בס״ד
La
Sidhroh avec Rabbénou
Sidhrath
Zah Séphar Tôladhôth
`odhom – Yésh Mé`ayin
Cet article peut être téléchargé ici.
Lors
du Davar Tôroh sur la
Sidhrath Baré`shith, nous
avions longuement parlé du principe fondamental du יֵשׁ
מֵאַיִן « Yésh
Mé`ayin »
(existence à partir d'une non-existence ; c'est-à-dire la
croyance en la création à partir de rien), tel que Rabbénou ז״ל
l'explique
dans les Chapitres 13 à 31 du 2ème
volume de son Môréh Navoukhim. Il retourne à cette
théorie du Yésh Mé`ayin beaucoup plus tard dans son Môréh
Navoukhim (Volume 3, Chapitre 50), dans un contexte
totalement différent, en plein milieu de son explication sur la
raison cachée de l'inclusion dans le TaNa''Kh de quelques
récits qui, à première vue, ne semblent pas du tout importants.
Après avoir affirmé que « chaque récit dans la Tôroh
sert un certain but en relation avec l'instruction religieuse »,
Rabbénou tente d'expliquer le but servi par les Chapitres 5 et 10
du Séphar Baré`shith qui
présentent les anales généalogiques des premières générations
humaines. Ces deux chapitres ne contiennent pratiquement aucune
information autre que les noms et durées de vie des descendants de
`odhom jusqu'à Nôah, et de Nôah jusqu'à `avrohom.
Rabbénou offre pourtant l'explication suivante quant à l'importance
religieuse de ces anales généalogiques :
C'est
l'un des principes fondamentaux de la Tôroh que l'univers fut
créé Yésh Mé`ayin, et que la race humaine a été créée
à partir d'un seul individu, `odhom. Étant donné que le temps qui
s'est écoulé depuis `odhom jusqu'à Môshah n'était pas plus de
deux mille cinq cent ans, les gens auraient nourri des doutes sur
cette affirmation si d'autres informations n'avaient pas été
ajoutées ; en effet, voyant que la race humaine s'était
répandue sur toutes les parties de la terre en différentes familles
et différentes langues, toutes plus éloignées les unes des autres,
il aurait semblé impossible de croire en une origine commune de la
race humaine. Afin de retirer ce doute la Tôroh donne la
généalogie des nations et la façon dont elles découlent toutes
d'une seule racine commune. Elle nomme ceux d'entre elles qui étaient
bien connus, et nous dit qui étaient leurs pères, combien d'années
et où ont-ils vécu.
L'existence
de tant de peuples différents, de tant d'apparences, de cultures et
d'habitudes différentes, qui vivent sur des terres si éloignées
les unes des autres, pourrait sembler incohérente avec le principe
du Yésh Mé`ayin, la notion selon laquelle toute existence
tire ses origines d'une source unique., C'est pourquoi la Tôroh
estime nécessaire de ramener tous les peuples à leur racine,
`odhom, et c'est la raison pour laquelle nous retrouvons des listes
détaillées et autrement pas intéressantes de noms et ages dans les
premiers chapitres du Séphar Baré`shith.
Cette
explication de Rabbénou nous permet de mieux comprendre un passage
quelque peu mystérieux que l'on retrouve dans le Tôrath
Kôhanim
(Paroshath
Qadhôshim)
et le Talmoudh
Yaroushlami
(Nadhorim
9:4),
où un débat est rapporté concernant le Posouq
de la Tôroh
qui constitue le כְּלָל
גָּדוֹל בַּתּוֹרָה « Kalol
Godhôl Battôroh »
(plus grand principe de la Tôroh).
L'opinion la plus connue est celle de Ribbi ´aqivoh ז״ל,
qui accorde ce statut au fameux adage : וְאָֽהַבְתָּ֥
לְרֵֽעֲךָ֖ כָּמ֑וֹךָ
« et
tu aimeras ton semblable comme toi-même »
(Wayyiqro`
19:18).
Par contre, ban ´azza`y ז״ל
répond
qu'un autre Posouq
représente un « principe » encore plus grand, à savoir
le tout premier Posouq
de notre Sidhroh
de la semaine, par lequel la Tôroh
introduit les anales généalogiques de l'humanité : זֶ֣ה
סֵ֔פֶר תּֽוֹלְדֹ֖ת אָדָ֑ם
« Ceci
est le Livre des Engendrements de `odhom »
(Baré`shith
5:1).
De nombreux commentateurs ont bataillé pour identifier « le
grand principe »
qui se retrouverait énoncé dans ce Posouq
somme toute ordinaire, et ont eu de grandes difficultés à
comprendre en quoi cela serait plus important et plus exigeant que
l'obligation d'aimer son semblable comme soi-même. Le Ra`ava''d ז״ל,
qui rédigea l'un des premiers commentaires sur le Tôrath
Kôhanim,
explique que ban ´azza`y se réfère à la phrase de conclusion du
Posouq, à savoir : בְּי֗וֹם
בְּרֹ֤א אֱלֹהִים֙ אָדָ֔ם בִּדְמ֥וּת
אֱלֹהִ֖ים עָשָׂ֥ה אֹתֽוֹ
« au
jour où l'Autorité créa `odhom, c'est dans la ressemblance de
l'Autorités qu'Il le fit ».
En d'autres mots, « le
grand principe »
transmit à travers ce Posouq est la notion selon laquelle tous les
humains furent créés dans la ressemblance Divine, une qualité qui
oblige à les respecter et à les traiter correctement. Ce message
surpasse de loin celui de וְאָֽהַבְתָּ֥
לְרֵֽעֲךָ֖ כָּמ֑וֹךָ
« et
tu aimeras ton semblable comme toi-même »
parce qu'il nous oblige à traiter les autres avec dignité même si
nous ne demandons à être traités correctement par les autres.
(Cette interprétation se retrouve également dans Rabbôthénou
Ba´alé Hattôsophôth ´al Hattôroh,
un rassemblement de commentaires rédigés par les Tôsophôth
sur la Tôroh.)
Mais
à la lumière de ce passage tiré du Môréh
Navoukhim,
nous pouvons parvenir à une explication totalement différente de la
position de ban ´azza`y. « Le
Livre des Engendrements de `odhom »
constitue en effet un Kalol
Godhôl Battôroh,
parce qu'il sert à soutenir et confirmer la croyance fondamentale
qu'HaShem ית׳
est
le Créateur. Puisque, comme l'explique Rabbénou, la reproduction
rapide et la dispersion de la race humaine menaçaient de
compromettre ce fondement, les anales généalogiques du Séphar
Baré`shith
jouent un rôle indispensable dans le soutien de la doctrine du Yésh
Mé`ayin,
que Rabbénou décrit comme « l'un
des principes fondamentaux de la Tôroh ».
Dans
les milieux académiques, il y a une discussion considérable
concernant l'attitude de Rabbénou vis-à-vis de la notion du Yésh
Mé`ayin
et la doctrine aristotélicienne de l'éternité de l'univers. De
nombreux chercheurs croient que Rabbénou ne s'opposait pas forcément
à la théorie d'Aristote, et ils affirment détecter diverses
nuances dans les propos de Rabbénou pouvant sous-entendre une
acceptation de la position aristotélicienne. Mais les passages du
Mishnéh
Tôroh
et Môréh
Navoukhim
cités dans ce Davar
Tôroh
et celui sur la Sidhrath
Baré`shith
ne laissent place à aucun doute sur la ferme conviction de Rabbénou
que la terre fut créée à partir d'une non-existence. Ses
nombreuses références à l'importance et centralité de cette
croyance, ainsi que le vaste espace qu'il consacre dans son Môréh
Navoukhim
à parler de ce concept, suffisent à nous convaincre de sa position
sans équivoque en faveur du Yésh
Mé`ayin.
En outre, comme nous l'avons vu ici, Rabbénou considérait cette
croyance si vitale qu'elle méritait que la Tôroh inclut deux grands
chapitres de généalogies qui, autrement, n'auraient aucun sens.
Comme
nous l'avions dit dans le Davar
Tôroh
sur la Sidhrath
Baré`shith,
après avoir présenté la théorie du Yésh
Mé`ayin,
Rabbénou nous lance explicitement l'avertissement suivant :
« Ne
suis aucune autre théorie ! ».
Il est certain qu'il a suivi sa propre exhortation, et a résolument
souscrit au principe fondamental de la création à partir de rien et
rejeté la théorie aristotélicienne de l'éternité de l'univers.