בס״ד
Est-ce
vrai qu’une femme ne peut pas hériter ?
Figure 1 : "Les Filles
deCelofhad" 1908
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article peut être téléchargé ici.
Beaucoup croient souvent, sur base de l’histoire des
filles de Ṣalôphḥodh ע״ה,
que la Halokhoh interdirait aux filles / femmes d’hériter de leurs
pères. Les Pasouqim invoqués pour soutenir cette position sont
ceux-ci :[1]
3. Notre père est mort dans le désert, mais il n’était
pas au sein de cette communauté, [de] ceux qui se sont levés contre `adhônoy,
dans la communauté de Qôraḥ. Car c’est pour sa propre faute qu’il est mort,
et il n’avait pas de fils.
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ג אָבִינוּ,
מֵת בַּמִּדְבָּר, וְהוּא לֹא-הָיָה בְּתוֹךְ הָעֵדָה הַנּוֹעָדִים עַל-יְהוָה,
בַּעֲדַת-קֹרַח: כִּי-בְחֶטְאוֹ מֵת, וּבָנִים לֹא-הָיוּ לוֹ.
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4. Pourquoi le nom de notre
père disparaîtrait-il du milieu de sa famille, car il n’a pas eu un fils ?
Donne-nous une propriété au sein des frères de notre père !
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ד לָמָּה
יִגָּרַע שֵׁם-אָבִינוּ מִתּוֹךְ מִשְׁפַּחְתּוֹ, כִּי אֵין לוֹ בֵּן;
תְּנָה-לָּנוּ אֲחֻזָּה, בְּתוֹךְ אֲחֵי אָבִינוּ.
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Les cinq filles de Ṣalôphḥodh (Maḥloh, Nô´oh,
Ḥôghloh, Milkoh et Ṭirṣoh) n’avaient pas de frères, et leur père était décédé. De
ce fait, elles interrogèrent Môshah Rabbénou ע״ה, `al´ozor Hakkôhén ע״ה et les princes de toute la communauté concernant leur héritage.
Les filles peuvent-elles hériter ? Certains répondront « non ».
Mais les choses sont beaucoup plus nuancées, comme nous allons le voir.
La partie principale de l’héritage était la terre
tribale. Lorsqu’une femme se mariait, elle rejoignait la tribu de son mari. Si elle
héritait une terre de son père, alors cette terre finirait par faire partie du
territoire de sa nouvelle tribu. De ce fait, une portion de terre d’une tribu serait
transférée à une autre tribu, ce qui est problématique étant donné que les
frontières tribales avaient été déterminées par décret Divin. Ce cas de figure ne s’étant jamais produit, Môshah
Rabbénou dû soumettre la question à Hashshém ית׳, qui lui répondit que les filles héritent effectivement de leurs
pères. Môshah instruisit alors les filles de se marier au sein de leur propre
tribu de sorte que la terre ne soit pas transférée à une autre tribu. Rash’’i,
commentant le Posouq 7, déclare une chose très importante, qui passe
souvent inaperçue. Citant le Ṭalmoudh,[2]
il dit :
Car la fille fait passer un héritage d’une tribu à
une [autre] tribu, puisque son fils et son mari héritent d’elle. Car la transmission d’un héritage n’a été interdite
uniquement qu’à cette génération-là.
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שֶׁהַבַּת מַעֲבֶרֶת נַחֲלָה מִשֵּׁבֶט לְשֵׁבֶט,
שֶׁבְּנָהּ וּבַעְלָהּ יוֹרְשִׁין אוֹתָהּ; שֶׁלֹּא
תִּסֹּב נַחֲלָה לֹא נִצְטַוָּה אֶלָּא לְאוֹתוֹ הַדּוֹר בִּלְבַד.
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En d’autres mots, après la génération des Israélites
qui étaient sortis d’Egypte, rien n’empêchait des transferts de terres d’une
tribu à une autre. Le Ṭalmoudh déclare que c’est la raison pour laquelle, dans
le Posouq 7, lorsque Hashshém répond à Môshah Rabbénou, Il déclare :
וְהַעֲבַרְתָּ אֶת-נַחֲלַת אֲבִיהֶן, לָהֶן « Et tu feras passer l’héritage de leur père vers elles ».
« Faire passer » implique l’idée de « transmission »,
accordant aux femmes le droit de transférer les terres familiales vers une
autre tribu.
En d’autres mots, le problème traité dans cet épisode
biblique n’était pas de savoir si une femme peut hériter de son père, mais si
elle peut hériter des terres familiales avec le risque qu’elles soient
transférées vers une tribu différente. Et la réponse est « oui ! »,
car l’interdiction du transfert de terres d’une tribu à une autre n’était en
vigueur que pour la génération de ceux qui étaient sortis d’Egypte.
C’est pour cela que dans un autre passage, le Ṭalmoudh[3]
soutient clairement que les filles de Ṣalôphḥodh avaient, en fait,
le droit d’épouser qui elles voulaient, mais que Môshah Rabbénou suggéra
(et non n’imposa) seulement qu’elles se marient au sein de leur propre tribu.
Donc, en résumé, si un homme meurt sans avoir eu de
fils, les terres familiales peuvent revenir aux filles de cet homme. Et lorsqu’elles
se marieront, ces terres dont elles ont héritées seront transférées au
patrimoine familial de leurs maris. Quand l’homme décédé avait des fils, le
patrimoine familial sera partagé entre ses fils (avec une double portion pour
le fils aîné) en tant qu’ « héritage », alors que les filles reçoivent
leurs parts en tant que « soutien » et non « héritage ».
En général, « l'héritage » est beaucoup
plus respectable que le « soutien ». Les héritiers sont tenus
de subvenir aux besoins des filles de la famille, c'est-à-dire de leur apporter
un « soutien » uniquement si elles sont encore mineures et /
ou non mariées, puisque le soutien d'une femme mariée incombe à son mari.
La Halokhoh qui établit que « les
fils héritent et les filles reçoivent un soutien » exprime le point de
vue selon lequel la charge de subvenir aux besoins de la famille incombe aux
fils et, par conséquent, ils ont besoin des biens de leur père pour cela ;
les filles ne sont pas obligées de participer à la responsabilité de subvenir
aux besoins de la famille. C’est la raison pour laquelle une femme n’hérite pas
de son père dans le cas où celui-ci avait des fils, et c’est aussi pour cela
que si elle n’avait pas de frères une fois mariée les terres dont elle a
héritées reviennent au mari, car ce sera désormais au mari de pourvoir aux
besoins de la famille. Ce n’est donc pas une loi basée sur la discrimination,
mais sur la responsabilité naturelle des personnes. Hashshém ne désire pas que
les rôles des hommes et des femmes soient inversés ou confus. Par conséquent,
les frères prennent l’héritage, mais doivent l’utiliser pour aider
financièrement leurs sœurs mineures et / ou non mariées. La veuve du défunt
n'hérite pas non plus de son mari. Par contre, les héritiers mâles du défunt sont
également tenus de lui apporter un soutien financier et matériel, même si elle
n'est pas leur mère, ou bien de lui verser la somme que leur père s'est engagé
à lui verser lors de leur mariage, comme le précise sa Kathoubboh. Ainsi,
même quand une femme n’hérite pas, cela ne signifie pas qu’elle reste démunie,
car tant qu’elle est mineure, célibataire ou veuve, c’est l’obligation des
héritiers mâles de pourvoir à ses besoins avec l’héritage qu’ils ont reçu de
leur père.
Lorsque tout cela est mis ensemble, on comprend aisément
qu’il n’y a aucune discrimination ni sexisme dans ces lois relatives à l’héritage.
Cela sert simplement à préserver l’ordre naturel des choses, ce qui est encore
plus important dans notre génération, où toutes les valeurs sont renversées, et
où beaucoup de confusion sur les rôles respectifs de chacun se sont répandues
dans le monde.