lundi 7 novembre 2016

Le « premier Shama´ »

ב״ה

Le « premier Shama´ »

Quelle est son origine et doit-on encore le réciter ?


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L'un des plus gros problèmes que posent l’industrialisation et la standardisation des Siddourim est que la plupart des gens qui les utilisent n'ont en réalité aucune idée de ce qu'ils disent et font, car ils partent de la supposition que si tel ou tel texte est imprimé dans un Siddour c'est qu'il faut forcément le réciter. Mais ils oublient que certaines des prières imprimées dans les Siddourim ne furent jamais composées pour être imposées à tout le monde et que bon nombre d'entre elles sont en réalité liées à des époques spécifiques et n'ont plus lieu d'être récitées. Et contrairement à ce que disent les pseudos « conservateurs », il n’existe aucune interdiction de retirer les prières se trouvant dans les Siddourim, surtout lorsqu'elles ne proviennent pas de HaZa''l ou encore qu'elles se rapportent à des époques obsolètes. D'ailleurs, certaines communautés ne disent plus certaines prières ayant été composées pour des époques particulières, et cela est clairement indiqué dans les Siddourim qu'ils utilisent.

Nous allons illustrer ici l'ignorance qui existe autour des textes qui composent les livres de prières modernes.

Si vous jetez un coup d’œil dans l'écrasante majorité des Siddourim, vous verrez que dans les bénédictions du matin, après le récit de la ´aqédhath Yishoq (qu'il n'y a d'ailleurs aucune obligation de lire), a été inclus une longue prière qui commence par לְעוֹלָם יְהֶא אָדָם יָרֵא שָׁמַיִם בַּסֵּתֶר « Qu'un homme ait toujours la crainte des Cieux dans le secret. » Cette prière est appelée « le premier Shama´ », car il contient dans l'un de ses paragraphes la déclaration du Shama´. Il est « premier » puisque ce sera la première récitation du Shama´ de la journée.

De nos jours, le Shama´ est récité à quatre reprises au total : une première fois après la ´aqédhath Yishoq, une deuxième fois dans l'office de Shahrith avant les Shamônah ´asréh, une troisième fois lors de l'office de ´arbith (ou « Ma´ariv ») et une quatrième fois lorsque l'on est couché dans son lit avant de dormir.

Le Shama´ est la proclamation du principe le plus fondamental de la foi israélite, à savoir la croyance en l'unicité d'HaShem ית׳ (le monothéisme pur). À l'origine, l'obligation de réciter le Shama´ en communauté consistait à le faire deux fois par jour, une fois le matin et une fois le soir, c'est-à-dire une fois lors de la prière de Shahrith et une seconde fois lors de la prière de ´arbith. Telle était la pratique dans les temps bibliques et mishnaïques, et c'est ce que nous demande la Tôroh. Mais dans les temps talmudiques, les Israélites furent soumis à d'intenses persécutions religieuses et furent défendus de réciter le Shama´ durant les offices publics à la synagogue. Sous le règne du roi perse Jezdegerd II (438-457), les Israélites furent défendus de proclamer en public l'unicité d'HaShem. Le dit roi perse était un croyant fanatique de la religion zoroastrienne qui enseignait le dualisme, c'est-à-dire la croyance en deux dieux, un bon et un mauvais. Par conséquent, il ne pouvait tolérer une proclamation publique de la croyance en l’unicité d'HaShem. Il fit placer des gardes devant les synagogues afin de s'assurer du respect de cette interdiction de récitation du Shama´ en public. Les Sages de cette époque-là instituèrent alors la pratique de réciter le Shama´ à la maison, dans le secret, après l'étude de la Tôroh mais avant la prière ordinaire du matin, et composèrent une prière dans laquelle ils inclurent la récitation du premier paragraphe du Shama´. Puisque cette récitation était désormais faite en cachette et non plus en public, ils firent mention dans cette prière du souhait qu'un homme craigne HaShem même en secret (mais pas seulement en public). Et cette déclaration rendait quitte de l'obligation du Shama´ le matin. C'est là l'origine du « premier Shama´ » que l'on retrouve imprimé dans les Siddourim après la ´aqédhath Yishoq. Puisque telle était la raison d'origine, il n'y a plus lieu de réciter ce Shama´ et cette prière dans laquelle le Shama´ est inclus, étant donné que nous ne sommes plus à une époque où il nous est défendu de nous rassembler dans les synagogues et y réciter le Shama´. Nous sommes pleinement libres de servir HaShem de la façon prescrite, sans encombre, ni persécution religieuse.

Plus tard, même lorsque cette interdiction fut levée et que l'impression en masse de Siddourim se répandit, on conserva néanmoins la pratique de réciter une première fois le Shama´ à la maison avant l'office communautaire du matin. Et en voici la raison : Un temps limite pour la récitation du Shama´ fut fixé par la Halokhoh. Nos Sages, de mémoire bénie, décrétèrent que le Shama´ du matin devait avoir été fait dans le premier quart de la journée (c'est-à-dire au plus tard à la troisième heure saisonnière du jour). Par exemple, si le soleil se levait à 6h et se couchait à 18h, faisant ainsi de cette journée une journée de 12 heures, le Shama´ ne pourrait pas être récité plus tard que 9h du matin ; si le soleil se levait à 7h et se coucher à 17h, faisant de cette journée une journée de 10 heures, un quart de la journée correspondrait à 2h30, et 9h30 serait alors la limite pour la récitation du Shama´ du matin. Cependant, il arrive très fréquemment que l'office du matin ne commence pas avant 9h ou 9h30 (plus particulièrement à Shabboth et Yôm Tôv), et puisque de nombreuses prières furent ajoutées au fur et à mesure du temps et que certaines parties considérées comme « optionnelles » finirent par être vues comme étant « obligatoires » lorsqu'elles furent imprimées dans les Siddourim, le temps d'arriver au Shama´ communautaire (qui, dans les Siddourim actuels, a été placé après toutes les bénédictions du matin, la ´aqédhath Yishoq, les Qôrbonôth, des passages talmudiques se rapportant aux Qôrbonôth, la récitation de quelques Mishnoyôth, un Qaddish, les Pasouqé Dazimro` et enfin un autre Qaddish) l'heure limite serait probablement dépassée. (Dans un tel cas, on n'aurait pas accompli la Miswoh de réciter le Shama´ à temps, mais plutôt celle de l'étude de la Tôroh, ce qui est une Miswoh complètement différente.) D'où la pratique qui se développa parmi de nombreux Israélites de réciter les bénédictions du matin et le « premier Shama´ » tôt matin à la maison, avec l'intention que si le second Shama´ communautaire se faisait trop tard, le « premier Shama´ » fait individuellement serait considéré comme l'accomplissement de la Miswoh de la récitation du Shama´ en son temps.


Mais si les gens comprenaient que tout ce qui est imprimé dans le Siddour n'est pas obligatoire à réciter, et qu'ils se contentaient de l'essentiel, à savoir le Shama´ et les Shamônah ´asréh, ils n'auraient ni besoin de courir après le temps ni de réciter deux fois le Shama´ le matin, et ils retireraient de leurs épaules un lourd fardeau, car ne nous voilons pas la face : plus les offices durent moins l'écrasante majorité des gens restent concentrés du début à la fin. Au contraire, la prière est devenue une activité mécanique, faite sans cœur pour la plupart des gens, tout cela parce qu'on leur fait croire qu'ils doivent lire toutes les centaines de page de l'office !

mercredi 2 novembre 2016

L'arnaque du « Glatt Koshér »

ב״ה

Exposer les fausses notions

L'arnaque du « Glatt Koshér »


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Il existe une croyance erronée au sein de l' « orthodoxie » selon quoi « Glatt Koshér » désigne des aliments d'un niveau de Kashrouth très élevé et que cela ne s'applique pas qu'à la viande mais également aux poulets, à tel point que de très nombreux « Orthodoxes » se refusent de consommer toute viande ou tout poulet qui ne serait pas étiqueté « Glatt Koshér. » C'est l'une des plus grandes arnaques de l'industrie de la Kashrouth.

Les questions qui se posent sont donc celles-ci : Que désigne l'expression « Glatt Koshér » ? Qu'est-ce que cela a-t-il à voir avec la Kashrouth ? Et à quels types d'aliments ce terme s'applique-t-il ?

Le terme technique pour désigner une viande invalide à la consommation des Israélites est « Taréphoh », comme nous le lisons dans la Tôroh1 : וּבָשָׂר בַּשָּׂדֶה טְרֵפָה לֹא תֹאכֵלוּ « et de la chair d'une Taréphoh [retrouvée] dans un champ vous ne mangerez point. » Ce terme s'applique à un animal frappé d'un ou plusieurs défauts physiques qui sont détaillés dans le Talmoudh2, le Mishnéh Tôroh3 du Ramba''m ז״ל et le Shoulhon ´oroukh4 de Rabbi Yôséph Qa`rô ז״ל. Citons parmi ces « défauts » certaines lésions, des lacérations, des membres cassés, des organes manquants ou perforés, ou encore une mort ou des blessures occasionnés par une attaque menée par un animal plus fort, etc. De tels défauts peuvent se produire et rendre ainsi « Taréphoh » aussi bien des quadrupèdes que des poulets. Mais étant donné qu'en réalité ces défauts sont assez rares, on peut supposer, comme l'a déclaré le Sha''h5 ז״ל, que la majorité des quadrupèdes sont sains et ne nécessitent donc pas qu'on les inspecte à la recherche de ces défauts. Une exception est cependant faite par les « Orthodoxes » concernant les poumons d'un quadrupède, sur lesquels des סִירְכוֹת « Sirakhôth » (adhésions) et d'autres problèmes peuvent se développer. Bien que là encore ces problèmes ne sont, en réalité, pas courants, ils se produisent plus fréquemment que les autres types de défauts. Cette prévalence relative de problèmes au niveau des poumons a amené certains rabbins à exiger que les poumons de chaque quadrupède soit examiné, aussi bien lorsqu'ils se trouvent encore à leur place à l'intérieur de l'animal mais également une seconde fois après qu'on les ait retirés de la cage thoracique.6 Étant donné qu'un trou dans les poumons rend l'animal « Taréphoh », des Sirakhôth, c'est-à-dire des bandes pathogènes de fibres de collagène sont problématiques, soit parce qu'elles indiquent la présence d'une perforation qui ne s'est pas suffisamment rebouchée (opinion de Rash''i ז״ל), soit parce qu'elles peuvent se détacher, amenant ainsi un trou à se développer (opinion des Tôsofôth ז״ל). Les Sirakhôth ne se produisent généralement pas sur des poulets, par conséquent le reste de cet article ne se souciera que des quadrupèdes.

Le Shoulhon ´oroukh7 de Rabbi Yôséph Qa`rô décrit de nombreuses sortes de Sirakhôth dans des détails assez complexes, dont la majorité rend l'animal Taréphoh d'après lui. Mais dans son commentaire sur le Shoulhon ´oroukh le Ramo''`8 ז״ל conclut son traitement des Sirakhôth des poumons par la description d'une méthode permettant de peler et tester différents types de Sirakhôth, rendant ainsi Koshér un grand nombre d'animaux. Le Ramo''` lui-même exprima certaines hésitations sur certains aspects de cette indulgence, mais trancha qu'étant donné qu'elle avait été bien acceptée et reposait sur une base ferme on pouvait la suivre. Néanmoins, il recommande que la méthode préconisée ne soit utilisée que par des Juifs d'une crainte de Dieu exceptionnelle.

Puisque ce procédé n'est mentionné et approuvé que par le Ramo''` mais pas par Rabbi Yôséph Qa`rô, les Sapharadhim, qui prétendent qu'ils auraient, on ne sait d'où, une obligation de suivre Rabbi Yôséph Qa`rô, ne consomment donc que de la viande « Glatt » (en hébreu חָלָק « Holoq »), qui est un terme Yiddish signifiant « lisse », c'est-à-dire que les poumons du quadrupède sont lisses, sans aucune Sirakhôth qui pourrait potentiellement, d'après le Shoulhon ´oroukh, rendre la viande « Taréphoh. » Quant aux `ashkanazim, qui eux prétendent avoir une obligation, d'on ne sait également d'où, de suivre le Ramo''`, bien qu'il leur est techniquement possible de consommer de la viande non « Glatt » si elle a été correctement inspectée, ils se sont appliqués la rigueur pour éviter les problèmes potentiels que le Ramo''` lui-même soulève si on devait suivre son indulgence. Par conséquent, même eux ne consomment que de la viande « Glatt Koshér. »

À la lumière de tout cela, il est clair et évident que décrire un poulet, du poisson ou encore des produits laitiers comme étant « Glatt Koshér » est de la pure bêtise et une distorsion du terme « Glatt. » Dans le business que représente aujourd'hui la Kashrouth, des producteurs de produits laitiers n'ont même pas de scrupule à créer des labels « Glatt Koshér » sur du lait, comme sur l’illustration suivante :



Et même lorsque ce terme est employé pour de la viande, il ne sert uniquement qu'à attester du statut des poumons, à savoir s'ils sont lisses ou pas, et n'a rien à voir avec, par exemple, le niveau de fiabilité de la Shahitoh !

La méconnaissance de la signification du terme « Glatt » est si répandue que pour la plupart des Juifs « Orthodoxes » et des ignorants, le terme « Glatt » désignerait une viande d'un niveau de Kashrouth hyper élevé, similaire à ce que l'on appelle « Mehadrin. » En outre, certains commerces et traiteurs pourraient n'avoir qu'un seul type d'étiquette qu'ils collent sur tous leurs produits. C'est ainsi que vous pourrez voir dans des commerces juifs l'étiquette « Glatt Koshér » sur un sandwich ou encore des œufs ! Comme si du pain ou des œufs avaient des poumons devant être inspectés ! Bien qu'il soit mensonger, trompeur et complètement inexact d'appliquer le terme « Glatt » aux poulets, poissons, ou produits laitiers, ce genre d'étiquetage pullule dans le monde « orthodoxe. » Dans certains cas, c'est par ignorance des commerçants, mais dans d'autres cela est fait sciemment pour tromper le consommateur et lui faire croire qu'il achète un « super produit », quelque chose d'une qualité de Kashrouth supérieure ! Cela fait partie de l’escroquerie à grande échelle qu'est devenue l'industrie de la Kashrouth, car les commerçants, rabbins et Mashgihim profitent de l'ignorance du peuple pour leur racketter leur argent au nom de lois de la Tôroh complètement imaginaires !

Soyez prudents et n'oubliez pas une chose : dès qu'une activité devient un business à grande échelle, il y aura toujours des arnaques et des gens pour profiter de la naïveté de ceux qui croient, avec sincérité, qu'ils accomplissent la volonté du Créateur et suivent la Halokhoh !

Qu'HaShem ית׳ ait pitié de nous !

1Shamôth 22:30
2Houllin 42a-59a
3Hilkôth Ma`akholôth `asourôth 4:6-10 ; Hilkôth Shahitoh, Chapitres 5-11
4Yôréh Dé´oh Simonim 29-60
5Yôréh Dé´oh 39:1
6Shoulhon ´oroukh, Yôréh Dé´oh 39:1
7Ibid., paragraphes 4-13

8Yôréh Dé´oh 39:13

mardi 1 novembre 2016

Différence entre « marcher dans Ses voies » et « aimer son semblable comme soi-même »

ב״ה

Différence entre « marcher dans Ses voies » et « aimer son semblable comme soi-même »


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Nous lisons dans la Tôroh1 : וַיֵּרָא אֵלָיו יְהוָה, בְּאֵלֹנֵי מַמְרֵא; וְהוּא יֹשֵׁב פֶּתַח-הָאֹהֶל, כְּחֹם הַיּוֹם « `adhônoy lui apparut dans les plaines de Mamré` tandis qu'il était assis à l'entrée de la tente à la chaleur du jour. » Le Talmoudh2 interprète ce verset comme voulant dire qu'HaShem ית׳ a « visité » `avrohom `ovinou ע״ה, qui se remettait de sa récente circoncision. HaZa''l considèrent cette « visite » Divine comme établissant le concept de בִּיקּוּר חוֹלִים « Biqqour Hôlim », visiter les malades quand ils en ont besoin. Le Talmoudh ajoute qu'en vertu de l'obligation de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies »3, qui exige de suivre l'exemple d'HaShem, nous aussi, en tant qu'Israélites, sommes enjoints à faire preuve de bonté envers nos frères malades en les assistant, en les visitant et en les encourageant durant leur maladie.

Le Ramba''m ז״ל codifie l'obligation de Biqqour Hôlim, ainsi que de nombreux autres actes de bonté obligatoires, dans le quatorzième chapitre des Hilkôth `éval, où il écrit ceci4 :

Il est une Miswath ´aséh [émanant] de leurs paroles5 de visiter les malades, de réconforter les endeuillés, de faire sortir le défunt6, d'apporter la mariée7, d'escorter les invités8, de s'occuper de tous les besoins de l'enterrement, de porter le lit mortuaire sur ses épaules, de marcher devant lui, de faire des éloges funèbres, de creuser9, d'enterrer10, et aussi de réjouir le marié et la mariée et les aider dans tous leurs besoins. Ce sont des actes de bonté pour lesquels on donne de sa personne [et] qui n'ont pas de mesure.
מִצְוַת עֲשֵׂה שֶׁלְּדִבְרֵיהֶם לְבַקַּר חוֹלִים, וּלְנַחַם אֲבֵלִים, וּלְהוֹצִיא הַמֵּת, וּלְהַכְנִיס הַכַּלָּה, וּלְלַוּוֹת הָאוֹרְחִים, וְלַעְסֹק בְּכָל צָרְכֵּי הַקְּבוּרָה, לָשֵׂאת עַל הַכָּתֵף, וְלֵילֵךְ לְפָנָיו, וְלִסְפֹּד, וְלַחְפֹּר, וְלִקְבֹּר; וְכֵן לְשַׂמַּח הֶחָתָן וְהַכַּלָּה, וּלְסַעֲדָם בְּכָל צָרְכֵּיהֶם. וְאֵלּוּ הֶן גְּמִילוּת חֲסָדִים שֶׁבְּגוּפוֹ, שְׁאֵין לָהֶם שֵׁעוּר

Mais curieusement, contrairement à ce que l'on peut comprendre dans le Talmoudh, le Ramba''m ne présente pas ces obligations dans le contexte de la Miswoh de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies », une Miswoh qu'il a abordée bien plus tôt dans son Mishnéh Tôroh.11 Ici, le Ramba''m établit une base différente pour l'obligation de גְּמִילוּת חֲסָדִים « Gamilouth Hasodhim – actes de bonté », à savoir la Miswoh de וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même. »12 En effet, voici ce qu'il écrit13 :

Bien que toutes ces Miswôth émanent de leurs paroles, elles font partie de « et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Toutes les choses que tu voudrais que les autres te fassent, fais-les pour [celui qui est] ton frère dans la Tôroh et les Miswôth.
אַף עַל פִּי שֶׁכָּל מִצְווֹת אֵלּוּ מִדִּבְרֵיהֶם, הֲרֵי הֶן בִּכְלַל "וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ". כָּל הַדְּבָרִים שֶׁאַתָּה רוֹצֶה שֶׁיַּעֲשׂוּ אוֹתָם לָךְ אֲחֵרִים, עֲשֵׂה אוֹתָן אַתָּה לְאָחִיךָ בַּתּוֹרָה וּבַמִּצְווֹת

Ainsi, d'après le Ramba''m, les obligations telles que le Biqqour Hôlim tombent dans la catégorie de וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même », qui est l'obligation nous enjoignant de traiter nos semblables (les Israélites) de la manière dont nous voudrions être nous-mêmes traités.

La perspective du Ramba''m soulève une question naturelle sur la relation entre cette obligation et la Miswoh de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies. » Comme cela a été précédemment mentionné, le Ramba''m codifie cette Miswoh (qui consiste à imiter HaShem dans Ses exemples de compassion et de miséricorde) dans ses Hilkôth Dé´ôth (lois relatives aux traits de caractère et de personnalité). À première vue, cela devrait également inclure les actes de bonté qu'il énumère dans les Hilkôth `éval, mais qu'il considère être requis en vertu de la Miswoh de וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même. » La question qui se pose est donc celle-ci : Quelle est donc la différence entre ces deux Miswôth ? Ou, pour la poser autrement, que vient ajouter la Miswoh de וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même » par rapport à celle de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies » ?

La différence entre ces deux Miswôth est la différence qui existe entre la bonté, d'un côté, et le développement de ses traits de caractère, de l'autre côté. וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même » requiert de notre part d'agir avec bonté envers les autres, de montrer que l'on se soucie des autres comme on se soucie de nous-mêmes. Par contraste, וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies » transmet une exigence totalement différente, à savoir devenir bon, généreux, miséricordieux, soucieux des autres. Être bon et faire le bien ne sont vraiment pas la même chose. Tout comme être miséricordieux et accomplir des actes de miséricorde. On peut parfaitement faire le bien sans forcément être soi-même quelqu'un de bien. Ainsi, la Miswoh de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies » ne se rapporte pas au fait de pourvoir aux besoins des autres, mais plutôt au raffinement de sa propre personne, de ses propres traits de caractère. Il nous est enjoint non seulement d’agir avec bonté, mais également d'être bons ; non seulement d’afficher de la sensibilité face aux difficultés des autres, mais aussi d'être sensibles. De cette façon, nous rendons non seulement servir aux autres mais également à nous-mêmes ; nous accomplissons les deux Miswôth, celle de prendre soin des autres qui sont dans le besoin comme on aimerait qu'ils prennent eux aussi soin de nous, ainsi que celle de l'obligation de développer et raffiner nos traits de caractère pour ressembler à HaShem du mieux que nous pouvons !

1Baré`shith 18:1
2Sôtoh 14a
3Davorim 28:9
4Hilkôth `éval 14:1
5C'est-à-dire, des paroles des Scribes
6Pour aller l'enterrer
7C'est-à-dire de l'accompagner jusqu'au lieu du mariage
8C'est-à-dire de les raccompagner lorsqu'ils partent
9Une tombe
10Un défunt
11Hilkôth Dé´ôth, Chapitre 1
12Wayyiqro` 19:18
13Hilkôth `éval 14:2

lundi 31 octobre 2016

Mise à jour !

ב״ה

Depuis que j'ai annoncé la mise entre parenthèses de ce blog, j'ai reçu de très nombreux messages de personnes (que je ne connaissais pas pour la plupart) ayant exprimé leur tristesse et leur souhait que je continue à publier.

Je tenais tout d'abord à vous remercier, tous autant que vous êtes, pour tous ces messages de soutien. Sachez que tout cela me va droit au cœur. Soyez assurés du fait qu'il n'est pas dans mes intentions de fermer ce blog. Malheureusement, mes nombreuses activités (deux cours d'hébreu par semaine, des cours de Halokhoh, etc.) et le fait que, Dieu voulant, je devrai prochainement faire mes valises et m'envoler sous d'autres cieux, me laissent peu de temps pour le blog, d'où mon intention de le mettre provisoirement de côté. MAIS tous les messages reçus me convainquent plus que jamais de la nécessité de poursuivre ce travail. Par conséquent, je ferai l'effort, pour vous, de publier un ou deux articles par semaine et ne pas laisser ce blog, qui est devenu le vôtre, à l'abandon.

Cet effort ne sera pas une contrainte pour moi, car je le fais avec un réel plaisir. Il n'existe pas de plus belle chose dans ce monde-ci que d'étudier, enseigner et mettre en pratique la Tôroh et les enseignements de nos Sages, de mémoire bénie, que je continuerai encore longtemps, si HaShem me prête vie et forces, de partager avec vous.


Que le Tout-Puissant bénisse chacun et chacune d'entre vous, et à très bientôt donc pour les prochains articles.

vendredi 28 octobre 2016

Petite annonce et remerciements

ב״ה

Petite annonce et remerciements

Ce blog ne sera plus mis à jour (ou du moins pas avant très longtemps), de façon à pouvoir pleinement me consacrer à mes autres activités et obligations.

Durant les deux années d'existence de ce blog, j'ai eu à cœur de rendre accessible au plus grand nombre les enseignements halakhiques de HaZa''l et la Tôroh de Rabbénou Môshah ban Maymôn ז״ל, plus connu sous son acronyme de « Ramba''m », afin d'éveiller les consciences et contribuer à rapprocher le peuple d'Israël de la Tôroh et de la Halokhoh. Les nombreux témoignages de soutien et de solidarité que j'ai pu recevoir au cours de cette période me montrent que tout ce temps et cette énergie consacrée à compiler et traduire ces textes n'aura pas été en vain. Mon espoir est que le travail commencé à travers ce blog se poursuivra par d'autres canaux et que d'autres personnes bien disposées pourront porter à leur façon et à leur niveau les messages de vérité qu'il véhiculait. Plusieurs personnes m'ont fait part des initiatives et projets qu'elles comptaient initier sur base de ce qu'elles ont pu apprendre ici. Je leur accorde mon entière bénédiction et mon soutien le plus total.

Je tiens à remercier les lecteurs de divers horizons et milieux qui ont été très nombreux, non seulement à lire les publications mais également à y contribuer par les questions qu'ils soumettaient et les remarques pertinentes qu'ils ont pu soulever. En deux ans d'existence, ce blog a atteint, à l'heure où j'écris, exactement 29 110 pages vues, avec plus de 100 visites par semaine en moyenne, à partir de pays tels qu'Israël, la France, la Belgique, le Canada, les États-Unis, Madagascar, le Maroc, l'Algérie, l'Espagne, et de nombreux autres encore que j'oublie.

J'ai été très heureux d'apporter ma pierre à l'édifice de la propagation de la Tôroh et de la Halokhoh de nos Sages, trop souvent malheureusement négligée ou méconnue, notamment dans le public francophone. Et vos nombreuses réactions positives me donnent la force de poursuivre ce travail, chose que je ferai mais différemment, par d'autres moyens et sous d'autres cieux.

Qu'HaShem ית׳ ouvre nos yeux pour voir Ses vérités ; qu'Il ouvre nos oreilles pour écouter Sa parole ; qu'Il nous renforce dans la `amounoh (foi) véritable ; qu'Il donne à nos mains d'agir et de mettre en pratique ; qu'Il éveille nos cœurs pour nous attacher à Lui ; qu'Il puisse ajouter à ceux qui le font déjà (notamment en Israël et ailleurs) davantage d'individus qui se lèveront pour la vérité et la réhabilitation des voies de nos Sages ; qu'Il nous aide dans notre Tashouvoh (repentance), et qu'à travers elle nous puissions jouir, prochainement et de nos jours, de la venue de Moshiah Sidhqénou (notre juste Messie), qui nous sortira de cet exil long et pénible (mais néanmoins bénéfique) et nous apportera la Ga`ouloh (rédemption) Ho`améttith Wahashalémoh (véritable et complète).

Que la Tôroh d'HaShem, la Halokhoh de nos Sages, de mémoire bénie, et les enseignements de Rabbénou ne s'éteignent jamais et qu'ils nous accompagnent tous les jours de nos vies, jusqu'à la Fin des Temps. `omén, Kén Yahi Rosôn !

mercredi 19 octobre 2016

Hallél + Hôsh´anôth

ב״ה

La récitation du Hallél et des Hôsh´anôth, conformément aux instructions du Ramba''m ז״ל telles qu'elles sont respectées par les Talmidhé HaRamba''m et les Yahoudhé Témon :


Quand fait-on la bénédiction relative à la Soukkoh

ב״ה

Quand fait-on la bénédiction relative à la Soukkoh ?

Perspective du Ramba''m


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Dans sa présentation des lois relatives à la Soukkoh, le Ramba''m ז״ל tranche que l'on doit prononcer la bénédiction sur cette Miswoh en étant debout, juste avant de s'asseoir dans la Soukkoh.1 (Nous l'avions rapporté dans l'article intitulé « Quelques autres règles relatives à la Soukkoh. »)

Le Pasaq Din du Ramba''m a suscité de très nombreuses interrogations et discussions parmi les `aharônim. Un principe halakhique connu stipule que lorsque la Halokhoh exige qu'une bénédiction soit faite sur l'accomplissement d'une Miswoh, on doit la faire juste avant d'accomplir la dite Miswoh. (Ce principe est connu sous le nom de עוֹבֵר לַעֲשִׂיָּתָן « ´ôvér La´asiyôthon », c'est-à-dire « avant son accomplissement. ») Si nous accomplissions la Miswoh en entrant simplement dans la Soukkoh, il nous aurait donc été demandé de faire la bénédiction juste avant d'y entrer. Et si la Miswoh n'était accomplie que lorsque nous mangeons dans la Soukkoh, la bénédiction devrait alors être faite après s'être assis dans la Soukkoh, juste avant de manger (et telle est la pratique acceptée par la majorité des Juifs). Mais le fait que le Ramba''m préconise de faire la bénédiction juste avant de s'asseoir dans la Soukkoh semble indiquer qu'il définit plutôt la Miswoh de la Soukkoh comme étant une obligation de s'y asseoir.

Beaucoup de `aharônim suggèrent que le Ramba''m a atteint une telle conclusion sur base des termes bibliques employés pour décrire l'obligation de la Soukkoh : בַּסֻּכֹּת תֵּשְׁבוּ, שִׁבְעַת יָמִים « Bassoukkôth Téshavou Shiv´ath Yomim. »2 Le mot תֵּשְׁבוּ « Téshavou » découle de la racine ישׁב, qui signifie à la fois « résider » et « s'asseoir. » On suppose généralement qu'ici, en référence à l'obligation de la Soukkoh, le mot est employé dans le sens de « résider », et la Tôroh oblige à établir notre résidence principale dans la Soukkoh. Mais pour bon nombre de `aharônim, il semblerait que le Ramba''m ait interprété « Téshavou », dans ce verset, comme voulant dire « s'asseoir », de telle sorte que, d'après lui, on accomplirait la Miswoh en s'asseyant dans la Soukkoh.

Aussi répandue que cette explication puisse être, elle est complètement fausse, comme le font aussi bien remarquer le Ro`''sh3 ז״ל que le Ra`ava''dh4 ז״ל dans leur rejet du Pasaq Din du Ramba''m. En outre, le Ramba''m lui-même cite explicitement ce verset comme établissant l'obligation de « résider » dans la Soukkoh. En effet, quelques Halokhôth plus tôt, il écrit5 :

Comment [doit s'accomplir] la Miswoh de résider dans la Soukkoh ? C'est lorsqu'il mange, boit et habite dans la Soukkoh tous les sept jours, aussi bien en journée que durant la nuit, de la même façon qu'il habite dans sa maison les autres jours de l'année. Et l'intégralité des sept jours, l'homme doit faire de sa maison [une résidence] temporaire et de sa Soukkoh [une résidence] fixe, ainsi qu'il est dit6 : « Vous résiderez dans des Soukkôth sept jours. »
כֵּיצַד הִיא מִצְוַת הַיְּשִׁיבָה בַּסֻּכָּה: שֶׁיִּהְיֶה אוֹכֵל וְשׁוֹתֶה וְדָר בַּסֻּכָּה, כָּל שִׁבְעַת הַיָּמִים בֵּין בַּיּוֹם בֵּין בַּלַּיְלָה, כְּדֶרֶךְ שְׁהוּא דָּר בְּבֵיתוֹ, בִּשְׁאָר יְמוֹת הַשָּׁנָה. וְכָל שִׁבְעַת הַיָּמִים, עוֹשֶׂה אָדָם אֶת בֵּיתוֹ עֲרַאי וְאֶת סֻכָּתוֹ קְבָע, שֶׁנֶּאֱמָר: בַּסֻּכֹּת תֵּשְׁבוּ, שִׁבְעַת יָמִים

Clairement, le Ramba''m comprend le verset comme une exigence de résider dans la Soukkoh, et non de simplement s'asseoir dedans. S'il en est ainsi, pourquoi tranche-t-il que la bénédiction doive être faite précisément avant de s'asseoir dans la Soukkoh, et non pas juste avant d'y entrer ?

Deux propositions peuvent être avancées. La première consiste à se baser sur un autre principe général concernant la récitation de bénédictions avant l'accomplissement d'une Miswoh, a savoir que chaque fois que HaZa''l ont institué la récitation d'une bénédiction sur une Miswoh, indépendamment de la définition essentielle que l'on pourrait donner à la Miswoh en question, la bénédiction ne doit être faite qu'avant l'accomplissement d'un acte concret et significatif. Par exemple, ce n'est pas juste avant de mettre la Taphilloh du bras que la bénédiction est faite dessus, mais juste avant que l'on ne commence à serrer la Taphilloh. Ce n'est que par cet acte concret, et non pas par le seul fait de mettre la Taphilloh, que l'on considère que la Miswoh est accomplie. Ainsi, le Ramba''m est certainement d'accord avec le fait que l'on accomplit la Miswoh de la Soukkoh au moment où on y entre. Néanmoins, d'après lui, simplement entrer dans la Soukkoh ne constitue pas un acte suffisamment significatif que pour nécessiter qu'une bénédiction soit faite. En effet, quelqu'un pourrait alors entrer dans la Soukkoh et en ressortir immédiatement, sans rien avoir fait à l'intérieur. Par conséquent, on ne fait la bénédiction qu'avant de s'asseoir dans la Soukkoh, ce qui constitue l'acte formel de l'accomplissement de la Miswoh.

Une deuxième approche, plus ou moins similaire, a été proposée par le Ta''z ז״ל.7 Il définit la Miswoh comme nécessitant d'établir sa résidence dans la Soukkoh, dont le fait de s'asseoir à l'intérieur constitue l’expression pratique. Comme l'écrit le Ta''z, on ne démontre une permanence que lorsqu'on s’assied. Quand quelqu'un entre temporairement dans une pièce, il reste assis. De là, nous voyons que s'asseoir quelque part est la démonstration extérieure d'un sentiment de permanence (ou du moins de longue durée). Par conséquent, le Ramba''m a exigé de ne faire la bénédiction qu'avant de s'asseoir dans la Soukkoh, étant donné que c'est parc et acte que l'on exprime sa « résidence » permanence dans la Soukkoh, accomplissant ainsi l'obligation de la Tôroh.

1Mishnéh Tôroh, Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov 6:12
2Wayyiqro` 23:42
3Ro`''sh, Soukkoh 4:3
4Critiques sur le Mishnéh Tôroh
5Mishnéh Tôroh, Hilkôth Shôphor Wasoukkoh Walôlov 6:5
6Wayyiqro` 23:42

7Commentaire sur le Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 643:2

dimanche 16 octobre 2016

Quelles sont les Malo`khôth interdites durant Hôl Hammô´édh

ב״ה

Quelles sont les Malo`khôth interdites durant Hôl Hammô´édh ?


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חול המועד « Hôl Hammô´édh » est une expression faisant référence aux jours intermédiaires de Pésah et Soukkôth, et se traduit littéralement par « partie profane de la fête ». L'expression en elle-même ressemble à un oxymore : ces jours ne sont pas des Yomim Tôvim, car ce sont des חולין « Houllin »1, mais font néanmoins partie des מועדים « Mô´adhim »2. Ce sont donc des jours qui sont à moitié profanes, car certaines Malo`khôth sont permises, et à moitié saints, car d'autres Malo`khôth sont interdites. La question naturelle qui se pose donc est celle-ci : quelles sont les Malo`khôth permises et celles qui sont interdites durant la période de Hôl Hammô´édh ?

Avant de répondre à cette question, nous devons nous pencher sur les sources de l'interdiction d'accomplir des Malo`khôth durant Hôl Hammô´édh. Dans Haghighoh 18a, La Gamoro` rapporte une divergence d'opinion entre Résh Laqqish ז״ל et Rébbi Yôhonon ז״ל concernant l'accomplissement de Malo`khôth après un jour de Yôm Tôv. La Gamoro` se poursuit de la façon suivante :

Il s'en suit donc que les deux3 sont d'avis qu'à Hôl Hammô´édh il est interdit d'accomplir une Malo`khoh.4 D'où le déduit-on ? Du fait qu'il a été enseigné par nos Rabbins : « [Il est écrit5 :] ''La fête des Massôth, tu la garderas sept jours''. Ceci enseigne concernant [les jours de] Hôl Hammô´édh qu'il est interdit d'y accomplir une Malo`khoh6 ». [Ce sont là les] paroles de Rébbi Yo´shiyoh. Rébbi Yônothon a dit : « Ce n'est pas nécessaire !7 [Cela peut être prouvé par] un Qal Wahômar8 : si le premier et le septième [jours] qui n'ont pas de sainteté9 qui les précède et les suit il est interdit de faire une Malo`khoh, à combien plus forte raison convient-il d'interdire d'accomplir une Malo`khoh durant [les jours de] Hôl Hammô´édh, qui sont précédés et suivis d'une sainteté » Mais les six jours du commencement [de la création]10 ne réfutent-ils pas [cet argument], car une sainteté les précède et les suit11, et pourtant il est permis d'y accomplir une Malo`khoh ? Non, car bien que [cela s'applique] aux six jours du commencement [de la création] durant lesquels on n'apporte pas de Qorban Mousof, peux-tu en dire [de même] des [jours de] Hôl Hammô´édh durant lesquels on apporte un Qorban Mousof ?12 Mais Rô`sh Hôdhash ne réfute-il pas [cet argument], car on y apporte un Qorban Mousof, et pourtant il est permis d'y accomplir une Malo`khoh ? Non, car bien que [cela s'applique] à Rô`sh Hôdhash qui n'est pas appelé « Miqro` Qôdhash »13, peux-tu en dire [de même] des [jours de] Hôl Hammô´édh qui sont appelés « Miqro` Qôdhash » ?14 Puisqu'ils sont appelés « Miqro` Qôdhash », il convient d'interdire d'accomplir une Malo`khoh [durant les jours de] Hôl Hammô´édh]. Il a été enseigné ailleurs : « [Il est écrit15 :] ''Vous n'accomplirez aucune Mala`khath ´avôdhoh16''. Ceci enseigne concernant [les jours de] Hôl Hammô´édh qu'il est interdit d'y accomplir une Malo`khoh »17. [Ce sont là les] paroles de Rébbi Yôsé le Galiléen. Rébbi ´aqivo` dit : « Ce n'est pas nécessaire ! Il est dit18 : ''Ceux-ci sont les Mô´adhim d'HaShem, etc.'' De quoi parle le verset ? Si c'est du premier jour, voici il a déjà été dit [que c'est] un Shabbothôn19. Si c'est du septième jour, voici il a déjà été dit [que c'est] un Shabbothôn20. Par conséquent, le verset ne peut parler que [des jours] de Hôl Hammô´édh, pour t'apprendre qu'il est interdit d'y accomplir une Malo`khoh ».21 Il a été enseigné ailleurs : « [Il est écrit22 :] ''Six jours tu mangeras des Massôth, et le septième jour sera une ´asarath23 pour HaShem''. [Ceci enseigne que] tout comme le septième jour est placé sous une restriction [au niveau des Malo`khôth]24, de même, les six jours [qui précèdent] sont placés sous une restriction [au niveau des Malo`khôth] ». Si [tu penses que] tout comme le septième jour est placé sous une restriction au niveau de toutes les sortes de Malo`khôth, de même, les six jours [qui précèdent] sont placés sous une restriction au niveau de toutes les sortes de Malo`khôth, [sache] donc que l’Écriture enseigne « et le septième jour sera une ´asarath », [pour te faire comprendre que] seul le septième jour est placé sous une restriction au niveau de toutes les sortes de Malo`khôth, mais que les six jours [qui précèdent] ne sont pas placés sous une restriction au niveau de toutes les sortes de Malo`khôth. C'est ainsi que l’Écriture a laissé aux Sages le soin de te dire25 quel est le jour où [les Malo`khôth] sont interdites, et quel est le jour où elles sont permises26, quelle sorte de Malo`khoh est interdite, et laquelle est permise27.
מכלל דתרוייהו סבירא להו דחולו של מועד אסור בעשיית מלאכה מנהני מילי דתנו רבנן את חג המצות תשמור שבעת ימים לימד על חולו של מועד שאסור בעשיית מלאכה דברי רבי יאשיה רבי יונתן אומר אינו צריך קל וחומר ומה ראשון ושביעי שאין קדושה לפניהן ולאחריהן אסור בעשיית מלאכה חולו של מועד שיש קדושה לפניהן ולאחריהן אינו דין שיהא אסור בעשיית מלאכה ששת ימי בראשית יוכיחו שיש קדושה לפניהן ולאחריהן ומותרין בעשיית מלאכה מה לששת ימי בראשית שאין בהן קרבן מוסף תאמר בחולו של מועד שיש בו קרבן מוסף ראש חדש יוכיח שיש בו קרבן מוסף ומותר בעשיית מלאכה מה לראש חדש שאין קרוי מקרא קדש תאמר בחולו של מועד שקרוי מקרא קדש הואיל וקרוי מקרא קדש דין הוא שאסור בעשיית מלאכה תניא אידך כל מלאכת עבודה לא תעשו לימד על חולו של מועד שאסור בעשיית מלאכה דברי רבי יוסי הגלילי רבי עקיבא אומר אינו צריך הרי הוא אומר אלה מועדי ה' וגו' במה הכתוב מדבר אם בראשון הרי כבר נאמר שבתון אם בשביעי הרי כבר נאמר שבתון הא אין הכתוב מדבר אלא בחולו של מועד ללמדך שאסור בעשיית מלאכה תניא אידך ששת ימים תאכל מצות וביום השביעי עצרת לה' מה שביעי עצור אף ששת ימים עצורין אי מה שביעי עצור בכל מלאכה אף ששת ימים עצורין בכל מלאכה תלמוד לומר וביום השביעי עצרת השביעי עצור בכל מלאכה ואין ששה ימים עצורין בכל מלאכה הא לא מסרן הכתוב אלא לחכמים לומר לך איזה יום אסור ואיזה יום מותר איזו מלאכה אסורה ואיזו מלאכה מותרת

Le but de tout ce passage talmudique est de nous faire comprendre que l'interdiction d'accomplir une Malo`khoh durant Hôl Hammô´édh est une tradition orale remontant au Sinaï. Les seuls points de divergence consiste à savoir si cette interdiction peut être soutenue par un verset de l’Écriture, et si oui, lequel. Mais au final, tous sont d'accord pour dire que l'interdiction remonte au Mont Sinaï.

Quant à la dernière phrase de ce passage, cela signifie tout simplement que bien que le statut de cette interdiction provienne de la tradition orale, les paramètres de cette interdiction ont été déterminés par les Sages eux-mêmes. Ainsi, étant donné que les jours intermédiaires d'un Yôm Tôv font partie de la fête, certaines Malo`khôth sont interdites ces jours-là. Mais comme ces jours ne sont pas des Yomim Tôvim en eux-mêmes, certaines Malo`khôth ont été permises ces jours-là. Et la Tôroh a laissé au Sages le soin de déterminer eux-mêmes quelles Malo`khôth devaient être interdites et lesquelles devaient être autorisées. Et le critère utilisé par les Sages pour déterminer cela était la préservation de la sainteté de ces jours-là. En d'autres mots, toutes les Malo`khôth qui nuisent à la sainteté de ces jours-là furent interdites, tandis que celles qui ne nuisent pas à la sainteté de ces jours-là furent autorisées.

Si nous ne considérons pas ces jours-là comme ayant un certain degré de sainteté, alors qu'ils font partie de la période de fête, nous allons les traiter avec légèreté et les traiter comme des jours ordinaires, ce qui nous fera oublier que nous sommes en période de fête. C'est pour cela que certaines restrictions au niveau des Malo`khôth que l'on peut ou que l'on ne peut pas accomplir furent instituées. C'est là le sens de Hôl Hammô´édh. Voilà pourquoi le Talmoudh Yarousholmi28 rapporte que Rov `abbo` bar Mammél ז״ל a déclaré : « Si j'avais un groupe de Sages pour se joindre à moi, j'annulerai Hôl Hammô´édh... Pourquoi Hôl Hammô´édh fut-il donné à la base ? N'était-ce pas pour que les gens soient capables de manger, boire, et s'occuper dans la Tôroh ? Au lieu de cela, ils mangent, boivent, et s'amusent ! ». La période de Hôl Hammô´édh revêt une certaine sainteté, et limiter les Malo`khôth et activités que l'on pourrait y accomplir sert à préserver ce degré de sainteté et passer ces jours à des choses nécessaires et spirituelles, plutôt qu'à des futilités.

Ces restrictions et permissions au niveau des Malo`khôth sont énoncées et expliquées en détail dans le traité Mô´édh Qoton du Talmoudh. Se basant sur ce traité, le Hofés Hayim ז״ל a indiqué dans son Mishnoh Barouroh29 qu'il n'y avait que cinq sortes de Malo`khôth permises durant Hôl Hammô´édh. Les voici :

  1. דבר האבד « Dovor Ho`avédh » : un travail qui sera perdu s'il n'est pas réalisé maintenant. Par exemple, si les produits d'un champ seront abîmés s'ils ne sont pas irrigués durant Hôl Hammô´édh, il sera permis de les irriguer.
  2. צרכי המועד « Sorakhé Hammô´édh » : des travaux qui sont nécessaires pour la fête en elle-même. Par exemple, si cela est nécessaire, une Soukkoh pourra être complètement reconstruite durant Hôl Hammô´édh. De même, on pourra cuire ses propres Massôth durant Hôl Hammô´édh Pésah.
  3. בשביל פּועל שאין לו מה לאכול « Bishvil Pô´él Sha`én Lô Mah La`akhôl » : une activité qui a été permise afin de permettre à un travailleur d'avoir suffisamment d'argent que pour se nourrir.
  4. צרכי רבים « Sorakhé Rabbim » : les travaux qui sont une nécessité publique, c'est-à-dire, pour le bien des citoyens ou des autres personnes. Par exemple, réparer la citerne d'eau de la ville, ou déboucher les toilettes de la maison, est permis durant Hôl Hammô´édh.
  5. מעשה הדיוט « Ma´aséh Hédhiyôth » : les actes simples, qui ne nécessitent pas d'efforts ou de compétences professionnelles particulières.

HaZa''l ont interdit de s'adonner à des activités financières (c'est-à-dire, acheter ou vendre quelque chose) durant Hôl Hammô´édh, à moins que cela serve pour la fête ou pour empêcher une perte d'argent.30 Et même les activités financières qui sont permises doivent être réalisées d'une manière discrète et sobre, afin de ne pas perturber la sainteté de la période de fête.31 Ainsi, HaZa''l ont tranché qu'un magasin de vêtements tenu par un Israélite peut vendre des vêtements qui seront portés durant la fête, mais que la porte principale donnant sur la rue doit être fermée. Si le magasin est doté de deux portes donnant sur la rue, l'une pourra être ouverte, tandis que l'autre sera fermée, afin de montrer par-là qu'aujourd'hui c'est Hôl Hammô´édh.32

Ainsi, d'après le Talmoudh, un Israélite ne peut pas ouvrir son magasin pour conduire ses affaires d'une manière ordinaire durant Hôl Hammô´édh. Il ne pourra le faire qu'avec un שינוי « Shinouy » (changement, modification33), si ce qu'il vend sert aux besoins de la fête, et seulement si le fait de garder son magasin fermé risque de lui faire perdre beaucoup d'argent.

Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל ajoute à cela qu'un magasin tenu par un Israélite qui vend des aliments périssables peut rester ouvert durant Hôl Hammô´édh d'une façon ordinaire, étant donné que tout ce qui sera acheté servira soit à Hôl Hammô´édh, soit à Yôm Tôv.34

Bien qu'il puisse théoriquement être possible de changer d'endroits sans accomplir de Malo`khoh, le déplacement pour se rendre en-dehors de sa ville ou de son quartier durant Hôl Hammô´édh peut être fatiguant et une distraction. C'est pourquoi, HaZa''l ont interdit de se déplacer hors de sa ville ou de son quartier durant Hôl Hammô´édh.35 Dans le même temps, aller dormir ailleurs ou se rendre dans une autre ville peut contribuer à améliorer l'atmosphère de Yôm Tôv, et c'est pourquoi HaZa''l l'ont permis si c'est dans ce but-là, et non pour s'occuper de ses affaires ou de futilités.

De l'autre côté, comme cela a été dit plus haut, toute Malo`khoh qui ne détourne pas de l'atmosphère de sainteté de Hôl Hammô´édh est permise. Par conséquent, HaZa''l ont permis de déplacer des objets Mouqsah durant Hôl Hammô´édh, car cela ne perturbe pas la sainteté et le but du jour.36 (Concernant les objets Mouqsah, voir l'article intitulé « Qu'est-ce que réellement la notion de Mouqsah ? ».)

Certains Pôsqim permettent d'accomplir toute Malo`khoh qui ne nécessite que très peu d'effort, même si elle n'est pas en soi nécessaire aux besoins de la fête.37 D'après ceux qui soutiennent cette opinion, il est donc permis, par exemple, de craquer une allumette ou de prendre des photographies, même si ce n'est pas pour les nécessités de la fête. Mais d'autres Pôsqim s'opposent à cette opinion, et ne permettent ces activités que lorsqu'elles sont réalisées pour les besoins de la fête38, comme par exemple, prendre des photographies de sa Soukkoh durant Hôl Hammô´édh afin d'immortaliser l'occasion, ou craquer une allumette afin de préparer à manger.

HaZa''l ont également permis des activités qui contribuent à améliorer l'atmosphère de Hol Hammô´édh ou que l'on prévoit pour Yôm Tôv, comme cuisiner, faire des achats pour Yôm Tôv, ou encore voyager à des fins festives (quitter sa ville durant Hôl Hammô´édh parce qu'on est invité par des amis pour passer du temps avec eux sous leur Soukkoh, ou manger avec eux pour Pésah, par exemple). Il est donc permis de moudre, de trier, de cuire du pain et d'accomplir d'autres activités culinaires ordinaires destinées aux repas de Yôm Tôv ou Hôl Hammô´édh. Mais on ne doit pas préparer durant Hôl Hammô´édh des repas que l'on compte consommer après Yôm Tôv, tout comme il est interdit de cuisiner à Yôm Tôv pour un jour profane.

Expliquons à présent le point 5 mentionné par le Hofés Hayim, dans son Mishnoh Barouroh. HaZa''l ont permis de fabriquer ou réparer des objets dont on a besoin à Hol Hammô´édh, mais à la condition de ne pas avoir recourt à une méthode professionnelle pour réaliser ce travail. C'est ce que l'on appelle des מעשה הדיוט « Ma´aséh Hédhiyôth », des travaux qui ne nécessitent pas des méthodes ou compétences professionnelles pour être réalisés. Ainsi, par exemple, on peut accorder un instrument si cela ne nécessite pas de compétences particulières.39 Rabbi Yôséf Qa`rô tranche qu'il est permis de fabriquer un bac d'eau pour animaux d'une manière non professionnelle, afin que les animaux aient à boire durant Hôl Hammô´édh.40 De même, il est permis de faire quelques réparations dans sa maison qui servent un but festif d'une manière non professionnelle41, comme par exemple placer une grande planche en bois pour remplacer une fenêtre cassée et empêcher ainsi le froid d'entrer dans la maison. Mais réaliser ces travaux ou réparations de façon professionnelle (par exemple, en montant une toute nouvelle vitre pour remplacer celle qui est cassée) est interdit, à moins de s'exposer à des pertes financières si on ne le faisait pas.42

En règle générale, donc, tout travail « professionnel » est interdit à Hôl Hammô´édh. De ce fait, il n'est pas permis de développer une pellicule photographique, même à des fins festives, étant donné que c'est un travail professionnel. Par contre, il est permis d'utiliser un appareil photographique digital, même si la photographie est « développée » à Hôl Hammô´édh, étant donné qu'aucune compétence n'est nécessaire (c'est l'appareil qui fait pratiquement tout dès l'instant où l'on appuie sur le bouton).

Il est permis de recoudre un vêtement déchiré si on compte le porter à Yôm Tôv ou durant Hôl Hammô´édh, mais uniquement si on le recoud avec un Shinouy (d'une manière fortement différente que d'ordinaire43) ou qu'on le fait recoudre par une personne non professionnelle (c'est-à-dire, dont ce n'est pas le métier).44 Ainsi, si on le recoud soi-même, il faudra un Shinouy significatif et que l'on ait l'intention de le porter durant Hôl Hammô´édh ou Yôm Tôv. Et si on le fait recoudre par quelqu'un d'autre, cette personne ne devra pas être une professionnelle. La raison pour laquelle HaZa''l ont émis ces conditions, c'est afin qu'on se rappelle par ces changements que c'est Hôl Hammô´édh, même lorsqu'on accomplit une Malo`khoh pour les besoins de la fête. Cela contribue donc à préserver l'atmosphère de Yôm Tôv qui devrait imprégner tous les jours de Hôl Hammô´édh.

Comme cela a été mentionné au point 3 par le Hofés Hayim, HaZa''l ont permis à un travailleur qui ne peut pas pourvoir de la nourriture à sa famille (ou pour lui-même) pour Yôm Tôv de travailler durant Hôl Hammô´édh.

Comme cela fut mentionné par le Hofés Hayim au point 1, HaZa''l ont permis de travailler durant Hôl Hammô´édh si une perte financière résultera du fait d'avoir repoussé le travail jusqu'à après Yôm Tôv.45 Cela fut permis, car autrement, trop préoccupée par l'argent qu'elle perd, la personne se détournera de la joie de Yôm Tôv.46

Une autre application de ce principe est qu'il est permis de réparer un verrou cassé ou une alarme cassée durant Hôl Hammô´édh, pour empêcher de se faire voler.47 De même, il est permis de retirer immédiatement une tache d'un vêtement avant qu'il ne soit trop tard (certaines taches sont presque impossibles à retirer une fois qu'elles ont séchées).

En vertu de cette règle, un employé peut aller au travail durant Hôl Hammô´édh si prendre congé pourrait lui faire perdre son emploi. Néanmoins, s'il peut prendre même des congés non payés à Hôl Hammô´édh sans que cela ne menace sa place, il ne doit pas aller travailler.

Il est permis d'acheter un article dont on n'aura besoin qu'après Yôm Tôv s'il ne sera disponible que durant Hôl Hammô´édh ou si après Hôl Hammô´édh son prix augmentera (par exemple, si les soldes se concluent durant Hôl Hammô´édh). Les Pôsqim concluent qu'une telle situation entre dans la catégorie d'une דבר האבד « Dovor Ho`avédh ».48

En raison de ce principe, la Mishnoh49 permet d'irriguer un champ durant Hôl Hammô´édh, si une semaine sans eau nuira aux productions agricoles. Cependant, il n'est pas permis d'irriguer un champ qui a reçu une quantité de pluie adéquate, même si le champ profitera considérablement d'un ajout d'eau. Cela est interdit, car ce serait créer un profit, chose qu'il est interdite de faire à Hôl Hammô´édh, car on ne peut accomplir que des Malo`khôth servant à éviter une perte, et non pas à préserver un profit.50 Ainsi, bien que l'on ne puisse pas s'adonner à des activités commerciales pour conquérir de nouveaux marchés, on peut servir des clients déjà existants (si les conditions dont nous avons précédemment parlées sont remplies).

La raison pour laquelle on fait une distinction entre une perte et un profit potentiel est que les gens sont généralement déçus lorsqu'ils perdent quelque chose qu'ils possédaient déjà, et cela les détournera de la joie de la Yôm Tôv, alors qu'ils sont généralement moins ennuyés lorsqu'ils perdent un profit potentiel, qui n'existait pas encore concrètement.

HaZa''l ont interdit de faire la lessive, de se raser et de se couper les cheveux durant Hôl Hammô´édh, précisément afin de préserver l'atmosphère de sainteté de Hôl Hammô´édh. Dans les temps talmudiques, les gens avaient l'habitude de faire leur lessive, de se tailler la barbe et se faire couper les cheveux très régulièrement (les Israélites ont toujours eu l'habitude de garder une coupe de cheveux très courte). Pour préserver l'atmosphère de sainteté de Hôl Hammô´édh, ces activités furent interdites durant Hôl Hammô´édh afin de s'assurer que les gens accompliraient ces choses avant le commencement de Yôm Tôv.

Par contre, HaZa''l ont permis de laver des serviettes et des vêtements d'enfants durant Hôl Hammô´édh, étant donné que même s'ils sont lavés avant le début de Yôm Tôv, ils ont tendance à être rapidement salis.51

Repasser un vêtement durant Hôl Hammô´édh n'entre pas dans cette interdiction de faire la lessive.52

Toute Malo`khoh qu'un Israélite a l'interdiction d'accomplir lui-même durant Hôl Hammô´édh, il n'a pas le droit de demander à un Gôy de l'accomplir pour lui.53 Mais si le Gôy est un entrepreneur qui est payé pour le travail effectué et qu'il peut lui-même choisir les jours où il travaillera, il existe des cas d'exceptions pouvant permettre de confier le travail à ce Gôy. En ce sens, c'est exactement la même chose que pour les lois de Shabboth, où il est permis de demander avant Shabboth à un entrepreneur Gôy d'accomplir un travail pour nous s'il y a théoriquement suffisamment de temps pour que le travail soit réalisé avant Shabboth, même si, au final, il fait lui-même le choix de travailler à Shabboth.

Lorsqu'on paie quelqu'un en fonction du travail réalisé, cette personne est halakhiquement considérée comme travaillant pour elle-même et non pour nous. Par conséquent, lorsqu'un Israélite engage un entrepreneur Gôy et que ce dernier fait lui-même le choix de travailler à Shabboth ou Hôl Hammô´édh, il n'est pas considéré comme quelqu'un qui travaille pour l'Israélite ces jours-là. Nous pouvons donc lui permettre de travailler durant Hôl Hammô´édh, mais à la condition de ne pas lui demander d'accomplir ce travail durant Hôl Hammô´édh. La décision doit être le fait de ce Gôy uniquement. En résumé, si les quatre conditions suivantes sont remplies, il sera permis de tirer profit du travail effectué par ce Gôy :

  1. l'Israélite le paie pour le travail qu'il lui demande, et non sur une base journalière, ni en fonction du nombre d'heures passé sur le travail ;
  2. l'Israélite a fait appel à ce Gôy avant le début de Yôm Tôv ;
  3. l'Israélite n'a pas donné pour instruction à ce Gôy de travailler durant Hôl Hammô´édh ;
  4. le Gôy réalise son travail d'une manière discrète, de façon à ce que des Israélites ne sachent pas qu'il travaille pour un Israélite.

Ainsi, le Gôy doit travailler pour son propre compte, selon ses propres conditions, et d'une façon et dans un lieu où aucun Israélite ne peut savoir qu'il réalise ce travail pour un Israélite.

Lorsqu'on respecte Hôl Hammô´édh de la façon appropriée, on accomplit un Qiddoush HaShem et démontre l'alliance existante entre nous et HaShem. Par contre, lorsque ce n'est pas le cas, nous accomplissons un Hilloul HaShem et dénaturons la sainteté qu'ont ces jours, ainsi que l'a dénoncé Rov `abbo` bar Mammél dans le Talmoudh Yarousholmi.

Puissions-nous toujours mériter de démontrer la présence d'HaShem et le lien qui nous unit à Lui au sein du peuple d’Israël, mais aussi dans le monde entier, par notre respect de Ses lois et des fêtes qu'Il nous a données pour la réjouissance et l'exaltation (comme nous le disons dans les prières des périodes de fête), et non pour les passer dans des futilités.

1חול « Hôl » signifie « profane » ou « ordinaire », et désigne ce qui n'est pas sacré ou saint
2מועד « Mô´édh » signifie « rendez-vous », et désigne une des fêtes pour lesquelles le peuple devait se rassembler, afin de se présenter devant HaShem
3Résh Laqqish et Rébbi Yôhonon
4Puisque Résh Laqqish n'a pas objecté à la déclaration de Rébbi Yôhonon concernant l'interdiction d'accomplir des Malo`khôth à Hôl Hammô´édh, c'est que les deux sont d'accord sur ce point
5Shamôth 23:15
6Le verbe « garder » est toujours employé dans la Tôroh pour mettre en garde contre le fait de transgresser une interdiction. Dans le contexte d'une fête ou d'un jour saint, il désigne l'interdiction d'accomplir des Malo`khôth. Par exemple, « vous garderez le Shabboth dans toutes vos générations » signifie qu'il faut s'abstenir d'accomplir des Malo`khôth le jour du Shabboth, car c'est ainsi que l'on préserve (garde) le Shabboth. En connectant, dans le verset susmentionné, l'impératif de garder Pésah et la période de sept jours de la fête, la Tôroh nous apprend donc que l'interdiction des Malo`khôth s'applique durant l'intégralité de la période des sept jours de la fête de Pésah, Hôl Hammô´édh y compris
7C'est-à-dire, un verset n'est pas nécessaire pour démontrer l'interdiction des Malo`khôth durant Hôl Hammô´édh
8Un argument a minore ad maius
9C'est-à-dire, de jours saints
10C'est-à-dire, les six jours de la semaine, durant lesquels travailler est permis
11À savoir, le Shabboth, qui précède et suit les six jours de la semaine
12Bamidhbor 28:19-24 et 29:13-16. Le fait de devoir apporter un Qorban Mousof chaque jour de Hôl Hammô´édh démontre que ces jours ont une sainteté comparable à celle de Shabboth et Yôm Tôv, où l'on apporte aussi un Qorban Mousof
13Une sainte convocation
14Wayyiqro` 23, Bamidhbor 28 et 29. Le fait d'avoir été appelé « saint », comme Shabboth et Yôm Tôv, démontre qu'il est interdit d'accomplir des Malo`khôth durant Hôl Hammô´édh, car le terme « saint » implique une interdiction de Malo`khôth
15Wayyiqro` 23:7
16C'est-à-dire, « un ouvrage servile »
17Puisque ce verset 7 est suivi du verset 8, qui parle des sept jours de la fête, cela indique par là que cette interdiction d'accomplir une œuvre servile s'applique durant l'intégralité des sept jours, Hôl Hammô´édh y compris
18Wayyiqro` 23:4, 37
19Wayyiqro` 23:39
20Ibid.
21En d'autres mots, si la Tôroh a déjà décrit le premier et septième jour de Yôm Tôv comme étant des Shabbothôth (des repos solennels, où les mêmes règles qu'à Shabboth s'appliquent, à l'exception de ce qui est nécessaire au manger), il n'était pas nécessaire de nous dire qu'accomplir des Malo`khôth était interdit. Si la Tôroh l'a néanmoins dit, c'est donc afin de nous faire comprendre que ces interdictions sont d'application durant l'intégralité des Mô´adhim, les jours de Hôl Hammô´édh y compris.
22Davorim 16:8
23Fête de conclusion
24Puisque le verset se conclut par les mots « Tu n'y accompliras aucune Malo`khoh ».
25C'est-à-dire, étant donné que le verset se contente uniquement de dire que l'interdiction des Malo`khôth ne s'applique pas de façon uniforme chacun des sept jours de la fête, c'est que l'intention de l’Écriture est de laisser les Sages décider eux-mêmes comment cette interdiction doit s'appliquer durant la période de la fête
26C'est-à-dire, quel jour est un Yôm Tôv à proprement parler, et quel jour n'est qu'un jour de Hôl Hammô´édh
27Car certaines catégories de Malo`khôth sont permises durant Hôl Hammô´édh, tandis que d'autres sont interdites.
28Mô´édh Qoton 2:3
29`ôrah Hayim 530
30Gamoro`, Mô´édh Qoton 10b
31Mishnoh, Mô´édh Qoton 13b
32Gamoro`, Mô´édh Qoton 10b
33Quelque chose qui indique que ce n'est pas un jour ordinaire.
34Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 539:11
35Mishnoh, Mô´édh Qoton 13a
36Tôsofôth, sur Shabboth 22a
37Taroumath Haddashan 153
38Shou''th Radba''z 727
39Shou''th Shavouth Ya´aqôv 25
40Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 540:5
41Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 540:1
42Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 537:1
43Le changement doit être flagrant et significatif.
44Mishnoh, Mô´édh Qoton 8b
45Mishnoh, Mô´édh Qoton 13b
46Le Ritva''` sur Mô´édh Qoton 13b
47Mishnoh, Mô´édh Qoton 11a
48Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 539:9
49Mô´édh Qoton 2a
50Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 537:1
51Mishnoh, Mô´édh Qoton 14a ; Shoulhon ´oroukh, ` ôrah Hayim 534:1
52Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 541:3

53Gamoro`, Mô´édh Qoton 12a ; Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 543:1
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