ne peut pas prononcer la bénédiction avec des mains impures. De même en est-il de n'importe quelle bénédiction lorsqu'on se réveille de son sommeil. Car lorsqu'il dort, son âme le quitte et un esprit impur arrive et se dépose sur ses mains et les souille. Ainsi, on ne peut prononcer aucune bénédiction sans les avoir d'abord lavées. Pourquoi donc, pourrait-on se demander, est-il interdit, après être allé aux toilettes, de réciter une bénédiction ou de lire même un seul mot de Tôroh, même en plein jour, sans s'être lavé les mains, bien que l'on n'ait pas dormi, que notre âme ne nous ait pas quittés, et que nos mains n'aient pas été souillées par un mauvais esprit ? Pourquoi est-ce interdit même si nos mains sont clairement propres ? La réponse est : Malheur à celui qui ne prête pas attention à la majesté de son Maître, et qui ne réalise pas sur quoi ce monde est fondé ! Il y a un esprit dans chaque toilette qui se régale de la saleté et des excréments, et se dépose aussitôt sur les doigts des mains d'un homme. |
כַּד
בַּר נָשׁ קָאִים בְּצַפְרָא אִית לֵיהּ
לְבָרְכָא לְמָארֵיהּ.
בְּשַׁעְתָּא
דְּפָקַח עֵינוֹי הֵיךְ מְבָרֵךְ.
הָכִי
הֲווּ עַבְדֵי חֲסִידֵי קַדְמָאֵי,
נַטְלָא
דְמַיָיא הֲווּ יַהֲבֵי קָמַייְהוּ,
וּבְזִמְנָא
דְּאִתְעָרוּ בְּלֵילְיָא אַסְחָן
יְדַיְיהוּ.
וְקָיְימֵי
וְלָעָאן בְּאוֹרַיְיתָא וּמְבָרְכֵי
עַל קְרִיאָתָהּ (וכו').
תַּרְנְגוֹלָא
קָרֵי וּכְדֵין פַּלְגוּת לֵילְיָא
מַמָּשׁ,
וּכְדֵין
קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא
אִשְׁתַּכַּח
עִם צַדִּיקַיָיא בְּגִנְתָא דְעֵדֶן,
וְאַסִּיר
לְבָרְכָא בִּידַיִן מְסוֹאָבוֹת
וּמְזְהָמוֹת.
(ומברכין).
וְכֵן
כָּל שַׁעֲתָא.
בְּגִין
דִּבְשַׁעֲתָא דְּבַר נָשׁ נָאִים,
רוּחֵיהּ
פָּרְחָא מִנֵּיהּ.
וּבְשַׁעֲתָא
דְּרוּחֵיהּ פָּרְחָא מִנֵּיהּ,
רוּחָא
מְסָאָבָא זַמִּין וְשָׁרְיָא עַל
יְדוֹי וּמְסָאַב לוֹן וְאַסִּיר
לְבָרְכָא בְּהוּ בְּלָא נְטִילָה.
וְאִי
תֵימָא אִי הָכִי הָא בִּימָמָא דְּלָא
נָאִים וְלָא פָּרַח רוּחֵיהּ מִנֵּיהּ
וְלָא שַׁרְיָא עֲלֵיהּ רוּחָא מְסָאֲבָא
וְכַד עָאל לְבֵית הַכִּסֵּא לָא
יְבָרֵךְ וְלָא יִקְרָא בַּתּוֹרָה
אֲפִלּוּ מִלָּה חָדָא עַד דְּיִסְחֵי
יְדוֹי.
וְאִי
תֵימָא בְּגִין דִּמְלוּכְלָכִים
אִנּוּן,
לָאו
הָכִי הוּא,
בַּמֶּה
אִתְלַכְלְכוּ.
אֶלָּא
וַוי לִבְנֵי עָלְמָא דְּלָא מַשְׁגִּיחִין
וְלָא יַדְעִין בְּיִקְרָא דְמָארֵיהוֹן
וְלָא יָדְעֵי עַל מַה קָּיְימָא
עָלְמָא.
רוּחָא
חֲדָא אִית בְּכָל בֵּית הַכִּסֵּא
דְּעָלְמָא דְּשַׁרְיָא תַּמָּן
וְאִתְהַנִּי מֵהַהוּא לִכְלוּכָא
וְטִנּוּפָא וּמִיָּד שָׁרֵי עַל
אִנּוּן אֶצְבְּעָן דִּידוֹי דְּבַר
נָשׁ
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Nous
avons déjà expliqué en long et en large le fait que cette doctrine
du Mauvais Esprit s'attachant sur les mains, et qui rendrait donc
impossible de réciter la moindre bénédiction sans s'être au
préalable lavé les mains le matin, ne repose sur rien, si ce n'est
une erreur et de la superstition !35
À
suivre !
1Et
plus précisément la Mishnoh.
2Voir
la lettre envoyée par le Rambam à la communauté de Marseille.
3C'est-à-dire,
le Qîddoush du Vendredi soir.
4Ainsi,
dans certaines versions, ces trois mots se retrouvent, tandis que
dans d'autres ils sont absents.
5La
Tôroh.
6La
nuit de Shovou'ôth.
7Nos
sources traditionnelles mentionnent néanmoins que les pieux
d'autrefois avaient l'habitude de rester éveillés toute la nuit de
Pésah, afin d'étudier la Tôroh.
8Shîr
Hashîrîm Rabboh 1:12
9Ce
principe est mentionné dans l'article
suivant.
10Rabbî
Yitshâq Ashkenazî Louria, 1534-1572
11Yirméyohou
10:11
12C'est-à-dire,
en Araméen.
13L'Hébreu.
14Shabboth
12b ; voir aussi Sôtoh
33a
15C'est-à-dire,
prier en Araméen.
16Téhîlîm
41:4
17Le
malade n'a donc pas besoin de passer par l'intermédiaire des anges.
18Routh
2:19
19Voir
Néhèmyoh 13:24
20Sôtoh
33a
21C'est-à-dire,
t'arrêter sur la rue et prier.
22Un
condensé de la 'Amîdoh (voir Bérokhôth 29a).
23Une
Voix Céleste.
24Dévorîm
28:67
25Parce
qu'hier était moins pire qu'aujourd'hui.
26Si
chaque jour est pire que le précédent.
27Terme
qui désigne la récitation des trois versets bibliques « Qodôsh,
Qodôsh, Qôdosh,
etc. », « Boroukh Kévôd
HaShem, etc. », « Yimlôkh HaShem Lé'ôlom,
etc. », dans la bénédiction de Qédoushoh (la
troisième de la 'Amîdoh).
28C'est-à-dire,
le Qaddîsh DéRabbonon, qui était récité exclusivement après
une étude de la Tôroh et le discours du rabbin, d'où le terme
« `Aggodotho` », qui désigne l'explication de la Tôroh
par des illustrations et des enseignements moraux, qui était la
méthode favorisée par les rabbins pour inculquer aux masses
ignorantes des enseignements profonds de la Tôroh d'une façon
facile à comprendre pour elles.
29`Îyôv
10:22
30Le
terme « ordres » employé dans ce verset est סדרים
« Sédorîm », qui
est également le terme utilisé pour désigner les sections
hebdomadaires de la Tôroh. D'où le jeu de mots qui est fait ici.
31Des
lectures publiques de la Tôroh.
32Sur
Bérokhôth 3a.
33`Ôrah
Hayîm 56
34C'est-à-dire,
la Birkath Hattôroh..