בס״ד
La
Halokhoh d'après le Talmoudh et le Mishnéh Tôroh
Y
a-t-il une obligation de réciter trois fois par jour le Tahilim
145 ?
Nous
connaissons tous la pratique consistant à réciter le « `Ashré »
trois fois par jour : deux fois durant l'office de Shaharith,
et une troisième fois durant l'office de Minhoh. Quelle est
la base de cette pratique, et est-ce réellement une obligation
halakhique ?
- Dans la Gamoro`
La
récitation du Tahillim 145 n'est mentionnée qu'à deux
reprises dans tout le Talmoudh. La première fois, c'est dans le
passage suivant :
| 
Barokhôth
   4b | 
| 
Rébbi
   `Él´ozor a dit au nom de Rébbi `Avino` : « Quiconque
   dit ''Tahilloh LaDhowidh''1
   chaque jour à trois reprises, celui-là a la garantie d'être un
   fils du Monde-à-Venir2 ! ».
   Quelle en est la raison ? Dois-je dire que c'est parce qu'il
   suit l'ordre du Alaf-Béth ? Qu'on récite alors « `Ashré
   Thamimé Dhorakh »3
   qui suit huit fois [l'ordre du `Alaf-Béth] ! Est-ce plutôt
   parce qu'il contient [le verset] « Pôthéah `Ath
   Yodhakho »4 ?
   Qu'il récite alors le Grand Hallél5,
   dans lequel il est écrit : « Nôthén Laham
   Lakhol Bosor »6 !
   C'est plutôt parce qu'il contient les deux7 ! | 
אמר
   רבי אלעזר א"ר
   אבינא כל האומר תהלה לדוד בכל יום שלש
   פעמים מובטח לו שהוא בן העולם הבא מאי
   טעמא אילימא משום דאתיא באל"ף
   בי"ת
   נימא אשרי תמימי דרך דאתיא בתמניא אפין
   אלא משום דאית ביה
   פותח את ידך נימא
   הלל הגדול דכתיב ביה נותן לחם לכל בשר
   אלא משום דאית ביה תרתי | 
La
deuxième fois où nous trouvons une mention du Tahillim 145
dans le Talmoudh, c'est dans le passage suivant :
| 
Shabboth
   118b | 
| 
Rébbi
   Yôsé a dit : « Que mon lot soit parmi ceux qui
   disent intégralement le Hallél8
   chaque jour ! » Mais il n'en est pas ainsi, car un
   Maître n'a-t-il pas dit : « Celui qui récite le
   Hallél chaque jour, celui-là blasphème et accuse [HaShem] ?
   Nous disons plutôt que [Rébbi Yôsé parlait] des Pasouqé
   DaZimro`9 ! | 
א"ר
   יוסי יהא חלקי מגומרי הלל בכל יום איני
   והאמר מר הקורא הלל בכל יום הרי זה מחרף
   ומגדף כי קאמרינן בפסוקי דזמרא | 
Si
nous nous penchons sur ces deux passages ci-dessus, il est difficile
de trouver la moindre obligation de réciter le Tahillim 145
chaque jour. C'est tout au plus une pratique « spirituelle »
conseillée par certains Sages.
En
tous les cas, c'est sur la base des propos de Rébbi `Él´ozor que
s'est développée la pratique consistant à réciter le « `Ashré »
trois fois par jour. Mais il convient de mentionner les propos
suivants tenus par Rabbénou Béhayé ban `Oshér זצ״ל :
| 
Commentaire
   sur Wayyiqro` 7:37 | 
| 
Les
   Sages ont expliqué que quiconque se penchait sur la section
   relative au Qorban ´Ôloh (ou au Qorban Minhoh, au Qorban
   Hatto`th, etc.), c'est comme s'il en avait offert un. Ce
   n'est vrai que lorsqu'il médite sur la signification de cette
   section et ce à quoi elle fait allusion. En agissant ainsi, il
   comprendra les merveilles des lois relatives aux Qorbonôth. Cela
   l'amènera à faire plus d'effort pour accomplir la Tôroh et les
   Miswôth, et ses péchés seront pardonnés comme s'il
   avait offert un Qorbon. HaZaL ne parlaient pas de quelqu'un
   qui se contente de réciter les versets sans méditer sur leur
   signification. Il en est de même [pour l'enseignement selon quoi]
   « Quiconque dit ''Tahilloh LaDhowidh'' chaque jour à
   trois reprises, celui-là a la garantie d'être un fils du
   Monde-à-Venir ! ». En méditant ce que ces versets
   enseignent et à quoi ils font allusion, il reconnaîtra les
   merveilles de l'Omniscient, et son cœur sera renforcé dans sa
   foi en HaShem et le culte qu'il Lui rend. C'est par cela qu'il
   héritera du Monde-à-Venir. 
    | 
Il
ne suffit donc pas seulement de se contenter de faire de la simple
récitation, comme le font la plupart des gens aujourd'hui (certains
allant même jusqu'à faire d'autres choses tout en récitant le
« `Ashré »), car ce n'est pas le fait de réciter
quelque chose qui nous permet d'avoir droit au Monde-à-Venir. C'est
plutôt le fait de profondément méditer ces versets, de comprendre
les messages explicites et implicites qu'ils nous transmettent, et
surtout les vivre dans sa vie quotidienne, qui font que l'on héritera
du Monde-à-Venir, car les paroles de ce Psaume seront si
profondément gravées dans nos cœurs et nos consciences que l'on
aura une foi entière en HaShem et un bonheur immense à Le servir !
Cela n'a donc rien à voir avec de la simple récitation ou lecture !
En outre, réciter deux fois la même chose au cours du même office
(deux fois le « `Ashré » pendant l'office du matin) ne
permet justement pas du tout de prendre le temps de faire attention à
ce que l'on dit, et encore moins de méditer sérieusement sur la
signification de ces versets.
- Le Rambam
Voici
ce qu'écrit le Rambam זצ״ל
dans
son Mishnéh Tôroh concernant la récitation du « `Ashré »
et des « Pasouqé DaZimro` » :
| 
Hilkhôth
   Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 
    | 
| 
Les
   Sages d'antan ont fait l'éloge de celui qui récite chaque jour
   des cantiques tirés du Livre des Tahillim, plus précisément à
   partir de « Tahilloh LaDhowidh » jusqu'à la
   fin du livre10.
   Les gens se sont déjà accoutumés à réciter [d'autres] versets
   avant et après ceux-ci. | 
ושיבחו
   חכמים הראשונים,
   למי
   שקורא זמירות מספר תילים בכל יום,
   והן
   מ"תהילה,
   לדויד",
   עד
   סוף הספר.
   וכבר
   נהגו העם לקרות פסוקים לפניהם,
   ולאחריהם | 
Nous
ne pouvons être plus clair que cela ! Réciter chaque jour des
Pasouqé DaZimro` (versets tirés du livre des Psaumes) ou chaque
jour le « `Ashré » était une pratique que les Sages du
Talmoudh ont encouragée. Mais cela était une Middath Hasidhouth
(mesure de piété), mais pas du tout une obligation ! Celui qui
voulait les réciter faisait bien, et celui qui ne les récitait pas
ne faisait rien de mal ! Et c'est aussi ce que le Rov Sa´adyoh
Go ôn זצ״ל
a
écrit dans son Siddour : « Notre peuple s'est
volontairement engagé à réciter un certain nombre de Psaumes, de
louanges à HaShem ». Ces Psaumes appelés « Pasouqé
DaZimro` » ne constituent pas en eux-mêmes une obligation
quotidienne, et il est encore moins obligatoire de réciter le
« `Ashré » trois fois quotidiennement. C'est une
pratique volontaire, exactement comme la prière de Ma´ariv/´Arvith
(voir ici
concernant ce que le Rambam dit sur le statut de Ma´ariv/´Arvith).
En fait, on pourrait même réciter n'importe quel autre Psaume ;
il n'y a aucune obligation à ne réciter que les Psaumes 145 à
150 (et c'est pour cela que la pratique s'est développée
d'ajouter des Psaumes et louanges supplémentaires).
- En conclusion
Si
nous acceptons que la récitation des Pasouqé DaZimro` ou des mêmes
Psaumes chaque jour n'a pas un statut d'obligation, cela rendrait nos
prières quotidiennes plus vivantes, car on pourrait réciter chaque
jour des Psaumes et cantiques différents et avoir plus de
spontanéité, et éviter ainsi la lourdeur et le sentiment de
redondance que ressentent beaucoup de gens (même s'ils ne l'avouent
pas ouvertement) lorsqu'ils prient chaque jour en récitant chaque
fois les mêmes choses ! C'est en fait cela qui les pousse à
bâcler la prière !
De
la même manière, comme nous l'avons vu plus haut, lorsqu'il a été
dit que celui qui récitait chaque jour les sections de la Tôroh
relatives aux Qorbonôth serait considéré comme ayant apporté des
Qorbonôth à HaShem, on parlait de quelqu'un qui prenait la peine de
méditer sur ces versets pour en découvrir les sens explicites et
implicites, et les appliquer dans sa vie quotidienne. Mais que
voyons-nous de nos jours ? La plupart des gens se contentent de
lire ces versets et se rassurent en se convaincant qu'ils ont
accompli leur devoir de les lire, ce qui est très loin d'être le
cas ! Il suffit de voir à quelle vitesse ces versets sont
récités pour comprendre que ces récitations n'ont aucune valeur et
sont faites sans Kawwonoh ! Dans certaines communautés, les
passages relatifs aux Qorbonôth sont même récités à deux
reprises au cours de l'office du matin : une fois avant les
Pasouqé DaZimro` et une deuxième fois avant de conclure l'office.
Que remarque-t-on ? La deuxième récitation de ces passages est
dans la majorité des cas effectuée à grande vitesse, car les gens
veulent conclure l'office le plus vite possible ! C'est
psychologique : plus on se rapproche de la fin de l'office,
moins la concentration est grande. Et l'une des raisons à cela est
que nous avons excessivement tiré en longueur les offices, chose qui
n'est pas du tout nécessaire ! Nous connaissons tous le dicton
selon lequel « Mieux vaut réciter peu avec concentration
que beaucoup sans concentration ! » Cela s'applique
aussi à la prière ! En fait, dans de nombreuses communautés
séfarades, les passages relatifs aux Qorbonôth ne sont pas récités
à la fin de l'office, précisément parce que la plupart des gens ne
les réciteront pas avec concentration. De même, les communautés
yéménites, les Talmidhé HaRambam et certains Safardhim ont la
pratique de ne réciter qu'une seule fois la ´Amidhoh, et non pas
deux fois, conformément à l'opinion de Rabbon Gamli`él ז״ל et les
instructions données par le Rambam, pour la simple raison que la
plupart des gens sont incapables de se concentrer comme il faut
lorsque la ´Amidhoh est récitée deux fois ! Beaucoup se
mettent à parler pendant que le Shaliah Sibbour refait la ´Amidhoh
à voix haute, d'autres n'écoutent pas du tout ce qu'il dit, etc.
C'est un Hilloul HaShem !
Les
gens devraient sérieusement inspecter leur ´Avôdhath HaShem pour
voir si ce qu'ils font rend gloire ou pas à HaShem et si ce qu'ils
font provient du cœur ou n'est que la récitation mécanique de
préceptes appris par des hommes. Puissiez-vous ne pas faire partie
de ceux dont parle le verset suivant :
| 
Yasha´yohou
   29:13 | 
| 
Le
   Seigneur a dit: Puisque ce peuple ne Me rend hommage que de bouche
   et ne M'honore que des lèvres, mais qu'il tient son cœur
   éloigné de Moi, et que sa crainte à Mon égard se borne à des
   préceptes d'hommes, à une leçon apprise, | 
ויאמר
   אדני,
   יען
   כי נגש העם הזה,
   בפיו
   ובשפתיו כבדוני,
   ולבו
   רחק ממני--ותהי
   יראתם אתי,
   מצות
   אנשים מלמדה | 
Qu'ont
dit nos Sages sur la prière ?
| 
Ta´anith
   2a | 
| 
Il
   a été enseigné : [Il est écrit11 :]
   « afin d'aimer HaShem ton D.ieu et Le servir de tout
   votre cœur ». Qu'est-ce que le service qui se trouve
   dans le cœur ? On se doit de dire qu'il s'agit de la
   prière ! | 
תניא
   לאהבה את ה'
   אלהיכם
   ולעבדו בכל לבבכם איזו היא עבודה שהיא
   בלב הוי אומר זו תפלה | 
La
prière est une activité du cœur, qui se fait avec le cœur et dans
le cœur ! Cessons d'en faire quelque chose de superficiel et
mécanique ! Et l'une des façons d'y parvenir consiste à
savoir ce qui est obligatoire dans la prière et ce qui ne l'est pas,
ce que l'on peut faire et ce que l'on ne peut pas faire en priant, ce
qui est permis ou interdit dans la prière. Si on se rend compte que
réciter chaque jour les Tahillim 145 à 150 n'est qu'une
pratique facultative n'ayant aucune valeur de Halokhoh, mais que l'on
peut en fait réciter quelque Psaume que l'on désire (voire même
n'en réciter aucun, si on pense, par exemple, ne pas pouvoir réciter
un Psaume avec une concentration véritable), cela redynamisera nos
prières et leur rendra le statut de « service du cœur ».
Cet
article peut être téléchargé ici.
1Le
 Tahillim 145
2C'est-à-dire,
 il aura une part dans le Monde-à-Venir
3Le
 Tahillim 119
4« Il
 ouvre Sa main et satisfait le besoin de chaque créature vivante »
 (Tahillim 145:16)
5Le
 Tahillim 136
6« Il
 accorde de la nourriture à toute chair, car Sa grâce dure pour
 l'éternité » (Tahillim 136:25)
7C'est-à-dire,
 parce qu'il suit l'ordre du `Alaf-Béth et contient un verset
 faisant mention du fait qu'HaShem prend soin de chacune de Ses
 créatures en leur fournissant leur nourriture
8Les
 Tahillim 113 à 118
9Les
 « Versets dde Cantique ». Il y a une divergence
 d'opinion entre le Rif זצ״ל et Rashi זצ״ל quant à l'identité exacte des
 Psaumes appelés « Pasouqé DaZimro` » dans cette
 Gamoro`. D'après le Rif, on se réfère ici aux Tahillim 145 à
 150, alors que d'après Rashi, on se réfère plutôt aux
 Tahillim 145, 148 et 150. Dans tous les cas, le Tahillim
 145 est inclus dedans. La raison pour laquelle ces Tahillim
 pourraient avoir été surnommés « Hallél » par Rébbi
 Yôsé est qu'ils contiennent plusieurs fois les termes « louange »,
 « louez », etc.
10C'est-à-dire,
 du Tahillim 145 au Tahillim 150
11Davorim
 11:13

