ב״ה
Que
vaut réellement une Kazzayith ?
L'histoire
halakhique de l'augmentation de la Kazzayith
Quatrième
Partie
Par
le rabbin Nothon Slifkin.
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article peut être téléchargé ici.
- Pôsqim récents et contemporains
Le
Mishnoh Barouroh, comme cela a été rapporté plus haut1,
tranche que pour les Miswôth d'origine biblique on devrait
suivre la conclusion du Rov Landau selon quoi les œufs des temps
anciens faisaient deux fois la taille des œufs d'aujourd'hui. Mais
la majorité des Pôsqim ont rejeté la notion selon laquelle on
devrait doubler la taille des mesures. Le Rov `élhonon
Wasserman (1875-1941) a fait remarquer que sur la base des propos du
Rov Hay Go`ôn (que nous avons cité plus tôt dans cette
étude2),
la taille des œufs et des olives ne change pas.3
Le Rov Hayim Na´eh,
une autorité rabbinique éminente de Jérusalem, compila une étude
détaillée des poids et mesures halakhiques. Comme cela a été
mentionné plus haut4,
il a conclu que le Rov Landau s'était trompé en affirmant que les
œufs des temps anciens étaient plus gros que ceux d'aujourd'hui. De
l'autre côté, le Rov `avrohom Yasha´yoh Karelitz (le « Hozzôn
`ish », 1878-1953) a écrit que peu importe que cela soit
factuel ou pas que les œufs étaient deux fois plus gros avant,
étant donné que l'estimation du Rov Landau et d'autres a largement
été acceptée, c'est comme si cela avait été établi par un Béth
Din pour l'ensemble du peuple d'Israël et elle a une valeur
contraignante !5
Mettant
de côté le débat de savoir si les œufs étaient deux fois plus
gros en taille, plusieurs Pôsqim se sont demandés quelle était la
proportion d'une Kazzayith par rapport à un œuf. Le Rov `avrohom
Danzing (le « Hayé `odhom », 1748-1820) tranche
qu'une Kazzayith vaut la moitié d'un œuf6,
tout comme le Rov Yéhi`él Michel Epstein (le « ´oroukh
Hashoulhon », 1829-1908).7
Le Rov Yisro`él Mé`ir Kagan (le « Mishnoh Barouroh »,
1838-1933) tranche que lorsqu'on suit l'opinion stricte (par exemple,
pour les Miswôth d'origine biblique, comme la consommation de
la Massoh au Sédhar de Pésah) on doit suivre
l'opinion du R''i citée dans le Shoulhon ´oroukh selon quoi
une Kazzayith vaut la moitié d'un œuf.8
Le Rov Hayim Na´eh déclare aussi que pour de telles Miswôth
on doit suivre l'opinion selon quoi une Kazzayith vaut la moitié
d'un œuf, et il évalue cela comme équivalent à 28,8 centimètres
cubes.9
En
partie parce que le Rov Hayim Na´eh fut le premier à traiter
de ce sujet d'une façon si détaillée, et en partie également
parce qu'il jouissait d'une grande stature, bon nombre de ses
conclusions furent largement acceptées. Ainsi, l'opinion la plus
répandue aujourd'hui concernant une Kazzayith est qu'elle mesure
28,8 centimètres cubes. C'est basé sur l'opinion stricte du R''i
ainsi que sur les mesures d'œufs réalisées par le Rov Hayim
Na´eh. Cette opinion a été promue par des Pôsqim tels que le Rov
Shalômôh Zalman Auerbach (1910-1995)10,
ou encore le Rov Yôséf Sholôm Elyashiv (1910-2012)11.
C'est également la norme adoptée par le Rov Pinhos Bodner,
dans son ouvrage populaire « Les Halokhôth de la
Kazzayith ».
Une
opinion moins répandue est celle selon laquelle une Kazzayith
vaudrait 17 centimètres cubes. Elle est basée sur le fait de suivre
ce qui est présumé être l'opinion du Shoulhon ´oroukh, de
Rabbénou Ta''m et du Ramba''m, qu'une Kazzayith vaudrait légèrement
moins qu'un tiers d'un œuf. Les Pôsqim récents et contemporains
susmentionnés proposent également que l'on pourrait s'appuyer sur
cette « indulgence » pour des Miswôth d'origine
rabbinique, plus particulièrement lorsqu'il est difficile d'exiger
une quantité plus large, comme par exemple pour la consommation du
Morôr durant le Sédhar de Pésah.
Toutefois,
même dans les temps récents, il y a toujours eu quelques Pôsqim
ayant soutenu qu'une Kazzayith vaut la raille d'une olive ordinaire.
Comme cela a été mentionné au début de cette étude12,
le Rov Hayim de Volozhin est l'un de ces exemples. Lorsque les
manuscrits des Ga`ônim firent surface il y a près de 130 ans d'ici,
révélant leur opinion que chacun devait suivre la taille des fruits
de sa propre époque, certains adoptèrent cette position. Comme
mentionné plus tôt13,
Rabbi ´aqivo` Yôséf Schlesinger (1835-1922) a écrit14 :
La mesure d'un œuf
ne se trouve nulle part dans la Tôroh, qui parle plutôt d' « une
terre d'olives, etc. » ; c'est pourquoi toutes ces mesures
sont comme des olives, et cette olive fut également transposée en
mesure d'un œuf pour ceux qui n'avaient pas d'olives. Mais cela
n'est pas pour nous, qui voyons de nos yeux l'olive. Il n'est nulle
besoin de renoncer au ´iqqor pour le Tofél !
Le
Rov Yishoq `élhonon Spektor (1817-1896), de même, a
déclaré que l'opinion gaonique est l'approche la plus
fondamentalement correcte.15
Suivant apparemment la même approche, le Rov `avrohom Bornstein
(1838-1910, auteur du « `avné Nézar ») soutenait
que la Kazzayith vaut la taille d'une olive ordinaire et ne voyait
pas sur quelle base on pouvait l'augmenter jusqu'à la moitié de la
taille d'un œuf, même en guise de Houmroh.16
Rabbi Ya´aqôv Yisro`él Kanievsky (1899-1985) déclare que nous
suivons la taille des olives d'aujourd'hui, peu importe la
supposition de tailles plus larges des olives des temps anciens.17
C'est
également ce qu'a déclaré le Rov `avrohom Yasha´yoh Karelitz (le
« Hozzôn `ish », 1878-1953), mais il y a beaucoup
de confusion et de divergence quant à savoir ce qu'est sa décision
finale. À un extrême, dans certaines éditions du tableau des
mesures qu'il a réalisé, il donne une mesure de 50 centimètres
cubes pour une Kazzayith. Cette opinion reflète son acceptation de
l'augmentation radicale de la Kazzayith par le Rov Landau, sur la
base de la supposition que les œufs ont rétréci de moitié.
Ailleurs, il déclare que si quelqu'un souhaite s'appliquer la
rigueur, il peut suivre l'opinion du R''i selon quoi une Kazzayith
vaut la moitié du volume d'un œuf.18
La combinaison de ces positions résulte en une Kazzayith de 50
centimètres cubes, la moitié du volume présumé d'un œuf des
temps anciens. Mais à l'autre extrême, le Hozzôn `ish écrit
que le concept essentiel de la Kazzayith demande que l'on suive les
dimensions des olives que l'on voit avec ses yeux et qu'il ne faut
pas se déranger à calculer si les olives d'une génération
précédente étaient plus grosses.19
Une position intermédiaire émerge d'un récit rapporté par le Rov
Hayim Kanievsky selon quoi, lors d'un Sédhar de Pésah
organisé par le Hozzôn `ish, ce dernier distribua des
portions de Massoh qui faisaient 17 centimètres cubes.
Réconcilier toutes ces affirmations et récits contradictoires est
difficile, et diverses conclusions en ont été tirées. Tout ce que
nous pouvons dire est que bien qu'il soit de « notoriété
publique » que la mesure de la Kazzayith du Hozzôn `ish
est la plus large qui soit, la vérité est de loin beaucoup plus
complexe que cela, et il semble qu'il admettait que dans le fond, une
Kazzayith vaut simplement la taille d'une olive ordinaire !
- La canonisation et le conservatisme de la Halokhoh
Étant
donné les preuves botaniques/archéologiques et la découverte des
manuscrits gaoniques, qui montrent tous de façon indépendante qu'il
n'y a aucune raison d'exagérer la taille d'une olive contemporaine,
comment cela se fait-il qu'il y ait tant de gens ayant tranché
autrement ? Évidemment, dans le monde Harédhi,
il est normal de considérer les preuves scientifiques avec
suspicion. Mais il y a une autre raison qui explique pourquoi
beaucoup de gens adoptent la position selon laquelle une Kazzayith
est beaucoup plus grosse que les olives ne le sont aujourd'hui :
la nature du processus halakhique en général. La question quant à
savoir si une pratique halakhique doit être changée à la lumière
de données empiriques ou de manuscrits récemment découverts est
complexe. Beaucoup arguent que la Halokhoh doit suivre son propre
protocole et ne doit pas être réévaluée à la lumière de données
nouvelles, même s'il semble clair que la Halokhoh est en opposition
avec des faits objectifs indiscutables. Pour eux, l'une des valeurs
fondamentales de la Halokhoh est qu'elle crée et préserve la
stabilité. Si une Halokhoh a été canonisée, elle ne doit alors
pas être changée !
Aussi
séduisants que de tels arguments puissent être, deux facteurs nous
invitent en réalité à nous appuyer sur les nouvelles données, si
on désire le faire. Le premier est qu'après une inspection
minutieuse, la Halokhoh sur ce sujet n'a pas du tout été canonisée
de la façon qu'on le pense généralement aujourd'hui. En effet, les
premiers Pôsqim à qui l'on attribut d'avoir tranché qu'une
Kazzayith valait un tiers d'un œuf, à savoir, le Ramba''m et
Rabbénou Ta''m, n'ont en fait jamais dit une chose pareille !
Ce n'est que la limite maximale d'une Kazzayith que l'on peut déduire
de leurs propos. Et la même chose pourrait être dite du Shoulhon
´oroukh.
Le
deuxième facteur est que nous ne sommes pas ici en présence d'un
cas où la Halokhoh fut tranchée sans équivoque dans une direction.
Il y a toujours eu des rabbins, tels que Hayim de Volozhin, le
`avné Nézar et d'autres, qui ont soutenu que la Kazzayith valait la
taille d'une olive ordinaire. Même le Hozzôn `ish admettait
que c'est fondamentalement la position la plus correcte. C'est donc
une position halakhique tout à fait valable, dont le poids s'est
accru à la lumière de nouvelles découvertes de manuscrits et
données concernant les olives et les œufs.
Néanmoins,
bien que cela justifie celui qui souhaite évaluer une Kazzayith
comme étant la taille d'une olive ordinaire, nous pouvons toutefois
comprendre pourquoi d'autres ne suivent pas cette approche. Même si
une Halokhoh n'a en réalité jamais été canonisée sans équivoque,
elle pourrait s'être suffisamment gravée dans les cœurs que pour
rendre problématique le fait de la changer. Le Judaïsme Orthodoxe
est un mode de vie traditionaliste, et les religions traditionalistes
sont intrinsèquement et nécessairement conservatrices.
- Étape supplémentaire dans l'augmentation de la Kazzayith : remplacement du volume par le poids
Un
autre facteur apparaît souvent dans l'expansion de la Kazzayith, à
savoir, le passage de la mesure du volume à la mesure du poids. Il
n'existe aucun doute possible que la Kazzayith est censée être une
mesure de volume, et il y a d'innombrables preuves indépendantes à
cela. En voici quelques-unes : Premièrement, dans une Mishnoh
qui apparaît dans un chapitre traitant de la façon d'évaluer la
quantité d'un aliment, nous lisons ceci20 :
Un
pain aéré est évalué tel qu'il est. S'il y a un creux à
l'intérieur, on le compresse.
|
פת
סופגנייות,
משתערת
בכמות שהיא;
ואם
יש בה חלל,
ממעך
את חללה
|
La
Mishnoh nous dit qu'un pain aéré, qui est beaucoup moins dense que
d'autres aliments, est néanmoins évalué tel qu'il est, et on ne le
compresse pas en une densité comparable aux autres aliments. Ce
n'est que s'il y a effectivement une large poche d'air distincte
qu'on doit la retirer de l'équation. Cela signifie clairement que
c'est le volume qui est mesuré, et non le poids. Cette position,
émergeant de cette Mishnoh, se retrouve dans de très nombreux
ouvrages de Pôsqim.21
Nous
trouvons également une déclaration explicite tiré des Ga`ônim
selon quoi une Kazzayith est une mesure de volume et non de poids22 :
Et concernant ce
que tu as écrit au sujet de la taille d'une grosse figue et d'une
figue moyenne, et de même au sujet d'une olive grosse, petite et
moyenne, ce sont sans aucun doute des mesures, et comment peut-il
y avoir une mesure pour une mesure ?23
Et si tu prétends que c'est un problème [pour lequel] un poids
[doit être fixé], nos Rabbins n'ont pas précisé de poids, et
Celui qui est Saint n'a pas non plus estimé approprié de nous fixer
un poids.
Enfin,
les discussions de Rabbénou Ta''m, du R''i et d'autres, concernant
le calcul d'une Kazzayith, qui avaient pour but de réconcilier des
déclarations conflictuelles dans le Talmoudh sur la quantité de
nourriture qu'un homme pouvait contenir dans sa gorge24,
n'ont du sens que s'il s'agit d'un volume. Et pourtant, quelques
Pôsqim `aharônim ont
donné une mesure en poids pour l’œuf, la Kazzayith, et ainsi de
suite. Le Rov Ya´aqôv Hayim Sôfér (1870-1939) cite
certains de ces Pôsqim, et affirme que c'est une « coutume
répandue parmi tous les Juifs qui craignent Dieu ».25
Il conclut qu'étant donné qu'un œuf pèse 18 dirhams et qu'une
Kazzayith doit valoir la moitié d'un œuf, une Kazzayith pèse donc
9 dirhams. Mais comment devons-nous comprendre ces Pôsqim à la
lumière des positions claires de la Mishnoh, des Ga`ônim et des
Ri`shônim que nous avons cités plus haut ?
Il
y a deux raisons pour lesquelles nous trouvons néanmoins certains
Pôsqim prescrivant des mesures de poids plutôt que de volume. La
première est qu'il est parfois plus commode de prescrire des
quantités en termes de poids, plus particulièrement lorsqu'il est
moins probable ainsi de causer des erreurs de mesure. C'est la raison
pour laquelle certains Pôsqim convertirent des mesures de volume en
mesures de poids. Mais cela ne veut absolument pas dire qu'ils
considéraient l'exigence halakhique comme étant une obligation en
poids. En fait, le Rov Ya´aqôv Hayim Sôfér, ainsi que tous
les Pôsqim qu'il cite, précisent clairement par eux-mêmes que les
mesures halakhiques sont toutes des volumes et non des poids.26
La
deuxième raison pour laquelle certains convertissent les mesures en
poids est que, comme nous l'avons vu dans la Mishnoh, de larges
poches d'air ne doivent pas être inclues dans le calcul. Mais il est
difficile de marquer la frontière entre une large poche d'air et une
petite. C'est pourquoi, le Rov Hayim Na´eh tranche que toute
poche d'air visible ne doit pas être inclue dans la mesure du
volume.27
Étant donné qu'il est difficile de calculer un aliment sans aucune
poche d'air, une mesure en poids fut parfois utilisée à la place.
Il convient néanmoins d'insister sur le fait que malgré tout, le
Rov Hayim Na´eh
déclare lui-même explicitement que la définition essentielle est
en volume, et qu'il ne convertissait cela en poids qu'à cause de
cette incertitude et cette Houmroh ultérieure.28
Cependant,
la Houmroh du Rov Hayim Na´eh sur ce point fut
largement rejetée. Les Pôsqim contemporains insistent désormais
beaucoup sur le fait que la Kazzayith se mesure en volume et non en
poids.29
Malgré tout, dans le langage populaire, une Kazzayith est souvent
définie en termes de poids, plus précisément, 30 grammes. C'est
cela qui a mené à la plus grande quantité de Massoh
consommée en guise de Kazzayith : l'étiquetage sur certaines
boites de Massôth faites à la machine affirmant qu'une
Massoh entière équivaut à une Kazzayith !
- Conclusion
Au
début de cette étude, il a été mentionné qu'en toute logique,
afin d'en arriver à la conclusion qu'une Kazzayith est beaucoup plus
grande que ne le sont les olives aujourd'hui, deux positions
distinctes devaient être adoptées : Premièrement, que les
olives des temps passés étaient plus grosses, et deuxièmement, que
nous avons l'obligation de suivre la taille des olives d'antan plutôt
que celle des olives d'aujourd'hui.
La
première se réfute par des preuves empiriques. Nous avons des
arbres vivants remontant à l'ère talmudique, qui produisent des
olives qui ont exactement la même taille que les olives d'arbres de
notre époque, et nous avons des noyaux d'olives des temps anciens
qui sont similaires à ceux d'aujourd'hui. En outre, il n'existe
aucun témoignage dans le Talmoudh ou les Ri`shônim (contrairement à
la croyance populaire) affirmant que les olives étaient plus
grosses. En fait, il y a par contre des témoignages des Ri`shônim
selon quoi les olives étaient de la même taille que celles
d'aujourd'hui. Des déductions présumées selon quoi les œufs
auraient été plus gros avant sont également balayées par des
preuves attestant que les œufs des temps anciens étaient en fait
plus petits !
La
deuxième position, à savoir, que nous aurions l'obligation de
suivre la taille des olives anciennes, fut soutenue par de nombreux
Pôsqim, mais il est explicite dans les écrits des Ga`ônim et
implicite dans ceux de nombreux Ri`shônim, et reconnu par quelques
Pôsqim récents, qu'il n'existe pas une telle obligation.
Une
olive mesure 4-6 centimètres cubes. Comment se fait-il que
pratiquement tous les Pôsqim tranchent qu'une Kazzayith fait au
moins 17 centimètres cubes, et que la plupart tranchent qu'elle
avoisinerait même les 28 centimètres cubes, ou encore les 50
centimètres cubes, voire plus encore ? Une combinaison de sept
facteurs l'explique :
- Comme certains d'entre eux l'ont admis, les Ri`shônim de `ashkanaz travaillaient avec l'handicap grave de n'avoir jamais vu d'olives. Dans un cas, cela amena à interpréter le Talmoudh comme ayant enseigné qu'une olive vaut la moitié de la taille d'un œuf, et dans un autre cas, cela amena à n'être capable que de calculer une limite maximale quant à la taille possible d'une olive.
- Les Ri`shônim de Safaradh, qui étaient familiers avec les olives, ne ressentirent jamais le besoin de traiter de ce sujet. Leur silence sur la question a mené à une situation fondamentalement trompeuse : de la discussion ayant eu lieu durant la période des Ri`shônim `ashkanazim, l'impression fut gravée qu'il y avait une divergence entre ceux qui l'estimaient comme mesurant un tiers d'un œuf et ceux qui l'estimaient comme mesurant la moitié d'un œuf. Ce furent donc ceux qui n'avaient jamais vu d'olives, et en exagérèrent la taille, qui posèrent les bases des discussions halakhiques qui suivirent cette période.
- L'opinion selon laquelle une olive doit nécessairement être plus petite qu'un tiers d'un œuf, opinion explicite chez Rabbénou Ta''m, et implicite chez le Ramba''m, fut simplifiée/détournée comme voulant dire qu'une olive valait légèrement moins qu'un tiers d'un œuf.
- Des difficultés à résoudre des passages apparemment contradictoires du Talmoudh amenèrent à croire que les œufs et/ou olives des temps anciens étaient largement plus grosses que ceux d'aujourd'hui. Étant donné le manque de connaissances scientifiques dans le monde Harédhi, l'interprétation que l'on donne au concept de « déclin des générations », ainsi que le climat intellectuel envahissant à l'époque, ce fut considéré comme une position raisonnable.
- Les manuscrits des temps gaoniques déclarant que chacun devait se contenter de suivre la taille des olives de sa propre époque ne furent découverts et publiés que relativement récemment, comme ce fut également le cas avec les propos du Rashba''` et du Ritva''` selon qui les olives étaient très petites.
- Le remplacement d'une mesure en volume par une mesure en poids, qui fut à l'origine institué uniquement pour des raisons de commodité, amena certains à croire que la Massoh devait peser cela. Étant donné qu'une Massoh est très légère, cela eut pour résultat une augmentation exagérée du volume.
- Enfin, le processus de la tradition halakhique, avec sa canonisation et son conservatisme, fut compris comme voulant dire que quand bien même les faits susmentionnés seraient vrais et exacts, c'est trop tard ; les règles ont déjà été gravées dans la roche !
Ceux
qui ont tenté de prouver qu'une Kazzayith vaut la taille d'une olive
ordinaire ont été confrontés à une vive opposition. Comprendre
comment des opinions divergentes sont nées est à la fois la clef
pour comprendre la cause de cette opposition et la façon de la
surmonter !
1Voir
dans la troisième
partie
2Voir
dans la première
partie
3Qôvés
Shi´ourim 2:46
4Voir
dans la troisième
partie
5Hozzôn
`ish, Qountrés Hashi´ourim 39:6. Cependant, comme nous le
verrons bientôt, c'était loin d'être le dernier mot du Rov
Karelitz sur ce sujet
6Hayé
`odhom 50:12
7´oroukh
Hashoulhon 202:5 et 486:1
8Voir
dans la troisième
partie
9Rov
Hayim Na´eh, Shi´ouré Tôroh 3:12, page 193
10Halikhôth
Shalômôh, Volume 2, page 90
11Qôvés
Tashouvôth 2:30
12Voir
dans la première
partie
13Voir
dans la deuxième
partie
14Tal
Talpiyôth, Shavot 5661, page 103
15Cité
par le Rov Dôv `aryéh Rotter, Tal Talpiyôth, Shavot 5661, page
71
16Témoignage
rapporté dans Middôth Washi´ouré Tôroh, page 510, note de
bas de page 111
17Shi´ourin
Shal Tôroh 11, page 71. Mais étonnement, il évalue la taille
d'une Kazzayith contemporaine comme valant légèrement moins qu'un
tiers de la taille d'un œuf (17-19 centimètres cubes)
18Shi´ourin
Shal Tôroh 39:17
19Hozzôn
`ish, Shi´ourin Shal Tôroh 11 ; Épîtres, 194
20´ouqsim
2:9
21Le
Ramo''`, `ôrah Hayim
486:1 ; le Moghén `avrohom 486:1 ; le Hydho''`,
Mahziq Barokhoh 486:2 ; le
Mishnoh Barouroh 486:3. Voir aussi le Shoulhon
´oroukh, `ôrah Hayim
456:1 ; le Hozzôn `ish, `ôrah
Hayim 39:17
22Tashouvôth
Hagga`ônim 268
23En
d'autres mots, si la mesure nous a été donnée en volume, pourquoi
désirer la changer en poids ?
24Voir
dans la deuxième
partie
25Kaf
Hahayim 168:46, citant le Bané Dowidh et
le Pésah Haddavir, qui eux aussi citent quelques autres
Pôsqim
26Kaf
Hahayim 486:10 ; Pésah
Haddavir, Kisé` Dahayyoy 196a ; le Hydho''`,
Mahziq Barokhoh 486:2.
C'est aussi ce que dit le Rov Hayim
Na´eh, dans Shi´ouré Tôroh 1:1, pages 71-72
27Shi´ouré
Tôrohj, pages 182-184
28Shi´ouré
Tôroh 1:1, pages 71-72. Dans un ouvrage publié plus tard,
Shi´ouré Siyyôn, page 18, il exprime
lui-même des réserves sur sa propre innovation
29Hozzôn
`ish, `ôrah Hayim
39:17 ; Rov Savi Pésah
Frank, Hagh
Ho`asif, page 36 ; Rov Bansiyyôn `abbo`
Sho`oul, Responsa `ôr LaSiyôn, page 124 ;
Rov ´ôvadhyoh
Yôséf, Hozzôn ´ôvadhyoh,
Volume 2, page 518