בס״ד
L’origine de « Hannérôth Hallolou »
Cet article peut être téléchargé ici.
Ḥanoukkoh approchant, nous allons publier quelques
articles sur divers aspects de la fête. Nous commencerons dans ce bref article
par le Piyout de « Hannérôth Hallolou », que quasiment tout le
monde récite de nos jours après l’allumage des lampes de Ḥanoukkoh, et verrons
son origine, car il est toujours essentiel de remonter aux origines des textes,
l’histoire de la liturgie juive en général étant trop méconnue.
La toute première source qui mentionne cette prière du
« Hannérôth Hallolou » est la Masakhath Sôpharim,
un traité post-talmudique datant du 8ème siècle, dont
l’écrasante majorité des Halokhôth (voire la totalité) n’est pas
acceptée. C’est pour cela que malgré son apparition dans ce traité
post-talmudique, cette prière ne fut incluse dans AUCUN des premiers Siddourim
de l’époque des Gaˋônim
(les Sages ayant succédé aux Sages du Ṭalmoudh), ni dans les Siddourim du
Rambo’’m et de Rash’’i, ni dans le Maḥzôr Witri (le Maḥzôr le plus ancien et
complet). Voici le texte de la Masakhath Sôpharim, Chapitre 20, Halokhoh
4 :
Traduction :
Comment
bénissent-ils ? Au premier jour, celui qui allume bénit trois
[bénédictions], tandis que celui qui voit [les lampes allumées en bénit] deux.
Celui qui allume dit : « Béni Tu es Hashshém notre ˋalôhim, Roi de
l’Univers, Qui nous a sanctifiés par Ses Miṣwôth et nous a ordonné d’allumer la
lampe de Ḥanoukkoh ». Puis il déclare : « Ces lampes
que nous allumons [sont] sur les saluts, sur les miracles et sur les merveilles
que Tu as faits pour nos ancêtres par l’intermédiaire de Tes saints Kôhanim.
Et l’intégralité des huit jours de Ḥanoukkoh ces lampes [sont] sacrées, et nous
n’avons pas le droit d’en faire usage, mais seulement de les regarder, afin
d’être reconnaissant envers Ton nom concernant Tes merveilles, concernant Tes
miracles et concernant Tes saluts ». Puis il dit : « Béni
Tu es… Qui nous a fait vivre » (Shahaḥayonou). Puis il
dit : « Béni Tu es… Qui a fait des miracles » (Sha´osoh
Nissim). Celles-ci sont pour celui qui allume. En revanche, pour celui qui
voit, il ne dit au premier jour que deux [bénédictions] : « Shahaḥayonou »
et « Sha´osoh Nissim ». Par la suite, celui qui allume
bénit : « Lahadhliq » et « Sha´osoh
Nissim », alors que celui qui voit dit : « Sha´osoh
Nissim ».
Nous pouvons constater que la version originelle de
« Hannérôth Hallolou » est légèrement plus courte que celle
que nous connaissons aujourd’hui. Et deuxièmement, il existe un doute quant à
la place de cette prière. D’après le sens simple du texte susmentionné, « Hannérôth
Hallolou » devrait être récité immédiatement après la bénédiction de
l’allumage, suivi par les autres bénédictions (Shahaḥayonou et
Sha´osoh Nissim). Mais certains interprètent ce passage comme voulant dire que
« Hannérôth Hallolou » doit être récité après les trois
bénédictions. Mais dans un cas comme dans l’autre, notez que d’après la
Masakhath Sôpharim « Shahaḥayonou », le
premier soir de Ḥanoukkoh, devrait se réciter avant « Sha´osoh Nissim »
(de nos jours, « Shahaḥayonou » est récité en
dernier).
Le Riˋshôn
le plus important ayant rapporté cette prière fut le Roˋ’’sh ז״ל, dans son commentaire sur le Ṭalmoudh, et il attribua le
Minhogh de la réciter à son propre maître, Ribbénou Méˋir de Rothenburg ז״ל (né aux environs de 1215, et
décédé en 1293), un rabbin et poète allemand qui faisait partie des Ṭôsophôth.
Ainsi, bien que « Hannérôth Hallolou » soit apparu au 8ème
siècle, c’est donc dans l’Allemagne du 13ème siècle, cinq siècles
plus tard, qu’a commencé la pratique de le réciter.
Durant les siècles qui suivirent, le Minhogh de
réciter « Hannérôth Hallolou » s’enracina et des règles se
développèrent pour régir sa récitation. Par exemple, le Ta’’Z ז״ל (Rov
Dowidh Halléwi Segal, 1586-1667) développa la pratique d’allonger la récitation
de « Hannérôth Hallolou » jusqu’à ce que les lampes soient
allumées.
Une fois que sa récitation se répandit, le texte fut
modifié avec plusieurs ajouts significatifs. Ci-dessous, la version originelle
est comparée aux versions ashkénazes et séfarades actuelles :
Version séfarade |
Version ashkénaze |
Version originelle (Masakhath Sôpharim) |
הַנֵּרוֹת הַלָּלוּ אָנַֽחְנוּ מַדְלִיקִים, עַל הַנִּסִּים
וְעַל הָפּוּרְקָן וְעַל הָגְּבוּרוֹת וְעַל הַתְּשׁוּעוֹת וְעַל הַנִּפְלָאוֹת
וְעַל הַנֶחָמוֹת, שֶׁעָשִׂיתָ לַאֲבוֹתֵינוּ בַּיָּמִים הָהֵם בַּזְמַן הַזֶּה,
עַל יְדֵי כֹּהֲנֶיךָ הַקְּדוֹשִים. וְכָל שְמוֹנַת יְמֵי הָחֲנֻכָּה, הַנֵּרוֹת
הַלָּלוּ קֹדֶשׁ הֵם, וְאֵין לָנוּ רְשׁוּת לְהִשְׁתַּמֵּשׁ בָּהֵם, אֶלָּא
לִרְאוֹתָם בִּלְבָד, כְּדֵי לְהוֹדוֹת לִשְמֶךָ, עַל נִסֶּיךָ וְעַל
נִפְלְאוֹתֶיךָ וְעַל יְשׁוּעוֹתֶיךָ׃ |
הַנֵּרוֹת הַלָּלוּ אָֽנוּ מַדְלִיקִין, עַל הַנִּסִּים
וְעַל הַנִּפְלָאוֹת (וְעַל הַתְּשׁוּעוֹת וְעַל הַמִּלְחָמוֹת), שֶׁעָשִׂיתָ
לַאֲבוֹתֵינוּ בַּיָּמִים הָהֵם בַּזְמַן הַזֶּה, עַל יְדֵי כֹּהֲנֶיךָ
הַקְּדוֹשִים. וְכָל שְמוֹנַת יְמֵי חֲנֻכָּה, הַנֵּרוֹת הַלָּלוּ קֹדֶשׁ הֵן,
וְאֵין לָנוּ רְשׁוּת לְהִשְׁתַּמֵּשׁ בָּהֵן, אֶלָּא לִרְאוֹתָן בִּלְבָד,
כְּדֵי לְהוֹדוֹת וּלְהַלֵל לְשִׁמְךָ הַגָּדוֹל (י"ג: לִשְמֶךָ), עַל
נִסֶּיךָ וְעַל נִפְלְאוֹתֶיךָ וְעַל יְשׁוּעָתֶךָ׃ |
הַנִּירוּת הָאֵלּוּ אָנוּ מַדְלִיקִין עַל הַיְּשׁוּעוֹת
וְעַל הַנִּסִּים וְעַל הַנִּפְלָאוֹת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ לַאֲבוֹתֵינוּ עַל יְדֵי
כֹּהֲנֶיךָ הַקְּדוֹשִׁים. וְכָל שְׁמוֹנַת יְמֵי הַחֲנֻכָּה הַנֵּרוֹת הָאֵלּוּ
קֹדֶשׁ, וְאֵין לָנוּ רְשׁוּת לְהִשְׁתַּמֵּשׁ בָּהֶן, אֶלָּא לִרְאוֹתָן בִּלְבָד.
כְּדֵי לְהוֹדוֹת שִׁמְךָ עַל נִפְלְאוֹתֶיךָ וְעַל נִסֶּיךָ וְעַל יְשׁוּעָתֶךָ. |