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L'électricité
et les lumières à Yôm Tôv
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L'usage
de la lumière (et l’électricité) à Yôm Tôv diffère
drastiquement de l'usage de la lumière à Shabboth sur un point bien
précis : alors qu'il est interdit à Shabboth d'initier ou
augmenter une flamme, à Yôm Tôv il est permis d'ajouter du
combustible à une flamme déjà existante.1
Par exemple, bien qu'il soit interdit de craquer une allumette à Yôm
Tôv, il est tout à fait permis de transférer une flamme d'une
bougie allumée depuis avant Yôm Tôv vers une autre bougie que l'on
souhaite allumer. De ce fait, il est interdit à Yôm Tôv, tout
comme à Shabboth, d'allumer une lampe à incandescence, puisque
c'est halakhiquement comparable au fait de craquer une allumette.
(Toutes les autorités ne sont pas d'accord sur ce point, mais c'est
la position majoritaire. Nous aurons peut-être l'occasion, Dieu
voulant, d'expliquer une autre fois la position de ceux qui
permettent.) Mais à l'inverse de Shabboth, il est fort probable que
cette interdiction ne soit que d'ordre rabbinique, étant donné que
la majorité des Pôsqim soutiennent que même créer une flamme
nouvelle à Yôm Tôv n'est qu'une transgression rabbinique et non
biblique.2
De ce fait, c'est de même interdit seulement au niveau rabbinique
et non biblique d'éteindre une lampe à incandescence à Yôm Tôv.
C'est la position unanime de tous les Pôsqim et il n'y a là aucune
divergence !
Cependant,
plusieurs Pôsqim sont d'avis qu'il est tout à fait permis d'allumer
des lampes à incandescence à Yôm Tôv. Trois raisons distinctes
ont été avancées pour justifier cette pratique3 :
- Allumer une lampe ne provoque la venue de la lumière que de façon indirecte (ce n'est pas l'action directe de l'homme, par exemple en frottant lui-même du bois, en craquant une allumette, ou encore en frottant deux pierres ensemble, qui provoque la lumière). Cette sorte d'action indirecte (« Garomo` »), bien qu'elle soit généralement interdite à Shabboth, est permise à Yôm Tôv pour des choses qui ne sont interdites qu'au niveau rabbinique ;
- L'interdiction de créer une flamme nouvelle n'est transgressée que lorsqu'on fait usage de bois, de silex, ou d'allumettes qui ne contribueront pas directement à la nourriture de Yôm Tôv ou qui auraient pu être réalisés avant que Yôm Tôv ne commence. Or, rien de tout cela ne s'applique lorsqu'on crée une lumière ou chaleur nouvelle au moyen de l'électricité ;
- Allumer une lampe à incandescence n'équivaut seulement qu'à un transfert de flamme, et non pas à la création d'une flamme nouvelle, étant donné que la flamme réside déjà dans les câbles.4
Un
certain nombre de Pôsqim, parmi lesquels le Rov Savi Pésah
Frank ou encore le Rov Yahi`él Mikhél Epstein (l'auteur du
´Oroukh Hashoulhon), acceptaient l'approche selon quoi il
était permis d'allumer des lumières/lampes à Yôm Tôv.5
En outre, c'était également la norme dans bon nombre de pays
séfarades, comme au Maroc par exemple, de le permettre à Yôm Tôv
mais ce n'est pas l'approche de la majorité des Pôsqim. Le
consensus parmi les Pôsqim consiste à soutenir que c'est interdit.
Ils s'appuient en cela sur le fait que sur les six raisons avancées
pour interdire l'usage d'appareils électriques à Shabboth (voir
ici),
cinq s'appliqueraient à Yôm Tôv.6
Ainsi, tous les Pôsqim qui interdisent les appareils électriques
même sans lumière ou chaleur à Shabboth doivent soutenir que les
lampes à incandescence sont interdites à Yôm Tôv pour les mêmes
raisons. Par exemple, si actionner un circuit durant le Shabboth est
interdit en raison de la Mal`okhoh de Bônéh (construire), c'est
qu'actionner un tel circuit à Yôm Tôv est également interdit.
Il
semble également que tout Pôséq qui permet d'allumer des lumières
à Yôm Tôv rejette les arguments de ceux qui l'interdisent en se
basant sur le fait qu'activer un circuit constituerait une
transgression des Mal`okhôth de Bônéh, Makkah Vappattish, Môlidh
et créer des étincelles, étant donné qu'il n'y a pas de
distinction entre Shabboth et Yôm Tôv au niveau de ces
interdictions. De ce fait, cela ajoute un nombre plus conséquent
d'éminents Pôsqim à la liste de tous ceux qui sont d'accord avec
le Rov Auerbach pour dire que l'électricité utilisée seulement
comme une forme d'énergie mécanique est théoriquement permise à
Shabboth (et réellement permise dans les cas de grande nécessité).
En
conclusion, deux approches distinctes soutenues par d'éminents
Pôsqim de part et d'autre existent quant à l'utilisation de
l'électricité à Yôm Tôv. La majorité des Pôsqim soutiennent,
et c'est la pratique acceptée de la majorité des Juifs pratiquants,
qu'il faut traiter Yôm Tôv exactement de la même manière que
Shabboth, et ne permettent donc pas d'allumer des lumières ou
utiliser des appareils électriques à Yôm Tôv. Mais une minorité
conséquente de Pôsqim permettent, et c'est la pratique de certains
Juifs pratiquants, d'allumer des lumières (et utiliser des appareils
électriques) à Yôm Tôv. Mais les Pôsqim des deux camps
soutiennent qu'il est interdit d'éteindre des lumières à Yôm Tôv.
C'est ainsi qu'au Maroc, par exemple, les Juifs avaient la coutume
d'allumer des lampes pendant Yôm Tôv, mais s'interdisaient de les
éteindre ensuite jusqu'à la fin de Yôm Tôv.
1Voir
dans le Shoulhon ´Oroukh, `Ôrah
Hayim 502:1-3
2Ibid.,
502:1. Voir aussi les commentaires sur cette référence du
Shoulhon ´Oroukh, et plus particulièrement le Mishnoh
Barouroh et le Bi`our Halokhoh
3Voir
la lettre du ´Oroukh Hashoulhon publiée dans le Qôvés Wa`adh
Hokhomim, 1 (Shavat 5663), `Avan Yiqoroh
3:168 ; `Ôr Hodhosh, page 64 ;
Mishpoté `Ouzi`él, `Ôrah Hayim
19 ; Hilkhotho` Rabbotho` LaShabbotho` 1:7.
Pour la liste complète de toutes les autorités qui soutiennent
cette position, voir le Hashmal
Bahalokhoh 2:5
4Cette
troisième raison a été généralement rejetée car elle est basée
sur une compréhension erronée des propriétés physiques de
l'électricité
5Voir
la note de bas de page n°3
6La
seule raison qui ne s'appliquerait pas à Yôm Tôv est l'argument
selon lequel il serait interdit d'user d'appareils électriques à
Shabboth en raison de l'augmentation de la consommation de
combustibles. Cet argument n'est pas appliqué à Yôm Tôv, étant
donné qu'il est permis d'augmenter durant Yôm Tôv la consommation
de combustible d'une flamme déjà allumée depuis avant l'entrée
de Yôm Tôv