ב״ה
« un
œil contre un œil »
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L'un
des passages les connus de la Tôroh est celui-ci1 :
Un
œil contre un œil, une dent contre une dent, une main contre une
main, un pied contre un pied, une brûlure contre une brûlure,
une blessure contre une blessure, un coup contre un coup.
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עַיִן
תַּחַת עַיִן,
שֵׁן
תַּחַת שֵׁן,
יָד
תַּחַת יָד,
רֶגֶל
תַּחַת רָגֶל.
כְּוִיָּה
תַּחַת כְּוִיָּה,
פֶּצַע
תַּחַת פָּצַע,
חַבּוּרָה,
תַּחַת
חַבּוּרָה
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Les
non Israélites appellent faussement cela la « loi du talion ».
À première vue, le texte semble clairement parler de punitions
corporelles et de vengeance. Mais d'après la Halokhoh et
l'interprétation de nos Sages de mémoire bénie, il parle plutôt
de compensations financières.
Le
Ramba''m ז״ל
formule
la Halokhoh au Chapitre 1 des Hilkôth Hôvél Oumazziq (lois
relatives à la blessure et au dédommagement) de son Mishnéh
Tôroh :
1.
Celui qui blesse son
coreligionnaire est condamné à lui payer cinq choses : le
dommage, la douleur, le traitement médical, le chômage2,
et la honte [ressentie par la victime].
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א הַחוֹבֵל
בַּחֲבֵרוֹ,
חַיָּב
לְשַׁלַּם לוֹ חֲמִשָּׁה דְּבָרִים--נֶזֶק,
וְצַעַר,
וְרִפּוּי,
וְשֶׁבֶת,
וּבֹשֶׁת
|
2.
« Le dédommagement » :
de quoi s'agit-il ? S'il a coupé la main de son
coreligionnaire, ou son pied, nous considérons [théoriquement ce
dernier] comme un esclave vendu au marché [aux esclaves] et
évaluons sa valeur avant [la blessure] et sa valeur depuis [la
blessure], et celui qui a causé la blessure doit payer la
dévalorisation de sa valeur, car il est dit3
« un œil contre un œil, etc. ».
De tradition orale, ils nous ont appris que « contre »
signifiait qu'il faut payer de l'argent.
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ב נֶזֶק
כֵּיצַד:
שְׁאִם
קָטַע יַד חֲבֵרוֹ,
אוֹ
רַגְלוֹ--רוֹאִין
אוֹתוֹ כְּאִלּוּ הוּא עֶבֶד נִמְכָּר
בַּשּׁוּק,
כַּמָּה
הָיָה יָפֶה וְכַמָּה הוּא יָפֶה עַתָּה;
וּמְשַׁלֵּם
הַפְּחָת שֶׁהִפְחִית מִדָּמָיו:
שֶׁנֶּאֱמָר
"עַיִן
תַּחַת עַיִן..."
--מִפִּי
הַשְּׁמוּעָה לָמְדוּ שֶׁזֶּה שֶׁנֶּאֱמָר
"תַּחַת",
לְשַׁלַּם
מָמוֹן הוּא
|
Comment
le Ramba''m justifie-t-il l'apparente déviation du sens simple et
littéral du texte ? Il dit ici que la Halokhoh peut être
déduite du mot תַּחַת
« Tahath »,
que nous avons traduit par « contre », mais il n'explique
pas concrètement comment déduire cela à partir de ce mot.
Ensuite,
le Ramba''m passe à un autre passage de la Tôroh qui semble
sous-entendre des punitions corporelles :
3.
Voici ce qui est dit dans la
Tôroh [au verset suivant]4 :
« tout comme il a causé une blessure chez un
homme, ainsi on lui en causera une ».
Cela ne veut pas dire qu'il faille blesser celui-ci comme il a
blessé son coreligionnaire. Plutôt, [cela signifie] qu'il
mériterait de perdre un membre ou qu'on le blesse comme ce qu'il
a fait, et par conséquent il lui paie une compensation
financière. Et voici ce qui est dit5 :
« et tu ne prendras pas une compensation
financière pour celui qui a commis un meurtre ».
[C'est-à-dire,] c'est uniquement dans le cas d'un meurtre qu'il
n'y a pas de compensation financière. Mais pour la perte des
membres [du corps] ou des blessures, il y a une compensation
financière !
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ג זֶה
שֶׁנֶּאֱמָר בַּתּוֹרָה "כַּאֲשֶׁר
יִתֵּן מוּם בָּאָדָם,
כֵּן
יִנָּתֶן בּוֹ"
--אֵינוּ
לַחְבֹּל בְּזֶה כְּמוֹ שֶׁחָבַל
בַּחֲבֵרוֹ,
אֵלָא
שְׁהוּא רָאוּי לְחַסְּרוֹ אֵבֶר אוֹ
לַחְבֹּל בּוֹ כְּמוֹ שֶׁעָשָׂה;
וּלְפִיכָּךְ
מְשַׁלֵּם נִזְקוֹ.
וַהֲרֵי
הוּא אוֹמֵר "וְלֹא-תִקְחוּ
כֹפֶר לְנֶפֶשׁ רֹצֵחַ",
לָרוֹצֵחַ
בִּלְבָד הוּא שְׁאֵין כֹּפֵר;
אֲבָל
לְחֶסְרוֹן אֵבָרִים אוֹ לְחַבְלוֹת,
יֵשׁ
כֹּפֶר
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Ici,
le Ramba''m rapporte un résumé bref et clair d'une des Daroshôth
que l'on retrouve dans le Talmoudh6,
arguant que le passage tiré de Wayyiqro` 24 ne sous-entend
pas du tout une punition corporelle. Comme le fait remarquer le Laham
Mishnéh, cela ne fait que démontrer qu'une compensation financière
est permise dans des cas autre que le meurtre, mais cela ne démontre
pas qu'une punition corporelle soit interdite.
C'est
pourquoi, le Ramba''m poursuit son analyse et fournit enfin la preuve
irréfutable qui démontre que « un œil contre un œil »
n'implique pas, et ne sous-entend pas, une punition corporelle :
5.
Et quelle est la source
[pour affirmer] que ce qui est dit concernant les blessures, « un
œil contre un œil »,
se réfère aux compensations ? Car il est dit7 :
« un coup contre un coup ».
Or, il est explicitement dit8 :
« Lorsqu'un homme frappe son prochain avec une
pierre ou un poing...Toutefois, il paiera son chômage et les
frais de guérison ».
Tu apprends donc que [le mot] « contre »,
qui est mentionné concernant un coup, se réfère à un paiement.
Et la règle est la même pour le [mot] « contre »
mentionné concernant un œil et le reste des membres [du corps].
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ה וּמְנַיִן
שֶׁזֶּה שֶׁנֶּאֱמָר בָּאֵבָרִים
"עַיִן
תַּחַת עַיִן ...",
תַּשְׁלוּמִין
הוּא--שֶׁנֶּאֱמָר
"חַבּוּרָה,
תַּחַת
חַבּוּרָה",
וּבַפֵּרוּשׁ
נֶאֱמָר "וְכִי
יַכֶּה-אִישׁ
אֶת-רֵעֵהוּ,
בְּאֶבֶן
אוֹ בְאֶגְרֹף ...
רַק
שִׁבְתּוֹ יִתֵּן,
וְרַפֹּא
יְרַפֵּא".
הַא
לָמַדְתָּ שֶׁ"תַּחַת"
שֶׁנֶּאֱמָר
בְּחַבּוּרָה תַּשְׁלוּמִין,
וְהוּא
הַדִּין לְ"תַחַת"
הַנֶּאֱמָר
בָּעַיִן וּבִשְׁאָר אֵבָרִים
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C'est
là encore le résumé d'une Daroshoh rapportée dans le Talmoudh.9
Il est une chose classique dans la littérature rabbinique de
commencer par des arguments réfutables pour finir par des arguments
irréfutables. Dans Shamôth 21:18-19, quelques versets à
peine avant le fameux « un œil contre un œil, une dent
contre une dent, etc. », la Tôroh avait déjà clairement
établi que dans le cas d'un coup porté contre son prochain, il
fallait que l'agresseur verse une compensation financière pour
l'incapacité de travail et les frais médicaux. Par conséquent,
lorsque six versets plus loin la Tôroh affirme חַבּוּרָה,
תַּחַת
חַבּוּרָה « un
coup contre un coup », il ne peut s'agir que d'une
compensation financière, et non d'une exhortation à donner à
l'agresseur le même coup qu'il avait porté contre sa victime !
S'il en est ainsi s'agissant d'un coup, il en est alors de même
lorsque la Tôroh déclare : « Un œil contre un œil,
une dent contre une dent, une main contre une main, un pied contre un
pied, une brûlure contre une brûlure, une blessure contre une
blessure, un coup contre un coup ». Dans tous ces cas, cela
signifie seulement que l'auteur du coup, de la blessure ou de la
brûlure, devra payer pour tous les dégâts causés, car en payant
il va se rendre compte de la valeur du membre du corps qu'il a
endommagé. « Un œil contre un œil » signifie
donc que pour un œil endommagé, c'est comme si l'agresseur paiera
un œil neuf (les frais médicaux, l'opération, le nombre de jours
que la personne n'a pas pu travailler à cause de son œil endommagé,
etc.).
Il
n'existe donc pas, contrairement à ce qu'affirment les ignorants,
une « loi du talion » dans le Judaïsme ! Et
mentionnons au passage que la vengeance est strictement interdite
dans la Tôroh, qui nous enseigne que la vengeance n'appartient qu'à
Dieu seul. C'est Lui seul qui décide et applique la vengeance, comme
il est écrit10 :
לִי
נָקָם וְשִׁלֵּם,
לְעֵת
תָּמוּט רַגְלָם:
כִּי
קָרוֹב יוֹם אֵידָם,
וְחָשׁ
עֲתִדֹת לָמוֹ « À
Moi
la vindicte et les représailles à l'heure où leur pied doit
glisser; car il approche, le jour de leur catastrophe, et l'avenir
accourt sur eux ! ».
Ainsi, lorsqu'un homme a commis un crime pour lequel des hommes ne
l'ont pas puni, il n'appartient pas aux hommes de se faire justice
eux-mêmes. Lorsque les hommes ne punissent pas les crimes et les
criminels, viendra un jour où HaShem ית׳
Lui-même
se chargera de cela. C'est ainsi que nos Sages disent que quelqu'un
qui a tué mais a échappé à la justice des hommes, il se pourrait
très bien qu'un jour, en faisant des travaux sur le toit de sa
maison, il en tombe, se brise la nuque, et meurt. Pour certains, ce
pourrait n'être qu'un accident, une coïncidence, mais c'est en fait
le jugement Divin. C'est ce que nous appelons « la mort par la
main des Cieux ».
Par
conséquent, lorsqu'on a été blessé à l’œil, il est interdit
de se venger en blessant aussi l’œil de notre agresseur ou en
envoyant des amis pour le passer à tabac ! On doit passer par
la justice des hommes et réclamer qu'il paie pour les dégâts qu'il
nous aura causés. Et s'il arrive qu'il a échappé à la justice des
hommes et n'a pas été condamné à verser des compensations
financières, l'affaire sera alors prise en charge par HaShem
Lui-même, qui peut soit appliquer Sa vengeance dans ce Monde-ci, ou
dans le Monde-à-Venir, voire dans les deux !
1Shamôth
21:24-25
2C'est-à-dire,
le nombre de jours où il n'a pas pu aller travailler
3Shamôth
21:24 ; Wayyiqro` 24:20
4Wayyiqro`
24:20
5Bamidhbor
35:31
6Bavo`
Qammo` 83b
7Shamôth
21:25, le verset qui vient juste après
8Ibid.,
21:18-19
9Bavo`
Qammo` 83b
10Davorim
32:35