dimanche 15 mars 2015

Déviations subtiles des principes fondamentaux de notre foi

בס״ד

Déviations subtiles des principes fondamentaux de notre foi

Beit Haverim est une association française de « Juifs » gays et lesbiennes entretenant de bonnes relations avec le Consistoire de France

Des membres du Beit Haverim avec des représentants du CRIF

Question de E. A.

Bonjour Rav,


J'ai une question concernant cet article. Le fait pour beaucoup de personnes ayant une mère juive d'être laïques, de ne pas forcément rejeter les 13 principes fondamentaux, mais de croire aussi aux « valeurs » des démocraties occidentales (féminisme, théorie du genre, anti-racisme, politique pro-homosexuelle, bref, je pense que vous connaissez ce corpus de « valeurs »), fait-il d'eux des apostats ? C'est un problème qui se pose beaucoup de nos jours, du moins en France, et dans les communautés dites « orthodoxes », qui continuent de croire et pratiquer en fonction des fondements du Judaïsme, mais en y ajoutant petit à petit des valeurs étrangères.


Merci et Kol Touv !

C'est effectivement un réel problème qui est plus grave que ce que l'on pense. Dans les temps passés, ces gens étaient excommuniés ou mis au banc de la communauté. (Voir les nombreuses Tashouvôth des Pôsqim d'antan. Pas plus tard qu'au 19ème siècle, certains Juifs religieux étaient excommuniés simplement pour le fait de porter des bottes qui, à cette époque-là, étaient considérées comme un vêtement de non Juif. Le fait d'en porter était souvent le premier pas vers l'assimilation). C'est un problème, car en réalité cela équivaut à renier les fondements de la foi de façon subtile.

Je vous donne l'exemple de ces « Orthodoxes » (parmi lesquels plusieurs rabbins affiliés au Consistoire de France) qui tolèrent l'homosexualité. C'est un péché décrit comme une abomination dans la Tôroh. (Voir l'article intitulé « Que dit le Judaïsme sur l'homosexualité ? ») Par conséquent, le fait de ne rien voir de mal à cela, voire même adhérer à la thèse selon quoi on peut naître homosexuel et que ce n'est donc pas de la faute des homosexuels s'ils sont ainsi, c'est un reniement subtil d'au moins trois fondements de la foi : 1) l'immutabilité de la Tôroh (puisqu'ils changent en chose normal ce que la Tôroh considère être un péché. C'est donc une abolition d'un précepte de la Tôroh, dans lequel nous lisons qu'il ne faut rien ajouter ou retirer de la Tôroh. Et nos Sages ont dit que quiconque dit accepter toute la Tôroh sauf un seul précepte, celui-là est mécréant par rapport à toute la Tôroh); 2) la prophétie de Môshah Rabbénou ע״ה (car en considérant l'homosexualité comme normale, ils sous-entendent que le prophète s'est trompé dans sa condamnation de l'homosexualité, ou encore, comme on l'entend de certains « Orthodoxes » gays, que Môshah Rabbénou ne savait pas encore que l'homosexualité était génétique. Hos Washolôm !); 3) la justice de D.ieu (car dès lors qu'HaShem considère les homosexuels actifs1 comme des gens abominables passibles de la peine de mort, mais qu'eux disent que c'est une tendance pour laquelle on ne peut rien car on naîtrait ainsi, cela fait d'HaShem un D.ieu injuste qui punit pour des choses sur lesquelles nous n'aurions aucun contrôle. Cela en fait aussi un sadique et inique, car quel est ce D.ieu qui condamne l'homosexualité mais qui, en même temps, crée des êtres humains déjà homosexuels ? Cela va contre le principe fondamental du libre arbitre, et il est écrit dans la Tôroh que chaque être est responsable de ses péchés).

Nous ne pouvons donc pas dire que ces gens ne renient pas des fondements de la foi, car bien qu'ils adhèrent à certains, ils renient subtilement d'autres fondements. Renier un seul fondement suffit pour être mécréant. Ce sont les paroles de nos Sages, et voilà pourquoi les Sadducéens, les Béthusiens, les Karaïtes, les Samaritains et d'autres comme les Libéraux sont des apostats et mécréants (bien qu'ils acceptent certains fondements, ils en rejettent d'autres). Que l'on se fasse appeler « Orthodoxe » ne change rien. Les critères sont les mêmes pour tous. Mais nous vivons dans un monde où le slogan qui prévaut est « Peace and love », « Vis et laisse vivre les autres », etc. À tel point que l'on tolère même n'importe qui dans de nombreux Minyonim de prière, tout comme nous acceptons les donations des pires pécheurs du milieu de notre peuple. Les rabbins craignent de perdre leurs fidèles et tolèrent donc l'intolérable, rendant licite l'illicite.

Les déviations subtiles qui prévalent dans l'Orthodoxie et d'autres mouvements (et beaucoup de communautés Orthodoxes n'ont plus rien à envier aux Conservatives, voire même aux Libéraux) peuvent être illustrées par la parabole suivante :

L'histoire se déroule il y a très longtemps, sur une île appelée Giloh, quand les arbres n'avaient pas encore poussé et que la végétation était limitée aux plantes, aux arbustes fruitiers et aux légumes poussant dans le sol. Les insulaires vivent dans des huttes faites de roseaux, car le bois était encore inconnu. Des années plus tard, un charpentier itinérant nommé Môshah arriva sur cette île avec de nombreux types de pousses d'arbres, et les a plantées là pour le bien-être des insulaires. Après de nombreuses années, Môshah avait fait pousser une belle forêt. Cependant, puisque les insulaires n'avaient jamais vu d'arbres auparavant, ils n'avaient aucune idée de ce qu'il fallait en faire. Môshah avait reçu sa formation en menuiserie d'un maître, qui fut en réalité l'inventeur de l'art de la menuiserie. Môshah, étant un expert, forma alors les insulaires en ébénisterie, en menuiserie, en architecture et en construction. Il a enseigné les insulaires tout ce qu'il savait. La moitié de la formation que Môshah accorda à ces insulaires abordait les caractéristiques physiques du bois, et diverses espèces d'arbres : comment scier, sculpter, sabler et finir bois. Môshah fit de nombreuses démonstrations concrètes. Mais l'autre moitié de ses enseignements portait sur des principes abstraits, cependant essentiels pour la construction de meubles, de maisons, et de grandes structures. Cette connaissance ne pouvait évidemment pas s'acquérir « dans le bois », puisqu'il s'agissait de principes et lois abstraites. Ils devaient être appris au fil des années auprès de Môshah, par voie orale.

Môshah a dû former ces insulaires afin qu'ils pensent à la construction, étant donné qu'ils n'avaient jamais su ce qu'était la construction. Pour eux, c'était une toute nouvelle science, quelque chose qu'ils ne connaissaient pas. Sans savoir ce qu'était le bois, et ils ne pourraient jamais concevoir la science de la construction. De nombreux habitants de l'île, dès qu'ils mirent la main sur cette nouvelle substance appelée « bois », furent trop zélés de commencer à tout de suite travailler avec le bois, et n'assistaient pas aux cours donnés par Môshah. Ces quelques insulaires construisirent des maisons, mais elles s'effondrèrent toutes rapidement. Ils se rendirent compte qu'eux aussi avaient besoin de la connaissance de Môshah, et assistèrent à ses cours. Assez vite, tous les insulaires furent bien informés dans le travail du bois, la menuiserie, et l'architecture. Les insulaires construisirent de grandes maisons, dont toutes sont restés debout pendant de nombreuses années.

Môshah souhaitait que personne, même ceux vivant dans les coins les plus reculés de cette île, n'expérimente plus jamais l'effondrement de sa maison. Môshah souhaitait que les principes originaux de la menuiserie et de l'architecture ne soient jamais perdus. Il savait aussi que personne, sans la formation originelle de Môshah, ne pourrait jamais comprendre comment construire, simplement en examinant le bois physique. Une formation devait accompagner quiconque désire être un bâtisseur, et cette formation devait obligatoirement remonter aux leçons et à la pensée de Môshah. Môshah seul possédait la plus haute connaissance du travail du bois et du bâtiment, et fut le meilleur professeur que le monde ait connu. Par conséquent, Môshah transmis ses enseignements aux insulaires avec une condition : « Ne vous écartez pas de mes enseignements, parce que vos maisons s'effondreront. Suivez mes leçons, parce qu'elles ne s'acquièrent pas dans le bois lui-même. Sans mes leçons orales, il est tout bonnement impossible d'apprendre à construire correctement. Le bois ne vient pas avec des instructions écrites à l'intérieur; ces instructions sont dans mon esprit et dans l'esprit de mes élèves. Vous pouvez apprendre d'eux ou de moi. Mais quelqu'un qui ne s'est pas formé sous mon autorité, ou celle de mes élèves, durant de nombreuses années, ne peut absolument pas avoir la connaissance véritable et originelle de la construction ». Ce furent là les instructions de Môshah, pour le bien-être de ses frères insulaires.

Comme les années passaient, Môshah décéda. Les insulaires prospérèrent, se répandant au loin, et voyageaient à la fois avec le bois de Môshah à la main, et ses enseignements dans leurs esprits. Pendant 3000 ans, les insulaires suivirent fermement l'artisanat et les principes enseignés par Môshah, et travaillèrent seulement avec son bois. Toutes les maisons et structures qu'ils construisirent étaient stables. Ceux qui avaient construit des maisons avec des connaissances incomplètes eurent quelques problèmes. Mais ils demandaient systématiquement des solutions auprès de bâtisseurs plus âgés, qui connaissaient les principes, et ils réparaient ainsi leurs maisons avec succès.

Aux environs de cette même période, un insulaire venu d'un coin très reculé de l'île et répondant au nom de ´Arav Rav2 obtint une partie du bois, mais ne fut pas formé par Môshah, tout comme il ne suivait pas les enseignements des élèves de Môshah. Il construisit de nombreuses maisons, mais elles ne cessaient de s'effondrer, ou nécessitaient des réparations quotidiennes. Pour lui, il était plus facile de ne pas passer des années à étudier les principes de Môshah, mais simplement se lancer directement dans le monde de la construction sans aucune formation. Bien que c'était plus facile, cela s'avéra être une mauvaise décision pour ´Arav Rav. Il tenta alors de développer ses propres idées sur la construction, mais encore une fois, ses structures tombèrent toutes au sol. Chaque fois qu'il regardait une maison qui avait été construite correctement, il ne voyait que le bois, parce que les « principes » du bâtiment ne sont pas des choses que l'on voit avec son œil. Les principes ne se trouvaient pas « dans le bois », mais devaient être appris de quelqu'un qui les connaissait. Il se rendit compte que le bois lui-même n'était que la moitié de ce dont il avait besoin pour construire correctement. Néanmoins, ´Arav Rav refusé d'étudier sous l'autorité des disciples de Môshah.

Comme ´Arav Rav, d'autres insulaires étaient également impatients et abandonnèrent la formation qui leur était dispensée par les élèves de Môshah. Ils créèrent ensemble un nouveau groupe d'insulaires. Ils tentèrent de construire des structures aussi parfaites que les disciples de Môshah, mais elles tombaient en permanence au sol. Même si c'était une existence plus fastidieuse de reconstruire constamment, les hommes de ´Arav Rav étaient têtus, et ne prirent pas le temps d'étudier et d'apprendre comment construire des structures parfaites. Certes, il était d'abord plus facile de sauter l'étude et se lancer rapidement dans la construction, mais à chaque fois, cette la facilité se mélangeait à de la frustration, car leurs structures nécessitaient un entretien quotidien.

La nature humaine veut que la paresse soit émotionnellement attirante, alors que l'étude rigoureuse exige de la discipline restrictive. Par conséquent, ´Arav Rav attira énormément plus d'adeptes que ne le fit Môshah. Avec le temps, même un grand nombre d'élèves de Môshah firent défection et s'installèrent du côté de l'île où se trouvait ´Arav Rav.

Le mouvement de ´Arav Rav a à présent près de 200 ans. Beaucoup le suivent. Cependant, ´Arav Rav n'a jamais réussi sur un point : bien qu'il se soit désormais accaparé la paternité de la menuiserie et la construction (et se prétend ainsi être représentatif de l'ensemble de la corporation des bâtisseurs, au point même de s'être octroyé le pouvoir d'imposer les mêmes normes de construction à tout le monde et décider lui-même qui est un vrai bâtisseur et qui ne l'est pas), même ceux qui appartiennent à son camps savent, au fond d'eux, qu'historiquement, Môshah fut l'initiateur !

Je suis sûr que beaucoup d'entre vous ont compris ce dont il s'agit. Et oui, c'est bien une histoire vraie, qui est bien partie pour se prolonger !
1Par « actifs », nous parlons de ceux qui s'adonnent réellement à ce péché et ont des rapports avec d'autres hommes. Nous ne parlons pas de ceux qui ont une tendance ou attirance pour d'autres hommes mais ne sont jamais passés à l'acte. Cela fut clairement expliqué dans l'article intitulé « Que dit le Judaïsme sur l'homosexualité ? ».

2Voir ici.
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