בס״ד
Le
Concept du libre-arbitre – 2ème Partie
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article peut être téléchargé ici.
Dans
notre précédent article, nous avons analysé l'opinion générale,
qui soutient, comme le Rambo''m, que chacun de nous a le libre
arbitre. Nous pouvons choisir par nous-mêmes de faire le bien ou le
mal, et ni Hashshém ni aucune autre force ne nous fait choisir l'une
ou l'autre possibilité. Dans cet article, nous aborderons maintenant
le point de vue minoritaire dans notre tradition, qui soutient qu'en
fait nous n'avons pas le libre arbitre.
- La position de Ribbénou Hasda`y Qarésqas
Chez
les Ri`shônim, on retrouve l'opinion de R. Hasda`y
Qarésqas
ז״ל,
philosophe et halakhiste espagnol du 14ème
siècle1,
qui remet en question l'existence d'événements non déterminés,
tels que les choix humains, spontanés et librement décidés. Il
démontre que bien qu'il existe de nombreuses preuves du libre choix,
il existe également de nombreuses preuves de la possibilité que
toutes nos actions soient déterminées. Il conclut que sous un
aspect, nous avons le libre arbitre, mais sous un autre aspect, nous
n'en avons pas.
La
première preuve de la position de R. Hasda`y
est la prescience de Hashshém. Si Hashshém est omniscient, alors
cela doit signifier que tout ce que nous faisons était connu
d'avance par Hashshém et donc non sujet au changement. Sa deuxième
preuve est conforme à l'argument de nombreux scientifiques
contemporains - que les êtres humains ne sont finalement que des
machines et que les lois de cause à effet fonctionnent également
dans notre cerveau. Exprimée en termes de neuropsychologie moderne,
chaque décision que nous prenons a une cause neurologique. La cause
peut être génétique, basée sur la structure de notre cerveau, ou
le résultat de certains stimuli que nous avons expérimentés dans
nos vies. Entre nature et culture, si vous additionnez notre
constitution génétique, toutes les expériences que nous avons eues
dans nos vies, et tous les différents facteurs qui ont agi sur nous,
tout ce que nous faisons est le résultat de diverses causes qui
déterminent nos pensées et nos actes.
R.
Hasda`y
Qarésqas,
convaincu par ces arguments, conclut que nous avons le libre arbitre,
mais seulement dans un sens limité. Personne ne nous oblige à rien
faire; Hashshém ne bouge pas nos mains comme un marionnettiste
déplace une marionnette. Nous ne faisons que ce que nous voulons
faire. Mais ce que nous voulons faire est programmé
neurobiologiquement et psychologiquement par le type de cerveau avec
lequel nous sommes nés, ainsi que par les expériences que nous
avons eues dans nos vies. Dans un certain sens, nous sommes libres,
parce que nous faisons ce que nous voulons; personne ne nous fait
faire quelque chose que nous ne voulons pas faire. C'est simplement
que ce que nous voulons est déterminé par des forces indépendantes
de notre volonté.
Pour
certains, cela ressemble à un manque de libre arbitre. Après tout,
si tout ce que nous faisons est déterminé par des forces
indépendantes de notre volonté, il semble qu'il n'y ait aucun
endroit où nous pouvons briser la chaîne de cause à effet et
décider par nous-mêmes de ce que nous voulons faire. R. Hasda`y,
cependant, voit cela comme un type de libre arbitre, car nous seuls
décidons de ce que nous allons faire. Le fait que nos cerveaux ne
soient que de simples ordinateurs programmés à notre naissance et
qui contiennent des réponses déterminées n'enlève pas le fait que
nous sommes libres de choisir de faire ce que nous voulons, même si
nous ne sommes pas libres de choisir ce que nous voulons.2
R.
Hasda`y
affirme que toutes les preuves apportées par les philosophes Juifs
traditionnels pour l'existence du libre arbitre peuvent être
adéquatement traitées par sa théorie. Voyons quelques-unes de ces
preuves.
- R. Hasda`y sur la preuve tirée de l'expérience
L'expérience
est une preuve de l'existence du libre arbitre. Nous sentons que nous
pouvons faire ce que nous voulons et que personne ne nous oblige à
faire autrement. R. Hasda`y Qarésqas
convient que nous pouvons faire ce que nous voulons. Je peux décider
de prendre un morceau de papier ou de poser un morceau de papier, de
parler ou de garder le silence. Mais cela prouve simplement que nous
sommes libres de faire ce que nous voulons; cela n'explique pas
pourquoi nous voulons faire quelque chose. Cela, affirme R. Hasda`y,
est déterminé par des forces indépendantes de notre volonté.
- R. Hasda`y sur la preuve tirée des Miswôth
Une
deuxième preuve dont nous avons discuté est basée sur le langage
de la Tôroh et des Navi`im,
qui nous disent : « Choisissez
les Miswôth ;
ne choisissez pas les ´avérôth.
Le choix vous appartient. Choisissez la vie ! ».
Pourquoi Hashshém enverrait-Il les prophètes pour nous encourager à
faire le bon choix si ce choix est déterminé par la nature, par les
stimuli qui agissent sur nous ? R. Hasda`y
répond que cela cadre parfaitement avec sa théorie. Après tout, si
nos choix sont déterminés par notre environnement et par les forces
qui agissent sur nous, alors l'une des forces qui agissent sur nous
est les messages que Hashshém nous envoie à travers sa Tôroh et
Ses prophètes.
Si
l'on devait soutenir (comme de nombreux penseurs libéraux
contemporains) que les gens ne choisissent pas pour eux-mêmes mais
sont plutôt des produits de leur environnement, alors la meilleure
façon d'améliorer la vie des gens est d'améliorer leur
environnement; si vous améliorez leur environnement, cela les fera
agir mieux. Hashshém a choisi d'améliorer notre environnement de
diverses manières. L'une d'elles était en nous envoyant des
messages dans la Tôroh nous encourageant à choisir le bon chemin.
Hashshém a ajouté ce message d'inspiration pour accomplir des
Miswôth
dans notre environnement en sachant que dans de nombreux cas, les
messages positifs d'inspiration et d'encouragement amèneront de
manière déterministe nos cerveaux à vouloir faire la bonne chose.
- R. Hasda`y sur la preuve tirée de HaZa''l
Une
troisième preuve que de nombreux philosophes Juifs ont apporté pour
soutenir la notion du libre arbitre était la déclaration de HaZa''l
que tout est entre les mains des Cieux, sauf la crainte des Cieux.3
R. Hasda`y
explique cette affirmation en accord avec sa théorie. Hashshém ne
nous oblige pas directement à faire le bien ou le mal. C'est à nous
de faire ce que nous voulons, et nous ne sommes pas directement
contrôlés par Hashshém comme s'Il était un marionnettiste nous
forçant à faire des choses. Au contraire, ce que nous voulons faire
est contrôlé par les diverses forces physiques et psychologiques
qui agissent sur nous, et donc ce n'est pas entre les mains du
contrôle direct de Hashshém. HaZa''l
n'ont jamais dit que nos choix nous appartenaient librement, mais
simplement qu'ils n'étaient pas directement contrôlés par
Hashshém. Ils sont cependant contrôlés par ces forces créées par
Hashshém à l'intérieur de notre cerveau qui déterminent ce que
nous voulons.
- R. Hasda`y sur la preuve tirée de la justice Divine
L'argument
de la justice Divine est pris très au sérieux par R. Hasda`y
Qarésqas.
Nous sommes certains que Hashshém récompense les justes et punit
les méchants, et nous pouvons nous attendre à être récompensés
pour avoir accompli une Miswoh
et punis pour avoir commis une ´avéroh.
Nous savons que Hashshém est juste et équitable. Si nous
choisissons ce que nous faisons par nous-mêmes, alors il est
parfaitement juste et équitable de la part de Hashshém de nous
récompenser et de nous punir. Mais si ce que nous voulons faire est
déterminé par notre nature et notre éducation, comment est-il
juste de la part de Hashshém de nous récompenser et de nous punir ?
Après tout, nos décisions étaient préprogrammées, comme si nous
étions des robots, par notre constitution génétique et par les
forces de notre environnement.
Pour
répondre à cette objection, R. Hasda`y
dit que nous devons différencier les deux conceptions différentes
de la récompense et de la punition. Quand nous disons que les
Miswôth
sont récompensées et les ´avérôth
punies, que voulons-nous dire ? Pour illustrer les deux
possibilités, prenez l'exemple suivant. Un moniteur de conduite
automobile peut dire : « Si vous ne portez pas de ceinture
de sécurité, vous obtiendrez une amende de 750 € et quatre points
en moins sur votre permis ». Ou il pourrait dire : « Si
vous ne portez pas de ceinture de sécurité, et que vous êtes
impliqué dans un accident, votre tête heurtera le pare-brise, ce
qui ouvrira votre crâne ». Il existe une différence
fondamentale entre ces deux peines. Obtenir une amende n'est pas un
effet naturel de ne pas porter de ceinture de sécurité; c'est une
punition imposée de l'extérieur. En revanche, perdre la vie dans un
accident de voiture est une conséquence naturelle de ne pas porter
de ceinture de sécurité. Elle est intégrée aux lois de la nature.
Lorsque
nous affirmons le principe de la récompense et de la punition,
voulons-nous dire que Hashshém impose artificiellement une
récompense ou une punition, comme un juge prononçant une peine dans
une salle d'audience ? Ou voulons-nous dire qu'Il a établi dans
le monde que la conséquence naturelle d'une Miswoh
ou d'une ´avéroh
est une récompense ou une punition ? Hashshém condamne-t-Il
les pécheurs au Géhinnom comme une sanction imposée de
l'extérieur, ou est-ce la nature des choses que si vous souillez
votre âme de transgressions tout au long de votre vie, votre âme ne
pourra pas recevoir la pureté et la félicité éternelle du
monde-à-venir, et sera donc consignée à la souffrance ? Selon
cette dernière hypothèse, le résultat naturel de la ´avéroh
est un éloignement de la bonté, et le résultat naturel de
l'accomplissement d'une Miswoh
est une amélioration de notre âme, qui nous sera bénéfique à
long terme.
Si
nous acceptons la première version de la récompense et de la
punition et croyons que Hashshém siège en tant que juge et nous
condamne à la récompense ou à la punition, il serait en effet
injuste de le faire si ce que nous voulions faire était déterminé
par notre constitution génétique et par notre environnement. R.
Hasda`y,
cependant, accepte la deuxième compréhension de la récompense et
de la punition. Naturellement, lorsque nous faisons une Miswoh,
nous nous portons mieux, et la conséquence naturelle d'une ´avéroh
est pire et, en fin de compte, la souffrance. En ce qui concerne les
conséquences naturelles, il n'est pas valable d'objecter que le
résultat est injuste. Si je tombe dans un feu, je me brûlerai et si
c'est un feu assez grand, je mourrai probablement. Si je saute dans
un feu avec une négligence téméraire, je mérite de me brûler; si
j'ai fait attention mais qu'une personne maléfique est venue me
chercher et m'a jetée dans une maison en flammes, je ne mérite pas
de me brûler, mais je souffrirai quand même, car la conséquence
naturelle du contact avec le feu est la souffrance d'être brûlé.
Puisqu'il s'agit d'une conséquence naturelle, peu importe qu'elle
soit équitable. C'est simplement l'ordre naturel des choses.
R.
Hasda`y
soutient que la récompense pour avoir fait des Miswôth
ou la punition pour des ´avérôth
est le résultat naturel de nos actions. Elles ne sont pas justes,
mais peu importe qu'elles soient justes ou pas. Hashshém
n'interviendrait pas dans le monde et ne ferait rien d'injuste. Mais
nous croyons que Hashshém a créé ce monde avec les lois de la
nature qui le contrôlent, et dans ce monde, parfois les gens tombent
dans des incendies ou meurent dans des accidents. Même s'ils
conduisaient en toute sécurité et portaient leur ceinture de
sécurité et qu'ils disaient la prière du voyageur, ils seront
toujours blessés ou tués s'ils sont heurtés par un conducteur
ivre, car c'est une conséquence naturelle d'un accident. De même,
dit R. Hasda`y,
dans le domaine de la récompense et de la punition, ce n'est
peut-être pas finalement juste. Mais puisque la conséquence
naturelle, par exemple, de transgresser le Shabboth ou d'adorer des
idoles est finalement la souffrance, qu'elle soit juste ou non, c'est
ce qui arrive à quelqu'un qui commet ces transgressions.
C'est
peut-être le point le plus faible de la présentation de R. Hasda`y.
Il est difficile d'accepter que Hashshém créerait un monde dans
lequel il y aurait des conséquences spirituelles naturelles à
toutes les choses mentionnées dans la Tôroh, sans aucun système
d'équité derrière ces conséquences. Mais R. Hasda`y
est prêt à payer ce prix philosophique pour défendre sa théorie
du libre arbitre. Il accepte que Hashshém dans Sa sagesse Divine ait
décidé que c'était le genre de monde qu'Il voulait créer.
- Résumé de la position de Ribbénou Hasda`y Qarésqas
Pour
résumer, R. Hasda`y
Qarésqas
dit que nous avons le libre arbitre complet de faire ce que nous
voulons, mais ce que nous voulons faire est complètement déterminé.
Ce n'est pas déterminé par notre libre arbitre, mais plutôt par la
nature et l'éducation. HaZa''l
voulaient seulement dire que Hashshém ne nous force pas la main; Il
laisse les règles de la physique et la nature de l'univers
déterminer notre comportement. Le TaNa''Kh nous encourage à faire
les bons choix afin d'affecter notre environnement. Bien que nous
sentions que nous avons le libre arbitre, c'est seulement dans la
mesure où nous sommes libres de faire ce que nous voulons, mais ce
que nous voulons faire est déterminé. R. Hasda`y
croit que la récompense et la punition sont des conséquences
naturelles et non imposées artificiellement, et les conséquences
naturelles n'ont pas à être équitables.
1`ôr
Hashshém, Livre 2, Section 5
2Dans
la littérature philosophique générale, cette position est connue
sous le nom de compatibilisme ou « déterminisme mou »
3Barokhôth
33b